dimanche, décembre 31, 2006

Expression et soupçon de papillon

En cette période des fêtes, j'ai pris congé de mon ordinateur. Consciemment déconnectée, j'ai apprécié la texture des heures en bonne compagnie. J’ai savouré avec bonheur ces moments rares d’humanité en liesse. J'ai absorbé la féerie des paysages joliment enneigés. Et malgré un bébé enrhumé qui nous a embarqué dans un joyeux festival de morve, c’est avec joie que je verrai se fracasser cette difficile année. 34 ans d'existence avec ce nouveau jour de l'an. Dieu que les années me passent sur le dos! Il m'aura fallu des mois pour passer de larve à chrysalide, mais à force d'efforts continus, je sens désormais frétiller sous ma peau ce petit papillon qui me redorera le sourire…

Une dernière expression pour cette année 2006 qui vit naître en ce petit coin de mots cette petite habitude virtuelle. Une petite façon de jouer avec les sens de la langue qui se poursuivra l'année prochaine...

EXPRESSION
« Brûler la chandelle par les deux bouts »

SIGNIFICATION
Gaspiller, dépenser de toutes les façons possibles. Vivre sa vie de manière très intense, sans se préoccuper des risques (sur la santé ou le compte en banque, par exemple). Se dépenser, se fatiguer excessivement.

ORIGINE
Cette expression est attestée dès le XVIe siècle. Pour bien comprendre la notion de gaspillage éhonté qui lui est associé, il faut remonter à cette époque où l'éclairage était procuré par des chandelles, objets plus ou moins luxueux selon qu'ils étaient constitués de suif ou de cire, mais toujours coûteux pour les maisons modestes (on se reportera d'ailleurs aussi à l'expression "le jeu n'en vaut pas la chandelle"). Il fallait donc n'utiliser ces bâtons de lumière que quand c'était vraiment nécessaire, avec parcimonie, et penser à les souffler ou les moucher dès qu'il n'y en avait plus besoin. Celui qui avait l'idée stupide d'allumer une chandelle par les deux bouts gaspillait ce précieux objet puisqu'il fondait deux fois plus vite, pour un gain en lumière négligeable.

COMPLEMENTS
La bougie tire son nom de la ville du même nom, dans le nord de l'Algérie (Béjaia, maintenant). Il s'agissait d'une chandelle fabriquée avec une cire de grande qualité et qui commença à être importée en France à partir du XIVe siècle. Il s'agissait alors d'un produit de luxe.

vendredi, décembre 29, 2006

En coup de blanc...

En coup de blanc...

WinterWinter-II

Quelques jours de pause virtuelle pour la période des fêtes, de retour d'ici la fin de l'année. En attendant d'autres mots, quelques images de neige bien fraîche...

White-world-I

lundi, décembre 25, 2006

Il est vrai

Rencontre avec une icône de saison et voeux soufflés

I've-met-Santa

Dans un grand magasin de jouets, du coté des peluches, Lily-Soleil s’émerveille. Je la prends par la main et je lève la tête pour apercevoir du coin de l'oeil l’antre du Père-Noël. La petite fille en moi se réveille. L’on entre par la petite porte dans un autre royaume de peluches, là, je découvre le vieil homme à la barbe blanche, seul devant son bureau de bois, en train d’écrire dans un épais grimoire. Il est habillé de ses plus belles parures, il nous sourit avec une douceur de neige. La petite ouvre grand les yeux sans rien n’y comprendre.

Il me demande doucement son nom qu’il inscrit de sa plume entre ses pages. Ses yeux brillent de bonté, sa barbe de poils laiteux est on ne peut plus vraie, la petite fille en moi est aux anges. Jamais je n’avais rencontré un aussi beau Père-Noël. Nous sommes seuls, écartés du brouhaha des fêtes, il est magnifique. À le voir ainsi, je m’attends presque à voir débarquer un lutin enchanté. La petite sur ma hanche écarquille ses grands yeux bleus. Il me demande son âge :

- Elle a 13 mois…
- Ah! C’est un âge assez critique…

Sans que l’on ait besoin d’échanger en de longues phrases, je comprends vite son point. Trop grande pour se laisser faire, trop petite pour assimiler le concept! Lily-Soleil regarde le vieux monsieur sans trop savoir sur quel pied danser. Je cherche des yeux Juan égaré. Ne le voyant point venir, je me lance et dépose délicatement la petite sur un genou de cet incroyable Père Noël, elle se tortille en grimaçant. Elle me tend les bras, prête à se rebeller, je la reprends avant qu’elle ne se fâche...

Lily-fuit-le-père-Noël

Juan nous retrouve enfin. Il salue le Père Noël. Aux cotés de son père, Lily-Soleil étudie la situation avec circonspection. L'on discute deux minutes. Cependant, ne voulant point briser la magie de l'instant, l'on s'efface poliment. C’est avec un petit regret que je quitte ce vieil homme tranquille qui réveille si vivement mon imaginaire…

D'ailleurs, pour les enfants, n'est-ce pas là que réside toute la magie de Noël? Dans l'imaginaire? Dans l'idée magique d'un monde merveilleux qui existe en parrallèle du nôtre? Dans un monde qui sublime l'instant de quelques lumières féeriques tout en nous incitant à être meilleur? À ressentir la paix et l'amour en son coeur. À souhaiter que disparaisse les soufrances, les solitudes et que le bonheur rayonne partout dans le monde...

Par ma fenêtre des flocons de neige allègent l'atmosphère blafarde. Ils ne font pas légion mais sont bien mignons en cette veille de fête. Ils m'arrachent un sourire matinal. J'attrape au vol un zeste de magie de Noël, je l'inspire et le dépose en mes meilleurs voeux que je vous souffle en ces quelques mots:

Que les pensées des enfants soient douces,
Que la misère s'éclaire de quelques sourires,
Que l'espoir brille dans le coeur des plus démunis,
Que le cynisme des adultes s'étiole quelques secondes.

À vous qui lisez ces quelques mots,
Que cette période des fêtes vous soit belle
et remplie de moments agréables.

JOYEUX NOËL 2006

dimanche, décembre 24, 2006

have yourself a merry little christmas

N'ayant pas trouvé la version de Nat King Cole, et comme la version de Christina Aguilera me tape sur les nerfs voici une autre version antique de cette chanson de saison qui me met toujours du baume au coeur...


Judy Garland - Have yourself a merry little christmas

samedi, décembre 23, 2006

Petit matin

Petit matin de lendemain de veille..

En ville pour le magasinage des fêtes, la petite chez sa grand-mère, le mauvais temps nous pousse à rester chez nos amis pour la nuit. Dieu que je deviens trop vieille pour camper! J'ai le dos qui grince douloureusement. J'avoue que je rêve du jour où nous aurons tous une chambre d'amis, une chambre dédiée à cet effet. Pas de grasse matinée pour ma pomme rouillée. Tout le monde dort encore...

Hier, une jolie carte de mon amie Candy me rappelle mes prochains 34 ans! Shoot, j'avais presque oublié! Il m'aura fallu quelques secondes pour comprendre l'allusion. Sur le coup je pense à l'anniversaire de la petite et je me dis: "Mais, elle est dans les patates ma douce, c'était le mois dernier et puis elle lui a déjà souhaité sa fête!!!" Pas douée la mère qui se souvient quand même avant que la minute ne se passe que c'est de son anniversaire que l'on parle!!!

Hé, oui comme à chaque nouvel an, un nouveau numéro à mon âge, je vieillis toujours un coup avec l'année qui commence. Et plus les années passent et moins j'ai envie de m'en rappeler! J'utilise donc ce fait dont je me plaignais plus jeune: L'occasion de la période des fêtes pour y noyer mon anniversaire. La vie est souvent bien ironique dans ses petits rouages...

Comme tout le monde dort, j'en profite pour utiliser le petit mac de ma copine, moi qui suis habituée à mon PC, je cours après les touches, je trébuche sur les majuscules, je perds les accents dans la brume, c'est la pagaille. Mes doigts sur le clavier dérapent. Mes pensées divaguent. J'écoute grouiller les voisins au dessus de ma tête. Juan est en vacances pour la première fois depuis des lustres, pour la première fois depuis que je suis revenue à la vie, nous allons pouvoir profiter d'être une famille à temps plein. C'est une nouvelle expérience que cette dynamique familiale qui s'installe entre nous trois. Pour avoir toujours vécu en marge de ce modèle nucléaire, moi qui suis de la première vague des enfants du divorce, j'en savoure désormais les minutes avec douceur. Je ne veux rien prendre pour acquis de peur de tout perdre. Je veux juste comprendre et travailler à cet équilibre fragile. Dans le monde actuel, les relations prennent souvent forme de papiers mouchoirs alors que je rêve à des tissus solides. Juan est ma chance, mon ange, plus les années passent et plus mes sentiments à son égards se renforcent, s'accentuent, grandissent. Malgré ses défauts et les miens, malgré la banalité de la vie qui parfois écrase les fourmis que nous sommes. Il reste en nous ces étincelles de passion éclatante et ce bien-être émotionnel à peine perturbé par les obstacles du quotidien. Un jour, il faudra que je mette notre histoire sur papier, simple témoignage de l'amour partagé, évangile d'amants. Un jour, lorsque je serais très vieille...

Ce matin, une couche verglacante recouvre la rue terne, je jette un oeil derrière les rideaux, encore l'hiver qui fait des siennes! Un bon petit froid qui nous givrer les idées en cet étrange Noël. D'ailleurs il va bientôt falloir que je réveille l'homme! Nos deux amis roupillent du sommeil du juste, habitués à veiller et à engraisser les matinées de fin de semaine. De mon coté, je contemple la "maigritude" de ce petit matin en me disant qu'il faudra bien que je boive un ou deux cafés pour compenser le manque de sommeil qui alourdit mes paupières et pour survivre à ma journée! Récupérer bébé, gazouiller avec les copains et passer au travers la dernière phase de magasinage en arpentant St-Jean. Ne rien oublier avant que n'embarque la ronde des soirées et des sorties qui marqueront la fin de 2006. Préparer ma carte de voeux en attente dans les limbes. Dormir un peu. Et me laisser couler tendrement dans l'ambiance des fêtes...

mercredi, décembre 20, 2006

Cercle vicieux

EXPRESSION
« Cercle vicieux »

SIGNIFICATION
Situation à la fois compliquée, dangereuse et inextricable car on a du mal à s'en sortir.

ORIGINE
Le vice, ici, ne désigne pas un défaut (tout le monde sait que les cercles ne sont pas naturellement vicieux, sauf s'ils ont été mal éduqués) mais un danger réel. Cette locution serait une image liée à la situation mauvaise (vicieuse) dans laquelle on est enfermé, comme dans un cercle dans lequel on ne peut que tourner en rond.

À la recherche de l’hiver

À la recherche de l’hiver

Ice-LandIce-CoverLand-of-IceIced-WorldChanelle-sur-glace
Water CircleChanelle-on-iceIced-RockIcedChanelle-sur-glace-II

Cette année, l’hiver semble fragile. Même s’il est arrivé avec force, tempête, coupure d’électricité et tout le tralala, il n’a pas résisté à ces étranges phénomènes qui sévissent partout sur la planète. Des phénomènes plus ou moins reconnus, de plus en plus étudiés, qui se déclinent sous l'idée confuse de "changements climatiques". Car changements il y a, même si cela reste confus, la récurrence des phénomènes en maintes variantes est de plus en plus effrayante.

Il y a 20 ans, on y pensait à peine, le sida débutait ses ravages et la planète n’était pas la priorité des soucis, tout tournait autour de l’humanité. Il y avait un début de considération pour les animaux et les théories diverses sur l’extinction des espèces ne passaient point inaperçues, mais l’idée du réchauffement climatique faisait sourire. La plupart en riaient. Moi même, je n’y croyais pas vraiment et même si cela arrivait, était-ce si grave? Il ferait plus chaud au Canada. Et alors, cela ne pouvait qu’en être plus confortable…

De nos jours, la météo est devenue une actualité comme une autre. Durant les cinq dernières années les problèmes climatiques sont de plus en plus mis de l’avant. Les saisons deviennent folles. Le grand Nord fond à vue d'oeil. L'on dirait même cela s’accélère année après année. Il est de plus en plus difficile de faire l’autruche. Maintenant les hivers sont de plus en plus doux, ceci devient une réalité, des dix dernières années, sept hivers se situèrent au dessus des normales saisonnières.

Ce mois-ci le phénomène est flagrant, étonnant, presque déstabilisant. Finalement, je le ne trouve pas si confortable que je l’aurais cru. Physiquement, je ne peux nier que c’est agréable. L’on a moins besoin de s’habiller de maintes couches superposées. L’on n’a pas l’impression d’ouvrir un congélateur géant à chaque fois que l’on ouvre sa porte. L’air ne pince pas, la peau ne se rétracte pas dès que l’on sort. D’un autre coté, la grisaille qui enrobe cette nouvelle douceur est d’un ennui mortel! La beauté de l’hiver québécois, à mon sens, c’est aussi le soleil. La lumière qui éclabousse la vue, vive lumière qui irise la neige et le gel. L’hiver, les journées sont courtes mais elles sont pleines de soleil. Et puis, il y a cette inquiétude diffuse qui naît de ces « anomalies » météorologiques, une sensation de subtil malaise...

Depuis des semaines, les températures s’élèvent joyeusement au dessus du point de congélation. Le Sud du Québec connaîtra un noël vert, plutôt inhabituel, une partie de la population se questionne. Et si cela devenait une normalité? Plus de grands froids, beaucoup moins de neige, quel pays deviendrait le Québec? Je ne peux m’empêcher de me demander à quoi ressemble l’envers de cette médaille, inondations, tempêtes, sécheresse? Au village, il reste encore une couche de neige d’une dizaine de centimètres qui habille le paysage, une couche devenue croûte de givre. Chez nous, Noël sera un petit peu blanc et très gelé.

Une soirée dans la ville de Québec illuminée mais non enneigée, l’on se balade à plusieurs sur une rue tranquille, la nuit est douce, l'on est normalement habillé. L’un dit :

- Man, on est quand même bien, il fait vraiment bon…
- Bizarre quand même, rétorque son voisin
- Ouais, mais on dirait pas le Vrai Hiver, c'est quand même plate, réplique une autre, et si dans le futur, il n'y avait plus de vrai hiver...

La conversation dévie un instant sur le temps sur le sujet, souvenirs d'enfance hivernale qui surgissent, instants d’incompréhensions partagés qui se dissipent malicieusement dans la nuit. Les jours passent. Dans mes courriels, une demande de ce site pour cette photo-ci. Un site qui se préoccupe des changements qui s’opèrent un peu partout dans le monde. Un site comme il en pleut de plus en plus un peu sur la Toile. Vidéos, articles, débats, scientifiques, politiques, beaucoup se penchent sur le sujet en question.

Où s’en va le véritable hiver, celui des anciens, celui qui fait l’essence du pays? Celui qui frigorifie, celui qui enveloppe le paysage d’un épais manteau de neige? Depuis deux jours les températures sont retombées sous zéro. Lundi dernier, le jour s’est levé à plus un degré, hier, il oscillait autour de -10 degrés, une belle dégringolade de saison. Mais les météorologues annoncent d’autres redoux et très peu de neige. En bref, aucune vague de froid à l’horizon. Hier, le soleil a percé des ouvertures dans la carapace grise du ciel. Il a accompagné le refroidissement ambiant de sa lumière perçante. Ce matin, point de rosée à -15, le voile gris monotone est de retour, les températures devraient remonter durant la journée, l’on espère cependant de la neige dans l’après-midi.

Lundi, je suis partie à la recherche de l’hiver. Dans une atmosphère humide et fondante, j’ai décidé d’aller écouter battre le cœur de la saison. Vérifier qu’il était encore bien vivant, histoire de me rassurer. J’ai pris un sentier oublié, parsemé de résidences abandonnées jusqu'au prochain été. Chanelle sur les talons, je suis descendue voir le lac et, en son sein, j’ai retrouvé l’hiver. Le lac prisonnier des griffes de la saison, transformé en une immense plaque de glace traître et glissante, m’a offert quelques frissons.

Dans la douceur du jour, le lac gelé vibre d’hiver. Au royaume des glaces, le silence est maître des lieux. La saison enserre de sa poigne glaciale la nature à mes pieds. J’écoute palpiter l’hiver qui gémit sans un bruit…

Sous-la-glace

mardi, décembre 19, 2006

dimanche, décembre 17, 2006

Soleil, Lune et Étoile…

Soleil, Lune et Étoile…

Julie me dit :

- Mon amie dont je te parlais, elle a accouché la semaine dernière.
- Oh! Et ils l’ont appelé comment?
- Marie-Lune, on a pensé à vous, maintenant on a dans notre entourage une petite Lily-Soleil et une mini Marie Lune. Du coup on s’est dit avec Gab que si on avait un fils on pourrait aller pour Etienne-Etoile!
- Ah! Mais justement, nous aussi on avait une variante du même concept!!!

J’interpelle Juan qui papote avec Alex :

- Dis c’était quoi ton prénom avec Étoile?
- Hein?
- Ben, oui, tsé, l’amie de Julie a accouché, finalement ils ont appelé la petite Marie-Lune, du coup avec Gab, ils ont pensé Étienne-Étoile, c’était quoi encore ton idée?
- Ah! Charles-Étoile!!!

L’on rit. De notre coté l’anecdote remonte à l’un de ces jours où je m’étais dit : « Tiens Lila-Lune pour une fille c’est joli » L’homme avait failli s’étouffer dans sa barbe et du tac au tac m’avait répondu : « Ben oui et puis si c’est un garçon on n’a qu’à l’appeler Charles-Etoile!!! » à son grand désarroi, j’ai trouvé l’idée excellente!!! Il m’a fusillé du regard et c’est depuis devenu l’une de nos plaisanteries intime. N’empêche que je ne peux m’empêcher de trouver cela joli. Okay, Etoile pour un garçon c’est un peu féminin mais Charles c’est super viril, alors cela équilibre non?!? Gab et Julie s’accordent pour préférer notre variante! L’on part fouetter d’autres chats…

Le soir entamé, en rentrant dans notre cambrousse, la petite endormie à l’arrière, l’on en rediscute deux minutes. L’on en revient toujours à la même conclusion: S’il y a bien une contrée où l’on pouvait prénommer une petite fille Lily-Soleil, c’était au Québec! L’ouverture y est plutôt extraordinaire et il est bien rare que les gens n’aient pas un mot gentil à dire sur le prénom de notre petite chipette qui sans passer inaperçu est bien loin de choquer.

D'hier à demain

D'hier à demain

La semaine dernière nous sommes allés dans un party comme avant. Comme la vie était avant de devenir parent. Party enfumé, à saveur d’intello plus ou moins imbibé, et de fumette joyeuse. L’atmosphère grise m’a piquée les yeux. Causeries éparpillées. Je me suis amusée. Je me suis reposée. Ne pas me sentir parent, juste me laisser voguer dans le temps, je me suis rappelée avant. Au fil de la nuit, j’ai retrouvé des petits bouts de moi atrophiés par ma maternité. Sensations de présent reconstitué.

Hier nous avons passé la journée avec amis et bébé. Mon amie Kay, attachée à la présence de Lily organise un « party baby-friendly », une occasion de se retrouver comme avant mais avec le bébé en plus. Les conversations tournent autour de la table garnie de victuailles. Simple et charmant, le bonheur de partager des petits bouts de vie. Des amis proches, non parents, que l’on ne voit pas souvent. La petite qui charme de sa bouille enfantine et qui installe une nouvelle dynamique au sein de notre petit groupe. Sensations de futur esquissé.

samedi, décembre 16, 2006

...

Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.
Guillaume le Taciturne

En littérature, le vrai prodige n'est pas celui qui commence mais celui qui persévère.
Michèle Mailhot

Il faut faire sauter ce qui se fige, ce qui pèse et qui s'installe. Perséverer dans la percée. Ne pas craindre le chagrin d'une ébréchure. Renverser père et mère pour le bonheur d'une ascension.
Martine Le Coz

P'tit bout de chou

P'tit bout de femme

Son petit minois aux allures mutines m’illumine le coeur. Même si commencent les disciplines, derrière mes efforts se cachent ses sourires. Son équilibre et son bien-être sont ma responsabilité, malgré les énigmes, ma "parentitude" s'affirme. J’apprends à déchiffrer sa personnalité au fil des jours qui la découvre et je réalise à quel point c’est une sacrée p’tite fille! J'ai l'impression que l'on va s'amuser d'ici 15 ans!

Depuis sa naissance, j’ai toujours eu la subtile impression que cet enfant assumait mal sa condition de bébé. Je persiste et je signe. À toujours vouloir aller plus vite que la musique, se lever, marcher, danser, agripper, blablater, chanter, jouer, cet enfant est un véritable tourbillon de vie...

Petit-bout-de-femmeBout-de-femme

Une fin de semaine qui débute avec quelques rayons de soleil. Après ces derniers jours qui dégoulinèrent dans une atmosphère de brume fantomatique, voir revenir la lumière divine est un petit bonheur. Tout comme celui de passer deux jours ensemble, lui, elle et moi. Le plaisir de le voir plus de deux heures par jour, le plaisir de la voir avec lui. Balancer le couple au rythme de notre petite chipette. Apprécier un petit brunch entre amis. S'aimer au creux de la nuit. Juste l'apprentissage de la vie qui se poursuit. La vie telle qu'on se la fait...

vendredi, décembre 15, 2006

De l'intérieur

...

Toute vie possède son lot d’amertumes. L’amertume est acide, nocive, elle transperce le coeur. C’est un dangereux poison. Lorsque la vie nous offre une flasque de cet élixir, mieux vaut ne pas dévisser le bouchon qui libère les effluves toxiques.

Dans une armoire fermée, sur une étagère invisible, j’ai déposé une collection de flasques pleines, translucides, aux couleurs chatoyantes. Parfois la tentation est trop forte et je ne résiste pas à en humer une. À chaque fois le même recul. La même réalisation que les meilleurs arômes que la vie peut offrir sont ailleurs. Dans une autre armoire, sur d’autres étagères…

Dans un autre recoin de mon intérieur, un lourd bahut abrite des dizaines d’étagères bourrées de papiers, de boites et de flacons transparents. Je m’approche l’âme de ces flacons pour y respirer leurs petits bonheurs. Il y flotte des charmes et des sourires, des paysages, des paroles, des instants joyeux, des sensations précieuses, des émotions lumineuses, des rêves. C’est là que je me réfugie après chaque bouffée d’amertume…

Humeur video du jour

Humeur video du jour

Baraka, mon humeur du jour se cache en ce film vu et revu des dizaines de fois sans jamais m'en lasser. Poésie visuelle (terrienne) composée d’images et de musiques, un pur délice

Un film qui fait du bien autant qu’il peut faire mal. Un film qui appelle à la réflexion. Un film qui m’a à jamais coupé l’envie de manger des ailes de poulet!!! Je ne suis pas végétarienne pour deux sous mais j’ai quand même des limites de conscience! J’ai trouvé plusieurs extraits à (dé)partager, difficile de choisir, j’ai longuement hésité là et là aussi. Finalement la balance a penché vers cet extrait ci-dessous, en attendant le prochain qui se faufilera par là...


Bouder du derrière

Bouder des fesses ou fesses de Bouddha?

Comment pourrais-je me permettre d’être cynique avec la vie que je mène? Il y a tant de misères plus grandes que les miennes sur Terre. M’en plaindre serait un trop grand affront pour tous ceux qui se débattent ailleurs dans le monde. Je me dois de réaliser mes chances et privilèges en honneur à ceux qui ont une existence plus âpre. Ma vie n’est pas parfaite, elle ne l’est pour personne. J'ai toutes sortes de défauts que je me dois de polir pour mieux vivre. N'est-ce pas ce qui fait la profondeur de mon humanité? Mais qu’est-ce que l’humanité? Est-elle bonne ou mauvaise? En son sein s'ébrouent les meilleurs et les médiocres. Est-ce que le meilleur se trouve en un juste équilibre entre noirceur et lumière? Qu'est-ce qui fait notre humanité? Les compassions ou les destructions? Qu'est-ce qu'être humain? Est-ce juste la plus dangereuse des conditions animales?

Comment pourrais-je me permettre d’être sarcastique alors que je vis entre paix et ciel? Lovée au creux d’un grand lac, aimée par un bel homme, abritée sous un toit bien chaud avec à mes cotés un enfant en santé? Coté finances, je suis une pauvrette dans un monde riche, ce n’est pas la fin du monde, même si c'est pas toujours facile. Car, si l'on compare à d'autres coins de la planète, je savoure bien des luxes. Bien-sur je vis des frustrations, des peines, des angoisses, des échecs, des désespoirs et alors? On ne va pas en faire une montagne non plus! J’aime l’optique de transcender le mal. J’ai des batailles qui m’entaillent mais est-ce que la vie n’est pas toujours plus ou moins un combat? N’est-ce pas le cas pour tout le monde?

Cette vogue qui fait rage par les temps qui courent me déprime les fesses. C’est plus fort que moi, dès que j’y pense trop fort, j’ai les fesses qui font la gueule...

jeudi, décembre 14, 2006

Ainsi va la vie...

Ainsi va la vie...

Je feuillette le nouveau Elle-Quebec. Élisapie y est en couverture comment résister? En m'y plongeant les idées, je me remémore ces autres facettes de ma vie...

Depuis ce jour gris où je l’ai rencontrée pour une entrevue (à l’occasion de la sortie du premier disque de Taima), Élisapie est restée ancrée dans mes sens. Je l’ai vue et entrevue plusieurs fois en concert. À chaque fois que je l’ai croisée sa gentillesse m’a touchée. J’ai même un court instant pensé appeler mon bébé de son prénom, si différent des autres. J’ai admiré sa grâce sauvage de gazelle polaire. Sans le savoir, elle m’a un peu envoutée…

La dernière fois que je l’ai croisée, c’était ce soir là (pour un autre article), après une petite jasette, elle frotta amicalement mon bedon bourgeonnant. Lorsqu’elle eut tâtonné mon énorme ventre (je me suis dit que cela ne pouvait que porter chance au bébé), elle m’a demandé comment nous allions l’appeler, j'ai mentionné Lily, elle m’a sourit tout en me confiant que Lili était son prénom favori. Je m’en souviens comme si c’était hier. Et pourtant il me semble aussi que c’était il y a une éternité…

En regardant ses photos, elle me semble changée sans que je n’arrive à mettre le doigt sur ce qui me donne cette subtile impression. Je dévore l’article pour m’arrêter net. Élisapie a eu cette année un bébé avec son conjoint le comédien Patrice Robitaille! En mai dernier, elle est devenue mère d’une petite Lili-Alacie. Presque émue je suis, bienheureuse pour elle, en silence, du bout de mon coeur, je lui souffle une pensée de bonheur. Félicitations Élisapie...

Pour mieux s'imprégner du grand Nord et de ses réalités. Visionnez en ligne son film "Si le temps le permet", par ici...

Petit astre et influences

Petit astre d'existence et influences...

La petite vient de s’endormir. Je marche sur la pointe des pieds jusqu’au salon. Le téléphone sonne, je sursaute et parcourt la pièce de mon regard le plus acéré. J’accroche le téléphone et me précipite sur le combiné :

- Allo?
- Allo Etolane?
- Heu oui…

Je ne reconnais pas du tout la voix de cette dame qui semble d'un coup gênée. Elle enchaine

- Mon nom est France
- France….

Je ne connais pas de France au réel, j’en connais juste une au virtuel, je me demande si au fil de nos échanges de courriels l’on se serait échangées nos téléphones. La dame vibre de gentillesse, sans me brusquer, elle poursuit…

- L’on s’est rencontré au lac cet été, je suis une amie de Michelle…
- Heu, cet été, au lac???

C’est que je ne connais pas vraiment de Michelle et que d'une façon générale, j’en rencontre pas mal de personnes au lac l'été! C’est un des paradoxes de mon existence, je suis une hermite sociale. Mais ça c’est une autre histoire! J’en reviens à la dame que je ne situe absolument pas. Elle pressent :

- Tu ne me replaces pas ?
- Heu, non, en fait, je vois pas…
- J’avais un petit garçon, on était sur la plage avec mon chum et j’avais un bébé, une petite fille…

D’un coup, la fumée de ma mémoire s’éclaircit, je vois une petite étoile qui scintille, je l'attrape au vol.

- Une petite Gaia???
- Oui c’est ma petite fille

Elle rit et dit :

- C’est drôle, on se reconnaît avec les prénoms de nos enfants…

Dans ma tête, la lumière se fait, tout devient net, je sais qui est cette dame qui m’appelle, dame rencontrée un jour d’été et de soleil.

- Tu me replaces là?
- Heu, oui tout à fait! Avec un petit garçon et Michelle, l’amie de Julie, oui, je vois bien

L’amie de l’amie de mon amie donc! Julie, mon amie qui finit son bac de philo et vend des bijoux Place d’Youville l’été. Julie, jeune épouse de Gab (qui m’inspira Fa devenue nouvelle de papier), musicien et philosophe. Gab et Julie se sont rencontrés entre deux cours, tous les deux ont maîtrisé l’art de faire des bijoux artisanaux lors d’un périple d’un an en Amérique du Sud. Julie, qui, durant l'une de ses visites au lac, a rencontrée Michelle, une habituée de la plage que je connaissais de loin. Elle nous a présenté l’une à l’autre, puis par la suite nous nous sommes saluées à chaque fois que l’on s'est croisée.

Cet après-midi d'été comme un autre, l’on se rencontre sur la sable, elle me présente France qui m’appelle aujourd’hui. Trois degrés de séparation. Qui connaît le fameux concept des six degrés de séparation? Un concept qui souvent me fait voguer l’imaginaire. Mais je m’égare encore. Pourquoi donc France m’appelle donc aujourd'hui? Je la sens hésitante, elle se lance :

Petit-crabeBaby-Toes-HDRBirdAbstract-thoughtsWind-Mohawk

- Alors voilà, on a créée avec mon chum une petite entreprise de vêtements pour enfants et on voulait lui donner le nom de notre fille mais lorsqu’est venu le moment de choisir, Lily-Soleil nous est resté en tête, c’était trop beau, cela "fittait" trop bien alors finalement on a décider d'appeler notre entreprise Lily-Soleil, c’est officiel et on voulait te remercier de nous avoir inspirés et envoyer un petit colis à Lily-Soleil pour Noël…

Je reste bouche bée derrière mon combiné! Une vague d’émotions me réchauffe toute entière. Je ne sais que dire! Je bafouille un peu sans trop savoir quoi répondre. France m’explique qu’il ont gardé Lily-Soleil dans leurs idées, qu’elle était si jolie. Je réponds un peu sur le pilote automatique, je m’ouvre à ce fil qui me déstabilise un peu. Je me souviens que nous avions parlé de ma grossesse et de mes déboires, c’est l’une des rares mères avec qui j’ai échangé depuis la naissance de Lily. Sinon, je ne connais que des mères virtuelles. Au réel, toutes mes amies ne sont encore que des femmes. Bref, je me souviens l'avoir trouvé cool. Elle était un peu plus vieille que moi. Je me souviens avoir ressenti les ressemblances. Je crois même avoir parlé d’elle, ici, dans un billet estival.

Ainsi, elle m’explique que le logo est fait, que ce serait sympa de faire des photos des enfants cet été. Qu'ils vont vendre dans des kiosques. L’on papote bébé, elle m’allège le cœur. Je lui donne mon adresse postale, je prends son numéro de téléphone. L’on échange simplement. Ce sont des résistants de l’Internet qui vivent dans une brousse des Laurentides. Je vais devoir faire sortir une photo sur papier de la puce pour leur envoyer! Avant de raccrocher, je luis ne peux m’empêcher de lui dire : « Tu as éclairé ma journée ». Cette journée grise de pseudo-pluie sans rapport avec l’hiver ancestral qui perd des batailles. Dame d'ailleurs, gentille, douce, lumineuse comme un rayon d’humanité dans l’obscurité de mon exil intérieur…

Je raccroche. Je médite sur les profondeurs des influences humaines. Sur les mystères des destins qui s'entrecroisent. Je regarde la grisaille qui s’écoule derrière mes fenêtres. La saison s'évade. J’écoute le silence du jour monotone. Petite fille en devenir sieste, inconsciente de l’humanité qui s’enroule autour de son futur, petite boule d’innocence en apprentissage de la vie. Petit astre de lumière qui me bouleverse l'être…

mercredi, décembre 13, 2006

Cucul la praline

L'expression choisie de la semaine prend ses racines dans les saveurs de mon enfance. Ma Mère-Grand employait régulièrement la version "rainette". De nos jours, il est plus rare que j'utilise cette expression (le contexte géographique et culturel ne s'y adapte plus vraiment) mais elle me fait toujours autant sourire...

EXPRESSION
« Cucul la praline »

SIGNIFICATION
Niais, ridicule.

ORIGINE
Qu'est-ce qu'une praline ? Pour les Français, c'est une amande entourée d'une croûte de sucre parfumé ou coloré. Pour les Belges, c'est un bonbon au chocolat. Et pour les truands, c'est une balle d'arme à feu. Les deux premières sont souvent appréciées, la troisième un peu moins. Le nom vient du Maréchal de Plessis-Praslin dont le cuisinier inventa la confiserie (la version française) au XVIIe siècle.

'Cucul' (ou 'cucu') est un simple redoublement enfantin de 'cul', sans qu'on sache vraiment pourquoi il est devenu un adjectif synonyme de niais ou ridicule. Pour une raison tout aussi incertaine, on lui a accroché un substantif féminin supposé l'intensifier, comme dans "cucul la praline", "cucul la fraise" ou bien "cucul la rainette", par exemple. Cette expression date de la première moitié du XXe siècle. Colette, en 1933, employait 'cucu'.

Certains prétendent que ce qualificatif vient des Seychelles, à Praslin, où on trouve une grosse noix de coco à la forme très suggestive qu'on appelle le "coco-fesses" . 'Fesses' et 'Praslin' auraient donné cucul la praline. C'est probablement une galéjade, d'autant plus que le lien entre cette noix et 'niais' ou 'ridicule' n'est pas très facile à établir

Matinées maigres...

Maigres matinées ...

Elle bougonne. Il ronchonne. Elle baille. Il marmonne. Elle grogne. Il rechigne. Elle s'étire. Dans la pièce adjacente, les appels se transforment vite en cris. Dans la chaleur du grand lit tout n'est pas rose. Elle le pousse. Il râle. Elle geint. Il est passé six heures. Le jour se lève à peine. Bébé, en pleine forme, exige son premier service…

Chaque matin de la semaine, entre 6heures et sa demie, le réveil bambin active les parents bougons, peu habitués à une telle régularité. Les yeux dans le beurre de « peanut » l’homme fort se lève le premier. La femme grincheuse laisse monter le jour en écoutant chahuter ses amours dans la cuisine. Certains matins sont plus doux que d’autres mais tous sont rudes. Elle finit par poser un pied par terre, le bébé, frais comme un pinson, gazouille et trottine d’une pièce à l’autre. L’homme s’habille, bientôt prêt à partir. Elle lui dit :

- Même le matin on est fatigué! Me semble qu’on est toujours fatigué!

Philosophe, il lui répond :

- Mais c’est pas ce que disent tous les parents?
- Hein?
- Ben oui, le manque de sommeil, la fatigue de fond, tous les parents s'en plaignent…
- Mouais, j’avais pas compris ça moi avant!

Il rigole et l’embrasse. Évidemment s’ils étaient des parents raisonnables, ils se coucheraient avec les poules. Mais au lieu de cela, ils veillent au creux de la nuit (histoire de profiter un peu l'un de l'autre) même s’ils se couchent toujours avant minuit! Ceci sans compter le sport de chambre!!! Du coup, si les soirées sont paisibles, les petits matins sont pénibles.

Elle qui n’a jamais aimé les matins subit cette douce torture en appréciant les sourires de l’enfant chérie qui la sauve des caprices de ses mauvaises humeurs. Il ne reste alors que ces relents de fatigue qui embrument l’esprit et le souvenir de plus en plus lointain des matinées grasses d'antan...

Banquise de lac

Même si l'Hiver semble un peu hésitant cette année, il n'en reste pas moins puissant. L'air est gelé. La plage s'enneige. Avec un peu de retard sur ses habitudes, la saison emprisonne le lac de ses glaces et nous offre une sensation temporaire de banquise...

Frozen-lake-II

Photo croquée la semaine dernière. À noter dans les hésitations hivernales (changements climatiques???), la journée d'aujourd'hui qui voit sa température remonter gaiement au dessus de la barre du zéro. Une plate journée, grise de bruine, une journée peu banale en ce milieu de décembre. Des jours qui dénotent par leurs douceurs incongrues. Présentement le lac qui se glace doit être en train de se transformer en une joyeuse "bouillasse". À surveiller...

lundi, décembre 11, 2006

Lundi Soleil

Lundi Soleil

Dans un univers calfeutré par la neige fraiche, j’évolue. Depuis des jours il tombe, par intervalles réguliers, de gros flocons cotonneux. L’ambiance des fêtes bat son plein. La nuit, les rues s’illuminent des maisons aux couleurs plus ou moins vives qui donnent du pep à l’hiver. Des personnages gonflés saluent les passants. Un gros bonhomme à barbe habillé d’un habit rouge et blanc prend d’assaut les rêves des enfants.

S’éloigner un peu de nos virtualités pour profiter d’une longue fin de semaine en compagnie de mon bel homme. Un petit party sympa qui nous fait du bien vendredi soir, une sortie en famille élargie le samedi et un dimanche relax pour récupérer avant de se lancer dans une autre semaine.

Tard dans la nuit de vendredi à samedi, la langue tendue, l'on profite des énormes flocons silencieux qui virevoltent avec grâce sur une rue calme cachée quelque part en basse ville. Minutes romantiques pour achever une soirée précieuse. Durant la sortie familiale du samedi fatigué, l'honneur est au bébé éberlué qui ne sait plus où mettre des yeux au paradis enfantin des Galeries. L'homme manque de défaillir, l'estomac à l'envers après son tour de carrousel, sa soirée arrosée remonte, je m'amuse de ses malaises. La petite n'en finit pas d'ouvrir grand les yeux, fascinée par l'ambiance survoltée de la place. Les parents traînent un peu des pieds, mais pas trop...

Dimanche tranquille, inspiré par les lumières des voisins, Juan se décide à éclairer le sapin qui orne l'entrée de notre humble domaine. Pendant que l'homme s'active sur sa guirlande antique, Phil, le voisin d'en face, jeune père de l'exquise Raphy, nous faire un brin de causette sympathique. Revenu de dix jours en Floride, il rayonne. Amical, il bavarde avec entrain. C'est marrant les échanges de quartier boisé, surtout lorsque l'on a la chance d'être près de gens avec qui l'on peut facilement s'entendre...

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Pour la première fois de notre histoire de couple, nous avons érigé, avec beaucoup de tendresse, un modeste sapin en un coin de notre salon. Juan en est très content, cela lui remémore les douceurs de son enfance choyée. Nous voilà donc parents, en charge de l'imaginaire de notre enfant, pas le choix d'entrer dans la ronde. Sans compter que je me laisse glisser avec bonheur dans cet imaginaire d'hiver. Je retrouve en moi la petite fille oubliée qui se posait sagement devant sa fenêtre en attendant la neige magique synonyme de paquets cadeaux. J'observe pousser ma petite graine de fille et je médite en silence. "L'Être parent", un sujet auquel je réfléchis amplement.

Je résiste au matérialisme des fêtes en me plongeant la tête dans le cœur du lac qui se gèle. De toute façon vu mon pouvoir d’achat, c’est la solution la plus saine et la moins douloureuse. Je me demande parfois si j’aurais la même grandeur d’âme avec un volumineux compte en banque. J’espère que ce serait le cas, l’excès de matérialisme qui enrobe la période des fêtes me fatigue. L’idée que Noël est surnaturel pour les enfants, spirituel pour les parents et amusant pour tous est celle qui me plait le plus. Du surnaturel des enfants jaillit des concepts de partage et de générosité, du spirituel des parents renaît la compassion et la chaleur humaine, l’amusement général allége l’atmosphère tendue de ce début de millénaire coincé entre conflits de religion, inquiétudes climatiques, fossés sociaux et technologies effrénées.

Petite mélancolie de lundi matinal qui entraîne l’homme vers les bureaux de sa tour plantée au milieu du grand campus qu'abrite Ste-Foy, extension cossue de Québec la vieille qui se demande comment être la plus belle pour fêter ses 400 ans. Voici venu le début d’une autre semaine. Lily-Soleil grignote son trognon de baguette bien installée dans son fauteuil. Miss bordel se mettra bien vite au travail. La maison s’anime de la mélodie des tuyaux qui gargouillent, la machine à laver grouille.

La température est douce. Le soleil fait scintiller la neige bien tassée. Ah! Si je pouvais étirer le temps, je laisserai volontiers couler le flot de ces mots qui m’inondent, mais la réalité maternelle m’appelle…

jeudi, décembre 07, 2006

Rss et autres

Suite RSS et autres blogotrucs

Sans comprendre ni pourquoi, ni comment, j'apprends que l'adresse de mon fil Rss n'est plus la même. Qu'est-ce qui a changé, pourquoi, comment? Je n'en ai aucune idée!!! Il y a des recoins techniques de blogosphère qui me sont si flous que j'ai l'impression de pédaler dans de la semoule bien épaisse. Enfin, il semble donc qu'à défaut d'être réparé, un autre fil est disponible par là...

Puisqu'on en est aujourd'hui aux confidences "techno-bloguesque", j'aimerais toujours dans l'absolu arriver à changer de décor un jour mais je suis une vraie poule mouillée. L'homme qui m'avait fait ce "template" n'a plus vraiment le temps de me refaire quelque chose à mon goût, sans compter que je peux être super tannante pour ce faire, car je ne suis jamais satisfaite du résultat, je ne sais pas trop ce que je veux, et changer de décor m'insécurise un peu tant je suis habituée à celui-ci!!! En plus, je ne suis guère passionnée du coté technique de la chose et je sais que je n'ai pas les connaissances pour faire quelque chose toute seule donc quitte à en avoir un déjà fait mais comme tant d'autres, je préfère encore garder ce que l'homme m'a construit avec patience amoureuse! Bref, c'est un petit bordel pour arriver à rénover ce coin virtuel...

D'un autre coté, je travaille quand j'ai deux minutes à changer ma liste de liens. En passant, je dois avouer que je trouve le mot "blogoliste" pas mal laid. Donc pour améliorer mon concept de liste de liens, j'ai décidé de créer un petit annuaire perso sur une autre adresse où je range les liens par ordre alphabétique, ce qui sera plus facile à actualiser, je devrais donc avoir fini ce minuscule projet d'ici la nouvelle année. J'ai aussi grâce à Romuald un aggrégateur de fils Rss mais je dois être un peu archaïque car j'ai toujours un faible pour une liste de liens bien rangée. Il faut dire qu'il y a des jours où je me sens un peu comme un dinosaure de blogosphère! Depuis bien longtemps j'erre en ces virtualités partagées...

Dans l'absolu, j'aimerai aussi, un de ces quatre, essayer le podcast mais comme je ne suis pas très douée sur les concepts "techno-bloguesques", je suis perdue quant à la procédure, sans compter que j'aurais besoin d'un nouveau micro pour y arriver! Je pense donc me tourner plutôt vers des petits "vidéos-poésies". Encore là, ce n'est pas pour demain non plus, peut-être l'année prochaine. Même si j'ai pas mal de projets d'écriture pour l'année prochaine, ceci sans compter un retour en douceur sur le marché de la traduction, donc je rêve un peu en couleurs quand j'ai des idées de podcast!!! M'enfin...

Premières glisses

Apprentie maman

Si je sacrifice des petits bouts de ma vie, si je me mets de coté depuis quelques mois, si je m'oublie parfois, si je m'exile des autres, c'est pour mieux savourer des moments comme celui-là. Ces moments de confiance, de complicité et de paix sont uniques. Aux cotés de ma toute petite fille, mon coeur palpite à mille à l'heure. Elle affirme la femme qui m'habite. Elle me fait grandir. À ses cotés, j'explore d'autres facettes humaines. Elle fait de moi une mère...

Si j'accoste ma barque à son port, c'est pour qu'existent ces sensations uniques. Ces sensations consommées qui nous lient à jamais dans le grand livre de notre Histoire.

Winter-Stroll

Muscles en tout genre

Pérégrinations mentales

J'ai toujours pensé que le cerveau était un muscle. Et que de par ce fait l’on devait s'en approcher comme tel. J'ai toujours eu une bonne discipline d'entraînement de cervelle.

La traduction, c'est un peu comme mon cardio, elle affine, peaufine, donne de l'endurance, améliore les performances quotidiennes. Le blogue c'est un peu comme faire quelques poids, c’est un exercice qui peut parfaitement s'insérer dans un entraînement mental. Ma grossesse et ses suites ont bien ralenti mon rythme de fond. Cette étape de vie qui me force à reconsidérer mon corps fait dévier ma course initiale.

Depuis cet été, j'ai commencé un entraînement physique plutôt poussé pour remuscler ma carcasse, affiner, sculpter, redessiner. L'énergie que j'y consume par-dessus la fatigue maternelle entraîne un certain manque intellectuel. Ce qui me peine dès que j'en prends conscience. À mesure que le corps s'améliore, la tête me chatouille. Les idées me gratouillent. Petit à petit, je retrouve mes routines d'antan...

Dans l'invisible...

Mon amie Kay m'a envoyé ce passage que j'inscris en cette mémoire:

"Elle traduit de l'anglais au français, mais je la soupçonne parfois de fouiller dans quelque vieux grimoire pour y trouver des recettes d'envoûtements ou inventer de nouvelles langues mortes. Il faut bien que je m'y connaisse un peu en cabale, me répond-elle quand je lis à mon tour par-dessus son épaule. Sans un soupçon de sorcellerie, les traductions ne seraient que des trahisons." Adieu, Betty Crocker - Francois Gravel

Des phrases si justes que je déguste avec enchantement. Une petit passage qui m'éclaire le coeur et la tête. La magie des mots, le pouvoir des pensées, dans l'invisible réside le meilleur de l'humanité. Dans l'invisible, je m'évade..

mercredi, décembre 06, 2006

À ceux qui s'y connaissent...

Coté flux virtuel

J'ai eu vent que mon fil Rss était cassé depuis un certain "vol de nuit". Manifestement le flux a mal pris la chaleur nocturne et depuis ne veut plus rien savoir de l'actualité de ce petit coin de Toile! Étrange. Comme je suis nulle en Rss et que je n'y connais pas grand chose, y aurait-il une âme charitable dans les parages pour m'entretenir de ce trouble???

waterleaffeuillepoisson

Le roi Hiver, sa reine de glace et son second, Sieur Frissons

Au royaume de décembre...

Winter-Beach-IMy-street

Avec fracas l'hiver est arrivé. Il a déposé ses armes verglacées. Tout de suite nous nous sommes inclinés. Il s'est approprié nos propriétés. En une toute petite journée il nous a encerclé de ses forces givrées. Maintenant il nous tient fermement au creux de ses volontés. Le roi Hiver, sa reine de glace et son second, Sieur Frissons prennent leurs aises...

Après la tempête (galop bruyant de la diligence royale), une bibite de saison sort de sa tanière pour rendre service à Yolande. La bibite mécanique déblaie son entrée de cette première grosse bordée puis repart se cacher. En allant chercher le courrier à la "boite à malle", je rencontre une jeep modifiée pour affronter les ardeurs des mois à venir...

Bibite-d'hiver-IIMail-Box-Stop

Chez nous, l'homme déneige manuellement, il casse même sa pelle toute neuve ce faisant. Il n'est pas très content. Il jure un coup. Résigné, il s'en achète une autre d'occasion chez un marchand du dimanche (qui tient office dans son jardin enneigé devant sa maison).

Les nuits frôlent les -20. Le matin se cache derrière le givre des fenêtres. Notre univers appartient désormais au royaume hivernal, c'est le début de son règne annuel...

mardi, décembre 05, 2006

Mardi de décembre

...

L’électricité est revenue, mes amours aussi. L’hiver s’est bien installé avec une belle couverture de neige qui n’est pas prête de disparaître et des températures qui tournent autour de -10. De l’autre coté du lac, la construction de l’hôtel de glace se met en branle.

Depuis la coupure de courant, je n’ai toujours pas réussi à ouvrir l’ordinateur central! Je n’ai guère envie de retrouver son bruit de brontosaure enrhumé, guère envie de me replonger dans ses ondes électromagnétiques. Je pianote sur le portable à Juan. Ce petit chose n’est pas bruyant mais n’a pas la mémoire nécessaire pour le traitement de mes photos ou pour ouvrir une multitude de fenêtres à la fois, ce que je fais généralement lorsque je me balade en ligne…

Pour toutes sortes de raisons plus ou moins sensées, j’écarte les mots. Je ferme la bulle. Hermétique. Je laisse macérer. J’écris des trucs que je laisse croupir au fond d’un dossier. Je refuse d’allumer la grosse bête. Je bloque. Je coince. Je ronge un peu mon frein. Cela va me passer…

Mademoiselle Soleil par exemple se porte à merveille. Hier, première sortie en luge pour une promenade enneigée. Petit bibendum emprisonné dans son habit de neige, plutôt étonnée, elle pouvait à peine bouger mais gardait ses yeux grands ouverts, tant que cela glisse tout va bien pour elle. Dans l’eau bien froide du lac, des petites plaques de glaces se forment et se font bringuebaler par les vagues. Le lac rayonne de liberté, pas un seul humain sur sa surface pour le perturber.

Winter-Lake-IILily-d'hiver

La semaine dernière ou était-ce celle qui la précédait? Je ne sais plus. En tout cas, bébé sur les genoux, l'on joue avec un puzzle de bois. Les chats nous tournent autour comme à leur habitudes. L'un d'eux vient s'installer entre nous ce qui laisse Lily plutôt dubitative. Depuis quelques jours, je remarque qu'elle imite leur miaulement. Je regarde mon petit bout de fille et lui demande :

- Dis ma Liloo, comment il fait le chat?

Elle me regarde droit dans les yeux et me répond :

- Maaaoouuuu…

Mon cœur de mère apprentie fait un bond de bonheur. C’est notre premier échange question-réponse. Je la félicite et l’embrasse. Que je suis fière de mon bébé, non seulement elle comprend de plus en plus de choses mais son premier mot précis après papa et maman aura été : « Miaou »! La digne fille de sa mère! Toute la journée, je lui repose la question, patiemment elle me répond. Le soir je montre le truc à son père. Il me demande :

- Mais comment tu lui as appris ça?
- Heu, je crois pas lui avoir rien appris, elle savait déjà, j’ai juste été attentive en fait…

Depuis elle s’est un peu tannée de mon petit jeu et elle est passée à d’autres découvertes, d’autres compréhensions, d’autres interactions. Par exemple, si je lui demande :

- Est-ce qu’il y a du pipi dans ta couche?

J'essaie de lui inculquer subtilement ces notions qui la mèneront devant le pot, parce que je ne suis pas vraiment emballée à l'idée de changer des dizaines de couches ad vitam æternam. Non seulement c'est mauvais pour l'environnement et de plus ce n'est pas des plus ragoûtant! Donc, lorsque je lui pose cette question, Mademoiselle Soleil se tâte la couche pour me montrer qu’elle a compris ce que je lui dis sans jamais trop savoir quoi répondre. Il faut dire que coté conversation l'on est encore bien limité...

J'évolue dans un univers infantile ponctué d'onomatopées et de charabia coloré. Présentement, la nouvelle mode est de tendre la main à tout vent pour essayer d’attraper tout ce qu’elle voit et qui lui échappe. Mais, en ce moment, le plus comique de l'histoire est qu’elle appelle les chats « caca »!!! Ce qui peut quand même porter à confusion.

Ronger son frein

L'expression choisie de cette semaine est influencée par l'un de ces hasards qui n'en est pas un. Le destin n'est-il pas une suite de signes qui se déguisent en coïncidences? Ainsi, chaque jour, je reçois une expression différente dans mes courriels. Pourtant, j'ai pris l'habitude d'aller fureter les entrailles de ce site pour trouver l'expression qui allumera la petite lumière dont j’ai besoin pour faire mon choix. Aujourd'hui je reçois celle-ci. Justement je l'ai utilisée dans mon billet matinal! Il n’en faut pas plus pour faire scintiller cette petite lumière recherchée…

EXPRESSION
« Ronger son frein »

SIGNIFICATION
Contenir avec peine son impatience, son dépit, sa colère (faute de pouvoir l'exprimer).

ORIGINE
Voilà une expression qui peut sembler très étrange si on oublie qu'elle a plusieurs siècles et si on ne connait pas grand-chose aux chevaux. En effet, imaginez que vous ne puissiez exprimer votre colère. Alors quoi de mieux que de descendre de votre voiture, installer le cric, démonter une roue et vous mettre à ronger, au choix, un disque, une plaquette ou un tambour? Une chose est sûre, en vous occupant ainsi, vous devez certainement vous calmer. Et faire plaisir à votre dentiste...

Mais cette expression datant de la fin du XIVe siècle, ce n'est pas aux véhicules motorisés qu'il faut penser, mais à la plus belle conquête de l'homme : le cheval. En effet, le 'frein' n'est ici rien d'autre que le mors, cette pièce généralement métallique placée dans la bouche de l'animal et qui, reliée aux rênes, sert à le diriger. Or, que fait un cheval qui s'impatiente en attendant le retour de son maître : il ronge son frein, faute de choses plus intéressantes à faire. Dans cette métaphore, le 'frein' c'est ce qui bloque l'élan de celui qui aimerait bien exprimer ses sentiments. Et 'ronger' est associé à cette énergie contenue qui devient corrosive et mine l'intérieur.

COMPLEMENTS
Cette expression pouvait aussi vouloir dire "être condamné à l'ennui", mais elle est très peu utilisée avec ce sens. Pourtant, on peut imaginer que le pauvre cheval qui attend trompe son ennui en rongeant son frein.

samedi, décembre 02, 2006

Seule dans la tempête…

Seule dans la tempête…

Juan devait aller chercher la petite chez ma mère en sortant du bureau et rentrer ensuite. C’était sans compter la première petite tempête de la saison. Nous sommes tellement prévoyants que nous n’avons pas encore de pneus neige sur l’auto! Comme la tempête à commencé méchamment avec une bonne accumulation de grésil, nous voilà bien mal pris...

Je regarde la rue devant chez moi et je vois apparaître une lourde croûte d’hiver aussi blanche que verglacante. L'on s'entend qu'il vaut mieux que Juan et le bébé passent la nuit en ville. À peine la décision prise, à peine le téléphone raccroché que l’électricité saute et plonge le village dans le noir…

Je cherche à tâtons une chandelle et un briquet. Le vent hulule dehors. La tempête fouette les arbres qui me protégent. J’ai un téléphone sans fil, plus d’électricité, plus de téléphone…

Je m’habille et je traverse la rue avec précaution pour ne pas glisser. Je cogne à la porte de Yolande, toute heureuse de me voir. Elle m’offre thé et gâteau. C’est la première fois que je rentre chez elle. C’est encombré, les "bébelles" débordent de partout, mais c’est propre et cela sent bon. Je lui emprunte son téléphone antique pour prévenir Juan de la coupure. Je pousse un chat pour m'assoir. Alors que je m’apprête à composer le numéro, j’ai un arrêt mental sur image. Mon cerveau zappe un petit coup. Le téléphone beige est à roulettes! Mon dieu, depuis combien de temps n’ai-je pas utilisé un tel appareil!?! Tellement habituée à « pitonner », je dois me concentrer pour retrouver les bons chiffres. Mon doigt dans le petit trou tourne la roue et fait jaillir le bruit caractéristique de la roulette qui se déroule. J'ai l'impression de faire un petit bond dans le passé.

Une fois mon téléphone fait, je reste une petite heure à papoter avec Yolande. J'en profite pour découvrir son mari Roger, être énigmatique qui l’a mariée à 73 ans après 50 ans de vie commune. Un vieil homme taciturne, si calme que le contraste qu'il dégage avec la personnalité exubérante et bavarde de Yolande m’amuse et m'intrigue. J’arrive à lui faire décrocher trois phrases en lui parlant du temps qu’il fait. Il est gentil mais d’une discrétion qui le fait presque disparaître parmi les meubles. Yolande me parle du lac d’antan, me sort des papiers, certains anciens, certains récents m’offrant ainsi des connaissances plus qu’intéressantes, vitales. Je finis mon thé et ma part de tarte au sucre. Yolande me prête une grosse torche électrique. Je rentre en mon antre…

Le choc du silence. Pas une onde électromagnétique pour le déranger. De fortes rafales de grésil se fracassent contre mes fenêtres. Si ce n’est des éléments qui se déchaînent dehors, à l’intérieur le silence est total. Une bougie sur la table éclaire la pénombre. La torche que m’a prêtée Yolande est super pratique. Je n’ai peur que de mes démons intérieurs. C’est dans ces instants sans repères qu’ils sont le plus prêts à jaillir pour torturer l’esprit fragilisé. Ma torche à la main, je les attends de pied ferme. Je m’assieds à la table. J’éteins la torche. J’écoute la tempête…

L’horizon grogne de rage. Les vents tournoient autour de la montagne, ils s’abattent sur nous en de violentes bourrasques. Je soupire. Mes amours me manquent terriblement. Je réfrène mon imagination et ses scénarios d’Armaggedon. Juste le soupçon de ce que serait la vie sans eux me bouleverse. Ils font battre mon cœur. À la lumière vacillante de la bougie, je réalise à quel point l’amour que je ressens pour mon homme et mon enfant est puissant. Seule dans la tempête, je comprends clairement à quel point ils me sont chers. Qu’il y a-t-il de plus important dans la vie que les gens que l’on aime? Qu’il doit être triste de passer une vie sans aimer. Dans l’opacité de la nuit tourmentée, je ne vois rien d’autre que les lueurs de mon cœur.

Lorsque tout ce qui nous distrait de l’essentiel s’éteint, il ne reste plus que la brillance de l’amour dans nos cœurs. Cet amour qui guérit tout ce qu’il touche. Ou pour certains malheureux la noirceur de la haine. La haine qui détruit tout sur son passage.

Une accalmie approfondit le silence. L’absence de mes proches dans cet étrange vide me serre les entrailles. Les chats m’entourent de leur calme olympien. Chanelle me suit comme une ombre. Ils me rassurent. Sans eux, je serais sûrement moins vaillante et je serais peut-être allée me réfugier chez Vivi sur la rue d’en face. Les mêmes conditions en compagnie de Juan sont douces de romantisme. Mais ce soir c’est seule que je subis les événements…

Il faut toujours faire bien attention à ce que l’on souhaite car l’univers parfois écoute attentivement. J’avais souhaité un peu de solitude, me voilà bien servie!!! Je pense à la chaleur du corps aimé, à ses bras tendres, à la vitalité pleine d’espérance de bébé. Mon cœur est un océan d’amour où je me noie. Je regarde danser la flamme de la bougie dans le noir. Il flotte dans l’air une saveur de simplicité oubliée…

Que serions nous sans les commodités modernes? Serions nous plus humains, moins frivoles? Est-ce que l’humain est frivole, de nature superficielle? Ou est-ce une conséquence de notre société actuelle?

Je pense à la vie d’antan. La vie sans ordinateur, sans frigo ni radiateur, sans téléphone ni machine à laver. La vie sans électricité. Durant des millénaires l’humanité a vécu et évolué sans le miracle électrique. En moins de 100 ans le monde à fait un gigantesque bond technologique et nous a fait perdre une bonne partie de notre savoir ancestral, de ce savoir humain récolté tout au long des siècles passés. Serions-nous désormais capable de nous débrouiller à l’ancienne? Je sais, que personnellement, je ne la trouverais pas facile du tout! En si peu de temps nous avons oublié tellement des façons de l’ancien temps, qu’en sera-t-il dans un autre 50 ans? Le rythme du changement n’en finit plus de s’accélérer mais qu’en serait-il si tout s’arrêtait d’un coup? Le chaos assuré…

Nous sommes si privilégiés et pourtant si peu satisfait de nos sorts. Qui n’en veut jamais plus? Toujours consommer, exploiter, polluer, toujours en désirer davantage. Plongés dans un tourbillon de futilités qui nous éloigne si souvent de l’essentiel. Puissant, le vent reprend des forces, je l’entends gronder au loin. Je l’entends bousculer la forêt. Il encercle mes quatre murs. Je suis bien petite devant les fureurs de la nature. Le village plongé dans l'obscurité est bien minuscule sous les assauts de la Terre…

Je vais me coucher. Quatre chats dans mon lit ronronnent en chœur, simple bonheur, douce chaleur. J’écoute tournoyer la tempête dehors. Un sommeil serein se dessine derrière mes paupières closes. D’un coup, l’électricité revient. J’ouvre les yeux. Je suis presque déçue (enfin pas trop quand même!) de retrouver mes repères confortables. Je commençais à apprivoiser et à apprécier cette atmosphère dénuée d’électricité.

La tempête s’affaiblit. Il ne neige plus. Je sors dehors. La rue est recouverte d’une épaisse couche de neige vierge. J’y trace des pas. Il fait froid. Tout est d’un blanc immaculé. Rien ne bouge. Le lampadaire m’éclaire. Le tempo (garage temporaire) s’est pris une petite raclée. Sans chaussette dans la neige, je sens le froid s’insinuer en moi, je rentre. Trois minutes plus tard, le téléphone sonne. Sa voix est au bout de la ligne…

Nuit blanches

Nuit blanches

Il y a les nuits où l'on fait le party, où l'on s'amuse sous les étoiles, où l'on lutte contre le sommeil par pur plaisir. Et il y a des nuits qui s’agitent contre soi, des nuits qui chassent le sommeil de leurs émotions branlantes, des nuits qui noircissent le tableau de la vie. Puis il y a ces autres nuits, heureusement de plus en plus rares, agitées par les détresses inexpliquées d’un bébé.

La nuit dernière, nous nous couchons à une heure raisonnable, la fatigue nous emporte vite. Soudain je suis réveillée par des brusques papouilles sur mon nez, j’émerge difficilement de la profondeur de mes songes pour découvrir Mademoiselle Soleil coincée entre nous deux.

- Juan, Juan…
- Hummmm….
- Le bébé est dans le lit?
- Hummm ???


Il ouvre un œil vitreux. La petite bien réveillée gazouille. Je lui demande :

- Mais tu l’as ramené dans le lit?
- Heu, ben je sais pas, je me rappelle plus…
- Mais quelle heure il est?
- Deux heures et demie…
- Faut la ramener dans son lit…

Il se lève et entraîne le bébé récalcitrant vers sa chambre. Il revient dans le silence, l’on se rendort à la vitesse de l’éclair. Une demi-heure plus tard, des cris nous appellent. Je grogne. Il y retourne. Il revient. Quinze minutes plus tard, de nouveaux cris, il grogne, j’y vais. Je reviens. Une heure plus tard, rebelote, bébé veut revenir dans le lit, il y retourne. Ainsi de suite trois ou quatre fois de suite, le petit matin nous trouve dans un piteux état.

Je lui parle de mon cauchemar fait à l'aube. Quelqu'un de mal intentionné kidnappait mon enfant et je me transformais en une véritable furie: Je suis la piste du coupable avec une perception surnaturelle toute maternelle. Je le trouve. Je l'accule, de force, contre un mur et j'exige de savoir où il a caché mon enfant, j'ai des pulsions meutrières qui me parcourent l'être. L'angoisse me tient par le sang. Je siffle de colère: "Si tu as touché à un seul cheveu de ma fille. Je te la coupe, je ne te laisse pas mourir, je la fais griller et je te la fais manger petit bout par petit bout!!!". Les brumes du sommeil se dissipent et je me réveille avec un bien mauvais goût sur le coeur. Ce ne fut vraiment pas la meilleure nuit de ma vie! Juan fait la grimace. Il n'aime guère que je fasse ce genre de rêves. Il me dit :

- N'empêche, je ne comprends pas comment je l’ai ramené dans le lit.
- Je ne l’ai pas entendu pleurer, c’est juste quand elle était dans le lit qu’elle m’a réveillée, avant cela je dormais comme un loir
- Oui, j’suis pas sur que j’ai pas eu un moment somnambule, ça m'est déjà arrivé quand j'étais jeune…
- Et tu serais allé chercher le bébé pour la ramener entre nous? C'est bizarre...
- Ben, on dirait bien, c’est vraiment flou…

Ce qui est clair c’est qu’entre ses dents qui la travaillent et son père qui la ramène dans le lit par on ne sait pas quelle opération du St-Esprit, la petite maligne en a perdu le goût de dormir tranquillement! La journée suivante se révèle plutôt mouvementée sans pourtant être impossible à surmonter. Je résiste à la sieste pour mettre à jour le site de l’asso. Le soir venu la petite a repris ses repères et s’endort comme un ange passé sept heures.

L’homme travaille. Mon esprit rebelle sème la pagaille dans mes idées. L’insomnie traître me guette au coin de la nuit. Elle attend le moment propice pour sortir ses griffes. L’homme se couche. Dame Insomnie me rejoint subrepticement. Je me débats. Il est déjà bien tard. Non. Je ne jouerai pas à ces petits jeux nocturnes. Fuir l'insomnie. Je l’attaque en quelques mots. La raison se joint à ma bataille, je tire et me retire…

vendredi, décembre 01, 2006

Courants d'air

Courants d'air

Hier, l’atmosphère tiède et brumeuse enveloppait tout le paysage. Il a plu des cordes toute la journée. La température a caressé les quinze degrés! Il ne s’était rien vu d’aussi chaud à cette époque de l'année depuis 1957. Tandis qu’à l’Ouest un air arctique et de fortes précipitations de neige ont déstabilisé les populations, ici c’est une ambiance londonienne qui vient accompagner nos heures tranquilles.

Entre deux confidences l’homme me dit : « Ce temps qui ne tourne pas rond, j’aime pas ça. ». Je ressens le même malaise, même si, égoïstement, je n’arrive pas à me plaindre de ce temps si doux. Je me doute cependant que lorsque ma fille sera femme, le climat sera sur toutes les lèvres. Dans quel temps élèvera-t-elle ses enfants? Je ne peux m’empêcher d’être inquiète…

Aujourd’hui, la journée, voilée par un ciel blanchâtre, vibre de promesses de neige. Bien-sûr que l'on aura un Noël blanc! Il y a toujours quelques âmes pour s'angoisser sur le sujet, mais on n’est pas rendu à un tel point de dérèglements climatiques quand même! La chaine météo annonce la première tempête de l’hiver, près de trente centimètres sont attendus d’ici demain soir.

En moins de vingt quatre heures la température est passée de + 15 à -10 avec facteur vent. Le froid s’accroche, je le vois onduler entre les troncs dénudés. Je tourne la tête vers la fenêtre, quelques flocons malingres débarquent en éclaireurs. Le vent se lève et souffle sur les sapins qui frissonnent. La course des flocons s’accélère, des feuilles mortes se mêlent aux bourrasques timides. Au fil des minutes qui s’écoulent l’air blanchit, les flocons s’épaississent, la nuit tombe. Et c'est parti…

jeudi, novembre 30, 2006

Se faire limoger

Cette expression de la semaine m'évoque aussi, par extension, s'en prendre plein la gue... ou se faire casser la gue... D'une façon générale, cette expression évoque une sensation désagréable.

Je ne suis jamais allée à Limoges, mais j'ai un oncle qui y a pas mal forniqué durant ses belles années. Il y a même laissé germer une petite graine d'artiste bourré de talent, Jules mon cousin caché qui n'a que quelques mois de différence avec ma pomme, cousin inconnu mais reconnu que je découvre par correspondance et qu'il me plairait un jour d'embrasser. Pour moi, la ville de Limoges évoque un certain goût de souffre et de mystère...

EXPRESSION
« Se faire limoger »

SIGNIFICATION
Pour un officier, se faire relever de son commandement. Par extension, pour une personne ayant des responsabilités, être mis en disgrâce ou être frappé d'une sanction disciplinaire (mise à la retraite, révocation, licenciement...)

ORIGINE
Beaucoup de gens savent que le verbe 'limoger' est issu du nom de la ville de Limoges.Mais cette origine est-elle justifiée et quelle est la véritable histoire du limogeage ?

Au début de la guerre de 14-18, le général Joffre (Lien externe) doit résoudre une crise importante dans le haut commandement de l'armée française. Il écarte alors de nombreux hauts gradés de leur poste. C'est de cette disgrâce que naît le verbe 'limoger'.

Le 15 août 1914, Joffre reçoit du ministre de la guerre Messimy un télégramme lui indiquant que, désormais, les officiers généraux pourront être mis à la retraite d'office sur simple rapport motivé du commandant en chef. Ayant jugé que de trop nombreux généraux et hauts gradés, brillants en temps de paix, étaient des incapables au front, Joffre décide le 27 août que ces généraux faillibles doivent se retirer dans une localité de la 12e région qui, alors, englobe loin du front les département de la Charente, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne et la Haute-Vienne, et dans laquelle se trouve Limoges, entre autres. Au moment où débute la bataille de la Marne, début septembre, 58 officiers sont d'abord renvoyés à l'arrière. Au total, en décembre, 40% des hauts gradés sont ainsi écartés de leur poste.

Selon certaines sources, tous ces officiers auraient été envoyés à Limoges, justifiant ainsi la naissance de ce qui était à l'époque un néologisme. Mais selon d'autres sources, il paraît que sur les 150 à 200 officiers ainsi éliminés, il y en aurait finalement moins d'une vingtaine qui auraient été réellement tenus de séjourner dans la 12e région, et pas obligatoirement à Limoges même. Et comme cette zone géographique contient plusieurs autres villes importantes, les officiers auraient donc très bien pu se faire plutôt angoulemer, briver, guereter, tuller ou même magnac-lavaler. Dans ce cas, c'est un peu abusivement que 'limoger' serait né en 1916.

mercredi, novembre 29, 2006

Jour de fatigue

Jour de fatigue,

Autumn-Underwater

Juste fatiguée dans l’hiver qui prend sa place derrière mes fenêtres, le givre qui s’agrippe à mon paysage m’ennuie, le gris du ciel aussi. Des nuits trop courtes me laissent sur le carrelage du jour. Fourbue. Trop de cardio combiné à cette série de poids qui sculpte le corps et fatigue la peau, un entraînement féroce qui me laisse sur les rotules. Pas envie de faire des siestes d’après-midi. Tenir la fatigue à bout de bras pour errer dans ce jour de pluie. Je baye aux corneilles. Un enfant qui fait ses dents, qui demande de l’attention constamment, qui pousse son parent vers des vallées d’épuisements. Des montagnes de tendresse, des prairies de sourires et la patience dans les talons. Des soucis financiers comme tant d'autres. Les fêtes au coin du mois prochain. Juste fatiguée…

Juste envie de laisser couler les mots, de les laisser s’échapper de la prison de ma tête. Marre d’écrire tout le temps dans ma tête. Mais lorsque vient le temps de les laisser glisser, le temps est si empressé que ma pomme se fait « écrapoutiller » par ses minutes expéditives. Impossible de structurer quoi que ce soit. Juste laisser les mots asborber le quotidien, en attendant…

Paresses de ménage, regarder le lavage effronté s’égarer aux quatre coins de mon horizon. Shni, le petit génie, empoussière son spleen dans un coin. Ce soir, je reste à la maison, ce soir, je passe du temps avec mon homme. Aller faire des courses à trois. Laver et coucher la petite. Fermer les ordis. Se retrouver ensemble dans une bulle, confortables, se reposer devant un film, tranquilles, puis espérer une nuit sans insomnies capricieuses. Se lever en forme le lendemain…

Hier, je rentre du Gym avec le soir déjà bien avancé, je trouve mon homme dépitée par sa furie de fille :

- Mais elle ne m'a fait que des conneries, j’te jure elle m’a vidée!

Je rigole, compréhensive, je ne peux m’empêcher de sourire.

- Ouais, je sais, elle fait ses dents, puis on dirait qu’elle est dans une sorte de transition où elle comprend de plus en plus de choses, du coup elle est comme montée sur des ressorts! Elle teste ses limites. Heureusement qu’elle fait pas trop mal ses siestes!!! C'est une phase...

La maison est sens dessus-dessous. Pendant que l’on ramasse le bordel de notre petit Soleil, il m’explique ses déboires paternels qui me divertissent énormément. J'apprécie ces échanges noctures. Je me marre un peu de voir comment en trois heures, il s’est fait complètement aspirer par Lily coquine. La maison ressemble un peu plus à quelque chose. Il se remet à travailler sur ses contrats en attente et je regarde un peu de télé, vannée. L’heure du crime sonne, je le pousse vers la chambre. Minuit c’est déjà trop tard pour se coucher. J’entre dans la chambre et je l’entends me dire dans mon dos :

- Oh! Pis j’ai oublié de te dire, la cerise sur le gâteau! Elle a pissé dans le lit!
- Quoi!?!?!?!
- Ben oui, pendant que je la changeais pour le bain, elle a filé dans le coin, s’est assise m’a regardé a fait « aaahhhhh » et j’ai vu appraitre une grosse flaque de pipi!!!
- Mais, mais, tu l’as laissé faire!
- Ben, en fait, elle a été pas mal plus vite que moi! J'ai pas pu faire grand chose!

Je tâte le drap trempé. Je respire un grand coup pour ne pas m'énerver.

- Mais!!! Et t’as laissé ça de même!
- Ben rendu là j’en pouvais plus, pis c’est juste du pipi de bébé, je l’ai couchée et je t’ai attendue...

Le super pipi a traversé le matelas. J’en reviens juste pas. Je le force à retourner le matelas, pas le choix, on va pas remettre des draps propre sur un matelas humide!!! Ça a beau être du pipi de bébé, je suis légèrement écoeurée! Une demi-heure plus tard, on finit par se coucher au sec et dans des draps propres. Cependant lorsque l'on a un homme dans son lit, cela ne veut pas dire que le sommeil est gagné…

Candlelight