Un papa, une maman, une fillette et Oedipe...
Les samedis matins, il n'est pas rare qu'Oedipe se glisse sous nos draps pour prendre place entre nos deux corps. En effet, chaque câlin que l'on se fait en compagnie de M'zelle Soleil réveille Oedipe en notre maison...
En fait, il suffit que l'on se rapproche amoureusement pour que la minimiss nous saute dans les bras. Elle n'accepte que l'on se câline en sa présence que si elle est coincée entre nous deux! Étonnement, je n'en ressens aucune menace.
Il faut dire que Juan a, depuis le début de l'arrivée d'Oedipe en nos vies (la demoiselle venait à peine de fêter sa première année), toujours mis les choses au clair. Je suis sa femme. Elle est sa fille. Un point c'est tout. Il n'y a pas de tergiversation sur le sujet.
Ceci n'empêche pas la demoiselle de tergiverser, de contester et de régulièrement essayer de lui faire changer d'idée. Cet été, elle me dit par exemple: "Maman, moi z'appelle mon papa sséri parce-que c'est mon mari!". Je l'embrasse tendrement et je lui explique une autre fois, patiemment, que son papa est mon mari et que c'est ainsi.
En ses jeux de fillette, elle l'appelle "mari", toujours elle désire se marier avec lui. Cela reste une idée fixe qui trotte dans sa petite tête. J'avoue que cela fascine la petite fille sans père qui sommeille au fond de ma peau. Est-ce que le destin a réussi à ce que je lui trouve le papa que j'aurais rêvé d'aimer? Est-ce que je suis devenue la maman que j'aurais aimé avoir? Peut-être...
Ce matin, M'zelle Soleil regarde son père avec des étoiles dans les yeux et elle lui dit:
-Viens-t-en mon papa sséri-mari!
Il lève les yeux au ciel. Je souris. Elle poursuit:
- Non mais, est-ce que tu peux être mon mari pour semblant?
- Non, je ne crois pas ma fille, je peux être juste ton papa, un jour tu te trouveras un mari mais cela ne peut pas être moi.
Comme elle ne démord pas, elle insiste. Toujours sur le même ton calme, il lui répond encore une fois:
- Liloo, je suis ton papa, je ne suis pas ton mari. Je suis le mari de maman et je peux juste être le mari d'une seule femme! Ah non! Deux c'est trop dur!!!
Dans mon coin de salon, je me tais et je lui souris. Nos regards se croisent en une même émotion partagée. Une émotion toute conjugale teintée d'amusement parental. Et, à ce moment précis, je ne peux que profondément l'aimer car je sais bien, du fond de mon cœur, que c'est aussi son attitude envers "Oedipe en notre maison" qui fait que je ne ressens aucun malaise devant cet amour si féminin que ma fille éprouve pour lui.
Dans le fond de mes entrailles, je suis contente pour elle, elle vit là l'une de ces sensations banales de petite fille en adoration devant son père. Et pour moi qui n'en ai jamais eu, cela parfait mon bonheur de mère...
Quelques heures plus tard, M'zelle Soleil s'arrête entre deux activités, elle s'approche de Juan et elle lui affirme avec un grand sourire:
- T'es un très bon papa!
L'homme qui est mon mari fond sur place. Je vois son cœur faire de la confiture tandis qu'il dépose un petit bec sur sa joue d'enfant chérie...
C'est un "feel-good billet" idéal pour un dimanche après-midi pluvieux. Merci.
RépondreSupprimerUne larme d'amour pour conclure ton billet... Tellement merci!
RépondreSupprimerQue dire de plus que Merci, de ce texte empreint d'amour...
RépondreSupprimer-xxx-
Merci pour ce magnifique blog. Une amie qui le suis me l'a fait passer en lien. J'ai une adorable ptite Milla qui va avoir 3 ans début nov... et souvent il s'agit de: "il est où mon papa?" dès qu'il disparaît de son champ de vision ( j'en passe des tonnes où lui et moi on en rit, mais des fois ça fait 1 ptit pincement suivant l'humeur).D'autant plus que mon papa à été absent dès l'âge de mes 8 ans et j'ai une relation très difficile avec ma maman... j'écoute mon coeur pour éviter de tracer des erreurs des parcours délicats. je suis si heureuse dans cette nouvelle vie de famille et de maman (rôle dont je me suis longtemps pensé incapable). Grandes salutations de Suisse et merci pour cette douceur...
RépondreSupprimerVraiment, je lis tout cela avec étonnement. Non pas que l'Oedipe soit nouveau, mais je constate avec plus d'acuité qu'il ne s'est jamais pointé en ma maison dans le passé. Ou alors, sous forme d'Oedipe féminin.
RépondreSupprimerJolie histoire :)
RépondreSupprimerWahou!!
RépondreSupprimerJ'ai connu ces moments où Oedipe se triplait (oui, j'en ai 3). Ils nous avaient fallu à l'époque investir dans un lit plus grand. :)
RépondreSupprimerbonjour, je suis comme Morgane, très étonnée. Votre texte est très beau, mais malgré tout, et sans méchanceté aucune, je trouve un peu trop prononçé votre façon de voir ce problème. Sans doute que ça s'explique dans votre propre enfance...
RépondreSupprimerMais j'adore votre blog et suis en admiration devant votre petite fille.
Ca me fait penser que la nôtre ne montre pas signe d'Oedipe du tout. Dois-je m'en inquiéter ? J'en sais rien. Mais ça ne change rien au bonheur des câlins familiaux !
RépondreSupprimerMerci de ces mots teintés d'amour.
Pierre Yves, merci à toi :)
RépondreSupprimerVéro, une larme qui touche mon coeur. Merci..
Àme tourmentée, merci d'apprécier mes mots et de m'en laisser un petit signe de vie. :)
Alexia, merci beaucoup de cette visite recommandée et de ce témoignage. Ta petite a presque un an pile poil de différence avec la mienne qui est du 10 nov, j'ai moi aussi une relation compliquée avec ma mère... Être maman est je trouve la plus belle aventure humaine mais ce n'est certainement pas toujours facile...
Morgane, pour les garçons parait que cela se passe avec la mère... Parfois je me dis d'ailleurs que j'aimerais bien un petit garçon pour connaitre une telle adoration! :lol: En fait pour Lily-Soleil, cela a commencé très jeune. Elle devait avoir autour d'un an lorsqu'elle a commencé à démontrer des signes de mécontentements lorsque Juan me câlinait. Sur le coup, il était un peu déstabilisé. Alors j'ai fait pas mal de recherche sur le sujet afin de mieux comprendre le truc, c'est ainsi que l'on a tous les deux mis en place notre plan d'action! ;)
Mais vraiment elle peut être intense, hier encore elle a voulu m'expliquer que son papa était aussi son mari! :lol: Faut dire que je la comprends aussi, comment ne pas l'aimer! ;) D'après ce que j'ai lu, c'est un complexe assez banal mais j'imagine qu'il n'est pas non plus obligatoire...
Blandine, ta puce n'en montre pas de signe?
François et fier de l'être! :D Contente de te voir passer...
Arf, :lol: j'imagine alors que tu es adulé... L'homme par exemple sait qu'il ne va trouver dur lorsqu'elle en aimera d'autre, il craint que cela ne lui brise le coeur!
Bonjour zell, en fait comme c'est un complexe qui me fascine, surement parce-que je n'en ai rien vécu, il m'est facile de le mettre en mots. Ce blogue est à la source un laboratoire d'écriture! ;) Merci de ce commentaire qui me permet de faire connaissance avec vous! :) Je trouve toujours plaisant de rencontrer virtuellement ceux qui passent par mes mots partagés...
Anne, je ne crois pas que tu aies à t'en inquiéter, c'est assez banal d'après ce que j'en lis mais j'imagine que cela n'est pas obligatoire non plus... Merci de ce signe de vie, justement je suis passée chez toi plusieurs fois ces derniers temps en silence en me disant qu'il faudrait bien que je te laisse une petite trace de mon passage en ton blogue! ;)
Je viens souvent, c'est juste que je n'ai pas toujours de jolies choses à dire en écho à tes billets si beaux !
RépondreSupprimerJe connaissais tes photos, mais je viens de découvrir le texte qui vient avec la petite qui vole... Merci, c'est magnifique. Œdipe ici va dans l'autre sens (vers la mère), mais je l'envie parfois. Je sais désormais pourquoi.
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