mardi, mars 31, 2009

Miramichi (road-trip souvenirs)

Miramichi

L'été dernier nous avons fait un tour d'Acadie. J'ai d'ailleurs écrit plusieurs billets en cette catégorie d'esprit. Mais il y en a quelques uns je n'ai jamais écrit, comme celui qui relate l'un des cotés sombres de l'Acadie que j'ai pu parfois apercevoir. Un coté que j'ai peu regardé mais qui m'est tombé sur le nez au coin d'un bac à sable de Miramichi...

Miramichi collage

Miramichi, un drôle de nom pour une minuscule ville au bord d'une grande rivière du même nom. Un nom amérindien, seul souvenir d'une époque dissolue. Une petite ville qui a connu ses heures de gloire en un passé que l'on peut encore palper mais qui n'a aujourd'hui plus grand chose à offrir au touriste de passage. L'on atterrit là par la magie du voyage. Je nous ai trouvé un petit Bed and Breakfast aussi économique qu'intriguant. J'ai tracé notre route en farfouillant le Net (tout en laissant le hasard guider nos roues libres). Mais comme nous sommes une expédition familiale, il fallait quand même un minimum d'organisation! Ainsi après une excursion enrichissante au coeur de l'Acadie. Nous laissons Caraquet derrière nous pour finir notre périple aux abords de Miramichi. Àprès trois nuits au Beaubear Manor et la visite d'un parc naturel au bord d'une interminable plage (à se faire dévorer par les moustiques), nous reprendrons le chemin qui nous conduira vers la belle province.

Le Bed and Breakfast qui nous attend se situe dans l'ancienne demeure du gouverneur reconvertie en lieu de passage. Mieux que cela, nous dégotons la meilleure chambre du Beaubear Manor, sorte de maison d'invités sur ce domaine témoin d'un autre temps. Seuls sur l'étage, nous avons quasiment la maison pour nous trois. L'endroit est imprégné d'une saveur toute victorienne, une saveur ancestrale qui dépayse mes racines francophones. Je dois même avouer qu'en arrivant là (alors que je finissais la lecture de Pélagie et que j'étais tombée en amour avec l'essence acadienne), j'ai ressenti une étrange sensation. La sensation de débarquer chez l'oppresseur. De passer dans l'autre camp...

En face du domaine, une île. L'île qui a vu passer (et périr) les acadiens d'antan, seul véritable intérêt historique de la place.

Du haut de ma chambre (au premier étage de la tourelle), je contemple l'île en face de mon regard. Mes pensées s'échappent et se noient dans le cours de la rivière tranquille. L'ile Beaubear, du même nom que le "manoir qui nous loge" me hante la mémoire. D'ailleurs ce n'est qu'au bout de deux jours que je réalise que c'est la traduction phonétique de Bois Hébert prononcé à l'anglaise. Assimilée. C'est une sensation que je n'arrive pas à écarter de mes pensées.

Une sensation particulière qui se prononce davantage lorsque je bavarde avec la réceptionniste/femme de chambre qui m'explique que comme son nom l'indique elle est de descendance acadienne mais qu'elle ne parle plus un seul mot de français. Sa mère l'utilisait encore un peu de son vivant mais elle-même s'en bat le coquillon!

Elle revendique plutôt son identité anglaise présente et j'ai l'impression qu'elle en est fière (sans pour autant renier un passé disparu auquel elle montre peu d'intérêt). Elle fait allégeance à la Reine. Elle s'approprie presque l'histoire anglaise comme si c'était la sienne. Elle s'affiche canadienne anglaise avec une telle ferveur que j'en reste un peu troublée...

"L'histoire de l'Île Beaubear (source)

Traversant des milliers d'années et plusieurs cultures, l'île s'est tenue comme une sentinelle, marquant l'histoire de manières cruelles et dociles. Divisant la majestueuse rivière Miramichi en deux branches, elle a servi aux Micmacs pour des centaines d'années pour lieu de rencontre pour le commerce et l'échange d'histoires de chasse. Les aborigènes qui connaissaient très bien l'île l'appelaient Quoomeneegook (l'île aux pins).

La Miramichi fut premièrement visitée par le célèbre explorateur Jacques Cartier, qui fit référence à la rivière comme Missamichi. En 1672, Nicholas Deny (Gouverneur de presque toute l'Acadie) devint le premier habitant acadien de la colonie française connue comme l'Acadie, maintenant le Nouveau-Brunswick. Il donna un poste de traite à son fils Richard, qui fut installé ici, à Miramichi. La guerre déclarée avec les Anglais, l'expulsion de 1755 était amorcée, forçant les Acadiens à trouver refuge par toute l'Amérique du Nord. Le Marquis Charles des Champs de Boishébert (d'après qui l'île est nommée) apporta des milliers de fuyards acadiens à l'Île Beaubear et sur les terres des environs. Un grand nombre de ces Acadiens périrent par la famine et la maladie en attendant d'être secourus. Par 1760, l'établissement entier était incendié sur les ordres du Commandant Anglais John Byron."

BeauBear Island Miramichi Barn

Il va de soi que l'on profite de notre passage en ce lieu pour effectuer la visite de ce bout de terre oublié. Mais pour dire vrai ce qui m'a marquée, durant ma visite de Miramichi, ce n'est pas tant cette étrange sensation que j'ai ressentie. Indéfinissable. Cette émotion empreinte d'une nostalgie incompréhensible puisque détachée de mes propres racines ancestrales. Non, ce qui m'a réellement marquée à Miramichi c'est une expérience humaine que j'ai vécue au coin du bac à sable collectif...

Comme la seule chose à voir en cette petite ville au bord de la rivière semble être le "Ritchie Wharf Park", nous nous dirigeons en cette direction incontournable de Miramichi :"Au quai Ritchie se trouve un parc thématique sur la construction navale, là où se trouvait jadis un chantier naval prospère. Aujourd’hui, les enfants peuvent s’amuser au terrain de jeux à thème nautique, s’éclabousser sous les jets d’eau, puis reprendre des forces avec un peu (ou beaucoup) de crème glacée! Vous apprécierez la promenade bordée de boutiques, la galerie d’artistes et les restaurants."

En guise de boutiques, il y a trois échoppes fermées et la galerie des artistes expose des photos souvenirs de la gloire passée de la ville (du temps ou il s'y construisait des navires). Nous arrivons en plein concert de musique "country" en plein air. Un petit choc culturel pour nos pommes peu habitués à ce genre. C'est assez typique pour être bien folklorique. La moyenne d'âge frise les soixante ans, pas le plus branché qu'il soit! Ceci ne semble guère déstabiliser notre petite danseuse de fille qui ne demande qu'à s'éclater...


M'zelle Soleil (deux ans et demi) version Country

Nous finissons par nous rediriger vers le parc de jeux. La petite va explorer le bac à sable et les glissades tandis que nous la surveillons assis sur un banc à cet effet. Il ne lui faut que quelques secondes pour faire connaissance avec un petit garçon d'environ cinq ans. Quelques minutes plus tard, les deux gamins ont trouvé un terrain d'entente assez vaste pour jouer ensemble. C'est mignon. Le petit garçon tout blond est à croquer. Juan avale ses jalousies paternelles pour laisser libre sa fille. Je souris en mon chignon.

Souvenirs de Miramichi

À coté nous, une dame d'une quarantaine d'année surveille le petit garçon. Elle me sourit. Je lui retourne l'onde bienveillante. Les enfants glissent et s'amusent. Les minutes passent. La dame s'approche. Elle sourit encore. Quelques minutes plus tard, la conversation est engagée.

J'apprends qu'elle n'est pas la maman du petit garçon mais que c'est elle qui en prend soin pour le moment. La mère du petit habite Caraquet. Mais lui habite avec elle à Miramichi. Je sens en sa voix toute l'affection qu'elle porte à cet enfant. Elle a un fort accent acadien et j'avoue que je perds environ 20% de ce qu'elle me raconte en quelques limbes linguistiques. C'est alors qu'elle me confie cette chose qui m'a marquée le coeur. Elle me dit:

- Oh! Je suis contente que le petit s'amuse aujourd'hui. Hier cela n'a pas été drôle pour lui.
- Ah! non? Pourquoi?
- Les petits garçons qui étaient là n'ont pas voulu jouer avec lui parce qu'il parle français. Parce qu'il est acadien. Ils l'ont rejeté et cela lui a fait beaucoup de peine. Il est rentré à la maison et a pleuré pendant des heures. Là, je suis contente de le voir jouer avec ta petite fille, cela va lui faire du bien au moral....

Là, j'avoue, ma bulle d'innocence se crève comme une bulle de savon. Mon coeur de mère se serre et mon esprit francophone se révolte. La dame continue de me raconter les suites de l'histoire. Même si elle-même et l'enfant vivent en anglais et même s'ils le parlent presque plus couramment que le français auquel ils continuent d'accrocher leur langue, le fait qu'ils soient d'origine acadienne les marginalise. Ainsi lorsqu'elle est allée voir la mère de ceux qui rejetaient le petit, celle-ci l'a tant ignorée qu'il n'y a eu rien à faire. Il n'y avait pas d'autre issue pour eux que de s'en aller...

L'on sait bien que les enfants sont nos miroirs. Si la mère refuse d'adresser la parole à une acadienne, il y a peu de chance pour que ses enfants le fassent. Dire que j'étais outrée est bien peu dire. Scandalisée, j'étais. Entendre de telles histoires en 2008 me fait subitement perdre quelques espoirs en l'humanité qui me côtoie. C'est comme si le Canada venait de me donner une gifle dans le visage! Moi qui peut tant m'extasier sur les bienfaits de son multi-culturalisme! Moi qui admire sa paix civile et apprécie ses valeurs paisibles! Moi qui (dans ma tête) habite plutôt au Québec qu'au Canada. Je respire en mon âme et conscience un petit air de soufre. Fragile équilibre que le nôtre. Je sens monter en moi une colère viscérale que je ravale. Une déception teinte mes pensées de voyage. Une tristesse aussi. Je regarde jouer mon enfant solaire et ce petit garçon d'ici. Ils glissent sans se soucier de nous. Je relativise et j'inspire.

Aspirer à un monde meilleur. N'avons-nous pas déjà fait de grands progrès? Les francophones ne sont plus un "sous-peuple". Leur valeur est désormais à la hauteur de l'anglophone. Et n'ai-je pas entendu répéter à Caraquet que le Nouveau Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada? De cela je suis moyennent sure. En théorie peut-être mais en pratique c'est une autre paire de manches! Même si j'ai compris que là-bas les anglophones profitent tous de cours de français à l'école, il n'en reste pas moins qu'il y a encore tout un chemin à parcourir....

Alors que notre périple acadien s'était déroulé en une sorte d'euphorie humaine, je ressens là mon premier malaise. Je découvre une facette qui assombrit mes impressions. Pourtant, je suis heureuse d'avoir eu l'opportunité d'entendre cette triste anecdote qui me permet de percevoir le revers de la médaille de la faune locale. Le sentiment d'être arrivée chez l'oppresseur n'était peut-être pas si fou...

Comme le veut la coutume locale nous quittons les lieux à la recherche des fameuses crèmes glacées. Le soleil se couche à l'horizon de la rivière. L'humeur est agréable. L'on décide de souper sur la terrasse d'un resto aux airs de bohème. Alors que l'on sirote un cocktail dans le soir qui se lève. M'zelle Soleil tourne autour des jambes de Juan lorsque d'un coup celui-ci s'écrie:

- Aaahhhh! Mais Lily-Soleil, tu fais quoi là?

Je le regarde d'un sourcil interrogateur. Il continue

- Oh my god! Lily tu fais pipi! Nooonn, arrêttte....

Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire (Cet été la demoiselle avait encore quelques rares petits accidents de propreté). Comme nous sommes sur une terrasse de bois. Je lui demande:

- Mais y'a quelqu'un en bas? Cela a coulé?

Juan se penche pour observer à travers les interstices des planches.

- Oui, y'a un papy! Oh Lily-So voyons!

J'éclate de rire. Je suis presque fière de ma fille. Après avoir fait oublier les méchancetés de l'enfance anglophone à un petit garçon innocent, là voilà qui pisse sur la tête d'un vieil anglais! Je le sais ce n'est pas bien, j'ai un peu honte de raisonner ainsi mais je trouve cela follement drôle. Je suis incapable de m'arrêter de rire. Juan me regarde d'un sourcil froncé. Rien n'y fait, je ne survis pas à ma crise de fou rire. Plus j'y pense et plus je me marre! Je suis littéralement morte de rire. Juan prend la petite par la main et descend pour s'excuser. Ah! l'honneur de mon homme! L'une des raisons pourquoi je l'aime tant. Je le laisse faire. Trop heureuse de la connerie de ma fille pour la forcer à s'excuser de ce petit accident de rien du tout. Les minutes passent. Je reprends mon souffle. Je sirote mon cocktail le sourire au coin des lèvres. Je regarde couler la rivière. Revient alors l'homme et l'enfant. Je lui demande:

- Pis?
- Ben c'était un papy, il avait rien compris. Sur le coup il était pas trop content mais il a trouvé la petite si cute qu'il lui a pardonné sur le champ et il lui a fait plein de sourire en partant...
- Bon ben tu vois, c'est juste drôle! Quand même elle est bien bonne! Elle a pissé sur la tête d'un anglais! C'est pas non plus la fin du monde...

L'on mange des fajitas alors que la nuit tombe doucement sur la rivière Miramichi. La serveuse aussi cool que sympathique fait s'estomper cette légère animosité causée par l'histoire du bac à sable. Et pour finir notre soirée en ce petit coin de pays tranquille l'on part à la recherche du dessert local. L'on arrive juste avant que ne ferme la boutique à délices. C'est une chaude soirée d'été. La crème glacée fondante n'en est que plus délicieuse...

Miramichi-Ice-cream


Page d'histoire (source)

Dans la région de Cobequid, les Anglais ne purent embarquer aucun des Acadiens : tous s’étaient enfuis soit à l’île Saint-Jean, soit à Louisbourg, soit à Miramichi. Les réfugiés y vécurent jusqu’au mois de novembre, au milieu des plus grandes privations. À ce temps, les Anglais avaient brûlé toutes les maisons et avaient organisé une battue générale dans toute la région, afin de capturer le plus d’Acadiens possible. Plusieurs Acadiens sont morts d’épuisement. Au cours de 1756, les bateaux français qui croisent dans le golfe Saint-Laurent amènent à Québec plusieurs Acadiens réfugiés de Miramichi. À Québec, l’hiver 1756-1757 fut terrible pour les réfugiés acadiens. La famine sévit dans la colonie.

À Miramichi, la misère est extrême : l’intendant n’avait envoyé des vivres que pour 600 personnes, alors que les Acadiens réfugiés à cet endroit sont au nombre de plus de 3500. La pêche ne suffit pas à nourrir tout le monde; un grand nombre de réfugiés meurent de faim et de privation. Les Acadiens qui demeuraient à Miramichi semblent s’être séparés en deux groupes: quelques-uns se dispersent le long de la côte, de la baie de Miramichi jusqu’à la baie des Chaleurs, tandis que la grande majorité va se réfugier le long de la rivière Restigouche, où ils se sentent plus en sécurité contre les attaques des Anglais.

lundi, mars 30, 2009

Vrac de lundi

Vrac de lundi gris

Quoi de mieux que la visite d'une amie chère pour estomper les soucis du quotidien et pour reprendre espoir en l'essence de la vie. Après une fin de semaine passée avec mon amie Ves (marraine de M'zelle Soleil et amie de ma pomme depuis les bancs d'école montréalais), je me sens le moral ravigoté. La garderie de M'zelle Soleil est fermée aujourd'hui, pas facile de travailler avec une mini puce en ses jupes. Les "mamans, z'ai besoin..." fusent à toutes les deux secondes, entre deux moments d'attention partagée, j'avance mes affaires. Je me sens comme un escargot en vadrouille. L'enfant bavarde et papote à profusion. Cet enfant est un véritable moulin à paroles! Je suis si souvent interrompue dans le fil de mes tâches que mes concentrations déraillent. Je capitule. Je l'écoute distraitement alors que je tape ces mots qui m'échappent des doigts. M'zelle Soleil me dit:

- Ké tu fais maman, pourquoi tu me gardes?
- Je peux pas te garder puisque je suis ta maman...
- Mon papa y peut me garder?
- Ben non y peut pas te garder non plus parce-que c'est ton papa...
- Mais qui va me garder?
- Nous on te garde pas, on t'aime...

À ce moment là, je me demande si je ne pousse pas un peu le bouchon, c'est plus fort que moi. En tant que parent, il est pourtant vrai que je la garde depuis sa naissance. Mais je suis quand même sa maman avant d'être sa gardienne! Mais ne suis-je pas aussi un guide, un exemple, une éducatrice? Je sens mes émotions virevolter en mes pensées écartelées. M'zelle Soleil n'a aucune conscience de mes tergiversations intérieures. En toute innocence, elle me répond:

- Moi ze t'aime maman et papa aussi ze l'aime. Mais ké tu fais maman ici?
- Heu... les croissants sont bientôt prêts ma puce...
- Mais ké tu fais maman ici?
- Là en ce moment, je blogue...
- Regarde maman z'ai plein de peanut de beurre sur ma bouche, comme un p'tit cochon!

Je lui souris. Petit bout de femme en quête d'attention maternelle. J'essaie depuis peu de lui inculquer la notion d'espace personnel. M'zelle Soleil se détourne de mon cas pour jouer avec sa tribu de bébés tout en chantonnant: "Les zanimaux de la zungle, les zanimaux de la zungle sont sauvés, sont sauvés, nanananana..." Elle revient vers moi. Je décroche de l'écran et passe l'instant en son univers d'enfance.

Je réalise que je ne ressens aucunement l'envie de lui expliquer en détails que je blogue, par ci par là, des petits bouts de notre vie! D'ailleurs j'ai bien conscience que dès qu'elle l'aura compris, il est possible que je ne puisse plus le faire ainsi. Car lorsqu'elle l'aura bien compris, elle sera en âge d'exiger que je fasse des compromis à ce sujet précis. À moins qu'elle ne me fasse confiance comme le fait Juan depuis des lustres. Qui sait? Je ressens présentement toutes sortes d'émotions mitigées entre la maman en lâcher prise et la professionnelle en reprise de contrôle...

Bye wintertime

Du coq à l'âne: Nous avons profité du séjour de Ves pour faire une dernière visite à l'hôtel de glace qui a fermé ses portes dimanche dernier. L'occasion de porter un toast à l'hiver moribond et de laisser flotter dans l'air fondant les espoirs qui bourgeonnent en nos entrailles..

vendredi, mars 27, 2009

L'arbre qui cache la forêt

...

Ce matin, j'ouvre les yeux sur un paysage teinté de neige fraiche. La forêt est de nouveau de blanc vêtue. Les bancs de neige devenus blocs de glace pilée retrouvent un petit air d'hiver. Les flocons virevoltent dans l'atmosphère qui tiédit subtilement avec les espoirs de printemps. Cette semaine, les obstacles divers ont parsemé le cours des jours. Problème de santé pour mon homme adoré, problème de voiture, problème d'ordi, problème de téléphone, problème de rédaction. Il y a de ces semaines où l'on a l'impression de ne faire que de la gestion de problèmes. Ceci semble pourtant faire partie intégrante de la vie adulte. Tant qu'il y a des solutions, c'est la preuve que le quotidien continue son bout de chemin....

Dans ces moments là, je crois qu'il est important de regarder la forêt plutôt que l'arbre. Car à trop regarder l'arbre l'on prend le risque de s'y pendre! Enfin tant que l'enfance continue son petit bout de chemin tranquillement c'est le principal (le bonheur) à mes yeux de maman...



EXPRESSION via expressio.fr
« L'arbre qui cache la forêt »

SIGNIFICATION
Le détail qui empêche de voir l'ensemble

ORIGINE
Voilà une belle métaphore sylvestre dont l'apparition semble dater du XXe siècle. Pour la comprendre, il vous suffit de vous livrer chez vous à une expérience très simple : prenez un étui de trombone à coulisse et posez-le à une extrémité de votre table de salle à manger ; prenez ensuite un éléphant et placez-le à l'autre extrémité[1] ; maintenant, approchez-vous très près de l'étui et ouvrez grand les yeux ; vous ne verrez que la surface de l'étui, et pas l'éléphant situé derrière malgré sa nettement plus grande taille. Dans la forêt, l'expérience est la même : mettez vous trop près d'un arbre quelconque (le détail) et vous ne verrez plus les autres arbres de la forêt (l'ensemble). Notre expression est donc une métaphore qui rappelle que, dans la vie, il arrive parfois qu'un détail capte notre attention et nous empêche de voir quelque chose de plus ample, de plus global (ce détail ayant pu être volontairement mis en avant par quelqu'un ayant intérêt à ce qu'on n'en perçoive pas plus).

[1] Notez que si vous avez des difficultés à trouver les ingrédients nécessaires à cette expérience, vous pouvez remplacer l'étui par une boîte de biscottes et l'éléphant par un baobab ou bien une grue. Le résultat sera identique.

EXEMPLE
« Et souvent la créatine est l'arbre qui cache la forêt. Car derrière la créatine, on se charge en testostérone ou autre hormone de croissance. » Jean-Pierre de Mondenard - Dictionnaire du dopage

jeudi, mars 26, 2009

Le retour du troll,

Le retour du troll,

Mon troll favori, celui qui possède un assez bon grain psychotique pour paraître surréaliste, fait encore des siennes. Il est un peu comme une mauvaise marée, il va, il vient (sans ce soucier de la lune). Je suis sure que c'est le même qui essaie parfois de me laisser des commentaires cryptiques complètement déjantés mais de façon très sérieuse. Ce qui me fait penser qu'il est plus fêlé que stupide! Il parait que c'est un troll "célèbre" (il sévit à grande échelle). Mais je ne m'en sens pas particulièrement flattée de son attention! Je n'ai pas l'impression qu'il est très méchant, plus parano qu'autre chose. Pour l'exemple j'ai laissé passer l'un de ces commentaires là. Il semble en vouloir énormément à Sarkozy! Ce qui du fond de mon bois québécois a tendance à me laisser de glace! D'une glace aussi épaisse que celle qui recouvre la rue devant chez moi...

Je pense que cela va faire bientôt un an que je l'ai régulièrement dans les pattes. Enfin depuis que je modère les commentaires il se fait beaucoup plus rare. Suffit de lui couper le clapet pour ne pas avoir à s'en soucier. Ah! Mais non! Ce petit troll étrange est plus malin que cela! Lui couper le clapet ne suffit pas, il semble plutôt avoir imaginé une nouvelle technique de "trollage" que j'ai déjà mentionné par là. Comme je reçois encore de temps à autre des nouvelles de ces facéties virtuelles. J'imagine qu'il m'oblige à éclairer cette situation sur une base régulière. Ce que je fait présentement. Cela lui donne sa seconde de lumière et peut-être que cela lui fait du bien à l'âme souffrante qu'il doit posséder...

Cependant je ne comprends pas son comportement déjanté. J'avoue y percevoir une certaine folie qui me fait me demander si cet énergumène pourrait représenter un quelconque danger. Je ne pense pas que le danger soit très grand pour ma pomme, pas plus en tout cas que celui que j'affronte en prenant place sur la Toile publique du Wide World Web. Mais si celui-ci a des proches? Ne peut-il pas que faire souffrir ceux qui l'entourent? Il me semble que pour agir de la sorte, il faut être pas mal affecté mentalement. J'espère donc qu'il est plus inoffensif que les airs qu'il se donne. Et si, durant un instant de lucidité, il pouvait éclairer ma pomme au fond du bois québécois sur sa personne? Je serais curieuse de comprendre quelle genre d'existence amène l'humain à ce type de comportement complètement déconnecté de la réalité aussi virtuelle soit-elle...

mardi, mars 24, 2009

Le mystère des sucettes à l'avoine

Le mystère des sucettes à l'avoine...

Durant la fin de semaine, des amis sont venus souper à la maison en compagnie de leur petite fille âgée de dix huit mois.

M'zelle Soleil très friande des plus petits se fait une joie de jouer avec elle. Le bambin (Anouk de son prénom) va se coucher avant huit heures. M'zelle Soleil, en son état de "grande fille", étire la soirée jusqu'à neuf heures et des poussières...

Juste avant de l'envoyer se coucher nous lui donnons l'espace necessaire pour s'exprimer. À force de nous entendre parlementer autour de la table, il est logique qu'elle désire en faire autant! Nous la laissons faire un moment. Durant ce temps, nous lui offrons toute notre attention. Il n'en faut pas plus pour qu'elle essaie de nous raconter des micro-histoires plus farfelues les unes que les autres. Des histoires qui commencent toutes par "il était une fois".

Ces histoires ont un contexte, des personnages, parfois un peu d'action, mais elles manquent cruellement de chute! Il faut dire que l'enfant n'en est qu'à ses débuts de bavardage. Cependant une histoire en particulier attire notre attention. Une histoire sans queue ni tête où il est question de sucettes à l'avoine. Imaginer devoir lécher une sucette à l'avoine interpelle les adultes qui se marrent. Cette étrange idée de sucettes à l'avoine persiste en mémoire. Mais où a-t-elle bien pu pécher cela?

Le lendemain, M'zelle Soleil mange un yaourt avec son père. Alors que je les écoute papoter en bruit de fond j'entends:

- Mais non ma puce, ce n'est pas de l'avoine c'est de la vanille!
- Non papa, regarde l'imaze, c'est de l'avoine, c'est écrit là!
- Non c'est de la vanille!
- Non c'est de l'avoine, ze te dis!

D'un coup une lumière s'allume dans ma petite tête et je m'exclame:

- Mais c'est ça! Elle confond la vanille et l'avoine! Le mystère est résolu! Cela doit venir de là les sucettes à l'avoine...

En regardant le dessin de vanille sur le pot, je me dis que cela ressemble presque à une céréale. Mais comment peut-elle savoir à quoi ressemble une céréale? Je me creuse encore deux minutes les idées. Je ne suis vraiment pas sure d'où elle a pu accrocher le terme avoine, à part peut-être dans les biscuits favoris de son père...

vendredi, mars 20, 2009

Frisquet de saison

Frisquet de saison

Spring Day

Premier jour de printemps, - 10 dans le vent, rien ne fond vraiment. Le soleil brille avec éclat. Il réchauffe la peau blanche d'hiver. Heureuse de passer cette magnifique journée avec mon brin de fille, je savoure l'instant présent à travers ses yeux d'enfant...

Envers et contre quelques caprices, je nous pousse à sortir voir de quel air est ce changement de saison. L'on cherche le lac qui se cache derrière des bancs de neige plus haut que M'zelle Soleil. Rien ne bouge, rien ne fond. Le paysage est glacé. Après s'être appliquée à déposer des plaques de glace sur le dos de Chanelle, M'zelle Soleil se plaint d'avoir les menottes gelées (même si c'est le printemps me dit-elle, z'ai froid!). Je l'encourage à remettre ses mitaines. Grosse moue de demoiselle peu satisfaite de son sort. Pas facile la vie polaire! Elle finit par capituler en pleurnichant sous la douleur. Je prends sa petite main dans la mienne.

À petit pas de glace, l'on vite rentre au chaud de notre maison. En chemin l'on croise les petites voisines qui attendent le bus jaune. En regardant partir les fillettes je pense à M'zelle Soleil. Je me dis qu'un jour viendra où je devrai lui lâcher complètement la main...

jeudi, mars 19, 2009

Sur le vif de l'enfance

Sur le vif de l'enfance

Monday 7:30 am

Cette semaine, malgré un lundi matin à -17 degrés (et le mètre cinquante de neige sur ma pelouse), le soleil brille et réchauffe les jours. Les gens (telle une horde de fourmis énervées) envahissent les trottoirs qui se dégagent. Le ciel, d'un bleu limpide, nous fait la promesse des beaux jours à revenir. Il couve la fièvre du printemps. Je vais chercher mon brin de fille à la garderie. J'ouvre la fenêtre de l'auto et je laisse entrer l'air frais tandis que l'on prend le chemin du bureau de Juan. M'zelle Soleil papote allégrement. D'un coup, je lui dis:

- Hummm, ça sent le printemps, tu trouves pas ma puce?

Elle prend une pause jasette. Lève le nez. Hume l'air ambiant et me répond:

- Heu, non, moi ze crouve que ça sent l'auto!

Processus de fonte

Processus de fonte

Airs de village

Ma grossesse, en plus de gentiment me montrer la grande faucheuse, m'a méchamment déformée la peau. Tant et si bien que je défie quiconque de me battre sur ce terrain glissant...

Ceci m'a donné l'occasion de mieux comprendre mon corps et les dommages que je lui ai infligé durant plusieurs années de privation (ou j'étais si mince et si dysfonctionnelle). Prendre conscience des conséquences de mes actes alimentaires et de mon métabolisme débilitant. Okay, j'ai compris la leçon! J'ai assimilé une nouvelle considération pour ma chair! J'ai acquis certaines sagesses. Merci la vie.

Une fois ma santé plus ou moins rétablie, j'ai donc commencé l'étape de restructuration corporelle. En dix-huit mois d'efforts, de pleurs, de colères, de résignations et d'exercices j'ai finalement perdu soixante livres. J'ai senti cet état dans mes muscles plus que je ne l'ai vu dans le miroir. Cette leçon là est si difficile à apprendre. Être femme et ne jamais être satisfaite de ses formes. Un mauvais sort qui fait des ravages féminins. À vingt livres de mon poids d'avant bébé, je revoyais pourtant la lumière au bout du tunnel. J'y étais presque. J'avais des mollets d'acier et des fesses fermes qui faisait saliver mon homme coquin. Je retrouvai ma taille et le plaisir de m'habiller! Et puis je me suis pétée les chevilles! Coup sur coup, plus de trois mois d'inactivité complète.

Un automne de mer.... avec un seul mantra: patience et volonté. Le retour à la forme ne se fit pas sans peine. Après une suite de petites maladies, ma santé finit par se stabiliser. Je pus reprendre une routine d'entraînement. Entre temps, j'avais eu la bonne idée de monter sur une balance! Ainsi j'avais pu constater que ces mois d'inactivité forcée avait entraîné une nouveau gain de poids! Merci métabolisme rancunier, bonjour la vingtaine de livres gagnés! J'étais franchement écœurée.

Découragée, affaiblie, je mis quelques semaines à avaler l'amère pilule. L'impression d'avoir tant reculé tout en ayant encore tant souffert m'était intolérable. J'avais la hargne. Une rage sourde aveuglait ma raison. Finalement, à force de réflexions, j'ai réalisé que je ne pouvais pas capituler et que c'était en capitulant que je perdrai totalement la partie. J'avais perdu une bataille mais je n'avais pas encore perdu la guerre! J'étais bien consciente que de là où ma grossesse m'avait emmenée peu en étaient revenues. Certaines âmes charitables avaient d'ailleurs essayé de me le faire comprendre. Mais c'était sans compter sur la sale bête que je suis. J'ai le gras mauvais. Je l'admets. Certains ont l'alcool mauvais, moi c'est le gras! Dans ce cas, être grosse devient un calvaire intérieur, un enfer personnel. Comme je ne souhaite pas devenir conne et méchante, ma seule issue était donc de reprendre le chemin de la salle de gym. J'y suis allée avec crainte et sans entrain. Sur mes oreilles mon casque, le soutien de la musique enfermée dans ma petite boite magique. Redémarrer la machine à muscles. En une bulle de musique, j'ai recommencé à suer...

Aujourd'hui, je suis presque revenue au niveau que j'avais atteint avant de me blesser. Un niveau qui consiste en un entraînement d'une cinquantaine de minutes cardio accompagnées d'une cinquantaine de minutes composées de musculation et d'abdos: des machines et des poids, un peu de pilates, un tour de ballon, un zeste de yoga. Le cardio fut le plus difficile à retrouver. Mes chevilles si douloureuses, raides comme du bois, ne voulaient plus avancer. « Y'en aura pas de facile! » me suis-je dit. Petit à petit, j'ai dû recommencer à marcher, pas après pas, de plus en plus rapidement. Je me suis obstinée malgré la souffrance engendrée. Et non, je n'ai que rarement envie d'y aller! À chaque fois, le processus commence par un bon bottage de fesses molles, puis il faut m'organiser avec le quotidien pas toujours enclin à m'arranger puis, une fois sur place, la véritable torture commence. Enchainer les efforts. Surmonter les faiblesses. Pousser la chair récalcitrante. Heureusement que la musique existe en ma petite boite magique!

Lorsque je remonte sur le tapis, les premières vingt minutes sont infernales, l'envie de pleurer est contenue en mes entrailles. L'envie de hurler est réfrénée par les élans de musique qui entraînent mes jambes à suivre la cadence. Je prends un rythme et je souffre en silence. Je grimace et je persévère. Je me dis « Okay, tu pourras prendre de l'eau après quinze minutes. Arrête de regarder passer les secondes! » Lorsque les minutes me semblent vraiment trop longues, je prends des chansons comme repères de courage. « Après celle-là, tu ralentis un peu. Garde le rythme on se fait un loop sur celle-ci ensuite tu t'arrêtes pour boire de l'eau! ». Les vingt premières minutes ne sont que misères. Se concentrer sur un point, s'y accrocher et laisser le rythme me porter. Tout est dans l'endurance, l'important est de ne pas lâcher...

Picnik collage

Sur la tapis la texture du temps s'étire, elle devient presque infinie « Mais cela finira donc un jour!!! ». Les minutes ralentissent, elles se font interminables. Dire qu'elles passent si vite lorsque l’on est assis devant l'ordi! Mes chevilles me font cruellement souffrir, je grimace et j’avance. Par miracle, le temps se consomme malgré tout. Autour de la trentième minute, je commence à percevoir un second souffle qui vient sauver mon moral en berne. Les cinq dernières minutes sont toujours les plus faciles. Allez comprendre! Les cinq dernières minutes sont comme du beurre sur un gâteau!

Lorsque le tapis s'arrête enfin, je suis en eaux, rouge comme une tomate bien mûre. J’étire mes muscles qui pétillent comme du Perrier. Le processus de fonte est en marche. Tout comme la flaque devant le banc de neige qui rétrécit sous les assauts du soleil. J'aspire durant quelques secondes la profonde satisfaction d'être passée au travers de l'épreuve, d'avoir traversé l'effort, d'avoir conquis mes douleurs. La satisfaction d'avoir fait un pied de nez au royaume de l'impossible. Malgré les courbatures qui viendront me punir, je prends conscience de ces sensations agréables. Mes cuisses se redéfinissent et mes fesses rebondissent sous mes pas musclés. Je reprends le contrôle de mon corps. Au loin, j'aperçois une lueur, c'est le bout du tunnel qui m'appelle...

March Lake

mercredi, mars 18, 2009

Jour de fonte

Premières fontes...

Jour de fonte

Mi-mars, j'ouvre mes pores au soleil qui, oh miracle, me réchauffe le corps engourdi. Midi se réjouit. Lumière vivifiante. Atmosphères fondantes. La sève du printemps éveille mes sens gelés. Mon sang se remet à couler. Je m'étire...

lundi, mars 16, 2009

Passer un savon

Savons d'enfance

Dimanche matin, alors que le froid engourdit nos vies, M'zelle Soleil pète la forme. L'on se lance en un blitz de ménage. Elle en profite pour passer un savon à sa poupée de chiffon. Celle-ci se retrouve au piquet sans sommation! Je lui en demande les raisons. Elle m'explique que la malheureuse poupée vient de faire une grosse bêtise.

Je la laisse effectuer sa discipline maternelle selon ses propres termes (qui ressemblent étrangement aux miens). La poupée en prend pour son grade. Je me demande jusqu'à quel point je lui ressemble lorsque j'enfile mon habit de maman-gendarme. Miroir d'enfance...

Elle me demande de mettre le minuteur en marche. Deux minutes de coin pour la poupée rebelle. J'obtempère. Je ne me mêle point de ses affaires. Il faut dire qu'elle a beaucoup à faire entre sa tribu de bébés et ses poupées de différentes tailles! Sa tâche est complexe mais elle s'en amuse énormément. J'en profite pour me décortiquer l'expression de la semaine passée avec un petit sourire au creux des lèvres...

EXPRESSION via expressio.fr
« Passer un savon »

SIGNIFICATION
Réprimander

ORIGINE
Autrefois, lorsque les femmes se retrouvaient autour du lavoir communal, lieu d'échanges d'informations, de potins et de médisances diverses, elles y faisaient la lessive à l'aide de savon, certes, mais elles s'aidaient aussi souvent d'un battoir, large palette de bois destinée à battre le linge pour en extraire les impuretés. C'est d'une telle image qu'au XVIIe siècle est venue l'expression "laver la tête (à quelqu'un)" avec d'abord le sens de battre, donner des coups puis simplement de réprimander, action qui précède d'éventuels coups. Puis dans le prolongement de l'idée, au début du XVIIIe siècle, le mot 'savon' a désigné une réprimande, souvent sévère, et a été accompagné non seulement du verbe 'passer', mais aussi de 'donner ou 'prendre', selon la situation.

EXEMPLE
« Charlie avait d'autant moins écouté ces éloges que les agréments qu'ils célébraient chez sa fiancée lui avaient toujours échappé. Mais il répondit à M. de Charlus : "C'est entendu, mon petit, je lui passerai un savon pour qu'elle ne parle plus comme ça" » Marcel Proust - La prisonnière

samedi, mars 14, 2009

Twitterbug...

Folles virtualités...

Ces derniers temps, je me sens un peu aspirée par Twitterville. Pour plusieurs (comme ce fut le cas des blogues il y a quelques années), Twitter n'existe même pas en leurs repères virtuels.

Pour ceux qui y ont gouté, Twitter c'est une autre planète à découvrir. Si l'on peut comparer le Web à une invisible galaxie, la blogosphère en son entier est l'une de ses planètes et Twitter en est une autre légèrement éloignée, peut-être même que Facebook est une lune...

Bref, Twitter est un endroit (à la mode) avec des milliers de statuts "à la Facebook", une sorte de système de réponse qui pourrait faire penser à une forme de "chat" et une mine d'informations sous la forme de liens divers qui se partagent et s'échangent. C'est informel, bon-enfant et ultra-rapide (comme une autoroute de communications). Pour ceux qui n'ont aucune connaissance ni de Facebook, ni de Twitter, alors je parle ici chinois! En fait, il semblerait que je parle Web.2.0....

J'ai pris mon temps. Je n'étais pas tout à faite sure de vouloir m'y frotter. Puis j'ai commencé à explorer Twitter et d'un coup, sans trop comprendre, pouf, j'ai compris. Bang! En 140 caractères, c'était trop tard! J'étais tombée dans la marmite. Alors pourquoi ne pas, de temps à autre, mélanger un peu des ingrédients de Twitter (le micro-blogging) en ma sauce de blogosphère?

- To blogue or not to blogue http://tinyurl.com/cgv6e3 Un sujet sur lequel parfois je me questionne sans jamais arriver à le voir tout noir...
- Les 40 qualités et plus de papa: http://tinyurl.com/csouaa
- Commence à se penser qu'elle aime bien les vendredis 13 finalement. Trouvé une place en basse ville avec 54 minutes de bonus dans le parcomètre.
- Is hypnotise by this image: http://tinyurl.com/dgns2w
- Juste avant vendredi 13: Albert http://tinyurl.com/ctm397
- Chercher baguette de génie pour effectuer tâches ménagères en un tour de magie!
- @IciMamaCool yep, c'est comme cela parfois que les détectives arrivent à découvrir l'identité des Jane Doe dans les polars...
- @mariejugag moi le changement de saison me fait rêver à fond. Me semble que dès que je m'endors, je fabule en "weirdoscope"...
- Réflexion sur les femmes d'antan à aujourd'hui http://tinyurl.com/buxrug
- RT @herbadmother The Big Bad Boob story (or I Nursed Another Woman's Baby & Would Prefer To Not Be Shamed For It) http://tinyurl.com/dzbwdr
- RT @ColetteB Dora l'exploratrice devient une pitoune: http://tinyurl.com/cwwgrb

jeudi, mars 12, 2009

Mamamitudes

Une maman, c'est celle qui gronde mais qui pardonne tout.
Jean Gastaldi

Il n'y a aucune recette pour devenir une mère parfaite, mais il y a mille et une façons d'être une bonne mère.
Jill Churchill

L'amour d'une maman, c'est la conviction que ses poussins sont des cygnes ; ce qui est la meilleure façon de donner du moral à des enfants qui sont convaincus d'être de vilains petits canards.
Pam Brown

Coup de grisou

Coup de grisou

La semaine dernière, en faisant quelques recherches de piges diverses, je tombe par hasard sur une annonce pour un espace web qui cherche des rédacteurs (et qui les rémunère). Je parcoure le site en question. "Ma foi, pourquoi pas!" me dis-je. Pour poser sa candidature, il suffit d'écrire un court texte incluant les mots suivant: "Jeux-vidéo - Internet - télécharger - surveillance".

En deux coups de cuillère à pot, je ponds ceci: "Les jeux vidéo envahissent Internet sous la forme de portails gratuits qui permettent de télécharger toutes sortes de petites applications pour perdre du temps devant son écran. C'est souvent pour cette raison que les employeurs utilisent des systèmes de surveillance afin de veiller au bon grain de leurs employés. Ainsi il est bon de se rappeler que les heures de bureau sont faites pour travailler et non pour s’amuser! Mais une fois à la maison, tous les coups sont permis, les adultes ne se privent pas de télécharger ces petits jeux vidéos de plus en plus perfectionnés. On est loin du concept de Tétris qui sévissait au siècle dernier! Avec les progrès du monde moderne, les moyens pour perdre son temps deviennent de plus en plus évolués. Ainsi pour ne pas se faire hypnotiser le quotidien, il vaut mieux user d’une conscience éclairée au risque de se noyer les idées en un univers de futilités!"

Moins de douze heures plus tard, l'on m'annonce par courriel que j'ai été retenue pour un poste de rédacteur. Je poursuis ma lecture et manque de tomber de ma chaise. L'on m'explique que je dois travailler avec les différents sujets en leur banque de données. Jusque là ça va. Et puis l'on me propose deux gros dollars par article rendu. Là, je débarque! J'avale la moutarde qui me monte au nez et qui me pique les nerfs. Si cela n'est pas de l'annonce mensongère, je ne sais pas ce qui peut l'être! Une annonce croustillante pour attraper le pigeon. Je suis bien tombée dans le panneau! Mais pigeon je ne suis point. En rogne je suis! C'est tellement ridicule que je me retiens de répondre avec virulence à cette proposition que je considère grossière. Personne ne m'exploitera à part moi-même! Si j'écris bien souvent pour mon propre plaisir (en toute gratuité), je refuse de me plier à ce genre de comédie. Lorsque je fais du bénévolat, j'en choisis mes domaines de prédilection...

Crédit photo ci-dessus: Esprit de sel

mercredi, mars 11, 2009

En vrac

Vrac de bavardises

Ah! Le langage! Je l'ai si longtemps attendu! L'on m'avait pourtant bien souvent répété:

- Ne sois pas trop impatiente, profites du silence parce-que quand ça commence à parler t'es finie!

Malgré tout j'ai traqué les premiers babillages, les premières articulations, les premiers mots, les premières phrases. J'ai travaillé son langage à coups d'innombrables monologues qui se sont ensuite transformés en discussions primitives. J'ai nourri son vocabulaire à qui mieux mieux. Je me suis appliquée à lui délier la langue de toute mon essence maternelle.

Aujourd'hui, je récolte les fruits de mes ardeurs. Et maintenant qu'elle parle et bavarde (même s'il y a des heures où j'aimerai bien qu'elle se taise un peu), je ne peux m'empêcher d'accrocher ses paroles au passage du temps qui nous efface...

- Après la neige y va avoir la pluie, après la pluie, va avoir le printemps et après va avoir l'été et on va pouvoir se baigner, yyyééééé!!!
- Maman, ze veux mettre ma robe de princesse, pis mon bracelet de princesse, pis ma couronne! Z'vas être belle hein? Papa y va me crouver zolie tu crois?
- Maman, on peut partazer un coke? Moi z'aime çâ le Coke, nanananana! Pis ze veux aussi du lait et du café!
- Maman quand ze serai grande, z'vas avoir de gros seins comme toi! Z'veux être maman et avoir de gros seins à matin!
- Mon Amir à moi y cravaille au pestival et y me satouille aussi comme celui de Clo!


À noter qu'après Cacou l'ami imaginaire (lequel a disparu au bataillon), Amir est l'amoureux fictif de M'zelle Soleil. Inspiré directement des amours de sa jeune tante. Il porte le même prénom que celui qui fait chavirer le coeur de ma petite soeur mais ce n'est pas le même! Non, non, non, celui de M'zelle Soleil a les cheveux bleus, il travaille au festival d'été sur un "tanneur" (ordinateur) et il a cinq ans! Parce-qu'avoir cinq ans quand on en a trois, c'est être grand....

- Maman, regarde, z'ai fait un dégât, balaie!
- Heu, non! Tu peux le faire toi-même puisque c'est ton dégât!
- Toi tu veux pas zouer avec moi! Tu veux que ze balaie et que ze fasse du ménage!!!


Seule dans son coin, je l'entends dire:

- Ah! Câlin de bine!

Je sais qu'elle sait que je l'entends. Elle se reprend.

- Zut alors!!! Maman, pourquoi on peut pas dire câlin' de bine ???

Quelques heures plus tard, je la regarde tourner autour de mon bureau. Je la connais si bien que je peux lire ses facéties à même son visage coquin. Je n'ai même pas besoin d'entendre sa question. Elle n'a même pas besoin de la formuler. J'ai juste besoin d'observer la lueur malicieuse qui brille au fond de ses yeux. Je secoue la tête. La supplique de son regard s'approfondit.

- Non! Va demander à papa.

Elle fait la moue. Sachant très bien que si parfois je capitule, son père est intransigeant sur le sujet: Elle n'a absolument pas le droit d'utiliser le crayon qui tache depuis qu'elle a barbouillé la table du salon! Elle me répond:

- Non! Parce-que c'est toi la plus zentille du monde...
- Je croyais que c'était papa le plus gentil du monde ?
- Non c'est toi! Mais Papa aussi il est zentil parce-qu'il zoue beaucoup avec moi dans la famille...

Ah! Crotte! Un peu plus je la tenais au creux de ma paume! Un peu plus et son papa chéri s'en prenait lui aussi pour son grade! Raté. Elle rattrape le tir. À peine si elle bronche en acceptant l'inévitable. À mon tour de faire la moue...

mardi, mars 10, 2009

Chroniques d'enfances et de mamamitude..

Chroniques d'enfance et de mamamitude...

Ici l’hiver acharné continue son petit bonhomme de chemin en encroûtant ma rue d’une épaisse couche de glace. Même si les journées se rapprochent du degré zéro, les nuits sont encore bien glaciales. Ce matin, les volutes de froid dessinaient l’atmosphère polaire...

En ma maison chaude Oedipe a fait une apparition si remarquée qu’il va me falloir enquêter davantage sur le sujet. Mon brin de fille prend des airs de compétition lorsqu’il est question de l’attention de son père. Elle le fait avec si peu de subtilité que je n’arrive même pas à m’en sentir offusquée (même si je commence à être sérieusement intriguée). Hier soir provoque mes idées : L’homme et l’enfant débarquent dans la cuisine. Ils n’ont pas encore enlevé leur manteau qu’elle se jette dans ses jambes, me regarde et s’exclame: « C’est mon mari, c’est mon namoureux!!! »

Picnik collage

En mon fort intérieur je ne peux m’empêcher de me dire « Ouais, c’est la fin de l’innocence pure! ». J'aspire une petite bouffée de nostalgie. Je m’accroupis, l’embrasse et la déshabille sans relever l’exclamation. Je réalise que grandir avec son enfant est une tâche ardue. À peine a-t-on l’impression d’apprivoiser une nouvelle routine, de maitriser une discipline que déjà il est passé à une l’étape suivante! L'enfant est en évolution constante. C'est aussi fascinant qu'effrayant. Je peux l'imaginer comme un train à vitesse rapide qui n'a qu'une seule destination: "Devenir grand". Et les parents forment ces rails sur lesquels file le train...

C’est ainsi que depuis quelques semaines, je me retrouve à lui expliquer de plus en plus de concepts humains. Le mensonge a aussi fait son apparition. Même s’il est encore transparent comme de l’eau de roche, il se fraie clairement un ruisseau dans le terreau d’enfance. Commence alors la ronde des sermons et explications. Après la discipline à manipuler, les sermons à formuler! Vraiment pas trippant! Commencer par tracer les définitions de ces frontières qui séparent le bien et le mal. Une sacré tâche en perspective! Une tâche que l’on ne peut accomplir que sous la pression de nos propres valeurs et perceptions.

Picnik collage

Par les temps qui courent j'aime bien consulter les pages du site Naître et grandir. J'y découvre des mines de compréhensions. J'y retrouve mes valeurs d'éducations et plusieurs exemples pour les mettre en application. Tout comme cette idée tranchante que j'ai sur le sujet des cris. L'enfant peut crier, c'est son droit (tant que cela ne devient pas insupportable), c'est dans sa nature d'apprentissage mais l'adulte référent ne peut hurler (c'est son tort) il doit toujours savoir se contrôler. Ne pas perdre son sang froid. Cela n'est pas facile tous les jours, oh que non! Le rôle de l'enfant est de chercher les limites de son environnement, ce faisant il marche souvent sur les patiences de ses parents. En ce qui me concerne, je fais mon possible pour rarement sortir de mes gonds. À chaque fois que je sens ma pression monter et mon ton s'envoler, je prends une note mentale de ma mise en échec (Arrête ton char la mère, calme tes nerfs, tu ne fais que mettre de l'huile sur un feu déjà brûlant). Je pense aussi que même lorsque l'on se sent à bout de souffle, dénigrer l'enfant c'est se tirer dans le pied, je veux croire aux miracles du renforcement positif.

En me renseignant là-bas sur le mensonge, j'apprends que ma p'tite bête est précoce, cela ne m’étonne point. J’avoue même en ressentir une certaine fierté. Une fierté qui croupit dans un puits sombre lorsque vient le temps de mettre la main à la pâte et d’expliquer les subtilités de la vie à ce petit bout d’humain en constante progression!

Extrait du site Naître et Grandir: "L’enfant qui dit des mensonges: La plupart du temps, les enfants ne « mentent » pas : ils camouflent, enjolivent ou transforment la vérité. Dans le cas d’un jeune enfant, une imagination active est même plutôt un « signe de bonne santé émotionnelle », écrit le pédiatre américain T. Berry Brazelton. Le tout-petit adore raconter des histoires et se rendre intéressant. Très souvent, il avoue lui-même, avec son plus beau sourire, qu’il est en train de « raconter une histoire »! Ce n’est qu’après 4 ans qu’il devient conscient que raconter une histoire peut poser des problèmes. En attendant, expliquez-lui que ce n’est pas bien et faites preuve de tolérance."

Picnik collage

Dés les premier signe d’utilisation mensongère abusive, je sévis. Je lui explique le concept de ce qu’elle pratique en l’éclairant sur le sujet. J’insère en sa petite cervelle des petites graines de raison. Je lui démontre un point important, une maman attentive sait toujours repérer le mensonge qui couve! Lorsque je rentre dans sa chambre qu'elle a transformé en un bordel monstre alors qu'elle devait sagement dormir et qu'elle tient mordicus à me faire croire qu'elle dort comme un ange, je pousse ma chansonnette tannante! Elle n’est point satisfaite de mes explications et il se peut que la sauce tourne au vinaigre. Vexée d’être mise à nue, elle se rebelle. Elle se retrouve au pied du mur, me regarde avec colère et s’écrie « Moi ze veux pas regarder ma vérité! » Impertinente, elle me cherche les nerfs ou elle me boude avec passion. Je tiens bon. Je refuse de lui laisser croire qu’elle peut me faire gober la lune et Jupiter! Nous traversons une nouvelle étape. L'on arrivera bien vite dans la cour des grands. L’on dit adieu aux biberons et bambineries. La doudou aussi est en sursis. Il faut dire qu’elle tombe en lambeaux. J’ai commencé le processus de séparation, cet été elle disparaîtra sans aucune magie.

Mais que l’été semble loin! Et que M’Zelle Soleil s’en ennuie carrément. Tant et si bien que j’ai accepté qu’elle enfile son maillot de bain sous ses habits lors de notre dernière escapade à l’hôtel de glace! Elle construit des rengaines d’été à chaque journée qui passe. Elle a bien assimilé ses saisons et l’été semble obnubiler le cours de ses pensées. Le lac aussi est à la mode de chez nous, l’été et se baigner dans le lac, nos oreilles commencent à chauffer! Alors qu’un superbe coucher de soleil se profile à l’horizon, je lui dis :

- Regarde Liloo, comme le ciel est beau avec toutes ses couleurs….
- Oui, y’a beaucoup de couleurs, on pourrait aller à l’été ça veut dire! Oui l’été, l’été, ze veux me baigner dans le lac et mettre mon maillot de bain, ouuiiiiiii…
- Heu, ben c’est juste un coucher de soleil, l’été est pas encore arrivé! Il faut d’abord que toute la neige fonde…

Froncement de sourcil perplexe. L’enfant regarde les montagnes de neige par la fenêtre. L'on partage un regard complice. Autant elle peut m'illuminer le cœur autant elle sait faire grincer mes nerfs sous sa douce torture enfantine. « Mais non! Moi ze voulais! Ze VOULAIS! T’es pas zentille! Ouin ouin ouuuinnnin » Pour désarmer ses bombes capricieuses, lorsque je suis en force mentale, j’actionne ses rigolades. Au cœur d’une pleurnicherie, elle résiste difficilement à la remarque surréalistement comique. Jeanne qui rit, Jeanne qui pleure. Jeanne qui peut rire aussi vite qu’elle pleure. Jeanne que j’aime plus fort que ma vie.

Ses jeux deviennent de plus en plus élaborées. Son imaginaire se construit sous nos yeux. Elle développe toutes sortes d’histoires abracadabrantes. Un soir elle me raconte avec conviction « Mon bébé est sorti de mon ventre et les amis de la garderie, ils étaient là pour m’aider à pousser! » « Oui bien sur ma fille! » Elle s’invente toutes sortes d'histoires qui emmènent ses poupées dans des aventures inspirées des caractéristiques de son quotidien. En ces jeux d’enfants se révèle toute la latitude des ses compréhensions.

En ces jeux d'enfants, ses colères, ses pitreries, ses actions et réactions, je comprends combien elle est sensible à son environnement immédiat. Un environnement qui la façonne sans qu'elle n'en aie aucune conscience. Un environnement dont j'ai le contrôle et la responsabilité présente. Un fait dont j'ai cruellement conscience...

Je réalise aussi une certaine ingratitude enfantine que l’on ne peut prendre personnelle. Je la réalise lorsqu’elle chantonne dans son bain « Z’aime beaucoup papa, z’aime un petit peu maman! Que z’aime beaucoup papa, que z’aime un petit peu maman! » À moins que cela ne soit encore Œdipe qui fasse des siennes? Comme lorsqu’elle dit à son bébé : « C’est lui mon prince, c’est son papa, c’est son trésor. » Mais dans quelle marmite est-ce que je suis tombée?

Et puis il y a ces moments où elle me regarde avec tant d’amour et de confiance que mon cœur se cristallise en mille morceaux. Fatiguée, je me repose un instant sur mon lit. Elle arrive, charmante, avec un grand sourire. Elle me demande :

- Pourquoi elle est partie au ciel ta mémère?
- Parce-qu’elle était vieille et malade ma puce…
- T’es criste hein maman?
- Oui elle me manque beaucoup.

Elle se colle contre moi, me serre dans ses bras, me fait un bisou tout doux avant de se relever pour me dire d’un ton déterminé :

- Demain, tu vas voir ta mémère elle va revenir…
- Heu, je crois pas ma puce…
- Si, tu vas voir elle va revenir, elle va pu être vieille, elle va pu être malade, elle va pu être mort! Elle va s’escuzer d’être partie au ciel et elle va s’occuper de toi! Elle s'occupait bien de toi hein?

Derrière sa silhouette de fillette je vois se profiler le visage de Juan. Il capte mon regard ému. Il me chuchote tendrement à l’oreille : « Les enfants sont magiques… »

lundi, mars 09, 2009

Lundi vrac de pomme

Lundi vrac de pomme

Cold and Hot
Inconnue au coin du feu sur glace

En attendant la rédaction de sujets réfléchis, un vrac du jour sous forme de pelotes d'idées et de liens: Tout d'abord un gros merci à ceux qui ont voté pour mon péché de gourmandise qui a récolté la première place du concours savoureux. Ceci m'a donné le sourire pour commencer cette autre semaine de grisaille à saveur de "sloche" congelée. Bravo à toutes celles qui ont exploré leurs péchés gourmands..

Fin de semaine en forme de cocon de maison avec quelques expéditions amicales. J'ai enfin retrouvé le chemin de la coiffeuse pour discipliner mes boucles et virer mes cheveux gris. M'zelle Soleil en profite pour se faire rafraichir les frisettes avec une concentration si mignonne que je m'étale comme une galette de maman. Une virée à l'hôtel de glace où le hasard fait rencontrer le professionnel. Un hasard qui me fait abandonner mes invités pour m'entrainer en une conversation choc de collègues d'images. Bien du travail sur la planche coté photos, quelques commandes à finaliser et des centaines d'images à traiter...

La ronde des mots à organiser (et apprivoiser) entre articles à rédiger, traductions à démarcher, manuscrit à avancer, nouvelles à peaufiner. Mettre dix jours de choses à faire en trois jours alloués, un défi hebdomadaire. Cherche la machine à étirer le temps. Parfois (durant quelques minutes éparses) j'envie celles qui travaillent en un bureau fermé, en une structure bien rodée, celles qui ne pensent pas lavage entre deux tâches à accomplir. Les lundis matin gardent toujours cette petite saveur d'elle, mon enfant adorée partie en garderie, pas facile de se détacher de cette sensation de mamamitude qui m'emporte la féminité. L'on a besoin d'être femme pour être maman mais une fois maman que reste-t-il de la femme à épanouir? Conjuguer les deux pour y trouver mon équilibre, un défi journalier...

Hier c'était la journée de la femme. Me suis consacrée à ma famille, mon mari, ma fille. Traverser les soucis, s'occuper de la maisonnée, profiter de la vie. Pas pris le temps de me poser les idées pour rédiger ce texte qui se balade dans ma tête depuis des semaines. Un texte qui se pencherait sur la condition féminine à travers le monde ou sur le féminisme de nos jours. En ce dimanche de réflexion, j'ai quand même pris le temps de regarder un documentaire intitulé "Brides of Allah". Un documentaire qui m'a percuté la cervelle et touché le coeur. Derrière la violence des actes de ces femmes (derrière la haine à peine dissimulée) ne se cache-t-il pas une extrême souffrance humaine canalisée par cette religion qui m'échappe? Si au lieu de se faire la guerre, l'on essayait de mieux se comprendre les douleurs pour trouver les moyens d'atténuer les souffrances de l'autre, ne tuerait-on point la violence dans l'oeuf?

Ces derniers temps, je me ballade par ci par là sur la planète Twitter. Il y a là des sources d'informations qui me confondent, une nouvelle façon de communiquer qui fait fantasmer mes délires d'antan à saveur de science fiction. Clore ce billet en une boucle de liens éparpillés d'inspiration Twitterienne:

- L'accouchement éclair - Le blogue (en anglais) d'une jeune papa veuf qui a perdu sa femme dans la journée qui a suivi son accouchement (une triste histoire qui fait écho à ma douloureuse expérience post partum) - Quand les hommes et les femmes vivront d'amour - Et, chat mouillé ne rigole pas "pentoute"!

Ice Design

vendredi, mars 06, 2009

Temps de ch... et saison froide.

Temps de ch... et saison froide.

Vendredi gris neige sur fond de pluie verglaçante. Au moins les températures remontent! Même si le jour s'emplit de grisaille tout est de nouveau blanc immaculé. Le lac, prisonnier de ses glaces, n'est que silence. La forêt, aux allures de crème glacée, semble prête à être dégustée par un ogre affamé. Les sapins se donnent des airs de meringues à lécher. Je croque d'amour ma fillette en sucre d'orge. L'hiver nous enserre les jours qui rallongent...

Souffles polaires. Faiblesses de saisons. Visions monochromes. Soupirs. Je collectionne les petits papiers à trier sur mon bureau réorganisé. J'inspire l'air du temps. Je me donne un coup de fouet mental. Sous le regard incrédule de Shni (mon petit génie du ménage en dépression), je me transforme subitement en une fée du logis qui ramasse tout sur son passage. Un vrai tourbillon de ménage. J'entraine l'enfant malgré elle. La magie s'opère. Aujourd'hui est à marquer d'une pierre blanche, Lily m'a aidée à ranger sa chambre...

L'enfant, monstre d'enfance, dort comme un ange. Arrive le temps de choisir l'expression de la semaine. En voici une qui me tombe dans l'oeil, une que j'adorai plus jeune. De nos jours, je ne l'utilise plus guère mais disons que certains jours ennuagés de M'zelle Soleil pourraient m'inspirer à me la remettre en bouche...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Faire un caca nerveux »

SIGNIFICATION
S'énerver fortement, avoir un accès de mauvaise humeur (souvent sans réelle justification)

ORIGINE
Rappelons-nous d'abord que 'caca' est un mot enfantin pour désigner les excréments ou les matières fécales (sans oublier qu'en latin, 'chier' se disait 'cacare'), mot dont l'équivalent adulte a rendu célèbre Pierre Cambronne. On dit d'ailleurs aussi bien "on est dans le caca (jusqu'au cou)" que "on est dans la merde" lorsqu'on se trouve dans une situation très déplaisante, aussi peu agréable que si on baignait dans des excréments. Faire un caca nerveux est apparue comme expression pendant la seconde moitié du XXe siècle. Il semble que l'image vienne de celle du bébé qui, comme quelqu'un de très énervé, devient tout rouge lorsqu'il force pour faire sortir sa crotte. Mais comme "faire un caca" n'impliquait pas forcément le fait d'être énervé, le qualificatif 'nerveux' y a été accolé de manière à rendre l'expression plus explicite.

EXEMPLE
« En revanche, je n'ai pas bien compris le caca nerveux de Ginestet et Furlan. S'ils parlent de l'expulsion, je suis désolé mais les deux cartons reçus par Mouloungui sont parfaitement justifiés. Et puis quand tu prends un jaune, tu vas pas, trois minutes plus tard, aller mettre une semelle énorme sur un mec. » Pierre Ménès - Article "Paris ne flotte plus" du 20 avril 2008 sur Yahoo Sport

jeudi, mars 05, 2009

Phrase du jour

En un saut de puce

Airborn

Zeste de langue enfantine pris sur le vif du présent:

- Maman, après qu'on fait des abbos (abdos) on mange des bonbons...

mercredi, mars 04, 2009

-27 sous le soleil

-27 sous le soleil

Ce matin encore la météo affichait des températures (avec facteur vent) frigorifiantes. Le soleil, haut dans un ciel bleu sans faille, brillait de plein fouet. L'horizon glacé reflète l'hiver à l'infini...

À défaut de la température, c’est la luminosité des jours qui commence à changer. Subtilement, elle appelle le printemps. Même si ce matin, il ne faisait toujours pas bon se retrouver le nez dans une bourrasque polaire!

Le quotidien, tel qu'on le génère, reprend ses droits. L'expérience humaine douloureuse du mois dernier se range dans le placard du passé. Présentement, l’on rêve de plage turquoise et de chaleur tropicale. La moitié de nos amis a pris le large. L’on ne compte plus ceux qui fuient l’hiver pour prendre une bonne bouffée de Sud. En attendant, les moins chanceux bataillent la saison qui nous glace les os.

Samedi nuit, une ballade en traineau dans la forêt illuminée au flambeaux. Une atmosphère humaine ultra chaleureuse, des rires à fusion, des chevaux qui soufflent de la vapeur animale. Un joli croissant de lune à l'horizon. Moins vingt sous les étoiles. Ma pomme, aux courants d'air inconscients, qui se cramponne derrière une minuscule jetée de laine. Nous nous retrouvons à faire la ballade en une carriole de femmes. Juan amuse son assemblée féminine. Il fait glousser sa voisine tandis que je souris de voir la dame fondre comme un glaçon. C'est la fête. Tirée par un cheval de trait, la joyeuse carriole s'enfonce dans la nuit noire. L'enfant entraine la troupe chantante en des comptines enfantines. J'en finis presque par oublier le froid qui me rampe le long de la colonne vertébrale...

Et le train train du quotidien avance sur les rails de la vie. Irai-je ou non faire un tour du lancement de Mère Indigne? Miss Dee m'invite à la suivre. Cela me réchauffe le cœur. En théorie je suivrais son avis amical (on pourrait se faire un fun noir comme dans l'ancien temps) mais en pratique, c’est plus complexe. Sans compter que j'aime aussi cultiver un certain flou virtuel. C'est mon garde fou en cette identité numérique que je vis depuis bientôt six ans. Au réel, je passe au travers une dernière épopée de dentiste. Maudit que je suis contente que cela finisse! Espérons que cela aidera à sonner la fin des petites maladies à répétition. Après six mois de calvaire, mes chevilles semblent être passées au travers de leurs tristes expériences. Elles sont encore raides et lorsque je remonte sur le tapis infernal qui sculpte les fesses, elles font encore bien mal. Pourtant de nouveau, elles fonctionnent, et de cela je profite…

Je reprends quelques sentiers d'articles éparpillés. Quelques fleurs je récolte en ce début de semaine givré. Ce soir, je couvre le lancement du JMC Project, cela va nous divertir les idées. J’y emmène l’homme et l’enfant pour un cinq à sept à saveur de Nu Jazz au cœur de la basse ville. Dimanche dernier, j’ai rencontré quelques membres du groupe. Sympathique entrevue. J’ai été surprise par leur jeune professionnalisme. La poursuite de leur passion musicale m'a touchée. Je couve mes idées à leur sujet avant de pondre mon œuf. J’ai aussi plusieurs projets d’écriture à travailler et une carrière de traductrice à relancer. Une facture à envoyer. Encore plein de CV à glisser sous les portes et de lettres de motivation à rédiger. Et puis il y a "la photo" qui me hante le coeur...

Mardi matin, l'empereur, sa femme et le p'tit prince... Lalalalalla, alors que l’on emmène, de bon matin, notre Mini Miss à la garderie. Elle prend une pause de bavardises et me dit :

- Dis maman, z’aimerai bien que tu nous fasses un bébé à moi et papa…
- Heu…
- Ça serait bien, ze pourrai m’en occuper avec toi, ze pourrai être aussi sa maman, on serait deux mamans et un papa!
- Heu….


Nous voici arrivés à destination. J’embrasse mon brin de fille qui n’est plus du tout un bébé. En humant son odeur de sucre d’orge, je ressens une subtile nostalgie. Peut-être ferais-je un nouveau bébé avant mes quarante ans, peut-être… Si les cieux me l’accordent…

lundi, mars 02, 2009

Péché de gourmandise,

Sur un coup de tête, j’ai décidé de me laisser inspirer par le concours des Boetmiennes. L'idée étant de partager notre secret le plus gourmand dans un billet. "Le billet doit porter sur la gourmandise et sera publié sur votre blogue le lundi 2 mars. Ensuite, vous aurez jusqu’au dimanche 8 mars pour voter pour le billet le plus gourmand à l’adresse vero@boetmiennes.com. Nous ferons 4 gagnants qui recevront un prix de Dr maman , de Véro , de [D]zign K et aussi LILY (oui, oui un vrai concours) . Nous annoncerons les gagnants le lundi 9 mars. ".

Ainsi, pour commencer cette semaine, quelques coquineries à savourer. Consciemment j'ai opté pour un style "Short and Sweet". Si en vous en appréciez les effets, libre à vous de voter à l'adresse courriel ci dessus...

Péché de gourmandise,

C’est vrai, je le confesse, je suis une pécheresse. Je connais la luxure du goût. En mon corps de diablesse, la gourmandise est en lien direct avec ce bouton intime qui me procure bien des délices corporels. Lorsque je lâche prise et que je laisse rouler les vagues gourmandes en ma bouche offerte, les plaisirs de ma langue font bouillir la source de mes désirs. Saliver et mouiller en une seule bouchée, si cela n’est pas un péché!

D'ailleurs, si je veux chercher le diable, je n’ai qu’à passer par l’une de ses meilleures antres en ville: Le comptoir Ana Pierrot au cœur des Halles Ste Foy. Là-bas, j’y retrouve mes vieux démons. Là-bas, je laisse libre cours à mon vice. Ma dernière tentation? Les macarons multicolores qui éclairent l’hiver monochrome. Car si je peux me sentir toute émoustillée rien qu’à l’idée de déguster ceux de Ladurée, je dois avouer que ceux que j’ai goûté là-bas ont assouvi mes envies. Mes favoris? Les jolis verts à saveur de pistache. Ceux là ne me rate pas! À chaque fois je jouis. Mes lèvres s'approchent. Je croque. Je laisse fondre la douce mixture en mon palais malicieux. Attentive à l’éveil de mes sens les plus intimes, je réprime une furieuse envie de sauter sur mon homme tout sourire. Je palpite. Humide. Cela me titille. J’avale. J'étouffe un petit gémissement. Frisson de plaisir. Je respire en un soupir. Je reprends mes esprits. Et je ne souhaite que recommencer une autre fois, encore et encore…