mardi, avril 28, 2020

Réflexions de Covid...

Une nouvelle semaine débute en un monde majoritairement confiné qui se demande quand et comment il dé-confinera.

Je ne peux m'empêcher de me demander combien croient encore que le monde que l'on retrouvera sera le même que celui qui s'est arrêté début mars?

Il est évident que le monde recommencera bientôt à tourner. Mais croire qu'il tournera comme il le faisait avant l'apparition de la Covid19 n'est-il pas se mentir à soi-même, ou se mettre la tête dans le sable?

Sachant que ce virus hantera nos réalités durant plusieurs mois, sinon années, sachant que plusieurs des commerces, restaurants et entreprises ne ré-ouvriront pas. Obligatoirement le monde se transformera. Est-ce que l’individualisme, tel qu'il se développait en ces derniers décennies, pourra continuer son envolée?

L'abondance qui faisait le quotidien de tant ne sera plus. Peut-être reviendra-t-elle, différemment, ou pas du tout? Personne ne le sait encore.

Tout ce que l'on sait est que chacun est responsable de ses actes et de ses pensées. Chacun devra alors se demander comment s'habituer à ce nouveau monde qui se transformera sous nos yeux. Comment y contribuer, comment s'y adapter, comment s'y épanouir...


J'apprécie l'idée que cette pandémie est un test de l'intelligence humaine. Tout comme chaque épreuve personnelle force l'intelligence à se démener pour surmonter les différents obstacles qui font le lot de toute épreuve, il en est de même pour cette épreuve collective.

Autant cette idée me semble juste autant elle est terrifiante... 


Si cette période historique, que nous vivons au présent, se révèle un défi pour l'intelligence humain, je ne suis pas certaine que l'on va péter des scores! En fait, je me fais un certain souci sur le sujet.

En votre esprit, pensez-vous que l'on fait la guerre au Covid ou plutôt que celui-ci teste notre intelligence?

Il parait que c'est la première fois en notre humanité que l'on choisi la vie plutôt que l'économie. Ce qui est un signe d'évolution morale mais est-ce que cette évolution humaine s'adaptera au déclin, si ce n'est à l’effondrement, de l'économie mondiale?

En cette pandémie, il y a les victimes du virus, les victimes du contre-coup économique et les victimes du contre-coup sanitaire. En ne regardant que les victimes du virus, on ne voit que la pointe de l'iceberg qui est en train de nous percuter de plein fouet.


À chaque culture le même défi à révéler. À chaque pays sa note finale? Certains s'en relèveront et d'autres pas? Est-ce que l'ordre social tiendra la route?

Bref, ce mystérieux virus est comme un iceberg qui vient couler le paquebot de notre insouciante abondance...

vendredi, avril 24, 2020

Accuser le contre-coup de la Covid19


Durant ces trois dernières semaines, le chiro m'a replacé 10 vertèbres qui se sont déplacées entre la D4 et la D9. Ce qui a mis mon dos en un état déplorable.

Quatre vertèbres, les deux premières semaines, deux cette semaine. Le défi est maintenant de tenir une autre semaine avec pas plus de deux vertèbres déplacées.

Le problème de fond remonte de ses ténèbres. La convexité dorsale générée par la physio, il y a trois ans, reprend force et vigueur. Après avoir été mal conseillée puis abandonnée par la clinique en charge de mon cas, il n'y a rien d'étonnant en soi à ce constat présent.

I had almost won the war. But the war caught up with a vengeance and shot me in the back. Once more. 

Évidement, me voilà désarmée au champ de bataille. Évidement que je vais me faire trucider. Mais comme la société s'en tape, ben c'est ça, mange ta claque ma vieille! Et surtout ne fais pas trop de vagues! N'offusque personne en osant sortir le problème de dessous le tapis...

Il y a six semaines, j'allais trois fois par semaine à la piscine (depuis plus de deux ans). Je voyais un osteo, une fois par semaine. Mon chiro tenait le fort (de mon dos en reconstruction). À force de grimper mon invisible Everest, je me rapprochais du sommet.

Je pouvais tenir deux semaines sans trop me déplacer de quoi. Je pouvais marcher plus de 3000 pas. Je sortais enfin de trois années confinées en ma chambre. Je commençais à me sentir revivre. Je tenais le bon bout. Il y a un peu plus d'un mois, pour la première fois depuis trois ans, j'ai pu marcher le tour de mon quartier. Une victoire. Dissipée par le contre-coup de la Covid19.

Car même si je tiens encore, avec la même volonté, le bout semble m'échapper un peu plus chaque semaine. J'ai perdu 75% du terrain regagné. Je me retrouve de nouveau au cachot. Plus le droit de bouger. Juste le droit de marcher 500 à 1000 pas, trois fois semaine.

Réduire aux maximum mes activités quotidiennes est comme trouver un trou où se cacher pendant que la bataille fait rage. En l'espoir de moins me faire trucider au combat?

Le chiro essaie de me rassurer, en me disant qu'une fois la pandémie finie, cela prendra moins longtemps pour revenir où j'étais arrivée. Sauf que cela m'a pris trois ans de calvaire pour en arriver là! Et c'est sans parler de l'investissement financier! Qui indemnisera le tort qui m'a été causé?

Donc on rajoute quoi six mois, un an, deux ans? Quelques milliers de dollars supplémentaires? Ou on capitule de dépit?

Je ne pense pas que les piscines réouvriront de sitôt. Je ne pense pas que les personnes, en ma situation, ne seront jamais considérées, en la société actuelle. C'est une trop petite minorité. Qui de plus, se révèle invisible et silencieuse.

Les outrages que je peux vivre en cette minorité sont multiples. Avec cette pandémie, j'ai perdu beaucoup d'estime pour les soi-disant soignants qui œuvrent dans le para-médical. J'en avais déjà pas gros après ce qui m'était arrivée, il y a trois ans. Mais j'en avais regagné un peu, avec effort. Des efforts effacés avec le terrain perdu.

J'en ai gagné pour mon chiro. Mais lui semble être l'exception qui fait la règle. Il a eu la force de prendre en charge un dos comme le mien. Et il continue d'en respecter la responsabilité qu'il s'est donné en commençant à me traiter, il y a trois ans. Il possède l'intégrité d'agir selon ses convictions. Ce qui est rare de nos jours.

Hier, en me replaçant deux autres vertèbres, il m'explique que cela commence à dégénérer chez ses patients non critiques. Il est passé de sept urgences par semaine à plus d'une douzaine. Je lui réponds que cela va obligatoirement empirer. De plus en plus de cas deviendront critiques.

On rè-ouvre les chantiers de construction mais pas les cliniques para-médicales? Et ne parlons même pas du Casse-Croute local! Je lui rappelle que ce phénomène en cours est, ce que la France nomme le contre-coup sanitaire de la crise actuelle. Il se compose de plein de gens, comme moi, dont la santé se détériore mais qui ne sont pas essentiels et qui sont oubliés/sacrifiés dans la foulée?

Le fait que toutes ces cliniques soient, fièrement, fermées en dit beaucoup sur la considération de la société à l'égard de ceux qui souffrent en silence. Car si cette minorité de malades invisibles, dont je fais partie, était considérée alors les cliniques para-médicales seraient aussi considérées comme des services essentiels, non? Et cela ne serait pas un choix personnel que de travailler...

Est-ce que les infirmières et les pharmaciens ont le choix de ne pas travailler? En offrant ce choix à ces soi-disant soignants, on remarque alors que 99% de ceux là font le choix de ne pas soigner leurs patients et d'être indemnisé en attendant.


Bref, ce qui me choque le plus au final, c'est que personne ne trouve cela choquant. Au Québec, aucun point de presse ou journaliste ne se penche sur le sujet! Aucun, nobody, nada, niet, ce problème est aussi inexistant que ceux qui doivent l'affronter.

Est-ce que cela n'en dit pas aussi bien long, sur cette société individualiste, qui s'est construite au fil des dernières décennies?

mercredi, avril 22, 2020

Entre deux éphémères...

Il y a de ces moments, de nature et de lumière, qui le temps d'un instant, compose une fugace féerie.

Capter un moment d'art éphémère en coin de lac encore bien gelé. En inspirer la beauté.

Il fallait que la lumière et la glace se rencontrent furtivement pour que je puisse en capturer cette magie qui m'adoucit l'âme.


Deux séances de chiro la semaine dernière pour essayer de stabiliser ma colonne. Not happy about that. 

Il est difficile d'accepter la détérioration de mon état physique aussi je retrouve le concept de #souffrirenbeauté pour ne pas capituler.

Après trois jours passés en mode immobile afin de calmer les feux qui se réveillent en ma colonne, je suis bonne pour une dose d'air frais!


Sortir trois heures en coin de lac. Marcher 1000 pas. Prendre mille photos et tester la solidité de mon dos qui en arrache en ce confinement sans clinique interdisciplinaire ni piscine. Le cours de ma rééducation physique n'est plus.

Par amour pour ma pomme, l'homme casse de la glace. Il sait combien cela m'amuse et combien cela me fait du bien au moral. Casser de la glace fait partie de nos traditions sentimentales.

Bien avant la naissance de la puce, on y jouait déjà. Cette année est notre vingtième année en ce coin de brousse semi polaire.

Dans la foulée de l'instant, au détour d'un rayon de soleil, l'on inspire un flow d'art éphémère. Nos deux inspirations s'entrelacent en une même pulsion givrée.  À suivre sur Flickr...

Il casse et dépose dans le sable des morceaux de lac que je mitraille sans pitié, couchée sur un coin de sable.  L'homme stimule mes créativités tandis que le jour s'évade à l'horizon.


Demain me dira si j'ai trop abusé durant cette séance de rééducation physique créative.

Update: Il aura fallu deux jours sans bouger pour m'en remettre. Plusieurs symptômes disparus reviennent diminuer mes qualités de vie. Je compte sur le chiro pour me replacer ce dos cette semaine encore. Et arriver à endiguer les dégâts en cours.

lundi, avril 20, 2020

Reconstruire son quotidien en un contexte singulier

Chroniques de confinement 


L'homme télé-travaille comme un forcené depuis que le confinement a débuté. Je le vois se fatiguer à la tâche. Et j'entends plein d'autres télétravailleurs exprimer cette même fatigue. Exprimer ces mêmes frustrations...

Si on leur demande une grande adaptation  de travail, les grands boss semblent peu empathiques vis à vis de la situation en cours. Il faut dire qu'être humain et gestionnaire ne semble guère aller de pair. Autant Juan se sent reconnaissant de pouvoir travailler comme avant. Autant il n'est plus capable d'entendre parler de l'ennui relié confinement. Lui ne rêve que de pouvoir s'ennuyer!

Le revers de cette médaille est qu'il apprécie le confinement en notre compagnie. Même si mon état physique lui apporte des angoisses que je perçois.

De mon côté, l'ennui est relié à la douleur qui augmente et qui me ramène à des immobilités forcées.  Encaisser le contre-coup physique du confinement aspire de mes énergies vitales. L'ennui de la chose me passe au dessus de la tête. Lutter contre le malheur en mon dos prend tout mon temps.

Je me concentre sur le tissage de nos relations qui font la solidité de notre tissu familial. Je fais l'école de brousse. Je nourris notre Journal Neveo. J’élève ma fille qui grandit et j'apprécie ce temps passé avec elle.

En fait, je me retrouve moins seule, que ces dernières années à regarder tourner le monde, sans pouvoir y participer. Passer ce confinement en compagnie de mon homme et ma fille me donne la force de m'adapter à la régression physique que celui-ci m'impose.

Côté puce, pas d'ennui à signaler non plus ni de burn-out. Elle est cool. Elle s'entraîne et pousse son père à courir avec elle. Ce qui lui permet de souffler un peu et de remplacer l’exercice qu'il effectuait en piscine avec moi. Elle travaille ses matières, elle écrit des textes, elle cuisine, elle danse, elle vit pleinement.

Et elle est tombée dans Mad Men! On regarde les épisodes ensemble, à petites doses. Cela nous donne l'occasion de toutes sortes de discussions qui approfondissent ses compréhensions humaines. Et qui nourrissent certaines révoltes féminines.

Comme elle aime les classiques, on alterne les aventures des hommes mal élevés avec des films comme The Truman Show ou Benjamin Button et on y met une touche de contemporain avec le dernier documentaire de Taylor Swift ,qui se révèle être aussi une excellente source de conversations et de réflexions.

Nous sommes confinés ensemble depuis le 13 mars en notre bulle de brousse. Nous nous adaptons. Nous construisons un nouveau rythme de quotidien. L'on se soutient tout en profitant d'être ensemble. En utilisant l'amour qui nous unit pour adoucir les coups durs de la vie.

J'espère que les dégâts physiques, en cours, ne me seront pas irréversibles. Je prie pour que mon chiro continue d'éteindre les feux qui se déclarent en ma colonne. Je prie pour encore pouvoir marcher quand le monde dé-confinera.

Lorsque la vie se durcit, l'on se doit de faire la différence entre ce que l'on peut contrôler et ce que l'on ne peut pas contrôler.

Lorsque nos repères s'écroulent et que l'on a l'impression que le monde s'effondre et que le ciel nous tombe sur la tête, l'on croit perdre le contrôle de sa vie. Mais tant que l'on garde sa tête, froide et posée, l'on garde le contrôle de ses attitudes et la capacité de s'adapter à ce que l'on ne peut contrôler...

samedi, avril 18, 2020

Entre dégringolade et remontée (chroniques de confinement)

Chroniques de confinement


Réaliser un peu plus, chaque matin, que lorsque le monde déconfinera, cela ne sera pas mon cas. En assumer la gravité. Vu comment cela vire, mon corps retrouve ses moyens de me confiner...

Se retrouver désarmée devant le combat à mener. Lutter, chaque jour, pour endiguer cette régression et tenir bon. Chaque matin, se sentir rugir en silence. En cette invisible bataille  qui m'aspire l'être. Ralentir au maximum la régression de mon cas est ce qui fait mon actualité.

Réaliser à quel point, la piscine était une arme majeure en cette bataille, que je menais pour retrouver la stabilité en ma colonne, me percute quelques neurones.

Est-ce-que Michonne peut trucider une horde de walkers sans son katana?

Depuis plus de sept ans, Michonne est le reflet de la guerrière en mon sang. 

Elle aurait même pu se reposer un coup si l'on ne m'avait pas pété le dos sur le chemin des neuropathies à traiter!

Neuropathies permanentes, aujourd'hui incroyablement bien contrôlées par un traitement médical complexe et coûteux...

Je me doutais que la piscine était cruciale à la bataille dorsale. Là, je réalise combien je me retrouve désarmée sans cette arme de combat.

Si l'osteo était un couteau, je l'ai perdu. Il reste le chiro, qui pourrait être un pistolet avec peu de munitions. La puce qui commence à masser n'est pas encore entrée dans le registre de mon armement. Mais elle pourrait peut-être s'y glisser.


Marcher n'est pas acquis pour tous


La marche n'est pas une arme en cette bataille. C'est l'objectif final. C'est le territoire à reconquérir en cette guerre invisible que je mène. Pouvoir marcher, normalement, sans trop de douleur ni de difficulté, est ce qui ramènera la paix en mon corps.

Arriver à marcher 5000 pas sans me retrouver à terre, immobilisée durant plusieurs jours, équivaut à être sauvée. Alors j'aurai atteint le sommet de mon Everest!

Sauf que là, en un mois, mes 3000 pas sont passés à 500. Je peux les étirer à 1000 par la force de mon esprit. Ce que je fais. Autour de 500, l'instinct du corps s'alerte et dit stop. En ne l'écoutant point, je peux le pousser une peu plus loin, jusqu'à mille en me concentrant sur chaque pas. Tel est tout ce qui reste de ma réeducation physique.

Si je pousse plus loin, il me fera tomber. Et il me punira en m'immobilisant douloureusement plus ou moins longtemps. Si je fais moins, je perdrais trop de terrain. Les nausées persistantes de douleurs sont aussi de retour, ce qui n'est pas signe de victoire.

Même si chaque séance de piscine fut une plus ou moins grande torture, j'ai toujours refusé de me donner aucune excuse pour ne pas y aller. Pour ne pas y souffrir. Car chaque séance est un espoir de gagner.

Même quand l'homme me donnait toutes les excuses du monde, à la vue de mes piteux états physiques, j'ai toujours refusé de les prendre. J'y suis allée en tous mes états et ce n'est que lorsqu'une vertèbre poppait durant une séance que je sortais de l'eau.

Que je me traînais hors de l'eau? Que je serrais des dents pour ne pas hurler ou pleurer. Pour atterrir en urgence chez le chiro. Ce qui n'est arrivé qu'une demi douzaine de fois. Mais chaque fois fut bien horrible. Sans même parler de la série d'infiltrations dorsales pour en calmer l'inflammation.

Sachant combien c'était ma seule voie de rétablissement, aucune excuse n'est envisageable car chaque maux doit se traverser pour pouvoir être surmonté.

Depuis janvier 2018, l'on y va trois fois par semaine, parfois deux, jamais moins. Sauf lorsque l'été bat son plein et que l'on peut passer à une séance par semaine puisque le lac est là. Ce qui ne dure jamais longtemps.


Au plus profond de moi, j'ai toujours su que c'était la seule façon d'espérer remarcher plus loin que 50 pas. On va pas loin avec 50 pas! Ni avec 1000...

Une personne normale est capable d'en faire 20 000 sans trop s'en soucier. La moins en forme aura peut-être quelques courbatures et fatigues. Celle qui est en forme ne le sentira même pas passer. Et si j'essayais de m'y coller, je serai juste suicidaire. Je n'y survivrai point.

J'ai aussi toujours eu conscience que mon utilisation de cette piscine était atypique. Je ne faisais ni partie des nageurs qui pratiquent leur sport de prédilection, ni de ceux qui y viennent de manière récréative. J'étais une athlète invisible qui montait l'Everest...

Depuis janvier 2018, fin de convalescence d'hystérectomie, j'associe chaque séance de piscine avec une montée d'Everest. Plus de piscine où aller, plus d'Everest à monter?

En ces deux dernières années, je n'y ai pas croisé d'handicapé ou de blessé comme moi, juste quelques aînés, en forme, qui se rééduquaient durant quelques semaines, après une opération de mécanique. J'étais rendue au camp IV, le dernier avant le sommet, lorsque le confinement a débuté.

"Camp IV: C'est de ce quatrième et dernier camp que les grimpeurs partent pour le sommet, vers minuit. Au-dessus se trouve la «zone de la mort», où le corps se détériore inexorablement. On reste le moins possible à cette altitude. Il faut compter de 10 à 12 heures pour gravir les 900 mètres de dénivelé restants."

Si proche et si loin. Mais voilà pas que je redescends au lieu de monter. Contre mon gré, j'étais rendue au camp trois, la semaine dernière. Faire de mon mieux pour ralentir la descente au camp 2. Si proche du sommet qui s'éloigne. Ne pas penser à tous ceux qui y sont montés sans jamais réussir à l'atteindre...



Au secours de ma colonne vertébrale


Il y a trois ans, en ce même mois, le chiro sauvait mon dos une première fois. J’étais en si piteux état. J'avais la mort aux trousses. Il m'a aidé à courir plus vite qu'elle, il m'a aidé à la distancer, à y échapper? Est-il en train de sauver mon dos une deuxième fois?

Deuxième séance cette semaine pour replacer mon dos qui se déstabilise et se démantèle. Il semble respecter sa parole et ne pas me laisser tomber. Déstabilisée par la rapidité de la détérioration de mon état physique.

Enfin, il aura suffit de 2/3 séances à la physio pour m'exploser le dos et mettre ma vie en danger. J'imagine que l'on tombe toujours plus vite que l'on se relève.

Miss Soleil masse pour aider à la cause. Plus de piscine me cause un tort qui m'interpelle. Je savais que mon salut passait par cette voie aquatique. Je le savais sans en être certaine. J'en suis maintenant certaine...

Après un mois sans aller m'y entraîner, après six semaines sans osteo, mon dos part en vrille. Méchamment. Violemment. Cela me déstabilise.

Trois ans pour arriver à voir une lumière au bout de ce tunnel. Et un gros mois pour me ramener des symptômes disparus depuis près d'un an? Plus capable de manger, retour des nausées de fond et de ces douleurs dorsales, inimaginables pour qui ne l'a jamais vécu.

Si le chiro ne m'avait pas prise deux fois cette semaine, j'aurais encore été en un bien piteux état lundi. Et s'il ne m'avait pas vu du mois dernier, j'imagine que j'aurais du recommencer à courir pour me sauver du pire.

Ma colonne est remise en place une autre fois, mon dos décompense. Interdiction de bouger pour les prochaines 24 heures avant de reprendre la lutte.

Il est si étrange de se battre pour sa santé en un tel contexte. Dieu merci pour le chiro qui en acceptant de traiter mon dos m'aide à sauver ma vie. Rendu là, je ne peux qu'espérer la liberté de pouvoir me sentir confinée entre des murs plutôt qu'en ma chair.

Le confinement est bien différent selon le milieu dans lequel on habite ou selon le corps dans lequel on vit...


mercredi, avril 15, 2020

Se battre pour être soignée en temps de confinement

Il y a un mois, j'allais de mieux en mieux. Après trois ans de lutte constante et de rééducation physique, je voyais enfin de réels progrès en ma condition physique.

Enfin, je gagnais du terrain sur cette tragédie personnelle qui m'a mise hors jeu. Je gagnais du terrain tout en voyant arriver le virus au loin.

J'étais même en processus de dé-confinement de maladie lorsque le monde s'est retrouvé lui-même confiné. Une ironie qui ne m'a pas échappée! Avant le virus, j'allais de mieux en mieux...

Mais c'était sans compter sur le fait que le contexte actuel, conçu pour préserver la santé de ceux qui l'ont déjà, ne pense pas du tout aux malades chroniques. Si l'on veut fait croire que l'on essaie de protéger les plus vulnérables, alors il serait essentiel de ne pas discontinuer les services médicaux qui leur permettent de ne pas détériorer!

 9 avril 2020 

Après un mois de confinement, les conséquences sur ma santé sont indéniables. Et il faut maintenant se battre pour empêcher la dégringolade physique.

Cette semaine, les conséquences de la discontinuité de me soins médicaux, accompagnés des fermetures des piscines, m'ont finalement frappée de plein fouet. Ma colonne s'est pris une méchante claque!

Les douleurs dorsales sont redevenues intolérables tandis que j'ai senti remonter l'inflammation en mon dos. Une sensation douloureuse qui m'a rappelée à ces quatorze infiltrations dorsales qui ont été nécessaire pour endiguer cette inflammation qui me ravageait les jours.

La fermeture des piscines, je comprends. Celle des cliniques interdisciplinaires, je ne comprends pas! Et c'est sans compter les conseils insouciants de ceux qui me traitent qui font que j'empire mon cas. Je reprends la marche, et boom, mon dos part en vrille!

La lumière que je voyais grandir au fond du tunnel de trois années de rééducation physique s'éloigne inexorablement. Pour ne redevenir qu'une lueur à laquelle s'accrocher le regard. Tandis que des larmes silencieuses mouillent mes joues. Je perds du terrain bien plus vite que je ne l'ai regagné.

Lutter pour ne pas sombrer


J'ai passé la semaine à me battre pour trouver un chiro, pour apprendre où se trouvaient les "cliniques de garde" en ville. À force de recherche, à force de résister à la détérioration physique en cours, l'on a trouvé une solution. Car évidement lorsque toutes les cliniques ferment, aucune ne prend la peine de rediriger les malades les plus sérieux vers celles qui restent ouvertes...

Ce n'est que lorsque mon chiro a réalisé que j'étais prête à changer de clinique, qu'il s'est réveillé. Qu'il est redevenu humain? Il m'a traité en catimini mais malheureusement trop tard. Les dégâts en ma colonne instable sont grands. Et ma confiance est explosée.

Mon homme discute avec lui en profondeur plusieurs fois durant la semaine. Lui qui me traite depuis 3 ans finit par se rappeler d'où je reviens. Il finit par déclarer à mon mari qu'il ne me laissera plus tomber même si la clinique est fermée.

Je dois le revoir bientôt car mes vertèbres se sont si bien déplacées qu'un seul traitement n'aura pas suffit à tout replacer. Il y a un mois, je sentais la vie revenir en mon dos, comme une sève qui se répand en un tronc et lui redonne vie. Ce n'est plus le cas. La vie en mon dos repart. La sève se tarit. Inexorablement, je dépéris. Mais jamais je ne capitule...


Cherche désespérément masseur/osteo/kiné, anydody to help. Pour compléter ce combo de traitement articulaire/musculaire qui me permet de redonner mobilité et vie à mon dos. La colère ressentie en cette situation est profonde. C'est ces moments présents qui mettent au grand jour bien des lâchetés humaines.

Si une clinique de soins médicaux interdisciplinaires n'est pas un service essentiel alors que le commerce de l'alcool ou le casse-croûte local l'est, il y a un problème!

Je veux bien accepter un ralentissement de mon rétablissement mais dois-je en accepter une telle détérioration de ma santé? Tant que je devrai me faire de nouveau infiltrer le dos pour en éteindre une nouvelle inflammation? Il parait que je fais partie du contre-coup du confinement. Je ne suis pas seule en mon cas. Mais la minorité est telle qu'elle n’intéresse personne.

Combien de ma santé dois-je sacrifier à une cause qui est sensée préserver la santé de chacun? 


Il y a un niveau de douleur qui m'aspire trop d'énergie pour me connecter au numérique. Il y a un niveau d'énergie vitale qui est trop bas pour s'aventurer en ces eaux troubles que nous agitons virtuellement. Lorsque j'atteins ce niveau, je me retire. Je me déconnecte pour mettre toutes mes forces sur le réel.

Je dédie alors toute ma volonté à paraître le plus vivante possible pour ma fille et mon mari. Pour faire porter, le moins possible, le poids de mes handicaps invisibles. Pour que leur quotidien soit le moins affecté possible par les souffrances en mon corps.

Toute mon énergie est canalisée à rester debout et à élever ma fille. Afin que mon malheur affecte sa vie le moins possible. Et que s'il l'affecte, les répercussions en soient positives. Si j'en crois sa médaille reçue, par la poste, la semaine dernière, j'y arrive...

Alors que j'atteins, de nouveau, ce seuil critique. Je dois, de nouveau, me renfermer en cette bulle de réel qui ne participe pas au virtuel, sinon pour aider quelques enfants avec la soif d'apprendre.

Il fut un temps où le dicton "Pas de nouvelles, bonne nouvelles" pouvait s'appliquer à ma vie. C'était avant l'ère numérique. Désormais ce dicton s'est inversé en son sens pour la geekette en mon sang. Pas de nouvelles = de mauvaises nouvelles.

14 avril 2020


En trois ans, je suis passée d'une capacité de marche de 50 pas à 3000 pas. Il y a un mois, je progressais tant que j'espérais être réparée d'ici la fin de l'été.

Durant les trois dernières semaines, je suis passée de 3000 pas à 500 pas. Et toutes sortes de symptômes disparus depuis des mois sont réapparus. Jour après jour, mon état s'est dégradé jusqu'à ce que je me remette à vomir de douleur. Quand ma colonne se démantèle, c'est toute ma vie qui fuit...

J'ai réussi à tenir les classes de brousse pendant que l'homme parlementait avec le chiro. Rendu là, ma colère montante me donnait la rage à chaque fois que je pensais à la clinique fermée. Qui, de plus, a eu le culot de peindre un arc-en ciel en sa vitrine avec le "çavabienaller". Ce qui se révèle une insulte à chaque patient dépendant de ses services!

Que le IGA ait sa peinture arc-en-ciel en façade fait du sens, il reste ouvert pour nourrir la population. Si le IGA fermait ses portes et que les gens affamés devaient passer devant et voir l'arc-en ciel, je suis pas mal sure que cela ne passerait pas. L'insulte serait majeure. À savoir combien de temps cela prendrait pour que la façade soit fracassée?

Est-ce que l'insulte de la clinique est mineure? Puisqu'elle n'affecte qu'une invisible minorité de gens?

Bref, à mesure que la vie fuit mon corps, mon esprit carbure pour tenir le choc et vomir avec "sérénité". Pas besoin du covid pour être malade comme un chien et confinée. J'ai juste besoin que ma colonne parte en vrille...

Après des jours à ce que mon cas se détériore, le chiro est finalement sorti de son funk. Il a pu constater la dégradation de ma cas. Il a accepté ma colère. Il a fini par se reprendre en main et arrêter de me bullshitter la face. Il s'est rappelé à sa vocation?

Vu mon état de santé fragile et fragilisé par la fermeture de la clinique (et de la piscine), je me retrouve en réel danger physique. Voilà que j'ai de nouveau droit à un réel service?

J'en comprends que c'est contre l'avis de sa femme et de son entourage qu'il accepte de soigner ses cas les plus graves. Pas fière de cet entourage je dois dire! De ce que j'en comprends, on est une demi douzaine de cas sérieux en sa pratique de village. Une minorité invisible que tous ignorent?

J'ai maintenant la colonne replacée. Mais les dégâts sont là. J'ai reperdu du terrain. Non seulement je ne progresse plus mais je régresse...

Par petit miracle, on a découvert que Miss Soleil avait des talents de massage. En suivant des tutoriels sur YouTube, elle a réalisé qu'elle sentait les tissus, les muscles et percevait même les fascias.

Comme l'osteo s'est listée aux abonnés absents, et qu'il est impossible de trouver un masseur en ce contexte pandémique, Miss Soleil prend un inattendu relai. Le chiro pense qu'elle doit me masser le dos 30 minutes par jour pour essayer d'aider la cause. Elle est contente de se sentir utile. Me voir perdre du terrain à vitesse grand V est très difficile pour elle et Juan.

Il y a un mois, je voyais de nouveau briller de quoi en leurs yeux quand ils me regardaient être, il y avait des étincelles d'espoir et de joie. Ce qui me faisait aussi du bien au coeur.

Mais une fois rendue à ne plus pouvoir manger ni marcher, envahie d'innombrables maux, je vois leurs yeux s'assombrir de tristesse et d'inquiétudes. Et ça fait mal en plus du mal.



Contrôler ses colères et avaler ses déceptions

Il y a trois ans, au début de mes traitements, je voyais aussi l'inquiétude en les yeux du chiro qui essayait de me sauver le dos. Hier, j'ai revu cette inquiétude passer en son regard. Cela m'a adoucit. L'homme l'avait prévenu de ma colère et de ma perte de confiance...

Une fois le dos remis, il a finalement admis que je me dégradais à vitesse grand V. Il a finalement compris que rendu là, le virus devenait secondaire devant l'urgence de ce qui m'arrivait. J'ai exprimé ma colère et ma déception. Il l'a pris. J'ai expliqué l'insulte de l'arc-en-ciel en leur façade. Il l'a pris.

Puis il m'a expliqué que je pouvais continuer de compter sur lui. Ce qui lui a valu un regard perplexe et une petite vague de colère. C'est un concept que j'ai trop souvent entendu en ma vie mais peu souvent vu. Les mots sont faciles à dire, les actions qui les accompagnent le sont moins! Et l'arc-en ciel en sa façade fermée en est la preuve flagrante...

Il a fait évoluer ce discours pour parler de respect. Ce serait le respect pour ses patients qui l'aurait fait sortir de son funk et poussé à ne pas suivre les conseils de son entourage. Ce serait le respect qu'il porte à ma condition qu'il traite depuis ses débuts qui le fera être là pour moi. J'ai désormais droit à autant de traitements que j'ai besoin. Et il ne me laissera pas retourner là d'où je reviens, d'où il m'a accompagné jusqu'à présent.

Il réussit, un peu, à adoucir la colère en mon sang bouillonnant. Il m'explique que pour chaque chiro, osteo, physio, masseur de la clinique interdisciplinaire, c'est un choix personnel que de continuer à voir des patients. Ce qui me dépasse. Faire partie de cette tranche de travailleurs essentiels mais avoir le choix de travailler ou pas?

Bref, rendu là, ce serait le seul de la clinique qui a finalement fait le choix de ne pas laisser tomber ses patients les plus fragiles. Ceux que le corps confine. Ceux dont la consultation par visioconférence ne fait aucun sens.

J'ai entendu dire que lorsque la pandémie sera finie chacun pourra faire le bilan de ses actes et voir s'il a fait preuve de courage ou de lâcheté. Ceci dit, les lâches ne se regardent jamais vraiment en face, donc je ne pense pas qu'il y aura de révélation pertinente pour eux autres...

En attendant, il semblerait que j'aie retrouvé mon chiro. La clinique reste fermée mais j'y ai de nouveau accès. Ma colonne est rassurée même si de nouveau irritée. Je suis un peu moins désarmée devant la bataille à lutter. Et je continue de désinfecter pour le suivant...

mardi, avril 07, 2020

Brève de confinement


Avant la classe de brousse virtuelle, petite discussion familiale autour de la liste d'épicerie. Qui traîne depuis quatre jours. S'armer de patience et de volonté. Sachant combien c'est chiant de trouver ce que l'on veut via l'application.

On est pas allés à l'épicerie depuis deux semaines, le défi est de voir si on peut s'arranger pour ne plus y aller. Ce qui n'est pas simple. Être reconnaissant de cette possibilité là. Aussi chiante soit-elle...

Entre deux blablas de tomates et de saumon fumé, on entend chanter les oiseaux dehors, la discussion vire côté pandémie. Je dis:

- On est pas encore en apocalypse. On le sera quand Papa aura plus d'insuline... 
- Vaut vraiment mieux étre en santé pour survivre à une apocalypse! répond la puce le regard rivé sur les possibilités d'aliments à choisir.

- Yep, ça a toujours été mon point... 

La puce acquiesce et se replonge dans la liste d'épicerie virtuelle. Les oiseaux gazouillent dans la forêt. L'homme soupire sur les possibilités de croquettes pour chien.

- Ouais leur recherche est nulle à ch...

Il semble cependant que l'on finisse par y arriver. Ce qui se révèle devoir être un travail d'équipe. L'on choisit d'aller chercher la commande le lendemain.

Pendant que mon esprit bataille avec la douleur dorsale qui s'accentue, je me rappelle que c'est juste une minipocalypse où l'insuline et tous les médicaments sont encore livrés sans se casser la tête en quatre.

Voir un chiro pour te replacer une ou deux vertèbres, par exemple, a des relents de chercher de l'alcool en temps de Prohibition...

dimanche, avril 05, 2020

Plume en expression libre...


Depuis deux semaines, je fais la classe de brousse avec trois secondaires deux, dont ma fille, qui a eu, cette semaine, l'honneur de recevoir la médaille académique du gouverneur général. 

Mais ceci fera l'objet d'un texte en soi. Elle médite aussi sur un texte de cette incroyable récompense..

Revenons à l'école de brousse qui fait travailler l'écrit et la compréhension de texte avec Zola. Il semblerait que cela ait réveillé la plume de Miss Soleil!

En notre rythme de confinement s'inscrit un rythme d'écriture qui lui fait penser à son blogue. L'envie de publier ses textes la titille, je l'encourage.

Elle décide de lui redonner vie. Je réarange son template et je ne sais de quoi ni comment, de manipulations en essais, l'on se retrouve avec une interdiction de partage sur Facebook!

En attendant d'en résoudre l'étrange problème, je vous encourage à aller jeter un oeil sur son blogue remis à jour. Elle compte y partager ses impressions au fil des semaines à venir...

Son dernier texte m'ayant particulièrement touchée...

samedi, avril 04, 2020

Où sont passés les espions de ce monde?



J'ai commencé à m'intéresser au Covid19 dès janvier. Après une méchante gastro pour ma pomme début janvier et une mauvaise grippe, attrapée par Miss Soleil, fin janvier, nous a avons eu l'occasion de mettre de coté quelques masques. Vu les informations que j'ingérais, cela ne me semblait pas fou.

Avant même que le virus ne soit nommé, je l'ai vu arriver de très très loin. Assez pour passer la fameuse semaine de relâche à nous préparer en faisant une provision de lingettes Clorox. Qui sont bien utiles aujourd'hui pour désinfecter nos courses!

Durant cette semaine de relâche où j'ai décidé de nous préparer d'avance, l'homme a ronchonné un peu mais il a suivi. Depuis janvier, je m'amusais à prédire le futur de épidémie et ça marchait à chaque fois. Cela en devenait un "running gag" de couple. Ce qui l'a convaincu que j'avais bien toute ma tête et qu'il fallait l'écouter.

En ce début 2020, j'ai écouté tant de chinois sous titré que j'ai même commencé à me faire l'oreille et discerner des sons en mots. Tout en regardant le monde se mettre joyeusement la tête dans le sable.

J'ai observé le processus totalitaire du parti lorsque les quelques fuites d'informations, ont toutes été colmatées par le CCP. J'ai vu ceux qui s'en sont rebellés au péril de leurs vies. Aujourd'hui disparus de la circulation, gracieuseté du CCP.

J'ai réalisé, encore une fois, combien il suffisait de ne pas se poser les bonnes questions pour ne pas devoir affronter les réponses qui inconfortent. Pourquoi est-il toujours plus facile de croire au mensonge qui conforte plutôt qu'à une vérité qui dérange?

Rien de ce qui se passe aujourd'hui ne me surprend ou m'étonne. Mais il y a cette question qui me taraude sans cesse.

Si je savais que la semaine de relâche accentuerait l'arrivée du virus au Québec, comment se fait-il que le gouvernement Fédéral et le gouvernement Provincial ne le savait pas?

Si au mois de janvier, j'ai profité de nos maladies saisonnières pour mettre de coté une dizaine de masques et acheter du Purell. Comment se fait-il que ni le Fédéral ni le Provincial n'aient acheté des masques et des articles de protection, en masse?

Si du coin de ma brousse, j'ai vu venir la catastrophe, comment se fait-il que les dirigeants soient surpris de la situation? Je ne comprends pas.

Il n'y a plus d'espions officiels pour faire des compte rendus qui préviennent le pire à venir? Y'a un truc qui m'échappe. Car si je savais, ceux qui dirigent le pays devaient savoir aussi. C'est obligatoire.

Pourtant on en a tous entendu parler de loin depuis au moins février. Comment se fait-il que les personnes en charge ne se soient pas préparées en regardant plus loin que le long nez du gouvernement chinois.

Alors que je colère avec une vertèbre qui galère de la discontinuité de mes soins médicaux, je me questionne. Tout en remuant ciel et terre pour trouver un chiro qui pratique et qui me replacera, en cinq minutes, cette vertèbre qui détériore mon état de santé fragilisé par l'instabilité de ma colonne.

Tandis que j'essaie d'en contrôler les douleurs, je ne peux que remarquer combien la Chine n'a aucun problème en ce qui concerne son approvisionnement de masques et de matériel de protection médical. Les employés des fast foods de Nanjing peuvent s'en procurer mais pas le personnel soignant de nos pays développés? Y'a un truc qui m'échappe...


Enfin qui m'échappe pas tant que ça. C'est juste une autre de ces dérangeantes vérités que de constater que la Chine utilise ses masques pour son bien commun et que les autres pays se battent et payent pour! Puisque toute la production vient de Chine qui opère sous le contrôle vigilant de son parti...


vendredi, avril 03, 2020

Entre crise et catastrophe?

Chroniques de confinement

Il parait que lorsque la société traverse une crise, le monde repart ensuite comme avant.

Mais lorsqu'il traverse une catastrophe, il en ressort obligatoirement transformé. Pour le meilleur ou pour le pire.

Pour certains pays, ce virus est déjà une catastrophe. Pour le Québec, c'est encore une crise. Selon comment chacun réagira, l'on verra si cela deviendra une catastrophe...

Troisième semaine de confinement en cours pour notre trio familial. Cette semaine, l'homme a testé la livraison IGA à trois heures du matin après une hypoglycémie. Elle été livré deux jours plus tard.

S'adapter, s'ajuster, créer un nouveau rythme

Je cherche désespérément piscine et traitements manuels pour décrisper mon dos qui recommence à cimenter. Lorsque l'on prend l'air sur le lac, je ne peux m'empêcher de me coucher sur sa surface glacée. Mon dos meurtri si près de l'eau et pourtant si loin.

Malgré les difficultés, l'on s'est déjà pas mal adapté à la situation. J'imagine qu'on a de la pratique. Grâce à des routines qui deviennent des habitudes et qui font un rythme de vie, l’on essaie de tirer le meilleur de la situation.

La puce nous dit qu'elle aime passer du temps avec nous. On aime passer du temps avec elle. Passer du temps ensemble n'est pas une torture chez nous. C'est plutôt l'occasion de resserrer des liens et de vivre des expériences atypiques comme la classe virtuelle de brousse.


C'est l'occasion de nous harmoniser et approfondir nos relations à l'intérieur de notre cellule familiale. Tant qu'il y a de l'amour et du respect, il y a de l'espoir. La clé étant certainement dans la gestion des émotions. Lorsque l'on commence à se taper sur les nerfs, on regarde en face le problème, on l'affronte, on réajuste le tir, chacun fait ses efforts et on avance...

Le plus compliqué pour l'homme, qui est en mode télé-travail, est de décoller de son écran! Son unité à l'université travaille sur les plate-formes des cours à distance. Le travail ne manquera pas pour lui en les prochaines semaines...

Miss Soleil est celle qui perd le plus d'expériences de vie, de voyages, de projets scolaires, de socialisation et de continuité en son éducation. Pour en compenser la peine, j'essaie de lui donner l'occasion de vivre de nouvelles expériences comme l'école de brousse. Je continue de l'éduquer au fil des jours.

Discuter du virus et de ses courbes exponentielles donne l'occasion de réviser des maths. Il y a toujours un peu de culture générale à dénicher au détour d'une discussion. Elle révise aussi tous mes textes de blogue, ce qui nous fait discuter du français. Et puis il y a maintenant les jours de classe de brousse qui font travailler les neurones.


Perdre du terrain coté rétablissement physique

De mon côté, la continuité de mes soins de santé, en mon processus de rééducation physique, est complexe. Je dois accepter que l'amélioration des trois derniers mois n'est plus. Je dois accepter de retrouver des douleurs dorsales qui commençaient à s'atténuer et je dois continuer malgré tout le processus de rééducation physique. J'ai perdu la continuité de mes soins médicaux et c'est une pilule qui est très difficile à avaler.

Pour essayer de faire du sens du fait que la continuité de mes soins médicaux n'a pas plus d'importance que celle de la continuité scolaire des jeunes, je creuse le sujet côté chiro et ostéo...

Ce que me choque davantage est que toutes mes recherches finissent avec le même sujet, l'impact financier sur la profession. Et comment faire pour être indemnisé. Quant à l'impact sur la santé physique des patients, causé par la fermeture de ces cliniques, c'est le néant! Il n'y a absolument rien à signaler.

En France, quelques rares médecins ont pris la peine de s'en inquiéter. Sans en recevoir aucun intérêt. Donc, si je comprends bien, les chiros et ostéos seront indemnisés pour ces fermetures de clinique pendant que les patients, abandonnés à leur mauvais sort, n'auront qu'à souffrir davantage et se taire? Pour ensuite payer une multitude de traitements en espérant que cela en réparera les dommages.

Ou aller noyer leurs misères humaines à la SAQ qui elle, reste ouverte? Dommage que je ne sois pas alcoolique...

Il y a pourtant ce concept présent qui s'efface des esprits, celui de la "perte de chance" des malades. La perte de la chance de pouvoir être soigné décemment quand on n'a pas la santé pour acquis.

Déjà, je perds du terrain chèrement gagné. Je ne peux plus rire aux éclats sans que mon dos n'en hurle. Même si je m'évertue à marcher et à prendre soin de ma peau du mieux possible, mon état commence à peu à peu se détériorer.

Respire la planète !

Alors que le virus prend plaisir à étouffer les humains qui courent après des respirateurs artificiels, la planète de son coté prend une grande respiration. La qualité de l'air s'améliore partout sur la Terre. Les canaux de Venise n'ont jamais été aussi translucides, ses eaux sont maintenant si propres que des cygnes et des dauphins y batifolent!

Selon le journal local La Nuova di Vene­zia, le confinement a «ramené les eaux des lagunes des temps anciens, ceux de la période de l’après-guerre, quand il était encore possible de se baigner dans les canaux», où on peut voir leur fond et les poissons.

Pour avaler la pilule douloureuse, je pense à la Terre, qui prend des vacances de nous, humanité gâtée et inconsciente. Je me dis que la planète mérite bien un peu de calme. Même s'il est temporaire. Et que je suis prête à souffrir davantage pour elle durant ce temps.

 Tout en faisant mon possible afin d'aider un brin de jeunesse dans la foulée. Puisque c'est toujours à travers les jeunes que les plus vieux façonnent le futur...

jeudi, avril 02, 2020

Troisième semaine d'isolation volontaire en coin de brousse

Chroniques de confinement



Troisième semaine d'isolation volontaire en coin de brousse. La vie continue...

L'homme s'adapte au télétravail et l'on s'adapte tous à la situation. On réfléchit ensemble sur comment s'accorder au mieux. Quand l'un tape sur les nerfs de l'autre, on communique et on réajuste. Chacun fait des efforts pour trouver le meilleur équilibre et mettre en place un nouveau rythme de vie.

Miss Soleil nous raconte un rêve qu'elle a fait hier. Elle vivait le voyage de fin d'année à NY qu'ils auraient dû faire dans 3 semaines. Elle vivait ces émotions qu'ils ne vivront pas. Être à Times Square avec ses amis, s'amuser dans le bus, etc. Et puis de la tristesse de réaliser que cela n'arrivera jamais.

En son école de campagne, ils sont 90 secondaires sur quatre classes de deux niveaux. Cette année était la dernière en cette école où elle va depuis la maternelle. L'année prochaine, tous les élèves iront dans des écoles en ville. Ils vivent un peu les émotions des secondaire 5. C'étaient les finissants de cette école. Et j'attends toujours un signe de vie de la part de la directrice...



Classe virtuelle en progression

Même si cela me fatigue, faire la classe de brousse avec ce petit groupe de filles est ma contribution bénévole à leur cause. C'est leur offrir deux repères temporels, chaque semaine, qui leur rappellent leur quotidien scolaire. C'est leur offrir un temps de socialisation où se retrouver, c'est leur permettre de vivre ensemble une activité éducative. C'est m'excuser du tort que leur font les adultes insouciants que nous sommes.

Je suis autant choquée par la non continuité de l'éducation des jeunes durant cette crise que je suis frustrée de la non continuation des soins de santé.

En faisant quelques recherches sur les cours à distance avec Zoom, je comprends qu'un groupe de trois ou quatre élèves est le meilleur format pour un bon apprentissage. En notre petit groupe de secondaire 2, elles sont trois. Et elles n'ont guère envie d'être plus.

Elles m'expliquent que plus ce serait trop, elles ne travailleraient pas si bien, on aurait moins de temps, etc. J'avoue trouver cute cette complicité qu'elle tissent au travers cette expérience virtuelle. À date, en cette deuxième semaine de classe de brousse, l'on étudie les lundis et les jeudis après-midis.

Lundi, j'étais partie pour 1:30 de français. Mais elles ont si bien travaillé qu'au final cela a duré trois heures. Et elles étaient contentes. Cela m'a fait plaisir même si cela m'a brûlée en chemin. C'est pour la bonne cause. Celle du futur que l'on façonne.

La fatigue éprouvée m'a rappelée ces années universitaires où je donnais des cours de soutien scolaire aux enfants en difficulté, de cette même école, où allait la Miss jusqu’à la pandémie. Il y a trois directeurs de cela. Au début des années 2000...

L'un de ces élèves, auquel je me suis attachée (trois fois semaine, durant 7 ans) était un petit Asperger. En ses mauvais jours il pouvait m'aspirer un max d'énergie, j'étais vidée pour trois. Et je n'avais plus qu'à aller me coucher! Mais devenu grand, il est capable d'écrire un français qui me rend fière.

Avec l'école de brousse, je n'ai que des élèves motivées, mais j'avoue que trois à le fois pendant trois heures, ça vide. Déjà que mon énergie vitale est pas top shape! Les filles aussi étaient fatiguées. Mais en la puissance de leur jeunesse, elles étaient aussi stimulées et satisfaites. Prêtes pour en prendre plus!

Je les laisse en leur donnant un devoir à me rendre le jeudi midi. Le mardi soir, elles l'ont fait. J'hallucine un peu. J'en parle avec Miss Soleil qui m'explique que cela leur fait du bien d'avoir des devoirs à rendre, cela les fait se sentir moins perdues. Okay alors, ça vaut bien une fatigue de vieille mère...


Pandémie et rééducation physique ne font pas la paire

Me forcer à la marche quotidienne est une nouvelle torture physique. Sentir le mécontentement de mon dos qui ne comprend pas où est passée la piscine. Pourquoi tant de pesanteur? Pourquoi si peu traitements? Il n'est pas content.

Pour la première fois depuis trois ans, réussir à faire le tour de mon quartier. Puis accuser l'après-coup qui cimente les muscles contractés. En espérant qu'ils ne crispent pas assez pour me déplacer une vertèbre. Le plus gros stress que m'apporte cette pandémie est au niveau de la continuité de mes soins médicaux. Le chiro est de plus en plus difficile à joindre. C'était mon dernier ancrage en ce processus de rééducation physique, qui en prend pour son grade.

Comme la majorité de ceux qui étaient déjà malades avant le confinement, je me retrouve abandonnée à mon sort. Et c'est bien frustrant! Je m'adapte et je m'ajuste au maximum pour essayer de sauver les meubles. Pour ne pas régresser. Pour éviter de redonner de la force à ses douleurs physiques que je m'évertue à dépasser. J'y étais presque. Mais pas. Heureusement que je suis de nature autonome et rebelle. Je compte bien ne pas me laisser abattre par l'augmentation de certaines douleurs!


La sensation d'être un parent choyé

Après la fatigue de la classe. Recevoir notre salaire de parent le soir venu. La puce nous explique qu'elle a décidé de nous préparer le souper. Avec un petit mot doux et un dessert surprise. On se sent choyés et aimés...

Elle nous explique qu'elle ne voit pas ses journées passer tant elles sont remplies. Ce qui me fait penser que ma mission de maman est accomplie. Une mission quotidienne à laquelle je m'atelle...

Avec une pensée émue pour la tranche, un peu oubliée, des 13/17 ans qui ne pourront vivre ces expériences de vie qui façonnent le développement de soi. En leur souhaitant à tous qu'il en résulte un meilleur futur pour leurs vies adultes...

Avant d'aller se coucher, Miss Soleil nous demande:

- Cela fait combien de temps qu'on est confinés maintenant? 
- Ben c'est notre troisième semaine... 
- Alors ça veut dire qu'on a pas le coronavirus? 

En effet, cela veut dire cela. Et quelqu'en soient les difficultés, l'on fera notre possible pour continuer sur cette lancée...