mercredi, septembre 30, 2009

Zénitude sur lac miroir

Zénitude automnale sur miroir de lac...

Zénitude sur miroir d'automne...

dimanche, septembre 27, 2009

Un papa, une maman, une fillette et Oedipe

Un papa, une maman, une fillette et Oedipe...

Les samedis matins, il n'est pas rare qu'Oedipe se glisse sous nos draps pour prendre place entre nos deux corps. En effet, chaque câlin que l'on se fait en compagnie de M'zelle Soleil réveille Oedipe en notre maison...

En fait, il suffit que l'on se rapproche amoureusement pour que la minimiss nous saute dans les bras. Elle n'accepte que l'on se câline en sa présence que si elle est coincée entre nous deux! Étonnement, je n'en ressens aucune menace.

Il faut dire que Juan a, depuis le début de l'arrivée d'Oedipe en nos vies (la demoiselle venait à peine de fêter sa première année), toujours mis les choses au clair. Je suis sa femme. Elle est sa fille. Un point c'est tout. Il n'y a pas de tergiversation sur le sujet.

Ceci n'empêche pas la demoiselle de tergiverser, de contester et de régulièrement essayer de lui faire changer d'idée. Cet été, elle me dit par exemple: "Maman, moi z'appelle mon papa sséri parce-que c'est mon mari!". Je l'embrasse tendrement et je lui explique une autre fois, patiemment, que son papa est mon mari et que c'est ainsi.

En ses jeux de fillette, elle l'appelle "mari", toujours elle désire se marier avec lui. Cela reste une idée fixe qui trotte dans sa petite tête. J'avoue que cela fascine la petite fille sans père qui sommeille au fond de ma peau. Est-ce que le destin a réussi à ce que je lui trouve le papa que j'aurais rêvé d'aimer? Est-ce que je suis devenue la maman que j'aurais aimé avoir? Peut-être...

Ce matin, M'zelle Soleil regarde son père avec des étoiles dans les yeux et elle lui dit:

-Viens-t-en mon papa sséri-mari!

Il lève les yeux au ciel. Je souris. Elle poursuit:

- Non mais, est-ce que tu peux être mon mari pour semblant?
- Non, je ne crois pas ma fille, je peux être juste ton papa, un jour tu te trouveras un mari mais cela ne peut pas être moi.

Comme elle ne démord pas, elle insiste. Toujours sur le même ton calme, il lui répond encore une fois:

- Liloo, je suis ton papa, je ne suis pas ton mari. Je suis le mari de maman et je peux juste être le mari d'une seule femme! Ah non! Deux c'est trop dur!!!

Dans mon coin de salon, je me tais et je lui souris. Nos regards se croisent en une même émotion partagée. Une émotion toute conjugale teintée d'amusement parental. Et, à ce moment précis, je ne peux que profondément l'aimer car je sais bien, du fond de mon cœur, que c'est aussi son attitude envers "Oedipe en notre maison" qui fait que je ne ressens aucun malaise devant cet amour si féminin que ma fille éprouve pour lui.

Dans le fond de mes entrailles, je suis contente pour elle, elle vit là l'une de ces sensations banales de petite fille en adoration devant son père. Et pour moi qui n'en ai jamais eu, cela parfait mon bonheur de mère...

Quelques heures plus tard, M'zelle Soleil s'arrête entre deux activités, elle s'approche de Juan et elle lui affirme avec un grand sourire:

- T'es un très bon papa!

L'homme qui est mon mari fond sur place. Je vois son cœur faire de la confiture tandis qu'il dépose un petit bec sur sa joue d'enfant chérie...

jeudi, septembre 24, 2009

Soupe de web

Webbitude...

Duck on lake

Les jours défilent. Les feuilles tombent. L'automne est maître de mon paysage. Entre deux feuilles volantes, je réalise que Twitter et Facebook me transforment en micro-blogueuse et c'est à peine si je ne m'en rend compte. En effet, je comprends beaucoup mieux le concept du micro-blogging depuis que je le pratique! Cela doit faire maintenant deux ans que je navigue ces réseaux et ils semblent désormais faire partie de ma routine virtuelle. Et puis, comme le temps n'est point élastique, ceux-ci me volent les minutes que je passais auparavant à bloguer (sept années de blogue dans le clavier apportent une compréhension acérée du principe). Mais j'apprécie le juste milieu en ce qui concerne l'univers de mes virtualités, alors je bataille à trouver un équilibre entre ces trois outils de communications différents en leur approche et connections...

Aussi aujourd'hui, histoire de faire une sorte de pont entre ces trois espaces virtuels, voici quelques statuts choisis pour une petite cuisine virtuelle. L'on mélange, l'on "shake" et l'on attend patiemment que je trouve la concentration nécessaire pour bloguer comme il se doit...

Etolane (soupe de web):

- «Le paradis n’est pas un lieu, c’est un état d’âme.» Georges Barbarin

- trouve que le pire obstacle d'un texte est de trouver un bon titre. Même les chutes difficiles ne sont jamais aussi douloureuses...

- "Les Pratiques | L’art de la gentillesse", Piero FERRUCCI"

- Quelques heures après la prise cette photo le quai a été démantelé, l'automne est arrivé...

- ... jamais deux sans trois, un dernier vidéo et article sur la tempête rouge de Sydney...

- a vu une bonne soupe de cyanobactéries ce matin.... Puis en cette dernière soirée d'été, l'eau a retrouvé sa transparence juste avant que ne disparaisse le soleil derrière les collines mordorées..

- Les enfants nous observent sous toutes les coutures et apprennent de ce qu'ils voient...

- nourrit son petit faible pour le paradis de Vanessa en écoutant sa dernière ritournelle....

- s'exclame: "Bon t'as encore mis le gros bordel dans ta chambre!" et M'zelle Soleil de me répondre: "Mais maman, z'aime ça mettre le bordel dans ma chambre!" Dommage qu'elle aime beaucoup moins le ranger...

- RT @Dutrizac: Les NouvellesTechnologies avec Michel Dumais - génération branché -

- .. signe des temps modernes... RT @MryEmery Facebook interdit de mariage

- cette vidéo m'amuse à chaque fois... dans la même veine... "Oh Crap. My Parents Joined Facebook".

- a été très émue et fière à la fois de voir se dérouler le premier cours de danse de M'zelle Soleil qui a été concentrée et attentive. Une nouvelle étape d'enfance s'enclenche...

- l'a vu se jeter sous ses roues, n'a pas pu l'éviter et a clairement entendu le "scrounch" en passant dessus, s'en veut quand même d'avoir écrabouillé un p'tit suisse de bon matin!

- Mangeriez-vous dans les poubelles? ... pas mal sure que celles du IGA recèlent des trésors de surprises!

- aime bien le principe de fond de ce mouvement "Les déchétariens débarquent en France"

- «Je suis une Canadienne de coeur. J'ai parcouru votre pays. Je suis tombée amoureuse, ici, du père de mes enfants» Ingrid Betancourt

- ou simplement humaine... RT @mariejugag Ingrid bétancourt : ange ou démon? (via @scrypticwriter)

- RT @gendoray Les enfants qui sont déjà forts en orthographe le demeurent, peu importe qu'ils envoient des SMS

- réalise qu'elle travaille dans la pénombre à midi pile! Hummm... Moment de réflexion. Cherche la lumière, tourne son regard vers la fenêtre, entend la pluie dégouliner sur les feuilles qui trépassent... Mélancolie monotone d'automne...

- les yeux écarquillés, écoute M'zelle Soleil lui parler de ce garçon Zérémy qu'elle a rencontré au parc pendant une virée de garderie! Il a l'air trop cool ce Zérémy de cinq ans qui va à la maternelle! Mini crush de mini puce... Adore ces conversations mère-fille.... La route sera longue...

- «Les pensées que nous choisissons d'entretenir sont les instruments qui nous servent à tisser la trame de notre vie.» Louise Hay

Picnik collage

Boucles ensoleillées

Boucles de lac ensoleillé

Habitude des beaux jours: Sécher ses boucles au gré des vents qui s'essoufflent sur l'eau claire...

Prendre une douche. Laver sa tignasse avec soin. S'habiller légèrement. Descendre au lac les cheveux mouillés. Trouver un quai déserté. S'installer tout au bout. Les orteils à fleur d'eau, lever la tête vers le ciel. Laisser les vents prendre le contrôle de mon épaisse chevelure. Apprécier la chaleur du soleil qui réchauffe mon scalp humide.

Constater que la nature est le meilleur "volumisateur" que je connaisse. Laisser glisser mes anxiétés aux vents qui soulèvent mes mèches folles. Observer l'horizon limpide. Respirer l'air pur qui m'enrobe. Sourire. Expirer. Se sentir femme jusqu'au bout de l'âme.

Chanelle se prélasse. Un voilier passe. Le bleu du lac se décline en ces nuances qui m'enchantent. Sentir mes boucles s'assouplir tandis que je me fonds avec cette pure nature qui s'offre à mon regard.

Un bébé libellule frôle la surface du lac. L'air est sec, doux, onctueux. Cela sent l'été exaucé. Je penche ma tête en fonction des vents qui me caressent la peau. La texture de mes boucles est presque parfaite.

Ça y est. Mes boucles sont sèches, ma coupe est parfaite. Il ne me reste plus qu'à me maquiller pour ma soirée...

mercredi, septembre 23, 2009

zestes de...

Peut-être le bonheur n'est-il qu'un contraste, mais il y a une foule de petits bonheurs qui suffisent pour parfumer la vie.
Alphonse Karr

Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.
Albert Jacquard

Le plaisir n'est que le bonheur d'un point du corps. Le vrai bonheur, le seul bonheur, tout le bonheur est dans le bien-être de toute l'âme.
Joseph Joubert

lundi, septembre 21, 2009

Brins de saison

Arrive l'automne...

Feuille d'automne

Voici l'été qui se meurt en cette journée autre ensoleillée. Le temps est ultra doux. Sur le coup de midi, l'air est aussi moelleux que de la guimauve. Mais les jours raccourcissement cruellement. La lumière change. Elle s'adoucit. L'été qui ne nous aura pas gâté s'estompe. La nature s'éclate. Le grand lac repose ses esprits tourmentés d'humanité. Paisible, sauvage, immuable, il me ressource. Son immensité limpide me baume l'être tout entier. Autour de nous, la nouvelle lumière rend toutes les feuilles translucides. La forêt s'illumine. Demain arrive l'automne...

Déjà la forêt se mordore. Mes quelques tomates mûrissent. Mes tournesols fanent. Ma fille grandit. Les nuits sont bien fraîches même si les jours qui se succèdent sont d'une beauté inouïe. Le soleil est au rendez-vous. Il fait meilleur qu'en juillet. Ironie des saisons qui délirent. Une constante reste. Avec l'automne débute toujours ce spectacle de la nature dont on ne se lasse pas...

Automnal

Cet été, nous avons investi dans notre futur en sacrifiant des petits bouts de présent. La vie est un chemin plein d'épines! Ainsi nous avons passé l'été dans toutes sortes de travaux. Des travaux d'allure titanesques que nous n'avions point prévu mais auxquels nous avons dû nous résoudre pour le bien de la maison. Un jour, elle sera habitable de bas en haut...

Creuser une tranchée de plus de deux mètres de profondeur pour arriver aux fondations de la maison. Isoler tout le corps extérieur. Creuser encore. Changer le drain. Poser une couche d'isolant puis une membrane imperméable. Murer une porte condamnée. Reboucher la tranchée. L'homme a trimé et trime encore. Dieu merci plusieurs de nos amis nous ont aidé à entrevoir la lumière au bout du tunnel! Par intervalles d'émotions, j'ai subtilement déprimé. Je suis devenue experte en biscuits maison pour hommes en sueur. Le seul point agréable de l'histoire: je me régale de la fermeté retrouvé des biceps de Juan.

Encore deux ou trois fins de semaine et cela devrait être terminé. D'ici que l'hiver ne s'installe l'on devrait être passé au travers. Il aura fallu bien du courage à Juan pour y arriver. Étant moi-même plutôt princesse, les histoires de tranchée, de cisailler le granit à coups de scie, de bétonner ou de me frotter aux vers de terre ne m'enchantent aucunement. Alors je fais des biscuits maison qui ravissent les papilles des bagnards. Juan me manque. D'humeur chagrine, je fais du ménage en solitaire et je m'occupe de mon brin de fille qui jacasse à tout vent et qui m'ensoleille le cœur...

La saison passe et s'efface. Ainsi, l'on aura redonné quelques décennies à cette maison en "pierres de rivière" que nous retapons du toit aux fondations. Un étage est rénové, un autre est à nu. Une maison âgée d'un petit demi-siècle. Presque une antiquité à l'échelle de la forêt qui l'entoure. Un jour viendra où l'on sera fiers d'avoir revampé ces quatre murs qui nous abritent les saisons.

Au quotidien, j'apprivoise un nouveau rythme d'existence. M'zelle Soleil va quatre jours à la garderie. Je prends plaisir à travailler de nouveau. Cela fait beaucoup de bien à mes neurones qui se dérouillent enfin. Cependant, par moments, ma fille me manque intensément. Être maman est un état douloureusement précieux. Difficile de lâcher prise avec ces "années bébé". Années que je laisse derrière moi. Années qui s'archivent en notre mémoire familiale.

Ces années de mamamitude passionnée qui ont façonné la forme présente de mon être. Mais pour la mère comme pour l'enfant, une nouvelle autonomie se dessine. Ce faisant, je redécouvre la femme qui végète en ma chair. Et je lui fais prendre l'air frais de cette nouvelle saison qui nous emporte le cours de nos vies...

Before and after...

Retrouver le "soi" qui s'échappe.

Retrouver le "soi" qui s'échappe.

En âme vagabonde sur un quai désert je regarde pailleter le lac. Les reflets du soleil illuminent mes pupilles sauvages. Le brouhaha humain s'efface complétement. J'aspire le silence divin. Suspendue au dessus de l'eau fraîche, je médite. Le soleil réchauffe ma peau qu'un petit vent rafraichit. L'horizon m'éclaire le visage. Le clapotis des vagues entraine l'air du temps. Mon esprit s'élève dans le bleu du ciel. Transparence. Je vogue en une zénitude réfléchie...

Transparence

vendredi, septembre 18, 2009

Une pensée pour Renée...

Une pensée pour Renée...

Depuis des jours, je laisse trainer les brouillons de billets sans arriver à les déposer ici. Aujourd'hui devait voir le jour d'un billet de type "Chroniques d'enfance"...

Mais ce matin, même si ma M'zelle Soleil fredonne gaiement dans mes jupons, je ne peux m'empêcher de partager une grande tristesse commune à plusieurs acteurs du monde virtuel; celle de la perte de Renée Whatelet. Une perte tragique causée par un meurtre incompréhensible.

"Tuer le nomade c'est tuer la part de rêve où toute la société va puiser son besoin de renouveau." Proverbe tzigane

Je connaissais ses blogues et ses photos depuis plusieurs années et nous communiquions régulièrement via Twitter. Elle était si très gentille avec ma pomme des bois, je sentais bien l'exception en cette femme passionnée. Son mode de vie m'inspirait énormément (vivre au Mexique via le télétravail est certainement l'un de mes fantasmes intimes) souvent je me disais que je devrais m'ouvrir davantage, que j'étais trop sauvage durant nos échanges virtuels. Et puis je me disais aussi que j'avais le temps, rien ne pressait vraiment. Hier encore je pensais à elle avec tendresse tout en me disant que cela serait sympa de lui envoyer un petit mot.

Aujourd'hui, alors que j'apprends cette triste nouvelle par le biais de Twitter, je regrette infiniment de ne pas avoir pris la peine de suivre cet instinct amical que je ressens depuis des mois. Désormais il est trop tard, la belle nomade est partie pour un dernier voyage d'où l'on ne peut plus la joindre. Je ne peux maintenant que verser une larme devant mon écran solitaire et envoyer mes sympathies à tous ses proches et ses amis qui la pleurent en chœur...

mardi, septembre 15, 2009

Brève de lac

Hélico sur lac

Hier soir, je suis allée (à l'autre bout du lac) assister à une réunion municipale. Le sujet du jour était la renaturalisation des bandes riveraines. J'ai donc pris des notes en ma qualité de membre du conseil d'administration de l'association pour la préservation du lac. Hors, en ce qui concerne la revégétalisation de la bande riveraine, idéalement sur une dizaine de mètres, quelques problèmes persistent...

Plusieurs riverains rechignent encore. Certains sont trop agés pour s'en occuper, d'autres ne sont jamais là, d'autres ne sont tout simplement pas intéressés. Mais l'excuse la plus surréaliste que j'ai entendue est certainement celle-ci: "Mais voyons je ne peux pas! Je n'aurai plus de place pour poser mon hélico!" C'est sûr, tout le monde n'a pas les priorités aux mêmes places...

mercredi, septembre 09, 2009

Reconnaissances...

Reconnaissances...

J'habite un endroit privilégié. Privilégié par la beauté de sa nature, privilégié par la paix qui s'en dégage. Une paix terrestre qui vaut tout l'or du monde...

Chateau de sable

L'été, il est vrai que le village (qui tient plus de la bulle de villégiature que du concept de village) est un endroit cossu sous toutes coutures. La moitié du village est composé de chalets d'été, relativement modestes, saisonniers, mais tous assez confortable pour que les propriétaires y déménagent leurs pénates le temps des beaux jours.

Un quart du village est composé de gens aisés, les chalets deviennent alors des villas à saveur nordiques. L'argent coule à flot dans cette partie là du village. C'est la partie jet-set de l'équation. Ceux-là passent l'hiver en Floride et ne vivent point comme le commun des mortels. Ils sont aussi de passage estival. Le dernier quart est composé de ceux qui y vivent à l'année. Car même si les locaux commencent à grignoter le territoire des résidences secondaires, ceux qui vivent au lac à l'année (comme nous depuis presque une décennie) sont encore une minorité...

Sur ma rue, les chalets d'été voisinent les maisons qui sont habités durant les quatre saisons. C'est une rue qui trace sa voie dans la forêt. Une rue en périphérie du centre du village, légèrement reculée, ultra calme. Comme nous habitons à la toute fin de cette rue, aucune voiture ne passe devant chez nous. D'ailleurs, l'on connait toutes les voitures de la rue! Nous sommes dix maisons habitées à l'année. Cela créée une sorte de communauté. Deux jeunes familles (dont nous), quatre couples dont deux retraités, deux veuves, un énergumène (à qui il faudrait que je dédie un billet juste pour le présenter!). Des grands-parents qui voient régulièrement passer leurs petits enfants et un homme particulier avec beaucoup de caractère et un certain charme (sportif, manuel, avec un extraordinaire pouce vert). C'est mon plus proche voisin. Il est souvent en vadrouille ou alors il bichonne son magnifique jardin.

Ma rue est située à quelques minutes à pieds de la grande plage. Mais encore plus près de chez moi se faufilent quelques chemins où je vagabonde librement. Une vaste forêt recouvre les collines qui font le relief de cet endroit légèrement surélevé. Une forêt qui recèle plusieurs bêtes sauvages. Mais à la lisière d'où je vis, peu d'ours ou de loups se baladent au grand jour. Ils tissent cependant ces légendes que les enfants se chuchotent d'une oreille à l'autre. Des légendes parfois revisitées par l'imagination taquine des plus vieux...

Les premières années (avant que l'on achète cette maison-ci), nous vivions dans un petit chalet au milieu de la rue, un chalet d'été transformé pour la cause hivernale (avec l'énergumène comme plus proche voisin!). C'était assez folklo. Disons que, malgré les multiples rénos, j'apprécie le déménagement qui nous place entre le loup des bois, la "jeune" veuve de 80 ans et l'autre famille. J'y ai quand même gagné le citadin infernal qui passe en coup de vent quelques jours par année. Vraiment, il est si terrible (petit mafieux qui se prend pour un roi) que ses passages, aussi courts soient-il, sont toujours pénibles.

Sur ma rue, ceux qui vivent à l'année ne sont ni riches ni pauvres. Ils sont de la classe moyenne. Ils possèdent des budgets d'une grande banalité. Plusieurs se serrent régulièrement la ceinture. Ils ont simplement fait un certain choix de vie qui les dépose en ce petit coin de paix terrestre.

Le village existe depuis une cinquantaine d'année. À l'époque il n'y avait pas encore de route. À l'époque l'on ne parlait même pas de village mais juste de lac. Une ligne de chemin de fer se rendait non loin de la grande plage et un hôtel d'allure chic accueillait les villégiateurs en quête d'authenticité. Puis, petit à petit, les Hommes au teint clair se sont fait des nids dans la nature sauvage. L'homme blanc s'est installé comme il a l'habitude de le faire. Dégâts à l'appui...

Les indiens Hurons appelaient notre lac: "Grand lac des Vents". Aujourd'hui, les indiens ont disparu de l'horizon mais pas les vents. Toujours et encore, le grand lac vit aux rythmes des vents qui le caressent, le bouleversent, le congèlent...

"Sa superficie est de 11,31 kilomètres carrés, il a une circonférence de 22,4 kilomètres et son altitude est de 101,8 mètres (334 pieds) au-dessus du niveau de la mer. Traditionnellement reconnu comme étant le “poumon” de plein air et de récréation de la partie ... de la région métropolitaine de Québec, le lac "sansnom" est un des plus beaux plans d'eau à proximité de Québec. Ses environs immédiats demeurent un secteur privilégié pour la villégiature mais sont relativement fragiles, puisque sujets aux pressions du développement urbain, souvent non contrôlé ou anarchique."

Fin août 2002, Juan s'est cassé le cou en plongeant de la plage. Durant les jours qui ont précédé et qui ont suivi la délicate opération qui l'a remis sur pieds, je me suis demandée si le lac allait détruire tous mes espoirs de bonheur. J'ai eu très peur. Mais finalement l'on en aura tiré qu'une grande leçon de vie...

Parfois je me demande si je ne suis pas un peu amoureuse de cette immensité limpide. J'ai un lac dans le cœur. Depuis que je l'ai rencontré, je ne peux plus m'en séparer.

J'aime tant cette nature liquide qui m'alimente l'esprit d'une nourriture saine et solide! Élever ma fille en son sein est un privilège. C'est aussi pour cette raison que je m'active à préserver ce lac en travaillant bénévolement pour son bien. Un bien collectif que l'on se doit de léguer aux générations futures.

Ce morceau de nature est un petit joyau terrestre. Un espace que l'on se doit de protéger. Tant de personnes prennent encore pour acquis ces endroits qui se font de plus en plus rares à l'échelle de la planète. Au lac, la vie est douce comme de l'eau claire. Malheureusement, certains humains ne voient en cet endroit qu'un terrain de plaisirs où s'ébattre inconsciemment. Ceux-ci ont tendance à me hérisser le chignon. Autant les bontés du lac peuvent me faire oublier la stupidité humaine autant certains villégiateurs me la rappellent amèrement! Parfois je me prends à rêver du temps des Hurons. J'imagine les tipis sur le sable. Je soupçonne les canots d'écorces qui glissent sur l'eau. Il fut un temps où les Hommes vivaient en harmonie avec la nature. Si je me concentre très fort, je peux presque percevoir une ombre fugace glisser dans la forêt triste.

Dernièrement j'ai réalisé que si je ne devais choisir qu'une seule ambition en ma vie de maman ce serait de laisser le bonheur en héritage. Léguer le bonheur en héritage pour que les générations à venir continuent de le faire grandir. En mes utopies internes je me dis: "Peut-être qu'à force de bonheur, le malheur s'estompera assez pour la race humaine s'épanouisse sans mettre en danger la planète et tout anéantir". En ma vision pure du bonheur, il y a la présence de cette nature merveilleuse qui fait naitre en nous ce bien-être divin. Ce bien-être que viennent picorer (butiner?) tous ceux qui possèdent une résidence secondaire en ce lieu béni.

M'zelle Soleil

Mais attention, le bonheur n'est pas si simple qu'il n'y parait! En fait, il peut même se révéler aussi complexe que la tristesse. Car le bonheur n'est pas seulement une carte postale teintée de rose. C'est un état humain tissé d'efforts, de sacrifices et de satisfactions, d'acceptations et de sérénité. Pour atteindre le bonheur il faut souvent peiner. Le bonheur se gagne, peut-être même se mérite-t-il. Je ne sais pas. Mais je sais que ce n'est pas une assiette de plaisirs qui se déguste goulûment. À mon sens, mélanger plaisir et bonheur c'est ne pas faire la différence entre sexe et amour. Mais je m'égare...

Au village, il y a une phrase qui se retrouve sous tous les logos municipaux: "La vie est belle". Cela me fait toujours sourire. Mais c'est vrai qu'ici la vie est belle. Et, c'est certainement un bon endroit où élever des enfants. Un environnement sain qui leur enseigne la paix à l'état naturel.

L'autre jeune famille de la rue possède deux enfants: Raph, huit ans, jolie tête blonde qui deviendra vite une superbe jeune fille et Axou, mignon petit bonhomme qui vient de fêter ses deux ans. Axou, déjà très mâle pour son jeune âge, a développé un petit "crush" sur M'zelle Soleil. Dès qu'il la voit, il s'emballe. Lorsqu'il la regarde, une lueur pétille dans ses yeux noisettes et toutes les occasions sont bonnes pour venir faire un brin de jasette. À son âge les occasions sont rares mais il n'en rate pas une!

La couche aux fesses, il se dandine pour charmer ma fillette qui l'attend avec bonne humeur. Ils bavardent, s'apprivoisent, lancent trois ou quatre cailloux, examinent dix brins d'herbe. Puis, M'zelle Soleil, qui se sent si grande à ses cotés, finit toujours par lui prendre la main pour le raccompagner sur sa pelouse...

Jeux d'enfant

mardi, septembre 08, 2009

Brève de ménage

Après une longue fin de semaine ensoleillée à douce saveur de bagne version rénovations...

Mardi matin. J'attaque le bordel de ma table de bureau. En ce bordel infernal je trouve: un fax à renvoyer, un ticket à payer, une tortue de jardin, un cd de pilates, un cahier d'activités (fait en garderie par M'zelle Soleil), des nouvelles fraiches de l'enfant que l'on parraine, des dizaines de papiers à trier, parcourir, jeter. De la poussière je ramasse en mes paumes. J'astique les zones qui se découvrent. Enfin je traverse le désordre et sous une dernière feuille, des blocs multicolores... Yes! mon portefeuille et...(dans une enveloppe déchirée) un chèque à encaisser qui se glisse dans le portefeuille retrouvé...

vendredi, septembre 04, 2009

Zestes de télétravail

Zestes de télétravail

Je vais chercher M'zelle Soleil à la garderie. J'en profite pour papoter un coup avec sa gardienne. Puis l'on part en voiture pour aller chercher son père au bureau. Comme c'est une vraie bavarde, elle me grille la cervelle sur tout et n'importe quoi. Mais ce jour là, M'zelle Soleil s'interroge plus particulièrement sur mon lieu de travail...

- Mais maman c'est où ton nouveau cravail?
- Dans l'ordinateur ma puce...
- Mais non c'est où que tu cravailles!?!
- Je travaille avec l'ordinateur, tu sais j'écris des textes dans l’ordinateur. Je n’ai pas de bureau comme papa parce-que mon bureau c’est l’ordinateur…


Je vois bien que le concept lui échappe totalement. D'ailleurs elle n'est pas la seule. J'intrigue la plupart de mon voisinage. Cela ne les empêche pas de m'apprécier mais cette incompréhension est une réalité à laquelle je suis souvent confrontée. Je sais que je fais partie d'une certaine marge sociale...

D'ailleurs même parmi mes pairs, j'ai tendance à détonner. Ainsi l'autre jour alors que je suis en réunion via un appel conférence, je réalise vite ma différence. Des sept personnes en ligne, je suis la seule à me faire griller les jambes nues au soleil de ma brousse. Les autres sont tous à Montréal, dans leur bureau ou dans leur voiture. J'entends multiples bruits urbains qui me rappellent la qualité de ma zénitude boisée. L'un des participants se plaint du bruit étourdissant d'un bus qui passe. Tous soupirent. Je souris. De mon coté de la ligne, j'entends chanter les cigales...

Mini Miss

mardi, septembre 01, 2009

En quelques éclaboussures...

Entre deux eaux...

Bluesy

Premier jour de septembre, le soleil brille de plein feux sur un ciel bleu électrique. Pas un seul nuage à l'horizon. L'air est plus frisquet qu'on ne le souhaiterait mais la lumière est vive. Elle ravigote. Les feuilles de la forêt ternissent inexorablement. Cela sent le début d'une nouvelle saison. Ce qui m'entraîne en une douce mélancolie que j'essaie à peine de chasser. Mais il paraît qu'un retour de la chaleur est annoncé. Cela ne peut être que du bonheur en boîte...

Voici maintenant un mois que je me dérouille les neurones de l'autre coté de la Toile. Apprivoiser le principe du grand public est un petit défi pour ma pomme de lac. L'autre jour, une amie de longue date m'a dit:

- Toi t'es comme une lionne sauvage lancée en pleine nature!
- Hummm... C'est peut-être pour cela que j'habite dans la brousse...

Disons que parfois, là-bas, il m'arrive de me sentir un peu comme dans une fosse aux lions. Les arènes sont pleines à craquer. J'entends presque crier les romains en délire! Cependant le coté journalistique de la chose me stimule énormément. Du coup, je me sens un peu aspirée par ce contrat en particulier. Je m'y donne avec cœur et esprit. Et, comme αяf l'a commenté, je dois effectuer entre ici et là-bas un grand écart mental. Mais j'ai l'impression que je manque encore un peu de souplesse. Il va falloir que je me pratique davantage! Par contre, là-bas, à date, cela marche bien, mes supérieurs semblent satisfaits de mon travail. Je commence à m'y sentir plus à l'aise. Mais voilà qu'ici, en mes eaux douces, je me sens muette comme une carpe ...

Eau douce

Je gribouille des idées ou des textes inachevés qui n'arrivent pas à se frayer un chemin en mon jardin de mots. J'accumule en silence mes inspirations virtuelles. L'écriture, empoussiérée par l'abandon, m'appelle. Je lui lance un regard triste en essayant d'étirer le temps peu élastique.

Avec la rentrée scolaire, M'zelle Soleil reprend le chemin de la garderie. Cet automne je devrai l'y envoyer quatre jours si je veux arriver à reprendre les fils de mes concentrations! La quitter est une subtile torture. Je fais mine de rien. J'absorbe mon gouffre intérieur. Je le comble de divers projets. Mais je dois travailler sur moi-même pour ne pas jalouser la gardienne qui passe ces heures avec elle. Heureusement que j'apprécie la qualité de ses services! Respirations profondes. Sans compter qu'avec l'année prochaine se dessine l'idée de la maternelle...

Maintenant que les congés d'été s'achèvent, je réalise à quel point je peux entrer en fusion avec cette enfant qui m'ensoleille (autant que son prénom peut le laisser entendre)! J'aime la voir grandir, sourire, s'épanouir en ce cocon d'enfance que je lui tisse affectueusement. Comme toujours depuis sa naissance je respecte et je m'adapte à son rythme. Par choix, je sacrifie une partie de moi. J'évolue avec M'zelle Soleil et, par la force de la nature, arrivent ces moments où je dois me détacher suffisamment pour ne pas l'asphyxier. Ce faisant je recommence à respirer, presque malgré moi, je retrouve les voies de mon individualité. Je rame un peu. J'assume. Je sue au large de nulle part. J'étais partie loin, si loin au milieu d'un océan maternel...

Maman rescapée sur une île déserte. Nue. Heureuse et tranquille. Réfugiée sur une île constituée d'amour et de magie d'enfance. Allègrement, en cet endroit béni des dieux, je me suis oubliée. Traversant les tempêtes sans broncher. Toujours prête à batailler. Puis comme la nature est bien faite, elle finit par me ramener les jours sur son radeau d'existence. Je suis les vents qui me poussent. Je tends ma voile rafistolée. Mes boucles flottent comme un pavillon libre. Je sens la femme reprendre vie. La maman louve bien installée en ma chair lui taille une place. Les boucles en chignon, elle guide la barque avec attention. L'équilibre entre la femme et la mère se fait plus tangible...

Alors que septembre enclenche les jours qui raccourcissent, je range mon uniforme de "maman plage" en mon tiroir de bijoux souvenirs. Et en attendant que ne reviennent les beaux jours, une image je partage...

Maman plage

EXPRESSION via Expressio.fr
« Muet comme une carpe »

SIGNIFICATION

Complètement silencieux

ORIGINE
Pourquoi est-ce la carpe qui a eu l'insigne honneur de représenter le genre, et ce depuis 1612? C'est d'autant plus étrange qu'on a d'abord utilisé la forme plus logique "muet comme un poisson" (chez Rabelais, par exemple) ! Alain Rey évoque deux possibilités : la première viendrait de Furetière qui aurait écrit, à propos de la carpe, qu'elle n'a pas de langue ; et comme qui n'a pas de langue ne peut parler... La deuxième viendrait simplement du fait que la carpe est un poisson qui sort fréquemment la tête hors de l'eau, la bouche ouverte et qui, par timidité sûrement, ne prononce pourtant jamais un mot. On peut toutefois noter que George Sand n'a pas hésité à utiliser "muet comme une tanche".

EXEMPLE
« (…) Ils étaient tous congestionnés, à demi-morts de soif, - et muets comme des carpes... » Roger Martin du Gard - Les Thibault - Tome VII - 1937