mardi, novembre 30, 2004

Airs de Fred Fortin

Courir après la lumière me manque, les couchers de soleil qui passent sans que je ne puisse les admirer, m’attristent. Ne pouvoir écrire à ma guise m’ennuie…

Mais ce n’est pas le temps de se lamenter, après tout le soleil transperce le rideau des nuages qui m’agacent et c’est déjà ça! Et puis Fred Fortin m’appelle, avec Miss Lou, l’on fait un corpus sur son œuvre. Détectives du québécisme, nous parcourons ses mots pas toujours joyeux mais carrément joual. On le lit plus qu’on ne l’écoute et « ayoye » ça décape et dérape!

Paraît que «brun» pour X raisons est un québécisme. Je le surligne donc dans un passage où il est question de poil. J’avoue que je le fais sans trop comprendre c’est quoi le point de la phrase, me doutant bien du caractère irrévérencieux de son message. Nous allons faire authentifier nos termes, et je demande au prof si on ne devrait pas aussi sortir « brun » du lot. Il me demande

- Alors, à ton avis, est-ce qu’en France l’on utiliserait ce terme pour parler de ce fait!
- Ben, heu, je crois pas, et puis comme vous en aviez parlé beaucoup durant l’un des cours, me semble que cela rentre dans les critères que vous nous aviez expliqué…
- Hum, c’est vrai qu’en général, les Français utilisent désormais marron lorsqu’il est question de brun, mais il s’associe à quoi?
- Aux poils! D’ailleurs, je ne sais même pas de quels poils, il parle!
- Attends, qu’on regarde…

Il lit attentivement la phrase à problème. Je sens Miss Lou pouffer derrière moi, toujours aussi niaiseuse quant à l’image donnée, j’observe le prof sagement. Il lève la tête et se colore de rouge pour m’expliquer, savamment, entre deux autres images que l’on parle ici de poil de c…! Je comprends soudainement mieux l’amusement de la Miss qui rit avec nous. Je mets "drette" le doigt sur ma niaiserie! Ben’ sur’ qu’est ce que cela pouvait être d’autre! Bon alors, je dis que c’est un québécisme!

D’ailleurs j’accoste les français (de France) qui passent par là. Est-ce que l’on utiliserait l’idée de poils bruns pour désigner des poils pubiens? Parce-que j’avoue que des poils marrons, cela reste bizarre…

Bref! Fred Fortin nous entraîne dans des tournures d’esprit et de phrases des plus étonnantes pour un travail universitaire. Miss Lou grogne mais j’avoue trouver le tout, pour une fois, pas mal divertissant…

Même si je ne sais toujours pas vraiment ce qu'est un Chaouin! Pour l'instant, l'on a inventé une définition en se servant de notre bon sens, mais l'origine (l'essence de ce mot inusité) nous échappe encore. Peu de gens semblent connaitre ce terme étrange! L’on sort de classe pour se diriger vers la bibliothèque, l’on discute un peu du travail, finalement à date, brun reste dans le glossaire, même si dans le fond, je suis un peu sceptique de sa juste place, je me demande :

- J’ai rêvé ou il devenu rouge comme une tomate quand il m’a expliqué le truc!
- Nope, j’ai vu aussi, il a rougi, c’était comique!
- Tu m’étonnes! Mais sans jokes, j’avais pas compris ça pantoute!

Travail à rendre vendredi. On a déjà bien tapé dans le tas. Dans notre glossaire une trentaine de termes (dont brun), cinq que l’on choisit pour en décortiquer les origines et l’histoire dont deux phraséologiques (ex sortir du bois). Et vingt pages de commentaires sur la chose qui commence…Maintenant…
La vie est un duel avec les ombres qui vous détestent.
Guillaume Durand

Les paroles des hommes c'est un jeu entre les ombres et la lumière, on ne sait jamais où sera la lumière où seront les ombres...
Bruno Samson

La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne de la force et du relief.
La Rochefoucauld

dimanche, novembre 28, 2004

Petite fatigue du dimanche soir,

L’homme endormi sur le divan. J'observe tendrement son sommeil bruyant, les chats au creux de son bras, je souris malgré moi. Je respire et force ma tête, je démêle nos corps et file. J’en profite pour laisser couler quelques phrases sur la machine libre. Une autre semaine chargée à l’horizon. Un dimanche aussi gris que tranquille qui s’effile. Paresse échappée. Impossible à éviter, lorsque l’on rentre à 4 hres du matin d’une bonne soirée...

Hier soir, David et Marie, rentrés aprés cinq mois de voyage en Amérique du Sud, ont pendu la crémaillère de leur nouvel appartement. Sortir de notre brousse gelée. Voir Clean au Clap dans l'avant soirée avant de se retrouver en le petit nid urbain des amoureux voyageurs. Rires, musiques, niaiseries et anecdotes variées, les heures passent sans que l'on n'y fasse attention. Chaleur humaine et bulles partagées. Fumées de temps et d'amitié. Contente de retrouver des visages familiers, contente d’absorber ces brises d’ailleurs qu’ils ont avec eux ramené. C’est le fun de s’amuser, de vivre sans trop y penser, un peu d’insouciance nocturne, un petit souffle de liberté avant de se replonger dans les livres et la théorie des jours à venir…

Airs-de-guitare

samedi, novembre 27, 2004

Humus...

Petite découverte à suivre, au fil des hasards et de l'informatique, art visuel et créations diverses sur cahiers virtuels...

jeudi, novembre 25, 2004

Ciel-et-St-Laurent

Hypérion ronronne, étalé sur mes feuilles, il s’impose et pousse le clavier de ses coussinets, faudrait surtout pas que je le dérange! Le génie du ménage me fait de l'oeil. Mes travaux me tirent les bras. Je soupire doucement avec cet autre jour de brume et de bruine qui se dessine au fil des heures.

Depuis trois jours (dont un de soleil), la mince couche de neige s’est mise à fondre, les glaçons aussi, je ne suis pas mécontente de la douceur du temps même si le soleil me manque souvent. Avec l’hiver arrive la nuit, toujours plus longue, elle avale chaque jour davantage, boulerse les sens, maltraite le moral. Le froid s’installe sans soucis et petit à petit, cela devient presque un style de vie (nordique).

J’ai entendu dire à la radio, que dans le Grand Nord, le soleil s’était couché jusqu’en janvier, en mon âme j’ai frissonné. J’ai remercié les cieux de ne pas vivre si haut! Ici, les températures au-dessus des normales saisonnières réveillent des saveurs qui s’endorment, l’air un pur délice que je respire avec vice. J’ai vu dire à la Tv que New-York avait été contaminé (amiante, mercure et autres bijoux du même genre) par la destruction des tours. Le tout fut passé sous silence par ce cher président de mes (…). Un documentaire belge perturbant sur un sujet bien étouffé de ce coté de l’océan. J’ai remercié la vie de ne pas vivre plus bas….

Je suis allée sur les rives du St-Laurent, je me suis baignée les idées dans les couleurs offertes au soir couchant, j’ai souri au vent, juste heureuse d’être là, à cet instant présent.

mercredi, novembre 24, 2004

Moments rares…

Hier, au cœur de la ville, confortablement installée dans les riches sofas d’un bâtiment luxueux, j’ai rencontré une gazelle polaire et un musicien chevronné. Peu de rencontres me bouleversent profondément, intérieurement. Celle-ci chavira tant mes émotions que je crus fondre sur place. Je n’ai pas encore récupéré, tous mes morceaux éparpillés dans les vents invisibles d’une toundra imaginée au fond d'un regard sauvage. Besoin d'encore un peu de temps, d'un souffle de patience sur mes sensations givrées. Bientôt, je me serai recentrée…

mardi, novembre 23, 2004

Échos

Est-ce que nos actions peuvent parfois former des échos qui se réverbèrent dans l’air du temps? Parfois c’est une question que je me pose sérieusement…

Hier, je décide d’un look décapant, bottines roses à l’appui, je sors affronter la ville. J’ai un deux heures à tuer avant mon cours, je décide d’aller réviser dans un café , juste à coté, hors campus, histoire de me changer les idées. Ma commande faite, je monte m’installer au deuxième étage, je me trouve une table prés d’une énorme baie vitrée, et en sirotant mon coke diet, je sors mes cahiers pour me plonger dans des notions de linguistique ambiguës. Je fais semblant de ne pas voir l’homme à coté qui m’oberve du coin de l’œil et cherche mon regard, pas vraiment le goût de discuter, j’ignore l’intrus qui essaie de se frayer un chemin dans ma bulle hermétiquement fermée. Je sens le poids de ses regards et finis par en croiser un. Il me sourit, je lui en esquive un autre en retour et replonge dans mes pages sous le feu brûlant de son intérêt évident à mon égard.

D’origine Arabe, il semble avoir dépassé la trentaine et travaille sur son portable en fumant des cigarettes. Il se léve et s’approche doucement de moi pour me demander de surveiller ses affaires, j’acquiesce, distraite, je continue d’étudier. Je réalise qu’étudier en ces conditions, c’est un peu comme blogger, on sait que l’on est regardé et l’on vit ses journées "pareil"! Je décide que s’il encore là au bout de 60 pages avalées, je lui parlerais peut-être. D’énormes nuages cachent le soleil brillant et je me lève pour de ma main digitale attraper quelques moments présents. Il ne peut s’empêcher de me demander timidement du bout de sa table :

- Mais tu fais quoi?
- Oh! Je fais juste prendre quelques photos du ciel. J’aime bien observer le ciel et les nuages.

Je me rassois et m’apprête à reprendre le fil de mes lectures lorsqu’il s’infiltre dans ma brèche.

- Tu étudies à l’université?
- Oui, toi aussi?
- Oui, tu as des examens?


Il pointe mes cahiers étalés devant moi. Je lui réponds.

- Oui, c’est la fin de session…
- Tu es en quoi, tu étudies en art?
- Heu, non, là, je fais de la linguistique…
- Oh…
- Et toi?
- Biochimie…
- Oh…


Je lui souris gentiment et retourne dans ma bulle, je n’ai pas terminé mes chapitres et je suis pas venue ici pour faire la causette, "so", je reprends le fil de mon indifférence. Je le sens continuer de m’observer. Je réalise peu à peu que cette situation a d’étranges parallèles avec le sketch que j’ai joué samedi soir. Mon cerveau se pose. Je sens une douloureuse solitude émaner de cet homme d’ailleurs qui semble soudainement charmé par mon humble présence à ses cotés. Je le vois désespérer du coin de l’œil, je le vois proche de capituler, essayant de prendre un maximum de temps pour regrouper ses affaires. Ma raison forme une porte et je l’ouvre devant lui. Subtilement, je le regarde, l’encourage du regard à la traverser et me voilà subitement face à l’inconnu…

Il se rapproche et engage la conversation. Il me demande des trucs d’université, je m’intéresse aussi à son existence. J’apprends qu’il est en maîtrise. Depuis deux ans au Canada, un an à Montréal, depuis la rentrée à Québec. Il a quitté les résidences depuis deux semaines pour emménager en appartement. Je lui demande d’où il vient. Il me parle de la Tunisie, et je commence à comprendre mieux ma vie. Toute féministe que je suis, je le branche voile. J’apprends que la Tunisie est des plus libérales et qu’il y règne une interdiction d’y porter le voile. Je reste intriguée, il me semble bien en effet que j’en avais entendu parler. Il se renseigne subtilement sur ma condition et semble bien dépité d’apprendre que je suis mariée. Je le vois reculer dans l’invisible puis se faire une raison, je trouve cela mignon. Je lui demande s’il est célibataire et ressens une étrange détresse derrière sa réponse positive. L’on parle de la famille, il me partage sa nostalgie des siens, l’on discute des valeurs d’ici, à ce sujet bien différentes de ce qu’il a connu.

Taquine parce-que dérangée dans la quiétude de ma bulle, je le branche religion, il se plie à merveille. Je me rends compte alors de la richesse de cette étrange conversation, il me parle du Coran que je connais si peu, me donne de bien jolies images qui touchent ma logique intérieure. Une petite once de mon être grandit durant quelques secondes. Le temps passe et je vois arriver l’heure de mon cours. Il comprend l’obligation et l’on continue de discuter tandis que je ramasse mes choses. L’on se rend à la réincarnation qui fait partie de mes croyances personnelles lorsqu’un homme, qui s’était assis à la table opposant la mienne, s’insère savamment dans la conversation, pour accentuer mes opinions en y apposant les siens. Québécois sympathique, les yeux bleus et les cheveux longs, il me parle d’auteurs sur ce sujet que je ne connais point. Tandis que se passe l’instant présent mon cerveau se pose sur un coin de table désert et ne cherche plus à comprendre cette vie qui est mienne. C’est que, à la base, j’étais juste sortie de mon bois, comme ça, par hasard, juste pour étudier tranquillement avec un café devant ma pomme!

Je descends l’étage et me dirige vers mon « char ». Le Tunisien m’accompagne, galant, pas méchant pour deux sous, je réalise que je ne sais même pas son nom. J’apprends de ma leçon avec le dernier garçon inconnu. Je m’arrête, lui tends la main et me présente en lui demandant son prénom.. Habib. C’est joli. Il me serre la main une minute de plus que la normale, je le laisse faire. Je sais très bien qu’il y a peu de chance que je le revoie un jour. Ce n’est pas le premier inconnu à croiser mon chemin le temps d’un échange humain et avec le temps, je suis peut-être devenue un peu blasée…

L’on se quitte amicalement, je lui souris tendrement, je laisse flotter les émotions et les cueille comme un bouquet de sensations. Je lui fais un geste de la main et disparaît à la poursuite de mon quotidien…

Un-moment-attrapéCiel-de-mardi

dimanche, novembre 21, 2004

Morceaux de réel,

Absorbée par la vie, pas moyen de mettre la main sur un clavier depuis quelques jours! Cet après-midi un classique de la cinémathèque au musée, je crains que ce film en couleur ne me fasse moins tripper que le dernier en date, mais je reste ouverte à l’expérience du passé….

Hier soir s’est déroulée, au sein de l'université, une soirée "socio-multiculturelle". Buffet multiculturel, goûts d’ailleurs, odeurs métissées, saveurs entrelacées, au cœur de la nuit, une foule de cultures mélangées, un soirée soufflée au rythme des danses du monde et du spectacle donné. Avec un ami camerounais, je suis montée sur scène le temps d’un sketch représentant une ultra féministe et un macho qui traversent leurs préjugés en une rencontre autour d’un café. Dix minutes pour faire passer un message de tolérance, dix minutes pour effacer quelques traces de racisme. Étouffer la haine avec des rires, ouvrir la pensée et laisser couler la vie.

Depuis deux semaines, nous nous préparons entre deux cours, entre deux examens, au coin d’une table de café, à ce petit moment interculturel. Pourtant, je dois avouer que notre préparation fut relativement minime. Hier, lorsque j’ai vu se remplir la grande salle, j’ai un peu avalé de travers! Avec Kiria, danseuse de Baladi, nous nous sommes regardées, du coin de l'oeil, pas vraiment rassurées! Alors que mon beau Serge m’explique qu’il attend au moins 200 personnes, je commence à sentir un petit trac se glisser au creux de mes entrailles. Pas envie de me planter devant 250 personnes, je sens inexorablement monter la pression interne. Mon collège de scène, très impliqué dans les préparations de la soirée, n’eut guère le temps de se pratiquer. Je l’attrape au détour d’une danse, entre deux numéros, il me rassure en me disant qu’il compte sur moi et que s’il se mélange les pinceaux, je n’aurais qu’à improviser! Là, je commence à respirer un peu plus difficilement. Je regarde autour de moi tous ces hommes à la peau noire qui vont bientôt me regarder inonder la scène de féminisme effronté, je fais une prière mentale pour ne pas me faire brûler vive sur le bûcher! Ok! Rendu, là, je dramatise un peu! Je reprends le contrôle de mes idées, et lorsque vient le moment de m’exposer sous les projecteurs, je respire un bon coup et avance sur la scène, bien décidée à ne pas m’écrouler, bien décidée à rester posée…

Nous avions prévu de faire rire. Pourtant je n’avais pas prévu cette étrange sensation qui m’envahit lorsque j’entendis rire la salle aux éclats! Nous n’avions pas prévu de suivre le fil des rires que nous pourrions provoquer et quelques répliques se perdirent dans un flot joyeux, cascades de rires appréciées. Quel « rush » que de divertir ainsi l'audience tout en essayant de faire passer un message des plus sérieux. Malgré une fin qui se fit plus improvisée que préparée, ce qui paraît-il ajouta au naturel de la situation, il semble que nous nous en soyons pas mal bien tirés. Lorsque je repris ma place, un voisin de table, rwandais d’origine commença à me faire de bien jolis sourires tout en m’expliquant qu’il trouvait extrêmement touchant ces mélanges de cultures, il y ressentait une tolérance qui lui donnait espoir en le monde. Du coup, je fus moi aussi toute émue! Une bien belle soirée, riche d’expériences et de connaissances que je garderai longtemps nichée au fond de mon petit cœur.

Danseuses-RwandaisesBaladi-Flows

jeudi, novembre 18, 2004

Travail, travaux, devoirs,

Article, travail, travaux, devoirs, sketch, travail, travaux, devoirs, mari, travail, travaux, devoirs, écrire, travail, travaux, devoirs, litanie quotidienne de l'araignée virtuelle qui tisse la toile de ses jours pressés…

Ce matin, je paresse dans mon sommeil et ne me lève pas pour le petit déjeuner. Pas de cours, juste des travaux et du travail dans ma journée. J’en profite pour récupérer, lovée dans mes rêves évaporés.

J’ouvre les yeux sur un autre jour sans soleil. Je grogne. Celui-ci doit être en cure dans le Sud, parce-que ces derniers temps, il brille surtout par son absence! Mon moral lui en tient rigueur et c’est bougonnante que je me lève dans la maison silencieuse. L’homme est parti faire ses choses en ville, cependant il a laissé une trace qui ne peut m’échapper. Stochés sur l’écran noir, écrits sur papier blanc, quelques mots, tout droit sorti de son coeur, attendent mon réveil:

"Ma douceur, ma chaleur, ma torpeur, sèche mes pleurs.
Mon bijou, présente partout, comme un p’tit bout…. d’choux!
Hier au ralenti, je cours aujourd’hui, pour qu’au matin toujours.
Je puisse te voir mon amour."


Nue, dans le salon, je fonds. À cet instant précis, je me sens la femme la plus aimée du monde et c’est comme si un soleil venait subitement d'illuminer la grisaille de ma journée. J'ai chaud de l'intérieur, je souris au silence. D’un coup, comme par magie, je suis de nouveau prête à continuer, à trimer, à grimper, par monts et par vaux, chaque étape de cette vie, jusqu'au sommet du monde...

L’amour est une entité étrange, c’est d’abord une graine que l’on plante dans le terreau de nos existences, puis après mille attentions et soins, années après années, lorsque bien traité et respecté, il s’épanouit pour devenir, fleur, arbre, étoile du cœur. Aussi fragile que tout être sur Terre, aussi puissant que l’univers…

mercredi, novembre 17, 2004

Quel auteur de SF êtes vous (version anglaise)

Idée volée chez Utena, sagement derrière cet écran qui vous regarde, je me suis pliée à ce test inutile. La réponse m’étonne et résonne dans les ténèbres de mon ignorance: You are Gregory Benford. A master literary stylist who is also a working scientist.
Oyé, Oyé...

Vous avez un blogue, un carnet, un joueb, des idées originales pour représenter celui-ci? L’année 2005 vous inspire? Blogpipole attend vos idées révolutionnaires pour la création de son prochain calendrier! Ne soyez pas timide, lâchez vous, et suivez cette piste…

« Nous avons donc besoin de 12 BLOGpipoles qui seront les BLOGmodels du calendrier BLOGpipole 2005, aussi nous enregistrerons votre aimable participation…
Pour participer en tant que BLOGmodel, il y a quelques conditions :

- Avoir un Blog et être inscrit sur BLOGpipole

- Aimer les défis.

Il ne s’agit pas du calendrier PENTHOUSE, aussi, nous vous demandons d’éviter tant que faire ce peu de nous afficher vos intimes orifices. Vous n’êtes pas obligé de figurer sur la/les photos (dingue non ?), donc à vous d’être créatif, persuasif, innovant [Insérez ici le champ lexical de l’originalité], etc.»

mardi, novembre 16, 2004

Via le carnet d'Alval, j'apprends avec délice que Manu Chao et Wozniak viennent de publier un livre-CD intitulé "Sibérie m'était contée"...

"Si le livre se réfère à la Sibérie - du blanc, du bleu et du sang - il parle surtout de Paname. Ma Sibérie à moi reste mes 26 premiers hivers passés ici, puisque j'ai grandi dans la banquise parisienne, le glacis des rapports humains étant mon quotidien gris."
Énergies ignorées : Les Égrégores

Egregore : C'est à partir du livre d'Enoch que le mot s'est répandu ( le véritable mot "egregoros" est d'origine grec, il signifie "veiller/veilleur" , il a été littéralement adopté par les occultistes du XIXéme siécle sans être traduit), un Egregore est un agrégat de forces constituées de courants vitaux, émotionnels, mentaux et spirituels, suivant la qualité vibratoire de la forme-pensée.

Selon le dictionnaire du Mystère de René Louis : "Dans le vocabulaire de l’occultisme, création collective, « exhalaison » magique des foules. Apparemment, c’est par l’égrégore que sont apparus, par exemple, les « soucoupes volantes » tout comme les « soleils » de Fatima."

Via Les égrégores : Forces Psychiques des groupes humains par Alain Brethes( Éditions Oriane) "Jusqu’à ce jour, la réalité des Égrégore a été ignorée du public et ne fut connue que des seuls Initiés au cours de l’Histoire. Dès qu’un groupe se constitue, un Égrégore se crée. Celui-ci est la somme des énergies psychiques et mentales émises par chacun des membres du groupe concerné. L’ensemble de ces mouvements vibratoires exerce une puissante influence sur ces derniers. Un Égrégore est donc une « forme-pensée » ou « idée-force » de qualité neutre qui se colore, pour le meilleur ou pour le pire, des intentions du groupe. Selon la qualité vibratoire des énergies émises par chaque membre, Égrégore ainsi créé enchaînera les participants ou au contraire contribuera à un épanouissement personnel."

« Combien il est important de ne pas enfermer le patient dans un nom d'une maladie. En tant que thérapeute, un fait important m'est apparu lors d'une lecture sur les plans subtils d'un patient. Lorsque l'on nomme une maladie qu'elle soit physique ou psychique, on fige le patient dans un cadre étroit et on le relie à l'égrégore qui correspond au nom prononcé. Ainsi, prenons le mot "cancer". Ce mot va immédiatement relier la personne sur laquelle est posé ce diagnostic, à l'égrégore de peur, d'invalidité et de mort, attaché à ce terme précis. Lors de lectures des plans subtils, je vois alors l'aura de la personne non seulement se figer selon le diagnostic donné, mais aussi tenter involontairement de correspondre et de "cadrer" à ce qui a été dit. Il est bien sûr possible de pallier à cet inconvénient de lecture, mais l'influence de ce que croit le thérapeute, ajoutée à ce que croit le patient, demande alors pour "y voir clair" une transparence totale. » Anne Givaudan (Formes-Pensées)

En parcourant la Toile, quelques pistes pour attraper un terme peu usuel qui découle d'un concept plutôt inhabituel! Plusieurs nuances possibles. Ah! mystère quand tu nous tiens la cervelle! Entre magie et sociologie, mes pensées s'emballent. S'exclame alors une petite voix à mon esprit réveillé: "Mais, la blogosphère ne pourrait-elle pas être, elle aussi, une sorte d'égrégore?"
À la recherche d’un ange…

Le miroir se casse. Son sang se glace. Des 7 tourmentés s'emparent de ses idées. Le sel pour se protéger, la Terre pour oublier. Le chevalier bouclé dégaine son épée. Elle essaie de ne pas suffoquer. Le ciel gris avale sa journée. Les émotions tourbillonnent au souvenir des épreuves passées. Les mirages deviennent des nuages. Le chevalier n’en fait qu’une bouchée. L’éclat de son épée transperce les sorts jetés. Étrangement silencieuse, elle scrute le paysage voilé…

Épée: L'épée symbolise la force guerrière et la lumière, dont elle est un rayon. L'épée à double tranchant tue d'un coté et ressuscite de l'autre. Elle accompagne les chevaliers dans leur quête de sagesse, mais reste inutilisable par ceux qui ne la méritent pas. (Définition extraite du dictionnaire historique des Celtes de Pierre Norma)

dimanche, novembre 14, 2004

Militaires du dimanche

Réveillée par les feux des tirs de mortier qui s’acharnent sur la colline voisine, j’absorbe des rayons de soleil lumineux pour équilibrer mon moral bancal. Le ciel turquoise me rassure, je pose un pied à terre…

- Whooo! ben ils s’énervent ce matin, c’est fort! D’habitude me semble que c’est moins violent leurs affaires!

L’homme acquiesce. L’on s’assoit pour déjeuner au son des bombes qui explosent la roche innocente. Non, non, le Québec n’est pas entré en guerre durant la nuit, enfin je ne sais pas trop bien quel est le point de vue de la Mère-Terre à ce sujet! En fait, il y a une base militaire à prés de 20 kilomètres de notre lac paisible.

Le domaine fédéral commence au bout du lac (dans la deuxième cuvette). Ce territoire interdit au grand public s’étend sur des dizaines, si ce n’est des centaines, de kilomètres carrés d’espace vierge. Tout un terrain de jeux pour les petits soldats canadiens. C’est là aussi que viennent parfois s’entraîner les apprentis cosmonautes…

Le territoire de la base est immense. Il commence au bord du lac et s’étend à perte de vue. Longtemps il empêcha la finition de la route qui fait le tour de l’eau. Un vrai casse-tête pour les rares résidents du fond de la deuxième cuvette, jusqu’aux années 80 où le gouvernement lâcha un peu de bribe et permit de boucler la route d’une trentaine de kilomètres, enlaçant ce joyau perdu au milieu des petites collines de cette région nordique.

Lorsque j’ai déménagé en ces lieux avec le nouveau millénaire, les premières fois, j’ai eu bien du mal à comprendre ce qui se passait, lorsque des grondements puissants semblaient déchirer les monts autour de moi. Je regardais l’horizon, cherchant la cause de ces étranges coups de tonnerre inhabituels, cherchant l’orage du regard pour n’y trouver qu’un ciel sans nuages, ne comprenant absolument rien à ma vie! Quelques jours durant je me noyais, par instants violents, dans cet état perplexe, ne sachant comment expliquer ce phénomène incongru. Jusqu’au matin où par hasard, je découvris la chaîne communautaire à la Télé et l’avertissement militaire accompagné des horaires de tirs informant les civils des heures et des jours, où ils pourraient être bruyants. Message rassurant pour ma santé mentale qui me soulagea subtilement. Toute compréhension étant bonne pour avancer sur le fil des jours incertains.

Un autre jour, je rencontrai un jeune homme tout habillé de vert au IGA (épicerie). Il m’expliqua la nature de ces bruits qui me choquaient. Il me dit : « Ben, tsé, on tire sur la montagne, alors si ça shake, t’inquiètes pas, c’est normal! ». Je n’osai m’informer du sort des pauvres animaux habitant ces morceaux de forêt déchiquetée et hochai attentivement la tête alors qu’il m’expliqua en gros le déroulement de leurs opérations diverses….

Depuis, les dimanches matins comme celui-ci, je ne m’inquiète plus de mon sort, juste de celui de la planète! Difficile d’ignorer la situation, impossible de feindre l'indifférence lorsque l’on se croirait à la frontière du front une petite heure durant. L’homme me regarde tendrement tandis que je bouillonne inutilement :

- Mais quand même c’est vraiment fort! On peut facilement s’imaginer en temps de guerre, ça doit être de même, terrible quand c’est pour vrai! Et que que tu dois te demander quand le prochain coup va te tomber sur la gueule!!!

Ah! Mais ce n’est pas fini, si midi approche, j’entends encore par moment des bruits sourds au loin. Ils n’ont pas encore fini de jouer, ils ont juste dû alléger leur artillerie! Je me demande dans quel état peut être la nature après leur passage? Le joli garçon, tout de vert habillé, m’avait expliqué que parfois ils arrivaient à détacher des pans entiers des collines qu’ils prenaient pour cible! J’étais restée pas mal impressionnée de la puissance de leurs joujoux qui ne m’étonnent plus les matins ensoleillés comme aujourd’hui. Et tandis que les petits soldats s’amusent comme des fous, la base spatiale internationale rouille dans l’indifférence générale.

Enfin c’est peut-être tant mieux pour les innocentes étoiles car si l’on se décidait sérieusement à les conquérir, je me demande dans quel état on les laisserait après utilisation!

Soir-aux-frontières-du-gelBranche-prisonnière

samedi, novembre 13, 2004

Fin d'aprés midi à "Québec-village"

Vendredi soleil, l'on passe chercher petite soeur à la sortie de l'école, avant que la petite n'aille prendre le bus pour Montréal, on part traîner un coup en ville. L'on rencontre mignon Quentin au coin de la rue, un grand sourire sur les lèvres, il part magasiner non loin. De notre coté, quoi faire??? L'on se gratouille la tête. L'on observe les patineurs urbains dans le soir couchant. L'on se regarde en riant et l'on décide de s'y lancer aussi. Une petite heure de glace et de glisse avant que le soleil ne disparaisse dans un ciel sans ombres, avant que les étoiles n'emportent ma petite soeur vers la grande ville et son père. Ainsi va la vie...

Quebec-sunset-on-ice

jeudi, novembre 11, 2004

Via L'oeil de Mouche et Oldcola
What kind of cat are you?

What's in it for me?
Alley Cat! You're a wheelin' & dealin' kind of cat
who not only has the unique ability to take
things in stride, but let it be known you're
smarter than you look.

brought to you by Quizilla
Les mots de Faiza, traductions libres.

Cette session, j’ai plusieurs cours à options et donc peu de traductions à faire dans mes travaux, je me sens rouiller, ce n’est pas bon. Je vais donc reprendre, sous la neige et à petit pas, mes traductions libres commencées l'été passé. Je retourne fouiller les entrailles du blog de Faiza. Je trouve de quoi me mettre sous la dent. Traduire cette dame remet ma vie en perspective tout en me permettant d’essayer de me mettre dans les chaussures d’une femme bien différente de ce que je suis, de ce que je vis…

Sans aborder les concepts politiques du conflit avec lesquels il est trop facile de se mitrailler la tête, je ne veux voir que le coté humain de ces gens si loin. Il me semble que dès que l’on privilégie le coté humain des choses de la vie, la guerre perd toute légitimité, ses biens-fondés bien pensés s’effacent sous la souffrance d'innocentes victimes. Et l’univers retrouve certains sens. Je me dis qu’il est bon d’essayer de regarder l’humain qui se cache derrière le voile des incompréhensions qui nous agressent, parce-que me dire qu’en 2004, on est toujours pas capable de régler nos différences autrement qu’à coup de mortier, cela me fait pas mal peur…

Sunday, October 31st , 2004

Good morning…It is now 8 a.m., I heard the noises of missiles falling on the Airport, the whole house shook, then some more missiles fell… the sound is powerful, reminding me of the war days, 2003, and the rockets were falling on nearby Iraqi targets. Then I heard the sound of a far away alarm siren… a sound I have not heard since the fall of Baghdad… Now many American helicopter planes passed along in the sky, fast and brutish, as if snarling…perhaps heading to the area from which the missiles were fired…There is a big aerostat (Balloon) in the sky, in our area, its shape is like a white whale, and I remembered a cartoon series that my kids used to love when they were children, named : The White Whale, ha..ha…People say that this balloon is carrying a heat detector, which can discover from where the missiles were launched… Yesterday, the cleaning lady told me, and she lives in Abu Ghareeb area, that missiles sail above their heads on its way to the airport…I do not know where it comes from…

Dimanche 31 octobre 2004

Bonjour,

Il est 8 heures du matin, j’ ai entendu le bruit des missiles qui tombaient sur l’aéroport, toute la maison a tremblé, d’autres missiles se sont écrasés, le bruit est violent, il me rappelle les jours de guerre de l’année dernière, lorsque les roquettes tombaient sur les cibles iraquiennes non loin. Puis j’ai entendu le son lointain d’une sirène d’alarme, un son que je n’avais pas entendu depuis la chute de Bagdad.

Maintenant de nombreux avions et hélicoptères américains circulent dans le ciel, brutaux et rapides comme s’ils rugissaient furieusement …

Peut-être se dirigent-ils vers la zone d’où les missiles furent tirés. Il y a un gros aérostat ( ballon) qui flotte dans le ciel au-dessus de chez nous, il ressemble à une baleine blanche, je me souviens d’une série de dessins animés, qui plaisaient beaucoup à mes enfants quand ils étaient petits, intitulée : La baleine blanche… ahahah

Les gens disent que ce ballon transporte un détecteur de chaleur qui peut repérer d’où sont tirés les missiles. Hier la femme de ménage, qui habite dans le quartier de Abu Ghareeb, m’a dit que les missiles lancés sur l’aéroport glissaient dans le ciel au-dessus de leurs têtes. Je ne sais pas d’où ils viennent…

Saturday, October 30th, 2004

The weather started improving, getting a little colder in the morning and at night, but during the afternoons, it is still somewhat hot. We stopped using Air conditioners and Air coolers, but only the Fans, and sometimes it is cold for them, so we shut them down. So, the Electricity is a little bit better. The cold is approaching, people will use electric heaters, then the power supply will again suffer defectiveness, and higher rates of consumptions. But the Kerosene crises is looming from now on, people are complaining of its high prices, as they started buying and stocking it, for oil heaters. But I do hope the days will bring all that is good and comforting to the miserable Iraqis.


Samedi 30 octobre 2004

Le temps commence à s’améliorer, il est plus froid le matin et durant la nuit mais les après-midi sont encore assez chauds. Nous n’utilisons plus l’air climatisé, juste les ventilateurs et parfois il fait assez froid pour que nous les arrêtions complètement, c’est bien pour l’Électricité. Le froid approche, le gens vont utiliser des chauffages électriques, le courant électrique redeviendra défectueux et les prix augmenteront. À partir de maintenant les pénuries de kérosène seront monnaie courante, les gens se plaignent des taux trop élevés alors qu’ils commencent à acheter et faire des réserves pour leurs chauffages à l'huile. J’espère que les jours prochains apporteront du confort et des bonnes choses aux malheureux Iraquiens.
Les mots d’ Etolane s’envolent vers d’autres jardins…

Quelques-uns de mes mots d’automne ont prit résidence sur le charmant site de Dparoles. Merci au jardinier d'avoir choisi quelques-unes de mes graines pour ce petit coin virtuel où les pages se tournent comme dans un livre d’idées qui se partagent entre deux gorgées de thé. S'ils s'évadent, à vous de les retrouver

mercredi, novembre 10, 2004

Rencontre du treizième type…

Curves ~ Masaaki Kazama

Je la retrouve au détour d’une allée d’Iris couleur arc-en-ciel. Dès qu'elle m'aperçoit, elle remarque mon teint blafard, mes mâchoires crispées, mon regard durci. Douce comme la brise fraîche d’un soir humide, elle m’invite à m’asseoir sur ce banc aux reflets d’argent qu’elle fait apparaître devant moi en un claquement de doigts.

- Calme-toi, assis-toi, tu as la mine d’un fantôme en colère!
- Peut-être que c’est ce que je suis, plus morte que vivante dans le monde de mes pairs!

Elle éclate de rire, ses boucles folles dansent sur ses épaules. Je ramasse mon chignon tandis qu’elle m’offre une limonade glacée. Elle me demande le plus doucement du monde:

- Alors, qu’est-ce que tu as fait pour arriver ici noyée de furie étouffée?
- Bof, pas grand chose, pis pas si étouffée puisque j’ai vomi dans tes marguerites à l’entrée, prés de la grande porte! Désolée…
- Oh! Elle soupire. C’est pas si grave si tu es soulagée. De toute façon, les vandales sont rares alors j’ai pas gros entretien à faire, je m’en occuperai tout à l’heure…
- Tu vas encore le faire en claquant des doigts?

Elle se frotte le bout du menton, le regard fixé sur un écureuil de passage, elle me marmonne un « Peut-être » absent. J’avale une gorgée de limonade, cela me fait du bien. Je respire profondément et joue avec une branche de cèdre qui se tend vers moi. Elle me regarde à nouveau et me dit :

- Mais pourquoi tu te mets dans des états pareils!?!
- Je sais pas, je dois être trop sensible! Tu ne peux comprendre! C’est des histoires de mortels, des histoires d’humanité sombre.

Alors que je repense à mon malaise passé, un nuage noir se forme dans le ciel azur qui se fonce, ce nuage de bonne taille s'approche, il se pose au dessus-de ma tête, juste assez pour me faire de l’ombre et un courant d'air, je frissonne et serre les dents. Je la regarde, inondée de lumière, souriante, épanouie dans la nature en extase, les mains pleines de terre, les genoux crottés et les yeux brillants. Elle fronce les sourcils et s’exclame :

- Bon ben ça y est! Tu as ramené un nuage! Bon! Ok, suis moi, on va aller du coté des bégonias, cela ne leur fera pas de mal un peu de frais, ces derniers jours, ils ont eu trop de lumière….

Je la suis dans un dédale de plantes luxuriantes et d’arbres en fleurs, je trimballe mon nuage jusqu'aux bégonias qui se rangent en cercle autour de moi, je peux presque les entendre rire derrières mes pensées noires, le nuage perd un peu de sa substance. Elle m’offre un tabouret de pierre d’un signe de la main. Obéissante, je m’assois, mon verre toujours à la main, j’avale une autre gorgée de limonade fraîche. Sous mon nuage, elle s’assoit prés de moi, pose une main sur mon bras et me demande :

- Pourquoi tu es fâchée?
- Je suis pas fâchée!!!
- Un peu quand même, qu’est-ce qui te trouble tant et t’empêche de voir le soleil chaud?
- Je sais pas trop, tu sais souvent je vais me promener, voir de quoi est fait le monde, de quoi sont fait les gens, je parcours les grandes artères, les avenues à la mode, les petites rues tranquilles, je n’aime pas juger, parce-que dans le fond, cela ne sert à rien, alors je garde un esprit ouvert et j’observe…
- Oui, moi, je te trouve chanceuse! Je ne peux sortir des limites de ce jardin, il est immense, je te l’accorde mais si ce n’étaient des visites occasionnelles, je devrais affronter une solitude tout aussi grande que l'espace à ma disposition! Et ce n’est pas comme si nous parlions d’un espace privé! Toi quand tu rentres chez toi, là-bas dans le manoir, tu retrouves ton intimité secrète, moi je campe dans ces arbres qui nous entourent…
- Oh! No, please, pas encore l’idée de liberté irraisonnée! Regarde mon nuage pleut!!!
- Bah! C’est pas mauvais pour les bégonias, tu les entends, elles rigolent comme des folles!
- Ah! À Tout malheur un bonheur, right!
- Ou un truc comme cela, bon alors, tu le craches ton mécontentement ou tu vas nous y faire passer l’après midi!
- Ok, ok, ok! C’est que, il me semble qu’il y a dans ce qui compose notre humanité, des courants super forts qui se traduisent par des critiques, des formes de dénigrements ironiques, des plaisanteries sarcastiques, des «geignardises» gratuitement méchantes, des moqueries niaiseuses, pis je sais pas, des fois je trouve cela super indigeste! Certains jours gris comme celui qui règne aujourd’hui, cela me déprime profondément, je comprends pas le monde! Je désillusionne en tourbillons…
- Et tu vomis dans mes plates-bandes! Génial! Mais regarde, ici c’est pas gris! Y’a juste ton nuage qui en arrache. Sinon, tout va bien, les abeilles géantes butinent et la récolte de miel du mois prochain promet des merveilles. Je pense même préparer un peu d’Hydromel pour Noël…

Elle se penche pour caresser une feuille qui s’enroule autour de ses doigts, elle soupire, nonchalante, elle se relève et essuie une larme de pluie sur mes joues mouillées.

- Tu sais même si parfois je me plains de devoir rester prisonnière du donjon enchanté, je sais que ce qu’il y a dehors n’est pas toujours joli à assimiler. Tu as des poids de souffrances à supporter que je ne connais pas. C’est vrai, j’en ai conscience et je te remercie de ne pas me forcer à y vivre aussi, là-bas dans ce monde où la magie n'a pas de droits, merci d’y sacrifier ta peau pour nous...

Elle me sourit doucement, je sens le nuage s’effacer comme par magie de mes pensées embuées. Je sens le soleil sur ma peau gelée. Les bégonias rigolent à pleines fleurs. Toujours ce même sentiment d'éternel, ce même désir de rester là, toujours, perdue dans le halo de sa lumière surnaturelle…

mardi, novembre 09, 2004

Glaçons, flocons, givre et transparence.

Gentiment Sieur Hiver prend ses aises, doucement il blanchit la lumière qui fugue. Il s'assume les nuits tranquilles, en de parfaits silences, il nous recouvre de son manteau givré. Je le regarde s’installer sans heurts et avec mille reflets. Il me fait un clin d'oeil en une perçée de soleil avant d’ordonner à ses généraux puissants de nous transporter dans les entrailles profondes de ses arctiques domestiques…

Canot-solitaireFrozen-JailMacro-NatureLarmes-de-givrePremiers-gels
L'amour se nourrit de patience autant que de désir.
Amin Maalouf

Le désir demeure en nous comme un défi au monde même qui lui dérobe infiniment son objet.
Georges Bataille

On écrit pour en finir avec soi-même mais dans le désir d'être lu, pas moyen d'échapper à cette contradiction.
Daniel Pennac

lundi, novembre 08, 2004

Érotisme Surréaliste

Encore sous le choc du film que j’ai vu hier (L’année dernière à Marienbad), expérience aussi merveilleuse qu’enivrante. Pourquoi ne fait-on plus de films comme cela de nos jours! Ah! Peut-être à cause de l’effort, subtil comme celui d’ouvrir un livre, qui offre à l’intellect l’occasion de voyager. Comment décrire cet instant d’Art visuel? Quelques mots ne peuvent suffire pour décrire le bonheur hypnotique de ces émotions qui m’envahirent en ces deux heures magiques. Tant de thèmes et de symboles qui se mélangent dans l’énorme marmite de mes pensées et font cette soupe étrange que je mange avec délice, mijotée de culture à l’état pur.. L’abandon, l’oubli, l’angoisse, le faste, la chasse, la biche et ce désir…

Ce désir, intense, brutal qui me foudroya littéralement sur place. Saturée du sexe exhibé sous toutes formes de notre société, je me rends compte être, avec cette trentaine qui se dessine à mes jours, immunisée devant ces flots d’images, ces délires de cul sous tous angles qui font mousser tant de personnes si l’on en croit les courants populaires de notre époque moderne. Tout cela est bien beau pour ceux à qui cela plait, mais je l’avoue, plus les années passent et plus j’en ai plein mon casque de ce sexe à toutes les sauces. Ainsi le désir flottant entre les images de ce drôle de film me percuta violemment l'esprit. Petit à petit, à mesure que je me plongeais dans les entrailles sans couleur de ce fil sans histoire, une merveilleuse sensation commença à me réchauffer subtilement le bas-ventre. Voilà un état de fait qui me surprit beaucoup! J’essayai d’analyser la source de cette soudaine humidité, lorsque je pris conscience de ce désir intense qui enrobait chaque scène que je regardais, je me laissai parcourir par cette sensation nouvelle, les neurones surchauffés, je glissai silencieusement une main vers l’homme à mes cotés…

Dans la déstructuration de ces pensées en noir en blanc, je bouillonnai de plaisir, dans cet étrange chaos d’images et de sons, tout était clair comme de l’eau…

En sortant de la salle, alors que j’étais encore subjuguée par cette expérience, Juan, quand même plus modéré dans son interprétation de la chose, n’en revenait pas de tout ce que j’avais pu ressortir de ce film si différent de la norme. Je lui parlai de ce désir incroyable alors que nous reprenions le chemin du retour. Interloquée, je m’exclamai

- Man! T’as pas senti ce désir intense!
- Heu, ben pas vraiment…
- Ben moi, j’en suis encore soufflée!
- Come on Étol! Y’avait tellement rien de sexuel, c’était tellement cérébral!
- Ben n’empêche que je crois bien avoir mouillée!
- Non!


Il lâche son volant, manque de freiner subitement et se tourne vers moi.

- Vraiment?
- Ben oui, c’était trop fort! Trop de désir en boite, on est plus habitué! J’ai trouvé cela complétement fou! Érotique à mort! Vraiment rafraîchissant! De nos jours, dès que le désir se pointe, boum bang, il est consommé! C’est toujours pareil! C’est comme les films de c…, t’en a vu un, tu les as tous vus, pis plus tu en vois, plus tu as l’impression de toujours voir le même! Alors que ça, ben j’avais jamais vu!!! Dans le fond c’est le désir qui est excitant, pis là, ce foutu désir qui n’en pouvait plus de rejaillir dans le non-dit de cette put… d’histoire, je n’en pouvais plus! Heureusement qu’il lui a effleuré un sein le bonhomme! Parce-que sinon c’était trop dur, cela devenait une vraie torture!
- Come on! J’y crois pas! Pour vrai? Ce film t’a excitée! Non, mais vraiment, tu m’hallucines! Ça veut dire que toutes tes pulsions sexuelles sont mentales! C'était tellement refléchi comme film, t'es mortelle quand tu t'y met!
- Ben quoi! Je vois pas ce qu'il y a de si bizarre! T’as pas vu quand je t’ai touché!


Il manque de s’étouffer une autre fois. Dieu merci un feu rouge!

- Comment!!! C’était là, c’était ça!
- Ben oui, j’ai pas pu m’empêcher, c’était trop fort….


Il me regarde, sidéré, éclate de rire. Je ris avec lui, quelques paillettes dans les yeux, il y lit ces messages qui lui font pétiller le regard. Le feu devient vert et l’on reprend la route alors qu’il continue de creuser un peu plus ces idées jaillissantes de mes émotions à fleur de peau qui me retournent gentiment le cerveau en ce dimanche nuit…

dimanche, novembre 07, 2004

Back to 1961

Chaque lundi, mon prof de socio distribue à ceux qui le désirent des places pour un quelconque évènement culturel, cette fois-ci c'était pour les classiques de la cinémathèque du Musée du Québec. Inspiration vague, cette semaine, j’ai levé la main et recolté deux places pour « L’année dernière à Marienbad ». L'homme en rit pour ne pas pleurer, j'en ris de ne pas le voir pleurer! Et les flocons continuent de tomber…
Et la farine du ciel continua de tomber

Une tasse de thé à mes cotés, je médite sur le chemin de ces mots à venir, quels chemins suivre? J’ai plus d’idées dans la tête que de temps dans ma journée, alors souvent je simplifie et prends le premier chemin dont je peux en voir le bout pas trop loin, histoire de ne pas me perdre en route…

L’homme scie dans son atelier, anciennement balcon, devenu fumoir, maison à chats, serre pour l’hiver et finalement atelier de menuiserie! Qui eut cru que cette petite construction nous serait si utile et polyvalente! Le salon rajeunit mais la scie électrique, à moyennes doses, c’est un peu déconcentrant lorsque l’on s’applique à choisir un chemin où s’avancer les idées…

Ne pas perdre trop de temps à se décider même si l’humeur matinale est brouillonne. Un peu de musique peut-être? Je change de fenêtre pour accéder à ma libraire musicale et encourage Bebel Gilberto à se faufiler entre deux flocons, allez on se décide ma fille…

Je commence à être tannée de ma mise en page, mais les maudites contraintes informatiques me poussent à croire qu’il me faudra encore quelques semaines avant de donner à ce jardin de mots épars une nouvelle forme hivernale. Ces temps ci, je réfléchis sur la consistance de ce blog, je réalise que j’ai pu trouver en ce média ce que je recherchais à ses débuts : Une certaine discipline d’écriture qui me ravit! Je me rends compte, après 17 mois de blog, que je puis avoir cette discipline sans trop de problèmes (les lecteurs sont évidemment la cerise sur le gâteau)…

Cependant, je sens au fond de moi que cela n’est pas tout, car après la discipline imposée d’autres concepts se dégagent subtilement de l’expérience. Des envies de structures floues, un besoin d’approfondissement qui se dessine à l’horizon, des abstractions qui s’accrochent à cette virtualité et me déroutent un peu…

Mais quelle est l’essence de cette virtualité qui s’affiche au monde entier? Pour moi, en cet endroit, c’est avant tout une sorte de journal de bord, une évolution du journal intime habituel, une nouvelle forme de l’intime qui se sait publique ou un truc dans le genre. Bref, ceci combiné à un brouillon de création où quelques histoires se forment en pure fiction pour se ranger docilement comme des cailloux posés dans le ruisseau de ces mots qui coulent jours aprés jours. Sans oublier l'espèce de babillard d’humeur et de goûts, partagés aux vents du temps, en gros, c'est quand même tout un fouillis! Mais ais-je vraiment envie de faire le ménage? Pour tout bien structurer en un ordre qui m’étoufferait certainement! Je n’en ai pas l’impression présentement.

Comment apprivoiser ma liberté sans me contraindre l'esprit, peut-être est-ce la vraie question? Peut-être que derrière la réponse à cette question se cache la solution à ces méandres qui m’énervent le bout du nez glacé

samedi, novembre 06, 2004

L'hiver prend quartier…

Matin blanc comme neige, une fine poudre continue de tomber, farine du ciel qui soupoudre mon jardin endormi! J’avoue ne pas être vraiment prête! Y’a des années comme ça, où l’on a pas encore oublié la dernière hibernation, que déjà l'on doit se préparer à la prochaine…

C’est vrai que c’est joli la neige, surtout pour l’œil non blasé, mais c’est que l’hiver est si long! À part pour les amoureux de l’hiver, ces passionnés qui s’éclatent dans la glace et la neige, je pencherais pour croire que la majorité des gens ne voit pas tant arriver la neige et ses beautés que le rude hiver et sa longueur (inimaginable pour celui qui n'y a jamais goûté). Mais bon! Comme j’habite au Québec, et que ce n’est pas comme si je ne me doutais pas que je reverrais bientôt ce paysage de neige. Je me force le cerveau à accepter cette réalité familière, de toute façon, il y aura bien assez de temps pour se lamenter d’ici mai prochain, si ce n’est juin! Moment béni où je pourrais retrouver le vert calme de mon jardin…

Je chausse mes bottes de Yeti couleur d'hiver, j’allume ma main digitale et je pars, en jupe et sans collants (un zeste de rébellion dans le sang), jouer avec les flocons de plus en plus gros qui me mouillent le visage et me gèle le bout des doigts…

Mon-coté-yeti

vendredi, novembre 05, 2004

Assassinats de mouche sans défenses

Givre-d'atomne-IReflets-noyés

Avec l’automne venu, les mouches ont pris quartier dans la maison. P’tit Jay, déconcentré par une simple mouche qui vole, s’en plaint amèrement. Au bout de quelques jours, il me dit entre deux équations « infaisables » :

- Dis Etol?
- Mmmm….
- Pourquoi tu mets pas des rubans à mouches?
- Hummm, je sais pas trop, j’en ai parlé à l’homme et il est pas d’accord, il trouve cela trop laid!
- N’empêche que ça te débarrasse des mouches tannantes!
- Humm, c’est un fait, je vais y penser! Allez, concentre-toi un peu, tu es capable!

Quelques jours plus tard, alors que je ne l’attends point, P’tit Jay frappe à ma porte.

- Salut Etol, regarde j’ai pensé à toi ! Surprise! Je t’amène un ruban à mouches! Même si Juan est pas d’accord, tant pis, mets le quand même, elles sont trop chiantes!
- Ok! Comme il y a prés de dix mouches, on va le mettre quelques jours et on verra! Mais c’est vraiment dégeu ton truc! Yerk! Merci Jay!
- Pas de quoi! Salut!

Je déroule la mort à mouches et l’installe prés de leur coin de vol préféré! Quelques heures plus tard, une mouche s’est en effet engluée les pattes dans le piège mortel! Je lui souffle sur les ailes et constate qu’elle est vivante mais prisonnière à vie. Bon, ça prend combien de temps à crever une mouche?!? Bah! Je me dis qu’en quelques heures, cela sera fini. J’oublie les mouches…

Le lendemain matin, je montre la chose à l'homme. Il fait la grimace, une seule mouche est attrapée, je lui souffle dessus, elle bouge encore, on n’est pas vraiment heureux de la chose, mais bon, c’est qu’une mouche après tout!!!

Deux jours plus tard, trois mouches se meurent sur la colle brune, je les observe un instant et oh! Horreur! Je réalise que la première mouche, la même qui se fit prendre trois jours auparavant, bouge toujours! Trois jours qu’elle est stochée sur le truc et elle bouge encore son unique patte libre! Je suis dégoûtée! P’tit Jay se pointe le nez, je lui montre l’objet de mes grimaces et n’en pouvant plus décroche l’affaire pour aller la piétiner dans le jardin! P’tit Jay se fend tellement la poire qu’il est plié en deux alors que je saute sur le maudit ruban qui me colle aux baskets! Bon! C’en est fini du calvaire des mouches stochées! P’tit Jay trouve le tout très drôle tandis que je m’ évertue à lui expliquer que son objet de la mort est anti-bouddhiste est que franchement je ne suis pas convaincue du tout!!!

Il reste cependant une demi-douzaine de mouches et devant l’efficacité de la chose, malgré ma conscience écœurée, je me résigne et recommence le manége du ruban gluant Deux autres victimes se font prendre et là c’en est trop! Je suis plus capable de voir ces tortures de mouches dans ma face! Dépitée, j’enlève ce truc de ma vue! J’oublie les mouches rescapées et même Jay ne semble plus dérangé par ce problème saisonnier!

Les jours passent lorsque l’homme me traîne à Home Dépôt. Il fait des meubles pour le salon et doit acheter du bois pour ses projets. Comme chaque fois que je me retrouve à errer dans ce qui est, à mon sens, un immense « no woman’s land ». Je me réfugie au rayon des plantes vertes où il y a toujours des merveilles à découvrir! Je tombe sous le charme d’une améthyste servant de jardin aérien. Et, surprise! Je m’arrête net devant cette plante : « Attrape-mouches de Vénus ». Mon esprit ne fait qu’un tour, justement j’avais le goût d’ adopter une plante carnivore! Une attrape mouche végétale, c’est l’idéal! Un piège tout à fait naturel et divinement légal! Pas de taches inutiles pour mon karma éprouvé, que demander de plus!!! J’achète sur-le-champ cette petite plante étrange. Juan s’amuse de me voir toute énervée alors que je lui explique passionnément comment je rêve de voir une mouche se faire croquer par cette petite chose verte et vivante, je fantasme toute seule à l’idée d’observer comment cette plante minuscule peut digérer un tel repas!

De retour à la maison, je cherche des yeux une mouche qui viendrait me tanner les nerfs, évidemment il ne reste pas une aile sur le front! Juan finit par en apercevoir une qui se cache dans un coin. Je me délecte l’imagination et promène ma plante d’un endroit à un autre de la maison. Entre deux reflets de cristaux, j’attends, patiemment, le moment fatal…

Étranges-cristaux

Première bordée (léger abus de terme)...

Ce matin, levée avant le jour, je regarde par ma fenêtre cette première neige de l'Hiver à souffrir...


First-Snow-2004First-snow-bis
Entre 5.30 et 7.15 ce matin...

L'on prend le chemin de la ville, plus on descend vers la plaine, plus la neige s'éclaircit, arrivés en vue de Québec, il ne reste plus qu'un monde mouillé à la moelle. J'arrive, dans ma salle d'examen "avec les poules", assez tôt pour emprunter à une copine un document qui manquait à ma science. Tandis que je revois mes choses une dernière fois, un brouhaha s'installe avec l'arrivée des étudiants mal reveillés, un grand garçon s'approche de moi:

- Je peux m'asseoir à coté de toi?
- Heu oui...


D'habitude c'est plutôt la place à Quentin mais comme celui-ci n'est pas encore là, maladivement curieuse, je souris à ce garçon que j'ai déja vu au fil de quelques cours. Il me demande:

- Tu es en traduction n'est-ce pas?
- Yep, je t'ai déjà vu dans des cours me semble...
- Oui, tu finis cette année?
- Oui, toi aussi?
- Oui...

La prof arrive les bras chargés, l'examen au creux de l'aisselle, je sens la salle qui se pose, Quentin arrive et trouve une place à deux pas. Les feuilles se passent, l'on se concentre collectivement.

Deux heures plus tard, aprés une pause bien méritée et une conversation "Blog 101" avec Quentin qui a attrapé le virus en deux temps trois mouvements lorsque je lui en ai parlé à la rentrée, l'on retrouve nos places dans le bruit du papotage ambiant. Le garçon attend souriant et embarque "drette" la conversation. Sympathique, il me parle de tout et de rien, aussi charmant qu'un soleil couchant...

Il me demande mon prénom et j'oublie de lui demander le sien, impolie de moi! Ainsi ce garçon sans nom me dira certainement "Bonjour" les prochaines fois que je le croiserai et je finirais certainement par connaître son identité d'ici le printemps prochain...

On abrége le cours et je retrouve Miss Lou au sortir de la salle. L'on papote Datura, tatoo, essence spirituelle et confessions torrides de chambre! Ah! Miss Lou et sa vingtaine toute fraîche, ma pomme et sa trentaine blasée, tout un coktail pour se dérider les idées!

J'ai rencontré P'tite Lou en début du programme, je l'ai vu vieillir en trois ans, passer de gamine intéressante à femme florissante, mon affection pour sa petite poire a grandi avec le temps. Désormais une amitié réelle disperse ses graines d'espoir entre deux instants volés...

L'homme nous retrouve en plein échange humain et l'on "vrom-vrom" tous ensemble casser la graine mexicaine au centre d'achat du coin. Douce camaraderie qui réchauffe l'humeur lasse, rien que le soulagement d'une autre semaine digérée...

(Source) BORDÉE : nom fém.
Définition : Forte chute de neige.

Catégorie : Archaïsme (avec une extension de sens) et dialectalisme.
Bordée, « chute de neige plutôt abondante », est signalé en français québécois depuis 1727 : « Baliser les chemins et les battre à chaque bordée de neige... à chaque bordée de neige qui tombera [faire] aller et venir leurs bestiaux et battre le chemin par lesdits bestiaux » (Archives nationales, Ordonnance de l'Intendant Dupuy, 27 nov. 1727). Le père Potier le relève également en 1743 : « Après les grands froids il vient ordinairement une bordee (sic) de neige ».

« Le spectacle de notre ville sous une "bordée", sous un blizzard comme, paraît-il, on devrait dire, ce spectacle était beau ; mais infiniment triste. » (RINGUET. Confidences , Montréal, éd. Fides, 1965, 198 p.)

jeudi, novembre 04, 2004

Première neige…

J’ai la tête pleine de données linguistiques. Est-ce que les premiers colons parlaient patois ou français? Comment est-ce que le Français a évolué en Amérique du Nord ? etc.…

Cette journée a avalé, entre deux chansons de la Bolduc, les quelques timides rayons de soleil en un gouffre blanchâtre d'étranges horizons. J’ai regardé le ciel entre deux révisions sans vouloir y voir les signes précurseurs de l’hiver qui s’installe. Mais avec la nuit tombée, l’air se glace subtilement et comme l’annonce la météo prévenante, d’ici minuit tomberont les premiers flocons sur notre maisonnée…

Cinq à dix centimètres pour demain matin! J’ose à peine y croire. L’homme en a profité pour installer nos pneus d’hiver, voilà! Ça y est, le "char" est prêt! C’est reparti pour un tour de neiges. Je n’ai plus qu’à retourner me plonger une dernière fois le nez dans mes cahiers avant de relever la tête pour affronter un vendredi parsemé de petites misères sans mystères…

Mais voilà que brillent les phares de M'zelle Joe dans la nuit, c’est l’heure du français qui se pratique et s'articule au présent. C’est le temps de disperser quelques graines de savoir dans le frais terreau de l’adolescence…


Gentle Event (on special paper) ~ Wassily Kandinsky


Mercredi matin,
J’ai rêvé d’un autre monde…


Une vieille chanson de Téléphone dans la tête depuis que je me suis levée, je regarde défiler les nouvelles plus mauvaises que bonnes. J’ai rêvé des élections cette nuit, c’était bien la première fois que je rêvais à de telles choses! Au réveil, l’on allume le petit écran et je retrouve doucement ma réalité. Cela semble bien parti pour Bush, dire que cela me dépite est bien maigre devant la grosseur de cette émotion qui m’effleure…

On ne saura sans doute pas avant des jours le résultat de ces dernières élections, mais je crains et me résigne au pire. Résignation obligée parce-que bon, c’est pas comme si je pouvais changer quoi que ce soit à ce monde. Enfin je peux toujours continuer de rêver à un monde meilleur…

Un autre monde

Je rêvais d'un autre monde
Où la terre serait ronde
Où la lune serait blonde
Et la vie serait féconde

Je dormais à poings fermés
Je ne voyais plus en pieds
Je rêvais réalité
Ma réalité...

Thursday Update: Voilà c'est reparti pour quatre ans et je serre des dents! Heureusement que la fontière nous sépare car j'en verserais presque quelques larmes...

mardi, novembre 02, 2004

Coalition conte le comité contre le chat…



Résistance à un monde sans chaleur féline. Je dis :" Non à l'intolérance!". Cet été, un maniaque a fait disparaître mes six chats, j’ai une petite idée sur sa personne, et ma colère est sans bornes. Elle est noire, visqueuse, mauvaise, meurtrière, et cela me prend toute la bonne volonté du monde pour l’apprivoiser et l'étouffer. Celui qui a poussé l’intolérance jusqu'à me blesser si intimement reste bien ancré au fond de mes pensées (sans parler du sort de mes pauvres chats disparus par méchanceté humaine)…

Ce qui ne fera pas de ma maison un foyer sans chats! Non monsieur! Tout comme ce carnet virtuel ne sera jamais un lieu sans traces de chats! Déjà sur le front, je me joins à Hoedic pour proclamer ma petite liberté d’expression (et d'existence) en ces quelques mots soufflés aux quatre vents de nulle part…
Mardi Élection.

C’est le grand jour chez nos voisins, d’ici ce soir, les dés seront lancés pour Bush et Kerry. L’Amérique est divisée en deux, c’est à mon avis ce qui est le plus effrayant. J’ai regardé les nouvelles hier, américaines, canadiennes, personne ne sait sur quel pied danser, c’est assez effrayant. De mon coté, je croise les doigts pour que passe Kerry et que Bush retourne aux oubliettes de l’Histoire. Celui qui gagnera héritera d’un pays disloqué et de cette maudite guerre qui ne me dit rien qui vaille.

L’autre abruti d’Oussama a trouvé moyen de faire parler de lui, l’imbécile est sorti de sa tanière pour encourager le peuple américain à se méfier de Bush, à ne pas voter pour lui mais franchement celui-là, je suis pas mal sure qu’il n'a pas inventé l’eau chaude! Comme si le peuple américain allait faire ce qu’il désirait! Je ne sais pas sur quelle planète il vit mais c’est certainement pas la même que celle de nos voisins! Tout ce qu’il peut faire c’est donner des munitions à Bush le guerrier, empreint de toute la fierté d’un peuple, qui en a profité pour faire son petit coq et accentuer cette peur qu’il entretient savamment. Pendant que ses « seniors » débarquent par hordes chez nous pour se faire administrer le vaccin de la grippe (en rupture de stock chez ce cher George)! Celui-ci voudrait administrer la planète et il n’est même pas capable d’offrir à son peuple un système de santé digne de ce nom et surtout accessible à tous! Cela fait un peu pitié! Manquerait plus qu’il se mette dans la tête de nous annexer! Une fois parties les folies guerrières de ces hommes assoiffés de pouvoir, les pires scénarios deviennent envisageables et j’ai l’imagination fertile…

Aujourd’hui se joue une manche dans le grand jeu de l'Histoire, une poussière dans le cycle du temps, mais une brique dans le cycle humain qui rythme nos vies présentes. Pendant que fluctuent les courants humains, je me plonge, frissonnante, dans l’Histoire de la langue et cette Histoire du français qui perdure et s’accroche en ce petit coin d'Amérique du Nord…

Extrait de l'article de C. Poirier, le lexique québécois: son évolution, ses composantes, paru dans le Stanford French Review.

Garrocher, v. tr "lancer" (Nord-Ouest et Ouest de la France, voir bibl 29, p.71) :

"Toujours qu'elle s'en va sus le bord de la coulée, pis elle poigne l'oeuf et pis elle le garroche haut en bas de la coulée" (2 août 1934, Chicoutimi, AF, Laforte, 92)

"Jeux d'enfants. Un. Garrocher des roches au chien excité de Monsieur Germain parce qu'y court aprés les vaches à mononcle, t'y casser une patte d'un coup sec, hourrah! y coupera pus de queues." (J-M Poupart, C'est pas donné à tout le monde d'avoir une belle mort (roman) (Montréal: Ed du jour, p. 18.)

lundi, novembre 01, 2004

Le courage vient aisément à certains parce qu'ils ont peu fréquenté la peur.
Penelope Williamson

On ne peut vivre qu'en dominant ses peurs, pas en refusant le risque d'avoir peur.
Nicolas Hulot

Je n'ai plus peur de la mort depuis que j'ai appris que je ne serai pas le premier à passer par là.
Michel Serrault
Lundi pluie

Journée grise et maussade, retour sur le campus, un gros examen vendredi prochain…

Hier nous avons amené Petite Clo, de retour de San-Francisco, au cinéma voir The Grudge, film d’épouvante se déroulant au Japon. La petite a eu la trouille de sa vie, sensations parfaites pour une soirée d’Halloween réussie. J’ai trouvé l’atmosphère japonaise délicieuse, et le déroulement de la trame relativement original, un fil de temps non linéaire intéressant, une certaine profondeur palpable derrière les frissons programmés, sensations plaisantes qui accentuent la peur recherchée…

La peur comme exutoire des délires du quotidien, cela peut aussi faire du bien, étrangement cela peut détendre l’esprit grognon qui s’amuse de ces frayeurs qu’il sait imaginaires. C’est ce qui me plait dans cette célébration d’Halloween, se moquer des monstres et de nos petites terreurs, déchaîner l’imagination, faire la fête pour oublier la mort de l’été et la naissance de l’interminable hiver…

Nuit-et-pluiePolice-frémissante