Commençons cette semaine grise avec une expression riche en nuances et vérité. Une expression ancienne qui reflète l'un de ces concepts en lesquels je crois fermement. Celle-ci me fait soudainement penser à une expression cousine "Il faut de tout pour faire un monde"...
EXPRESSION via Expressio.fr
« Des goûts et des couleurs, on ne dispute / discute pas »
SIGNIFICATION
Chacun peut légitimement avoir ses propres goûts, opinions et méthodes.
ORIGINE
Faut-il que tout le monde se comporte comme des moutons de Panurge ? Certainement pas ! Si c'est à cause des différences que des conflits entre personnes éclatent, c'est aussi grâce aux différences que les progrès existent, que l'Homme avance. Il faut donc les cultiver et accepter que l'autre ait des goûts ou des opinions différents des siens (sinon, les longues conversations autour d'un verre seraient bien tristes). Selon le Dictionnaire de Trévoux, cette expression existait au XVIIIe siècle sous la forme "il ne faut pas disputer des goûts" mais Larousse indique que la nôtre viendrait des scolatisques du Moyen-Âge et serait une traduction du latin médiéval "gustibus et coloribus non est disputandum". Selon Rey et Chantreau, le sens actuel n'est probablement pas le même que dans la version initiale où l'apparent libéralisme de l'expression serait trompeur. Si les goûts alimentaires de chacun sont effectivement si variables qu'il n'est pas la peine de se disputer à leur propos, le goût au sens de "valeurs esthétiques" est imposé par la société et le contexte culturel, et il est donc totalement inutile d'en discuter (au point de se disputer).
EXEMPLE
« Il faut disputer des goûts et des couleurs. D'abord parce que toute dispute se réduit à cette espèce, et qu'il faut que l'on dispute. » Paul Valéry - Rhumbs
« Veux-tu mettre un habit neuf à une vieille sentence ? tu n'en as pas besoin pour dire que du goût et des couleurs il n'en faut pas disputer. » Alfred de Musset - Fantasio
lundi, mars 31, 2008
vendredi, mars 28, 2008
..... émotions
Si vous voulez être libre de vos émotions il faut avoir la connaissance réelle, immédiate de vos émotions.
Arnaud Desjardins
Les femmes sont mieux adaptées que l'homme à la douleur. Elles vivent d'émotions, ne pensent qu'aux émotions.
Oscar Wilde
Toutes les grandes découvertes sont faites par ceux qui laissent leurs émotions devancer leurs idées.
C. H. Parkhurst
Arnaud Desjardins
Les femmes sont mieux adaptées que l'homme à la douleur. Elles vivent d'émotions, ne pensent qu'aux émotions.
Oscar Wilde
Toutes les grandes découvertes sont faites par ceux qui laissent leurs émotions devancer leurs idées.
C. H. Parkhurst
jeudi, mars 27, 2008
Zeste temporel
Zeste temporel
Il neige au soleil! Alors que d’un coté de ma vue un ciel bleu se dessine et m'offre une belle lumière ensoleillée, de l’autre coté de l’horizon, un ciel grisou fait tomber de gros flocons. Devant ma maison les deux extrêmes se conjuguent en irréelle d’atmosphère…
Depuis quelques temps j’ai la sensation étrangement claire de voir le temps s'écouler à travers mon brin de fille. J’en parle avec mon homme entre deux oreillers:
- C’est bizarre, quand je regarde Lily, j’ai l’impression de voir un sablier…
Il me répond alors le plus sérieusement du monde:
- Ah! Moi j’ai plutôt l’impression de voir une hypothèque!
- Hein? Comment cela?
- Ben je la vois comme un investissement sur vingt ans!!!
Il neige au soleil! Alors que d’un coté de ma vue un ciel bleu se dessine et m'offre une belle lumière ensoleillée, de l’autre coté de l’horizon, un ciel grisou fait tomber de gros flocons. Devant ma maison les deux extrêmes se conjuguent en irréelle d’atmosphère…
Depuis quelques temps j’ai la sensation étrangement claire de voir le temps s'écouler à travers mon brin de fille. J’en parle avec mon homme entre deux oreillers:
- C’est bizarre, quand je regarde Lily, j’ai l’impression de voir un sablier…
Il me répond alors le plus sérieusement du monde:
- Ah! Moi j’ai plutôt l’impression de voir une hypothèque!
- Hein? Comment cela?
- Ben je la vois comme un investissement sur vingt ans!!!
Pâques polaire
Pâques polaire
Fêter Pâques par -15 degrés et sous 5 mètres de neige, c’est tout un programme! Cacher des oeufs dans une cabane de neige. Greloter dans la nuit éclairée d'une lumineuse pleine lune. Mon ado de Clo m'aide à la tâche. Les lapins que nous sommes nous gelons les doigts à creuser des trous dans la neige. Nous y installons des nids colorés. Nous y déposons des jouets et des confiseries. Chut! Les histoires de lapins des neiges sont secrètes, les enfants ne doivent rien soupçonner. Les étoiles sont glaciales. L’atmosphère est congelée. Je me transforme en glaçon.
Ma Clo de sœur pour qui j’ai tant de fois fait travailler l’imaginaire durant sa petite enfance, prend le relais pour motiver mon âme blasée. Alors que je grognasse et peste sur ce froid arctique me fait frissonner sur place, Clo m’explique combien tout cela est important pour la petite. Je souris en pensant à ces moments précieux où je m'appliquai à édulcorer les réalités de ma petite soeur. Une petite soeur devenue tantine qui me rappelle à la raison du coeur. M’zelle Soleil roupille dans la chaleur de notre cocon, elle ne semble se douter de rien. Pourtant la demoiselle en question est un vrai détective sur pattes! Elle absorbe avec attention chacune de nos conversations, elle s’exclame « Moua? Moua? » à chaque fois qu’elle entends dire « la petite », elle remarque tous les détails de son quotidien. Je nous sens sur écoute…
Mon petit poussin devient fillette. Elle bavarde à bâtons rompus. Elle n’en finit plus de construire ces longues phrases qui m’impressionnent. Attentive, je suis à l’écoute. Je me dévoue à l'épanouissement de ce petit bout de nous. Avec elle, je deviens louve. Durant cette occasion pascale, elle se bâfre de chocolat en compagnie de sa tante et de son paternel. Moitié parce-que j’ai l’envie de fondre plus vite que le banc de neige devant ma fenêtre et l’autre moitié marquée par un manque d’appétit relié à une petite maladie que j’ai du mal à éradiquer, c’est à peine si je mange trois chocolats. Je me contente de les observer se gaver les babines qui dégoulinent. Ils font naître des sourires amusés en mon horizon de fatigues antibiotiques. Douceur familiale...
L’hiver s’éternise en une symphonie monotone. Paysages monochromes. Juan se remet de son amygdalite. Il reprend du poil de la bête virile. M’zelle Soleil attrape le virus qui passe. Elle se transforme en une joyeuse fontaine de morve. La voilà elle aussi sous antibiotiques. Les chats se la coulent douce. Chanelle a un coup de blues. Juan profite du début de cette longue fin de semaine pour me faire grand plaisir en rénovant le plancher du salon. Exit le vieux tapis détesté et bienvenue à une nouvelle atmosphère chaleureuse. Pour ce faire, il travaille de ses bras musclés et nous passons un quarante huit heures juste les deux, comme avant d'être parents, cela nous fait un bien fou. Et toujours la neige accompagne le cours des jours...
Avec ce mois glacé qui se poursuit sur sa lancée blanche, nous approchons notre sixième mois d’exil arctique, c'est un hiver des plus coriaces! Le lac n'est plus qu'un désert blanc presque oublié des mémoires givrées. D'après ce que les experts en disent c'est l'un de ces hivers qui n'arrivent qu'une fois par siècle! Dans la salle d'attente de la clinique où nous prenons notre mal en patience, j'attrape des bribes de conversations voisines. M'Zelle Soleil charme tout ce qui bouge, je rencontre un bébé Isaac et son papa Patrick. Je remarque que ma fille peut faire fondre la plus endurcie des vieilles filles! La nouvelle passion de Lily est de savoir le prénom de tous ceux qu'elle croise et rencontre! Ceci engendre bien des sourires! Je sers souvent d'agent de liaison! Elle s'enquiert du nom puis elle répète le son qu'elle fait ensuite rouler entre ses lèvres mielleuses pour le plus grand plaisir de ses interlocuteurs. Lorsqu'on lui demande le sien elle répond: «Lily Zoyeille», je fais la traduction et je ne compte plus (depuis sa naissance) le nombre de ceux qui s'extasient sur sa sonorité. Je suis contente que son prénom particulier reçoive un si bel accueil. Il faut dire, qu'à date, vu comment elle rayonne, elle le porte à merveille. Un vieux monsieur qui l'entend papoter depuis un moment vient la saluer, il me dit «Quelle beau p'tit bout, une belle personnalité, elle n'est vraiment pas terne! C'est bien.». Surprise, je fais un sourire en acquiesçant de la tête. Je me dis qu'avec un nom pareil ce serait malheureux pour elle d'être terne! À deux chaises de ma pomme, j'entends s'exclamer une dame âgée aussi ridée qu'un parchemin ancien: « Ah Non! J’ai jamais vu un hiver pareil!!! J’ai jamais vu cela de toute ma vie!!! ». Yep, c'est un sacré hiver, de celui qui alimentera les futures légendes...
Mais la question que je me pose en ce moment est celle-ci: Est-ce que la balance des saisons finira enfin par se trouver un équilibre au dessus de zéro? J'ai besoin d'un bol d'air frais. Je suis en manque d'herbe verte. J'ai l'été comme fantasme! Si seulement on pouvait atteindre un gros dix degrés, cela suffirait pour que je ressente le besoin de sortir de mon hibernation présente. L'hiver est une saison morte disent certains. J'aurai donc l'impression de renaitre. Je sortirai en vitesse me faire bronzer la pomme à l’air libre. J'installerai ma chaise longue sur un mont de neige fondante et j'ouvrirai un livre. Les boucles libres, un crayon à la main, je scribouillerai mes idées sur papier. Je porterai une jupe pour sentir l'air glisser entre mes cuisses. Rêves et chimères. Pour l’instant, il faudra bien se contenter de ce -10 degrés qui a vu naitre un autre matin de cette semaine frigide…
Fêter Pâques par -15 degrés et sous 5 mètres de neige, c’est tout un programme! Cacher des oeufs dans une cabane de neige. Greloter dans la nuit éclairée d'une lumineuse pleine lune. Mon ado de Clo m'aide à la tâche. Les lapins que nous sommes nous gelons les doigts à creuser des trous dans la neige. Nous y installons des nids colorés. Nous y déposons des jouets et des confiseries. Chut! Les histoires de lapins des neiges sont secrètes, les enfants ne doivent rien soupçonner. Les étoiles sont glaciales. L’atmosphère est congelée. Je me transforme en glaçon.
Ma Clo de sœur pour qui j’ai tant de fois fait travailler l’imaginaire durant sa petite enfance, prend le relais pour motiver mon âme blasée. Alors que je grognasse et peste sur ce froid arctique me fait frissonner sur place, Clo m’explique combien tout cela est important pour la petite. Je souris en pensant à ces moments précieux où je m'appliquai à édulcorer les réalités de ma petite soeur. Une petite soeur devenue tantine qui me rappelle à la raison du coeur. M’zelle Soleil roupille dans la chaleur de notre cocon, elle ne semble se douter de rien. Pourtant la demoiselle en question est un vrai détective sur pattes! Elle absorbe avec attention chacune de nos conversations, elle s’exclame « Moua? Moua? » à chaque fois qu’elle entends dire « la petite », elle remarque tous les détails de son quotidien. Je nous sens sur écoute…
Mon petit poussin devient fillette. Elle bavarde à bâtons rompus. Elle n’en finit plus de construire ces longues phrases qui m’impressionnent. Attentive, je suis à l’écoute. Je me dévoue à l'épanouissement de ce petit bout de nous. Avec elle, je deviens louve. Durant cette occasion pascale, elle se bâfre de chocolat en compagnie de sa tante et de son paternel. Moitié parce-que j’ai l’envie de fondre plus vite que le banc de neige devant ma fenêtre et l’autre moitié marquée par un manque d’appétit relié à une petite maladie que j’ai du mal à éradiquer, c’est à peine si je mange trois chocolats. Je me contente de les observer se gaver les babines qui dégoulinent. Ils font naître des sourires amusés en mon horizon de fatigues antibiotiques. Douceur familiale...
L’hiver s’éternise en une symphonie monotone. Paysages monochromes. Juan se remet de son amygdalite. Il reprend du poil de la bête virile. M’zelle Soleil attrape le virus qui passe. Elle se transforme en une joyeuse fontaine de morve. La voilà elle aussi sous antibiotiques. Les chats se la coulent douce. Chanelle a un coup de blues. Juan profite du début de cette longue fin de semaine pour me faire grand plaisir en rénovant le plancher du salon. Exit le vieux tapis détesté et bienvenue à une nouvelle atmosphère chaleureuse. Pour ce faire, il travaille de ses bras musclés et nous passons un quarante huit heures juste les deux, comme avant d'être parents, cela nous fait un bien fou. Et toujours la neige accompagne le cours des jours...
Avec ce mois glacé qui se poursuit sur sa lancée blanche, nous approchons notre sixième mois d’exil arctique, c'est un hiver des plus coriaces! Le lac n'est plus qu'un désert blanc presque oublié des mémoires givrées. D'après ce que les experts en disent c'est l'un de ces hivers qui n'arrivent qu'une fois par siècle! Dans la salle d'attente de la clinique où nous prenons notre mal en patience, j'attrape des bribes de conversations voisines. M'Zelle Soleil charme tout ce qui bouge, je rencontre un bébé Isaac et son papa Patrick. Je remarque que ma fille peut faire fondre la plus endurcie des vieilles filles! La nouvelle passion de Lily est de savoir le prénom de tous ceux qu'elle croise et rencontre! Ceci engendre bien des sourires! Je sers souvent d'agent de liaison! Elle s'enquiert du nom puis elle répète le son qu'elle fait ensuite rouler entre ses lèvres mielleuses pour le plus grand plaisir de ses interlocuteurs. Lorsqu'on lui demande le sien elle répond: «Lily Zoyeille», je fais la traduction et je ne compte plus (depuis sa naissance) le nombre de ceux qui s'extasient sur sa sonorité. Je suis contente que son prénom particulier reçoive un si bel accueil. Il faut dire, qu'à date, vu comment elle rayonne, elle le porte à merveille. Un vieux monsieur qui l'entend papoter depuis un moment vient la saluer, il me dit «Quelle beau p'tit bout, une belle personnalité, elle n'est vraiment pas terne! C'est bien.». Surprise, je fais un sourire en acquiesçant de la tête. Je me dis qu'avec un nom pareil ce serait malheureux pour elle d'être terne! À deux chaises de ma pomme, j'entends s'exclamer une dame âgée aussi ridée qu'un parchemin ancien: « Ah Non! J’ai jamais vu un hiver pareil!!! J’ai jamais vu cela de toute ma vie!!! ». Yep, c'est un sacré hiver, de celui qui alimentera les futures légendes...
Mais la question que je me pose en ce moment est celle-ci: Est-ce que la balance des saisons finira enfin par se trouver un équilibre au dessus de zéro? J'ai besoin d'un bol d'air frais. Je suis en manque d'herbe verte. J'ai l'été comme fantasme! Si seulement on pouvait atteindre un gros dix degrés, cela suffirait pour que je ressente le besoin de sortir de mon hibernation présente. L'hiver est une saison morte disent certains. J'aurai donc l'impression de renaitre. Je sortirai en vitesse me faire bronzer la pomme à l’air libre. J'installerai ma chaise longue sur un mont de neige fondante et j'ouvrirai un livre. Les boucles libres, un crayon à la main, je scribouillerai mes idées sur papier. Je porterai une jupe pour sentir l'air glisser entre mes cuisses. Rêves et chimères. Pour l’instant, il faudra bien se contenter de ce -10 degrés qui a vu naitre un autre matin de cette semaine frigide…
vendredi, mars 21, 2008
"Donner au suivant"
"Donner au suivant"
De mon coin de brousse, j'ai aperçu cette petite vague virtuelle, surfant sur des élans de générosité, qui parcoure la blogosphère. Intellex a écrit un bien beau billet sur le sujet...
Ceci m’a inspirée une idée glacée. Grâce à ma fonction particulière d'ambassadrice d'hiver, il me reste encore quelques certificats cadeaux (d’une valeur de 25$) qui donnent droit à une entrée et une boisson gratuite pour l’hôtel de glace. Plusieurs de mes amis en ont déjà profité. Sans compter le super troc que j'ai fait avec Vanou! De jolies boucles d'oreilles irisées contre un certificat glacé.
Cette année, j’ai même poussé ma générosité jusqu'à offrir notre nuit gratuite en une suite (qui coûte la peau des fesses) à des amis qui en rêvaient depuis des années. Kay et Alex adorent les activités hivernales. Kay m’avait maintes fois soufflée à l’oreille combien elle aimerait connaître l’expérience d’une nuit à l’hôtel de glace. Cette année, elle quitte la région pour se rapprocher de son coin natal. Enceinte de quelques mois, sa vie va se transformer radicalement dans les prochaines saisons. Je me suis dit que cela ferait un joli cadeau d’adieu. L’homme a grogné un peu même s’il a approuvé ma démarche. C’est vrai que c’est un peu le sacrifice d’une soirée romantique mais le plaisir de donner reste bien agréable. Le plaisir de donner et de voir la joie briller dans les pupilles d'autrui. Une sensation douce pour combattre la morosité ambiante...
Kay et Alex y sont allés durant une douce nuit pailletée de flocons moelleux. Ils ont adoré leur expérience. Ils en ont bien profité. J’étais heureuse de les voir rayonner de bonheur. L’hôtel de glace est une expérience féérique. C’est autre façon d’expérimenter la rude saison. Alors en ce temps de Pâques qui ressemble à Noël, j’offre deux visites gratuites à qui voudra profiter de l’hôtel de glace. Vu la saison que l'on a, ce palace d'hiver est encore en très bon état, il ne devrait pas fermer ses portes avant début avril. Alors si cela vous dit, faites moi signe, je suis juste de l'autre coté de l'écran…
De mon coin de brousse, j'ai aperçu cette petite vague virtuelle, surfant sur des élans de générosité, qui parcoure la blogosphère. Intellex a écrit un bien beau billet sur le sujet...
Ceci m’a inspirée une idée glacée. Grâce à ma fonction particulière d'ambassadrice d'hiver, il me reste encore quelques certificats cadeaux (d’une valeur de 25$) qui donnent droit à une entrée et une boisson gratuite pour l’hôtel de glace. Plusieurs de mes amis en ont déjà profité. Sans compter le super troc que j'ai fait avec Vanou! De jolies boucles d'oreilles irisées contre un certificat glacé.
Cette année, j’ai même poussé ma générosité jusqu'à offrir notre nuit gratuite en une suite (qui coûte la peau des fesses) à des amis qui en rêvaient depuis des années. Kay et Alex adorent les activités hivernales. Kay m’avait maintes fois soufflée à l’oreille combien elle aimerait connaître l’expérience d’une nuit à l’hôtel de glace. Cette année, elle quitte la région pour se rapprocher de son coin natal. Enceinte de quelques mois, sa vie va se transformer radicalement dans les prochaines saisons. Je me suis dit que cela ferait un joli cadeau d’adieu. L’homme a grogné un peu même s’il a approuvé ma démarche. C’est vrai que c’est un peu le sacrifice d’une soirée romantique mais le plaisir de donner reste bien agréable. Le plaisir de donner et de voir la joie briller dans les pupilles d'autrui. Une sensation douce pour combattre la morosité ambiante...
Kay et Alex y sont allés durant une douce nuit pailletée de flocons moelleux. Ils ont adoré leur expérience. Ils en ont bien profité. J’étais heureuse de les voir rayonner de bonheur. L’hôtel de glace est une expérience féérique. C’est autre façon d’expérimenter la rude saison. Alors en ce temps de Pâques qui ressemble à Noël, j’offre deux visites gratuites à qui voudra profiter de l’hôtel de glace. Vu la saison que l'on a, ce palace d'hiver est encore en très bon état, il ne devrait pas fermer ses portes avant début avril. Alors si cela vous dit, faites moi signe, je suis juste de l'autre coté de l'écran…
Noël a volé le printemps!
Noël a volé le printemps!
Hier, toute la journée, la neige est tombée, épaisse, lourde, elle s’est accrochée aux branches qui se sont mises à ployer sous sa blancheur immaculée. À chaque fois que j'ai regardé par mes deux fenêtres non ensevelies, j’ai ce curieux refrain qui me vient en tête : « Oh! Douce nuit, Sainte nuit… lallalala, lalalalala ». Un curieux refrain enrobée d'une subtile saveur acerbe...
C’est une émotion temporellement décalée que je ressens à chaque fois que je regarde par ma fenêtre qui m’offre un magnifique paysage de Noël, un paysage superbe, mieux que toutes les cartes postales que je n’aie jamais vues! C’était si beau hier, comme dans une boule de Noël! Pourtant j’ai été incapable d’en accrocher des images en mon appareil numérique. La force de l’inspiration m’a manquée douloureusement. Durant la nuit gelée, les vents ont soufflé de fortes bourrasques qui ont dispersé, en des nuages blancs, toute cette neige posée sur la forêt. Ce matin, c’est toujours autant Noël, c’est juste un peu moins joli. Je combats le spleen de saison qui m'avale l'esprit. Une douce mélancolie m'envahit le coeur.
Même le froid refuse de quitter la partie, un froid qui s’accroche au paysage blanchit. Ce matin lorsque j'ouvre la porte pour le chien, un souffle glacé pénètre ma cuisine. L'atmosphère est arctique. Pâques est au coin de la semaine et tout ce qui nous entoure est englouti en un univers polaire! Il faudra faire des nids dans la cabane creusée là où se situait notre pelouse. Notre terrain est inaccessible. Je ne peux me résoudre à faire les nids à l’intérieur mais il sera sûrement nécessaire que je m’y plie. La météo annonce encore de la neige…
Hier, toute la journée, la neige est tombée, épaisse, lourde, elle s’est accrochée aux branches qui se sont mises à ployer sous sa blancheur immaculée. À chaque fois que j'ai regardé par mes deux fenêtres non ensevelies, j’ai ce curieux refrain qui me vient en tête : « Oh! Douce nuit, Sainte nuit… lallalala, lalalalala ». Un curieux refrain enrobée d'une subtile saveur acerbe...
C’est une émotion temporellement décalée que je ressens à chaque fois que je regarde par ma fenêtre qui m’offre un magnifique paysage de Noël, un paysage superbe, mieux que toutes les cartes postales que je n’aie jamais vues! C’était si beau hier, comme dans une boule de Noël! Pourtant j’ai été incapable d’en accrocher des images en mon appareil numérique. La force de l’inspiration m’a manquée douloureusement. Durant la nuit gelée, les vents ont soufflé de fortes bourrasques qui ont dispersé, en des nuages blancs, toute cette neige posée sur la forêt. Ce matin, c’est toujours autant Noël, c’est juste un peu moins joli. Je combats le spleen de saison qui m'avale l'esprit. Une douce mélancolie m'envahit le coeur.
Même le froid refuse de quitter la partie, un froid qui s’accroche au paysage blanchit. Ce matin lorsque j'ouvre la porte pour le chien, un souffle glacé pénètre ma cuisine. L'atmosphère est arctique. Pâques est au coin de la semaine et tout ce qui nous entoure est englouti en un univers polaire! Il faudra faire des nids dans la cabane creusée là où se situait notre pelouse. Notre terrain est inaccessible. Je ne peux me résoudre à faire les nids à l’intérieur mais il sera sûrement nécessaire que je m’y plie. La météo annonce encore de la neige…
mardi, mars 18, 2008
Brève de couple
Brève de couple
Laisser la petite chez sa grand-mère et filer à l'anglaise profiter du soleil qui brille dans le ciel bleu. Marcher à deux dans la vieille ville, main dans la main, harmoniser nos pas, laisser battre nos coeurs à l'unisson. Profiter du temps qui passe. Une petite heure de liberté. Ensemble. J'éprouve une certaine culpabilité à me détacher ainsi de l'enfant. Elle me manque. Je partage avec lui mon désarroi. Il me dit :
- Etolane, il y avant un "nous" avant et il y aura un "nous" après…
- Tu crois?
- Oui.
- Alors c’est sûr, tu as raison, il faut aussi un "nous" pendant…
Laisser la petite chez sa grand-mère et filer à l'anglaise profiter du soleil qui brille dans le ciel bleu. Marcher à deux dans la vieille ville, main dans la main, harmoniser nos pas, laisser battre nos coeurs à l'unisson. Profiter du temps qui passe. Une petite heure de liberté. Ensemble. J'éprouve une certaine culpabilité à me détacher ainsi de l'enfant. Elle me manque. Je partage avec lui mon désarroi. Il me dit :
- Etolane, il y avant un "nous" avant et il y aura un "nous" après…
- Tu crois?
- Oui.
- Alors c’est sûr, tu as raison, il faut aussi un "nous" pendant…
Croquine d'hiver
Croquine d'hiver
En attendant que le lac ne se libère de sa prison de glace, M'zelle Soleil me fait fondre l'humeur en croquant à pleines babines dans la saison blanche...
En attendant que le lac ne se libère de sa prison de glace, M'zelle Soleil me fait fondre l'humeur en croquant à pleines babines dans la saison blanche...
Des paroles sibyllines
L'expression de la semaine nous plonge dans la mythologie grecque. Une expression que j'utilise peu mais qui me plait beaucoup. Un adjectif qui fait s'envoler mes idées, une petite expression qui cache tout un passé derrière ses quelques mots...
EXPRESSION via Expressio.fr
« Des paroles sibyllines »
SIGNIFICATION
Des paroles énigmatiques, mystérieuses, obscures.
ORIGINE
Il nous faut remonter bien loin dans le temps, à l'antiquité chez les Grecs, pour trouver l'origine de cette expression. Sibylle était une prophétesse d'Apollon, une prêtresse à laquelle le dieu avait donné le pouvoir de prophétie. Elle pouvait donc faire connaître leur avenir aux hommes qui voulaient savoir ce que les Dieux leurs réservaient.
Par extension, les sibylles étaient les prêtresses d'Apollon, quel que soit le lieu de culte, les plus connues étant celles d'Erythrae, de Libye et de Cumes. Les oracles des sibylles étaient regroupés dans des "livres sibyllins" qu'on consultait lorsqu'il fallait prendre une décision importante. Hélas, ces réponses divines étaient formulées d'une manière si mystérieuse, si énigmatique, qu'elles devaient être interprétées par les humains, avec tous les risques d'erreur que cela comportait. C'est depuis que des paroles sibyllines désignent des paroles dont le sens est obscur, souvent dans le but pas nécessairement avoué de dissimuler la vérité. Mais l'adjectif sibyllin peut très bien s'appliquer aussi aux écrits, comme aux Centuries de Nostradamus, par exemple.
EXPRESSION via Expressio.fr
« Des paroles sibyllines »
SIGNIFICATION
Des paroles énigmatiques, mystérieuses, obscures.
ORIGINE
Il nous faut remonter bien loin dans le temps, à l'antiquité chez les Grecs, pour trouver l'origine de cette expression. Sibylle était une prophétesse d'Apollon, une prêtresse à laquelle le dieu avait donné le pouvoir de prophétie. Elle pouvait donc faire connaître leur avenir aux hommes qui voulaient savoir ce que les Dieux leurs réservaient.
Par extension, les sibylles étaient les prêtresses d'Apollon, quel que soit le lieu de culte, les plus connues étant celles d'Erythrae, de Libye et de Cumes. Les oracles des sibylles étaient regroupés dans des "livres sibyllins" qu'on consultait lorsqu'il fallait prendre une décision importante. Hélas, ces réponses divines étaient formulées d'une manière si mystérieuse, si énigmatique, qu'elles devaient être interprétées par les humains, avec tous les risques d'erreur que cela comportait. C'est depuis que des paroles sibyllines désignent des paroles dont le sens est obscur, souvent dans le but pas nécessairement avoué de dissimuler la vérité. Mais l'adjectif sibyllin peut très bien s'appliquer aussi aux écrits, comme aux Centuries de Nostradamus, par exemple.
Pensées pour le Tibet...
Pensées pour le Tibet...
Le Tibet est prisonnier d’une politique d’assimilation chinoise depuis plusieurs décennies. Sous l’œil impassible des nations civilisées, le Tibet souffre avec dignité. Le peuple s’exile et se disperse. Une culture ancestrale se meurt sous les assauts d’une Chine en pleine ascension mondiale. Le peuple se rebelle, le peuple se révolte. Le Dalai-Lamai s’emporte : « Si les choses échappent à tout contrôle, alors la seule solution pour moi sera de démissionner. Ne soyez pas violent, ce n'est pas bien. La violence est contre la nature humaine, la violence est presque un suicide même si 1000 Tibétains sacrifient leur vie, ça n'aidera en rien. » (source).
J'entends les paroles du Dalaï Lama, elles pénètrent mon esprit qui bouillonne. Cette philosophie de paix me touche en plein cœur. Cette raison humaine me met à terre. Je m'incline. J'étouffe ma haine. S’il y a bien un peuple qui mérite de vivre en paix n’est-ce pas celui de Bouddha? Le Dalaï Lama est la seule personne vivante devant laquelle je ressente le besoin de m’agenouiller. De plus en plus proche des enseignements bouddhiques, j’en étudie les sagesses pour mon propre bien. Cet hiver, accompagnée de mon homme et parfois de ma fille, je me pose sur une branche japonaise de l’arbre de Bouddha. Le Sutra du Lotus éclaire les rigueurs de cet hiver qui m'enserre. Au creux de mon banc de neige j’approfondis mes voies spirituelles.
Assisse sur ma branche d’invisible, j’écoute chanter des esprits bienfaisants. Je médite dans mon coin tout en observant les remous qui agitent l’humanité. J’essaie de contrôler la haine qui se faufile dans mon cœur lorsque je contemple les actions de la Chine sur le peuple tibétain, là-bas, si loin de ma branche. J’écoute le Dalaï Lama et j’étudie ce Sutra. La notion d’Amour telle que je la comprends sauve mon âme et Bouddha ramasse mes miettes d’existences pour souffler une bouffée de paix à mon cœur angoissé. La soupe d'informations que j'ingurgite régulièrement macère dans ma tête. Je me souviens que lorsque les Talibans ont fait sauter les statues millénaires en Afghanistan (voir vidéo), j’ai ressenti de fortes envies de meurtre! Amère. J'ai avalé silencieusement mon ressentiment. J’ai continué le cours de ma vie (comme tout le restant de la planète)...
L'hiver encercle mes jours qui se figent. Mes idées s'emballent. Dans mes états de spleens, le monde humain me désespère, les libertés bafouées, la cruauté, la stupidité, les guerres, les fondamentalistes islamiques, les extrémistes chrétiens, l'avidité. Le pétrole et ses monopoles absurdes, l’économie de nos voisins américains, toutes sortes de petits états qui m’inquiètent et me révoltent. Je tangue et je cogite. En cet hiver coriace, je cherche le Bouddha blotti au creux de ma peau blanche.
N’est-il pas temps de réfléchir plus amplement sur la toute puissance chinoise qui s’incruste dans tous les recoins de notre monde matériel? Nos maisons sont pleines de choses faites en Chine et plus personne n’y fait attention. En toute impunité, le gouvernement chinois fait sa loi. Personne ne lui en tient compte. Si la violence n’est pas une solution, peut-être que la réflexion peut nous aider à ne pas succomber à la résignation? J'ai l'impression de faire une petite indigestion de chinoiseries! Je prie pour un monde meilleur. Je travaille à devenir meilleure. Je rêve d'un Tibet libre et d'une maison remplie de produits fabriqués localement...
Le Tibet est prisonnier d’une politique d’assimilation chinoise depuis plusieurs décennies. Sous l’œil impassible des nations civilisées, le Tibet souffre avec dignité. Le peuple s’exile et se disperse. Une culture ancestrale se meurt sous les assauts d’une Chine en pleine ascension mondiale. Le peuple se rebelle, le peuple se révolte. Le Dalai-Lamai s’emporte : « Si les choses échappent à tout contrôle, alors la seule solution pour moi sera de démissionner. Ne soyez pas violent, ce n'est pas bien. La violence est contre la nature humaine, la violence est presque un suicide même si 1000 Tibétains sacrifient leur vie, ça n'aidera en rien. » (source).
J'entends les paroles du Dalaï Lama, elles pénètrent mon esprit qui bouillonne. Cette philosophie de paix me touche en plein cœur. Cette raison humaine me met à terre. Je m'incline. J'étouffe ma haine. S’il y a bien un peuple qui mérite de vivre en paix n’est-ce pas celui de Bouddha? Le Dalaï Lama est la seule personne vivante devant laquelle je ressente le besoin de m’agenouiller. De plus en plus proche des enseignements bouddhiques, j’en étudie les sagesses pour mon propre bien. Cet hiver, accompagnée de mon homme et parfois de ma fille, je me pose sur une branche japonaise de l’arbre de Bouddha. Le Sutra du Lotus éclaire les rigueurs de cet hiver qui m'enserre. Au creux de mon banc de neige j’approfondis mes voies spirituelles.
Assisse sur ma branche d’invisible, j’écoute chanter des esprits bienfaisants. Je médite dans mon coin tout en observant les remous qui agitent l’humanité. J’essaie de contrôler la haine qui se faufile dans mon cœur lorsque je contemple les actions de la Chine sur le peuple tibétain, là-bas, si loin de ma branche. J’écoute le Dalaï Lama et j’étudie ce Sutra. La notion d’Amour telle que je la comprends sauve mon âme et Bouddha ramasse mes miettes d’existences pour souffler une bouffée de paix à mon cœur angoissé. La soupe d'informations que j'ingurgite régulièrement macère dans ma tête. Je me souviens que lorsque les Talibans ont fait sauter les statues millénaires en Afghanistan (voir vidéo), j’ai ressenti de fortes envies de meurtre! Amère. J'ai avalé silencieusement mon ressentiment. J’ai continué le cours de ma vie (comme tout le restant de la planète)...
L'hiver encercle mes jours qui se figent. Mes idées s'emballent. Dans mes états de spleens, le monde humain me désespère, les libertés bafouées, la cruauté, la stupidité, les guerres, les fondamentalistes islamiques, les extrémistes chrétiens, l'avidité. Le pétrole et ses monopoles absurdes, l’économie de nos voisins américains, toutes sortes de petits états qui m’inquiètent et me révoltent. Je tangue et je cogite. En cet hiver coriace, je cherche le Bouddha blotti au creux de ma peau blanche.
N’est-il pas temps de réfléchir plus amplement sur la toute puissance chinoise qui s’incruste dans tous les recoins de notre monde matériel? Nos maisons sont pleines de choses faites en Chine et plus personne n’y fait attention. En toute impunité, le gouvernement chinois fait sa loi. Personne ne lui en tient compte. Si la violence n’est pas une solution, peut-être que la réflexion peut nous aider à ne pas succomber à la résignation? J'ai l'impression de faire une petite indigestion de chinoiseries! Je prie pour un monde meilleur. Je travaille à devenir meilleure. Je rêve d'un Tibet libre et d'une maison remplie de produits fabriqués localement...
vendredi, mars 14, 2008
En orbite
Univers mamamitude.
Je suis une maman en orbite. Une maman qui gravite autour de son petit astre d’enfance. Le spleen d’hiver agite mes doutes. M’zelle Soleil m’éclaire le cœur.
Au fil de l’enfant qui s’affirme, j’ai l’impression de me transformer en policière maison. Je ne compte plus le nombre de « lois » que je dois faire respecter en une journée! Cette impression coupe mes inspirations qui se sauvent de la méchante marâtre pas drôle. Poser des limites, les expliquer, les appliquer, c’est toute une job! Je réalise à quel point la décennie que j'ai passée à donner des cours du soir à des enfants turbulents (en difficulté scolaire) a façonné cette autorité que j'exerce aujourd'hui.
Être la police de l'enfance. L'enfant a besoin de limites pour bien fonctionner. Être ferme et juste. Discipliner sans arrêt. L’homme s’en fatigue vite. Il adore être un papa joueur, un papa qui protège, qui cajole et console. Mais s'il hausse le ton, il supporte mal la tergiversation. Ses patiences sont minimes. Je constate que mon brin de fille vient voir l'un lorsque l'autre lui refuse quelque chose:
- Maman, Papa il a dit non à mouaaa...
- Il avait raison, tu dois écouter ton père...
- Mais, mmmaaammannnn, papa y dit non, ze veux zouer encorrre avec l'ôooo, mamannnn....
- Lilou! Ne sois pas tannante, tu sais que les enfants sages doivent écouter les parents. Sinon les parents doivent punir les enfants pas sages. Si papa a dit non alors c'est non.
- Mmmmmm.... c'est plaaate.
Après deux jours de semaine à la maison, pour passer au travers cette vilaine cochonnerie qui lui mit les batteries à plat, il est très content de retourner au bureau! De se sortir la tête de sa « papapitude ». De se réintellectualiser les idées. D’un coup, il se rappelle les difficultés de mes tâches journalières. Il réalise toute l’ampleur de ma situation. Je suis une maman en orbite. "Ground control to major Tom"...
Juan me dit : « Je sais vraiment pas comment tu fais, si je devais rester à la maison avec la petite à la semaine longue, je virerai fou! ». Ouais, franchement, y’a bien des jours où je trouve que je mériterai un salaire pour mes services d’éducatrice à domicile! Il y a des jours où je ne me sens pas valorisée pour deux sous! Pour survivre j'utilise l'Amour comme protéine. Mais je ne vire jamais folle il n’y a que ma patience qui s’amenuise. Et lorsque ma patience s’amenuise je deviens une petite police à moi toute seule! Au loin, j’entends débattre les politiciens du sujet de la famille au Québec tandis que je travaille à élever ma petite fille qui deviendra femme.
L’hiver nous encabane et cela me tanne tout autant que cela ennuie l’enfant. Je ne suis pas la maman parfaite. Même si je sais que cela la défoulerait, je rechigne trop souvent à sortir jouer dehors, surtout lorsqu’il fait -15 dans le vent et qu’il neigeouille encore et toujours. Je préfère encore la voir foutre le bordel dans la maison! Chanelle déprime un peu. Nous passons des journées entières en pyjama! La nouvelle activité de la semaine: s'amuser à se maquiller! L'idée lui est venue en voyant d'autres enfants maquillés à la télé. Cela commence par une demande: « Maman, yiens fé le wyakillage pou moua » Son intérêt soudain pour la chose me fait ressortir mes produits oubliés. Sommairement je lui transforme la bouille en petit chat. Prise par son jeu, je finis aussi avec des babines dessinées sur les joues! Ceci l'amuse énormément surtout lorsque l'on se regarde dans le miroir en "miaulinant". Lily balade sa joie de vivre entre mes quatre murs. Elle m'entraine l'humeur dans sa ronde enfantine. Dehors, le terrain est enseveli sous des mètres de neige, ce qui le rend totalement inaccessible, les murs de neige sont partout. Je me sens un peu prisonnière de la saison! Juan profite de ses moments à la maison pour creuser une cabane dans la neige qui recouvre notre pelouse. M’zelle Soleil est toute contente de ce fait. Pour des raisons de sécurité, je le décourage quand il s'emballe avec l'idée de lui creuser une maison!
Ce qui est dur dans l’hiver qui nous enserre ce n’est pas tant les intempéries que la répétition de celles-ci. Tant qu’elle reste blanche (ce qui est le cas en mon coin de brousse) toute cette neige enjolive le paysage. C’est sa durée qui tue les nerfs! Le froid on s'y fait, à petite dose c'est tout à fait supportable mais à la longue, cela use. De plus cette année, l'épaisseur est un autre facteur à considérer. Nous avons connu notre première tempête en novembre. Et vu comme la saison s’aligne, je ne reverrai pas un brin d’herbe devant chez moi avant au moins la début mai! C’est le même temps qui se répète six mois durant! C’est cela qui me fatigue. Rendue en mars pourtant j’y suis si habituée que c’est à peine si je me souviens de la texture d’un brin d’herbe! Des feuilles aux arbres, ah oui vraiment, cela existe encore? Je discute avec M’zelle Soleil, qui a quelques souvenirs d’été, tout en cultivant sa mémoire je réveille la mienne. Être maman à la maison comprend aussi beaucoup de répétition. Les répétitions font partie de l’apprentissage. Je suis une maman épanouie mais j'ai l'intellect qui bredouille...
Les répétitions. Répéter les consignes. Répéter les concepts qui forment la compréhension. Répéter les mots qui composent la langue qui s'active. C’est pour cela que les comptines enfantines se déclinent sur toutes sortes de variations qui se répètent à l'infini. J’ai la tête pleine de chansons, j’ai laissé entrer Carmen Campagne dans ma maison. J’ai résisté un peu mais mon ado de sœur (qui fut une fan invétéré de la dame) a introduit le concept à ma fille durant ses escapades chez sa Mamie. J’ai vite su que j’étais foutue! L’enfant adore Carmen tout autant que Clo était groupie. Ce matin encore elle me dit : « É bonne Kamen Kampagne! ». Elle la chante plus qu'elle ne la regarde mais je serai une maman bien méchante de lui refuser un tel plaisir! Alors je me tape des vieilles cassettes de Carmen plusieurs fois par semaine. C’est vrai que dans le domaine où elle opère, elle est bien bonne cette Carmen! Lily-Soleil est captivée. Alors voilà que je mange de la vache à toutes les sauces. Parce-qu’il y en a des sauces pour ce refrain populaire qui rentre dans la tête comme une migraine. Il y a la vache classique mais aussi la vache Elvis, country, rock, rap, french cancan et bien d’autres que j’oublie. Clo est morte de rire. M’zelle Soleil chante à tue tête. Et plus elle chante, mieux elle parle, alors je plie.
Je vis aux rythmes de l’enfant qui grandit. Je suis si affairée à ma tache maternelle que lorsque je fais des heures supplémentaires l’homme s’exclame :
- Mais, on as-tu aussi le droit de vivre où elle doit toujours passer en premier!?!
- Heu, heu…
Ma bibliothèque musicale se remplit de comptines, je fais des CD pour l’enfant chérie. Des compilations destinées à la voiture. L’homme soupire. J'équilibre son blues avec le nouvel album d’Erykah Badu qui me rappelle aussi que j’ai une vie personnelle. Ainsi lorsque nous sommes en voiture, M’zelle Soleil écoute sa musique et se transforme en un petit bijou de fille. Son père capitule. Il se tape la vache version Beatles après Pirouette Cacahouette et Alouette sans rien dire! Il finit même par chanter de concert avec nous! J’insère dans ces compilations quelques extraits d’Emilie Jolie qui font rejaillir des bribes de mon enfance ainsi que quelques chansons du Soldat Rose pour respirer un peu entre deux rondes. Je redécouvre toutes ces chansonnettes que me chantait ma Mère-Grand : Le coucou a chanté, en passant par la Lorraine avec mes sabots…
Nous nous arrêtons à la station service. Juan sort mettre de l’essence, je rentre à l’intérieur pour payer. Je prends soin de mettre un CD pour la petite avant de sortir de l’auto. Je la vois qui tape des mains dans son siège. Je souris. Tout va bien. Je suis comblée par ce petit chou de fille qui est le mien. L’homme rentre dans l’auto en même temps que moi. Il me dit : « Tu me fascines, t’as même pensé à lui mettre la musique avant de partir! ». Je le regarde mi sourire, mi sourcils froncés : « Ben oui, y’a rien de plus normal! ». M’zelle Soleil demande avec entrain : « La pomme maman, mets la pomme! ». Je trouve la chanson qui dure 40 secondes. Une chanson qu’elle demande à répétition. Résigné, l’homme la met en boucle pour les 5 minutes qui nous séparent de la maison. Pomme de Reinette et pomme d’Api, tapis, tapis rouge…
Je suis une maman en orbite. Une maman qui gravite autour de son petit astre d’enfance. Le spleen d’hiver agite mes doutes. M’zelle Soleil m’éclaire le cœur.
Au fil de l’enfant qui s’affirme, j’ai l’impression de me transformer en policière maison. Je ne compte plus le nombre de « lois » que je dois faire respecter en une journée! Cette impression coupe mes inspirations qui se sauvent de la méchante marâtre pas drôle. Poser des limites, les expliquer, les appliquer, c’est toute une job! Je réalise à quel point la décennie que j'ai passée à donner des cours du soir à des enfants turbulents (en difficulté scolaire) a façonné cette autorité que j'exerce aujourd'hui.
Être la police de l'enfance. L'enfant a besoin de limites pour bien fonctionner. Être ferme et juste. Discipliner sans arrêt. L’homme s’en fatigue vite. Il adore être un papa joueur, un papa qui protège, qui cajole et console. Mais s'il hausse le ton, il supporte mal la tergiversation. Ses patiences sont minimes. Je constate que mon brin de fille vient voir l'un lorsque l'autre lui refuse quelque chose:
- Maman, Papa il a dit non à mouaaa...
- Il avait raison, tu dois écouter ton père...
- Mais, mmmaaammannnn, papa y dit non, ze veux zouer encorrre avec l'ôooo, mamannnn....
- Lilou! Ne sois pas tannante, tu sais que les enfants sages doivent écouter les parents. Sinon les parents doivent punir les enfants pas sages. Si papa a dit non alors c'est non.
- Mmmmmm.... c'est plaaate.
Après deux jours de semaine à la maison, pour passer au travers cette vilaine cochonnerie qui lui mit les batteries à plat, il est très content de retourner au bureau! De se sortir la tête de sa « papapitude ». De se réintellectualiser les idées. D’un coup, il se rappelle les difficultés de mes tâches journalières. Il réalise toute l’ampleur de ma situation. Je suis une maman en orbite. "Ground control to major Tom"...
Juan me dit : « Je sais vraiment pas comment tu fais, si je devais rester à la maison avec la petite à la semaine longue, je virerai fou! ». Ouais, franchement, y’a bien des jours où je trouve que je mériterai un salaire pour mes services d’éducatrice à domicile! Il y a des jours où je ne me sens pas valorisée pour deux sous! Pour survivre j'utilise l'Amour comme protéine. Mais je ne vire jamais folle il n’y a que ma patience qui s’amenuise. Et lorsque ma patience s’amenuise je deviens une petite police à moi toute seule! Au loin, j’entends débattre les politiciens du sujet de la famille au Québec tandis que je travaille à élever ma petite fille qui deviendra femme.
L’hiver nous encabane et cela me tanne tout autant que cela ennuie l’enfant. Je ne suis pas la maman parfaite. Même si je sais que cela la défoulerait, je rechigne trop souvent à sortir jouer dehors, surtout lorsqu’il fait -15 dans le vent et qu’il neigeouille encore et toujours. Je préfère encore la voir foutre le bordel dans la maison! Chanelle déprime un peu. Nous passons des journées entières en pyjama! La nouvelle activité de la semaine: s'amuser à se maquiller! L'idée lui est venue en voyant d'autres enfants maquillés à la télé. Cela commence par une demande: « Maman, yiens fé le wyakillage pou moua » Son intérêt soudain pour la chose me fait ressortir mes produits oubliés. Sommairement je lui transforme la bouille en petit chat. Prise par son jeu, je finis aussi avec des babines dessinées sur les joues! Ceci l'amuse énormément surtout lorsque l'on se regarde dans le miroir en "miaulinant". Lily balade sa joie de vivre entre mes quatre murs. Elle m'entraine l'humeur dans sa ronde enfantine. Dehors, le terrain est enseveli sous des mètres de neige, ce qui le rend totalement inaccessible, les murs de neige sont partout. Je me sens un peu prisonnière de la saison! Juan profite de ses moments à la maison pour creuser une cabane dans la neige qui recouvre notre pelouse. M’zelle Soleil est toute contente de ce fait. Pour des raisons de sécurité, je le décourage quand il s'emballe avec l'idée de lui creuser une maison!
Ce qui est dur dans l’hiver qui nous enserre ce n’est pas tant les intempéries que la répétition de celles-ci. Tant qu’elle reste blanche (ce qui est le cas en mon coin de brousse) toute cette neige enjolive le paysage. C’est sa durée qui tue les nerfs! Le froid on s'y fait, à petite dose c'est tout à fait supportable mais à la longue, cela use. De plus cette année, l'épaisseur est un autre facteur à considérer. Nous avons connu notre première tempête en novembre. Et vu comme la saison s’aligne, je ne reverrai pas un brin d’herbe devant chez moi avant au moins la début mai! C’est le même temps qui se répète six mois durant! C’est cela qui me fatigue. Rendue en mars pourtant j’y suis si habituée que c’est à peine si je me souviens de la texture d’un brin d’herbe! Des feuilles aux arbres, ah oui vraiment, cela existe encore? Je discute avec M’zelle Soleil, qui a quelques souvenirs d’été, tout en cultivant sa mémoire je réveille la mienne. Être maman à la maison comprend aussi beaucoup de répétition. Les répétitions font partie de l’apprentissage. Je suis une maman épanouie mais j'ai l'intellect qui bredouille...
Les répétitions. Répéter les consignes. Répéter les concepts qui forment la compréhension. Répéter les mots qui composent la langue qui s'active. C’est pour cela que les comptines enfantines se déclinent sur toutes sortes de variations qui se répètent à l'infini. J’ai la tête pleine de chansons, j’ai laissé entrer Carmen Campagne dans ma maison. J’ai résisté un peu mais mon ado de sœur (qui fut une fan invétéré de la dame) a introduit le concept à ma fille durant ses escapades chez sa Mamie. J’ai vite su que j’étais foutue! L’enfant adore Carmen tout autant que Clo était groupie. Ce matin encore elle me dit : « É bonne Kamen Kampagne! ». Elle la chante plus qu'elle ne la regarde mais je serai une maman bien méchante de lui refuser un tel plaisir! Alors je me tape des vieilles cassettes de Carmen plusieurs fois par semaine. C’est vrai que dans le domaine où elle opère, elle est bien bonne cette Carmen! Lily-Soleil est captivée. Alors voilà que je mange de la vache à toutes les sauces. Parce-qu’il y en a des sauces pour ce refrain populaire qui rentre dans la tête comme une migraine. Il y a la vache classique mais aussi la vache Elvis, country, rock, rap, french cancan et bien d’autres que j’oublie. Clo est morte de rire. M’zelle Soleil chante à tue tête. Et plus elle chante, mieux elle parle, alors je plie.
Je vis aux rythmes de l’enfant qui grandit. Je suis si affairée à ma tache maternelle que lorsque je fais des heures supplémentaires l’homme s’exclame :
- Mais, on as-tu aussi le droit de vivre où elle doit toujours passer en premier!?!
- Heu, heu…
Ma bibliothèque musicale se remplit de comptines, je fais des CD pour l’enfant chérie. Des compilations destinées à la voiture. L’homme soupire. J'équilibre son blues avec le nouvel album d’Erykah Badu qui me rappelle aussi que j’ai une vie personnelle. Ainsi lorsque nous sommes en voiture, M’zelle Soleil écoute sa musique et se transforme en un petit bijou de fille. Son père capitule. Il se tape la vache version Beatles après Pirouette Cacahouette et Alouette sans rien dire! Il finit même par chanter de concert avec nous! J’insère dans ces compilations quelques extraits d’Emilie Jolie qui font rejaillir des bribes de mon enfance ainsi que quelques chansons du Soldat Rose pour respirer un peu entre deux rondes. Je redécouvre toutes ces chansonnettes que me chantait ma Mère-Grand : Le coucou a chanté, en passant par la Lorraine avec mes sabots…
Nous nous arrêtons à la station service. Juan sort mettre de l’essence, je rentre à l’intérieur pour payer. Je prends soin de mettre un CD pour la petite avant de sortir de l’auto. Je la vois qui tape des mains dans son siège. Je souris. Tout va bien. Je suis comblée par ce petit chou de fille qui est le mien. L’homme rentre dans l’auto en même temps que moi. Il me dit : « Tu me fascines, t’as même pensé à lui mettre la musique avant de partir! ». Je le regarde mi sourire, mi sourcils froncés : « Ben oui, y’a rien de plus normal! ». M’zelle Soleil demande avec entrain : « La pomme maman, mets la pomme! ». Je trouve la chanson qui dure 40 secondes. Une chanson qu’elle demande à répétition. Résigné, l’homme la met en boucle pour les 5 minutes qui nous séparent de la maison. Pomme de Reinette et pomme d’Api, tapis, tapis rouge…
Astres et...
Si les astres étaient immobiles, le temps et l'espace n'existeraient plus.
Maurice Maeterlinck
Savez-vous bien que c'est qu'aimer ? C'est mourir en soi pour revivre en autrui.
Honoré d'Urfé
Entouré d'un univers de choses tangibles et visibles : les animaux, les végétaux, les astres, l'homme, de tout temps, perçoit qu'au plus profond de ces êtres et de ces choses réside quelque chose de puissant qu'il ne peut décrire, et qui les anime.
Proverbe africain
Maurice Maeterlinck
Savez-vous bien que c'est qu'aimer ? C'est mourir en soi pour revivre en autrui.
Honoré d'Urfé
Entouré d'un univers de choses tangibles et visibles : les animaux, les végétaux, les astres, l'homme, de tout temps, perçoit qu'au plus profond de ces êtres et de ces choses réside quelque chose de puissant qu'il ne peut décrire, et qui les anime.
Proverbe africain
jeudi, mars 13, 2008
Bouffées galactiques
Solitudes cosmiques
Marilou s’exclame: « Ah! Cool! Tu as des bottes de l’espace! ». Oh! Si surprise je suis que je la prends dans mes bras en une pulsion de tendresse spontanée…
Depuis 2 ou 3 mois je me ballade les pas dans ces bottes que je considère intergalactiques. Des bottes d’hiver que j’ai achetées contre l’avis de mon homme qui ne les aimait pas du tout. Il les trouvait définitivement « trop bizarres » à son goût. Mais comme son goût n’est pas le mien et qu’à mon goût elles étaient trop cool, contre son gré, je les ai embarquées.
- Ben, tu vois pas que c’est comme des bottes de l’espace!Cela va être mes bottes intergalactiques pour passer au travers de l’hiver!
- Non, désolé je vois pas! Je les aime pas!
- Ben tant pis pour toi, tu t’y feras…
Il m'a fait une petite moue. Je suis repartie toute contente de mes bottes sidérales. Au fil des semaines qui passent, je réalise que ces bottes sont bien fraîches, elles n’ont définitivement pas l’isolation de mes bottes de Yeti! Mais mes bottes de Yeti défraichies, en ville, c’est pas hyper chic! Et puis j’aime bien le petit look intergalactique que celles-ci trimballent! Alors j’accepte de me geler les pieds et je garde mes « Yétis » pour mes sorties de village ou d’hôtel de glace!
Au fil des semaines qui s'effacent, je m’attache à ces bottes de l’espace ultra confortable. Elle ne tiennent pas chaud (ce qui en mes latitudes est un léger problème, cela dit j’étais de ces ados qui se baladent le derrière en mini jupe par moins 20 alors je peux tout à fait survivre à cet inconfort temporaire) mais elles tiennent bien le pied, c’est pratique pour la marche. D'ailleurs lorsque nous sommes allés au Biodôme durant les fêtes de fin d'année, elles m'ont tenu bien au chaud dans la jungle tropicale! Ce jour là, elles m'ont fait bien suer! Je les sais originales, à la frontière du kitch mais elles me plaisent, elles me divertissent le quotidien. En plus elles sont d’un entretien des plus faciles! Je m’en amuse en interpelant mes amis :
- Hé, t’as vu mes nouvelles bottes intergalactiques?!?
- Hum, j’ai vu! Elles sont tout à fait toi!!!
Ou encore :
- Dis tu as vu mes bottes de l’espace?
- Mmmm, ouais, y’a que toi qui peut porter des trucs pareils!!!
Au fil des semaines, l'homme s'y est fait, il finit même par les apprécier. Et revient Marilou en mon paysage social, Marilou qui n’a besoin que d’un seul regard pour en capter toute l’image…
Marilou s’exclame: « Ah! Cool! Tu as des bottes de l’espace! ». Oh! Si surprise je suis que je la prends dans mes bras en une pulsion de tendresse spontanée…
Depuis 2 ou 3 mois je me ballade les pas dans ces bottes que je considère intergalactiques. Des bottes d’hiver que j’ai achetées contre l’avis de mon homme qui ne les aimait pas du tout. Il les trouvait définitivement « trop bizarres » à son goût. Mais comme son goût n’est pas le mien et qu’à mon goût elles étaient trop cool, contre son gré, je les ai embarquées.
- Ben, tu vois pas que c’est comme des bottes de l’espace!Cela va être mes bottes intergalactiques pour passer au travers de l’hiver!
- Non, désolé je vois pas! Je les aime pas!
- Ben tant pis pour toi, tu t’y feras…
Il m'a fait une petite moue. Je suis repartie toute contente de mes bottes sidérales. Au fil des semaines qui passent, je réalise que ces bottes sont bien fraîches, elles n’ont définitivement pas l’isolation de mes bottes de Yeti! Mais mes bottes de Yeti défraichies, en ville, c’est pas hyper chic! Et puis j’aime bien le petit look intergalactique que celles-ci trimballent! Alors j’accepte de me geler les pieds et je garde mes « Yétis » pour mes sorties de village ou d’hôtel de glace!
Au fil des semaines qui s'effacent, je m’attache à ces bottes de l’espace ultra confortable. Elle ne tiennent pas chaud (ce qui en mes latitudes est un léger problème, cela dit j’étais de ces ados qui se baladent le derrière en mini jupe par moins 20 alors je peux tout à fait survivre à cet inconfort temporaire) mais elles tiennent bien le pied, c’est pratique pour la marche. D'ailleurs lorsque nous sommes allés au Biodôme durant les fêtes de fin d'année, elles m'ont tenu bien au chaud dans la jungle tropicale! Ce jour là, elles m'ont fait bien suer! Je les sais originales, à la frontière du kitch mais elles me plaisent, elles me divertissent le quotidien. En plus elles sont d’un entretien des plus faciles! Je m’en amuse en interpelant mes amis :
- Hé, t’as vu mes nouvelles bottes intergalactiques?!?
- Hum, j’ai vu! Elles sont tout à fait toi!!!
Ou encore :
- Dis tu as vu mes bottes de l’espace?
- Mmmm, ouais, y’a que toi qui peut porter des trucs pareils!!!
Au fil des semaines, l'homme s'y est fait, il finit même par les apprécier. Et revient Marilou en mon paysage social, Marilou qui n’a besoin que d’un seul regard pour en capter toute l’image…
mardi, mars 11, 2008
Revient le soleil
Revient le soleil
Après la tempête réapparait un soleil éclatant qui éclaire notre monde recouvert de neige. Je ne peux m'empêcher de regarder devant chez moi en me demandant combien de temps cela prendra pour que tout fonde!!! Reverrai-je un jour mon jardin de tournesols? M'zelle Soleil met de la couleur dans mon paysage tout de blanc revêtu...
Juan me dit: « Au moins on peut se sentir fier de traverser le pire des hivers! ». En effet nous avons battu tous les records connus. Nous sommes ensevelis sous un coriace hiver qui règne en maitre! En emmenant Juan chez le docteur, je découvre un dépôt à neige dissimulé au coin de la route. Le manège des camions à neige qui défilent sans arrêt pique ma curiosité. Je m'approche et j'accroche quelques images à ma mémoire hivernale.
L'homme est sous antibios, la petite combat le virus qui couraille dans la maison. Je me sens moi-même sous attaque microbiennes. Surtout lorsque j'ai la bouche ouverte et que M'zelle Soleil me tousse dans la face! Juan se transforme en une locomotive nocturne tant il ronfle fort. L'enfant toussote et m'appelle à l'aide. Mes nuits raccourcissent douloureusement. Je prends nos maux en patience.
J'apprends mes leçons de saison. "Acceptation" un mot qui prend toute une nouvelle dimension, un mot qui fait de l'écho dans mon cerveau. Dehors, l'hiver n'en finit pas de nous congeler le quotidien. Pourtant les rayons du soleil commencent à réchauffer les peaux grises. Les jours s'allongent. Il y a de l'espoir...
"Environnement Canada confirme un record d'accumulation de neige à Québec
QUEBEC — La ville de Québec a officiellement établi un nouveau record de neige tombée au cours d'un hiver. En date de dimanche, la région avait reçu 460,1 centimètres, éclipsant l'ancienne marque de 457,7 en 1965-66 selon ce qu'a confirmé lundi Environnement Canada. Le météorologue Pierre Lessard estime qu'à Québec, il y a maintenant de bonnes chances d'atteindre les 500 cm. De vendredi à dimanche, il est tombé 41,7 cm de neige à l'aéroport de Québec, lieu de mesure des précipitations. C'est presque autant que la moyenne de 49 cm que reçoit la capitale pour tout le mois de mars. Reste à voir à quoi ressemblera avril, mois pendant lequel il tombe en moyenne 17,6 cm. La tempête de samedi a aussi permis d'établir un nouveau record de force des vents pour un mois de mars. Les instruments ont enregistré des pointes de 122 km/h; le précédent record était de 111 km/h. Sur l'île d'Orléans, il y a eu, samedi, des rafales de 133 km/h."
Après la tempête réapparait un soleil éclatant qui éclaire notre monde recouvert de neige. Je ne peux m'empêcher de regarder devant chez moi en me demandant combien de temps cela prendra pour que tout fonde!!! Reverrai-je un jour mon jardin de tournesols? M'zelle Soleil met de la couleur dans mon paysage tout de blanc revêtu...
Juan me dit: « Au moins on peut se sentir fier de traverser le pire des hivers! ». En effet nous avons battu tous les records connus. Nous sommes ensevelis sous un coriace hiver qui règne en maitre! En emmenant Juan chez le docteur, je découvre un dépôt à neige dissimulé au coin de la route. Le manège des camions à neige qui défilent sans arrêt pique ma curiosité. Je m'approche et j'accroche quelques images à ma mémoire hivernale.
L'homme est sous antibios, la petite combat le virus qui couraille dans la maison. Je me sens moi-même sous attaque microbiennes. Surtout lorsque j'ai la bouche ouverte et que M'zelle Soleil me tousse dans la face! Juan se transforme en une locomotive nocturne tant il ronfle fort. L'enfant toussote et m'appelle à l'aide. Mes nuits raccourcissent douloureusement. Je prends nos maux en patience.
J'apprends mes leçons de saison. "Acceptation" un mot qui prend toute une nouvelle dimension, un mot qui fait de l'écho dans mon cerveau. Dehors, l'hiver n'en finit pas de nous congeler le quotidien. Pourtant les rayons du soleil commencent à réchauffer les peaux grises. Les jours s'allongent. Il y a de l'espoir...
"Environnement Canada confirme un record d'accumulation de neige à Québec
QUEBEC — La ville de Québec a officiellement établi un nouveau record de neige tombée au cours d'un hiver. En date de dimanche, la région avait reçu 460,1 centimètres, éclipsant l'ancienne marque de 457,7 en 1965-66 selon ce qu'a confirmé lundi Environnement Canada. Le météorologue Pierre Lessard estime qu'à Québec, il y a maintenant de bonnes chances d'atteindre les 500 cm. De vendredi à dimanche, il est tombé 41,7 cm de neige à l'aéroport de Québec, lieu de mesure des précipitations. C'est presque autant que la moyenne de 49 cm que reçoit la capitale pour tout le mois de mars. Reste à voir à quoi ressemblera avril, mois pendant lequel il tombe en moyenne 17,6 cm. La tempête de samedi a aussi permis d'établir un nouveau record de force des vents pour un mois de mars. Les instruments ont enregistré des pointes de 122 km/h; le précédent record était de 111 km/h. Sur l'île d'Orléans, il y a eu, samedi, des rafales de 133 km/h."
Expressions...
Entre deux expressions...
Cette semaine, je choisis cette expression que je ne connaissais point mais qui m'a tapé dans l'oeil. Je la découvre et j'en profite pour faire un lien avec l'hiver qui me blanchit l'univers et mon expérience de blogosphère. Il me semble que je blogue depuis si longtemps que j'ai l'impression d'en avoir acquis une certaine expérience. J'essaie de ne pas trop penser à combien je suis vieille en cet univers!
Comme je suis une bestiole de festival, je ne peux résister à m'inscrire à cette seconde édition du festival de Romans. C'est un festival qui fait voter les lecteurs de blogosphère. D'habitude je ne demande rien à ceux qui me grignotent des yeux mais cette année l'hiver est sévère. Il m'enterre.
Aujourd'hui, j'y creuse cette tranchée de mots qui se tendent comme une main timide vers l'invisible. Si vous appréciez mon petit coin de Toile, faites un petit geste virtuel en ma direction. Cela me réchauffera surement l'âme en spleen d'hiver ensevelie dans une incroyable congère. Ainsi pourquoi ne pas cliquer par ici et votez pour ma pomme de givre? Une pomme d'Etolane coincée dans une boule de neige que je m'amuse à remuer en quelques mots partagés...
EXPRESSION via Expression.fr
« Blanchir sous le harnais »
SIGNIFICATION
Exercer longtemps le même métier. Acquérir une expérience reconnue dans un domaine.
ORIGINE
De nos jours, un harnais, c'est soit une partie de l'équipement d'un animal de travail, dont le cheval, soit un système de sangles porté par certains sportifs comme les alpinistes ou les parachutistes, ou bien servant à retenir une personne dans un véhicule (voiture de course, voilier...). Mais il y a longtemps, dès le XIIe siècle, le harnais désignait l'armure ou l'équipement d'un homme d'arme. Comme, à ces époques lointaines, il était fréquent que les gens pauvres s'engagent dans l'armée pour de très longues périodes afin de bénéficier d'une solde régulière, ils avaient largement le temps, s'ils échappaient à la mort sur les champs de bataille, d'acquérir une grande expérience de la vie militaire. Mais pourquoi 'blanchir' ? Cela vient du fait que ce verbe a également signifié "passer un long moment de sa vie dans une même occupation". Si les dictionnaires étymologiques ne nous donnent pas d'explication sur cette signification, on peut imaginer qu'elle vient du fait qu'un "long moment" peut être si long que les cheveux de la personne concernée ont le temps de blanchir. Le premier sens de l'expression était simplement "vieillir dans le métier des armes" puisqu'elle signifiait, mot à mot, "passer un long moment sous l'armure". Par extension, le métier est devenu quelconque et le vieillissement a été assimilé à l'acquisition d'expérience.
EXEMPLE
« On annonce par exception, dans la grand'ville, une œuvre nouvelle d'un vieux maître blanchi sous le harnais (...) Hélas! la musique de l'œuvre nouvelle est incolore... » Hector Berlioz - Les grotesques de la musique
Cette semaine, je choisis cette expression que je ne connaissais point mais qui m'a tapé dans l'oeil. Je la découvre et j'en profite pour faire un lien avec l'hiver qui me blanchit l'univers et mon expérience de blogosphère. Il me semble que je blogue depuis si longtemps que j'ai l'impression d'en avoir acquis une certaine expérience. J'essaie de ne pas trop penser à combien je suis vieille en cet univers!
Comme je suis une bestiole de festival, je ne peux résister à m'inscrire à cette seconde édition du festival de Romans. C'est un festival qui fait voter les lecteurs de blogosphère. D'habitude je ne demande rien à ceux qui me grignotent des yeux mais cette année l'hiver est sévère. Il m'enterre.
Aujourd'hui, j'y creuse cette tranchée de mots qui se tendent comme une main timide vers l'invisible. Si vous appréciez mon petit coin de Toile, faites un petit geste virtuel en ma direction. Cela me réchauffera surement l'âme en spleen d'hiver ensevelie dans une incroyable congère. Ainsi pourquoi ne pas cliquer par ici et votez pour ma pomme de givre? Une pomme d'Etolane coincée dans une boule de neige que je m'amuse à remuer en quelques mots partagés...
EXPRESSION via Expression.fr
« Blanchir sous le harnais »
SIGNIFICATION
Exercer longtemps le même métier. Acquérir une expérience reconnue dans un domaine.
ORIGINE
De nos jours, un harnais, c'est soit une partie de l'équipement d'un animal de travail, dont le cheval, soit un système de sangles porté par certains sportifs comme les alpinistes ou les parachutistes, ou bien servant à retenir une personne dans un véhicule (voiture de course, voilier...). Mais il y a longtemps, dès le XIIe siècle, le harnais désignait l'armure ou l'équipement d'un homme d'arme. Comme, à ces époques lointaines, il était fréquent que les gens pauvres s'engagent dans l'armée pour de très longues périodes afin de bénéficier d'une solde régulière, ils avaient largement le temps, s'ils échappaient à la mort sur les champs de bataille, d'acquérir une grande expérience de la vie militaire. Mais pourquoi 'blanchir' ? Cela vient du fait que ce verbe a également signifié "passer un long moment de sa vie dans une même occupation". Si les dictionnaires étymologiques ne nous donnent pas d'explication sur cette signification, on peut imaginer qu'elle vient du fait qu'un "long moment" peut être si long que les cheveux de la personne concernée ont le temps de blanchir. Le premier sens de l'expression était simplement "vieillir dans le métier des armes" puisqu'elle signifiait, mot à mot, "passer un long moment sous l'armure". Par extension, le métier est devenu quelconque et le vieillissement a été assimilé à l'acquisition d'expérience.
EXEMPLE
« On annonce par exception, dans la grand'ville, une œuvre nouvelle d'un vieux maître blanchi sous le harnais (...) Hélas! la musique de l'œuvre nouvelle est incolore... » Hector Berlioz - Les grotesques de la musique
dimanche, mars 09, 2008
Méchante tempête!
Méchante tempête!
Quelques rayons de soleil se profilent sur le coup de midi. La tempête est terminée, la pire de la saison disent les médias. Murs effondrés, voitures enlisées sur l’autoroute, l'on ne compte plus les sorties de route. Des centaines de voitures prisonnières de dunes d'hiver un peu partout dans la province. Des coupures d’électricité, peu de blessés mais beaucoup de trouble, quelques dégâts matériels et de la débrouillardise humaine.
Les quantités de neige sont phénoménales, il y a des places où même les chasse-neige s'enlisent! Les policiers à motoneige se retrouvent en mauvaise situation. Cela fait jaser les voisins qui nous régalent d'anecdotes marrantes. Les conditions sont si critiques que les motoneiges sont le derniers recours pour porter secours. Les sorties d'autoroutes deviennent des culs de sacs où les gens doivent abandonner leurs autos. Non loin de chez nous, à une quinzaine de kilomètres en contrebas, une centaine d’automobilistes a été pris sur un tronçon qui mène à l'autoroute, cet endroit est un couloir de vent qui se transforme vite en enfer blanc. C'est une place où je n'aime pas m'aventurer lorsque se déchaine la nature. Les nouvelles en montrent les images, des dizaines de voitures submergées dans des bancs de neige immaculés.
Nous avons nous même perdu l’électricité dans la nuit. J’ai à peine dormi. Je me suis mise en mode de veille. J’ai écouté d’infernales rafales tourmenter la maison. Pour rien au monde je n’aurai mis un cheveu dehors! J'ai remercié le ciel de ma maison solide. Au fil des heures la maison s’est refroidie. Juan malade a dormi comme une masse. La petite, a senti qu'il se passait quelque chose, elle m’a un peu fait tourner en bourrique. J’ai fini par la ramener dans notre lit. Au petit matin la seule chaleur générée dans la maison était celle de notre cocon fait de couettes et d’oreillers! Un petit vent de panique me souffle. L’homme sort de sa torpeur fiévreuse, il semble aller mieux, il me fait revenir à la raison. Je m'endors une grosse heure durant. En milieu de matinée, tout est fini, la rue est ensevelie une nouvelle fois, rien de nouveau sous nos latitudes! Dehors, les souffleuses rugissent par dizaines. Le village revient à la vie mais le chasse neige n'est même pas encore passé dans notre coin de bois. Tout est blanc poudre. Juan découvre que le coffre de l’auto était mal fermé, résultat la batterie est à plat! Manquait juste cela! Rendu là, je suis hypra philosophe, rendu là, il enrage en silence. Il est facile de trouver de l’aide parmi les voisins qui voguent dans le même bateau. Les conversations amicales réchauffent les esprits. La voiture ronronne vite et l’on va faire ripaille au village d’à coté qui a gardé son courant malgré les tourments. L’on a changé d’heure, le temps m'échappe.
Le paysage devient surréaliste, à quelques jours du printemps, il prend un petit air lunaire. Les murs de neige n'en finissent plus de m'épater. En revenant de manger, l’on croise le camion d’Hydro, cette vision me remplit d’espoir. On va peut-être retrouver l’électricité à notre retour. À peine avons-nous le temps de papoter avec les voisins d'en face et de rentrer à la maison bien fraîche qu’enfin revient la chaleur électrique. Ouf! Soulagée je suis! Je couche la petite pour sa sieste, Juan s’en va déneiger. Il emprunte la souffleuse d’un voisin du bout de la rue pour passer au travers de ces accumulations d'hiver qui nous engloutissent. Il rentre parfois pour boire un verre d'eau, dégoulinant de sueur, il n'est pas de meilleure humeur. Je vois qu’il creuse un chemin pour aller à l’étage du bas, je lui demande comment ça va. Il me répond :
- Ostie d’pays d’c…! J’casse à la hache les couches pis je souffle. J’casse à la hache, je souffle, j’casse à la hache, je souffle… Ostie, qu’y’en a!!!! J'suis pus capable!
Quelques rayons de soleil se profilent sur le coup de midi. La tempête est terminée, la pire de la saison disent les médias. Murs effondrés, voitures enlisées sur l’autoroute, l'on ne compte plus les sorties de route. Des centaines de voitures prisonnières de dunes d'hiver un peu partout dans la province. Des coupures d’électricité, peu de blessés mais beaucoup de trouble, quelques dégâts matériels et de la débrouillardise humaine.
Les quantités de neige sont phénoménales, il y a des places où même les chasse-neige s'enlisent! Les policiers à motoneige se retrouvent en mauvaise situation. Cela fait jaser les voisins qui nous régalent d'anecdotes marrantes. Les conditions sont si critiques que les motoneiges sont le derniers recours pour porter secours. Les sorties d'autoroutes deviennent des culs de sacs où les gens doivent abandonner leurs autos. Non loin de chez nous, à une quinzaine de kilomètres en contrebas, une centaine d’automobilistes a été pris sur un tronçon qui mène à l'autoroute, cet endroit est un couloir de vent qui se transforme vite en enfer blanc. C'est une place où je n'aime pas m'aventurer lorsque se déchaine la nature. Les nouvelles en montrent les images, des dizaines de voitures submergées dans des bancs de neige immaculés.
Nous avons nous même perdu l’électricité dans la nuit. J’ai à peine dormi. Je me suis mise en mode de veille. J’ai écouté d’infernales rafales tourmenter la maison. Pour rien au monde je n’aurai mis un cheveu dehors! J'ai remercié le ciel de ma maison solide. Au fil des heures la maison s’est refroidie. Juan malade a dormi comme une masse. La petite, a senti qu'il se passait quelque chose, elle m’a un peu fait tourner en bourrique. J’ai fini par la ramener dans notre lit. Au petit matin la seule chaleur générée dans la maison était celle de notre cocon fait de couettes et d’oreillers! Un petit vent de panique me souffle. L’homme sort de sa torpeur fiévreuse, il semble aller mieux, il me fait revenir à la raison. Je m'endors une grosse heure durant. En milieu de matinée, tout est fini, la rue est ensevelie une nouvelle fois, rien de nouveau sous nos latitudes! Dehors, les souffleuses rugissent par dizaines. Le village revient à la vie mais le chasse neige n'est même pas encore passé dans notre coin de bois. Tout est blanc poudre. Juan découvre que le coffre de l’auto était mal fermé, résultat la batterie est à plat! Manquait juste cela! Rendu là, je suis hypra philosophe, rendu là, il enrage en silence. Il est facile de trouver de l’aide parmi les voisins qui voguent dans le même bateau. Les conversations amicales réchauffent les esprits. La voiture ronronne vite et l’on va faire ripaille au village d’à coté qui a gardé son courant malgré les tourments. L’on a changé d’heure, le temps m'échappe.
Le paysage devient surréaliste, à quelques jours du printemps, il prend un petit air lunaire. Les murs de neige n'en finissent plus de m'épater. En revenant de manger, l’on croise le camion d’Hydro, cette vision me remplit d’espoir. On va peut-être retrouver l’électricité à notre retour. À peine avons-nous le temps de papoter avec les voisins d'en face et de rentrer à la maison bien fraîche qu’enfin revient la chaleur électrique. Ouf! Soulagée je suis! Je couche la petite pour sa sieste, Juan s’en va déneiger. Il emprunte la souffleuse d’un voisin du bout de la rue pour passer au travers de ces accumulations d'hiver qui nous engloutissent. Il rentre parfois pour boire un verre d'eau, dégoulinant de sueur, il n'est pas de meilleure humeur. Je vois qu’il creuse un chemin pour aller à l’étage du bas, je lui demande comment ça va. Il me répond :
- Ostie d’pays d’c…! J’casse à la hache les couches pis je souffle. J’casse à la hache, je souffle, j’casse à la hache, je souffle… Ostie, qu’y’en a!!!! J'suis pus capable!
samedi, mars 08, 2008
Entre deux tempêtes...
Entre deux tempêtes...
Alors que nous connaissons la énième tempête de neige, tout le monde ressent clairement les spleens d’hiver. La province se paralyse sous l’assaut. J'entends rugir les rafales dans la forêt. Les routes sont pratiquement impraticables. C’est la pagaille. Au village, tout est calme. Juan a attrapé une cochonnerie, il est fiévreux et grognon. Il a une mine de déterré. À bout de force, il ronfle bruyamment. La petite est « gripette », mais cela n'affecte guère son moral. Je ne suis pas épargnée avec une bonne affliction intime, de celles que l’on ne parle pas sur la place publique (même si c’est d’une banalité pour toutes les femmes du monde), de celles qui irritent le moral. J’ai Tchernobyl dans le corps, c’est subtil mais cela travaille fort. Passons donc les détails pour introduire quelques grandes lignes.
Jeudi matin j’emmène M’zelle Soleil à son dernier cours de « natation ». Sa grand-mère l’y a inscrite au début de l’hiver. Huit cours à raison de un par semaine. M’zelle Soleil y participe avec sa grand-mère et tout se passe magnifiquement bien. Durant les cinq premiers cours, elle fait des progrès fulgurants, elle apprivoise l’eau tout aussi bien que ceux qui y vont depuis plusieurs mois. Je suis fière d’elle et de la relation qu’elle développe avec ma mère, une relation qui m’est des plus étonnantes. Ceci me réconcilie avec certains aspects de ma propre enfance. La relation avec ma propre mère est relativement complexe, difficile et souvent douloureuse. Mais je dois avouer qu’elle fait présentement une très bonne job de grand-mère. Lily adore sa mamie. Tout se passe à merveille. Je découvre une douceur inconnue chez ma mère. Une douceur que j’aurai aimé percevoir dans ma propre relation avec elle mais en désespoir de cause, la voir ainsi avec ma fille me fait du bien à l’âme. Donc Lily-Soleil va tous les jeudis passer la journée chez sa grand-mère et ses matinées à la piscine. Tout va bien dans le meilleur de mondes. Pourtant, sans paraît-il, aucune explication rationnelle, le sixième cours se passe mal. Lily-Soleil ne veut plus rien savoir de rien, fait une crise, refuse de suivre les consignes et passe le cours à pleurer. Voilà qui me trouble. Comment a-t-elle pu avoir une réaction si extrême d’une semaine à l’autre? Comment a-t-elle pu passer d’adorer le concept et de désirer performer à complètement refuser d’y assister?
Sa grand-mère n’y comprend rien, elle la soupçonne simplement de ne plus vouloir obéir à Rebecca, la jeune fille qui donne les cours. Je sais que mon petit bout de soleil est dans cette phase « d’infernal deux ans », de ce que les anglais appelle le « Terrible Two » et de ce que les français compare à une crise d’adolescence version petite enfance. Affirmation de soi, refus de l’autorité, opposition, indépendance d’esprit, tous les ingrédients d'un cocktail qui peut se révéler atomique pour les parents. Des ingrédients qui se mélangent à notre soupe quotidienne. Cependant M’zelle Soleil n’a rien de terrible ou d’infernal, elle fait peu de crises, elle est plutôt du genre résistance passive ou elle travaille à l’usure! Elle est enjouée et rigolote. Elle chante tout le temps. Elle ne nous fait pas de violente séance de pleurs. Il est vrai qu’elle est plus effrontée, qu’elle teste plus savamment les limites mais d’un autre coté elle comprend tout ce qu’on lui explique, elle communique. Je remarque que depuis un petit mois, elle éprouve plus de peurs qu’auparavant, elle est plus craintive, j’en prends bonne note.
C’est vrai qu’à partir de deux ans l’enfance commence sa longue route qui l’amènera vers l’état adulte. Le petit ange tombé du ciel devient personne humaine. La magie du nouveau né laisse place à autre chose. Quelque chose que je trouve beaucoup plus enrichissant sur le plan de la relation parent-enfant. Je n’ai définitivement plus l’impression de pouponner, maintenant j’élève, c’est une autre partie du jeu. Un jeu dont j’ai l’impression de comprendre les grandes règles. Mais une fois les règles comprises encore faut-il réussir à les appliquer sur une longue durée. C’est là, je crois, que réside la plus grosse difficulté de « l’Être parent ». Au quotidien, je n’ai pas de troubles à gérer ma petite dynamite bambine. L’enfant a des conditions de vie relativement privilégiées, elle vit peu de traumatismes, elle n’est pas pourrie gâtée mais reçoit énormément d’attention, elle est choyée. Elle est cette petite bouture de nous que je m’affaire à cultiver. J’ai conscience des sacrifices que je fais pour colorer de rose le cours de ses jours. En retour, elle teinte mes émotions de douceur. Je crois que je m’y oublie un peu, j’en perds quelques ambitions, ou alors je les mets en suspension pour me consacrer à ces années premières. Constance, c’est à mon avis la clé de l’expérience parentale. La constance. Ce n’est pas une denrée des plus répandues. C’est une attitude à travailler. Tout un programme…
En ce mois de mars qui tempête, la cerise sur le gâteau de Juan c’est lorsque la gardienne lui explique qu’ils sont si tannés de l’hiver, qu’ils doivent partir dix jours dans le Sud en avril, tout cela après lui avoir expliqué la semaine précédente comment elle ne pouvait plus prendre sa fille comme convenu puisque leurs finances étaient trop justes et qu’ils étaient trop pauvres! Elle devait faire plus d’argent. L’homme était vert. Parfois les gens ne font pas attention lorsqu'ils s’épanchent. Ils n'essaie pas de se mettre à la place de l'autre. Vu que nos moyens sont plus minimes que les leurs, il a eu du mal à ne pas trouver ses raisons bien futiles. Je le comprends même si de mon coté je prends la chose avec beaucoup plus de philosophie. Il faut dire que si j’avais un salaire notre niveau de vie matériel serait autre. Je suis donc plus ou moins responsable de notre situation. J'ai du mal à ne pas me sentir coupable de cette situation. J’ai choisi de rester avec ma fille, je dois en assumer les conséquences. Ma mère me dit : « Mais voyons Etolane, tu sais bien que c’est cela le modèle nord-américain, tu dois avoir la grosse maison, les deux voitures, le 4X4, la motoneige et les vacances dans le sud, si tu n’y arrives pas, tu es pauvre! » Ouais, je traduis dans ma tête, si tu y arrives pas tu passes pour un raté! Pffff! Je me tais pour ne pas entraîner la conversation dans des zones marécageuses mais je réalise que je ne me sens plus honteuse de ne pas adhérer à ce modèle là. J’ai vieilli. Je m’accepte mieux. Ce modèle matériel m’est contre nature! Il y a tant de degrés de richesse et de pauvreté dans le monde, comment ne pas y perdre le nord? Et l’esprit dans tous cela? Et la qualité humaine bordel!?! Je peux comprendre l'épanouissement personnel, je suis à 100% pour la liberté de choix. Je suis heureuse de vivre dans un société où la femme est libre de travailler à sa guise dans tous les domaines qui l'inspirent. Je n'ai pas non plus l'ambition de rester mère au foyer toute ma vie. Je n'ai pas fait des études juste pour le plaisir de chanter des comptines à longueur de journée! Ce choix que j'ai fait de rester avec ma fille comporte maints sacrifices personnels. C'est une étape de vie qui n'est pas finale. La traduction me semble si loin présentement. Il ne me reste que des bribes d'écriture pour maintenir mes neurones à flot. Malgré tout je n'arrive toujours pas à croire aux mirages matériels. Pourquoi toujours en vouloir plus? Est-on jamais satisfait en notre société de consommation? Elle se place où la qualité humaine entre la motoneige et le 4X4?
Elle se dissipe. C’est mon avis personnel, dans ce modèle précis, à moins d’avoir des rentrées faramineuses, la qualité humaine prend souvent le large. Alors arrive tout le tralala de mal-être qui fait perdre la boule aux âmes plus sensibles et qui fait avaler à une bonne partie de la population active toutes sortes de petites pilules magiques. Des petites pilules pour oublier que l’on existe plus qu’à travers le monde matériel. Individuelle tristesse. Tout cela ressemble trop au monde parfait d’Aldous Huxley. Nope, désolée, je n’y arrive pas. Le spleen d’hiver se paie la tête de nous tous ensevelis sous des montagnes de neige. Il ne m'épargne pas. Immatérielle, je m'évanouis dans l'air du temps. Le spleen poudreux d’hiver s’amuse de ma pomme. L’homme bouillonne. Il m’explique qu’il a perdu un certain respect pour la gardienne qui lui avait auparavant expliqué en long et en large comment elle se mettait partiellement à son compte pour profiter de ses enfants et passer plus de temps avec eux. Je soupire devant le spleen qui l’aspire. J'imagine que la gardienne a fini par céder à la pression sociale qui l'entoure. Je ne lui en veux pas. Je peux en comprendre les tourments. Je me demande si Lily ne ressent tout simplement pas ces mélancolies hivernales qui font partie des courants de la vie. Elle se fait plus de films de peur. Elle se tanne comme nous autres d’être encabanée, à sa manière, elle s’exprime.
Mais revenons-en à la piscine. Son prochain cours tombe durant la semaine de relâche, Clo décide de l’emmener à son cours. Et c’est reparti la tragédie. M’zelle Soleil ne veut rien savoir. Elle pleure et refuse toute coopération. De retour à la maison, je la grille sur le sujet, je crois comprendre qu’elle ne veut plus obéir à la dame. Elle perçoit mon mécontentement et fait mine basse. C’est pourtant un charme chez sa gardienne. Une petite fille si bien élevée d’après Manon. J’y perds ma boussole maternelle. Je décide donc d’aller avec elle pour son dernier cours. Mon petit brin de fille fait moins la maligne lorsque je lui explique que je vais aller avec elle, je la vois qui soupèse la situation. Comme je dois aussi aller chez le docteur, je ferai d’une pierre deux coups. Me voilà donc dans la piscine avec une demie douzaine d’enfants accompagnés de leur maman qui connaissent tous ma fille. Je fais connaissance de Rebecca. M’zelle Soleil essaie de refuser les consignes, mais on refuse pas aussi facilement avec la mère qui vous élève et qui y met du zèle! Je me transforme en un mélange de fermeté douce et je la force à suivre les consignes. J’y applique toute ma discipline. Elle s’y plie avec quelques grimaces mais sans comédie. Je la félicite, elle se détend un peu même si elle reste scotchée à ma peau comme une petite sangsue. Je discute avec Rebecca qui m’explique qu’elle ne comprend pas ce retournement de situation, qu’elle était si excellente à ses premiers cours et que d’un coup, le blocage complet! Comme Lily est plus détendue, Rebecca essaie de la prendre pour effectuer un exercice, c’est la panique, l’enfant se crispe et s’apprête à rugir. Je reprends mon petit lionceau en main et je la fais nager à la place de la jeune femme. Je soupçonne ma fille d’avoir une petite dent de lait contre la dame! Une jeune femme presque gênée de la réaction de l’enfant et qui ose à peine l’approcher.
La bulle d’innocence commence à se fissurer au contact des autres. Mon petit bébé deviendra fille. J’en déduis que Rebecca sûrement par inadvertance s’est mis ma puce à dos. L’enfant a eu un coup de spleen. La jeune femme n’y est pour rien, elle fait sa job comme il faut. Mais je suppose que si Lily était si bonne durant les premiers cours, elle ne l’aura pas ménagée, elle l’aura peut-être poussée une fois de trop. Lily n’a peut-être même pas compris ce qu’elle ressentait. Elle s’est juste figée tandis que la fissure faisait craqueler sa petite bulle. C’est la vie. En ma qualité de mère je ne peux empêcher l’innocence de se fissurer. Je peux juste surveiller le processus. Être présente.
Ouais c’est pas le tout de pondre un bébé encore faut-il élever la personne qui éclot de l’œuf! Élever l’enfant selon un modèle qui nous sied. Je crains de ne pas élever ma fille dans un modèle courant. Je ne pense pas avoir envie de l’élever selon ce modèle qui consomme et exploite la planète. J’ai le cœur et la tête qui font des heures supplémentaires à réfléchir à leurs fonctions maternelles. Déchirée entre multiples sentiments, je réfléchis. Alors que la neige engloutit tout le paysage, je me laisse accrocher par quelques spleens personnels. Je les combats dans le banc de neige devant chez moi.
Mais j’en reviens à la piscine où nous suivons le dernier cours sans anicroches. M’zelle Soleil accepte de coopérer. Je me vois passer dans un cerceau en plastique avec Lily, rendu là je ne me sens plus à un dévouement prés! Rendu là l’enfant est décontractée. Je la sens même contente d’être là. Elle commence à me montrer ce qu’elle sait faire, je suis fière de la voir patauger sans peur. Je constate qu’en effet lorsqu’elle le décide elle surpasse le niveau de quelques uns de ses camarades! Arrive le temps de recevoir le carnet qui atteste de la participation aux cours et qui donne le droit de passage au niveau suivant. Rebecca m’explique que Lily était bonne et même si elle a passé tous les niveaux, sa performance lors des trois derniers cours ne lui permet pas de passer du stade de tortue au stade de grenouille! Je retiens un certain cynisme. Yep! La vie est ainsi faite. Lily s’en fout comme de l’an quarante, elle est juste contente de recevoir un autocollant et d’être une tortue! Elle a bien raison, elle aura tout le temps de devenir grenouille. Je la félicite. Elle a appris à nager comme un petit chien, à faire la planche, à avancer en battant des pieds, à mettre la tête sous l’eau, c’est assez pour ma satisfaction maternelle! Elle est désormais plus à l’aise dans l’eau et je continuerai personnellement son éducation aquatique cet été. À moins que je ne l’inscrive aux cours du village qui se déroulent quelques matinées par semaine en bord de plage. Ce qui lui permettrait de socialiser et moi de m’isoler pour travailler tranquille. Je pourrais m’installer non loin et reprendre mes habitudes d’écriture sur le sable. C’est à voir.
Je la dépose chez sa grand-mère qui a peine à croire qu’elle n’a pas pleuré de la matinée. Comme je l’ai déjà mentionné, elle ne me fait guère de comédie. Ma mère depuis sa naissance refuse de la discipliner, à elle de s’arranger avec! Comme elle n’a pas à l’élever, cela ne m’inquiète guère, si ma fille décide de faire tourner en bourrique sa mamie, ce n’est pas vraiment mon problème. Au contraire, je trouve cela presque mignon, c’est comme dans les contes où les grand-mères gâteaux sont des havres de plaisir pour les enfants qui doivent filer le reste du temps. Ma grand-mère éteinte s’est retrouvée dans une position où elle a du aussi m’élever mais elle n’en a pas moins été bien gâteau avec ma pomme et c’est sûrement ce qui m’a sauvé le cœur. Cela dit si ma fille passe deux jours de suite chez ma mère, inutile de dire comment je dois serrer la vis au retour! Cela fait partie du jeu j’imagine…
L’autre jour, je suis présente lorsque Lily prend une douche avec ma petite sœur sous le regard gaga de ma mère. L’enfant commence à pousser les limites, s’amuse à ouvrir et fermer les portes, fait la coquine. Au bout de dix minutes, je lui dis que cela suffit. Comme je suis sur place ma mère est dans l’obligation de respecter ma volonté. Elle demande à Lily d’arrêter. La demoiselle éclate alors en pleurs. Je lève les yeux au plafond. L’enfant se réfugie dans les bras de sa tantine qui la console. La grand-mère essaie de la consoler mais l’enfant s’exclame : « Tu m’as fait de la peine Mamie! Ouuuoooiiinnnnn ». J’en reste bouche bée, c’est une première pour moi, je savais pas qu’elle connaissait ce mot et encore moins le concept qui se cachait derrière. Cet enfant me sidère! Je fais mon possible pour ne pas sourire. Je vais voir ailleurs si j’y suis. S’en suit le moment de manger. Je la récupère au vol, elle essaie de se désister mais fermement je l’attrape. Ma mère s’exclame « Alors toi tu peux la disputer et cela ne lui fait pas de peine! ». En effet, avec moi, elle sait les limites à ne pas dépasser et ne s’avise pas d’essayer. J’ai parfois l’impression de jouer à la police mais je me vois dans l’obligation d’utiliser une certaine autorité. Je suis sa mère, depuis sa naissance je me dévoue à son développement, il faut bien que je réussisse quelque part! Je m’en fous d’avoir une maison plus petite que mon « standing », (je m’en fous un peu moins de ne pas aller dans le sud par exemple!), tout ce qui compte c’est que je sois en phase dans ma relation avec ma fille. Et présentement cela roule…
Je constate que le modèle américain n’a pas de guide parental. S’il va de soi pour toutes les choses matérielles que l’on doit posséder. Être un parent compétent n’est pas aussi évident. Les petits monstres sont partout! L’enfant roi règne et se désagrège. La mode est aux émissions qui proposent des doses de réalité parentale dans un monde où les enfants font la loi. Je regarde ces émissions pour mieux comprendre comment ne pas me retrouver dans une telle situation. Au secours! Pas facile d’être un parent compétent de nos jours! Il faut y travailler dur, c’est un emploi du cœur et de l’esprit qui ne rapporte rien d’autre que de la paix et l’harmonie. Des valeurs totalement abstraites. J’ai eu personnellement une enfance comblée sur le plan matériel, je n’ai jamais manqué de rien et j’ai souvent eu plus que la norme. Cependant j’ai connue une enfance émotionnellement rock and roll. Je m’en suis sortie avec quelques séquelles invisibles. Enfin, si l’on devait voir toutes les cicatrices qui se cachent sous nos peaux à l’œil nu combien d’entre nous auraient l’air de frankeinstein? Dans le monde des abstractions humaines l’influence d’un parent est puissante…
Mais je m’égare. Je pose M’zelle Soleil pour sa sieste chez ma mère, je vais faire mes deux heures d’entraînement. Puis je vais chez le docteur faire examiner ce problème intime qui n’est pas grave mais qui demande médication. Au bout de deux heures d’attente à la clinique ma patience commence à s’amenuiser sérieusement. J’en viens à discuter avec mes deux voisines, l’on partage quelques spleens. L’une capitule et finit par s’en aller, égoïstement, je ne peux m’empêcher de penser que cela me fera passer plus rapidement. Dans le coin où je suis, il ne reste plus qu’une dame dans la cinquantaine qui est là depuis aussi longtemps que moi. L’on papote comme des poules dans une basse cour. Elle potine sur les docteurs de la clinique, je m’emporte sur les absurdités humaines! Rendu à sacrer après les milliards que dépense Bush à la guerre, je me dis qu’il est temps de fermer mon clapet. Je divertis la dame qui me dorlote la pomme. Finalement notre tour arrive. La dame est toute contente, c’est son docteur préféré, de celui qu’elle adore et qu’elle m’a raconté les potins, qu’elle a défendu avec verve lorsqu’il m’a un peu énervé à perdre du temps pour aller acheter des chocolats qu’il a offert à une tribu d’enfants. Lorsqu’elle sort de son bureau, elle m’offre un sourire plein de chaleur tout en me tapotant l’épaule. J’entre dans le bureau subtilement sur les nerfs. Déjà que je suis ne suis pas là pour jouer aux billes mais plutôt pour mettre les pieds dans les étriers, je suis un chouïa agacée! Le fameux docteur a une bonne tête, un certain charme. Si je me mets les pieds dans les chaussures de la dame que j’ai rencontrée, je perçois son charme qui au premier abord pourrait m’échapper. Je me fais douce-acide. Nous passons au travers l’expérience physique. Il me prescrit le remède miracle et je peux enfin aller récupérer l’homme et l’enfant!
Je vais chercher l’homme en premier, comme il est passé sept heures, nous décidons d’aller manger à la pyramide non loin de son bureau. Nous arrivons sur le parking complètement plein, tournons un peu en rond pour finalement repérer une femme qui s’apprête à partir, nous la suivons discrètement et attendons. Elle prend tout son temps. Arrive une voiture en face. J’ai un fort pressentiment. Je dis à Juan.
- Fais attention, elle, elle veut te voler ta place…
Il n’y croit pas trop, il me dit que c’est certain qu’elle nous voit et qu’il est évident que nous sommes là les premiers. À peine a-t-il fini de parler que la voiture en question s’engage si vite dans la place qui se libère qu’il en reste sur le c….!
- Tu vois j’tavais dit!!!
- Ben oui…
Je sors de mes gonds en même temps que je sors de l’auto. En flèche. Là c’est trop. Ma coupe commence à déborder. J’invective la dame furieusement tout en essayant de rester un tant soi peu cordiale :
- Oh!oh!Whoooo! Non mais oh! Cela fait dix minutes que l’on est là à attendre, l’on a klaxonné et fait des appels de phares, vous ne pouvez pas nous avoir pas vu!!! Non mais oh! Minute! Y’a quand même une limite de savoir vivre à respecter me semble!!!
La dame sent ma colère vibrer. Elle fait un pas en arrière et d’une petite voix me dit :
- Heu, je vais me reculer alors!
- Oui, c’est une bonne idée! Ne me dites quand même pas que vous nous avez pas vus!!!!
Elle fait mine de ne pas m’entendre et rembarque dans son char. Je suis presque surprise de la puissance de mes nerfs. Je m’exclame en rentrant dans l’auto : « Whooo, je crois que cela fait des années que j’ai pas engueulé quelqu’un de même!!! ». L’homme acquiesce en silence. Je respire profondément.
Le lendemain se lève avec le soleil qui fait une rare apparition entre deux tempêtes. Le temps est doux. Nous sortons faire un tour de banquise avec Lily-Soleil. Manque de bol, la corde de la luge est gelée dans une mare de glace! La petite est à pieds et je ne suis pas disposée à la porter. Nous partons pour une marche santé. Les murs de neige sont bien hauts. Quelques congères se forment, subtil signe de printemps, l’air ne pince pas la peau qui respire enfin. Je réalise à quel point l’hiver nous enferme. J’en profite pour faire à l’enfant une leçon des saisons. Elle sait bien que nous sommes en hiver mais ne sait pas exprimer les autres saisons même si elle en possède le souvenir. Nous arrivons proche du lac. Elle me dit :
- Le lac maman?
- Non pas encore, il faut attendre le printemps. Là c’est encore l’hiver. Mais il est où le lac Lily?
- Zou la neize!!!
- Oui, c’est ça ma puce, pis là tu vois y’a trop de neige on peut même pas s’approcher, il faut attendre que la neige fonde…
Nous rentrons à la maison, M'zelle est fatiguée, je me sens un petit peu ragaillardie. La petite me demande :
- Pourquoi dodo maman?
- Pour te reposer…
- Pas fatiguée!
- Mais oui, tu te frottes tes petits yeux…
- Oh!
Depuis la veille elle toussote un petit peu. Elle se couche sans problème, elle s’endort sagement mais se réveille une petite heure plus tard en toussotant et en se plaignant de sa gorge. Elle me dit :
- J’atchoum maman
- Oui tu tousses, t’as du attraper une petite grippette. Tu l’as attrapé où don’ cette petite grippe?
- Ben deyors!!!
De plus en plus elle me répond dans le contexte, de plus en plus nous conversons, c’est une bonne sensation. M’zelle Soleil se définit joliment. Elle me fait du bien. Elle me permet de m’accomplir dans ce rôle de maman. Un rôle que j’apprécie pleinement pour l'avoir attendu durant de longues années…
Alors que nous connaissons la énième tempête de neige, tout le monde ressent clairement les spleens d’hiver. La province se paralyse sous l’assaut. J'entends rugir les rafales dans la forêt. Les routes sont pratiquement impraticables. C’est la pagaille. Au village, tout est calme. Juan a attrapé une cochonnerie, il est fiévreux et grognon. Il a une mine de déterré. À bout de force, il ronfle bruyamment. La petite est « gripette », mais cela n'affecte guère son moral. Je ne suis pas épargnée avec une bonne affliction intime, de celles que l’on ne parle pas sur la place publique (même si c’est d’une banalité pour toutes les femmes du monde), de celles qui irritent le moral. J’ai Tchernobyl dans le corps, c’est subtil mais cela travaille fort. Passons donc les détails pour introduire quelques grandes lignes.
Jeudi matin j’emmène M’zelle Soleil à son dernier cours de « natation ». Sa grand-mère l’y a inscrite au début de l’hiver. Huit cours à raison de un par semaine. M’zelle Soleil y participe avec sa grand-mère et tout se passe magnifiquement bien. Durant les cinq premiers cours, elle fait des progrès fulgurants, elle apprivoise l’eau tout aussi bien que ceux qui y vont depuis plusieurs mois. Je suis fière d’elle et de la relation qu’elle développe avec ma mère, une relation qui m’est des plus étonnantes. Ceci me réconcilie avec certains aspects de ma propre enfance. La relation avec ma propre mère est relativement complexe, difficile et souvent douloureuse. Mais je dois avouer qu’elle fait présentement une très bonne job de grand-mère. Lily adore sa mamie. Tout se passe à merveille. Je découvre une douceur inconnue chez ma mère. Une douceur que j’aurai aimé percevoir dans ma propre relation avec elle mais en désespoir de cause, la voir ainsi avec ma fille me fait du bien à l’âme. Donc Lily-Soleil va tous les jeudis passer la journée chez sa grand-mère et ses matinées à la piscine. Tout va bien dans le meilleur de mondes. Pourtant, sans paraît-il, aucune explication rationnelle, le sixième cours se passe mal. Lily-Soleil ne veut plus rien savoir de rien, fait une crise, refuse de suivre les consignes et passe le cours à pleurer. Voilà qui me trouble. Comment a-t-elle pu avoir une réaction si extrême d’une semaine à l’autre? Comment a-t-elle pu passer d’adorer le concept et de désirer performer à complètement refuser d’y assister?
Sa grand-mère n’y comprend rien, elle la soupçonne simplement de ne plus vouloir obéir à Rebecca, la jeune fille qui donne les cours. Je sais que mon petit bout de soleil est dans cette phase « d’infernal deux ans », de ce que les anglais appelle le « Terrible Two » et de ce que les français compare à une crise d’adolescence version petite enfance. Affirmation de soi, refus de l’autorité, opposition, indépendance d’esprit, tous les ingrédients d'un cocktail qui peut se révéler atomique pour les parents. Des ingrédients qui se mélangent à notre soupe quotidienne. Cependant M’zelle Soleil n’a rien de terrible ou d’infernal, elle fait peu de crises, elle est plutôt du genre résistance passive ou elle travaille à l’usure! Elle est enjouée et rigolote. Elle chante tout le temps. Elle ne nous fait pas de violente séance de pleurs. Il est vrai qu’elle est plus effrontée, qu’elle teste plus savamment les limites mais d’un autre coté elle comprend tout ce qu’on lui explique, elle communique. Je remarque que depuis un petit mois, elle éprouve plus de peurs qu’auparavant, elle est plus craintive, j’en prends bonne note.
C’est vrai qu’à partir de deux ans l’enfance commence sa longue route qui l’amènera vers l’état adulte. Le petit ange tombé du ciel devient personne humaine. La magie du nouveau né laisse place à autre chose. Quelque chose que je trouve beaucoup plus enrichissant sur le plan de la relation parent-enfant. Je n’ai définitivement plus l’impression de pouponner, maintenant j’élève, c’est une autre partie du jeu. Un jeu dont j’ai l’impression de comprendre les grandes règles. Mais une fois les règles comprises encore faut-il réussir à les appliquer sur une longue durée. C’est là, je crois, que réside la plus grosse difficulté de « l’Être parent ». Au quotidien, je n’ai pas de troubles à gérer ma petite dynamite bambine. L’enfant a des conditions de vie relativement privilégiées, elle vit peu de traumatismes, elle n’est pas pourrie gâtée mais reçoit énormément d’attention, elle est choyée. Elle est cette petite bouture de nous que je m’affaire à cultiver. J’ai conscience des sacrifices que je fais pour colorer de rose le cours de ses jours. En retour, elle teinte mes émotions de douceur. Je crois que je m’y oublie un peu, j’en perds quelques ambitions, ou alors je les mets en suspension pour me consacrer à ces années premières. Constance, c’est à mon avis la clé de l’expérience parentale. La constance. Ce n’est pas une denrée des plus répandues. C’est une attitude à travailler. Tout un programme…
En ce mois de mars qui tempête, la cerise sur le gâteau de Juan c’est lorsque la gardienne lui explique qu’ils sont si tannés de l’hiver, qu’ils doivent partir dix jours dans le Sud en avril, tout cela après lui avoir expliqué la semaine précédente comment elle ne pouvait plus prendre sa fille comme convenu puisque leurs finances étaient trop justes et qu’ils étaient trop pauvres! Elle devait faire plus d’argent. L’homme était vert. Parfois les gens ne font pas attention lorsqu'ils s’épanchent. Ils n'essaie pas de se mettre à la place de l'autre. Vu que nos moyens sont plus minimes que les leurs, il a eu du mal à ne pas trouver ses raisons bien futiles. Je le comprends même si de mon coté je prends la chose avec beaucoup plus de philosophie. Il faut dire que si j’avais un salaire notre niveau de vie matériel serait autre. Je suis donc plus ou moins responsable de notre situation. J'ai du mal à ne pas me sentir coupable de cette situation. J’ai choisi de rester avec ma fille, je dois en assumer les conséquences. Ma mère me dit : « Mais voyons Etolane, tu sais bien que c’est cela le modèle nord-américain, tu dois avoir la grosse maison, les deux voitures, le 4X4, la motoneige et les vacances dans le sud, si tu n’y arrives pas, tu es pauvre! » Ouais, je traduis dans ma tête, si tu y arrives pas tu passes pour un raté! Pffff! Je me tais pour ne pas entraîner la conversation dans des zones marécageuses mais je réalise que je ne me sens plus honteuse de ne pas adhérer à ce modèle là. J’ai vieilli. Je m’accepte mieux. Ce modèle matériel m’est contre nature! Il y a tant de degrés de richesse et de pauvreté dans le monde, comment ne pas y perdre le nord? Et l’esprit dans tous cela? Et la qualité humaine bordel!?! Je peux comprendre l'épanouissement personnel, je suis à 100% pour la liberté de choix. Je suis heureuse de vivre dans un société où la femme est libre de travailler à sa guise dans tous les domaines qui l'inspirent. Je n'ai pas non plus l'ambition de rester mère au foyer toute ma vie. Je n'ai pas fait des études juste pour le plaisir de chanter des comptines à longueur de journée! Ce choix que j'ai fait de rester avec ma fille comporte maints sacrifices personnels. C'est une étape de vie qui n'est pas finale. La traduction me semble si loin présentement. Il ne me reste que des bribes d'écriture pour maintenir mes neurones à flot. Malgré tout je n'arrive toujours pas à croire aux mirages matériels. Pourquoi toujours en vouloir plus? Est-on jamais satisfait en notre société de consommation? Elle se place où la qualité humaine entre la motoneige et le 4X4?
Elle se dissipe. C’est mon avis personnel, dans ce modèle précis, à moins d’avoir des rentrées faramineuses, la qualité humaine prend souvent le large. Alors arrive tout le tralala de mal-être qui fait perdre la boule aux âmes plus sensibles et qui fait avaler à une bonne partie de la population active toutes sortes de petites pilules magiques. Des petites pilules pour oublier que l’on existe plus qu’à travers le monde matériel. Individuelle tristesse. Tout cela ressemble trop au monde parfait d’Aldous Huxley. Nope, désolée, je n’y arrive pas. Le spleen d’hiver se paie la tête de nous tous ensevelis sous des montagnes de neige. Il ne m'épargne pas. Immatérielle, je m'évanouis dans l'air du temps. Le spleen poudreux d’hiver s’amuse de ma pomme. L’homme bouillonne. Il m’explique qu’il a perdu un certain respect pour la gardienne qui lui avait auparavant expliqué en long et en large comment elle se mettait partiellement à son compte pour profiter de ses enfants et passer plus de temps avec eux. Je soupire devant le spleen qui l’aspire. J'imagine que la gardienne a fini par céder à la pression sociale qui l'entoure. Je ne lui en veux pas. Je peux en comprendre les tourments. Je me demande si Lily ne ressent tout simplement pas ces mélancolies hivernales qui font partie des courants de la vie. Elle se fait plus de films de peur. Elle se tanne comme nous autres d’être encabanée, à sa manière, elle s’exprime.
Mais revenons-en à la piscine. Son prochain cours tombe durant la semaine de relâche, Clo décide de l’emmener à son cours. Et c’est reparti la tragédie. M’zelle Soleil ne veut rien savoir. Elle pleure et refuse toute coopération. De retour à la maison, je la grille sur le sujet, je crois comprendre qu’elle ne veut plus obéir à la dame. Elle perçoit mon mécontentement et fait mine basse. C’est pourtant un charme chez sa gardienne. Une petite fille si bien élevée d’après Manon. J’y perds ma boussole maternelle. Je décide donc d’aller avec elle pour son dernier cours. Mon petit brin de fille fait moins la maligne lorsque je lui explique que je vais aller avec elle, je la vois qui soupèse la situation. Comme je dois aussi aller chez le docteur, je ferai d’une pierre deux coups. Me voilà donc dans la piscine avec une demie douzaine d’enfants accompagnés de leur maman qui connaissent tous ma fille. Je fais connaissance de Rebecca. M’zelle Soleil essaie de refuser les consignes, mais on refuse pas aussi facilement avec la mère qui vous élève et qui y met du zèle! Je me transforme en un mélange de fermeté douce et je la force à suivre les consignes. J’y applique toute ma discipline. Elle s’y plie avec quelques grimaces mais sans comédie. Je la félicite, elle se détend un peu même si elle reste scotchée à ma peau comme une petite sangsue. Je discute avec Rebecca qui m’explique qu’elle ne comprend pas ce retournement de situation, qu’elle était si excellente à ses premiers cours et que d’un coup, le blocage complet! Comme Lily est plus détendue, Rebecca essaie de la prendre pour effectuer un exercice, c’est la panique, l’enfant se crispe et s’apprête à rugir. Je reprends mon petit lionceau en main et je la fais nager à la place de la jeune femme. Je soupçonne ma fille d’avoir une petite dent de lait contre la dame! Une jeune femme presque gênée de la réaction de l’enfant et qui ose à peine l’approcher.
La bulle d’innocence commence à se fissurer au contact des autres. Mon petit bébé deviendra fille. J’en déduis que Rebecca sûrement par inadvertance s’est mis ma puce à dos. L’enfant a eu un coup de spleen. La jeune femme n’y est pour rien, elle fait sa job comme il faut. Mais je suppose que si Lily était si bonne durant les premiers cours, elle ne l’aura pas ménagée, elle l’aura peut-être poussée une fois de trop. Lily n’a peut-être même pas compris ce qu’elle ressentait. Elle s’est juste figée tandis que la fissure faisait craqueler sa petite bulle. C’est la vie. En ma qualité de mère je ne peux empêcher l’innocence de se fissurer. Je peux juste surveiller le processus. Être présente.
Ouais c’est pas le tout de pondre un bébé encore faut-il élever la personne qui éclot de l’œuf! Élever l’enfant selon un modèle qui nous sied. Je crains de ne pas élever ma fille dans un modèle courant. Je ne pense pas avoir envie de l’élever selon ce modèle qui consomme et exploite la planète. J’ai le cœur et la tête qui font des heures supplémentaires à réfléchir à leurs fonctions maternelles. Déchirée entre multiples sentiments, je réfléchis. Alors que la neige engloutit tout le paysage, je me laisse accrocher par quelques spleens personnels. Je les combats dans le banc de neige devant chez moi.
Mais j’en reviens à la piscine où nous suivons le dernier cours sans anicroches. M’zelle Soleil accepte de coopérer. Je me vois passer dans un cerceau en plastique avec Lily, rendu là je ne me sens plus à un dévouement prés! Rendu là l’enfant est décontractée. Je la sens même contente d’être là. Elle commence à me montrer ce qu’elle sait faire, je suis fière de la voir patauger sans peur. Je constate qu’en effet lorsqu’elle le décide elle surpasse le niveau de quelques uns de ses camarades! Arrive le temps de recevoir le carnet qui atteste de la participation aux cours et qui donne le droit de passage au niveau suivant. Rebecca m’explique que Lily était bonne et même si elle a passé tous les niveaux, sa performance lors des trois derniers cours ne lui permet pas de passer du stade de tortue au stade de grenouille! Je retiens un certain cynisme. Yep! La vie est ainsi faite. Lily s’en fout comme de l’an quarante, elle est juste contente de recevoir un autocollant et d’être une tortue! Elle a bien raison, elle aura tout le temps de devenir grenouille. Je la félicite. Elle a appris à nager comme un petit chien, à faire la planche, à avancer en battant des pieds, à mettre la tête sous l’eau, c’est assez pour ma satisfaction maternelle! Elle est désormais plus à l’aise dans l’eau et je continuerai personnellement son éducation aquatique cet été. À moins que je ne l’inscrive aux cours du village qui se déroulent quelques matinées par semaine en bord de plage. Ce qui lui permettrait de socialiser et moi de m’isoler pour travailler tranquille. Je pourrais m’installer non loin et reprendre mes habitudes d’écriture sur le sable. C’est à voir.
Je la dépose chez sa grand-mère qui a peine à croire qu’elle n’a pas pleuré de la matinée. Comme je l’ai déjà mentionné, elle ne me fait guère de comédie. Ma mère depuis sa naissance refuse de la discipliner, à elle de s’arranger avec! Comme elle n’a pas à l’élever, cela ne m’inquiète guère, si ma fille décide de faire tourner en bourrique sa mamie, ce n’est pas vraiment mon problème. Au contraire, je trouve cela presque mignon, c’est comme dans les contes où les grand-mères gâteaux sont des havres de plaisir pour les enfants qui doivent filer le reste du temps. Ma grand-mère éteinte s’est retrouvée dans une position où elle a du aussi m’élever mais elle n’en a pas moins été bien gâteau avec ma pomme et c’est sûrement ce qui m’a sauvé le cœur. Cela dit si ma fille passe deux jours de suite chez ma mère, inutile de dire comment je dois serrer la vis au retour! Cela fait partie du jeu j’imagine…
L’autre jour, je suis présente lorsque Lily prend une douche avec ma petite sœur sous le regard gaga de ma mère. L’enfant commence à pousser les limites, s’amuse à ouvrir et fermer les portes, fait la coquine. Au bout de dix minutes, je lui dis que cela suffit. Comme je suis sur place ma mère est dans l’obligation de respecter ma volonté. Elle demande à Lily d’arrêter. La demoiselle éclate alors en pleurs. Je lève les yeux au plafond. L’enfant se réfugie dans les bras de sa tantine qui la console. La grand-mère essaie de la consoler mais l’enfant s’exclame : « Tu m’as fait de la peine Mamie! Ouuuoooiiinnnnn ». J’en reste bouche bée, c’est une première pour moi, je savais pas qu’elle connaissait ce mot et encore moins le concept qui se cachait derrière. Cet enfant me sidère! Je fais mon possible pour ne pas sourire. Je vais voir ailleurs si j’y suis. S’en suit le moment de manger. Je la récupère au vol, elle essaie de se désister mais fermement je l’attrape. Ma mère s’exclame « Alors toi tu peux la disputer et cela ne lui fait pas de peine! ». En effet, avec moi, elle sait les limites à ne pas dépasser et ne s’avise pas d’essayer. J’ai parfois l’impression de jouer à la police mais je me vois dans l’obligation d’utiliser une certaine autorité. Je suis sa mère, depuis sa naissance je me dévoue à son développement, il faut bien que je réussisse quelque part! Je m’en fous d’avoir une maison plus petite que mon « standing », (je m’en fous un peu moins de ne pas aller dans le sud par exemple!), tout ce qui compte c’est que je sois en phase dans ma relation avec ma fille. Et présentement cela roule…
Je constate que le modèle américain n’a pas de guide parental. S’il va de soi pour toutes les choses matérielles que l’on doit posséder. Être un parent compétent n’est pas aussi évident. Les petits monstres sont partout! L’enfant roi règne et se désagrège. La mode est aux émissions qui proposent des doses de réalité parentale dans un monde où les enfants font la loi. Je regarde ces émissions pour mieux comprendre comment ne pas me retrouver dans une telle situation. Au secours! Pas facile d’être un parent compétent de nos jours! Il faut y travailler dur, c’est un emploi du cœur et de l’esprit qui ne rapporte rien d’autre que de la paix et l’harmonie. Des valeurs totalement abstraites. J’ai eu personnellement une enfance comblée sur le plan matériel, je n’ai jamais manqué de rien et j’ai souvent eu plus que la norme. Cependant j’ai connue une enfance émotionnellement rock and roll. Je m’en suis sortie avec quelques séquelles invisibles. Enfin, si l’on devait voir toutes les cicatrices qui se cachent sous nos peaux à l’œil nu combien d’entre nous auraient l’air de frankeinstein? Dans le monde des abstractions humaines l’influence d’un parent est puissante…
Mais je m’égare. Je pose M’zelle Soleil pour sa sieste chez ma mère, je vais faire mes deux heures d’entraînement. Puis je vais chez le docteur faire examiner ce problème intime qui n’est pas grave mais qui demande médication. Au bout de deux heures d’attente à la clinique ma patience commence à s’amenuiser sérieusement. J’en viens à discuter avec mes deux voisines, l’on partage quelques spleens. L’une capitule et finit par s’en aller, égoïstement, je ne peux m’empêcher de penser que cela me fera passer plus rapidement. Dans le coin où je suis, il ne reste plus qu’une dame dans la cinquantaine qui est là depuis aussi longtemps que moi. L’on papote comme des poules dans une basse cour. Elle potine sur les docteurs de la clinique, je m’emporte sur les absurdités humaines! Rendu à sacrer après les milliards que dépense Bush à la guerre, je me dis qu’il est temps de fermer mon clapet. Je divertis la dame qui me dorlote la pomme. Finalement notre tour arrive. La dame est toute contente, c’est son docteur préféré, de celui qu’elle adore et qu’elle m’a raconté les potins, qu’elle a défendu avec verve lorsqu’il m’a un peu énervé à perdre du temps pour aller acheter des chocolats qu’il a offert à une tribu d’enfants. Lorsqu’elle sort de son bureau, elle m’offre un sourire plein de chaleur tout en me tapotant l’épaule. J’entre dans le bureau subtilement sur les nerfs. Déjà que je suis ne suis pas là pour jouer aux billes mais plutôt pour mettre les pieds dans les étriers, je suis un chouïa agacée! Le fameux docteur a une bonne tête, un certain charme. Si je me mets les pieds dans les chaussures de la dame que j’ai rencontrée, je perçois son charme qui au premier abord pourrait m’échapper. Je me fais douce-acide. Nous passons au travers l’expérience physique. Il me prescrit le remède miracle et je peux enfin aller récupérer l’homme et l’enfant!
Je vais chercher l’homme en premier, comme il est passé sept heures, nous décidons d’aller manger à la pyramide non loin de son bureau. Nous arrivons sur le parking complètement plein, tournons un peu en rond pour finalement repérer une femme qui s’apprête à partir, nous la suivons discrètement et attendons. Elle prend tout son temps. Arrive une voiture en face. J’ai un fort pressentiment. Je dis à Juan.
- Fais attention, elle, elle veut te voler ta place…
Il n’y croit pas trop, il me dit que c’est certain qu’elle nous voit et qu’il est évident que nous sommes là les premiers. À peine a-t-il fini de parler que la voiture en question s’engage si vite dans la place qui se libère qu’il en reste sur le c….!
- Tu vois j’tavais dit!!!
- Ben oui…
Je sors de mes gonds en même temps que je sors de l’auto. En flèche. Là c’est trop. Ma coupe commence à déborder. J’invective la dame furieusement tout en essayant de rester un tant soi peu cordiale :
- Oh!oh!Whoooo! Non mais oh! Cela fait dix minutes que l’on est là à attendre, l’on a klaxonné et fait des appels de phares, vous ne pouvez pas nous avoir pas vu!!! Non mais oh! Minute! Y’a quand même une limite de savoir vivre à respecter me semble!!!
La dame sent ma colère vibrer. Elle fait un pas en arrière et d’une petite voix me dit :
- Heu, je vais me reculer alors!
- Oui, c’est une bonne idée! Ne me dites quand même pas que vous nous avez pas vus!!!!
Elle fait mine de ne pas m’entendre et rembarque dans son char. Je suis presque surprise de la puissance de mes nerfs. Je m’exclame en rentrant dans l’auto : « Whooo, je crois que cela fait des années que j’ai pas engueulé quelqu’un de même!!! ». L’homme acquiesce en silence. Je respire profondément.
Le lendemain se lève avec le soleil qui fait une rare apparition entre deux tempêtes. Le temps est doux. Nous sortons faire un tour de banquise avec Lily-Soleil. Manque de bol, la corde de la luge est gelée dans une mare de glace! La petite est à pieds et je ne suis pas disposée à la porter. Nous partons pour une marche santé. Les murs de neige sont bien hauts. Quelques congères se forment, subtil signe de printemps, l’air ne pince pas la peau qui respire enfin. Je réalise à quel point l’hiver nous enferme. J’en profite pour faire à l’enfant une leçon des saisons. Elle sait bien que nous sommes en hiver mais ne sait pas exprimer les autres saisons même si elle en possède le souvenir. Nous arrivons proche du lac. Elle me dit :
- Le lac maman?
- Non pas encore, il faut attendre le printemps. Là c’est encore l’hiver. Mais il est où le lac Lily?
- Zou la neize!!!
- Oui, c’est ça ma puce, pis là tu vois y’a trop de neige on peut même pas s’approcher, il faut attendre que la neige fonde…
Nous rentrons à la maison, M'zelle est fatiguée, je me sens un petit peu ragaillardie. La petite me demande :
- Pourquoi dodo maman?
- Pour te reposer…
- Pas fatiguée!
- Mais oui, tu te frottes tes petits yeux…
- Oh!
Depuis la veille elle toussote un petit peu. Elle se couche sans problème, elle s’endort sagement mais se réveille une petite heure plus tard en toussotant et en se plaignant de sa gorge. Elle me dit :
- J’atchoum maman
- Oui tu tousses, t’as du attraper une petite grippette. Tu l’as attrapé où don’ cette petite grippe?
- Ben deyors!!!
De plus en plus elle me répond dans le contexte, de plus en plus nous conversons, c’est une bonne sensation. M’zelle Soleil se définit joliment. Elle me fait du bien. Elle me permet de m’accomplir dans ce rôle de maman. Un rôle que j’apprécie pleinement pour l'avoir attendu durant de longues années…
mercredi, mars 05, 2008
Journée de tempête…
Journée de tempête…
Moins 22 degrés dans des vents à décorner les boeufs, une visibilité réduite et toute une panoplie de précipitations pour agrémenter le jour. La matinée a commencé avec une épaisse poudrerie qui a évolué en une pluie verglaçante sur le coup de dix heures, ceci n'a pas duré, la pluie s'est rapidement transformée en un joyeux grésil. Plusieurs heures de ce régime ont passé pour que reviennent de gros flocons qui épaississent maintenant l’atmosphère en pleine révolte…
Les conditions sont si difficiles que toutes les écoles sont fermées. Même l’université a suspendu ses activités pour la journée. Juan est à la maison. À la douceur de notre cocon M’zelle Soleil est aux anges, c’est à peine si elle remarque le mauvais temps qui se déchaîne derrière les fenêtres. Il faut dire que si ce n'est de quelques violentes rafales pour remuer le paysage, tout est bien silencieux. Sauf lorsque j'ouvre la porte durant les heures de grésil pour laisser sortir Chanelle qui trépigne. La grêle qui remplit le jour crée un bruit inusité me fait lever l'oreille. La chienne fait dix mètres avant de revenir la queue basse devant la porte que j'ouvre de nouveau. Les rafales sont glaciales et l'atmosphère crépite. Un temps fou à ne pas mettre un chien dehors!
La musique de Pascale Picard fait oublier les rafales qui nous enferment. Nous en profitons pour faire un bon ménage de fond. J’en profite pour réorganiser le salon et faire virer le sapin de Noël! M’zelle Soleil est moins d’accord avec ce principe, elle minaude un peu. Mais bon, cela fait si longtemps que Noël est passé qu’elle sait pertinemment que le Père Noël fait dodo avec les lutins au Pôle Nord! En fait, personne n’est vraiment triste de voir s’éteindre les lumières colorées, enfin, si, Lily ressent une petite mélancolie qui passe vite au milieu de bordel monstre que je génère. L’homme soupire de soulagement. J’en appelle à Shni mon petit génie de ménage pour m’aider à la tâche. La minuscule créature me sourit du haut de l'étagère. Tout son petit être rayonne. Shni m'inspire un air de propre avant de disparaitre en un pouf de poussière. Après avoir viré le salon à l’envers, salon qui sert aussi de salle de jeu à l’enfant de maison, je me rends à l'évidence. Un brin résignée, c'est avec amour que je réorganise son coin enfantin. Je range et je trie ses choses. Je capitule devant le fait accompli. La salle de jeu a englouti une bonne partie de cette petite pièce qui héberge aussi mon coin bureau! De salon, il ne me reste que le coin sofa (où somnole un chat) devant la télévision! M'zelle Soleil assaisonne le décor d’une bonne dose de saveur familiale, j’en perds mon « design » initial! Je lui arrange un petit bureau à coté du mien, son coin évolue au même rythme qu’elle grandit. Un jour viendra où nous arriverons à rénover l'étage sous nos pieds, ce jour là, je retrouverai un salon à mon essence personnelle. En attendant, il abordera ce petit air de foire d'enfance...
La petite fait sa sieste, l’homme travaille sur son portable, dehors la tempête faite rage. Notre maison de galets est une antre réconfortante qui nous protège des rigueurs de l’hiver. Un hiver intense qui se plait à nous enneiger la face! Cette année est ponctuée de records. Dans notre coin, c’est tout simplement hallucinant comment les maisons disparaissent derrière des blanches montagnes. Il y a tant de neige que la ville de Québec ne sait plus quoi en faire! Les dépôts à neige sont pleins à craquer. Aux nouvelles du mois dernier, un fait inusité, une avalanche dans l’un des dépôts a failli emporter quelques hommes! Il faut prendre des mesures d’urgence, la ville ne sait plus où donner de la tête.
Certains prédisent qu’il faudra arriver au mois d’août pour voir fondre toute trace d'hiver. Vu les quantités accumulées, je veux bien les croire! L’on ne compte plus les tempêtes qui nous ensevelissent, les semaines où il « neigeouille » durant des jours, Juan sacre de plus en plus, il a déjà cassé quatre pelles à la tâche! Que je sois dans ma chambre, dans la cuisine où à la salle de bain, tout ce que je vois dès que je jette un regard par mes fenêtres sont d'imposants monticules blancs! Et même si l’on arrive au terme de la saison, ce n’est pas encore fini, on a pas fini d'en manger. La preuve, le mois de mars démarre sur des chapeaux de roues…
"En général, le grésil se forme avec un système météorologique synoptique (une dépression) où de l'air doux surmonte une épaisse couche froide près du sol. La neige qui tombe dans la masse d'air au-dessus du point de congélation va fondre. Cependant, en repassant dans la couche froide, les gouttes regèlent en granules. On obtient alors des granules translucides qui rebondissent sur toute surface où ils tombent. Le grésil est généralement une période transitoire entre la neige et la pluie verglaçante. (source)"
Moins 22 degrés dans des vents à décorner les boeufs, une visibilité réduite et toute une panoplie de précipitations pour agrémenter le jour. La matinée a commencé avec une épaisse poudrerie qui a évolué en une pluie verglaçante sur le coup de dix heures, ceci n'a pas duré, la pluie s'est rapidement transformée en un joyeux grésil. Plusieurs heures de ce régime ont passé pour que reviennent de gros flocons qui épaississent maintenant l’atmosphère en pleine révolte…
Les conditions sont si difficiles que toutes les écoles sont fermées. Même l’université a suspendu ses activités pour la journée. Juan est à la maison. À la douceur de notre cocon M’zelle Soleil est aux anges, c’est à peine si elle remarque le mauvais temps qui se déchaîne derrière les fenêtres. Il faut dire que si ce n'est de quelques violentes rafales pour remuer le paysage, tout est bien silencieux. Sauf lorsque j'ouvre la porte durant les heures de grésil pour laisser sortir Chanelle qui trépigne. La grêle qui remplit le jour crée un bruit inusité me fait lever l'oreille. La chienne fait dix mètres avant de revenir la queue basse devant la porte que j'ouvre de nouveau. Les rafales sont glaciales et l'atmosphère crépite. Un temps fou à ne pas mettre un chien dehors!
La musique de Pascale Picard fait oublier les rafales qui nous enferment. Nous en profitons pour faire un bon ménage de fond. J’en profite pour réorganiser le salon et faire virer le sapin de Noël! M’zelle Soleil est moins d’accord avec ce principe, elle minaude un peu. Mais bon, cela fait si longtemps que Noël est passé qu’elle sait pertinemment que le Père Noël fait dodo avec les lutins au Pôle Nord! En fait, personne n’est vraiment triste de voir s’éteindre les lumières colorées, enfin, si, Lily ressent une petite mélancolie qui passe vite au milieu de bordel monstre que je génère. L’homme soupire de soulagement. J’en appelle à Shni mon petit génie de ménage pour m’aider à la tâche. La minuscule créature me sourit du haut de l'étagère. Tout son petit être rayonne. Shni m'inspire un air de propre avant de disparaitre en un pouf de poussière. Après avoir viré le salon à l’envers, salon qui sert aussi de salle de jeu à l’enfant de maison, je me rends à l'évidence. Un brin résignée, c'est avec amour que je réorganise son coin enfantin. Je range et je trie ses choses. Je capitule devant le fait accompli. La salle de jeu a englouti une bonne partie de cette petite pièce qui héberge aussi mon coin bureau! De salon, il ne me reste que le coin sofa (où somnole un chat) devant la télévision! M'zelle Soleil assaisonne le décor d’une bonne dose de saveur familiale, j’en perds mon « design » initial! Je lui arrange un petit bureau à coté du mien, son coin évolue au même rythme qu’elle grandit. Un jour viendra où nous arriverons à rénover l'étage sous nos pieds, ce jour là, je retrouverai un salon à mon essence personnelle. En attendant, il abordera ce petit air de foire d'enfance...
La petite fait sa sieste, l’homme travaille sur son portable, dehors la tempête faite rage. Notre maison de galets est une antre réconfortante qui nous protège des rigueurs de l’hiver. Un hiver intense qui se plait à nous enneiger la face! Cette année est ponctuée de records. Dans notre coin, c’est tout simplement hallucinant comment les maisons disparaissent derrière des blanches montagnes. Il y a tant de neige que la ville de Québec ne sait plus quoi en faire! Les dépôts à neige sont pleins à craquer. Aux nouvelles du mois dernier, un fait inusité, une avalanche dans l’un des dépôts a failli emporter quelques hommes! Il faut prendre des mesures d’urgence, la ville ne sait plus où donner de la tête.
Certains prédisent qu’il faudra arriver au mois d’août pour voir fondre toute trace d'hiver. Vu les quantités accumulées, je veux bien les croire! L’on ne compte plus les tempêtes qui nous ensevelissent, les semaines où il « neigeouille » durant des jours, Juan sacre de plus en plus, il a déjà cassé quatre pelles à la tâche! Que je sois dans ma chambre, dans la cuisine où à la salle de bain, tout ce que je vois dès que je jette un regard par mes fenêtres sont d'imposants monticules blancs! Et même si l’on arrive au terme de la saison, ce n’est pas encore fini, on a pas fini d'en manger. La preuve, le mois de mars démarre sur des chapeaux de roues…
"En général, le grésil se forme avec un système météorologique synoptique (une dépression) où de l'air doux surmonte une épaisse couche froide près du sol. La neige qui tombe dans la masse d'air au-dessus du point de congélation va fondre. Cependant, en repassant dans la couche froide, les gouttes regèlent en granules. On obtient alors des granules translucides qui rebondissent sur toute surface où ils tombent. Le grésil est généralement une période transitoire entre la neige et la pluie verglaçante. (source)"
mardi, mars 04, 2008
Zestes de vie
Zestes de vie
Le couple que nous étions est devenu une cellule familiale. Nous sommes désormais rodés à cette dynamique parentale qui nous entraine les jours. Nous avons adopté un nouveau style de vie. Le temps n’est plus réparti de la même façon. Les fins de semaines sont maintenant l’occasion de nous retrouver tous les trois, de faire une activité avec l'enfant, les fins de semaines passent toujours à la vitesse de la lumière. Nos instants de couple, plus rares, sont plus précieux qu’auparavant. Nos moments ensemble, tous les trois, sont bourrés de simples bonheurs. Toutes ces sensations familiales me sont nouvelles, je n'avais jamais rien connu de tel.
L’enfant rythme mes cadences personnelles. J'essaie de trouver un équilibre intérieur mais pour l'instant dans la balance de ma vie, c'est la maman qui gagne. La femme cachée sous ma peau prend du recul, elle se fait plus légère, elle s'entraine, elle essaie de se faufiler dans les trous maternels pour affirmer son existence. Elle s'installe de nouvelles routines. Elle combat le spleen. Les fins de semaines sont aussi l’occasion de voir des amis, de se faire une bouffe, de prendre le pouls d'autres quotidiens. M’Zelle Soleil aime bien lorsque l’on reçoit les amis qu'elle charme avec brio, elle en fait toujours une fête mais ce qu’elle préfère par dessus tout c’est lorsque son ado de tante vient passer quelques jours à la maison.
Nous avons passé la fin de semaine dernière en compagnie de mon ado de sœur. Elle est presque femme ma toute petite sœur qui n’était guère plus grande de Lily il n'y a de cela pas si longtemps! Lily-Soleil adore sa tante qui parle "l’Évangile". Clo a quinze ans et tout ce qui sort de sa bouche vaut de l’or pour Lily. Tout comme lorsque Clo était petite fille, elle me regardait avec des grands yeux emplis de pure affection, ma petite puce de maison est en pleine adoration devant sa tante si cool. C’est craquant de les voir toutes les deux. Cela m’émeut. C’est le cycle des générations en pleine action.
Cette fin de semaine, accompagnée de Clo, nous sommes allés voir Persépolis au cinéma. C’est vraiment un très bon film d’animation. Même si je suis pas une adepte du genre je ne me suis aucunement ennuyée. Je n’ai pas rit avec la salle qui s'est esclaffée à plusieurs reprises. Je n’arrive pas à rire des déboires de la femme muselée sous une doctrine voilée qui l’enferme en un vase clos! C’était un petit film de grande qualité empreint d’une belle humanité. J’ai été touchée de plein cœur mais je n'ai pas été amusée. J’ai beaucoup aimé découvrir cette perspective de l’Iran, cette vision si libre et féminine d’un pays qui m’irrite plus qu’il ne m’attire. La grand-mère en cette histoire m’a un peu retournée le cœur. J’ai pleuré avec l’arrivée du générique. Ma propre mère-Grand me manque tant. Je l'ai un peu retrouvée entre deux réflexions. J'ai ressenti la peine de Marjane qui a fait le choix de sa liberté. J’ai essuyé mes larmes dans le noir avant que ne se rallume la salle. Je suis sortie de là un peu chamboulée mais j’ai adoré l’expérience qui m'a remué les sens.
Je ne peux que lever mon chapeau à Marjane Satrapi qui est l'héroïne vivante de ce film animé, elle est de ces femmes que j’admire profondément, de ces femmes qui me font sentir fière d’être femme...
De retour en nos pénates, le lendemain, nous avons emmené Clo et la petite voisine Rafifi faire un tour de palais d'hiver. M'Zelle Soleil adore la glissade longue de soixante dix pieds et toute faite de glace. Une glissade qui alterne ses couleurs à la nuit tombée et qui fait le bonheur des petits et des grands. Je profite de nos excursions familiales pour travailler à mes photos givrées. J'accroche différentes atmosphères de glace. M'zelle Soleil est rendue une habituée de la place. Elle se doit d'aller au moins une fois aux toilettes lorsque nous y allons nous promener. Non, non, les toilettes ne sont pas faites en glace! Mais elles sont bien cachées en un bâtiment mobile, recouvert de neige, qui sert aussi de vestiaire pour les clients du soir qui profitent du spa ou du sauna. M'zelle Soleil en profite pour faire son petit show bambin et faire rougir quelques passants venus se soulager dans une douce chaleur. Elle est assez marrante pour récolter des sourires à la pelle! Je la laisse se débrouiller avec son père tandis que j'apprécie l'ambiance particulière qui se dégage de cet étonnant palais.
L'on se rejoint autour de la glissade. Juan ne sature pas aussi facilement que les autres années. Il se laisse porter par la magie environnante. Il reste encore un gros mois de vie à cet endroit surréaliste. Nous arrivons au bout de la saison. Clo suit la course des fillettes qui s'amusent de bon coeur. On les regarde s'éclater et Juan s'exclame:
- C'est fou comment le bonheur des enfants peut faire le bonheur des adultes!
- Yep, c'est une sensation pas mal puissante mais faut dire que c'est quand même une place féérique...
Le couple que nous étions est devenu une cellule familiale. Nous sommes désormais rodés à cette dynamique parentale qui nous entraine les jours. Nous avons adopté un nouveau style de vie. Le temps n’est plus réparti de la même façon. Les fins de semaines sont maintenant l’occasion de nous retrouver tous les trois, de faire une activité avec l'enfant, les fins de semaines passent toujours à la vitesse de la lumière. Nos instants de couple, plus rares, sont plus précieux qu’auparavant. Nos moments ensemble, tous les trois, sont bourrés de simples bonheurs. Toutes ces sensations familiales me sont nouvelles, je n'avais jamais rien connu de tel.
L’enfant rythme mes cadences personnelles. J'essaie de trouver un équilibre intérieur mais pour l'instant dans la balance de ma vie, c'est la maman qui gagne. La femme cachée sous ma peau prend du recul, elle se fait plus légère, elle s'entraine, elle essaie de se faufiler dans les trous maternels pour affirmer son existence. Elle s'installe de nouvelles routines. Elle combat le spleen. Les fins de semaines sont aussi l’occasion de voir des amis, de se faire une bouffe, de prendre le pouls d'autres quotidiens. M’Zelle Soleil aime bien lorsque l’on reçoit les amis qu'elle charme avec brio, elle en fait toujours une fête mais ce qu’elle préfère par dessus tout c’est lorsque son ado de tante vient passer quelques jours à la maison.
Nous avons passé la fin de semaine dernière en compagnie de mon ado de sœur. Elle est presque femme ma toute petite sœur qui n’était guère plus grande de Lily il n'y a de cela pas si longtemps! Lily-Soleil adore sa tante qui parle "l’Évangile". Clo a quinze ans et tout ce qui sort de sa bouche vaut de l’or pour Lily. Tout comme lorsque Clo était petite fille, elle me regardait avec des grands yeux emplis de pure affection, ma petite puce de maison est en pleine adoration devant sa tante si cool. C’est craquant de les voir toutes les deux. Cela m’émeut. C’est le cycle des générations en pleine action.
Cette fin de semaine, accompagnée de Clo, nous sommes allés voir Persépolis au cinéma. C’est vraiment un très bon film d’animation. Même si je suis pas une adepte du genre je ne me suis aucunement ennuyée. Je n’ai pas rit avec la salle qui s'est esclaffée à plusieurs reprises. Je n’arrive pas à rire des déboires de la femme muselée sous une doctrine voilée qui l’enferme en un vase clos! C’était un petit film de grande qualité empreint d’une belle humanité. J’ai été touchée de plein cœur mais je n'ai pas été amusée. J’ai beaucoup aimé découvrir cette perspective de l’Iran, cette vision si libre et féminine d’un pays qui m’irrite plus qu’il ne m’attire. La grand-mère en cette histoire m’a un peu retournée le cœur. J’ai pleuré avec l’arrivée du générique. Ma propre mère-Grand me manque tant. Je l'ai un peu retrouvée entre deux réflexions. J'ai ressenti la peine de Marjane qui a fait le choix de sa liberté. J’ai essuyé mes larmes dans le noir avant que ne se rallume la salle. Je suis sortie de là un peu chamboulée mais j’ai adoré l’expérience qui m'a remué les sens.
Je ne peux que lever mon chapeau à Marjane Satrapi qui est l'héroïne vivante de ce film animé, elle est de ces femmes que j’admire profondément, de ces femmes qui me font sentir fière d’être femme...
De retour en nos pénates, le lendemain, nous avons emmené Clo et la petite voisine Rafifi faire un tour de palais d'hiver. M'Zelle Soleil adore la glissade longue de soixante dix pieds et toute faite de glace. Une glissade qui alterne ses couleurs à la nuit tombée et qui fait le bonheur des petits et des grands. Je profite de nos excursions familiales pour travailler à mes photos givrées. J'accroche différentes atmosphères de glace. M'zelle Soleil est rendue une habituée de la place. Elle se doit d'aller au moins une fois aux toilettes lorsque nous y allons nous promener. Non, non, les toilettes ne sont pas faites en glace! Mais elles sont bien cachées en un bâtiment mobile, recouvert de neige, qui sert aussi de vestiaire pour les clients du soir qui profitent du spa ou du sauna. M'zelle Soleil en profite pour faire son petit show bambin et faire rougir quelques passants venus se soulager dans une douce chaleur. Elle est assez marrante pour récolter des sourires à la pelle! Je la laisse se débrouiller avec son père tandis que j'apprécie l'ambiance particulière qui se dégage de cet étonnant palais.
L'on se rejoint autour de la glissade. Juan ne sature pas aussi facilement que les autres années. Il se laisse porter par la magie environnante. Il reste encore un gros mois de vie à cet endroit surréaliste. Nous arrivons au bout de la saison. Clo suit la course des fillettes qui s'amusent de bon coeur. On les regarde s'éclater et Juan s'exclame:
- C'est fou comment le bonheur des enfants peut faire le bonheur des adultes!
- Yep, c'est une sensation pas mal puissante mais faut dire que c'est quand même une place féérique...
lundi, mars 03, 2008
Tourbillon mental
Tourbillon mental
Cette année l’hiver est sévère, il nous enterre sous d'innombrables couches de neige, il affirme sa puissance. Les prévisions de la semaine à venir? Aujourd'hui un zeste de pluie verglaçante, mercredi une tempête! Hier, Juan a déneigé le toit. Résultat, je ne vois plus par mes fenêtres que des bancs de neige! La maison est engloutie sous l’hiver en poudre qui nous blanchit. Si la saison m’enlève en un désert d’une blancheur immaculé, il n’en parvient pas moins à me faire suer. Heureusement qu’il y a ce palais de glace pour m’émerveiller les sens engourdis…
Je déteste l’idée de vivre dans la peur. Pourtant il arrive que la peur s'insère en mon coeur et me fasse tourner en bourrique givrée. Ainsi j’avais dans l’idée de commencer ma dernière chronique d'enfance avec ce vidéo que j’avais préalablement mis en ligne. Mais ce petit commentaire posé peu de temps après m’a autant énervée qu’inquiétée : « Est cute ta petite princesse, fait juste attention au P… Qui sircule sur le net stp. »
Là je vais voir sur le compte du bonhomme, un bonhomme bien flou en son profil et j'en viens à me demander si ce n'est pas les pé… en personne qui laissent ce genre de commentaire? Je ne crois pas qu’il vient ce genre de pensées aux gens dotés d’un esprit sain. Tout cela me trouble. Déjà que l'hiver me donne une petite allergie informatique, voilà de quoi me faire tanguer les émotions! Mon esprit commence à rouler, rouler, rouler…
La mère poule en moi se réveille, elle continue de me faire tourbillonner les idées. D’un coté il y a cette volonté personnelle de défier la peur et de l’autre il y a la peur qui chuchote ses menaces de danger. Cela m’énerve profondément. J’aime me laisser inspirer par mon petit bout de fille, j’aime aussi l’idée de documenter sa petite enfance, cultiver de mes mots ces instants précieux. J’aime l’idée de partager sa lumière. Il y a tant de noirceurs humaines qui s'étalent en toute impunité, pourquoi ne pas cultiver nos lumières pour mieux contrer les désespoirs de notre espèce?
Pour en avoir eu des échos, je sais que M’zelle Soleil éclaire le cœur de plusieurs lecteurs qui s’attachent à elle et qui ne lui souhaite que du bien. Je ne vois pas en quoi ceci pourrait être condamnable. Au contraire je trouve cela plutôt émouvant. Mais il y a la peur qui fait voir les ombres, des ombres pour assombrir mes pensées claires. En mon fort intérieur, je refuse de m’empêcher de vivre comme j’en ai envie simplement parce-qu’il existe des esprits pervers sur Terre. De plus, la plupart des recherches qui aboutissent chez moi sont des plus inoffensives. Elles me font régulièrement sourire et jamais frissonner. Quelques exemples types :
- Ils se rencontrèrent un peu par hasard, au détour d'un message égaré comme on jette une bouteille à la mer.
- Dans les couloirs de neige pour essayer d’attraper quelques images gelées.
- Mon esprit est saturé j'ai besoin d'air
- Écriture personnelle sur l'amour
Il y a parfois quelques égarés de ce genre mais ceux-ci sont très rares. C’est aussi pour ne pas nourrir les moteurs de recherches de ceux qui n'ont rien à faire chez moi que je m’arrange consciemment pour ne pas utiliser (ou le moins possible) certains termes plus crus ou tendancieux qui pourraient porter à confusion et mener quelques prédateurs en ma direction. On n'est jamais à l'abri mais l'on peut quand même faire attention. De même lorsque je m’érotise les mots, je m’arrange pour que ne point vulgariser afin de ne pas attirer des individus indésirables en cet endroit où j'utilise ma vie comme laboratoire. Même s'il m'arrive d'être plus laxiste de temps à autres, avec les années, je me suis instaurée une certaine censure en ce qui concerne certains termes ou tournures. C’est une façon de me protéger.
Ma maîtrise des mots me permet une bonne liberté d'action et je n’ai pas l’impression de mettre ma bulle quotidienne en danger. Je cultive le flou lorsqu’il s’agit de données personnelles pour cette même raison. Je suis tout à fait consciente des dangers de la Toile. Je suis plus lucide que naïve. Je vais parfois me promener dans des quartiers malfamés. Je ne suis pas non plus une poule blanche. Mais pour ce qui est de mon jardin virtuel, j’apprécie une certaine sécurité. Je pense que ma formule est efficace puisque qu’après plusieurs années d’existence virtuelle je ne me suis jamais sentie réellement menacée. J’y ai plutôt fait de belles rencontres et j'y trouve une beauté humaine qui me touche l’âme en peine.
Cependant avec M’zelle Soleil qui grandit, la mère poule qui s’installe dans ma tête questionne ma formule de base. Mon esprit roule, cahute, bloque, débloque. J’en viens à me demander si je ne devrais pas arrêter tout net d’écrire autour de ma fille, arrêter de la partager publiquement, arrêter de me laisser charmer par son image. Je tourne en rond de glace. Il y a l’essence de moi-même qui se chamaille avec l’angle maternel de ma pomme. Les deux poulettes se bataillent en ma tête. L’équilibre se rompt et je bloque mes mots! L’angoisse se faufile par la brèche. La volonté de ne pas céder à la peur l’emporte. L'amour est un sacré carburant, petit à petit le brouillon du dernier billet publié se travaille en mes coulisses de Toile. Une nouvelle chronique prend forme et je chasse la peur pour laisser passer quelques rayons de lumière par la fenêtre de mes mots illustrés. Mon esprit, par exemple, n'en finit plus de cogiter...
Cette année l’hiver est sévère, il nous enterre sous d'innombrables couches de neige, il affirme sa puissance. Les prévisions de la semaine à venir? Aujourd'hui un zeste de pluie verglaçante, mercredi une tempête! Hier, Juan a déneigé le toit. Résultat, je ne vois plus par mes fenêtres que des bancs de neige! La maison est engloutie sous l’hiver en poudre qui nous blanchit. Si la saison m’enlève en un désert d’une blancheur immaculé, il n’en parvient pas moins à me faire suer. Heureusement qu’il y a ce palais de glace pour m’émerveiller les sens engourdis…
Je déteste l’idée de vivre dans la peur. Pourtant il arrive que la peur s'insère en mon coeur et me fasse tourner en bourrique givrée. Ainsi j’avais dans l’idée de commencer ma dernière chronique d'enfance avec ce vidéo que j’avais préalablement mis en ligne. Mais ce petit commentaire posé peu de temps après m’a autant énervée qu’inquiétée : « Est cute ta petite princesse, fait juste attention au P… Qui sircule sur le net stp. »
Là je vais voir sur le compte du bonhomme, un bonhomme bien flou en son profil et j'en viens à me demander si ce n'est pas les pé… en personne qui laissent ce genre de commentaire? Je ne crois pas qu’il vient ce genre de pensées aux gens dotés d’un esprit sain. Tout cela me trouble. Déjà que l'hiver me donne une petite allergie informatique, voilà de quoi me faire tanguer les émotions! Mon esprit commence à rouler, rouler, rouler…
La mère poule en moi se réveille, elle continue de me faire tourbillonner les idées. D’un coté il y a cette volonté personnelle de défier la peur et de l’autre il y a la peur qui chuchote ses menaces de danger. Cela m’énerve profondément. J’aime me laisser inspirer par mon petit bout de fille, j’aime aussi l’idée de documenter sa petite enfance, cultiver de mes mots ces instants précieux. J’aime l’idée de partager sa lumière. Il y a tant de noirceurs humaines qui s'étalent en toute impunité, pourquoi ne pas cultiver nos lumières pour mieux contrer les désespoirs de notre espèce?
Pour en avoir eu des échos, je sais que M’zelle Soleil éclaire le cœur de plusieurs lecteurs qui s’attachent à elle et qui ne lui souhaite que du bien. Je ne vois pas en quoi ceci pourrait être condamnable. Au contraire je trouve cela plutôt émouvant. Mais il y a la peur qui fait voir les ombres, des ombres pour assombrir mes pensées claires. En mon fort intérieur, je refuse de m’empêcher de vivre comme j’en ai envie simplement parce-qu’il existe des esprits pervers sur Terre. De plus, la plupart des recherches qui aboutissent chez moi sont des plus inoffensives. Elles me font régulièrement sourire et jamais frissonner. Quelques exemples types :
- Ils se rencontrèrent un peu par hasard, au détour d'un message égaré comme on jette une bouteille à la mer.
- Dans les couloirs de neige pour essayer d’attraper quelques images gelées.
- Mon esprit est saturé j'ai besoin d'air
- Écriture personnelle sur l'amour
Il y a parfois quelques égarés de ce genre mais ceux-ci sont très rares. C’est aussi pour ne pas nourrir les moteurs de recherches de ceux qui n'ont rien à faire chez moi que je m’arrange consciemment pour ne pas utiliser (ou le moins possible) certains termes plus crus ou tendancieux qui pourraient porter à confusion et mener quelques prédateurs en ma direction. On n'est jamais à l'abri mais l'on peut quand même faire attention. De même lorsque je m’érotise les mots, je m’arrange pour que ne point vulgariser afin de ne pas attirer des individus indésirables en cet endroit où j'utilise ma vie comme laboratoire. Même s'il m'arrive d'être plus laxiste de temps à autres, avec les années, je me suis instaurée une certaine censure en ce qui concerne certains termes ou tournures. C’est une façon de me protéger.
Ma maîtrise des mots me permet une bonne liberté d'action et je n’ai pas l’impression de mettre ma bulle quotidienne en danger. Je cultive le flou lorsqu’il s’agit de données personnelles pour cette même raison. Je suis tout à fait consciente des dangers de la Toile. Je suis plus lucide que naïve. Je vais parfois me promener dans des quartiers malfamés. Je ne suis pas non plus une poule blanche. Mais pour ce qui est de mon jardin virtuel, j’apprécie une certaine sécurité. Je pense que ma formule est efficace puisque qu’après plusieurs années d’existence virtuelle je ne me suis jamais sentie réellement menacée. J’y ai plutôt fait de belles rencontres et j'y trouve une beauté humaine qui me touche l’âme en peine.
Cependant avec M’zelle Soleil qui grandit, la mère poule qui s’installe dans ma tête questionne ma formule de base. Mon esprit roule, cahute, bloque, débloque. J’en viens à me demander si je ne devrais pas arrêter tout net d’écrire autour de ma fille, arrêter de la partager publiquement, arrêter de me laisser charmer par son image. Je tourne en rond de glace. Il y a l’essence de moi-même qui se chamaille avec l’angle maternel de ma pomme. Les deux poulettes se bataillent en ma tête. L’équilibre se rompt et je bloque mes mots! L’angoisse se faufile par la brèche. La volonté de ne pas céder à la peur l’emporte. L'amour est un sacré carburant, petit à petit le brouillon du dernier billet publié se travaille en mes coulisses de Toile. Une nouvelle chronique prend forme et je chasse la peur pour laisser passer quelques rayons de lumière par la fenêtre de mes mots illustrés. Mon esprit, par exemple, n'en finit plus de cogiter...