jeudi, décembre 30, 2004
Goom (Épisode un)
Au fond d’une forêt dense, aussi sauvage qu’ignorée des hommes, vivait un ogre noble. Goom avait des pieds aussi longs que trois péniches, massif, gentil, différent, il était ce que les autres ne sont pas. Au cœur de sa forêt sacrée, les arbres majestueux étaient des villages animés, aussi gigantesques que des gratte-ciel naturels, leurs troncs servaient de maisons pour les familles du pays d’Ogronum. Parfois Goom se souvenait avec douceur du temps où il vivait encore avec les siens. Désormais, bien caché à la frontière de la contrée des gnomes maudits, sa maison posée au bord de la rivière damnée, il habitait là où aucun ogre n’osait aller…
Depuis quelques siècles déjà il vivait une existence de reclus, il existait principalement grâce à ses souvenirs chéris. Il subsistait avec peine, sans y réfléchir, ne sachant quoi attendre de sa vie, il flottait au gré des jours améliorant son domaine de mille petites choses sans importances. Souvent lorsque la lune devenait mauve et qu’il entendait chanter les grenouilles venimeuses, il se repassait en boucle ces instants qui, malgré lui, déterminèrent cette existence solitaire.
Tout s’était déclaré si vite, en quelques lunes seulement toute sa vie avait été bouleversée, ruinée, déchirée par cette soudaine sensation qu’il ne comprenait guère. Il se rappelait pourtant très bien de ce matin si différent où il se réveilla pour ne plus jamais être le même….
C’était le lendemain d’un énorme banquet qui avait fait vibrer la forêt durant toute la nuit. Il se souvenait encore très bien de sa dernière bouchée. Imbibé de liqueur d’abeille, il avait erré jusqu’aux baraquements des garde-manger et sans s’en rendre compte, il avait croqué cette petite Kaelle qu’il connaissait si bien. Cette petite Kaelle, pas très belle, lui avait laissé un drôle de goût aigre sur le palais. Un goût amer, désagréable, définitif! Un goût qui lui avait envahi toute la bouche comme une étrange maladie. Avec le temps passé, il avait réalisé que c’était certainement ce soir là qu’il avait perdu le goût de la chair humaine. Pire encore, c’est certainement à partir de ce soir là que celle-ci avait commencé à le dégoûter profondément. Après avoir jeté les restes de la petite dans la fosse à poubelles, il était retourné se coucher sans se douter de ce qui l’attendrait le lendemain.
Ce matin là, il se leva plus tard qu’à son habitude et prit le chemin des cuisines pour surveiller le bon travail de ses apprentis. Il ne se sentait guère en forme. En passant devant les garde-manger, l’odeur des enfants frais et en santé lui donnèrent la nausée. C’est la mine bleuâtre qu’il rencontra son frère Tsum sur le pas de l’énorme salle à manger. Pratiquement tous les Ogres et Ogresses de la région étaient déjà partis pour l’autre dimension. La fête allait se dérouler sur plusieurs lunes et il était nécessaire de chasser chaque jour de la chair fraîche. Des bambins, des têtes blondes, brunes, rousses, tout était bon à manger. L’on ramenait aussi quelques adultes mâles pour la reproduction et des femelles pour renouveler l’élevage car celles-ci étaient réputées pour leur chair savoureuse et juteuse. Elles étaient abondamment cuisinées durant les périodes de fêtes.
Normalement Goom vivait ces périodes fastes dans une sorte de transe joyeuse mais ce matin là après avoir discuté un peu avec son frère, il ne se sentait pas à son aise, il décida de retourner se coucher jusqu’au retour des habitants du village.
Au soir tombé, lorsque Goom sortit de sa chambre pour rejoindre sa famille sur la place où se tenait un autre banquet gigantesque, l’odeur des dizaines de corps en pleine cuisson, la vue des gigots marinés lui devint vite insoutenable. Il commença à vomir sans pouvoir se retenir, à pleurer, à frissonner. Tous les Ogres du village le regardaient, bouche bée, ne sachant que faire devant une telle situation. Les énormes pieds de Goom semblaient danser et martelaient le sol en une cadence effrayée, il suffoquait de tout son être et personne n’osait l’aider. Il se releva un instant, péniblement il arriva à se tenir debout, mais en un incroyable hoquet qui fit frémir les feuilles et les plantes, il s’effondra sur un plateau d’enfants prêts pour le four qu’il broya en une énorme purée dans sa chute inconsciente.
Ses frères le portèrent jusqu’à la cabane éloignée qu’ils possédaient prés de la rivière damnée et retournèrent festoyer. Le jour d’après, le village commençait déjà à oublier l’esclandre étrange de Goom. Les Ogres possèdent une mémoire incroyablement courte. L’instinct les guide plus que la pensée et en quelques jours seulement Goom s’effaça simplement de la mémoire collective au grand soulagement de ses plus proches parents, très inquiets de voir diminuer le respect de leur lignée pour les générations à venir.
J. R. R. Tolkien
Dans le style le plus simple, que la phrase soit vierge, on veut une neige fraîche où personne n'a encore marché.
Jacques Chardonne
Peut-il y avoir sur terre un endroit où les choses sont à l'envers, où les arbres poussent vers le bas tandis que la pluie, la grêle et la neige tombent vers le haut? L'idée folle selon laquelle la terre est ronde est la source de cette légende imbécile.
Lactantius Firmianus
mercredi, décembre 29, 2004
Ce matin, je suis tombée sur ce petit texte léger et coloré d’intonations locales qui m’a mis du baume au cœur tout en me faisant gentiment rigoler, et puis dans le fond, c’est aussi ce que je pense si j'y réféchis un peu, le frette c'est pas si terrible! Même si je l’oublie aussi lorsque je congèle de la tête aux pieds et que je bronze seulement derrière mes fenêtres...
Extrait: "Nous, on n'a pas besoin de bombe atomique pour nous protéger, une vague de froid, ça vaut bien des armes de destruction massive. Je vous le dis, le frette, c'est la paix. La sainte paix." ...texte de Stéphane Laporte...
Alors que l’on pensa se faciliter la vie, le jour prit des saveurs citronnées et le tout se complique. Depuis que l’homme a ramené sa nouvelle bête à la maison, celle-ci accumule les caprices, avant même de commencer à travailler elle refuse d’obtempérer! Premier retour au magasin quelques heures après achat, arrivés devant le technicien tout marche normalement, l’on avale notre frustration et l’on repart. A peine rentrés en nos pénates, le même problème revient et ne part plus, le truc se met en hibernation (mode veille prolongée) et refuse de fonctionner!!! L’homme fruste et blanchit! Après plusieurs téléphones, une seule évidence, il faut la retourner une deuxième fois en moins de 24 heures! Manifestement il a du tomber sur un citron! En lisant les politiques de garantie, il y’a même une option pour les cas de ce genre! L’homme est « en criss’ » comme on dit par ici, il fulmine et je ne peux qu’opiner devant cette malchance qui l’accable. Meilleure chance la prochaine fois!!! À suivre…
Une minie tempête a laissé derrière elle un petit vingt centimètres de neige légère comme l’air. Chanelle qui vient me visiter jusqu’à en découcher semble vouloir se faire adopter. Elle fait vibrer mes cordes sensibles sans que je ne puisse y résister. L’on sort toutes les deux dans le « frette » et la voilà qui s’amuse comme une folle tandis que je gèle sur place! C’est très joli et il y aurait sûrement de superbes photos à faire mais un simple dix minutes exposée aux vents du lac et cela refroidit toutes mes envies. Je grelotte et retourne me terrer en ma tanière chaude et confortable. Cette bactérie qui m’a aspiré la vie la semaine dernière semble m’avoir laissée sans résistance contre les –20 qui sévissent tout autour de la maison. Une coccinelle se promène au soleil de mon salon, je l’observe avec tendresse et me glisse doucement dans le silence de cet instant rare avant de reprendre courage pour une sortie dans la neige qui scintille de mille feux au soleil de midi.
mardi, décembre 28, 2004
C’est le temps de reprendre mon « pilates », ma carcasse se tasse, les vieilles sensations émergent et les maux remplacent d’autres maux que je laisse sans mots! Je n’ai plus qu’à me botter le derrière pour reprendre mes routines d’étirements et de grognements qui font mal tout en faisant du bien, un mal pour un bien. C’est pas plus mal!
Aujourd’hui c’est en hyperventilant un peu que nous avons fait l’achat d’une autre bête informatique. Une machine pour l’homme, de la liberté pour ma pomme et des pleurs pour nos finances. Un sacrifice pour construire un futur meilleur, plus de batailles autour d’une seule bête pour deux cerveaux qui travaillent. Un espoir d’organisation moins déchiré et l’acceptation amère d’un quotidien qui serrera encore la ceinture pour une paix domestique essentielle au bon fonctionnement du foyer! Un besoin latent qui macère depuis des mois, sinon des années, un « super deal » qui gratouille le bout du nez et dans la folie de Noël, adopter cette machine qui nous rendra la vie plus facile. Un souffle de liberté derrière la grinçante pauvreté. Le deuil de voir un palmier d’ici la fin de l’hiver…
Dans quatre jours j’aurai 32 ans, étrange bilan et compréhensions de ma vie qui avance que je le veuille ou non! Dans un an, je veux être prête à m’engager sur ce chemin de maternité qui me titille l’horloge interne. Dans deux ans, je voudrais une nouvelle maison pour accueillir un bébé désiré. Présentement je regarde la montagne à gravir et je me retiens pour ne pas pleurer comme une fillette angoissée…
Put… que la vie peut être longue et complexe! Tant d’étapes à franchir, d’obstacles à surmonter, de désirs à apprivoiser, d’émotions à gérer, tant de conditions avant d’atteindre l’insondable équilibre de l’être.
Le bilan de mes 31 ans aura eu un seul mot : Équilibre. Sans fanatisme, sur plusieurs toiles, tisser le rêve qui se révèle derrière cette envie folle de me transformer en équilibriste. Jongler avec des mots sur un fil de vie et trouver le trésor derrière l'arc-en -ciel enchanté. Zen. Ying, Yang, Peace! Une sorte d'hippie armée de dictionnaires égarée dans un cyber space frivole, je divague et m'envole...
Le bonheur est une chose, l’équilibre en est une autre. La combinaison des deux se fusionne en une seule perfection qui me fait fanstamer l’âme échauffée. Ultime utopie de l’esprit, atteindre le paradis sur Terre! Tout en sachant que celui-ci ne peut qu’être éphémère de par sa nature terrestre. Consommer la vision fantôme pour s’en rapprocher le plus près possible tout en continuant le débroussaillage de la vie. Défricher le maximum d’espace possible pour mieux vivre en toute liberté…
L’humanité est parcourue de milliards de détresses. Toutes différentes, toutes pareilles, variant selon les circonstances, avec en leur sein la même essence. Graines de souffrances…
En ce temps des fêtes où dans l’idéal tout devrait être rose bonbon et velouté chocolat, des millions de réalités reflètent leurs ténèbres au clair de la lune ronde comme une boule de Noël.
Très loin de nous, un tsunami pour détruire des vies. Tout près de moi, un froid sibérien pour imprègner le temps. La planète « shake », se trémousse, "éructe" et rugit. Je suis sure que je ne suis pas la seule à m’inquiéter de ces étranges phénomènes...
À l’orée de la ville qui scintille, au chaud dans mon "char à pétrole", avec une douce musique pour enrober ma vie, je regarde ce flot de pollution qui gravite autour de mon orbite…
Je me demande combien de temps encore avant que tout ne pète? Avant que ne se réveille la planète, avant qu'elle n'objecte. Avant que nos petits ruisseaux technologiques ne se retournent contre nous? À tout coup, je secoue la tête, impuissante, je désarticule ces sensations rebelles. Je laisse glisser ces observations silencieuses dans les volutes de fumée que dessine l’hiver en pleine possession de ses moyens sur nos existences frigorifiées. Je poursuis ma route et pleure en mon petit coeur torturé.
Coté tsunami, dans la multitude de sources à consulter, des photos incroyables par ici...
dimanche, décembre 26, 2004
Tout d’abord je tiens à souhaiter à toute personne passant par ce petit coin virtuel et lisant ces quelques mots une très belle période des fêtes. Des vœux de paix et de prospérité pour 2005 et surtout que la santé accompagne nos jours…
Merci à vous qui venez lire mes mots régulièrement, merci de votre intérêt et de cette présence invisible qui peut parfois forcer les humeurs noires à retrouver le fil des idées envolées. C’est un mystère qui me fait toujours sourire et en ce temps des fêtes, j’aimerais vous le rendre multiplié par mille…
Mes derniers jours ont été plutôt éprouvants coté santé et je combats une fatigue pesante entre deux réceptions où les enfants excités déballent leurs piles de cadeaux multicolores. Juan est un ange qui me couve et allége mes petites misères. Juste être dans ses bras est suffisant pour que je trouve la force de continuer. J’espère que d’ici le Nouvel An (et de par ce fait mon anniversaire), j’aurais retrouvé possession de toutes mes facultés!
L’on ouvre nos cadeaux. Je promène mes nouvelles bottes de squaw! L’homme m’a ravit. J’ai été surprise de voir à quel point il avait écouté mon désir ce jour lointain où j’étais revenue toute énervée d’un tour de magasins, où j’avais découvert ces bottes qui m’avaient charmée. C’était la dernière paire, je n’y croyais pas vraiment, mais l’homme semble avoir ouvert sa cape magique assez vite pour les attraper avant qu’elles ne disparaissent. La période des fêtes c’est encore mieux lorsque l’on ajoute une nouvelle paire de bottes à sa collection et Juan qui ne comprend rien de mes délires féminins, s’amuse de me voir sauter de joie…
jeudi, décembre 23, 2004
Je lis chez Karl un billet qui me touche. Comme à mon habitude, je continue au fil des années, à étudier mon hybridité culturelle et depuis quelques mois, je me rends compte que je le suis (hybride) plus que jamais. Dans ce billet trés pertinent Karl fait mention des stigmates culturels….
De mon coté, il m’est aussi facile de reconnaître le français qui traîne dans le paysage local. Comme il le dit si bien : « Leurs gestes, leurs regards, leurs langages corporels avaient un accent de France. », c’est un accent qu’il se demande s’il possède encore. Si je me laisse aller, je pourrais répondre que je pencherais pour croire qu’il le posséde encore puisque même en ses lignes un certain accent d'ailleurs qu'ici reste perceptible à ma pomme aiguisée. Accents invisibles de l’être qui se manifestent entre les mots et les phrases choisies...
Cette dernière session, mon prof de linguistique, éminence grise de son domaine de langue étudiée sous tous les cotés, en relations régulières avec l’Académie (rien de moins) a abordé, en privé, mon coté hybride. En ayant parfaitement conscience de mes origines, aucun québécois pur laine ne s’y trompe vraiment, il me demande :
- Mais cela fait longtemps que tu es là?
- Plus de 15 ans, je suis arrivée à Montréal avec l’adolescence…
- Hmmm, je me disais que tu étais trés bien intégrée parce-que quand je t’ai vue, j'ai remarqué que tu avais les gestes et les manières d’ici mais ton accent s’entend encore bien dans le fond pourtant ton débit est en phase avec le nôtre…
La conversation a continué sur ce ton et lorsqu’elle se fut terminée, j’avoue avoir connu un bref instant de confusion interne. J’eus l’impression qu’il m’avait lue comme un livre ouvert et c’était bien la première fois que je me faisais analyser linguistiquement parlant! Alors si je n’ouvre pas la bouche, j’ai les accents d’une québécoise, et si je parle, je ne heurte pas les oreilles du passant local qui me comprend parfaitement mais reconnaîtra alors ma subtile différence…
Ce cours me permit toutes sortes de remises en question sur mon identité linguistique, une vraie richesse pour ma pomme je dois dire. Plusieurs choses s’éclaircirent et je compris un peu mieux ce que j’étais devenue. Il faut dire qu’après presque 5 ans à Québec-village, je dois avoir pris une nouvelle teinte. Il est temps que je retourne voir ma Mère Grand. Personnellement, je trouve que j’ai plus d’accent québécois qu'avant mais ce n’est pas l’avis des gens du village! Je me demande bien comment je vais pouvoir rentrer faire un tour de Mère patrie sans avoir envie de me sauver à toutes les deux minutes…
Après le dernier examen alors que je sors du cours et attends sur un banc des copains encore en train de rédiger. Je vois sortir l’une de ces françaises fraîchement débarquées qui a aussi suivi le cours et que j’avais remarqué au fil des semaines. Elle m’approche, je lui souris et embarque la conversation sur le cours et l’examen…
J’apprends qu’elle est parisienne, ici en échange, poursuivant un doctorat en linguistique, âgée d’à peu prés 25 ans, elle commence à me parler sans remarquer que je pourrais être une compatriote. Espiègle, je la fais causer, lui lance quelques indices, pour me rendre compte alors qu’elle commence à m’expliquer en long et en large comment c’est la France, qu’elle n’a aucune idée que je pourrais avoir la même nationalité qu’elle. C’est une expérience qui m’était déjà arrivée avec une amie de Miss Didine qui après avoir passée la soirée à me parler n’a réalisé mes origines que lorsque je lui ai dit vers minuit ( je croyais sincèrement qu'elle s'en était rendue compte toute seule, mais non!). Alors que dans tout bon « party » les premières rencontres locales vont d’abord me demander d’où je suis française!!!
Miss Lou et Quentin sortent de la salle, Miss Lou en profite pour papoter aussi avec la demoiselle parisienne et lorsque l’on se retrouve dehors, je lui explique qu’elle n’a jamais remarqué que je n’étais pas québécoise. Évidemment comme tout bonne québécoise d’origine Miss Lou est outrée...
- Ben voyons!
- J’te jure et je parlais super normalement, ça doit être une question de débit et d’attitude, d'intonations aussi, je peux pas croire. Il avait raison le prof, je suis plus comme eux et c'est visible! Même avec quelques indices gentiments tendus, elle a pas vraiment percuté! On dirait bien que je peux passer incognito si ça me tente sans me forcer pantoute! Tu vois c’est trop weird, toi tu reconnais la française à chaque fois que j’ouvre la bouche mais les français, eux, me reconnaissent plus!!!
Finalement la tentation fut trop forte et la fièvre aidant, je ne pus résister bien longtemps!En espérant que je trouverais à temps le chemin de la poste au milieu de mes bois polaires. Et qu’un gentil lutin ne m’enverra pas la plus grosse kétainerie au monde…
mercredi, décembre 22, 2004
En feuilletant virtuellement la revue Hermaphrodite, je tombe sur cet article en photos, et je noie un instant fugace dans cette "Scénographie aphone innondée dans une pièce d’eau" ...
Sans rapport aucun avec la choucroute précédente: Merry Christmas de Coldplay...
Tant de névroses et de folies dans le monde, tant de représentations sous multiples formes de ces innombrables maux qui parcourent la planète des hommes. Je rêve de palmiers roses, d’océan de gentillesse, de ciels doux comme des sourires, de bonheur qui flotte dans l’air…
Mais je vois aussi ces cercles de malheurs, ces drames humains qui n’en finissent jamais de se jouer des âmes en peine, et je garde les yeux ouverts sur ces réalités auxquelles je ne désire point succomber. Je cherche parfois à les comprendre pour mieux les connaître lorsque vient le temps de se battre contre ces irrémédiables marées qui forment ces tissus d’existences partagées.
Dans la fièvre, je vois rôder des spectres étranges. La fièvre me fascine trop, elle me déséquilibre, mais n’est-ce pas là son essence première? Je ne la crains pas tant que je l’étudie lorsqu’elle se manifeste en mon sang. Et ses leçons ne sont jamais vaines…
Leçon de base, ce n’est pas une amie de la vie. Avec elle tu dois comprendre la vérité de ces dictons de vieux qui valorisent la santé plus que tout au monde. En cela ils ont parfaitement raison. Deuxième leçon en ses frissons se cache la mort et ses délivrances, en ses frissons se cache l’éternité de la raison et de ses déraisons. Elle permet de toucher l’autre coté du miroir, plus elle est forte, plus elle transporte…
Le reste de son apprentissage est secret, intime, il touche cette portion de l’âme affectée qui se débat en de profonds silences intérieurs.
Puis l’on prend les pilules qui guérissent les maux du corps comme par magie. Ces pilules qui maîtrisent la fièvre en quelques jours, qui détruisent l’infection et qui vous ravagent autant qu’ils vous guérissent, enfin surtout pour ma pomme qui supporte mal les antibiotiques et qui vit leur passage en ses veines comme une douce torture pour survivre au mal qui s’abat sur cette vie que l’on doit poursuivre.
Et je me demande, je me demande jusqu’à quand nous arriverons ainsi à maîtriser ces choses de la nature et de l’invisible qui font que les maladies mutent et se transforment inlassablement? Est-ce que les virus ne deviennent pas plus forts au fur et à mesure qu’on les annihile ?
Parce-que si je contemple celui qui s’est abattu sur ma gorge, aussi foudroyant que puissant, si ce n’était de la pénicilline, de la codéine, et des anti-analgésiques qui me permettent de voir la lumière au bout du tunnel, je ne pense pas que j’aurais vu arriver la nouvelle année! Je ne crois pas que j’aurais passer le cap de mes trente deux ans si j’avais vécu il y a deux cents ans et qu’une « saloperie de même » avait décidé de prendre quartier en mon corps innocent, je pense bien qu’alors mes jours auraient été comptés et je n’aurais pas donné cher de ma peau en ce temps là!
Soudainement je comprends comment à cette époque les gens pouvaient mourir à trente ans et des poussières de ces maladies que l’on considère aujourd’hui bénignes mais qui n’en restent pas moins extrêmement dangereuses…
Je retrouve chaque jour un peu plus de mon équilibre intérieur, je supporte les souffrances infligées par cette bactérie invisible avec une pointe de sarcasme puisqu’en 2004, il semble bien qu’elle ne me tuera point aussi méchante soit-elle! Je regarde tomber les flocons de Noël, je sens la fièvre qui accepte difficilement de me quitter alors, je rêve d’un monde de barbe à papa où les jours sont rosés de bonheur enchanté, là où tout le monde il est beau…
"Saloperie de même: une telle saloperie"
mardi, décembre 21, 2004
Depuis trois jours, je me bats contre une bactérie qui me fout la gorge en l’air. À coups de pénicilline et de codéine, essayer de détruire cette pharyngite aiguë (d’origine bactérienne) qui emporte subtilement le cours de ma vie. Une violente fièvre pour pimenter le tout, sans compter une méchante toux pour m’arracher la voix.
Paraît qu’il fait près de –30 dehors mais vu mon état des derniers jours, c’est un fait qui, pour une fois, me passe largement au dessus de la tête! Ces deux derniers jours, entre deux poussées de fièvre, j’écris dans mon silence intérieur des textes qui s’effritent dans la brume de mes pensées volcaniques, espérant tout de même, en conserver quelques bribes lorsque viendra le temps de m'en souvenir plus clairement...
Aujourd’hui une petite panne d’électricité aura réussi (en à peine deux heures) à refroidir assez la maison pour que l'on fasse une petite prière quant à un prompt retour du service tout en regardant se cristalliser les vitres gelées…
Petite Clo pour quelques jours à la maison en profite pour « Simmer » avec joie, gentille petite puce qui passe le temps sans trop s’ennuyer vu l’état physique de sa sœur qui s’est pris un train fantasmagorique en pleine face! La fièvre commence enfin à retomber et tout doucement je reprends vie et esprit…
dimanche, décembre 19, 2004
Des inconnus échangent des coups de cœur de papier.
Les bactéries s’exposent et se conjuguent à l’art moderne.
Dans l'estomac de la ville congelée,
Noel se « jamme » en sons spontanés et chansons partagées.
Des images qui se dévoilent entre deux coups de souris.
Des instants imprimés dans le temps.
La fièvre retrouve mes pensées.
Un virus m’aura donc attrapé!
Caresses d’homme en rut.
Matinée coquine et enrouée.
Un couple d’amis en crise à soutenir
Une poussière d’ange leur est tombée du ciel…
Par la compassion absorber les pleurs de l’âme et du cœur.
Des histoires envolées pour d’autres destinées.
De la neige et des glaçons à en baver de tous les cotés.
D’une langue à l’autre des mots à éffiler.
Les lumières de la grande fête à préparer.
Bientôt une nouvelle année à avaler…
samedi, décembre 18, 2004
Dans un ciel limpide se lève un soleil doré. Il illumine nos paysages glacés qui étincellent de mille feux, comme saupoudrés de millions de paillettes naturelles, c'est le coté hollywoodien d’une journée à –20! À partir de là, il devient plus difficile de respirer, toute odeur a disparu et le silence règne dans son royaume de neige.
À partir de –20, j’ai tendance à ne pas sortir gros dans la nature. À moins d’aller faire du ski ou des raquettes, à moins de sortir pour aller à une place prédéterminée, je reste cachée au fond de ma cabane! Je me dis parfois que je sortirais bien prendre quelques photos givrées, attraper un jeu de lumière fugace, ou profiter du jour lumineux, mais trop souvent le courage me manque. Trop de couches à enfiler pour être en mesure d'exister! Alors je reste sagement dans la chaleur de mes pénates et je m’ennuie de ces temps insouciants où mettre le nez dehors ne demande aucune bravoure particulière…
Ce matin, finir ma traduction avant de recommencer une autre partie lundi. Continuer à dépoussiérer mes fictions. Mes amazones fatales sont ressorties de leur oubli pour reprendre substances. Et c’est tout un autre monde qui se dessine dans ma tête…
Ces petits mots je dépose avant de finir ma tâche de mots, avant de répondre aux commentaires comme c’est mon habitude, avant de reprendre le fil de mes courriels qui geignent…
jeudi, décembre 16, 2004
Ce matin Juan a un examen à 8 :30. Je l’accompagne pour aller chercher ce document nécessaire à ma vie où il y a toujours une trop grosse file à mon goût. J’arrive peu après 8 :35 pour découvrir qu’il y a déjà une quinzaine de personnes qui attendent sagement. J’accoste une fille devant moi qui visiblement étudie en silence pour lui demander :
- Mais? Ça ouvre à quelle heure?
Elle me répond gentiment :
- Dix heures je crois.
Je sens mes yeux me sortir de la tête. J’installe mes affaires, je fais comme tout le monde, je m’assois! Adossée contre le mur, je regarde autour de moi. Certains discutent sur des chaises, derrière moi la file continue de prendre forme. Je suis bien placée, mais l’idée d’attendre là jusqu'à dix heures m’ennuie royalement. Je vais vérifier l’heure d’ouverture sur la porte vitrée. J’en reviens dépitée et opine à ma voisine silencieuse qu’elle avait en effet raison. Elle me dit :
- C’est sur, faut de la lecture!
Hé oui! De la lecture! J’y ai bien pensé ce matin avant de partir, mais c’est une pensée qui s’est cristalisée dans le néant de mon nulle part! J’avais la tête tellement dans le c… ce matin, que même après m’être levée, je n'avais pas encore bien les deux pieds sur terre! Je me remettais difficilement d’un rêve débile qui eu le mérite de faire rire l’homme aux pensées cochonnes mais qu'il me fut bien difficile d’effacer de mes pensées torturées pour que je puisse enfin atteindre un état éveillé!
Ce rêve des plus débiles, où j’allais nue à mon examen me fit tournoyer un peu le cerveau ce matin! Rêve typique que je n’avais pourtant jamais fait avant cette nuit! Je me retrouvais comme une idiote, en cours, avec une minuscule serviette de douche, mes chats et Chanelle! N’importe quoi! Comme si je pouvais aller à un examen au sortir de la douche, voyager par –15 sans me rendre compte que j'ai pas d'habits sur le dos! Avoir les animaux avec moi tout ce temps là et finalement percuter, une fois devant ma feuille blanche, que visiblement y’a un problème là! Sentir les regards des garçons de la classe, les filles choquées, voir s’approcher la prof interloquée, cacher mon pubis timide sous ma minuscule serviette de bain et prendre mes seins dans mes mains! Me rendre compte que non! Vraiment pas! Cela va aller très mal pour écrire tout cela! Expliquer à la dame abasourdie que je me suis levée tellement mal réveillée que j’en ai oublié de m’habiller sans pour autant oublier de me rendre à l’examen!
Absurdité nocturne totale pour finalement me retrouver mal réveillée adossée contre un mur sans avoir rien oublié d’autre que de la lecture pour patienter! J’en profite donc pour griffonner ces quelques mots. Petit miracle de l’administration avant que ne sonne dix heures, les portes s’ouvrent et me libèrent de cette petite misère matinale…
mercredi, décembre 15, 2004
Un grand soleil chauffe mes fenêtres, le ciel est d’un bleu limpide et la température tourne autour de –20 et des poussières. Je chauffe à bloc ma maison, en profite pour m’y promener peu habillée tout en regardant souffler le vent derrière mes fenêtres, un petit vent que je sais glacial. Le soleil m’attire mais je reste enfermée dans ma bulle de chaleur, trop lâche pour enfiler les multiples couches nécessaires pour pouvoir sortir dehors sans être frigorifiée! Le soleil m’attire mais le froid m’aide à résister, il faut dire que j’ai bien à faire en mon cocon. Des envies de rangements et d’organisations de mon espace de vie incontrôlables, furieuses, qui me semblent aussi ardues que des montagnes à gravir. Des histoires à remanier, fignoler, d’autres à pousser, prêtes à naître dans le congélateur de mes journées. Et puis il y a ce contrat de traduction qui me fait travailler enfin pour autre chose que des notes et des cours à passer…
Du travail inattendu, une envie d’exceller. Mon premier client, situé dans la grande ville urbaine, là où palpitent les lumières de Montréal. Une petite entreprise de cosmétiques à base de produits naturels qui démarre. La tête dans les produits de beauté, je suis comme une gamine dans un magasin de Barbies! Depuis des semaines, j’ai tant eu la frousse de ces traductions qui payeront ma nouvelle vie, j'ai croisé fort les doigts pour ne pas avoir à traduire des papiers trop administratifs ou des modes d'emploi de grosses machineries ou je ne sais quel "platitude" du monde matériel! Des frissons, je me donne souvent avec ces sujets flous qui me mettent le feu aux baskets que, d'un coup, traduire des trucs de produits de beauté m’est absolument délicieux…
Je déserte un peu l’Internet, je me laisse flotter dans le ruisseau de ma vie qui m’entraîne loin de la Toile sans que je n’y prenne garde. Je prends cependant soin de conserver cette discipline d’écriture quotidienne à laquelle je me suis attachée et sans plus tarder, je retourne à mes réalités congelées.
mardi, décembre 14, 2004
André Breton
Si nous ne riions pas des choses absurdes, nous ne réagirions pas devant la vie.
Bill Watterson
L'absurde et le dérisoire forment parfois l'essentiel.
Elisabeth Carli
La matinée se passe alors que Pimprenelle reste immobile sur sa chaise, sa petite langue rosée qui dépasse de ses lèvres entrouvertes. Vers onze heures, je commence à trouver ce fait bizarre, j’examine la demoiselle féline et réalise avec horreur qu’elle a la bouche pleine de bave jaunâtre comme si elle avait mangé de la colle! Je prends peur, l’homme examine la bestiole. On lui essuie doucement la bouche et Pimprenelle, à moitié assommée, retire son petit bout de langue rosée et continue de baver! L’angoisse de perdre un autre chat me serre la gorge. Nous voilà partis d’urgence chez le vétérinaire…
Sur la route, Pimprenelle se réveille, salive moins et a bien meilleure mine. Une fois arrivés à la clinique vétérinaire du village voisin, elle semble toute ravigotée! L’on attend devant l'aquarium avant de rencontrer la technicienne. L’on explique notre cas. Pimprenelle reprend vie et examine la pièce, reniflant chaque recoin avec passion. Entre dans la piéce aseptisée une madame vétérinaire qui examine attentivement la malade. Elle nous fait revivre le scénario de la matinée, exécute plusieurs manipulations, et conclut :
- Je pense qu’elle s’est collée la langue sur du métal!
- Pardon?!?
- Oui, comme cela peut arriver aux enfants, elle s’est collée la langue qui est restée prise avec le gel. Regardez, on voit bien le problème de sa langue.
Je manque de tomber par terre! En effet, il manque la première couche au pourtour de sa langue qui parait à vif. Je fronce les sourcils, soulagée que cela ne soit pas grave, hallucinée qu’elle soit aussi niaseuse! Je demande :
- Mais, cela arrive souvent que les chats se collent la langue! Déjà que j’ai du mal à comprendre que cela arrive pour vrai!
Elle rit de bon cœur et me répond :
- Non en effet, c’est rare! Mais elle est jeune pis elle a l'air curieuse alors elle a du se faire prendre! Cela arrive plus souvent qu’on pense! C’est même arrivé à mon chum quand il était jeune!
J’écarquille les yeux, interloquée je suis! Juan continue de discuter avec la dame alors que je m'assois sur le tabouret le plus près. En effet, ce matin, il faisait prés de –15 et du coup si elle a léché un quelconque métal, sa langue sera restée collée, elle aura tiré et se sera arrachée cette première couche pour ensuite rentrée se coucher sur son coussin préféré. Elle aura eu mal en silence et aura salivé sa peine jusqu'à ce que l’on réalise son problème. La vétérinaire nous explique que cela n’est pas plus grave pour un chat que pour un humain, c’est juste douloureux mais cela devrait guérir tout seul, sans grand risque d’infection. Nous payons la visite et ramenons mademoiselle Pimprenelle qui s’endort, confiante, dans mes bras sur le chemin du retour. Sa sortie matinale l’aura calmée pour quelques jours. Elle ne paye pas de mine la pauvre minette humiliée! Elle fait même plutôt pitié! Elle se pose dans un petit coin pour ne plus bouger et laisse dépasser sa petite langue blessée…
J’ai toujours eu du mal à croire que cette niaserie là pouvait exister pour de vrai, se faire coller la langue par le froid, c'est quand même pas malin! J’ai toujours un peu relégué cet état de fait aux légendes locales que l'on se raconte par besoin d'absurdité comique. Aujourd’hui cependant grâce à l'étonnante mésaventure de Pimprenelle, je révise mon jugement...
lundi, décembre 13, 2004
Emmitouflée dans ma couverture d’hiver, j’écoute le silence doré. Tous les sons étouffés, la nature endormie, m’emportent en un autre pays. En cette contrée de neige décorée de glaçons qui scintillent au soleil, je me faufile. Mais où est ce soleil qui se cache depuis trois jours?
Les arbres l’appellent, ils croulent sous une couche d’une dizaine de centimètres de neige et ont besoin de lui pour relever la tête. Dans cette douce féerie cotonneuse, se déroule le fil de ma vie. Plus de cours mais une offre de traduction qui me ravit. Plus de cours mais une tonne de fictions à gérer. C’est la semaine des dates de tombée, envoyer une dizaine de textes dans trois maisons différentes. Couper le fil de l’égrégore…
Envies d’aller glisser dans la poudreuse, glisser dans le silence onctueux des arbres accroupis. L’homme finit ses examens mercredi. Jeudi est un jour de ski!
dimanche, décembre 12, 2004
Copié chez Miss Lulu, qui l'avait trouvé par là, là ou encore ici et là...
1. Lancez votre lecteur de musique préféré
2. Chargez la totalité de votre collection de mp3 dessus
3. Appuyez sur la touche random
4. Dîtes la liste des dix morceaux qui apparaîssent (avec l’interprète), tant pis si c’est la honte. Oui, on ne zappe pas ce morceau des Carpenters qui réduira à néant votre crédibilité. C’est le moment d’une totale honnêteté musicale.
5. Si vous tombez sur le même artiste deux fois, vous pouvez zapper la seconde (ou troisième, ou…) occurence. Vous n’êtes pas obligé néammoins.
Ainsi je me plie au jeu musical, je mélange mes quelques 5000 titres et voilà ceux qui se sortent du lot (assez étonnée je suis qu'aucun titre de Hip-Hop ne se soit faufilé là dedans! Quand même Miss Badu sort en onziéme position)...
- Feist : Intuition
- Diana Krall: If I had you
- Kruder and Dorfmeister: Aquasky Krana
- Ravi Shankar : Maaha mrityunjaya
- Jazzmasters II : Smooth Groove
- Tchaikosky: June (Barcarolle)
- Meditation: Buddhist Yoga
- Les hurlements de Leo: Au 39 de la rue de Aveugles
- Smoke City: Aguas de Marco
- Julie Deply: Mr Unhappy
samedi, décembre 11, 2004
Aujourd'hui l’homme avait un examen, je l’entends partir aux petites heures du matin. Je me réveille doucement avec le vent qui tourne et s'essouffle autour de la maison. Une tempête est sur nos têtes. Je ne sors pas de la chaleur de mon lit. Je plonge dans les dernières pages de mon livre, confortablement installée entre deux oreillers. J’entends du bruit dans le jardin. Quelqu’un déneige les escaliers de l’entrée! Sans prendre la peine de m’habiller, je me lève pour investiguer ce bruit dans mon silence enneigé. C’est l’homme et sa pelle! Il entre et me dit :
- Aille, c’est débile dehors! Je me suis rendu difficilement jusqu’à la 40, mais arrivé en bas, dans le couloir de vents de la mort, j'ai pas été capable de continuer! Tu sais là où cela souffle toujours terrible! Le vent était si fort, qu’il a poussé la voiture sans que je puisse la contrôler! J’ai décidé de rebrousser chemin. En plus, en même temps à la radio, ils disaient que même si la 40 était praticable, toutes les sorties étaient bouchées! Pis y'a déjà eu une centaine de sorties de route! C'était intense! Je me suis rappelé la tempête de l’année dernière! J’ai écouté mon bon sens, je suis rentré!!!
Déjà l’année dernière, il y avait eu tempête lors de ses examens! Il va voir sur le forum de son cours pour découvrir plusieurs messages de personnes n’ayant pas osé braver la route et ses dangers. Il reprendra son examen avec ceux qui n’ont pu se rendre en ville aujourd’hui! Vu le temps qu'il fait, cela n'est pas bien grave. Il me dit tendrement en caressant ma nudité offerte.
- J’allais quand même pas risquer ma vie ou le char pour un examen!
J’acquiesce et regarde par la fenêtre l’univers de neige qui nous absorbe. Cela continue de tomber. Le ciel est dense. La forêt nous protége des énormes bourrasques de vent qui entraînent le jour dans une immense « poudrerie ». L’air est doux, il fait à peine –5, je m’habille, enfile mes bottes de Yeti et sors dehors voir quelles images je pourrais bien attraper! Je m’amuse entre les flocons. Tout est silencieux, immaculé…
J’aperçois les voisins qui pellètent. Je m’approche pour les capturer dans ma mémoire numérique. En cadence, ils délivrent leurs autos de la neige qui les ensevelit. En moins d’une heure, à la force de leurs biceps, les hommes ont déblayé l’entrée. Je regarde mon jardin disparu sous une montagne d’hiver. Mes tournesols abandonnés me font la tête. J’essaie de m’approcher, mais m’enfonce jusqu’à mi-cuisses. J’abandonne l’idée de les réconforter…
Les arbres et les sapins ploient sous la neige qui colle à leurs écorces givrées. Chaque branche plie courageusement sous l’amas de flocons qui les recouvre. Les buissons écrasés ne sont plus que des tapis d’hiver pour oiseaux égarés…
La neige, par minuscules soupçons, continue de tomber sur la nature qui sommeille. Les hommes s’activent et leurs machines doivent arpenter chaque sentier qui sert à nos vies civilisées. Voilà débarquée la première vraie tempête de l'hiver 2004-2005...
vendredi, décembre 10, 2004
Dans les entrailles invisibles du monde de Flickr, je me perds. Je collectionne des images, souffles d'inconnus, petits grains de sable foulés, poussières de fantasmes refoulés.
jeudi, décembre 09, 2004
Noël à l’horizon. Premier Party de l'occasion. Le Journal embarque la ronde enfumée. Je me replonge une autre fois dans la matière à étudier. Grognements bougons. La dernière ligne semble toujours la plus contraignante. Dernier effort avant un petit vol de liberté surgelée....
mercredi, décembre 08, 2004
Un drôle de rêve anima ma nuit dernière, s’essoufflant dans mon réveil j’accrochai à ma mémoire quelques bribes…
Pour une raison qui m’échappe, sûrement à cause d’entrevues quelconques, je me retrouvais à traîner avec un clone de Christian Mistral et Orlando Bloom sur une plage déserte.
Les images qui me restent dans le flou du grand jour se déroulent à ma mémoire comme dans un film muet. Dans ce songe qui se joue subtilement de mes neurones. Quelques fils que je récupère au vol: Ambiance paradisiaque, je regardais courir Orlando, il me souriait et j’étais aux anges. Je me retournais de l’autre coté pour voir parler cet étrange personnage, Christian Mistral version Québec-village, aussi local que je ne le suis pas. J’étais envahie d’agréables sensations et je me laissais porter par l’illusion. J’avais chaud, l’air était doux, la plage paraissait se dérouler à l’infini. Orlando courait, Mistral parlait.
Étrangeté de l’esprit, je marchai sur un fil, en un parfait équilibre. Je me suis réveillée toute étonnée. Amusée. Ne connaissant vraiment ni l’un, ni l’autre. L’autre encore moins que l’un. Je m’amusai un peu de ces délires nocturnes qui parfois envahissent nos nuits insouciantes. J’en compris les grandes lignes, ce qui eut tendance à me divertir davantage. Étrangeté de la nuit. Il s'y passe là des choses peu communes! Surtout que ce sont deux personnes auxquelles, lorsque je suis consciente, je ne pense aucunement. Si ce n’est lorsque je les croise sur le chemin de la vie publique, ce qui fait d’eux des connaissances, chacun à des niveaux et degrés différents. Étrange mélange auquel je n’aurais point pensé réveillée! Je reconnus là l'étoffe de mes rêves érotiques. Ceux-ci n’étant jamais vraiment sexuels même si toujours des plus plaisants.
Durant plusieurs années Fox Mulder fut un grand amant mental. Il me visitait dans ma chambre au milieu de la nuit, se déshabillait pour ne garder que son caleçon et puis venait s’asseoir sur mon lit pour me parler. Nous parlions, parlions et parlions de ces choses bizarres que l’on ne peut parler qu’avec Mulder. Ces discussions m’excitaient incroyablement et je pense avoir ressentie plusieurs fois des sortes de jouissances mentales qui me réveillaient doucement au petit matin et me mettaient d’humeur guillerette et rêveuse pour toute la journée. Il ne faut pas confondre l’acteur et le personnage, car dans ces rêves là c’était bien le personnage de Mulder mon héros. Avant lui, il y eut longtemps Jim. Mais cela reste dans mes cahiers intimes. Depuis Mulder, plus de personnes récurrentes, plus besoin de héros avec un mari pour satisfaire ma vie, juste de temps en temps, ces drôles de songes sans queues mais avec beaucoup d'esprits, des rêves qui me laissent un peu pantoise, comme celui de se promener sur une plage entre Bloom et Mistral. Plaisirs dissipés de la nuit. Étranges tribulations du cerveau endormi…
mardi, décembre 07, 2004
FEMME. D'homo, homina, puis femina, par la substitution de la sifflante. On trouve encore foemina dans les manuscrits.
Extrait de Femmes et religions: "Dans le glossaire qu'il rédige au XIVe siècle, Pierre Bersuire explique encore que foemina est « le nom du sexe le plus mou, le plus infirme, le plus froid, le plus rusé »; étant par nature « molle » et « humide », la femme est plus prompte aux larmes que l'homme. Inconstante, les femmes sont comme « la cire fondue qui est toujours prête à prendre une forme nouvelle et à se modifier selon le sceau qui l'imprime ». Ainsi, à l'homme raisonnable et ferme se trouvait opposée la femme irrationnelle et changeante."
En passant par Chez Ebb et Hoedic, je me remémore la tragédie de Poly. Chez Laurent, je découvre la lettre du tueur en série. Sensation de malaise. J’avais seize ans ce jour là, j’étais à l’école, pas bien loin de Poly. Incompréhensible violence pour la jeune fille que j’étais. Incroyable lorsque l’on voit aujourd’hui la place de la femme dans la société québécoise. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’autres pays dans le monde où la femme soit si bien traitée, à l’égale des hommes…
J’ai toujours profité de cet état de fait, contente d’être femme du froid, sans jamais réaliser l’ampleur de ce que les féministes avaient accompli en cinquante ans. De nos jours, l’on ne ressent plus guère le besoin de se proclamer féministe, la bataille semble gagnée. Mais l’est-elle vraiment?
Il faut maintenant apprendre à fonctionner autrement et c’est certainement du coté masculin que cela grimace le plus à mon avis. Et puis c’est sans compter la ronde des divorces qui rend l’équilibre entre les genres relativement complexe. Des différences sont encore visibles, dans le pavillon des sciences par exemple. Dans les cours de Juan, les garçons font légion et du coté de mon bâtiment, celui des lettres, c’est un royaume de filles…
La semaine dernière en cours de linguistique nous avons visionné des extraits d’émissions des années 50, dont un épisode de la poule aux œufs d’or de 1957 qui me remua fortement les idées. Le but de ce petit moment de détente était de constater comment le peuple québécois avait retrouvé confiance en ses capacités depuis la révolution tranquille. Dénigré sous la tutelle anglaise, il était devenu bien complexé le petit peuple québécois isolé dans ses immenses espaces nordiques. Il avait peu d’aptitude à s’exprimer avec fierté. À part l’animateur, Monsieur et Madame tout le monde chuchotaient dans leur micro, les épaules renfoncées, le regard timide. C’était alors une population hautement rurale avec un niveau d’éducation faible de part le peu de collèges et d’universités francophones. Tous ces aspects là étaient en effet visibles dans les videos que nous avons regardé. L’on peut en effet en conclure qu’après une rébellion joual qui porta la langue dans ses extrêmes, l’on retrouve aujourd’hui un équilibre et une fierté francophone fracassée par la domination anglaise et la coupure d'avec le vieux continent. Mais ce qui, d’après moi, frappa le plus l’auditoire féminin qui remplissait la grande salle, ce fut certainement les remarques hautement machistes que l’animateur balançait à la moindre occasion…
-Ah Bonjour ma petite dame, prête à jouer?
Chuchotements incompréhensibles.
- Ah! Bien! Alors dites moi avez-vous un emploi?
Chuchotements inaudibles.
- Ah! Vous êtes à la maison! Vous ne travaillez pas alors! Chanceuse!!!
Étouffement collectif de la salle entre rire et frustration! Il est bien évident que les femmes au foyer de l’époque avec une dizaine de bambins dans leurs jupes avaient bien de la chance de ne pas travailler!!! Un exemple parmi d’autres qui ponctuèrent le fil de la conversation de cet animateur oublié dans un temps révolu, Dieu merci! Je pense que nous avons toutes reçues une petite claque dans la figure et les conversations de fin de classe tournaient autour des petits miracles qu’avaient accompli les féministes pour que nous puissions, de nos jours, avoir autant de liberté et de pouvoir dans la société moderne. Si l’on condamne souvent leur extrémisme l’on oublie peut-être aussi qu’elles partaient de bien loin! Que de chemin parcouru (autant pour la langue que pour les femmes!). Un nouveau respect de mes aînées se dessina en moi ce vendredi là…
Mais si je regarde la situation des femmes sur la planète, je me dis qu’il ne faudrait peut-être ne pas trop s’asseoir sur nos lauriers et qu’un certain combat de fond reste nécessaire pour toutes celles qui souffrent et sont abusées de part le monde. Sans oublier que l’on est jamais à l’abri du fou de service qui cogite sa misère dans un trou…
Le soleil est reparti faire un tour loin de cette journée grise, cela sent la neige…
Besoin de fiction qui se réveille. Envie de travailler autrement, loin des obligations universitaires, loin du monde qui tourne inlassablement. Envie de reprendre mes mots en main. Envie de malaxer des phrases insensées. Besoin de calme et de silence.
Retrouver doucement le cœur de mes pensées, me laisser flotter dans le temps inexistant…
lundi, décembre 06, 2004
Les barreaux de glace même si bien « trippants » évoquaient trop l’idée de prison polaire pour ma réalité gelée. À leur place, mes salutations hivernales, en attendant d'autres inspirations…
Ça y est! Le lac est gelé « ben raide ». Son centre semble encore fragile mais les bords sont aussi durs que de l’acier! Un bon vingt centimètres de neige recouvre le sable prisonnier de l’hiver et les vents fouettent la peau qui se crispe douloureusement. L'on se gave de lumière étincelante. L'on joue quelques instants sur l'eau qui craque et se fissure au bout de nos pieds. Presque finie ma session, plus qu’un examen! Je soupire de fatigue et de contentement dans l’air frais qui me pince le bout du nez…
samedi, décembre 04, 2004
Un rayon de soleil éclaire la neige qui alourdit les arbres et recouvre mon jardin. De minuscules flocons flottent d’ans l’air glacé. Quelques gouttes de féerie en cette dernière fin de semaine d’études. Petit à petit, le soleil disparaît derrière un voile brumeux, les flocons s’imposent à nouveau, la lumière change, Sieur Hiver s’installe autour de ma cabane.
La température oscille entre –10 et –15. Depuis deux jours, elle a chuté brutalement avec la neige en fête. C’est aussi joli que c’est froid. Jeudi, je suis allée voir le lac durant une accalmie et trois rayons de soleil, la glace emprisonne ses rives et avance doucement sur ses eaux. J’ai failli perdre un doigt à cliquer sur le « piton » de la machine à photo. Ce n'est qu'en retrouvant la chaleur de mon foyer que j’ai réalisé que j’avais un doigt tout rouge, gonflé et extrêmement douloureux. Je me suis presque faite peur toute seule. Enfin paraît que tant que c’est encore rouge, c’est pas grave, lorsque la vie retrouve le membre gelé, il souffre le martyr mais on en meurt pas! J’ai appris ma leçon. J’ai ressorti mon épais et lourd manteau, ma collection de gants qui varient selon les occasions, et j’ai été bien contente de retrouver le simple usage de mon doigt réchauffé. Au lac, il devait faire un bon –18 avec facteur vent. L’hiver, la plage se transforme en désert polaire. Elle est balayée de vents cinglants qui ne pardonnent pas. J’avais en effet bien remarqué cette « froidure» qui piqua le corps en quelques rafales ensoleillées. J’ai ignoré cette sensation pour mieux «pitonner » sur ma petite machine. J’en ai quelque peu souffert ensuite. Et ce n’est que le début…
Mais c’est la fin de cette avant-dernière session. Encore deux examens et un travail à rendre avant que je ne retrouve ma liberté de pensée. Un légère impatience démange mes méninges que je plie une autre fois à la tâche demandée. Quelques images de neige et de glace je dépose ici avant de m’éclipser en ma réalité immaculée d’hiver.
J'ai changé la photo du coin à droite de l'écran pour une image plus symbolique de nos instants présents. L'automne est loin enterré, l'hiver bien installé! Cependant ces barreaux de glace me semblent un peu trop froids, le symbole de la prison peut-être un peu trop fort! Pas sure de conserver là cette image! Vous qui passez par cette page, quel en est votre avis?
J’ai l’impression le serveur de Flickr a quelques problèmes avec Explorer. Tout est correct sous Mozillla cependant. Mystères du Net…
vendredi, décembre 03, 2004
L’une de mes premières impressions montréalaises alors que je n’étais encore qu’une adolescente effervescente fut la perception de bulles humaines. J’habitais coin Guy et Maisonneuve, au 21iéme étage avec une vue sur le centre ville, ses lumières dans chacune de mes nuits. J’arrivais du Jura oublié pour découvrir le monde. Je me promenais sur St-Cath ou Maisonneuve, deux gigantesques artères du « downtown » montréalais et je regardais passer les gens. Je les voyais entourés de bulles invisibles composées de leur petite vie (amis, maisons, parents, joies, douleurs). Je regardais flotter ces bulles. J’en oubliais les gens. Je ne voyais que ces bulles qui s’entrechoquaient en silence, sans jamais se froisser, sans jamais se trouver. Ma vie devenait gazeuse et je la laissai m’inonder les veines. Je me perdais dans un dédale de bulles aussi anonymes qu’invisibles, cela me faisait rire.
Puis avec le temps qui passa, je déménageai loin du centre ville, en ce petit quartier « flyé », petite bulle solitaire et fragile. Je grandis, vieillis et arrivai à ce point où je n’allai plus au centre-ville pour ne plus ressentir ces circulations gazeuses d’humains urbains. Je sentais parfois mon humanité glisser. J’étouffais. Trop de murs, trop de bulles. Sous la pression insoupçonnable, ma propre bulle s’étiolait malgré moi.
Je pris mes jambes à mon cou et disparu me cacher loin, entre deux arbres, au bout d’un long chemin privé, isolée en un jardin luxuriant. Ma bulle pouvait enfin s’étendre jusqu'à se dissoudre dans l’univers. Je vécus là des mois d’extrême solitude, d’écriture et de magie. Superbement fraîche, je sacrifiai consciemment ma jeunesse épanouie aux vents. Je retirai ma personne désirée, tourmentée écorchée du monde de mes pairs. Je testai ma tolérance à la solitude du temps qui s’efface. J’appris à me retrouver dans le calme et le silence. Ma bulle n’existait plus qu’en harmonie avec la nature. J’étais si bien que les mois passèrent sans que les contacts humains (épisodiques) ne me manquent vraiment. Tant de souffrances et de blessures flottent dans les sphères humaines. L’on s’y donne, l’on en prend. L’on croque, l’on se fait croquer et puis l’on ment trop souvent.
Dans la plus vaste des solitudes, j’oubliai les noirceurs humaines. Je retissai tendrement le fil de ma propre humanité blessée. Loin du brouhaha moderne des hommes et de leurs machines, je creusai à l’intérieur de moi-même. Les années passèrent avec un entracte parisien qui me retourna le cœur, détourna le cerveau et bloqua mes mots! Envies fulgurantes de retrouver ces mégalopoles d’arbres qui seyaient tant à ma nature. Les mois, les aventures, les années s’écoulèrent. Je finis par trouver certains compromis entre mes instincts sauvages et l’obligation sociale d’exister. C’est ainsi que je repris les bancs du savoir. J’avais besoin d’intellectualiser ma vie trop émotive. Une recherche d’équilibre avec cette trentaine aussi soudaine qu’inespérée. Me voilà femme, adulte, presque prête à sortir de ma planque universitaire pour réintégrer la vie que l’on dit active. Bien décidée à ne point bouger pour l’instant de mon petit coin d’arbres, bien décidée à ne pas chercher les lumières et les paillettes urbaines. Ma bulle est correcte, presque imperméable, la plupart du temps hermétique, elle me protège et je soigne ses déchirures inévitables.
Elle est invisible à cette personnalité publique qui me porte mais reste une barrière pour quiconque aimerait s’y infiltrer de trop près. Parfois je croise des gens qui m’invite dans leur propre bulle, je m’y promène sagement surtout si je sens que je ne pourrai rendre la pareille. Ma bulle interne est complexe, bourrée de paradoxes, réservée à une stricte clientèle. Elle m’isole peut-être autant qu’elle me conforte mais je ne lui en veux point. Elle compte assez d’étages pour que je puisse avoir des amis et une vie sociale sans qu’elle ne s’impose réellement et m’handicape. Je la contrôle bien mieux qu’avant. En notre société individualiste il est facile de ne pas se faire importuner et dans la suite de cet univers empli de solitude forcée (pour beaucoup), il est facile d’ouvrir sa porte et d’offrir un coin près du feu chaleureux dans le grand salon de l’entrée. Il est plus difficile de monter les étages pour parvenir jusqu'à cette porte qui cache mon domaine privé. Ces phrases ironiquement appellent Éric à ma mémoire, un ami aimant d’un autre temps. Il y a bien dix ans de cela, et voilà que « poppe » cet instant avec une nouvelle clarté. Il me raconta un jour qu’il avait fait un rêve où il entrait dans une immense maison. Il y trouvait au premier étage un immense party. Il y retrouvait plein de monde qu’il connaissait. Il montait les escaliers pour découvrir les différents étages et rencontrait des gens, des connaissances. Il montait encore, à chaque étage un peu moins de monde, les derniers étages semblaient déserts. Finalement dans ce qui lui sembla une éternité, il arriva devant une porte, tout en haut des dizaines d’étages passés. Je lui demandai :
- Alors, y’avait quoi derrière la porte?
Il me regarda profondément avant de me répondre :
- Y’avait toi! T’étais toute seule et tu habitais là! C'était chez toi.
Un rêve qui à l’époque me parut aussi touchant qu’étrange…
C’est vrai qu’Éric avait ses entrées en mes domaines privés. Si j’y repense, il y a peut-être une logique silencieuse à mes pensées. Mais pourquoi donc, autour de minuit toutes ces histoires de bulles et d’antan? Peut-être parce-qu’il est bien rare que je ressente un besoin diffus d’entrer me réchauffer ailleurs, de partager ma solitude chérie. Depuis une grosse semaine, dans le tissu de mon quotidien, c’est un fait qui m’a éclaté en pleine face, sans faire de mal, plutôt du bien et qui arrive à mystérieusement faire vibrer ma bulle choquée. Celle-ci se défoule sans larmes, avec sa plume, dans ce texte issu de nulle part mais planté quelque part d'illusoire…
jeudi, décembre 02, 2004
mercredi, décembre 01, 2004
Dix centimètres de blancheur immaculée au réveil. Deux examens aujourd'hui et ma pomme qui roule sa bosse entre deux flocons envolés. Cette semaine passe mon article sur Taima par là. C'est une entrevue qui m'a complètement renversée. Mon homme en fut bien étonné. Trop sensible je suis, certaines formes d'humanité me touchent profondément, je fonds comme un savon! J'y peux rien, c'est plus fort que moi, je vais travailler sur ce sujet davantage. Sans autres phrases. Quelques mots donnés et une musique à découvrir…
Taima charme et enflamme.
Une enfant du Grand Nord au regard sauvage, un québécois originaire de l’Abitibi, deux cultures qui se rejoignent et se déclinent en un premier album éponyme.
En inuktitut, Taima est une expression courante qui signifie: « Assez ! C’est terminé. Passons à autre chose ». En musique, Taima c’est Elisapie Isaac, chanteuse et Alain Auger, compositeur. Elle, au grain de voix velouté qui se transforme au gré des rythmes et des mots. Lui, musicien chevronné à la recherche de substance. Ils se sont rencontrés avec le nouveau millénaire, ils ont vite su combiner leurs talents pour former ce tandem unique. Il explique : « Nous avons commencé à créer tout naturellement. Elisapie apporte le coté émotionnel, moi je suis plus intellectuel. Tout de suite nous nous sommes bien complétés. » Même si elle chante principalement en Inuktitut, Elisapie alterne les langues au fil des émotions qu’elle partage : « En anglais, j’exprime mieux la rage ou la colère, le français est plus exotique, plus romantique, j’ai un accent particulier que j’aime bien explorer. En Inuktitut, je me sens libre, plus moi-même, j’aime aussi jouer avec les mots » Elle efface les clichés polaires en un sourire et raconte : « Avant personne n’avait osé chanter en Inuktitut sur la musique qu’on écoute tous les jours, mais pourtant chez nous, on écoute les mêmes choses qu’ici! » Alain ajoute que là-bas les gens sont très fiers d’Elisapie qui aborde sa langue d’une nouvelle manière.
Par delà ses mélodies envoûtantes, Taima est un groupe précurseur. Leur musique aérienne, parfois agitée, toujours émouvante, effleure des notions d’universalité. Alain déclare : «» Même si nous n’avons pas les mêmes codes, nous voulons démystifier l’ignorance car l’essence de l’humanité est profondément la même pour tous.
En supplémentaire, le jeudi 2 décembre à la salle Octave-Crémazie du Grand théâtre.