dimanche, avril 30, 2006

Avril 2003

Avril 2003

De par ce projet, je récapitule. Je réalise la mémoire posée en cette virtualité. Cela risque de me prendre plusieurs mois mais je suis décidée à ranger d'une certaine façon mes "blogobrouillons". Je les classe, je crée des catégories pour mieux retrouver ce que je cherche. C'est un projet qui m'amène vers moi à travers les mois. Trois ans déjà...

Qu'il en a coulé de l'eau sous les ponts en trois ans! Qu'il s'en est passé des jours! Qu'il y a de phrases qui se sont envolées dans cet invisible univers! Il parait que la moitié des blogues meurent au bout de trois mois. À force de bloguer, je n'ai plus l'impression de bloguer. Je ne blogue pas, je suis, tout simplement. J'évolue, j'enregistre, j'explore, j'expose, je découvre, j'assimile, je comprends, j'avance...

Je dépose là des cailloux que je ramasse lorsque je flâne dans la megasphère. Je photoblogue régulièrement par ici. J'image de ce coté. Je vidéoblogue à mes heures perdues et je gribouille juste là où se lisent ces quelques mots qui s'envolent de mon présent à mon passé sous vos yeux insouciants? Gourmands? Indifférents?

Inspirer la nature

Lorsque je suis en ville, il me suffit de quelques jours pour recommencer le même manège. Au bout d’une certaine période, toujours le même instinct, rechercher la compagnie des arbres. En ville, l’arbre m’attire comme un aimant puissant. Il me calme, m’apaise, m’aide à respirer. Il filtre le vent en une tendre mélodie. Immuable, il m’offre une véritable bouffée d’oxygène. Une bouffée où se lover, s’oublier. Inspirer la nature…

S’arrêter trente secondes pour modifier le cours de ses pensées urbaines. Sirènes et trafic routier s’assoupissent. En ville, l’humain grouille, à l’aise dans sa gigantesque fourmilière. Je n’aime pas me sentir fourmi. J’aime me sentir aigle pour survoler les arbres, pour explorer l’horizon. Se muer en un courant libre qui se fond dans un paysage sans limite. Sans béton ni misères humaines. Lorsque je me sens mal, la compagnie des arbres me conforte, elle est lien qui me permet de rejoindre ma Mère Terre que j'aime énormément. Je suis une fille de la Terre.

Je me souviens d’un matin précis. J’étais assise à l’observatoire, le soleil se levait sur Montréal. Je boudais un infini urbain. Je plissais les paupières pour essayer de percevoir l’au-delà citadin. Je ne voyais rien que la mégalopole qui se réveillait à mes pieds. C’est alors que j’ai réalisé que j’avais le choix. Vivre en ville ou vivre en nature n'en tenait qu’à ma bonne volonté. J’étais libre de choisir ma vie. En cet instant précis de bruit Montréalais, mon inconscient a choisi. Sans trop m’en apercevoir, j’avais déclenché le manège. J'étais arrivée devant un carrefour interne et je m'étais dirigée, d'un pas assuré, vers cette voie qui se dessinait devant moi.

Choisir le silence des hommes pour écouter la planète vibrer de ses autre sens. J’avais ouvert la porte qui cache le tableau d’un mythe bien connu. La légende de la cabane au Canada…

C’était il y a dix ans, j’avais 23 ans. Toujours en accord avec cette volonté intérieure, je suis désormais mûre pour remettre un peu de béton dans mes murs. Prête à quitter la cabane au toit moussu d'où s’échappent des pousses de forêt indisciplinée pour m’installer dans cette drôle maison faite de « pierres de rivière ».

Avec ma trentaine, j'ai adopté un lac. Dans deux mois, nous y aurons une maison. Hier, pour me ressourcer, je suis allée faire le tour de ma future arrière-cour. Je suis allée, en éclaireur, faire connaissance avec les lieux. J’ai salué mes futurs arbres, découvert un étrange rocher. Animal de pierre qui dévoile plusieurs facettes suivant où l’on se place pour le regarder. Hier, je suis allée chez moi pour la première fois…


Notre futur terrain
Vidéo envoyée par Etolane

Nuit sans lune

Nuit sans lune

Je me fonds dans la nuit noire. Les étoiles guident mes insomnies. Perdue dans le silence, je fuis mon sommeil. Mes amours dorment, les chats veillent…

Mon esprit tangue, je flirte avec les dépressions de mon cœur, émotions toutes en souvenirs. Son absence teinte de tristesse le jour. Sa présence résonne dans mon coeur écorché. Pour ne point sombrer, je me plonge les idées dans un projet qui me trotte depuis longtemps dans la cervelle: Ranger mes mots envolés, depuis le début de ce carnet...

Classer les billets (à mon sens) pertinents par catégories pour mieux les retrouver, pour mieux retravailler mes fictions en suspens, pour mieux suivre les fils d'imaginaire qui tissent la toile de mon invisible et visible.

Je m’enfonce dans la virtualité de mes maux. Je reprends le fil de discipline. Retrouver l’essence de cette écriture qui me taraude la vie. Ici, rien ne change, continuité du rythme. Là-bas (en attendant ailleurs), tout se reconstruit, petit à petit

vendredi, avril 28, 2006

Zenitude

Retrouver ma zénitude.
Laisser glisser les souffles d'eau sur ma peau.
Lovée dans cette nature adorée, je me dissous l'être malmené.

Le vent fait danser le bleu retrouvé.
Hypnotisée par le clapotis de vaguelettes,
Bébé Soleil rejoint la dimension maternelle...

Juan s'exclame: "Voilà bien la fille de sa mère!". Lorsque trop de zénitude, Juan s'agite dans la semoule, il pédale dans le silence, brasse le calme. Il a besoin de mouvements, d'activité, d'actions. Alors que je me plonge toute entière dans ce zen liquide. Une atmosphère solitaire qui m'absorbe et qui transforme mes maux en d'étranges humeurs contemplatives. Humeurs qui inspirent le coulis des mots qui s'enfilent dans l'air du temps. Bulles de vie. Poésies éparses. Méditations entre ciel et lac...


Zenitude
Vidéo envoyée par Etolane

Bébé Soleil

Bébé Soleil

Un teint de porcelaine,
Des lèvres de roses,
Un petit nez mutin.

Un regard couleur d’océan qui recèle une intemporelle profondeur. Une humanité qui se construit au fil de nous. Un visage où les émotions se succèdent, jaillissent, explosent en une ribambelle d’expressions bambines. Fruit d’une passion avouée, consommée…

Fruit d’une exploration sentimentale vieille de sept ans. Sept années de différence. Un amour qui se compose au quotidien avec ses rires, ses engueulades, ses discussions, ses partages, ses bonheurs, ses différences, ses obstacles, ses plaisirs. Une richesse humaine qui se conjugue au pluriel. Poupée de l’Amour. Enfant du destin. Petite personne que l’on découvre jour après jour.

Bébé aujourd’hui, fillette demain, ados dans trois jours et femme la semaine prochaine. Le temps est relatif. Il se distingue selon certains degrés. Il s’étire ou se raccourcit, ralentit ou galope selon l’angle duquel on le contemple…

jeudi, avril 27, 2006

Souffles de lac

Souffles de lac

De retour en ma cabane aprés plus de deux semaines d'exil citadin. Toute la neige a fondu, les pelouses verdissent et le lac, majestueux, encore gelé à notre départ a retrouvé sa beauté limpide.

Durant notre absence, il a avalé ses dernières glaces pour se targer d'une profondeur bleutée. En de puissants souffles de nature renaissante, je recharge mes batteries tristes et celles de mon appareil photo pour de nouvelles aventures boisées...

mardi, avril 25, 2006

Minuscule damoiselle

Minuscule damoiselle qui tient dans entre ses mains le nectar lacté de ma chair. Elle s'abreuve. Fascinée, je m’évanouis en cet instant d'intimité…

Inexorable printemps...

Le printemps est inexorable.
Pablo Neruda

Les fleurs du printemps sont les rêves de l'hiver racontés, le matin, à la table des anges.
Khalil Gibran

L'autre côté de la vie c'est le printemps, il y fait Dieu comme il fait soleil sur nos printemps de la terre.
Didier Decoin

Lundi sourd

autre-soir

Une douleur sourde dans le ventre. Un chagrin qui poigne. Le ciel s’accorde à mon cœur et mes pleurs se fondent à la pluie tombante. J’offre des sourires tristes à mon Soleil qui gazouille. Une dernière cérémonie pour ma Mère-Grand avant que le passé ne l’absorbe entièrement. Elle était mon plus proche parent, le parent dont je me sentais le plus proche. Avec elle, j’avais l’impression d’être la continuité de quelque chose de palpable, de quelque chose d'ancestral, j’étais son prolongement dans le futur.

Avec ma mère, notre relation est jalonnée de déchirures, d’incompréhensions, de blessures. Avoir un bébé à 20 ans et se retrouver divorcée un an plus tard n’est pas la situation idéale. Vivre avec une grand-mère de 40 ans, qui vous adore, (durant la semaine) malgré les dysfonctionnements familiaux apporta une stabilité inestimable à l'enfant que je fus. Je lui ressemblais. Avec elle, je m’harmonisais. Elle me chérissait. Elle était un phare de tendresse dans mes tempêtes. Une mère…

Depuis 19 ans, je ne vis plus en France, mais durant tout ce temps, ce lien qui nous reliait malgré la distance vibrait d’une dimension où nous nous rencontrions souvent. Je la visualisais chez elle, dans sa cuisine, dans son jardin, papoter avec ses voisines, se coucher, se lever, ouvrir ses volets. Je la voyais, je la sentais. Il y avait nos coups de fil plusieurs fois par mois, ces courriers qui me rendaient la vie plus douce, sa personnalité que je ressentais. Il y a eu autant de visites que deux mains peuvent en compter et ses 6 mois où je me suis réfugiée chez elle le cœur en miettes. Elle a ramassé mes morceaux, donné quelques souffles de liberté pour mieux me regarder m’envoler à nouveau. J’étais à deux doigts de la revoir…

Désormais je ne peux plus que la ressentir et je pleure son absence. Je remplis un lac de larmes silencieuses, parfois liquides parfois invisibles. Juan les palpe, les enrobe, il répond à mes sourires tristes. Je ne peux m’empêcher de trouver égoïste cette sensation qui me vrille l’estomac. Elle m'enveloppe toute entière. Je la vis en solitaire. Elle aiguise mes humeurs, les bouleverse, les renverse, les assombrit. Égoïste car elle m'absorbe, m'emporte, je sais que la mort n'est pas une fin pour celui qui la traverse. C'est une fin pour ceux qui restent. Les nuits, remplies d'insomnies douloureuses, m'inondent de souvenirs. Elle m'habite. Je suis sa suite dans le temps. Elle est en moi maintenant.

Après les douleurs physiques, voici la douleur intérieure qui me transperce. Celle-ci me semble plus difficile à surmonter. La souffrance physique a si peu de comparable avec la douleur psychique. Cette dernière est aussi vive qu’invisible. Elle cille les entrailles. Ses ecchymoses ne peuvent se voir à l'oeil nu. Elle torture.

Il passe sur nos petits écrans une publicité pour imager la dépression. L’on y voit un homme accidenté, couvert de bandages, l'on entends la compassion des proches. Puis l’image se transforme en ce même homme couché en chien de fusil, seul, sur son lit. Je pense souvent à ces deux images. L’homme qui souffre, replié sur lui-même dans la solitude de ses émotions. Et celui qui, le corps déchiqueté, assume autrement cette différente souffrance qui s’examine sous les microscopes de la medecine générale…

Ce matin, au réveil, au bout du fil, j’ai écouté se dérouler son enterrement…

lundi, avril 24, 2006

Apprentissage

Hard-at-Work


Lily-Soleil pratique ses :

-Da da da ga da, iiiiiii, ye, iiiii gagaga aga agga aaaggggaaagagaga

En première année à l’école de la vie, elle apprend ses bases d'existence. L’on part de loin. Tant de concepts à assimiler, le langage n’en est pas l’un des moindres.

Lily-Soleil progresse. Elle voudrait s'asseoir. Elle se concentre sur les objets qu’elle attrape de mieux en mieux. Elle tend la main vers ses livres. Seuls jouets en sa possession. Un livre en mousse jaune, un autre de toile bleu et un dernier friable et bruyant qu'elle découvre avec attention. L’usage de ses mains s’affine. Elle s'enrichit de ses succès. Elle sait tenir son biberon et boire seule.

Elle travaille fort à dépasser l’état de larve souriante qu’est l’humain frais sorti de la matrice. Sa vie est ponctué d’efforts, d’apprentissage et de découvertes qui la font avancer. Sa conscience se dessine. La petite personne née se précise, tout doucement, elle se présente à nous un peu plus chaque semaine.

dimanche, avril 23, 2006

English Blues

English Blues

Joy

Only a joyful baby can ease my sorrows with the innocence of her soft smiles,
She's helping me find a way back into the land of magical thoughts.
Today is sad day but her sweet face heals me deep inside...

From our love she chose to come,
We welcomed her into our home
Now she's healing the pain...
She's my angel.

samedi, avril 22, 2006

Le coeur en étoiles

J'ai mal, je vais mal, je me soigne. IL me soutient. ELLE baume mes pleurs. Exilée en un mode citadin pour prendre soin de ma petite soeur (toute à ses 13 ans) durant l'absence de ma mère. Je joue avec ce petit bout de femme qui nous entraine dans la vie trépignante des jours qui se passent à son rythme de quotidien qui vibre de son spectacle de Baladi. Bientôt de retour en classe. Juan a bientôt fini ses examens...

Impression d'être aspirée dans l'égoïsme de la douleur qui m'écorche le coeur. Les mots polissent mes maux. Je brouillonne en silence. Je me perds le secondes de libre dans au royaume des images partagées...

Bébé-musical

vendredi, avril 21, 2006

En deuil (citations)

Le deuil est une convalescence. Le repos de l'être absent devient notre propre repos. Il y a de la contagion dans la mort.
Robert Baillie

Le temps passe si vite qu'on ne le voit pas passer. Et pourtant il passe ; il ne fait que ça, il fait aussi vieillir.
Paul Toupin

Les larmes empêchent de voir, le deuil encore plus.
Jean-Marie Poupart

Partie...

Ce matin, je me lève avec la sensation d'étouffer. Je suis d'une humeur massacrante, je me sens mal. Je le revendique. Juan me donne une pause en m'offrant un temps de liberté à saveur de solitude. Quelques heures plus tard j'apprends la nouvelle. Elle est partie cet après-midi, là-bas, en France. C'est la fin de ses souffrances. Elle n'est plus. J’avale de travers mon amertume d’immigrante. La dernière fois que je l’ai vue, c’était en juillet 2000, je me mariais…

Si on me cherche, je suis sur Flickr, je noie ma peine en m’explosant les yeux d’images immortelles. Je vogue entre le Photoblog magique et ces perles digitales que je glane au fil de mes randonnées visuelles


Originally uploaded by Minnaloushe.

mercredi, avril 19, 2006

Envie musicale

Video(s) de la semaine
(Envie de Gainsbourg)

Cela me prend de temps en temps. J'aime bien le jeune Gainsbourg. En fait étrange, je trouve l'homme à la tête de chou de plus en plus charmant avec les années qui passent. Je vieillis.

Cependant Gainsbarre, faut le dire, j'ai encore du mal. Peut-être est-ce parce-qu'il me fait mal. Je me souviens de cet instant de TV et de celui-ci aussi, comme si c'était hier! J'étais si divertie des reactions outrées de ma grand-mère et des oncles dans la cuisine, de ces adultes qui s'agitaient en des conversations animées autour du phénomène! Un fil de Charlotte? Souffle de (mari)Jane, Bonnie and Clyde ou Valse de Mélody...


Maux de vie

Maux de vie.

Petite sœur garde Bébé. Elle lui présente son univers, je les laisse faire. Je m’évapore un étage plus haut. Face à la falaise, sur un balcon baigné de soleil, un moment de calme solitaire. Ceux-ci se font rares par les temps qui courent aussi vite qu’un cheval au galop. Pour écrire ces mots qui me trottent dans le cerveau, il faut les chevaucher à toute vitesse, en profiter jusqu’à la moelle…

Il ne reste plus que quelques jours, quelques heures de vie pour ma chère grand-mère. Cette réalité hante toutes mes pensées. Un gouffre absorbe mon cœur. Le corps en pluche, osciller entre des cascades de larmes et le rire cristallin d’un nouveau né.

Entre le bruit du trafic routier et le chant des oiseaux, tout mon être se tait. Le croque-mort est passé. Sans crier gare, il l’a emporté. Comment imaginer mon monde sans elle? Un calme mortel teinté de solitude m’inonde. La mort frappe à la porte. Le son est gargantuesque, il fait vibrer toutes mes pensées qui résonnent en une seule émotion.

Il y a cinq mois, la mort m’a effleurée. Elle m’a ratée. Aujourd’hui elle attrape en son filet sombre ma Thérèse bien aimée. Ouragan de peine qui me noie de l’intérieur. Je savais bien que cela arriverait un jour mais je n’aurais jamais imaginé que cela arrive si brusquement, en un clignement d’œil. J’ai le cœur choqué.

Je repense souvent à cette conversation nocturne avec une douce interne alors que je commençais à reprendre mes esprits il y a cinq mois de cela. Après que mon sang ait dilué un cocktail puissant de médecine moderne, je me posai mille questions. Je demandai au docteur (une jolie fille patiente) qui faisait sa ronde nocturne :

- Mais c’est vrai que j’aurai pu mourir?
- Oui, tu as eu de la chance, on t’a prise juste à temps avant que cela ne dégénère.
- Mais ça veut dire quoi dégénérer? Maintenant je suis correcte?
- Tu es tirée d’affaire mais il faudra que tu soies patiente. Il est possible que ta convalescence soit longue. Une infection pareille après une grossesse, cela met tout l’organisme à terre…
- Mais? C’est quoi qui aurait pu m’arriver si j’étais restée chez moi?
- En deux ou trois jours, tu serais morte. Cela arrivait souvent dans le temps…
- Vraiment? Mais je serais morte comment?
- L’utérus est en lien direct avec tous tes organes alors cela se propage extrêmement vite. Lorsque les organes sont atteints, en quelques jours tu es perdue…
- Mais on meurt comment?
- Pour ce genre de problème, en général le cœur finit par lâcher!
- Oh! Comme ça?
- Oui, tu tombes dans le coma et là ça veut dire que les organes sont attaqués. Rendu là, tout dépend de quand la médecine te trouve. Mais les séquelles sont souvent très graves et puis tu meurs…
- Mais là? Je suis sauvée? Cela ne va pas recommencer?
- Cela devrait pas! On t’a donné une dose massive d’antibiotiques. C’est rare qu’on en donne en si grosses doses mais c’est ce qu’il te fallait, on voulait être sure d’éradiquer toutes les bactéries. Mais il va falloir beaucoup te reposer pour ne pas donner la chance à celles qui pourraient être en dormance de repartir!
Dis-toi que tu en as au moins pour six mois de convalescence avant que ton corps reprennnent le dessus...

Comme un ange d’information qui aide à la compréhension , elle disparut dans les entrailles de l’hôpital. Je ne la revis plus. Ainsi je n’avais pas rêvé, c’était bien la mort que j’avais senti. C’était bien elle que j’avais senti me frôler les orteils. J’avais senti ce coma, juste avant de ne plus pouvoir parler, c’est ce que je répétais à Juan : « Juan, je pense que je sens le coma, je m’enfonce, ça me pogne, Juan je pars… »

Un peu plus de quatre mois plus tard, ma grand-mère adorée tomba, un soir, à coté de son lit . Au petit matin, on l’a retrouva, plutôt ébranlée mais bien vivante. Forcée à être hospitalisée, cohérente, véhémente, elle quitta sa maison. Trois jours plus tard, la brique qui assomme et tue! Le coma qui dure, paralysies, l’incompréhension du corps soignant. Le croque-mort qui ricane dans con coin. Transfert d’hôpital, batterie de tests, coma persistent. Opérations diverses, malgré tout, elle s'enlise davantage dans ce coma sans retour. Les ténèbres l’aspirent, inexorablement, elle s'éloigne de nous.

Au bout de plusieurs jours, l’on commence à savoir, à comprendre ce qui lui est arrivé. Un polype qu’elle avait dans l’intestin aurait permis à une mauvaise bactérie de s’échapper, de se faufiler dans le sang pour exploser son cerveau, tout en abîmant le cœur au passage. Ils réparent le cœur mais on ne répare pas les cerveaux! L’étincelle qui fit de ma Mère-Grand une personne unique, exceptionnelle, s’est éteinte à tout jamais. Sa lumière brille au fond de mon coeur. Invisible, sa voix retentit en mon corps. Paix à son âme...

Cierges-III

Je me souviens de cette discussion nocturne avec une jolie interne au cœur de la nuit. Je comprends. Alors c’est ce qui se déroule lorsque les ravages de l’infection passent inaperçus! Je sais les maux que je dois combattre chaque jour pour me retrouver et je n’ai que 33 ans pas 73! Je comprends qu’à 73 ans, tu puisses perdre cette bataille. Elle, qui ne s’est jamais plaint, n’a rien dû dire des symptômes qu’elle pouvait ressentir. Puis ce fut trop tard! Le corps usé est envahi, anéanti. Ma grand-mère est partie…

En un claquement de doigts, pouf! Ma Thérèse n’est plus. La grande faucheuse est passée. Tant que la mort ne frappe pas ceux qui vivent en nos cœurs, en nos intérieurs, elle reste abstraite. C’est un concept empli de tristesse qui peine l'esprit et glisse sur la façade de nos sentiments profonds. Lorsqu’elle touche ceux que nous aimons le plus au monde, elle blesse autrement, intensément, viscéralement. Aujourd’hui sous ce soleil de printemps, la mort est concrète.

La dernière fois que je l’ai vue frapper au printemps, c’était lorsqu’elle a emportée mon amie Kitty, une copine du temps de mes Montrealités. Kitty venait d’avoir 18 ans. En six mois, elle s’est diluée pour disparaître sous nos yeux ébahis. Cancer. Dieu que ce printemps là était teinté de Kitty (tristesse).

Aujourd’hui c’est une autre tristesse qui m’accable. Toute jeune, toute fraîche et si lourde que parfois elle m’étouffe l’âme. Il y a en moi cette petite fille qui hurle sa colère, sa détresse. J’aime cette photo qui représente bien toute la relation que j’avais avec ma grand-mère. Depuis 33 ans, spirituellement, je m’appuie sur son sein. Elle m’écoute, m’équilibre, m'entoure. Elle est attentionnée, rassurante, présente malgré les distances. Tout cela n'est plus. Désormais, cette main que je tends ne touchera que le vide de sa mémoire, que la substance de nos souvenirs

Pendant ce temps, dans l’autre main, je découvre une minuscule menotte qui s’accroche. Une petite menotte qui a besoin de mon sein pour se relever, grandir avancer. Un rayon de soleil qui m’inspire l’Avenir.

Lily-Soleil est née, elle existe, elle s’ouvre à la vie, elle m'adoucit le cœur. Comme une pousse de printemps, elle nous offre espoir et Amour. Un Îlot de tendresse disparaît dans le néant tandis qu’un autre fait surface. Équilibre béni. Torrents d’innocence contre vagues de sagesse. Bonheur et tristesse qui s’entremêlent en un imbroglio d’émotions complexes.

Ange-gardien

mardi, avril 18, 2006

Instants de solitude nocturne

Instants de solitude nocturne

Vol nocturne


Au coeur de la nuit, coincée entre l"immense fleuve et la falaise escarpée, une certaine urbanité m’encercle les heures qui défilent. Dans le silence de la ville bruyante, franche cité qui vibre de sa modernité, je m’étourdis. À Québec depuis quelques jours, exilée de mon lac bien-aimé pour de multiples raisons, je traque la routine de bébé. Juan travaille fort sur son dernier TP, exilé sur le campus, il lutte. Bébé semble partie pour sa nuit. Elle pousse la vie, souffle le passé, dessine le présent et rayonne le futur. Elle nous révolutionne.

Ici, je retrouve des sensations citadines qui me gratouillent les vaisseaux. Il y a, en ville, une agitation de fond qui parasite mes inspirations. Comme une pesanteur rampante qui embrouille les réceptions. Défricher l’humanité. S’y fondre. Garder la tête hors du tourbillon d’émotions qui assassinent. Sourire aux petits bonheurs offerts.

Hier soir, seuls, un moment calme dans une tempête de jours qui se fracassent les uns contre les autres, nous regardons les Poupées Russes. Harmonie de l'esprit. Une minuscule soirée qui nous guide les sens vers d'intimes plaisirs nocturnes…

Elle : Je ne me souviens pas de la dernière fois à répétition…
Lui : Et pourtant! Ce n’était pas la première fois que tu me taquines après l’un de mes exploits!

Je n’ai pas trouvé mon Prince, j’ai simplement épousé un chevalier. Noble et beau. Par dessus toute autre considération, le chevalier possède en son sang honneur et courage. Un chevalier n’est ni lâche, ni volage. Il faut de la chance pour en trouver un par ces temps présents qui nous consument.Il se fait plutôt rare sur les routes d'asphalte.

Quelques années durant, je me suis installé dans un royaume quelconque où un Prince blond me fit la cour. De la poudre plein les yeux, je succombai à ses charmes, m’y attachai et d’un seul élan lui donnait mon cœur sur un plateau d’argent. Virevoltante dans de jolis châteaux, gâtée, misérable. Dans la ville des lumières, j'errai, ténébreuse, alors que mon cœur se faisait piétiner jusqu’à l’âme…

Sanguinolente, je me sauvai chez ma Mère-Grand. Elle recueillit mes pleurs. Elle me poussa vers les cartes du bonheur qui se joue à la table des destins croisés. Arroser les racines. En exil, au détour d’un carrefour, je rencontrai un Chevalier bouclé. Il était jeune et fougueux comme un étalon. Palpitations torrides. Il me fit monter au ciel, voir ces étoiles que j’avais rêvées tout au long de ces nuits douloureuses passées dans ma tour d'ivoire. Je quittai mon palais frigide pour une hutte toute tissée de tendresse.

Un jour, il faudra que je conte la rencontre foudroyante d'une fière sauvage et d'un chevalier solitaire en des hasards de France…

Quebec city

lundi, avril 17, 2006

« La croix et la bannière »

Via Expressio le site qui décortique (et explique) les tours de notre fascinante langue...

EXPRESSION
« La croix et la bannière »

SIGNIFICATION
De grande complications ou difficultés.

ORIGINE
Cette expression, sous une forme un peu différente, est attestée dès le XVe siècle, issue de l'italien. À cette époque, la religion était omniprésente, dans toutes les activités et à tous les niveaux de la société. La croix, représentant celle du Christ, était donc obligatoirement brandie en tête de toutes les processions, qu'il s'agisse des religieuses accompagnant des reliques diverses ou organisées pour des évènements particuliers, ou bien de celles destinées à accompagner l'arrivée d'un notable dans la ville. Dans ces différentes processions, on portait aussi des étendards ou des bannières diverses, que ce soit celle de la Vierge, de la paroisse, d'une confrérie, du notable en déplacement ou de celui le recevant. Mais l'organisation de ces processions n'était pas facile, paraît-il. Les formalités, les règles à suivre, le respect de l'importance des participants, qu'elle soit honorifique ou hiérarchique, transformait parfois leur préparation en de véritables casse-têtes. Ce qui explique le sens de "grandes complications".

En 1690, Furetière indique que "il faut la croix et la bannière pour inviter quelqu'un" signifiait "il faut aller le chercher avec des formes telles qu'il ne puisse se dérober". Dans ce sens, on retrouve l'apparat, la procession organisée pour accueillir au mieux un visiteur éminent en déplacement qui, ainsi accueilli avec faste, ne pouvait décemment pas s'esquiver. Notre forme actuelle "c'est la croix et la bannière pour..." est attestée en 1822.

Nouvelle fiction en construction

Nouvelle fiction...

Premier épisode brouillon d’une petite histoire qui me hante depuis quelques semaines…


Un soir comme un autre, elle se couche au coté de son homme après avoir nourri leur petite merveille âgée de seulement quelques semaines. Éreintée par cette nouvelle routine de bébé, elle tombe comme une masse sur le matelas. Elle s’endort dès que sa tête touche son oreiller bien rembourré.

Alors qu’elle s’enfonce profondément au royaume des songes, il lui semble flotter et s’envoler. Sensation de vertige. Tout le contraire de cette impression de tomber dans le vide qui parfois accompagne le sommeil profond. Trop fatiguée pour ouvrir un œil, elle se laisse bercer par un doux brouhaha qu’elle associe à un rêve étrange. Un rêve qui la déshabille, elle frissonne.

Elle explore un monde qu’elle ne comprend pas. Des couleurs l’éblouissent. D'étranges créatures ausculte son corps. Elle cherche le contact de son homme mais ne le trouve pas. Elle se tourne et retourne, cherche, s’étonne, frissonne. Elle a froid. Trop fatiguée pour s’inquiéter, elle se laisser bercer par ce drôle de vrombissement qui l’assoupit inexorablement. Elle sent ses mamelons pointer. Une impression de se faire téter la bouleverse. Elle se cambre, résiste, sa volonté fond comme neige au soleil. Elle s'inquiète. La fatigue l'emporte, elle sombre dans cet incompréhensible songe.

Trop épuisée pour pouvoir se réveiller, elle imagine que son homme a pris le petit affamé dans le lit avec eux pour qu’elle puisse l’allaiter sans bouger. Toujours ce vrombissement qui berce ces sensations qu’elle ne comprend pas. Elle ne sent pas le contact de la chair. Elle cherche à transpercer ce voile de fatigue qui la trouble pour ouvrir les yeux. C’est trop difficile. Lasse, elle se laisse bercer par une multitude de couleurs vrombissantes. Ce rêve est de plus en plus étrange. Elle a froid.

dimanche, avril 16, 2006

Sentiments éparpillés

Éparpillée

En ce matin de Pâques pluvieux, je déserte la chaleur du lit où dorment mes deux amours pour venir grappiller quelques instants de mots. Notre premier Pâques en tant que parents, mon premier Pâques sans une conversation avec ma chère Mère-Grand. Bébé met du baume sur mon cœur qui peine. Elle allège mon chagrin de ses sourires coquins.

Là-bas, au loin, repose ma chère grand-mère dans un coma profond. Maintenue en vie par une science sans cœur qui ne respecte guère la personne anonyme. Cet état de fait était son cauchemar lorsque la vie l’animait. Autant mon cœur saigne d’associer la mort à son être. Autant la savoir se « végétaliser », prisonnière d’une chair qui ne répond plus à ses volontés me torture l'âme.

Il parait qu’il est très compliqué de débrancher de tel cas. Mais elle ne vit pas, je sais qu’elle ne reviendra pas, elle est trop abîmée maintenant. Et s’il fallait qu’elle revienne sans aucune de ses facultés chéries, elle nous en voudrait de ne pas l’avoir laisser partir. Elle, qui m’a inculqué la foi, doucement, tendrement, sans fanatisme ni obligation. Elle, qui a été si bonne tout au long de sa vie. Elle qui, malgré une vie de misère, ne s’est jamais aigrie, n’a jamais désespérée. Elle, si généreuse, qui a toujours cherché à offrir le meilleur aux gens qu’elle aimait. Elle, qui m’a inculqué des principes de morale universelle, et qui, jamais au grand jamais, n’aurait accepté qu’on la maintienne ainsi. Pâques est le temps de la mort, de la résurrection et de la renaissance. Aujourd’hui, mon Pâques n’est pas fait de chocolats mais d’intenses émotions qui me remuent les entrailles.

Ce matin, j’emmènerai mon bébé à sa première messe, j’irai prier pour ma grand-mère. Simplement. La religion n’est pour moi qu’une marque humaine. À mes yeux, ce qui compte, c’est la foi en une puissance (conscience) supérieure. L'Amour est divin. Que ce soit, par exemple Jésus, Allah, Bouddha ou le Grand Esprit (je me sens plus proche de ses deux derniers, même si culturellement, je suis chrétienne et que je l’avoue humblement, en tant que femme libérée, j’ai bien du mal à comprendre et à accepter les principes musulmans. En fait toute forme d'extrémisme m'horripile) ce qui compte c’est de posséder une certaine spiritualité, car au fond, c’est tout du pareil au même, des valeurs qui s’assemblent en un gigantesque puzzle de croyances, des valeurs qui se dépeignent selon les cultures qui gravitent sur notre étonnante boule bleue. Mes propres croyances sont un étrange amalgame d'idées religieuses teintées de Foi où règne Marie et où le concept de tolérance est roi. Lily-Soleil sera baptisée, ira à des Pow-Wow et peut-être même (si c’était possible dans le meilleur des mondes) à Dharamsala. Ensuite, elle pourra choisir ce qui lui convient le mieux spirituellement parlant...

Ma grand-mère m’a élevée et m’a façonnée de bien des façons, sans le savoir elle m’a donnée un amour de la linguistique grâce à son langage si souvent fleuri de toute sortes d’expressions qui me fascinaient et m'emportaient l'imagination. Elle a toujours fait de son mieux pour respecter l'écriture qui coule dans mon sang (même si cela n'a jamais fait aucun sens à sa vie). Ma grand-mère m’habite et restera toujours dans mon cœur. Elle ne mérite pas d’agoniser dans les bras de la science, elle ne mérite que le ciel et ses étoiles…

Joyeuses Pâques à vous,
connus et inconnus qui passez par là...

jeudi, avril 13, 2006

Le soleil dans ses yeux

Le soleil dans son ciel

Le soleil de ses yeux


Premier printemps.
Premier tour de lac conscient.
Premières sensations d'horizons.
Premier coucher de soleil...

Végétation de chair

Si le cœur bat grâce à une pile.
Si l’on respire grâce à une machine.
Si le cerveau s’atrophie dans sa boite crânienne.
Est-ce que l’on vit toujours?

Est-ce que l’âme se retrouve prisonnière d’un corps en sursis?
Maintenue en vie artificielle, peut-on encore parler de vie?
La mort n’a pas encore emporté la chair,
pourtant ce qui faisait l’essence de la personne aimée n’existe plus…

Elle ne parle plus, ne bouge plus, ne se réveille plus, pense-t-elle encore?
Peut-on penser lorsque l'esprit se « légumine »?
Lorsque l’on se retrouve à l'égal d'un végétal, sommes-nous encore?

mercredi, avril 12, 2006

Phases de blogue

Phases de blogue

Bowling


Lorsque j’ai ouvert ce carnet de mots, personne ne savait ce qu’était un blogue, ce n’était pas une mode. C'était l'époque où lorsque l'on utilisait le terme "blogue", les gens écarquillaient les yeux et restaient la bouche ouverte avec une interrogation au fond du regard! Perplexes! J'aimais bien cette réaction, comme si on parlait d'un truc d'extraterrestres. Cela n'évoquait rien au commun des mortels, c'était juste un courant souterrain pour esprit désireux de s’aventurer sur la Toile, autrement…

Après avoir bredouillé des mots épars, transformé ce coin de rien en un brouillon où donner mes fictions à consommer aux quatre vents. Après avoir été femme active, épouse, traductrice aux études, journaliste passionnée de littérature et de musique, photographe. Artiste de chair et de sang…

Après avoir « blogué » la nature, mon lac, Québec, l’extérieur, l’intérieur, des touches d’érotisme, des zestes fantaisistes, des trips surréalistes, partagé mes goûts et découvertes, exploré la sphère infernale de long en large, parcouru la Toile…

Après avoir puisé dans le laboratoire de ma vie, de l’Amour, exposé mes humeurs, étudié mes émotions, communiqué mes passions. Fait des rencontres, lié des amitiés, vu passer des dizaines d’inconnus au fil des commentaires, quelques uns restent et entrent dans ma bulle. D’autres s’évanouissent au fil du temps. C'est vrai, parfois cela m'attriste un peu (on se sent un peu abandonné) mais c'est pour cela que la distance existe, pour que cela ne m'atteigne pas au réel, parce-que le virtuel, ce n'est pas la vie, c'est juste un écran et des mots offerts. Et je ne sais rien des regards silencieux qui me grignotent régulièrement….

Après avoir transformé une partie de mes plates bandes virtuelles en Journal de grossesse, suivi les balbutiements de bébé au fur et à mesure que je les comprends, me voilà blogueuse Housewive! F... alors!!!

Mais sans rigoler, je n’arrive pas vraiment à prendre la blogosphère au sérieux. Et plus elle se prend au sérieux, plus cela me donne envie de m’évader! Tout ça c’est quand même du vent! La « Staritude » de la chose me fait doucement sourire. Réalité virtuelle si facile à déguiser, transformer, manipuler. Illusion qui se déguste en solitaire…

Je ne coure pas après le public, en fait, je veux juste faire ma popote tranquille au meilleur de mon possible. Je ne cherche pas les débats à n'en plus finir, la controverse, je ne désire pas provoquer ou choquer pour une dizaine de lecteurs en plus. Je veux juste approfondir (apprivoiser, maîtriser) ma discipline d'écriture. Aller toujours plus loin au pays des mots. Explorer les phrases qui s'emballent, les sujets qui m'enveloppent, les sensations qui m'inondent, les fictions qui me travaillent, la linguistique qui m'emporte les neurones. Juste rester vraie, rester en accord avec ce qui je suis émotionnellement...

Si ce que je barbouille plait, tant mieux, sinon tant pis! Je viens de l’ancienne vague, de celle qui écrivait juste pour le plaisir de se faire plaisir (et de partager gratuitement), juste pour l'aventure...

Je n’arrive pas à dépasser cette distance que je ressens entre ce reflet de moi que j’expose et les regards gourmands qui défilent. Distance de l’écran si blanc que je décore selon l’air du temps…

Depuis que je suis « blogueuse de salon » (l’expression calque de l’hexagone m’exaspère un peu!), j’ai l’impression que j’explore le registre des émotions, nouvelle phase de ce blogue qui n’en est pas vraiment un! Car après tout, c’est quoi un blogue? Juste un peu de tout et n’importe quoi…

Un peu d’humanité qui se partage au gré des jours, des idées qui s’écoulent, des morceaux de vie qui se mangent, des histoires qui s’envolent…

Mais aujourd’hui, je suis curieuse, je me plie à ce petit vice qui me titille. Et je m’adresse à vous, à toi qui me lit moi. Oui, Toi que je connais ou pas. Peux-tu me dire qui tu es, d’où tu viens? Peux-tu me donner un signe de ta présence, une raison? Juste un signe de vie, rien qu’un signe simplement…

Update du soir: Sur ce carnet, passent ceux que je connais en vrai, amis, famille proches ou loins (même si je ne sais pas vraiment lesquels), puis il y a ceux que je connais en parcourant les carnets ou que je découvre avec un commentaire, ceux que je connais un peu plus car j'interagis avec eux par le biais des commentaires et ceux dont j'ignore complètement l'existence de par leur silence (que je comprends puisque cela fait partie du jeu). Pourtant de temps en temps, c'est sympa de savoir qui passe par là, je sais les statistiques mais, dans le fond, cela ne me dit pas grand chose puisque je vois des habitudes qui vont et viennent sans que je ne puisse jamais mettre le doigt sur le promeneur anonyme! Alors ne soyez pas timides (connu ou inconnu), je sais que vous êtes là! Et une fois n'est pas coutume, je me questionne (et m'ouvre les idées) à votre sujet! Bien assez vite, je retournerai dans ma bulle...

J'avoue, je me sens un peu orpheline, vulnérable, fragile, bouleversée (le choc de la disparition de ma Mère-Grand qui me déboussole! ), un peu de chaleur humaine ne ferait pas de mal à mon âme en peine. Je m'efface pour aller ranger quelques photos volées au présent, avant d'en disperser quelques unes en ce billet, qui se construit avec les heures nocturnes qui le cogitent. Dans cet invisible qui nous enlace, asseyez-vous un instant à mes cotés...

Solitude nocturne

lundi, avril 10, 2006

En cours de jour...

En cours de jour...

My-sunshineLily-Soleil

Bébé dort. Enfin il ne faut pas le dire trop fort, elle pourrait se réveiller et réclamer ce souffle d’individualité que j’attrape au vent. Hier, comme je pleurais un peu toutes les larmes de mon corps. Juan a pris le relais et Bébé l’a fait tourner en bourrique toute la journée. Je l’observais du coin de l’œil et essayais de mettre la main à la pâte lorsque les choses s’égaraient.

- Ben c’est bien, comme ça, ça te donne de la pratique pour si je voulais partir une fin de semaine…


Il lève brusquement la tête et s’écrie sur le seuil de la panique :

- Comment ça partir un week-end?
- Ben, je sais pas, si à un moment donné, je voulais faire un truc une fin de semaine avec des copines!?!
- Ah ben faudra quand même que t’attendes un peu parce-que là ce sera pas possible!

Je ris un peu sous ma cape parce-que bon, j’ai pas vraiment l’habitude de partir une fin de semaine avec des copines en laissant mon homme dans le champ! Cependant à me transformer en mère au foyer dévouée, voici une nouvelle envie qui me titille au détour d’une idée. Enfin, encore faudrait-il que d’ici que Lily-Soleil soit un minimum autonome, il me reste encore des copains et des copines avec qui partir! Présentement, je suis tellement absorbée par ce nouveau train de vie, par ce besoin de retrouver ma (mes) forme(s), par ce moral qui me scie les humeurs, que je ne fais plus grands efforts pour me sortir la tête de ma bulle! Si déjà je pouvais répondre à mon courrier comme du monde, ce serait un premier pas!

Pour l’instant, j'ai comme la subtile impression que ce carnet de bord est mon principal lien avec l’extérieur et, ironiquement, avec mon intérieur! Ce seul lien d'écriture qui se nourrit du laboratoire de ma vie. Ou sont donc passés nos dimanches coquins? Le quotidien de bébé nous absorbe, nous emporte, nous envole. L'impression de mettre de coté mon "moi", de me mettre en veilleuse afin de me consacrer pleinement à ce petit bout qui commence une existence toute neuve. C'est aussi une autre forme d'enrichissement humain...

En tout cas, je rassure Juan sur le fait que je ne vais pas m'envoler demain. Il s’exclame :

- Mais c’est tellement prenant, je sais pas comment tu fais à la journée longue! Regarde, elle me laisse rien faire!
- Oui, je sais bien, quand je te dis que prendre une douche est un défi! Tu voudrais vivre ta vie et qu’elle te regarde évoluer sans rien dire! Je pense pas que cela soit réaliste présentement!
- Ben oui, mais elle peut bien me regarder faire des choses dans sa chaise, je suis à coté!
- Hum, c’est qu’elle aime beaucoup avoir de l’attention. Je veux pas dire, mais me semble qu’elle me rappelle quelqu’un sur ce point là. Les chiens font pas des chats…
- Ok, ok, n’empêche que ce serait bien qu’elle dorme!

Là, je souris encore, c’est la première fois qu’il comprend le miracle de la sieste! Habituellement il n’en voit pas vraiment l’intérêt. Il aime trop passer du temps avec elle, alors tant qu’elle fait ses nuits!!! Sauf qu’une fois que l’on doit s’en occuper à la journée longue, l’on se rend vite compte que la sieste est le seul moment individuel de la journée que le parent patient peut prendre pour se rappeler qu'il a une vie personnelle.

De plus, mademoiselle n’est pas une « siesteuse »! Elle dort 10 à 12 heures la nuit ( Oh! Merci Seigneur!) mais refuse de dormir la journée! Elle lutte de toute sa volonté contre ce concept ordonné. Sans compter un sommeil très léger! Alors, au fil des jours, je découvre un nouveau sport: le sport de la sieste! Toute une routine pour arriver à décider Bébé qui se frotte les yeux, qui fatigue, qui pleurniche mais qui ne veut pas dormir! Il faut alors instaurer un moment de calme Olympien, avoir une certaine determination, un zeste de fermeté douce, connaître quelques stratagèmes et surtout s’armer de patience. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, elle peut alors faire une sieste de deux heures (une fois sur cinq!) et garder sa bonne humeur du soir…

C’est que la demoiselle a trouvé un nouveau truc, elle crie! Non, non, elle ne pleure pas, elle crie pour attirer notre attention! Elle gazouille le matin et l’après-midi, si elle a l'impression qu'on l'oublie, elle pousse des cris. Puis l’on s’approche et elle nous décoche son plus beau sourire!!! Toute une coquine...

Aujourd’hui Juan a repris le chemin du Bureau, ou plutôt d’une conférence au Château Frontenac! Je reprends ma routine de bébé soigné. Il est midi et elle fait sa sieste depuis une toute petite heure. Je suis pas mal peu fière de moi! Enfin faut pas le dire trop fort au cas où elle m’entendrait et voudrait me contredire! Ah! Ben! Justement, je le savais! Voilà que je l’entends! Tiens aujourd'hui Lily a 5 mois pile! Une petite puce qui pousse au Soleil de printemps...

My-babylove

Une séance d'attentions plus tard. Lily-Soleil joue quelques minutes avec son livre de Toile. Elle aime bien mâchouiller et tripoter les livres mous. J'essaie de lui inculquer le principe de l’autonomie! C'est ma leçon du jour! Une leçon qui, connaissant l'énergumène, ne durera pas longtemps, peut-être juste assez pour que je puisse finir ce billet sans pouvoir en développer davantage. Meilleure chance au prochain tour…

Mon choix du jour, une découverte pour jeunes parents.
Un joli blogue à découvrir:
Initiales bébé...

dimanche, avril 09, 2006

Tristesse interne

Dehors, les autres tuent l’hiver. Le silence de ce petit coin de vie civilisé résonne des voix qui s’agitent en sourdine, des bribes de phrases, des autres qui jasent au rythme des coups de pelles qui font bruisser la neige, la déplacent pour qu’elle s’évapore plus vite, changement de saison…

Dedans, des cascades de larmes scindent des océans sombres. Dans le livre de mon existence, une page, un chapitre, un tome se pulvérise et devient poussière. Un désert naît. Des torrents d’affection disparaissent dans le néant lugubre de l’au-delà. Des richesses, qui auparavant, faisaient vibrer le cœur, s’effacent. Des paillettes de vie qui étincellent et s’éteignent.

Des fleuves de compréhensions, des prairies d’attentions. C’est toute une vallée d Amour qui brûle dans mon cœur. Ma grand-mère se meure. Maman de mon intérieur. Dans un clignement d’œil, à deux doigts de rencontrer son arrière petite fille, elle se repose et s’étiole. Tangue les émotions, les regrets, la peine et la résignation. La famille se déchire ou s’unit selon les courants d’idées et les générations. Seule dans mon coin, je sanglote. Je ne veux pas entrer dans la danse. Je veux me recueillir et me souvenir…

Je ne veux rien oublier, ramasser toutes mes miettes pour m’en construire un quartier de pensées douces. Mon cerveau papillonne, s’accroche aux rayons de paix, aux touches de lumières qui caressent l’âme endolorie. En deuil, je suis…

Dans des ténèbres, j’erre, je me perds. Trop de remords géographiques. Et ce printemps qui me nargue. Cette chaleur qui renaît des cendres de la saison dernière, mon corps qui, malgré moi, reprend le contrôle de sa chair meurtrie. Juan nous entoure, nous dorlote, me réconforte. Se retirer dans une solitude personnelle, à l’écoute de cette petite voix intérieure, murmures de Marie-Thérése, ma grand-mère qui s’installe en mon sein, en ma douleur et mes bonheurs…

jeudi, avril 06, 2006

Tranche d’intime

Tranche d’intime

Face-de-bébé

Ce matin Juan se lève en sifflotant. Juan sifflote beaucoup, souvent sans s’en rendre compte. juste comme cela, parce-qu'il fait bon vivre. Diabétique rebelle qui carbure à la vie. Au début de notre relation cela pouvait causer certaines frictions.

Il y a eu dans mon enfance un léger traumatisme siffleux ! L’un de mes « beaux-pères » qui fréquenta ma mère durant quelques années, ceci jusqu’à habiter à demeure, une racaille qui prenait un malin plaisir à siffloter dès qu’il la faisait pleurer. Qui vampirisait son compte en banque, cassait régulièrement son estime d’elle-même et semblait prendre un malin plaisir à la faire souffrir! Cela commençait toujours pareil. Disputes. Discussions inutiles. Conneries niaiseuses. Degré de la dispute qui monte, chauffe, bouillit. Cela écume. Ma mère finit en pleurs dans son coin, la journée (toujours les dimanches!) est gâchée, pis l’autre abruti siffle en ignorant totalement l’atmosphère puante! Cela m'horripilait les nerfs. Du coup, j’en ai développé une certaine allergie aux sifflements masculins…

Après quelques mois de fréquentations avec Juan, je le surprends un matin dans un mode siffleur. Et je sens l’irritation me gagner, je lui en parle et il m’explique :

- Ma puce, je comprends mais tu peux aussi voir l’autre coté des choses, celui où siffler est une bonne chose, un signe de simple bonne humeur, un célébration de la vie!

Quelque peu sidérée par ses sages propos (je n’en avais pas encore trop l’habitude! L’homme a une essence bouddhiste unique que je n’avais pas encore apprivoisée intérieurement mais qui me plaisait particulièrement!), j’acceptai de supporter la chose sans maugréer et faire la moue…

Peu à peu, je mis de coté le fait que l’on pouvait siffler par plaisir pervers et j'acceptai l'idée que le sifflement pouvait aussi avoir bon cœur. Maintenant (tué le put... de traumatisme!!!), j’aime bien l’entendre, siffler, fredonner, chanter avec la petite…

Tout cela pour en arriver là!
Ce matin Juan chantait Renaud :
( Ils commémorent au mois de juin
un débarquement d'Normandie,
ils pensent au brave soldat ricain
qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
ils oublient qu'à l'abri des bombes,
les Francais criaient "Vive Pétain",
qu'ils étaient bien planqués à Londres,
qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas la gloire, en vérité,
et le roi des cons, sur son trône,
me dites pas qu'il est portugais.) "


Il est un peu perturbé par les CPE, il en parle pas trop, c'est pas vraiment un "parleux" mon homme (c'est plutôt un "faiseux")! Mais je sens que cela le travaille. D’ailleurs l’autre jour, il me dit :

- Tsé, aujourd’hui j’ai laissé un commentaire chez Stéphane ?
- Hein qui ?
- Ben oui tsé, j’ai lu un truc qu’il avait écrit sur les CPE, pis tsé on en avait justement parlé un peu avec eux quand y sont venus…
- Ah! Hoedic! Tu as laissé un commentaire!!
- Ben oui!
- Ah! Ben, j’irai voir…

L’homme évolue autour de ma blogosphère (surtout quand on fait des rencontres humaines grâce au Net!) mais a une dimension virtuelle plus technique, il est branché sur des trucs plus spécialisés, des trucs d’informaticiens qui me saoulent un peu. Cela pique ma curiosité…

Bref, tout ça pour dire que ce matin, Juan chantonnait sans y faire attention! Je pense à Pascale qui a une chanson de Renaud sur son dernier billet et je la fait jouer pour lui. Il est aux anges, il chante…

Curieuse, j’en profite pour aller explorer le site de Renaud qui m’époustoufle, me surprend et hypnotise bébé qui regarde la machine étonnante (au coeur de son site) avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte! Elle aime bien la chanson Manhatan Kaboul et hume l'air du temps en gazouillant avec Juan qui chantonne..

mercredi, avril 05, 2006

Mali et mes photos

Mes photos de Christophe Mali piratées...

En cherchant cette chanson sur le Net, je tombe nez à nez sur ce site avec mes photos prises durant festival d'été! Sur le coup, je n'ose pas y croire mais à y regarder de plus près, je dois me rendre à l'évidence! Hum! Manifestement mes droits n'ont pas été respectés. Pas de chance que je sois tombée dessus! J'envoie un court courriel aux administrateurs. À suivre...

Entrevue Audio au festival d'été. Extrait de Lili qui, lorsque je l'ai écoutée en concert cet été, (j'ai adoré le style Mali) a fait trémousser de bonheur ma bedaine émue:

(...) Comme j'en avais de la chance
Quand Lili marchait à coté de moi
Je prenais de l'avance
Lili était belle à croquer
Je sais qu'un coup de vent , un courant d'air
Pourrait me ramener au vestiaire
Lili farouche Ô ma lili
Venez, je vous emmène..

Viens !
On va se saouler de soleil
Prendre le chemin vers le ciel

Lili bijou Ô ma Lili aussi libre que l'air ...
Venez je vous emmène... (...)
C.Mali

Update: Mes photos ont été enlevées sans que personne ne me réponde par courriel! Rien qu'un bel exemple d'impolitesse de Web! Le pire c'est que l'on m'aurait demandé gentiment, cela m'aurait fait plaisir de partager...

Neige d'avril

Neige d’avril

Gouttes-de-neige

Ce matin, l’on se réveille avec une belle bordée de neige digne de janvier! Depuis, les flocons continuent de s’échapper sans vergogne de ce ciel blanc d’hiver. La neige en avril, c’est plus vraiment drôle, la neige de printemps, cela commence à faire! Cela colle, cela mouille, c’est pas vraiment froid, mais quelque peu tannant! La seule chose de bien, c’est que cela reblanchit le paysage qui s'est salit par un début de fonte. Les bancs de neige moroses et crades sont recouverts d’une belle couche toute propre. Avec impatience, je commence à attendre l’été qui emportera notre quotidien en des dimensions plus colorées…

L’on a pris l’habitude de se lever avec les poules. Réglée comme une horloge, Bébé se réveille aux alentours de six heures, ainsi commencent les jours. Bébé d’hiver qui n’a pas souvent pris l’air. J’ai bien hâte de prendre de nouvelles habitudes estivales, hâte de la voir découvrir l’extérieur. Déjà elle amorce ses premiers pas, c’est à peine croyable et pourtant la demoiselle semble vouloir marcher. Il suffit de la poser par terre, et hop, elle met un pied devant l’autre. Elle se trémousse, elle rigole lorsqu’on la fait ainsi avancer, elle veut s’asseoir, dépasser ses limites bambines…

Je jette un coup d’œil par la fenêtre, il neige de plus belle!!! Habituellement l’humeur qui me traverse à cet instant me ferait passer un coup de fil à Ma Mère-Grand! Difficile d’imaginer que je ne lui reparlerais plus jamais, que nos causeries Outre-Atlantique se sont faites avalées par cet état qui la cloue désormais dans un coma, qui la paralyse toute entière. Mon cœur se serre, elle me manque déjà terriblement. Je dois être forte comme elle l’a toujours été. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Juan me dit :

- Tu es triste, tu souris, mais tu es triste…
- Oui, c’est vrai, j’ai le cœur en boule. Je ne peux pas croire que je n’ai plus de Grand-Mère!


Les larmes coulent, je les avale. Je suis en train de perdre un parent, l’une des personnes les plus proches de ma vie. Je n’ai pas eu de père. J’ai vécu à la semaine longue avec ma Mère-Grand jusqu’à l’âge de 11 ans. C’était ma stabilité, ma sagesse, ma raison…

Courir après le temps qui s’effiloche, profiter d’une sieste de Lily-Soleil pour se doucher (c’est fou comment prendre une douche est soudainement devenu un luxe! Enceinte, j’avais entendu parler du principe mais je n’arrivais pas à le comprendre avant de l’expérimenter!), balayer, ranger, faire des abdos sur la fameuse machine prêtée par ma gentille sœurette, manger, tirer mon lait, essayer d'aligner quelques phrases éparses, s’effondrer à la nuit tombée...
Cela fait souvent de la peine de penser.
Marcel Proust

J'ai de la peine à quitter la ville parce qu'il faut me séparer de mes amis ; et de la peine à quitter la campagne parce qu'alors, il faut me séparer de moi.
Joseph Joubert

Le sommeil occupe le tiers de notre vie. Il est la consolation des peines de nos journées ou la peine de leurs plaisirs ; mais je n'ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos.
Gérard de Nerval

mardi, avril 04, 2006

Entre neige et pluie.

Cette journée a oscillé entre averses de pluie et bourrasques de neige, grisaille de ciel, bébé qui pleurniche pour un rien, qui croque tout ce qui lui passe entre ses sensibles gencives. Pianoter le clavier d’une main, sous les yeux de Bébé qui danse sur ma cuisse. L’on s'imprègne de Jeff Beck. Attentive, dubitative, elle se calme et écoute. J’entends son père qui me dit:

-Cette enfant va te faire tourner en bourrique, tu fais tous ses caprices!

C’est vrai qu’elle absorbe tout mon temps, toute mon énergie, qu’elle ne laisse pas une minute tranquille. Lorsque nous sommes toutes les deux, ensemble dans notre solitude boisée, elle s’agrippe à moi et refuse toute autonomie. Elle pleurniche dès que je la dépose et accepte seulement de jouer dans son Jolly-Jumper si elle n’est pas fatiguée. Ma chair est son monde. Dur, dur d’avoir une vie de femme avec un bébé continuellement sous le bras! Même pour dormir cela va mieux si je suis là! Et je la laisse faire, j’obtempère. Après tout c’est ma première!

TeethingLily-Soleil-(almost-5-monthJolly-Lily

J’étais à peine vivante pour ses premiers mois, maintenant que je reviens à moi, j’accepte de lui donner toute mon essence qui flambe. Pour un sourire, pour un baiser, pour un regard rempli d'affection, pour cette émotion intense que je ne contrôle pas. Bébé gigote sur ma cuisse. Elle observe les mouvements de mes doigts sur les touches. Chaque jour, elle s’éveille davantage, elle m’émerveille et j’en perds un peu les pédales. J’assassine ma vie sociale. Recluse, plus rien ne compte, plus rien ne se passe. Pas la force de répondre aux invitations, pas la force de jaser au bout du fil, pas la force d'écrire des courriels. J’ai ma grand-mère sur le cœur et mon bébé qui fait ses dents! Je me souviens des paroles réconfortantes d’Hugo de Polémil lors de notre (ma) dernière entrevue qui m’a dit :

- Bah! T’inquiètes pas, profites de ton bébé, isole-toi et les gens t’oublieront pas, lorsque cela sera le temps, ils se souviendront de toi!

Moments de doutes entre deux boires. Un coup de blues qui ralentit ma production laitière et un petit bout de chou en pleine croissance qui en redemande toujours plus. Devoir me résoudre à lui donner du supplément me navre un peu. D'autant plus que ses grimaces me culpabilisent! Évidemment mon homme me raisonne, mais je n’y peux rien, la nourrir me fait du bien. J’ai comme une impression de réussir quelque chose d'utile après avoir échouée à lui offrir une mère dynamique et en santé!

Un souffle, une respiration, enfin Bébé accepte de se reposer trois minutes et je peux peut-être finir ce billet si l’inspiration ne s’éteint pas avec ce calme soudain. J’ai le cerveau en marmelade, le corps en salade, le cœur en compote. Pourtant, il y a au fond de ma tristesse, ce bonheur de la sentir là, tout près de moi, de l'entendre gazouiller, bredouiller, chantonner, bonheur de ce petit être qui respire l’innocence et la pureté des anges.

lundi, avril 03, 2006

Tricot de vie.

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Le temps n’a plus la même substance. Je n’arrive pas encore à l’expliquer, à l’exprimer, juste à le ressentir. Depuis que je suis mère, le temps m’échappe…

Une fin de semaine tranquille. La première depuis des semaines. Se retrouver en harmonie à la maison. Recevoir de la visite sympathique samedi soir et en profiter pour aller jeter un dernier coup d’œil à l’hôtel de glace qui agonise. Que c’est triste de le voir fondre ainsi! Œuvre d’art éphémère qui s’efface avec la saison. L’on se raisonne vite en se disant qu’il sera bien vite de retour avec le prochain hiver.

Melting-Ice

Depuis que je suis mère, ais-je encore la même substance? Il me semble que oui, même si celle-ci me fait quelque peu défaut depuis que je me suis brouillée avec ma peau. Depuis septembre dernier et particulièrement depuis que j'ai accouché, ma santé défaillante rythme mon quotdien, chaque jour est un défi pour aller mieux. Le printemps qui s’installe et apporte avec lui les beaux jours redonne espoir à mon corps magané. La lumière change, se cristalise et il me semble la voir au bout de ce tunnel qui m'englobe les sens.

Centre-village

Hier, pour la première fois depuis des lustres, nous sommes allées nous promener. Le ciel était d’azur, la neige fondait, les oiseaux piaillaient et Lily-Soleil sortait en poussette pour la première fois dans le village. Nous n’étions pas les seuls de sortie puisque en une petite heure nous avons rencontré et salué une poignée de connaissances. Avec les beaux jours qui reviennent, nous retrouvons le voisinage. Car dans le fond, le village est un gros quartier où l’on se connaît tous plus ou moins. 300 habitants l’hiver et 3000 l’été. Les citadins n’ont pas encore envahis notre tranquillité boisé. Les résidences secondaires sont encore fermées. Le lac bien gelé. Et dès que l’on met le bout du nez dehors par une belle journée, l’on a toutes les chances de rencontrer des visages familiers. Bébé attire les regards et offre des sourires aux inconnus qui la papouillent.

Une anecdote de village, toute notre rue savait que l’on allait déménager avant même que l’on n’en soit sûrs. La nouvelle se propageait comme un feu de paille alors que nous nous débattions avec les banques pour se trouver une hypothèque. Un soir que l’on prenait l’air de la nuit, nous nous sommes rendus compte que tous savaient déjà la nouvelle. Cela nous fit sourire! Je ne m’ennuie pas de l’anonymat Montréalais où l’on sait à peine qui loge à deux pas de chez soi.

Il est cependant possible de garder une distance où tout le monde vit sa petite vie plus ou moins tranquille. Et je finirais bien par savoir la vérité sur le sort de mes chats disparus! D’ailleurs j’ai une bonne idée des coupables qui, comme par hasard, sont les seuls à dire bonjour du bout des dents et à ignorer bébé lorsqu’on les croise au détour d’une balade!

Même si l’on se connaît et reconnait, je crois qu’il est sain de garder une part de sa vie privée, de ne pas trop s’occuper des voisins. La nature humaine est volatile et pour vivre tranquille, mieux vaut parfois rester dans son coin afin de s’éloigner des envies et jalousies futiles. Cependant j’apprécie la chaleur humaine qui se dégage de ces échanges villageois. Il faut aussi avouer que notre village au bord de l'eau est particulièrement charmant, un coin de villégiature privilégié durant l’été, un petit coin entre ciel et lac où (d'après ce qu'ils en disent) il fait bon élever des enfants…

D'ailleurs, l’une de mes premières nouvelles qui a été publiée sur papier était inspirée de ce petit village qui me charme. Un zeste de vérité enrobée de science-fiction qu’il faudrait bien que je retravaille lorsque j’arriverai à retrouver une routine de mots, un discipline de moi. Lorsque j’aurai enfin apprivoisé cette nouvelle substance temporelle qui moule désormais mon quotidien maternel.

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