dimanche, janvier 30, 2005

L’étonnant destin des photos de l’hôtel de glace

Le monde de Flickr me met sur les fesses régulièrement et le petit voyage de mes photos de l’hotel de glace autour de la planète me laisse bouche bée! Tout un engouement pour ce palais de glace qui me fascina tout autant que la plupart. Ces images ont pénétré la blogosphère anglophone et se sont même promenées en des endroits que je ne puis lire comme ici ou et . J'en retrouve aussi des traces par ici, , ici ou encore et , ! Toute une promenade pour ces photos de glace. L'hiver qui se fantasme. Lalala, lalala, lalala...

C'est comme une "toune" qui me trotte dans la tête, une chanson de Flickr, et comble de surprise, Flickr a désormais une chanson! Je reconnais l'auteur comme l'un des mes contacts du coté de cette virtuelle réalité. Curieuse, j'écoute cette chanson. Quelle n'est pas alors ma surprise d'y découvrir mon nom (pseudo parmi les pseudos)!!! Je manque quand même de tomber par terre, de sauter en l'air, de me renverser l'être. Quel étrange monde! Le pouvoir des images est fort. Magie étonnante des images données. Voilà pas qu'Etolane est entrée dans une chanson anglaise!

Sur le coup, je fais un moyen saut. Le temps que j'enregistre le principe et y'a déjà un remix en ligne! Je réalise que je n'avais même jamais pensé à une autre prononciation que celle que l'on fait en français! Niaiseuse de moi! Quelle surprise que de l'entendre en anglais et chanté! Incorporé dans la soupe virtuelle de Flickr, oh! c'est pas grand chose, juste un petit nom qui s'envole au milieu d'autres, une ribambelle, une ritournelle et puis moi je ne suis pas nue. C'est Selkie qui se déshabille! Moi, je ne fais que passer entre deux idées. Je me balade entre lac, arbres et givre d'humanité. Je ne sais que miauler des phrases éparses, capter quelques instants qui s'effacent...

Devrais-je en profiter pour me reculer et regarder l’étonnant destin de ce prénom ressorti par mystère du néant de la nuit des temps? Je suis toute émue, un peu émotionnée. Que de sensations surréalistes qui passent à travers cette machine informatique qui accélère le futur sous mon nez. La planète se fait toute petite, l’on se rencontre sans se voir, l'on s'apprécie sans se connaître, l’on partage avec l’invisible et ceci crée des choses qui se glissent dans le visible pour nous toucher de plein fouet. Perdue au milieu de nulle part, en compagnie de mes amis imaginaires, je chantonne. Rockin' my little iced world...

Je me recule davantage pour essayer de comprendre ces étranges sens. Trois pas de danse, je virevolte la tête froide mais le coeur chaud, lalalala, je m’évapore dans la réalité de mes jours gelés. Dans cette dimension faite de visible et d’obligations, dans celle qui s’affronte et se force car pavée d’obstacles réels et de petites misères humaines. Lalalala, laaallaaala, lalala…


Fling Rocks
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Jorane matin(suite et fin)

Jamais deux sans trois! Troisième entrée "Jorane", je me suis tant baignée d'elle hier, j'en suis encore toute humide! Juan a failli en faire une indigestion mais en bon soldat de l'amour, il sut tirer son épingle du jeu avec brio, partage de délices multiples. Ma douce folie: Un truc de filles d'aprés lui. S'il écoute ma musique de bonne grâce, il râle quand même un peu! Trop intérieur pour lui, il m'explique alors comment en tant que "gars", il a ses limites à ne pas trop se féminiser, il se trouve déjà assez métrosexuel comme cela! Il me fait rire et je l'aime entre deux mélodies. Mon petit cœur aura 25 ans demain...

Il rit comme un fou lorsque je m'exclame dans ma passion du jour: «J'adooore le violoncelle». Taquin, il me répond: «Oh! Moi j'Adore le violoncelle! Depuis 12 heures exactement! En fait, depuis que j'ai vu Jorane sur scène!» Je ne peux m'empêcher de rire aux éclats devant la véracité de ses dires et c'est au lit que toutes ses niaiseries finissent, mais ça c'est une autre histoire qui n'a pas lieu en ces mots qui s'étalent…

Yvérick a été super sympa de m'envoyer quelques photos du concert. Photographe officiel, il avait le droit à 3 chansons tout prés de la scène avec ses énormes appareils. J'ai choisi de partager ici celle où elle porte ses bottes de Yéti. Les siennes sont pas mal plus belles que les miennes mais que je ne vais pas sur scène avec les miennes (je me contente d'explorer l'hiver qui règne)! Merci Yvérick de partager ces quelques images d’art attrapé. J'adore la voir avec son violoncelle! Deux autres images par là...

Shni me considère du coin de l’œil, bien installé sur une étagère qui s’empoussière, il fait exprès d’éclairer des idées ménagères dans ma tête. Je le regarde et grimace toutes sortes d’expressions incertaines, il reste de marbre, je tourne la tête. Aujourd’hui je reviens sur Terre. Aujourd’hui je redescends de mon nuage "Jorane" pour retrouver devoirs, lavage, ménage, organisation de la semaine prochaine, répondre courriel, travail, travaux, réalité visible des jours qui me passent dans le crane. *Soupir contrit*

Je reprends le fil de ma vie, je parcours les chemins des mots, je pénètre les voies de la traduction, je prends mon balai et m’envole…

Jorane-par-Yvérick-II

samedi, janvier 29, 2005

Bonbon musical...

Suis-je illégale ou non en dévoilant ici cette vidéo? Je ne sais pas trop! Si je le suis trop, je m'autodétruirait dès que je le saurais! Présentement l'envie est trop forte. L'idée de cette manipulation s'en suit. L'homme sourit mais soupire de me voir incapable de sortir de cet univers qui m'emporta hier soir. Si, si, je vais y arriver! Je le sais. J'ai juste besoin d'encore un peu de temps. Des corbes d'émotions délicieuses vibrent encore en moi, je les laisse m'évader sans résister. Un violoncette pour baguette magique, elle m'envole et je m'évapore. En attendant que je retombe sur terre, pourquoi ne pas faire se plaisir encore une fois? À consommer (savourer) sans modération...

Le violoncelle: "Je ne l'ai pas choisi, c'est lui qui m'est apparu et finalement, je suis tombée en amour de cet instrument-là… J'aimais beaucoup son range (le registre), qui pouvait aller plus facilement des graves aux aigus, beaucoup plus que la guitare. C'est tellement plus physique en plus, je peux faire des mouvements plus amples. Peut-être que cela me ressemblait plus. J'ai d'abord essayé la guitare classique mais je reste persuadée que toutes les choses de la vie ont été réunies pour que j'aille vers le violoncelle." Jorane.

La voix magique: "Pour moi, ce n'est pas vraiment comme une langue inventée, mais c'est la voix avec des sons, la voix utilisée comme un instrument. C'est surtout avant tout une question de feeling. Tout dépend des pièces, il y a des sons qui reviennent mais ce n'est pas coulé dans le béton ; la base est la mélodie, mais le reste peut varier. Je trouverais ça dommage d'utiliser la voix uniquement pour parler, simplement pour dire des mots. On peut continuer d'explorer ça et réussir à en faire autre chose." Jorane.

Pour Gabrielle ~ Jorane
Extrait de l'album "Jorane Live 2002"

Pour plus d'extraits vidéos, dont le videoclip de son dernier album et toutes sortes d'informations sur cette artiste, prenez soin de fureter les moindres recoins de son site....

Délicieuse Jorane
Délicieuse-JoraneAdorable-Jorane

Hier nuit, par un temps toujours aussi sibérien, je me prépare à pénétrer l’univers particulier de Jorane. Je passe chercher les filles, Miss Didine et Jolie Julie, l’on n'est pas en avance, l’on se dépêche de monter dans le char et en vitesse l’on monte vers le Grand Théâtre! En trois minutes on est sur place! Manque plus qu’à se trouver une place! L’on tourne deux minutes en rond. Dans la précipitation, je me trompe de sens et passe rapidement dans une voie unique, les filles frissonnent et rigolent. Miss Didine comme co-pilote, l’on passe les dangers sans emcombres. Il est temps de se reconcentrer. Je dis :

- Allez les filles, là, on se concentre, une place nous attend pas loin!

Jolie Julie continue :

- Ouais, allez on ouvre grand nos chakras, on va trouver, c'est sur!

À peine concentrées, la magie s’opère et alors que je passe juste devant le Théâtre, Miss Didine au regard d’aigle s’exclame :

- Là, là! Juste là! Lui y s’en va, non?

Je pile net et recule, nous le scrutons de nos six yeux interrogateurs. L’homme dans la voiture opine du chef, je m’écarte et le laisse passer. Je me range à sa place et l’on se précipite vers l’entrée. Essoufflées, l’on arrive durant la première partie, l’on prend place et respire. J’ai de le chance, le hasard nous a déposées à deux rangées, l’on est bien placées, l’acoustique de la salle est excellente, ainsi commence la soirée…

L’on se retrouve à l’entracte, l’on papote entre filles joyeuses. Je rencontre Yvérick, le photographe du Journal, re-papotage amusé. Je suis en manque de photos. Je respecte les grands écriteaux qui m’interdisent de "shooter" mais je salive devant l’objectif d’Yvérick. Le spectacle va reprendre, je file retrouver ma place…

Arrive Jorane en bottes de Yéti, blanches comme la neige de nos quotidiens, tout de suite je m’enfuis, tout autour de moi s’évanouit, je suis là où je dois être, je suis bien, le bonheur est au coin du chemin. Je le prends entre mes mains. Jorane prend son violoncelle et je ne suis bientôt plus qu'une poussière qui flotte dans son univers…

Quelle merveille, quelle douceur, quelle générosité, quelle liberté! J’adore sa voix au coffre puissant, ces émotions qu'elle vient chercher en moi, sa langue magique sans mots, sa façon de nous emporter sur cette île où vibre son énorme violoncelle. Elle mélange les genres avec une originalité et une créativité toute rafraîchissante. Elle m’embaume l’esprit. Elle est à Québec chez elle et cela se sent. Elle a quitté le campus il n’y a pas si longtemps. Éclectique à souhait. Familière, sereine, elle nous iradie de son talent. Elle nous offre son oeuvre sur un plateau et je mange à m’en gaver la panse…

Fabuleuse Jorane aux vibrations si bien maîtrisées, intérieures, sauvages. Je l’aimais bien avant, mais là, au creux de l’hiver je suis tombée! Cela m’a fait tant de bien que j’ai pu me relever régénérée. Je m’étiolais doucement aux vents frigorifiants et la voilà qui me redonne vie et chaleur. Oui, tombée je suis! Aprés un intense moment de magie musicale, après quatre rappels, elle interprète cette chanson qui clôt la soirée en une boucle parfaite.

L’on se retrouve chantantes, épanouies, heureuses. L’on fait les folles, jouant les choristes amateurs, l’on déborde d’énergie. Délirante, Miss Didine ou Jolie Jolie, je ne sais plus bien, s’exclame : « Mais elle est magique cette Jorane! ». L’on décide de l'attendre pour lui dire quelques mots. L'on passe le temps en partageant ces quelques moments de bien-être en plein cœur de cet hiver qui fait rage. Miss Didine et Jolie Julie veulent la faire chanter, je ne veux que la prendre en photo et l’embrasser. L’on parle d’amour féminin et de bêtises en plaisantant de l’effet que l’on ressent. Québec est un grand village, l’on rencontre des connaissances, l’on attend patiemment l’artiste qui finit par émerger souriante, charmante…

L’on continue d’attendre que se passent la file des autographes. Je réalise soudainement que j’ai envie d’en tee-shirt mais pas d’argent sur moi. Gentille Didine, ma douce amie, me prête un billet pour exaucer mon petit caprice. Yé! Elle est cool Didine! Tiens la Miss, si tu passes par là, je t’embrasse doucement. *Clin d’œil* Invisible dans un coin, j’écoute les fans qui m’émeuvent. Un petit groupe de jeunes filles, violoncellistes en herbe remercient la belle de leur ouvrir un chemin, une voie. La belle fond et je souris, une larme à l’œil. Arrive notre tour, après un interméde sympathique où elle nous prend à témoin en donnant à un certain Sebastien un disque Cd, une histoire d’amitié à ce que j’ai pu comprendre. Les filles expliquent à Jorane comment on aimerait la filmer en train de chanter un petit message pour un de leur ami parti au loin. Super cool, Jorane se plie au jeu et j’enregistre un petit message chanté hilarant qui met Didine et Julie au septième ciel, pour ma part, je ne demande que quelques photos nature, elle me sourit et se laisse faire, puis si gentiment m’offre ce « hug » que mon regard cherche timidement. Je la serre doucement dans mes bras, à l’anglaise, sans oser abuser, sans l'étouffer, un petit moment de bonheur pour mon petit coeur qui se glace de janvier. Quelle belle personnalité elle dégage, quelle belle soirée elle vient de me donner! I'm just sooooo happy, i'm hot!

Depuis que je suis rentrée, l’homme amusé profite de ma bonne humeur à sa façon. Il s’intrigue de mes déviations féminines et s’offre mon corps que je lui donne avec plaisir dans cette nouvelle humeur retrouvée…

Merci Jorane, j’espère que les anges continueront de te faire tourner autour de la planète comme tu le désires et que tu continueras à sauver des petits morceaux de nos âmes avec ta musique enchantée…

PS : Yvérick qui a pris de très bonnes photos du concert m’a promis de partager demain quelques images "live on stage"…
Séance-autographes-III-(Jorane)Séance-autographes-II-(Jorane)Séance-autographes-(Jorane)

vendredi, janvier 28, 2005

Vie et hasards

Journée d’écriture, 2000 mots plus tard, contente mais pas satisfaite, considère mon produit brut en silence. J’ai repris l’histoire de Sara. Plusieurs remaniements nécessaires. Une plongée en enfer. Un retour à la vie. Comprendre des dates. Gérer des émotions, construire des idées. Une recherche difficile parmi des documents anciens et troublants. Quelques découvertes touchantes. Le soleil se couche sur mes émotions. je le regarde tristement. Il se dore un peu plus chaque semaine, un jour reviendra le printemps...

Ce soir Jorane. Un concert qui me tombe un peu du ciel, alors que je devais aller à une autre activité plus littéraire. Finalement ayant hésitée trop longtemps, les places ses ont écoulées assez vite pour que je n’ai plus à choisir quoi que ce soit! C’est alors que le hasard m’a ouvert une petite porte musicale que je n’ai su refuser. Hier après mon cours, l’on va manger dans ce petit resto cool et pas cher du centre ville, entre deux bouchées, je me résigne à voir Jorane une prochaine fois qu’elle viendrait en ville. Voilà longtemps que j’ai envie de la voir et à chaque fois qu’elle passe, je la rate! Je grommelle un peu ma peine en même temps que je grignote mon Shish-Taouk! Juste avant que l’on parte, alors que Juan s’apprête à régler l’addition, la jeune serveuse me propose un billet pour le concert! Je ne sais pas si elle m’avait entendue grommeler ou si c’était le hasard qui en avait décidé ainsi mais cette jeune fille devait travailler le soir suivant et ne pouvait du coup aller à ce concert, si je voulais, elle me vendait sa place pour quinze piastres! J’acceptai son offre en trois secondes, nous nous sourîmes et je ressortis l’estomac plein et un billet dans la poche pour Jorane le lendemain! Bizarre…

L’on arrive à cet endroit ou nous nous rendons pour un spectacle de danse qui nous tente vraiment beaucoup. Juan me pose et part en vitesse chercher Petite Clo que l’on a invité à venir voir ce spectacle qui ne peut être que bon. J’ai appelé pour réserver des places. Je suis la première sur la liste, la jeune fille à l’autre bout du fil m’assure que je suis sure d’avoir des billets si je viens à l’avance. Ainsi j’arrive comme convenu à la caisse pour découvrir, manque de bol, que l’on ne peut payer par carte Interac! C’est carte de crédit ou cash! J’explique à la jeune fille sympathique que mon homme est parti chercher ma petite sœur et que je n’ai pas pris mon portefeuille. Elle me dit qu’il n’y a pas de problème tant que je suis là, tout va bien, on va les attendre. Je reste le premier nom sur la liste. De toute façon, il faut attendre que la salle se remplisse avant de donner les places non réclamées. Plusieurs personnes attendent derrière moi. Je ne suis pas la seule à avoir envie de voir ce show! Je vois un petit bonhomme tout énervé, super « speedé », il court d’un bord à l’autre de l’entrée, il semble être en charge. Je l’observe du coup de l’œil.

Mon homme arrive enfin avec Petite Clo, il va pour payer lorsqu’il se rend compte qu’il a oublié sa carte de crédit à la maison. La jeune fille à la caisse lui dit : « C’est correct, tu peux essayer de retirer de l’argent au café plus haut, je garde vos places. » La salle est presque remplie, je vois mon homme qui file dehors, le temps passe et je commence à avoir de sérieux doutes sur la destinée de notre soirée. Je discute avec la jeune fille aussi jolie que sympathique, qui m’assure que tout va bien et que nos places sont assurées. Je lui demande où est-ce qu’elle a envoyé Juan qui ne revient pas? Elle me dit au café en haut, je remarque ces escaliers qui montent à l’étage supérieur. Ohoh! Je suis sure qu’il n’est pas allé par là! Je grince des dents. Il revient en sueur et entouré de brume glaciale, pas de guichet dans les environs, un peu énervée, je lui indique les escaliers, il file et voilà que la salle est prête pour nous. La jeune fille me sourit et me dit qu’à force de courir et d’attendre on aura bien mérité notre spectacle. Petite Clo inquiète ouvre rond ses grands yeux. Le petit bonhomme speedé commence à donner des billets aux personnes qui attendent sans les compter. Dans un silence pesant, je commence à m’inquiéter sérieusement. La jeune fille rassurante me dit qu’elle a mis de coté mes 3 billets, elle me sourit. Juan arrive et dépose l’argent sur son comptoir, elle est aussi soulagée que nous, lorsque apparaît l’homme stressé qui déclare :

- Bon il reste une place qui d’autre?

La fille surprise lui répond :

- Comment ça une place! J’ai 3 billets de coté pour eux, ils attendent depuis le début et ont du courir après un guichet!
- Mais ils étaient où sur la liste?
- C’était les premiers! S’exclame la fille excédée…

Dans ma tête, je hurle « Hoho » L’homme se met à légèrement frustrer et le regard de Petite Clo s’embue. Je m’avance :

- Ben, oui, j’étais la première sur la liste!

J’entends Juan qui échappe un gros « F… » derrière moi, il court depuis 40 minutes et l’autre sans faire attention vient de nous exploser notre nuage en pleine face! La jeune fille est aussi dépitée que nous. Elle discute avec l’homme. Ils conviennent qu’ils ne s’étaient pas bien compris, il admet qu’il n’a pas fait attention. Petite Clo est blanche de dépit, elle part chez son père le lendemain et c'était sa seule chance d'assister au spectacle! Elle qui adore la danse, moi qui voulais l’emmener à un spectacle de qualité! Je blanchis aussi…

L’homme plus humain que je ne l’aurais cru à première vue s’approche de Clo lui montre le « pamphlet » pour un autre spectacle et nous propose trois billets pour celui-ci (en mars) gratuitement! Petite Clo l’observe, l’homme se calme, je me dis en moi-même « Bon au pire, on aura gagné 3 billets! On va pas pleurer! » Clo retrouve des couleurs petit à petit, le monsieur en charge soudainement très gentil, désirant manifestement se faire pardonner son erreur, finit par nous faire passer une pilule difficile à avaler. L’on ressort réellement dépités mais pas trop frustrés!

L’on finit par emmener Petite Clo boire un chocolat chaud avant de la ramener chez elle. La pauvre petite nous explique que c’est juste la continuité de sa semaine épouvantable. Nous la consolons en lui disant que ce n’est pas tant à l’eau que reporté et c’est vrai qu’il a été sympa ce garçon de nous offrir 3 billets gratuits. Je suis déçue de ne pas voir ce spectacle dont on en dit tant de bien. L’amour et le couple sous forme de chorégraphie inspirée des oiseaux, de quoi oublier un instant l’hiver. Mais bon nous irons voir celui-ci lorsque les grands froids seront repartis! Le choix ne se pose pas là non plus. Les choses se font et se défont sur les chemins du hasard qui se déroulent au fil de nos quotidiens. Juste la vie qui roule et s’amuse de nos petites poires…

jeudi, janvier 27, 2005

60 ans aprés...

La fermeture des portes de l'enfer sur Terre. Les fantômes se relèvent des cendres maudites de la haine humaine. Notre souvenir comme respect et prière. Silences et peines. Ne jamais oublier les leçons (horreurs) du passé...


mercredi, janvier 26, 2005

Hoho...

Winter-ExperienceEntre-chien-et-loupSquare-CircleAn-apple-a-day

Je me suis fait croquer la pomme par Lithium! C'est bien parce-qu'il est sympa que je me suis laissée faire, parce-que du coup à m'ouvrir comme cela, voilà pas que je me sens toute chose!!! Une certaine familiarité virtuelle avec le coquin m'aura permis de me sentir à l'aise et le tout ara même coulé tout seul! En fait, c'est un peu comme jeter un oeil derrière ce rideau opaque qui me cache, un petit clin d'oeil...
Je vis dans un espace maximum alors qu'en ville on se bat pour un mètre carré qui définit l'espace.
Nicolas Hulot

Le cinéma est pour moi un art tridimensionnel. Avec ma caméra, j'ai le sentiment de sculpter l'espace.
David Cronenberg

Notre univers s'étend comme gonfle dans le four un pudding aux raisins, dans un espace qu'il crée lui-même.
Hubert Reeves
09 :09

Je regarde l’heure qu’il est alors que s’inscrivent ces mots sur l’écran, j’attrape le chiffre pour en faire un titre. Pas de cours aujourd’hui, mais plusieurs choses à m’occuper, la session se remet en branle, le tourbillon s’active une dernière fois. Un drôle de goût de "finalité" m'inonde les idées. Si seulement je pouvais sortir dehors pour le simple plaisir, Dieu que je serai heureuse! Mettre le nez dehors sans que mes narines ne se "pognent" comme si elles étaient englués de colle. Et ultime fantasme sentir le soleil chauffer ma peau nue, sentir l’air pénétrer mes poumons sans les brûler au passage, prendre de grandes respirations…

« Patience fille » chuchote ma mère la Terre qui rigole de mes blues d’hiver. Je pense aux animaux qui hibernent sous l’immense couche de neige. Ce processus me fascine, il y a des jours où je ne serais pas contre une petite hibernation pour ma pomme givrée. Que je m’endorme dès que le baromètre tombe en dessous de –25 (facteur vent joint) et que je me réveille comme une rose dès que l’on retrouve –15! Évidemment la vie serait bien moins fonctionnelle au Canada si l’on possédait cette particularité. « Patience fille... » susurre mon père le Soleil qui m’éclaire de tout son amour. Je pense aux premiers temps de la colonie de ces français en Amérique lorsque il n’y avait ni électricité, ni routes déneigées. Je peine à imaginer, quelle force fallait-il posséder pour subsister à la rudesse de ces hivers d’antan! Évidemment dans ce temps là on faisait beaucoup d’enfants…

D’après ce que je sais, les premiers européens débarqués avec Cartier ont eu bien du mal à survivre aux premiers grands froids. Parait même que seuls ceux qui sont partis habiter avec les Indiens ont survécu! Je partirais bien habiter avec les Indiens ce matin. Je me transformerais en squaw docile et sauvage qui file sur son cheval lorsque viennent les beaux jours, qui affronte le danger avec un arc et des flèches et qui se laisse aimer par un bel homme musclé à la peau de cuivre…

Je reviens sur Terre et entends pleurer ma mère, je lui demande :

- Pourquoi pleures-tu?
- Parce-que ces enfants que j’aimais tant ne sont plus…
- Mais tu as des milliards d’enfants sur ton dos!
- Oui, mais ceux-ci étaient mes préférés, les mieux élevés! Ils me respectaient sans me blesser, m’honoraient sans me dénigrer. Et qu’ils étaient beaux habillés de la peau de mes animaux!
- Mais tu sais, on dit toujours que les enfants sont méchants entre eux, c’est peut-être pour cela qu’ils finissent toujours par s’entretuer dans la cour de ton école…

Notre mère la Terre verse une larme. Est-ce une lame qui ravagera ces enfants inconscients construisant des châteaux sur le sable?

mardi, janvier 25, 2005

dimanche, janvier 23, 2005

À la recherche d’un futur

J’ai des cris plein la tête. J’ai quitté ma patrie à jamais. Le temps n’a pas guéri mes plaies qui chaque nuit saignent d’horreurs. Chaque soir, cette même crainte de retrouver ce même cauchemar qui m’habite depuis mon départ à la hâte. Même en plein jour, si je ferme les yeux très fort, je peux encore sentir l’odeur de mon enfance qui brûle entre quatre murs décrépis. J’entends encore les cris de ma mère, les suppliques de mon père et chaque coup de machette meurtrier résonne encore à mes oreilles. J’ai la mémoire en sang.

J’ai quitté un pays de soleil après m’être sauvée, cachée au creux de la chance. J’ai finalement atterri en un immense camp, où l’on nous a parqués comme un énorme troupeau de bétail affamé. Un jour, par ce qui me sembla le plus grand des hasards, alors que j’étais noyée dans un océan de réfugiés aux frontières de nulle part, d’énormes hélicoptères vinrent pécher les plus jeunes de la horde. Prise dans un filet invisible, ils m’ont emporté dans le ventre de leur douce humanité. Je n’ai pas résisté, j’avais faim, j’avais mal et j’étais submergée d’une puissante rage intérieure. Une rage de vivre inébranlable qui suintait par chaque pore de ma peau révoltée. Je voulais vivre pour les miens qui n’étaient plus, vivre pour défier ce mal qui s’était déployés sur nous. Je voulais lutter pour ne rien oublier. Les machines des blancs m’ont emportée en leur univers qui est devenu mien. Étrange monde de glace et de froid où la chaleur des gens pâles réchauffait mon petit cœur gelé. Je venais d’avoir seize ans.

J’avais été violée, mutilée, cassée et pourtant j’étais encore là, seule, le cœur battant dans mes veines. Mon sang palpitant en mes pensées rongées de culpabilité irraisonnée. Une famille me prit dans son nid, elle s’occupa de moi comme d’un petit oiseau blessé, doucement, je recommençai à vivre…

Mais tout cela eut lieu il y a si longtemps! Presque deux décennies se sont écoulées depuis le génocide de ma famille biologique. Les jours, les mois, les années ont passé. J’ai réappris à fonctionner, à communiquer, à aimer. Je me suis reconstruit un foyer. Ce fut un long et périlleux processus. J’ai dû prendre en main les rennes de ma vie, découvrir des gens, des coutumes, des couleurs si différentes des souvenirs de mon enfance ruinée. Je me suis instruite, j’ai évolué, mais jamais je n’ai réussi à pardonner.

Jamais je n’ai jamais réussi à effacer le souvenir de cette autre vie au creux de mes nuits agitées de souffrances. Comme un fantôme du passé venu tourmenter chacun de mes sommeils, ces mauvais songes me hantent sans que je ne puisse jamais les attraper et les détruire. Des songes qui s’amalgament en une seule entité de haine et de souffrance, comme un fantôme sanguinolent, grotesque, qui me mange l’inconscient. Je le connais si bien désormais que j’ai presque l’impression qu’il habite un peu de mon âme, un peu de ma chair. Je sais très bien qu’il se nourrit de moi, de ma tête, de mon cœur, de mes pleurs. Il vit de mes morts, comme un mauvais sort, il m’empêche d’oublier. C’est peut-être aussi ce que j’avais désiré durant ce vol si lointain, ne jamais oublier ces atrocités vécues…

Ce que je n’avais pas réalisé, c’est que les souvenirs que j’aimerais aujourd’hui posséder sont les sourires de ma mère, les rires de ma petite sœur, les regards étoilés de mes frères, la douceur des gestes de mon père. Hors, tout cela, je l’ai oublié. Je le sais. Je ne reconnais plus que cette feinte odeur d’un bonheur déchiqueté. Et toujours, ces cauchemars au cœur de mes nuits, cauchemars remplis de cette détresse dépassée qui ne veut plus me lâcher. Même après m’être mariée l’été dernier, le fantôme honni est resté ancré au fond de mes songes. Même son amour inconditionnel n’y a rien changé. Chaque nuit ces mêmes sueurs, chaque nuit ces mêmes peurs. Et, depuis neuf mois cette vie nouvelle qui grandit en mon ventre éclaté. Petit être de chair et d’espoir.

Ce matin, les premières contractions me retournent les entrailles. Sept heures à hurler, à halluciner les esprits des ancêtres. Sept heures à pleurer, évacuer ma douleur intime en une souffrance ultime. Sept heures à pousser. Pousser la vie, crier la mort. En une ultime giclée de sang écarlate, une petite tête s’est dessinée. Petite chose portant en ses veines un petit peu de chacun des miens, fruit de tous les combats de mon existence, petit miracle entre mes mains. Ses premiers cris ont effacé chacune de mes douleurs comme par magie. Mon esprit s’est enfin calmé.

C’est un garçon me dit-on. Je hurle de joie incandescente, je crois que je viens de le tuer, ce fantôme du passé, reflet d’un malheur périmé, le voici effacé. Je le sais. C’est avec la promesse d’un futur que j’aurai fini par l’écraser. Ce soir, mon bébé dort à mes cotés. Au plus profond de mon cœur cicatrisé, je réalise que je suis définitivement transformée. Pour la première fois depuis des années, ma nuit sera belle car je peux à nouveau rêver d’avenir et de bonheur partagé.
Lectures éparpillées

Je finis « La maison son au bord de la mer » d’Élisabeth Vonarburg. J’aime bien ce qu’elle fait et ce recueil de nouvelles ne m’a pas du tout déplu, j’ai particulièrement apprécié certains passages et adoré certaines histoires. Le fil de fond qui lie ce recueil en un monde futuriste est subtil, il m'a aspiré en quelques histoires contées. Ma nouvelle préférée restera « Dans la fosse » :

Extrait : « …Et je l’ai vue changer. Je l’ai sentie changer, aussi, cette impression de quelque chose qui échappe, qui se déplace et se recompose en glissant… Je la tenais encore pourtant, et la texture de sa peau, de ses muscles, la forme de ses hanches, tout a changé, et c’était un homme à califourchon sur moi, plus fort que moi qui me tenait cloué par terre et qui continuait à bouger, lentement, à me caresser et… »

Je délaisse le monde étrange de Baïblanca avec un soupir de regret. Pablo Neruda et sa "solitude lumineuse" m’aide à en sortir avant que je ne me replonge dans ce petit livre usagé des manifestes du surréalisme de Breton qui me retourne l’âme à l’envers pour mieux me remettre les idées à l’endroit…

Extrait de « L’Opium » de Pablo Neruda

« … Il y avait des rues entières consacrées à l’opium… Les fumeurs s’allongeaient sur des estrades basses… C’étaient les véritables centres religieux de l’Inde… Ils n’offraient aucun luxe, ni tapisseries ni coussins de soies… Tout n’y était que planches brutes, sans même un revêtement de peinture, pipes de bambou et oreillers de faïence chinoise… Il y flottait un air de dignité et d’austérité qui n’existait pas dans les temples… Les hommes assoupis ne faisaient ni mouvements ni bruit… Je fumai une première pipe… Rien… Rien qu’une fumée caligineuse, tiède et laiteuse… »

Extrait de « Manifestes du surréalisme » de André Breton.

« … C’est à très juste titre que Freud a fait porter sa critique sur le rêve. Il est inadmissible, en effet, que cette part considérable de l’activité psychique (puisque, au moins de la naissance de l’homme à sa mort, la pensée ne présente aucune solution de continuité, la somme des moments de rêve, au point de vue temps, à ne considérer même que le rêve pur, celui du sommeil, n’est pas inférieure à la somme des moments de réalité, bornons-nous à dire : des moments de veille) ait encore si peu retenu l’attention... »
Le soleil vient de se lever, encore une belle journée…

Chanelle couchée à mes pieds, les chats qui la surplombent pour mieux la surveiller. L’homme qui dort à poings fermés. Le soleil qui brille sur mon désert d’hiver. Un paysage qui étincelle. Mes nuits sont tourmentées de personnes irréelles et de passé effacé. Je préfère me réveiller pour affronter une autre journée. Aujourd’hui j’ai promis à Juan de sortir de ma tanière, déjà l’envie se perd lorsque je regarde le givre qui recouvre mes fenêtres, mais une promesse est une promesse…


Leaving Winter's Camp ~ Carol Grigg

samedi, janvier 22, 2005



Irrésistible…

Je trouve sur ce site une photographie de Larry Sultan qui me séduit et me ragaillardit l’humeur glacée. L’homme outré s’insurge. Délire de janvier, envie de nudité. Impossible de résister à la tentation. Coquine, je ne puis que sourire et savourer ma bêtise givrée…

Papotage frigorifié

Ce matin, point de rosée –31! Un jour il faudra que l’on m’explique ce calcul, parce-que je ne comprends pas comment il peut y avoir quelque rosée qu’il soit à cette température là! En bref, il fait ben d'trop frette!

Hier, en allant à une réunion sur le campus, j’ai eu le temps de me geler l’intérieur des narines dans les quatre minutes passées dehors! Vitesse record de congélation humaine! Le souffle est vite coupé par la brûlure de l’air qui pénètre les poumons. Le froid devient presque solide, l’on nage dedans tout habillé! Parce-que franchement lorsque l’on ne peut plus respirer sans avoir le nez collé de l’intérieur, c’est qu'il fait sérieusement froid! Je sais, je chiale sur le froid, je suis dans ce creux d’hiver qui me noie…

En mode survie, en mode attente, je ne trouve pas en moi la force d’apprécier tel temps aussi ensoleillé soit-il. Je serre des dents. Je rêve d’ailleurs et de couleurs. Pour pouvoir être bien dehors, il faudrait que j’accepte de m’habiller comme le font les amoureux du froid. Parfois pour un tour de ski de fond, de patins ou d’hôtel de glace, je me plie et enfile ces épaisses couches qui me protégent pour affronter l’air méchant. Mais je vais quand même pas aller à l’université avec un look de motoneigiste!!!

Sur ce point j’ai vu cette semaine une vision qui m’a totalement renversée: Alors que j’étais emmitouflée dans la chaleur de la voiture et comme à l’habitude des derniers jours il faisait aux alentours de –30 avec facteur vent (et Dieu sait que sur le campus souffle le vent!). Je vois une jeune fille marcher dans la rue jambes nues! Oui, oui, jambes nues! Je faillis m’étouffer sur place, j' écarquillai les yeux et pointai à Juan le phénomène saugrenu:

- Regarde, elle, j’y crois pas! Elle est en jupe sans collants! C’est débile comment elle fait pour vivre! Je veux bien croire qu’elle a de hauts bas, mais quand même, elle a pas de collants!!!

L’on s’arrête au feu rouge, la fille nous dépasse d’un pas de marche bien rythmé. L’homme tout aussi surpris, bien que moins conscient de l’incroyable de la chose, n’ayant jamais eu l’occasion de se promener en jupe par temps frais. Mais là ce n’est plus de temps frais dont on parle, c’est de Pôle Nord! Je veux bien être « fashion oriented » mais là cela dépasse mes propres bornes! J’ai encore devant les yeux l’image de ses genoux découverts sur fond de neige et de fumées pétrifiées. L’homme complètement résigné depuis sa vision de dimanche dernier sur le lac gelé soupire et pour la énième fois depuis ce jour me répète la même phrase avec l’intonation locale bien maîtrisée :

- J’te dis les Québécois, c’est fait fort!

L’on se regarde interloqués et je peux encore voir en lui cette image qui le bouleversa dimanche. Nous étions sur le lac dans le soleil couchant, nous avancions d’un pas rapide en direction de notre chalet, lorsqu’une motoneige tirant une espèce de luge à chiens avec un petit bout de chou debout, s’agrippant de ses deux petites menottes à l’arrière du truc, fila devant nous à vive allure. L’on resta bouche bée devant la vision de ce petit bonhomme (5 ou 6 ans) accroché à l’arrière de cette drôle de caravane, fouetté par le vent, ballotté par la vitesse qui passa devant nous. Juan s’exclame :

- Mais t’as vu ça! C’est retardé! Mais s’il tombe le gamin, il était vraiment petit, pis t’as vu comme il était dans le vent, ça doit vraiment pas être chaud, mais ils sont fous! S’il tombe, il se tue!
- Oui c’était hallucinant, mais il avait un casque le "Ti' Cul", t’as pas vu son casque?
- Hein, non, j’étais trop choqué! C’est sûr avec un casque c’est moins pire mais quand même! Tu m’étonnes qu’ils sont fait fort les québécois de campagne. C’est formé jeune à l’hiver ces bêtes là! Il m’a franchement tué ce "petit cul"!

L’on reprend la route en silence, je l’entends marmonner devant moi et je ne peux m’empêcher d’en rire. Finalement, il aura été pas mal divertissant ce petit bonhomme qui filait dans le froid. Depuis cependant Juan a du mal à s’en remettre et plus rien ne l’étonne. Il faut dire qu’il y a toutes sortes de légendes locales sur les exploits des générations éteintes qui continuent de se mouvoir dans la mémoire hivernale…

Malheureusement mes racines ne se nourrissent pas de l’hiver local. Le coin de France qui me vit naître n’est pas étranger à l’hiver mais c’est du pipi de chat comparé à ce qui se vit ici les mois de janvier-février. Je crois que c’est mon seizième hiver ici, mon cinquième prés de Québec...

À Montréal il fait aussi froid mais il me semble que c’est un peu moins rude qu’ici (prés de Québec). Durant la dernière session, je me souviens avoir été amusée par une collègue de classe originaire de Trois Rivières qui m’expliqua en long et en large comment Québec était beaucoup plus nordique que sa campagne située à environ deux heures d’ici en allant vers le Sud. Sud qui reste une notion relative où que l’on soit au Québec en plein mois de janvier! Qui sait, la fille en jupe de l’autre jour venait peut-être du Grand Grand Nord???

Art caché derrière le mot hiver="Winter" de Amy Brown
Jolie "Cocci-Belle" en balade sur mon doigt offert...

vendredi, janvier 21, 2005

Dans mon congélateur,

Des paillettes de ciel lavande. Un soleil perçant pour éclairer des dunes de sucre glacé. Des jardins congelés où poussent des fleurs sanguines. Ma pomme givrée qui grelotte…

mercredi, janvier 19, 2005

Au cœur de l’hiver

-35 avec facteur vent depuis deux jours, nous voilà bien arrimés au cœur de l’hiver. Les prochaines semaines sont les plus difficiles pour ma pomme chiffonnée, d’ailleurs c’est la période où les Québécois aisés partent faire un tour dans le Sud! Les retraités ne sont déjà plus des nôtres depuis plusieurs semaines. La plupart réchauffent leurs vieux jours au soleil de la Floride, habitude du troisième âge bien ancrée dans les mentalités. Pour les plus pauvres de notre riche société, pas le choix de passer au travers des rudesses de l'hiver sans rien d'exotique pour se changer les idées gelées…

Avec la rentrée universitaire, je n’ai pas encore eu le temps de mettre en mots rangés notre dernier dimanche où le temps relativement clément, du soleil et des températures autour de –15, nous donnèrent l’idée d’aller explorer l’hiver…

Je voulais, depuis quelques jours déjà, aller voir si l’hôtel de glace était fini. Je passe ma matinée penchée sur le sort de Goom et après avoir mangé, l’on finit par se décider à aller y faire un tour. Alors que l’on longe le lac, je vois de la vie qui s’anime sur sa croûte immaculée. L’on s’arrête au bord de la plage qui n’existe plus et l’on s’avance sur le lac. Quelques motoneiges tirent des luges d’enfants, quelques promeneurs bien emmitouflés se baladent. Juan me dit :

- Ben pourquoi on y irait pas à pied, au lieu d’y aller en char!
- À pieds! En traversant le lac!!!


Je fais la grimace, je regarde l’horizon blanc, ce désert polaire qui s’étend devant moi. Je le regarde me sourire tendrement, l’aventure m’attire et je finis par obtempérer:

- Ok, mais faut qu’on revienne avant la nuit, pis si on voit que c’est trop loin, on se retourne!

Il rigole et je vois l’éclat moqueur dans son regard d’émeraude:

- T’en fais pas ça va bien aller ma chérie, on va survivre! Je te promets!
- Mmmmmppfffffgrmmmpf
...

L’on commence à marcher. Une épaisse couche de neige croustillante recouvre la glace qui emprisonne le lac. Je m’amuse à prendre des dizaines de photos, il m’amuse avec des acrobaties qui me font craquer. Un « petit-cul » en raquettes nous suit comme un petit chien. La vue est superbe. Le ciel infini. C’est à peine plus fatiguant que de marcher sur du sable, surtout si l’on suit les traces des « skidoos » qui tassent la neige. Open Winter…

Nos pas font scrounch-scrounch-scrounch, j’en fais un petit film juste pour le bonheur d’attraper ce drôle de son. Il fait bien froid mais l’on est bien habillé, et je profite du plaisir futile d’être pieds nus dans mes bottes de Yeti tout en ayant le bout des orteils bien au chaud! C’est un sacré exercice et je râle un peu si j’y pense trop…

- Mais! On va être trop morts pour rentrer! Même si on se rend, on pourra peut-être pas revenir et on aura pas de char là-bas! Faudra quêter un lift! Pis si la nuit tombe, y va faire encore plus frette! Pis faudrait pas qu’on tombe dedans parce-que là on est foutu! Même si y’a quand même des gens par-ci par-là…

Il me prend dans ses bras et s’amuse de mes lamentations. Il m’encourage à le suivre et me pousse jusqu’à ce que j’admette comment l'on a du fun! La nature est impressionnante. Et c’est vrai que c’est superbe, un paysage limite lunaire, de l’espace à perte de vue, un monde d’une blancheur surréaliste, un froid pas trop agressif…

Un froid quand même bien pinçant qui me gèle les cuisses subtilement! Une quarantaine de minutes plus tard, l’on arrive en vue du site abritant l’hôtel de glace. Je suis « nickée »! Et je n’ai presque plus de mémoire numérique! Un autre dix minutes de montée et nous voilà arrivés!

L’hôtel de glace sous les yeux, j’oublie ma fatigue et fait un petit tri numérique le temps que Juan aille nous chercher des passes pour entrer sur le site. Je suis tellement fascinée, que je me sens flotter dans le temps arrêté. L’œil numérique enclenché, je me faufile entre quelques touristes sans personne pour me remarquer. La construction n’est pas complètement achevée, les travailleurs du froids travaillent à poser les dernières touches de l’endroit. J’attends l’homme dans la cour intérieure tout en observant cet étrange palace de glace…

C'est si joli que j’oublie le froid qui ne m'affecte plus! Je l’apprivoise avec ce plaisir que me donnent mes yeux ivres de givre. Paysage enchanté de monde de fée, je souris aux anges polaires. Je me fonds dans l'atmosphère irréelle. L’homme me retrouve à l’entrée du château d’hiver :

- Mais j’ai ta passe comment t'as fait pour entrer?!?
- Je sais pas trop, j’étais si subjuguée que je suis devenue invisible, j’ai du me « symbioser » avec la place!

Il fronce les sourcils sans comprendre, je l’entraîne à l’intérieur….

Comment expliquer ce que je ressens lorsque je suis en ses entrailles de glaces, je ne puis y arriver avant d’y être retournée plusieurs fois!!! Cette année, l’on s’y prend tôt, et je compte bien y retourner faire des tours d'idées et des safaris d’images. J’aimerais écrire un texte assise là

Cette année, il est un peu plus grand, un peu plus grandiose que l’année dernière. Les chambres sont moins monacales, mieux pensées, plus jolies. Mais aussi belles soient-elles, je préfère encore dormir dans la chaleur de ma cabane de l’autre coté du lac!!! L'art y est encore plus présent avec une petite gallerie dédiée à cet effet. Il y a même une petite cour intérieure avec deux énormes bains tourbillons fumants et un sauna qui sent bon le cédre chaud…

Juan découvre le sauna, ouvre sa porte et me pousse à l’intérieur. Du bonheur à l’état pur! C'est chaud sans être étouffant. Nos pores se dilatent d’un coup et nos peaux hurlent de délice, un vrai petit vice. L’on se regarde en riant, profitant pleinement du moment jusqu'à ne plus tenir. L’on retrouve réchauffés le congélateur de notre réalité glacée

Le soleil est bientôt prêt à se coucher, sa lumière dorée illumine la place qui scintille si joliment. L’on ne perd pas trop de temps et l’on reprend courageusement le chemin de la maison. L’on trouve une « track » de motoneige parfaite pour marcher sans trop peiner. D’un pas rapide, sans s’attarder, l’on retraverse le lac pour arriver de l’autre coté avec le soleil disparu à l’horizon qui s'assombrit rapidement.

Un superbe après-midi qui s’achève en beauté sur l’étendue pétrifiée du lac désert. J’ai les cuisses congelées et je crois bien que la première strate de chair est aussi dure que de la pierre alors que les muscles sont incroyablement échauffés. L’homme a la peau du visage toute fripée, les joues rosées, l’on retrouve en vitesse la chaleur de notre foyer. Épuisés et heureux, l’on laisse notre peau décongeler doucement. J’ai des milliers de sensations qui me pincent la peau et dans la tête des images sublimes d’univers glacé

Je postai mes photos sur mon compte Flickr, sur ce photoblog sans nom, devenu accessoire de ce monde de phrases et qui m’emporte parfois loin des mots! Et, ce matin dans ma boite aux lettres, quelques mots de membres enthousiastes qui m’apprennent que mon set de l’Hôtel de glace a été mentionné dans le blog de Flickr. Surprise, je perds mon souffle deux minutes, un peu de chaleur se répand dans mon cœur givré.

Ainsi je réalise que les photos de cet étrange palais de glace laissent peu de monde indifférent. Je suis contente de voir qu’il n’y a pas que moi que cela fascine. Je prévois une autre visite sous peu. J’ai bien envie d’aller chasser quelques photos nocturnes, et puisque je ne peux aller dans le Sud, j’irai simplement me perdre au cœur de l’hiver bien installé!

Fin-Zone-de-PêcheMon-acrobateHotel-de-glaceIce-ChairIce-Palace-IIDerrière-la-glace
Ice-Hotel-ReceptionComptoir-de-trappeurIce-ViewFrozen-Winterland

mardi, janvier 18, 2005

La douleur des images...

Via Riverbend, je découvre le blog de cet auteur irakien, alors que je parcours ses pages, je m'arrête devant ces photos emplies de violences et de souffrances. Je clique dessus et j'y crois à peine lorsque je découvre qu'elles me mènent tout droit au monde de Flickr. Y'a vraiment de tout pour faire un monde dans cet univers qui met la planète en images. Des images qui me font mal. Des images qui témoignent tout comme cela fut le cas avec le tsunami, bien que là ce n'est pas de nature agressive qu'il est question mais d'humanité révoltée. Tout cela dans une société de voyeurs insatiables, dont je crains de faire partie...

*Soupir* Si l'on ne pouvait regarder que les bons moments de nos existences, est-ce que la vie deviendrait pour autant un paradis terrestre?
L'imaginaire et le réel sont deux lieux de la vie.
Jacques Lacan

La littérature fait directement appel à l'imagination : lire, c'est une façon de faire fonctionner son imaginaire particulier.
Jerzy Kosinski

Tout porte à croire qu'il existe un point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et l'avenir, le haut et le bas, le communicable et l'incommunicable cesseront d'être perçus contradictoirement.
André Breton
Je re-revisite cette histoire déjà gribouillée une autre fois pour la polir, la remanier et la maîtriser toujours un peu plus, en espérant faire un peu mieux à chaque fois, en espérant que 2005 donnera des ailes à cet ogre qui s’attache à mes jours…

Goom (épisode I)

Au fond d’une forêt dense, aussi sauvage qu’ignorée des hommes, vivait un ogre noble. Goom était une étrange créature massive, aux oreilles pointues et avec des pieds aussi longs que trois péniches alignées. Gentil et différent, il était ce que les autres ne sont pas. Au cœur de la forêt de ses ancêtres, les arbres majestueux devenaient des villages animés. Leurs troncs, aussi gigantesques que des gratte-ciel naturel, servaient de maisons pour la plupart des familles du royaume d’Ogronum.

Un seul arbre pouvait abriter jusqu'à trois familles à la fois. L’on creusait des étages dans l’écorce solide. Toutes sortes d’étranges escaliers s’agrippaient aux branches pour disparaître dans le feuillage touffu. Le jour, l’on entendait partout le brouhaha du quotidien des Ogres, quelques hurlements d’enfants jaillissaient parfois dans l’indifférence générale et les routines de leurs existences se répercutaient jusque dans la nuit noire, illuminée par des centaines de lanternes à la fois et le chant des Ogresses en rut.

Sur les rives du cours d’eau qui bordait sa cabane, Goom se souvenait parfois avec douceur de ce temps lointain où il vivait encore avec les siens. Cette période révolue était le seul souvenir qu’il connaissant en son cœur de bougre. Désormais, bien caché à la frontière de la contrée des gnomes maudits, sa maison posée au bord de la rivière damnée, il habitait là où aucun ogre n’osait s’aventurer…

Depuis quelques siècles déjà il vivait une existence de reclus, il existait principalement grâce à ses souvenirs chéris. Il subsistait avec peine, ne sachant quoi attendre de sa vie, il vivait sans y réfléchir. Lorsqu’il contemplait son reflet sur la surface de l’eau, il ne reconnaissait pas cet Ogre sans gras qui lui faisait face. Il se laissait flotter au gré des jours améliorant son domaine de mille petites choses souvent inutiles. Il chassait peu, se nourrissant seulement quelques fois par semaine et passait le reste de son temps à rêver ou bricoler. Il n’avait pas d’amis, pas de voisins, les quelques rares créatures des environs l’évitaient. Il ne cherchait pas d’autres contacts que le sien. Souvent lorsque la lune devenait mauve et qu’il entendait chanter les grenouilles venimeuses, il se repassait en boucle ces instants incompréhensibles qui, malgré lui, déterminèrent le cours de son existence solitaire.

Tout s’était déclaré si vite, en quelques lunes seulement sa vie avait été bouleversée, ruinée, déchirée par cette soudaine sensation qu’il ne comprenait guère. Pourquoi lui? Pourquoi sa vie? Comment avait-il pu mériter un tel sort?

Il se rappelait très bien de ce matin où il se réveilla pour ne plus jamais être le même. C’était le lendemain d’un énorme banquet qui avait fait vibrer la forêt durant toute la nuit. Il se souvenait encore très bien de sa dernière bouchée. Ayant bu plus que de raison, imbibé de liqueur d’abeille sirupeuse et d’humeur mal léchée, il avait erré jusqu’aux baraquements des garde-manger et sans s’en rendre compte, il avait croqué en trois coups de dents cette petite Kaelle qu’il connaissait si bien. Sur le coup, il avait simplement cédé à cette impulsion commune à la plupart des ogres du royaume. Ce puissant besoin de manger qui retourne l’estomac en un instant, bloque la réflexion, et pousse à des actes aussi impulsifs que gratuits. Cependant cette petite Kaelle, pas très belle, lui avait laissé un drôle de goût aigre sur le palais. Un goût amer, désagréable, définitif. Un goût qui lui avait envahi toute la bouche comme une étrange maladie. Après avoir jeté les restes de la petite dans la fosse à poubelles, il était retourné se coucher sans se douter de ce qui l’attendrait le lendemain.

Avec le temps passé, il avait réalisé que c’était certainement ce soir là qu’il avait perdu le goût de la chair humaine. Pire encore, c’est certainement à partir de ce soir là que celle-ci avait commencé à le dégoûter profondément. C’était à partir de ce soir là qu’il avait commencé à se transformer…

Le matin qui suivit, il se leva plus tard qu’à son habitude, il ne se sentait guère en forme sans trop en comprendre la cause. Son crâne nu était ultra sensible aux moindres courants d’air et une subtile fièvre ralentissait chacun de ses gestes. Il décida de passer outre ces sensations désagréables et prit le chemin des cuisines pour surveiller le bon travail de ses apprentis. Il avait toujours eu à cœur les responsabilités de son travail et s’en acquittait chaque jour que Talka lui donnait. Renommé pour ses plats aux saveurs délicates dans toute la contrée, sa gastronomie était réputée pour être la plus fine du royaume. C’était là sa plus grande fierté.

En passant devant les baraquements du garde-manger, l’odeur des enfants frais et en santé lui donnèrent la nausée. Il essaya de ne pas y penser. La mine bleuâtre, il rencontra son frère Tsum sur le pas de l’énorme salle à manger, celui-ci s’informa de sa forme, il ne lui répondit que par un grognement inaudible avant de s’engager dans le passage obscur qui serpentait jusqu'à la salle des épices. Il s’assit sur une caisse bourrée de sauge séchée. Il huma tendrement les différents sacs à portée de sa main. Il finit par s’endormir la tête posée sur une épaisse gerbe de lavande fraîche.

Pratiquement tous les Ogres et Ogresses de la région étaient partis pour l’autre dimension. Ils étaient partis surtout pour chasser des bambins au sang jeune. Des têtes blondes, brunes, rousses, tout était bon à cuisiner. Ils ramenaient aussi avec eux quelques adultes mâles pour la reproduction. Plusieurs femelles étaient attrapées pour renouveler les élevages. Celles-ci étant réputées pour leur chair savoureuse et juteuse, elles étaient abondamment cuisinées durant la grande fête annuelle qui devait se dérouler sur plusieurs lunes. Il était donc nécessaire pour les Ogres du village de ramener chaque jour de la chair fraîche afin de renouveler les réserves durement entamées.

Pour ce faire, il fallait marcher longtemps avant d’arriver au sommet de la montagne sacrée d’où se tenait l’immense portail de glace qui menait directement au monde des hommes. Ce lieu magique était connu des Ogres depuis la nuit des temps. C’était l’unique moyen pour pénétrer l’univers des humains, l’unique lien vers cette autre réalité. La coutume voulait que l’on passe toujours son seuil à quatre pattes. Il fallait s’incliner pour prouver son respect à la déité Talka sculptée même cette glace bénie des Dieux.

Goom, lui, n’avait jamais aimé chasser. Il n’était jamais parti en expédition dans l’autre monde. Depuis son plus jeune âge, il avait développé un goût prononcé pour la cuisine et ses subtilités. Il avait été enrôlé très tôt au service du vieux Grout, l’un des meilleurs cuisiniers du royaume. Il avait naturellement pris sa place à la mort de celui-ci qui s’était éteint dans son sommeil à l’age de deux mille ans. Normalement Goom vivait ces périodes fastes dans une sorte de transe joyeuse. Ce jour là, pourtant, il ne se sentait vraiment pas à son aise. Il émergea de son somme en début d’après-midi, se sentant encore plus mal, il donna les instructions nécessaires à ses apprentis et décida de retourner se coucher jusqu’au retour des habitants du village.

Au soir tombé, Goom finit par sortir de sa chambre pour rejoindre sa famille sur la place centrale où se tenait un autre banquet gigantesque. L’odeur des dizaines de corps en pleine cuisson dans l’énorme marmite commune, la vue des gigots marinés sur le feu lui devint vite insoutenable. Sans être capable de se retenir, il commença à vomir, à pleurer, à frissonner. Tous les Ogres du village le regardaient, bouche bée, ne sachant que faire devant une telle situation. Les énormes pieds de Goom semblaient danser et martelaient le sol en une cadence effrayée. Il suffoquait de tout son être et personne n’osait l’aider. Il se releva un instant, péniblement il arriva à se tenir debout, mais en un incroyable hoquet qui fit frémir toutes les feuilles et les plantes du village, il s’effondra sur un plateau d’enfants prêts pour le four qu’il broya, dans sa chute inconsciente, en une énorme purée...

Ses frères le portèrent jusqu’à la cabane éloignée qu’ils possédaient prés de la rivière damnée et retournèrent festoyer. Les Ogres, débordés, devaient travailler toute la journée pour remplir les quartiers du garde-manger. Dotés d’une mémoire incroyablement courte, guidés essentiellement par leur instinct, ils oublièrent vite l’esclandre nocturne de Goom.. Son frère aîné, lui aussi très doué, repris son service aux cuisines. L’on parla d’une étrange maladie qui avait forcé Goom à se retirer et la fête continua. Les plats furent à peine moins bons. Tsum connaissaient par cœur toutes les recettes de son frère au grand soulagement de ses plus proches parents, très inquiets de voir diminuer le respect de leur lignée pour les générations. Personne ne mentionna l’absence de Goom avant la fin de l’automne.

Durant cette première période d’isolation, le temps s’écoula très lentement pour Goom, peu habitué à une si grande solitude. Ce malaise qui ne le quittait plus l’empêchait de retourner parmi les siens. Au début ses frères lui amenaient encore ces petits plats qu’ils savaient être ses préférés. Mais dés que Goom sentait la nourriture offerte, il se convulsait en d’horribles spasmes et semblait incapable de fonctionner normalement. Il comprenait peu à peu qu’il avait désormais une réaction à la chair humaine. Il ne comprenait pas ces nouvelles sensations qui l’envahissaient ni ces impressions bizarres qui les accompagnaient. Alors que les Ogres du village vaquaient à leurs occupations sans plus penser au triste sort de Goom, l’ogre en détresse n’arrêtait de penser à eux. Sans s’en rendre compte, il commettait là un acte irréversible, il développait sa mémoire et d’Histoire d’ogres, cela n’était jamais arrivé! Il réfléchissait intensément et cela aussi était un fait étrange pour sa race de joyeuses brutes.

Il commençait à comprendre qu’il ne supportait plus ni la vue, ni l’odeur, ni le goût de la chair humaine. Étant donné que celle-ci était l’aliment de prédilection du royaume, il apercevait la source de ce problème qui assaillaient chacune de ses pensées sans arriver à en faire du sens. Son petit cerveau d’ogre énorme, qui n’avait jamais pensé à autre chose dans sa vie qu'aux nuances infinies de la gastronomie, se tordait d’anxiété. Abruti par sa souffrance sans nom, il restait prostré au fond de sa cabane durant des lunes et des lunes, aussi perdu qu’il était dans le fil de ses réflexions douloureuses.

samedi, janvier 15, 2005

Vet Story

Il fait un froid de chien, l’on sort du vet, le moral dans les talons. Je marmonne mes sensations noires quant à devoir perdre un autre chat, il rumine en silence sa mauvaise humeur. De retour dans l’auto, on grelotte en attendant que la chaufferette embarque et nous réchauffe les émotions. Hypérion sage comme un moine en pleine méditation n'émet aucun son. Au premier feu rouge, Juan se tourne vers moi et me dit :

- C’est quand même la galère à chaque fois qu’on sort du vétérinaire!!! Vraiment ça m’écœure!

Je lève un sourcil sans mot dire, il enchaîne:

- Sans jokes, toi tu te fais du mauvais sang pour ton chat et moi pour mon compte en banque, résultat on sort toujours de là tous les deux sérieusement angoissés!

Il est déjà midi. On s’arrête casser la croûte au Tim. Difficile d’avaler la centaine de piastres disparus dans les poches de la clinique ultra chic. Hypérion a un ganglion sous la gorge hyper enflé et des problèmes de gencives assez étranges. Comme il a à peine un an, le vet a lancé ces deux petits mots si terrifiants, "leucémie et sida"! Alors avec les antibios la prise de sang, cette conscience aiguë de ne pas voir périr le dernier descendant de ma colonie disparue et la note de frais qui enfle autant que le ganglion mystérieux qui nous amène là!

À peine rentrés à la maison, le téléphone sonne et l’homme répond. C’est le vet qui a déjà les résultats des analyses. Les résultats sont négatifs! Ouf, je respire un peu mieux avec la nuit naissante et l’homme soulagé est aussi content de savoir que ce n’est pas l’un des deux cas mortels. La journée finit mieux qu'elle aura commencé même avec un portefeuille allégé!

Secrètement, je penserais presque qu’Hypérion est en pleine transition hormonale, il a des couill… gigantesques alors ça doit le démanger tellement qu’il lui en pousse une troisième dans le cou! Sur le chemin bucolique qui nous méne jusqu'aux abords de Loretteville, j’expose ma théorie à Juan qui faillit ne pas s'en remettre et nous envoyer au fossé! Il se tourna vers moi aussi outré qu’amusé et ne put s’empêcher d’en rire sur plus d’un kilomètre! Mais je niaise pour ne pas pleurer car j’aurais été extrêmement peinée d’apprendre qu’il était atteint d’une maladie si grave. Cela ne semble pas être le cas, ( merci les anges des chats ) y’a plus qu’à lui donner ses pilules pendant 28 jours, croiser les doigts pour que cela soit suffisant et attendre que Pimprenelle soit prête! Quant à nous, on n’a plus qu’à se serrer la ceinture en attendant les beaux jours, m’enfin tant qu’on a de l’amour et un peu d'eau fraîche…


Regards de femmes // Traductions libres
Extrait de Baghad Burning...

Alors que je lis le quotidien de Riverbend, cette jeune femme irakienne que je ne connais point, je ne peux m’empêcher de traduire sur le champ ce court extrait tiré de son excellent carnet virtuel. J’ai trop adoré lire sa réaction à l’image de Bush dans sa télé. J’ai moi-même une certaine irritation qui se manifeste obligatoirement dès que je le vois sur mon petit écran, alors s’il devait être l’envahisseur de mon pays en ruines, je pense que j’aurais à peu prés le même style de réaction épidermique! La traduire fut un plaisir ou comment transformer un outil de travail en une petite passion. Pour tous les francophones qui ne peuvent la lire en anglais, un petit morceau d'humanité à se mettre sous la dent…

Extrait tiré de l'entrée datant du 24 septembre 2004

Hier soir alors que j’étais en train de zapper, essayant de trouver quelque chose d’intéressant à regarder, je passe sans faire attention sur Al-Arabia. Le sourire bête de Bush apparaît à l’écran. Normalement, dés que je lui vois la face, je change automatiquement de chaîne et j’essaie de trouver quelque chose qui ne me mette pas en colère. Cette fois, je me suis arrêtée pour regarder ce grassouillet d’Allawi entrer en scène. C’est toujours quelque chose à voir, Bush avec l’un des prétendus membres du nouveau gouvernement Irakien.

Je me suis préparée à avoir la nausée pour quelques minutes dès que Bush a commencé à parler. Il m’irrite comme aucun autre ne peut le faire. Imaginez de longs ongles parcourant la surface d‘un tableau noir, du styrofome frotté entre les mains, des hurlements perçants de bébés, des chiens qui aboient, des dents qui grincent, des robinets qui gouttent, des bruits de klaxons, tout cela ensemble tout à la fois, et vous pourrez imaginer l’effet de sa voix sur mes oreilles.

Je me suis assise pour l’écouter, essayant de ne pas trop fixer mon attention sur son visage, mais plutôt sur les âneries qu’il était en train de réitérer pour au moins la millième fois depuis la guerre. Je n’ai pas l’habitude de répondre à la télévision mais je ne peux vraiment pas m’en empêcher lorsque Bush est à l’écran. J’étais assise là à lui répondre, en le traitant de menteur et d’abruti, en me demandant comment il avait réussi à se rendre si loin et comment ils l’autorisaient à se présenter une autre fois à l’élection présidentielle. E. était assis sur le sofa à coté de moi, irrité, il me demande : « Pourquoi est ce qu’on regarde ça? » Il fait un saut vers la télécommande(que j’agrippai solidement pour la remuer devant la télévision afin d'accentuer quelques points en particulier). Une brève lutte s’en est suivie et Riverbend en est sortie victorieuse. (...) River.
Shaking my Booty

En attendant l’heure d’emmener Hypérion chez le vétérinaire, je surfe des Vidéoclips en vagues. Etolane’s in the house! Remuer son “booty” pour oublier ses soucis sur une suite de videos soigneusement choisis

Un soleil brillant monte haut dans le ciel bleu poudre, après une petite remontée autour du zéro, l'on redescend en vitesse vers un -20 et quelques poussières. L’air est limpide, le manteau de neige qui recouvre le paysage éblouit mon regard qui se détourne…

Les différences de températures que l'on peut connaître ici m’impressionnent vraiment. L’hiver l’on peut facilement ( et cela arrive de plus en plus régulièrement) gagner ou perdre une trentaine de degrés en quarante huit heures, et c’est sans compter le facteur vent! Surtout ne pas se souvenir des +30 qui sévissent au cœur de l’été (sans compter le facteur humidité!). C’est bien particulier pour le corps qui s’en prend plein les sensations pour par un rond!

En une année l’on expérimente tant de températures extrêmes, que parfois je me sens toute mêlée! Alors pour oublier que je comprends rien à la nature qui m’entoure, je n’ai plus qu’à me trémousser le derrière pour mieux me moquer de l'hiver. Danser pour la Terre qui m’héberge, pour ce soleil qui m’éclaire, pour mon homme qui ronchonne, pour la vie qui vibre en mes veines transies…

vendredi, janvier 14, 2005

Pause Video...

Au fil du hasard de la Toile, j'ai découvert ce petit site qui permet le plus bêtement du monde d'insérer des vidéos dans son blog, je teste le truc. Voilà bien longtemps que je voulais essayer! Mon seul problème, c'est qu'il n'y a pas de commande "stop" ou "play"! Toute suggestion sera bien appréciée... (Update, Yé! j'ai trouvé le truc toute seule, je suis trop fière! Il ne manque plus qu'à trouver comment faire pour qu'il ne démarre pas automatiquement mais sur commande! Eureka, i've found it all by myself! Alors pour regarder la vidéo ci-dessous, il suffit d'appuyer sur la touche lecture, yes indeed! ) Est-ce que la page est beaucoup plus longue à charger???

Sur ce site en question, beaucoup de hip-hop, pas tant de choix mais c'est si simple que je vais quand même pas me plaindre et puis ce n'est pas comme si j'en écoutais jamais! Quelques vidéos que j'aime bien, celle-ci pour ma petite soeur si elle passe par là. Quelques bonnes "tounes", pas mal de chansons "mainstream". Celle-ci spécialement pour mon homme...

C'est facile comme bonjour et franchement je suis un peu épatée. Il suffit de copier le code pré-mâché et le tour est joué! (Update, aute site du même genre ici...)

Envie de sable chaud, d'océan bruyant et de douceur d'être, je choisis donc Ben pour me changer durant trois grosses minutes mes idées hivernales, puis je change d'idée et fidéle à mes sens, je me tourne vers Erykah pour me remonter le moral et m'allèger le coeur, mais comme cela ne marche pas ici, je reviens à ma première envie, à moins que...

Diamonds on the Inside ~ Ben Harper
Video code provided by MusicVideoCodes.com
Petite phrase lancinante...

Une petite voix, anglophone de surcroît, parle régulièrement dans ma tête, elle répète toujours la même phrase comme une amère litanie : « I miss my cats, i miss my cats, Atlantik, Gaia, Patapouf, Petite Crevette, Sumiko, Yoda, i miss ya! »

Une subtile tristesse de fond enrobe mes émotions silencieuses. Et la vie quotidienne continue sans rien pour trahir la normalité des jours. En français s’énonce la colère, entre deux regards elle végète, elle rejaillira certainement avec le dégel où la recherche interrompue reprendra son fil. Nourrie de cette petite phrase anglaise qui n'arrive pas à s’éteindre dans le gouffre du temps supposé pourtant tout effacer…

mercredi, janvier 12, 2005

Générateur intéreactif de bonnes résolutions...

Via Ailleurs, la page de liens de ST, un nouveau générateur de résolutions version2005. Tout comme l'année dernière je m'amuse deux minutes au hasard de quelques phrases follement poétiques:

- Oublier amoureusement de s'invectiver bêtement
- Essayer héroiquement de combattre pour de vrai
- Commencer avec brio à voir les choses en apnée...
Ma pomme

Souvent dans les entrées que je cultive en ces lignes je me compare la poire à une pomme. Ceux qui viennent régulièrement en ces lieux connaissent bien mon dada pour cette expression que je cuisine à toutes les sauces. Ceci me donna même quelque fois l’occasion d’échanger à ce sujet derrière les coulisses de ce jardin-potager public.

Je sais que c’est une façon de me distancer du processus « live » de la chose qui s'expose. Cela va de pair avec le fait que je ne divulgue jamais mon visage en ligne. Une autre façon de me protéger, anonyme dans la foule j'aime rester. Je trouve personnellement que ce carnet dévoile assez de ma vie privée. Une certaine intimité contrôlée enrobe les murs invisibles de cet endroit et je trouve que c’est assez! Mon coté sauvage ne peut en donner plus sans avoir la désagréable impression d'y laisser trop de sa peau dans l'arène futuriste des nouvelles communications...

Car j’ai bien conscience que j’en montre déjà beaucoup en cette virtualité apprivoisée, un peu de mon âme, un peu de mon être, un peu de ma tête, un peu de mon cœur, c’est suffisant pour que je puisse garder mon corps pour moi toute seule! Et puis, je suis superstitieuse sur les bords, tout comme les amérindiens de l’ancien temps, je crains pour le salut de mon essence, si je donne de l’intérieur et de l’extérieur alors j’aurai l’impression de me faire avaler toute entière par l’inconnu qui erre et je n’aime pas du tout cette sensation. Juste l'envisager me fait frissoner les neurones! Je crois dans le pouvoir des images (autant que dans celui des mots). Pour une raison mystérieuse, je crains donc d’y perdre un peu de mon esprit si je m’y donne corps (visage) et âme (pensées)...

Mais comme dans tout le déroulement de ma vie, il y a certains paradoxes à ce fait. Puisque j’assume totalement le coté public de ce jardin de mots et d’idées, plusieurs personnes qui me connaissent la face viennent aussi, je crois, visiter cette aire mentale. Cela ne me dérange pas, si l’on s’est rencontrés dans la réalité visible, dans ce cas, l’on ne parle plus de réels inconnus. J’assume sans troubles le coté public de ce jardin de mots car une fois la barrière du réel franchi, le processus change et évolue. Évidemment toute règle a ses exceptions, et il m’est arrivé d’envoyer ma photo à quelques rares personnes avec qui j’avais exploré en coulisses une relation de correspondance et de confiance.

Alors lorsqu’il est question de danser une étrange ronde avec le parfait étranger, je préfère garder ma pomme privée. Une sauvagerie timide m'emporte et je ne désire rien d'autre que de rester anonyme dans cet incroyable étalage virtuel qui s’expose au monde entier. L’on peut la choisir et la croquer gratuitement si on le désire, cela me fait toujours plaisir (tant que l’on ne crache pas par terre), de plus comme par magie, le panier sorcier se renouvellera de fruits frais régulièrement, ceci jusqu'à une date présentement indéterminée…

Apple-Experience

Instant Polaroid

Hypérion fait le pied de grue devant son bol d’eau. Je ne comprends pas son trip, il peut rester ainsi bloqué des heures à la fois, à croire qu’il y contemple son reflet et médite sur sa condition féline! Le soleil se lève sur notre monde immaculé d’hiver. Quelques lueurs dorées paressent à l’horizon. Les fenêtres givrées m’indiquent que l’air doit être glacé à souhait. J’appelle l’homme endormi qui se réveille et s’étire avant de s’habiller en coup de vent pour disparaître dans le jour naissant…

mardi, janvier 11, 2005

Paroles de prof inspirée

- Bon alors mettons les choses au clair, la lecture c’est essentiel! C’est votre cardio dans votre programme d'exercices! Pour ce cours on va surtout faire de la musculation, alors n’oubliez pas votre cardio et vous serez en pleine forme pour les examens du printemps!
5iéme renne (suite et fin)

Une lumière d’une clarté divine, de l’air qui pince la peau malicieusement, un soleil étincelant, un paysage scintillant, du blanc, du blanc, du blanc

Et comme un petit renne bondissant dans le vent cristallin, bravant le froid, prenant mon courage à quatre pattes, forte de mes nouvelles résolutions, gorgée de lumière éclatante, je vais voir le monsieur dans la maisonnette de Poste Canada. Avec les nouvelles virtualités, je n’y étais point descendu depuis des mois, toute timide, j’entrai dans le mini royaume de la reine et du fédéral. Je sais pas pourquoi le bureau de poste a toujours un petit effet sur moi, ce sont toutes ces lettres qui voyagent, je pense à St-Exupéry, une fascination de petite fille dans la tête. Sur mon chemin, des visions de poudre d'hiver, un homme sur un énorme toit et des gerbes de plaisir photographique!

Prés de –20 à l’extérieur, j'ai les doigts qui rougissent douloureusement, avec plaisir je pénètre dans la chaleur du bureau de poste local du village voisin. Un trés gentil monsieur s’occupe de mon grelot de pomme ainsi que de mon petit colis surprise pour ce carnetier anonyme perdu quelque part dans blogosphère. Seul indice, nous restons dans les territoires de la Reine!

Le postier débonnaire pose même avec ma lettre (partie avant midi) devant mon petit objectif réjouit. Ok, j’ai juste un jour de retard, pas de quoi en faire un plat, et puis j’ai pris par avion pour que cela arrive plus vite. Excellente idée d'inconnus imaginés, une étonnante initiative qui me fit dégourdir les fesses givrées, d'aventure virtuelle en réel enneigé, une pincée de gentillesse et l'on laisse le tout s'envoler…

Balles d'hiverAt-the-Post-office