09 :09
Je regarde l’heure qu’il est alors que s’inscrivent ces mots sur l’écran, j’attrape le chiffre pour en faire un titre. Pas de cours aujourd’hui, mais plusieurs choses à m’occuper, la session se remet en branle, le tourbillon s’active une dernière fois. Un drôle de goût de "finalité" m'inonde les idées. Si seulement je pouvais sortir dehors pour le simple plaisir, Dieu que je serai heureuse! Mettre le nez dehors sans que mes narines ne se "pognent" comme si elles étaient englués de colle. Et ultime fantasme sentir le soleil chauffer ma peau nue, sentir l’air pénétrer mes poumons sans les brûler au passage, prendre de grandes respirations…
« Patience fille » chuchote ma mère la Terre qui rigole de mes blues d’hiver. Je pense aux animaux qui hibernent sous l’immense couche de neige. Ce processus me fascine, il y a des jours où je ne serais pas contre une petite hibernation pour ma pomme givrée. Que je m’endorme dès que le baromètre tombe en dessous de –25 (facteur vent joint) et que je me réveille comme une rose dès que l’on retrouve –15! Évidemment la vie serait bien moins fonctionnelle au Canada si l’on possédait cette particularité. « Patience fille... » susurre mon père le Soleil qui m’éclaire de tout son amour. Je pense aux premiers temps de la colonie de ces français en Amérique lorsque il n’y avait ni électricité, ni routes déneigées. Je peine à imaginer, quelle force fallait-il posséder pour subsister à la rudesse de ces hivers d’antan! Évidemment dans ce temps là on faisait beaucoup d’enfants…
D’après ce que je sais, les premiers européens débarqués avec Cartier ont eu bien du mal à survivre aux premiers grands froids. Parait même que seuls ceux qui sont partis habiter avec les Indiens ont survécu! Je partirais bien habiter avec les Indiens ce matin. Je me transformerais en squaw docile et sauvage qui file sur son cheval lorsque viennent les beaux jours, qui affronte le danger avec un arc et des flèches et qui se laisse aimer par un bel homme musclé à la peau de cuivre…
Je reviens sur Terre et entends pleurer ma mère, je lui demande :
- Pourquoi pleures-tu?
- Parce-que ces enfants que j’aimais tant ne sont plus…
- Mais tu as des milliards d’enfants sur ton dos!
- Oui, mais ceux-ci étaient mes préférés, les mieux élevés! Ils me respectaient sans me blesser, m’honoraient sans me dénigrer. Et qu’ils étaient beaux habillés de la peau de mes animaux!
- Mais tu sais, on dit toujours que les enfants sont méchants entre eux, c’est peut-être pour cela qu’ils finissent toujours par s’entretuer dans la cour de ton école…
Notre mère la Terre verse une larme. Est-ce une lame qui ravagera ces enfants inconscients construisant des châteaux sur le sable?
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