Pour commémorer le jour, un bond dans le passé
Souvenirs de ma tarte fétiche! Cette année pas de grosse célébration en notre maison, l'année prochaine Lily-Soleil sera de la fête. Nous y veillerons. Cette année sa vieille mère est trop "maganée" pour l'entrainer dans la ronde des potirons et des bonbons. Cette nuit, sa vieille mère ira "magasiner" chez les sorcières un elixir imaginaire qui l'aidera à retrouver jeunesse, beauté et santé. En attendant l'année prochaine...
mardi, octobre 31, 2006
...
Un bambin chéri à surveiller entre deux poussées de fièvre. Un bambin espiègle qui fait naitre des sourires sereins malgré les pensées obscures. Un moral à porter à bouts d’aspirations et de courage. Accepter les difficultés, surmonter les épreuves, dépasser les douleurs. La raison et le repos font bon ménage pour essouffler ces fatigues qui menacent l'humeur en danger. Ma panacée se compose d'une bonne dose d'amour, d'onces d'espoir et de zestes de ténacité. Lorsque je serais enfin guérie de toutes ces niaiseries qui m’affaiblissent, j’espère être meilleure.
Chacun doit affronter les obstacles qui jonchent les chemins de sa destinée. Les expériences sont différentes, les sensations sont parallèles, qui n’a pas sa croix à porter? Certains jours, elle semble juste un peu plus lourde que d'autres. Ainsi va la vie…
Lorsque la matinée débute dans un dégoulis de morve, lorsque c'est le party des bronches enflammées, party rythmé par une toux d'enfer, on se dit quand même que cela tombe bien: "Aujourd'hui c'est Halloween!!!" Un bon temps pour combattre les monstres de tous acabits...
Joyeux Halloween gentes gens,
lorsque sonnera minuit les sorcières seront aussi de la fête,
accrochez-vous bien au fond de votre lit...
lorsque sonnera minuit les sorcières seront aussi de la fête,
accrochez-vous bien au fond de votre lit...
jeudi, octobre 26, 2006
mercredi, octobre 25, 2006
Urbaine
Downtown
Je suis dans la fourmilière humaine. Petite chose parmi des millions d’autres. Je ne suis qu’une poussière de vie dans la cohue urbaine.
De nature contemplative, je scrute, je dissèque, je note, je sonde, j’évalue, j’extrapole, j’espionne, je dévisage, j’imagine cet autre qui me frôle. Chaque individu que je croise est une interrogation en puissance.
Je vois le malheureux dans la rue qui dort sous une vieille couverture entre deux cartons sales. Je remarque la femme, coquette, qui se dépêche je ne sais où. Je regarde le travailleur impassible, l’homme en costume cravate, le touriste ahuri…
C’est ici, en cette ville, au fil de plusieurs quartiers que les graines de ma féminité ont été plantées. Je reviens à ce terroir urbain où s’est construit une partie de moi. Anonyme dans les airs, je souris de bien-être. Je possède en ma chair le calme de la forêt. J’ai le sang qui vibre de clarté au milieu de cette agitation permanente. Des vagues de souvenirs me submergent. Je suis aussi, ici, chez moi.
Ma Montréalité en dormance s’éveille. Sortie d’un long sommeil, elle baille et s’étire. Je retrouve mes marques citadines. La ville enivre. Légère comme une bulle, libre comme l’air, je flotte, immobile…
Plongée dans la rumeur citadine, j’écris ces mots du haut d’un balcon surplombant le centre ville. Du seizième étage mes mots s’envolent dans la pollution. Je respire la densité de l’air, des bouffées de civilisation me dépaysent les poumons. Presque fébrile, je revis mes premiers émois urbains. Émois qui remontent du fin fond de mon adolescence, lorsque je débarquai de ma cambrousse jurassienne, pour atterrir au 21ième étage d’une tour du centre ville. Sensations de vertiges…
J’avais oublié le bourdonnement constant, ce brouhaha incessant qui m’enveloppe l’être perché. J’avais oublié l’ivresse des hauteurs. Se tenir au dessus du vide, tout en haut d’un building. Envol. La ville grouille sous mes pieds. Les grattes ciels me font de l’œil. J’observe les reflets de la ville dans la surface miroir de celui qui me fait face. Distorsions de réels.
En dessous de moi, le vacarme de cette énorme artère montréalaise pompe l’énergie urbaine qui n’en finit plus de s’écouler. La clameur ambiante est composée de centaines de moteurs, de bruits de freins pressés, de sirènes bruyantes et de klaxons énervés. Comment ai-je jamais pu vivre dans un tel boucan?
Je suis dans la fourmilière humaine. Petite chose parmi des millions d’autres. Je ne suis qu’une poussière de vie dans la cohue urbaine.
De nature contemplative, je scrute, je dissèque, je note, je sonde, j’évalue, j’extrapole, j’espionne, je dévisage, j’imagine cet autre qui me frôle. Chaque individu que je croise est une interrogation en puissance.
Je vois le malheureux dans la rue qui dort sous une vieille couverture entre deux cartons sales. Je remarque la femme, coquette, qui se dépêche je ne sais où. Je regarde le travailleur impassible, l’homme en costume cravate, le touriste ahuri…
C’est ici, en cette ville, au fil de plusieurs quartiers que les graines de ma féminité ont été plantées. Je reviens à ce terroir urbain où s’est construit une partie de moi. Anonyme dans les airs, je souris de bien-être. Je possède en ma chair le calme de la forêt. J’ai le sang qui vibre de clarté au milieu de cette agitation permanente. Des vagues de souvenirs me submergent. Je suis aussi, ici, chez moi.
Ma Montréalité en dormance s’éveille. Sortie d’un long sommeil, elle baille et s’étire. Je retrouve mes marques citadines. La ville enivre. Légère comme une bulle, libre comme l’air, je flotte, immobile…
Plongée dans la rumeur citadine, j’écris ces mots du haut d’un balcon surplombant le centre ville. Du seizième étage mes mots s’envolent dans la pollution. Je respire la densité de l’air, des bouffées de civilisation me dépaysent les poumons. Presque fébrile, je revis mes premiers émois urbains. Émois qui remontent du fin fond de mon adolescence, lorsque je débarquai de ma cambrousse jurassienne, pour atterrir au 21ième étage d’une tour du centre ville. Sensations de vertiges…
J’avais oublié le bourdonnement constant, ce brouhaha incessant qui m’enveloppe l’être perché. J’avais oublié l’ivresse des hauteurs. Se tenir au dessus du vide, tout en haut d’un building. Envol. La ville grouille sous mes pieds. Les grattes ciels me font de l’œil. J’observe les reflets de la ville dans la surface miroir de celui qui me fait face. Distorsions de réels.
En dessous de moi, le vacarme de cette énorme artère montréalaise pompe l’énergie urbaine qui n’en finit plus de s’écouler. La clameur ambiante est composée de centaines de moteurs, de bruits de freins pressés, de sirènes bruyantes et de klaxons énervés. Comment ai-je jamais pu vivre dans un tel boucan?
Escapade montréalaise
Escapade montréalaise
Juan part en conférence pour deux jours à HEC Montréal dans le cadre de son travail, il me demande de l’accompagner en ville. Sur le coup je ne suis pas trop chaude…
- Mais, et le bébé…
- On peut la laisser chez ta mère. Ça va te faire du bien de sortir un peu de ta routine maternelle. Et puis tu choisis l’hôtel…
- Downtown?
- Si tu veux…
Une subite envie surgit dans ma tête. L’envie de me perdre en pleine ville, quelque part dans les hauteurs urbaines. La promesse de passer une soirée en amoureux loin de notre quotidien. Comment résister ?
Nous partons jeudi matin. Entre deux atmosphères pluvieuses, Montréal la belle nous accueille sous le soleil. Le panorama du centre ville se diffuse dans une brume argentée. Une douce lumière fugace nous souhaite la bienvenue. Cela faisait presque deux ans que je n’étais pas revenue. La dernière fois, c’était pour le nouvel an d’avant que je ne tombe enceinte. Il me semble que c’était dans une autre existence. Pourtant, en parcourant du regard les rues connues, j’ai l’impression d’être partie hier. La poulette en moi s'ébroue les nerfs.
Je dépose Juan à HEC et je pars en quête de la chambre parfaite. J’ouvre mes chakras d’aventurière et me faufile en pleine jungle urbaine. Je sais que Juan n’a jamais vraiment mis les pieds au centre ville. Je sais exactement ce que je cherche. Après quelques essais infructueux, je trouve enfin la chambre parfaite à prix réduit. Une suite au dernier étage d’une ancienne tour d’appartement. Un trois étoiles bien propre qui nous offre un petit coin de ciel…
J’y médite avec joie durant quelques heures avant d’aller chercher Juan à la nuit tombée. Il tombe des nues lorsqu’il découvre mon exploit, logis spacieux avec vue qui scintille. Il s’exclame :
- Whaou, c’est comme dans les films, comme dans un rêve…
Je souris. Je me souviens de mes premiers émois urbains. Il est si excité qu’on le croirait sur des ressorts. L’ambiance est électrique. Elle nous porte en une session amoureuse sexuellement mémorable. C’est presque une lune de miel en raccourci. Après une douche rapide, l’on file se perdre dans les lumières citadines. Qu’il est bon de se retrouver en couple, comme avant. L’on finit la soirée avec un cinéma. L’on se couche fort tard…
Le lendemain, j’arpente la ville en solitaire, bienheureuse, puis j’appelle mon amie Ves. Nous décidons de nous retrouver pour une bouffe nocturne. J’attrape Juan en milieu d’après-midi et nous allons siroter un thé au Santropol en attendant que Vesna ne sorte du travail. Qu’il est bon de revoir ma douce amie. Une fois que nous avons récupéré Keisuke, nous nous décidons pour un petit restau coréen à l’autre bout de la ville. En chemin nous traversons le Mont Royal sous la neige! Toute la journée il a fait un temps de mer… mais là le ciel se fait la totale en crachant sur nos figures de gros flocons bien collants qui blanchissent l’horizon.
Nous arrivons sur Queen Mary sans encombres. C’est dans un petit restau bien caché, connus de quelques initiés, que nous guident nos amis. Une cuisine typique d’un ailleurs exotique, c’est particulier de savourer sa viande entre deux feuilles de laitue. L’on y mange toutes sortes de choses étranges. Keisuke se régale. Juan est anges. Vesna pétille. Nous avions prévus de rentrer le soir même mais nos amis nous invitent à passer la nuit en leur compagnie. Nous finissons par décider de rester. La soirée est bonne. Cela fait du bien de se retrouver. Nous campons au milieu du salon.
Le lendemain, je me réveille tôt. Je laisse Juan faire la grasse matinée, c’est une occasion rare de ne pas se lever avec les poules, avec un bébé pressant les fesses den ses parents. Nous partons en début d’après-midi, non sans avoir succombé à une orgie de bagels.
J’ai, depuis mon réveil, un pincement tenace qui me serre le cœur. J’ai besoin de serrer mon bébé dans mes bras. Ma puce me manque viscéralement. C’est un sentiment puissant qui me vrille les entrailles. Un sentiment qui me surprend par sa force magnétique. Comme un aimant, il me pousse vers sa petite bouille d’ange.
Je la retrouve en fin d’après-midi pas traumatisée pour deux sous. Aux petits soins de sa grand-mère et de sa tante, je ne suis pas sure qu’elle aie beaucoup eu le temps de s’ennuyer de nous. Je suis un peu dépitée mais heureuse de la voir si souriante. Nous rentrons en notre petite maison de galets dans la nuit tranquille. L’escapade est terminée, de retour en ma brousse, je reprends tendrement ma routine maternelle…
Juan part en conférence pour deux jours à HEC Montréal dans le cadre de son travail, il me demande de l’accompagner en ville. Sur le coup je ne suis pas trop chaude…
- Mais, et le bébé…
- On peut la laisser chez ta mère. Ça va te faire du bien de sortir un peu de ta routine maternelle. Et puis tu choisis l’hôtel…
- Downtown?
- Si tu veux…
Une subite envie surgit dans ma tête. L’envie de me perdre en pleine ville, quelque part dans les hauteurs urbaines. La promesse de passer une soirée en amoureux loin de notre quotidien. Comment résister ?
Nous partons jeudi matin. Entre deux atmosphères pluvieuses, Montréal la belle nous accueille sous le soleil. Le panorama du centre ville se diffuse dans une brume argentée. Une douce lumière fugace nous souhaite la bienvenue. Cela faisait presque deux ans que je n’étais pas revenue. La dernière fois, c’était pour le nouvel an d’avant que je ne tombe enceinte. Il me semble que c’était dans une autre existence. Pourtant, en parcourant du regard les rues connues, j’ai l’impression d’être partie hier. La poulette en moi s'ébroue les nerfs.
Je dépose Juan à HEC et je pars en quête de la chambre parfaite. J’ouvre mes chakras d’aventurière et me faufile en pleine jungle urbaine. Je sais que Juan n’a jamais vraiment mis les pieds au centre ville. Je sais exactement ce que je cherche. Après quelques essais infructueux, je trouve enfin la chambre parfaite à prix réduit. Une suite au dernier étage d’une ancienne tour d’appartement. Un trois étoiles bien propre qui nous offre un petit coin de ciel…
J’y médite avec joie durant quelques heures avant d’aller chercher Juan à la nuit tombée. Il tombe des nues lorsqu’il découvre mon exploit, logis spacieux avec vue qui scintille. Il s’exclame :
- Whaou, c’est comme dans les films, comme dans un rêve…
Je souris. Je me souviens de mes premiers émois urbains. Il est si excité qu’on le croirait sur des ressorts. L’ambiance est électrique. Elle nous porte en une session amoureuse sexuellement mémorable. C’est presque une lune de miel en raccourci. Après une douche rapide, l’on file se perdre dans les lumières citadines. Qu’il est bon de se retrouver en couple, comme avant. L’on finit la soirée avec un cinéma. L’on se couche fort tard…
Le lendemain, j’arpente la ville en solitaire, bienheureuse, puis j’appelle mon amie Ves. Nous décidons de nous retrouver pour une bouffe nocturne. J’attrape Juan en milieu d’après-midi et nous allons siroter un thé au Santropol en attendant que Vesna ne sorte du travail. Qu’il est bon de revoir ma douce amie. Une fois que nous avons récupéré Keisuke, nous nous décidons pour un petit restau coréen à l’autre bout de la ville. En chemin nous traversons le Mont Royal sous la neige! Toute la journée il a fait un temps de mer… mais là le ciel se fait la totale en crachant sur nos figures de gros flocons bien collants qui blanchissent l’horizon.
Nous arrivons sur Queen Mary sans encombres. C’est dans un petit restau bien caché, connus de quelques initiés, que nous guident nos amis. Une cuisine typique d’un ailleurs exotique, c’est particulier de savourer sa viande entre deux feuilles de laitue. L’on y mange toutes sortes de choses étranges. Keisuke se régale. Juan est anges. Vesna pétille. Nous avions prévus de rentrer le soir même mais nos amis nous invitent à passer la nuit en leur compagnie. Nous finissons par décider de rester. La soirée est bonne. Cela fait du bien de se retrouver. Nous campons au milieu du salon.
Le lendemain, je me réveille tôt. Je laisse Juan faire la grasse matinée, c’est une occasion rare de ne pas se lever avec les poules, avec un bébé pressant les fesses den ses parents. Nous partons en début d’après-midi, non sans avoir succombé à une orgie de bagels.
J’ai, depuis mon réveil, un pincement tenace qui me serre le cœur. J’ai besoin de serrer mon bébé dans mes bras. Ma puce me manque viscéralement. C’est un sentiment puissant qui me vrille les entrailles. Un sentiment qui me surprend par sa force magnétique. Comme un aimant, il me pousse vers sa petite bouille d’ange.
Je la retrouve en fin d’après-midi pas traumatisée pour deux sous. Aux petits soins de sa grand-mère et de sa tante, je ne suis pas sure qu’elle aie beaucoup eu le temps de s’ennuyer de nous. Je suis un peu dépitée mais heureuse de la voir si souriante. Nous rentrons en notre petite maison de galets dans la nuit tranquille. L’escapade est terminée, de retour en ma brousse, je reprends tendrement ma routine maternelle…
lundi, octobre 23, 2006
Québécité
Québécité et tolérances
J’entre dans un magasin du coté ouest (anglophone) la rue Ste-Catherine à Montréal. Il est presque neuf heures (l’heure de la fermeture). J’entends soupirer les femelles en grappe autour du comptoir. Une vendeuse se détache du petit groupe et m’accoste en anglais. Je lui réponds en français. Elle poursuit en anglais, je poursuis en français. Je vois Juan sourciller mais ne rien dire. J’appuie la conversation en français, elle bafouille et commence à un peu perdre les pédales. Elle essaie de m’expliquer que son français est rudimentaire...
Elle regarde sa montre avec insistance. J’erre nonchalamment entre les rayons de vêtements soigneusement présentés. Elle me suit comme un petit chien perdu. Elle me répète, en anglais, que le magasin ferme dans 10 minutes. Je lui réponds d’un ton sec, en anglais, que je le sais. Elle ne sait plus trop quoi dire. Comme je n’avais pas l’intention d’essayer ou même d’acheter, je sors tranquillement du magasin cinq minutes avant l’heure de fermeture.
Une fois sur le trottoir, troublée, je prends une grande bouffée de pollution pour chasser l’énervement qui m'inonde. Le brouhaha urbain avale mon humeur. La soirée se poursuit sans tracas, avec bonheur, pourtant une petite graine (de lys) s’est plantée dans ma cervelle…
Le lendemain je discute avec Juan :
- Tsé quoi, l’autre soir, c’est la première fois que j’ai refusé de switcher à l’anglais. J'avais jamais refusé de ma vie de parler en anglais. Mais elle m’a énervée à ne pas être capable de parler français! Dans ma tête j’avais comme un écho qui résonnait et qui disait : « T’es au Québec ma Tabarnak, parle donc français d’abord! ».
Il me répond surpris :
- C’est pas parce-qu’elle était un peu conne? Quand je t’ai vue aller je pensais que tu ne voulais pas lui parler en français parce qu’elle était chiante. Je pensais pas c’était pas que c'était politique!
- Ouais, ben c’est sur qu’elle était énervante et que cela a pas aidé! Un facteur qui en amène un autre! Mais quand je me suis retrouvée sur le trottoir, je me suis choquée moi-même par la violence de mes pensées! C’est depuis que j’habite en brousse, en périphérie de Québec village, bastion de la défense linguistique. Parce-que, c'est weird mais, je le sais que je suis dans l’Ouest de la ville, en terrain anglophone, je sais que Montréal est bilingue, je sais que si ce n’était pas le cas, je ne le serais pas non plus. Montréal m’a rendue bilingue! Et c’est mon bilinguisme qui me fait gagner une croute. M'enfin la fille elle était pas pentoute bilingue! En fait, j’avais jamais ressenti ce genre d’émotions genre patriotiques avant, j’crois bien, que je me québécise…
Ces émotions guérrières m'ont étonnées, trop intolérantes à mon goût, elles me furent désagréables, aussi étrangères que puissantes. L'émotion qui bute l'esprit. Je crois qu'il est temps que je retourne plus souvent en ville, pratiquer mes tolérances...
Le lendemain, pendant que Juan est en conférence, je retourne me perdre dans le coeur urbain de Montréal. Je retourne dans le magasin anglophone. Une charmante vendeuse haïtienne au français chantant m' accompagne. Je finis par découvrir le parfait pantalon noir. J'en ressors les poches vides. Je marche entre les gouttes de pluie. Seule, entière, à savourer l'anonymat, à profiter de cette liberté de femme, avec délice, le temps de quelques heures, je me plonge dans l'excès citadin. Je me laisse porter par les vitrines aux mille tentations, aux promesses invisibles.
En marge des lumières, dans les recoins obscurs, je vois plus de mendiants que dans mon souvenir. Après une longue marche, une errance littéraire (en anglais) au "bookstore Chapter" et un savoureux café à la citrouille au Starbucks, je garde ma monnaie pour retrouver une femme au teint buriné qui m'a marquée l'esprit. Une amérindienne imbibée de désespoir mais rayonnante d'un soleil intérieur. Une fleur fanée dans la grisaille locale.
Je la retrouve, sans mal, au coin de Peel et lui offre quelques pièces. Son sourire illumine l'instant. Elle me souhaite des "Good Day et God be with you" à la pelle. Je me retiens de lui parler. Jeune, je me souviens vivement de ces discussions cosmiques que j'avais avec les junkies de cette rue. Je me retiens de la prendre en photo. Je ne veux pas perturner le bien-être de cette minute partagée. Je lui souris, le regard plein de chaleur, je me tais. L'instant se dissout dans le passé. Je poursuis mon escapade solitaire.
J’entre dans un magasin du coté ouest (anglophone) la rue Ste-Catherine à Montréal. Il est presque neuf heures (l’heure de la fermeture). J’entends soupirer les femelles en grappe autour du comptoir. Une vendeuse se détache du petit groupe et m’accoste en anglais. Je lui réponds en français. Elle poursuit en anglais, je poursuis en français. Je vois Juan sourciller mais ne rien dire. J’appuie la conversation en français, elle bafouille et commence à un peu perdre les pédales. Elle essaie de m’expliquer que son français est rudimentaire...
Elle regarde sa montre avec insistance. J’erre nonchalamment entre les rayons de vêtements soigneusement présentés. Elle me suit comme un petit chien perdu. Elle me répète, en anglais, que le magasin ferme dans 10 minutes. Je lui réponds d’un ton sec, en anglais, que je le sais. Elle ne sait plus trop quoi dire. Comme je n’avais pas l’intention d’essayer ou même d’acheter, je sors tranquillement du magasin cinq minutes avant l’heure de fermeture.
Une fois sur le trottoir, troublée, je prends une grande bouffée de pollution pour chasser l’énervement qui m'inonde. Le brouhaha urbain avale mon humeur. La soirée se poursuit sans tracas, avec bonheur, pourtant une petite graine (de lys) s’est plantée dans ma cervelle…
Le lendemain je discute avec Juan :
- Tsé quoi, l’autre soir, c’est la première fois que j’ai refusé de switcher à l’anglais. J'avais jamais refusé de ma vie de parler en anglais. Mais elle m’a énervée à ne pas être capable de parler français! Dans ma tête j’avais comme un écho qui résonnait et qui disait : « T’es au Québec ma Tabarnak, parle donc français d’abord! ».
Il me répond surpris :
- C’est pas parce-qu’elle était un peu conne? Quand je t’ai vue aller je pensais que tu ne voulais pas lui parler en français parce qu’elle était chiante. Je pensais pas c’était pas que c'était politique!
- Ouais, ben c’est sur qu’elle était énervante et que cela a pas aidé! Un facteur qui en amène un autre! Mais quand je me suis retrouvée sur le trottoir, je me suis choquée moi-même par la violence de mes pensées! C’est depuis que j’habite en brousse, en périphérie de Québec village, bastion de la défense linguistique. Parce-que, c'est weird mais, je le sais que je suis dans l’Ouest de la ville, en terrain anglophone, je sais que Montréal est bilingue, je sais que si ce n’était pas le cas, je ne le serais pas non plus. Montréal m’a rendue bilingue! Et c’est mon bilinguisme qui me fait gagner une croute. M'enfin la fille elle était pas pentoute bilingue! En fait, j’avais jamais ressenti ce genre d’émotions genre patriotiques avant, j’crois bien, que je me québécise…
Ces émotions guérrières m'ont étonnées, trop intolérantes à mon goût, elles me furent désagréables, aussi étrangères que puissantes. L'émotion qui bute l'esprit. Je crois qu'il est temps que je retourne plus souvent en ville, pratiquer mes tolérances...
Le lendemain, pendant que Juan est en conférence, je retourne me perdre dans le coeur urbain de Montréal. Je retourne dans le magasin anglophone. Une charmante vendeuse haïtienne au français chantant m' accompagne. Je finis par découvrir le parfait pantalon noir. J'en ressors les poches vides. Je marche entre les gouttes de pluie. Seule, entière, à savourer l'anonymat, à profiter de cette liberté de femme, avec délice, le temps de quelques heures, je me plonge dans l'excès citadin. Je me laisse porter par les vitrines aux mille tentations, aux promesses invisibles.
En marge des lumières, dans les recoins obscurs, je vois plus de mendiants que dans mon souvenir. Après une longue marche, une errance littéraire (en anglais) au "bookstore Chapter" et un savoureux café à la citrouille au Starbucks, je garde ma monnaie pour retrouver une femme au teint buriné qui m'a marquée l'esprit. Une amérindienne imbibée de désespoir mais rayonnante d'un soleil intérieur. Une fleur fanée dans la grisaille locale.
Je la retrouve, sans mal, au coin de Peel et lui offre quelques pièces. Son sourire illumine l'instant. Elle me souhaite des "Good Day et God be with you" à la pelle. Je me retiens de lui parler. Jeune, je me souviens vivement de ces discussions cosmiques que j'avais avec les junkies de cette rue. Je me retiens de la prendre en photo. Je ne veux pas perturner le bien-être de cette minute partagée. Je lui souris, le regard plein de chaleur, je me tais. L'instant se dissout dans le passé. Je poursuis mon escapade solitaire.
Vouloir le beurre, l'argent du beurre et baiser la crémière...
L'expression choisie de la semaine n'est pas si ancienne que je ne l'aurais cru. J'ai, de celle-ci, ma variante personnelle qui se décline ainsi: "Vouloir le beurre, l'argent du beurre et baiser la crémière..."
EXPRESSION via expressio.fr
« Vouloir le beurre et l'argent du beurre »
SIGNIFICATION
Tout vouloir, sans contrepartie. Vouloir gagner sur tout les plans.
ORIGINE
L'usage de cette expression est très récent puisqu'il date du début des années 1980.
Le bon sens paysan veut qu'on ne puisse pas, honnêtement, vendre le beurre qu'on vient de fabriquer, en garder l'argent, mais garder aussi le beurre, histoire de pouvoir le revendre encore et encore. Vouloir toujours tout garder à soi, vouloir tout gagner sans rien laisser aux autres, c'est vouloir le beurre et l'argent du beurre.
COMPLEMENTS
Même si on réussit temporairement et honnêtement à garder le beurre et l'argent du beurre, il ne faut jamais perdre de vue que le beurre, comme l'argent, peuvent fondre très facilement et rapidement.
EXPRESSION via expressio.fr
« Vouloir le beurre et l'argent du beurre »
SIGNIFICATION
Tout vouloir, sans contrepartie. Vouloir gagner sur tout les plans.
ORIGINE
L'usage de cette expression est très récent puisqu'il date du début des années 1980.
Le bon sens paysan veut qu'on ne puisse pas, honnêtement, vendre le beurre qu'on vient de fabriquer, en garder l'argent, mais garder aussi le beurre, histoire de pouvoir le revendre encore et encore. Vouloir toujours tout garder à soi, vouloir tout gagner sans rien laisser aux autres, c'est vouloir le beurre et l'argent du beurre.
COMPLEMENTS
Même si on réussit temporairement et honnêtement à garder le beurre et l'argent du beurre, il ne faut jamais perdre de vue que le beurre, comme l'argent, peuvent fondre très facilement et rapidement.
vendredi, octobre 20, 2006
jeudi, octobre 19, 2006
Mots voyageurs
La langue c'est notre vraie race, notre vraie patrie.
Andrée Maillet. Extrait de "Les Montréalais"
On dirait que la vie est faite pour être mille fois recommencée.
Jean-Paul Filion. Extrait de "Les murs de Montréal"
Avant de critiquer il faut savoir se mettre à la place de celui ou de ceux que l'on critique.
Gilbert Louvain. Extrait de "La Catherine de Montréal"
Andrée Maillet. Extrait de "Les Montréalais"
On dirait que la vie est faite pour être mille fois recommencée.
Jean-Paul Filion. Extrait de "Les murs de Montréal"
Avant de critiquer il faut savoir se mettre à la place de celui ou de ceux que l'on critique.
Gilbert Louvain. Extrait de "La Catherine de Montréal"
La semaine de dix jours...
!?!
Aujourd’hui, je décide que la notion du temps est mal foutue! Dans un monde parfait, il est évident que nous devrions vivre au rythme d’une semaine de dix jours ( 6 journées de travail, quatre de week-end) avec chaque journée comptant 36 heures au compteur !
Notre corps serait adapté à ces conditions tout en respectant une plage de sommeil d’une dizaine d’heures. Les bébés feraient des siestes de quatre heures à la fois et je pourrais peut-être tout faire :
- Répondre à mes courriels sur une base régulière (et profiter d’une riche correspondance virtuelle qui enrichirait mon humanité)
- Écrire une nouvelle par semaine ou autres brouillons inspirés (présentement je pense à quelques suites pour mes histoires déjà bien formées ou publiées sur papier )
- Faire le ménage sans ronchonner (j’y perdrais moins de temps donc cela serait moins frustrant)
- Passer plus de temps avec mon homme (plutôt que de se contenter des miettes nocturnes)
- Voir plus souvent mes amis. ( être une meilleure amie)
- Lire plus de bouquins (pouvoir dévorer mes lectures en paix)
- Faire du sport sans mauvaise conscience (pas facile de se taper une heure de cardio plus tout le tralala alors que je pourrais justement être tranquille avec son homme !)
- Me mettre à la cuisine de façon plus sérieuse (à la manière d’un hobby plus que d’une obligation)
- Faire des puzzles ( cela fait une au moins une décennie que je ne me suis pas cassée la tête pour le plaisir )
- Etcetera...
Plus j’y réfléchis, plus la liste s’agrandit. Et vous, que feriez vous de votre temps avec une semaine de dix journées de 36 heures ???
Aujourd’hui, je décide que la notion du temps est mal foutue! Dans un monde parfait, il est évident que nous devrions vivre au rythme d’une semaine de dix jours ( 6 journées de travail, quatre de week-end) avec chaque journée comptant 36 heures au compteur !
Notre corps serait adapté à ces conditions tout en respectant une plage de sommeil d’une dizaine d’heures. Les bébés feraient des siestes de quatre heures à la fois et je pourrais peut-être tout faire :
- Répondre à mes courriels sur une base régulière (et profiter d’une riche correspondance virtuelle qui enrichirait mon humanité)
- Écrire une nouvelle par semaine ou autres brouillons inspirés (présentement je pense à quelques suites pour mes histoires déjà bien formées ou publiées sur papier )
- Faire le ménage sans ronchonner (j’y perdrais moins de temps donc cela serait moins frustrant)
- Passer plus de temps avec mon homme (plutôt que de se contenter des miettes nocturnes)
- Voir plus souvent mes amis. ( être une meilleure amie)
- Lire plus de bouquins (pouvoir dévorer mes lectures en paix)
- Faire du sport sans mauvaise conscience (pas facile de se taper une heure de cardio plus tout le tralala alors que je pourrais justement être tranquille avec son homme !)
- Me mettre à la cuisine de façon plus sérieuse (à la manière d’un hobby plus que d’une obligation)
- Faire des puzzles ( cela fait une au moins une décennie que je ne me suis pas cassée la tête pour le plaisir )
- Etcetera...
Plus j’y réfléchis, plus la liste s’agrandit. Et vous, que feriez vous de votre temps avec une semaine de dix journées de 36 heures ???
mercredi, octobre 18, 2006
Rose...
Jours roses,
Je parcours l’article de Sylvia Galipeau intitulé « Maman blogue» et je n’arrive pas à me sentir concernée par le sujet de fond, j'en déduis que je dois être pas mal déconnectée! Puisque je suis maman et que je blogue, je devrais peut-être me sentir un peu plus en phase avec cette vague! Mais je bloguais bien avant d’être maman, je m'en souviens, c'était bien. Je suis devenue maman tout en continuant de bloguer et maintenant que je retrouve mon essence personnelle, je ne veux pas juste bloguer bébé...
Objectif pas toujours facile à atteindre lorsque l'on vit entre risettes et siestes, qu'on on a le nez dans les couches, la main dans un petit pot qui dégouline et un bout de chou plein de bave qui s'accroche à nos jupons! Cette semaine je blogue pas mal maternel, je me sens noyée dans l'idée, aspirée par l'enfant. C’est plus fort que la pluie, que le départ de Micah et Jibé, que Juan au bureau jusqu'à point d'heure, que la routine monotone des tristes jours d’octobre…
La mère qui me transforme apprivoise ce nouvel état, l'organisation manque, l'énergie s'envole au "firmaman". Etolane tisse une toile de mots. Elle cultive en un jardin invisible des idées qui fleurissent au soleil virtuel. Elle utilise le Web comme une fenêtre sur l'extérieur. Des mots jaillissent de ses sphères intérieures pour s'envoler dans celles de l'inconnu qu'elle reconnait. La blogosphère devient une ville gargantuesque où elle se promène durant les quelques minutes de libre qu'elle possède pour se libérer la tête.
La femme que j'étais pédale dans la semoule de blé, joyeusement ingurgitée tous les matins par bébé. La femme que j'étais hurle à l'idée de devenir juste une maman en amour qui blogue l'enfance de sa progéniture. Sur des fils d'équilibre, la mère et la femme se tendent la main pour ne pas tomber dans le vide, elles se rapprochent, elles veulent se fondre en une seule entité parfaite. En un monde meilleur. Mmmm, y'a d'l'espoir dans la petite maison de galets qui se love dans un petit village oublié au bord du grand lac reposé. En attendant...
Je dois dire que j’ai, en ma maison, une petite poupée qui fait « oui » de la tête, une poupée qui sait dire « non » en une étrange litanie pour exprimer ses désaccords, qui rit et qui crie. Une petite poupée qui s’aventure où bon lui chante dès j’ai le dos tourné. Une petite poupée qui danse, qui rampe, qui marche, qui grimpe, qui s'amuse des chats et du chien, qui forge sa volonté au rythme de cette nouvelle autonomie qui se dessine devant ses pieds…
Chaque jour, un peu de marche, par-ci par-là, agrippée à mon doigt pendant que je vaque à quelques tâches ménagères. Chaque jour, des séances de lecture qui nous enferment dans une onctueuse bulle d’intime, la chaleur de sa joue contre la mienne, son doigt potelé au fil des pages cartonnées. L’histoire s’emballe se conjugue avec l’imaginaire et fait naître des sourires sur ses lèvres que je frôle. Chaque jour, des tonnes de câlins qui se savourent comme du bonheur sur un nuage. Ne pas en perdre une miette. J’ai, en ma maison, une petite poupée remplie d’affection qui me caresse le cœur de sa peau aussi douce que celle des anges.
Tous les jours, il y a aussi la découverte de toutes sortes de nouveaux concepts. Une compréhension en pleine croissance et une communication qui s’établit sur des bases de tendresses et de fermeté. Il y a cette nouvelle discipline qu’il faut enclencher « Non, on ne mange pas les croquettes des animaux! » Répéter le même « non » calme à l’infini pour essayer d’attraper cette envie qui lui semble irrésistible. Patience.
Elle me regarde d'un air de dire : « Hé la mère pourquoi les chats y-z-en mangent et pas moi?!? Hein dis? Et pourquoi les chats y mangent mes bouts de jambon et de fromage et que je peux pas manger leurs croquettes?!? ». Et moi de répondre en pensées: « Je cromprends ta logique ma fille, mais on ne peut pas t'élever aussi mal que les chats!!! Chez nous il n'y a que le chat qui est roi, cela énerve assez ton père! ». Inébranlable dans la négation parentale, policer les environs et attraper le petit bandit pour l’occuper autrement. Ah! Un panier, un panier récèle mille possibilités de jeux…
Et la minuscule larve souriante est devenue un asticot grouillant pour se transformer en un petit acrobate qui semble avoir une forte prédilection pour les idées casse-cou…
Je parcours l’article de Sylvia Galipeau intitulé « Maman blogue» et je n’arrive pas à me sentir concernée par le sujet de fond, j'en déduis que je dois être pas mal déconnectée! Puisque je suis maman et que je blogue, je devrais peut-être me sentir un peu plus en phase avec cette vague! Mais je bloguais bien avant d’être maman, je m'en souviens, c'était bien. Je suis devenue maman tout en continuant de bloguer et maintenant que je retrouve mon essence personnelle, je ne veux pas juste bloguer bébé...
Objectif pas toujours facile à atteindre lorsque l'on vit entre risettes et siestes, qu'on on a le nez dans les couches, la main dans un petit pot qui dégouline et un bout de chou plein de bave qui s'accroche à nos jupons! Cette semaine je blogue pas mal maternel, je me sens noyée dans l'idée, aspirée par l'enfant. C’est plus fort que la pluie, que le départ de Micah et Jibé, que Juan au bureau jusqu'à point d'heure, que la routine monotone des tristes jours d’octobre…
La mère qui me transforme apprivoise ce nouvel état, l'organisation manque, l'énergie s'envole au "firmaman". Etolane tisse une toile de mots. Elle cultive en un jardin invisible des idées qui fleurissent au soleil virtuel. Elle utilise le Web comme une fenêtre sur l'extérieur. Des mots jaillissent de ses sphères intérieures pour s'envoler dans celles de l'inconnu qu'elle reconnait. La blogosphère devient une ville gargantuesque où elle se promène durant les quelques minutes de libre qu'elle possède pour se libérer la tête.
La femme que j'étais pédale dans la semoule de blé, joyeusement ingurgitée tous les matins par bébé. La femme que j'étais hurle à l'idée de devenir juste une maman en amour qui blogue l'enfance de sa progéniture. Sur des fils d'équilibre, la mère et la femme se tendent la main pour ne pas tomber dans le vide, elles se rapprochent, elles veulent se fondre en une seule entité parfaite. En un monde meilleur. Mmmm, y'a d'l'espoir dans la petite maison de galets qui se love dans un petit village oublié au bord du grand lac reposé. En attendant...
Je dois dire que j’ai, en ma maison, une petite poupée qui fait « oui » de la tête, une poupée qui sait dire « non » en une étrange litanie pour exprimer ses désaccords, qui rit et qui crie. Une petite poupée qui s’aventure où bon lui chante dès j’ai le dos tourné. Une petite poupée qui danse, qui rampe, qui marche, qui grimpe, qui s'amuse des chats et du chien, qui forge sa volonté au rythme de cette nouvelle autonomie qui se dessine devant ses pieds…
Chaque jour, un peu de marche, par-ci par-là, agrippée à mon doigt pendant que je vaque à quelques tâches ménagères. Chaque jour, des séances de lecture qui nous enferment dans une onctueuse bulle d’intime, la chaleur de sa joue contre la mienne, son doigt potelé au fil des pages cartonnées. L’histoire s’emballe se conjugue avec l’imaginaire et fait naître des sourires sur ses lèvres que je frôle. Chaque jour, des tonnes de câlins qui se savourent comme du bonheur sur un nuage. Ne pas en perdre une miette. J’ai, en ma maison, une petite poupée remplie d’affection qui me caresse le cœur de sa peau aussi douce que celle des anges.
Tous les jours, il y a aussi la découverte de toutes sortes de nouveaux concepts. Une compréhension en pleine croissance et une communication qui s’établit sur des bases de tendresses et de fermeté. Il y a cette nouvelle discipline qu’il faut enclencher « Non, on ne mange pas les croquettes des animaux! » Répéter le même « non » calme à l’infini pour essayer d’attraper cette envie qui lui semble irrésistible. Patience.
Elle me regarde d'un air de dire : « Hé la mère pourquoi les chats y-z-en mangent et pas moi?!? Hein dis? Et pourquoi les chats y mangent mes bouts de jambon et de fromage et que je peux pas manger leurs croquettes?!? ». Et moi de répondre en pensées: « Je cromprends ta logique ma fille, mais on ne peut pas t'élever aussi mal que les chats!!! Chez nous il n'y a que le chat qui est roi, cela énerve assez ton père! ». Inébranlable dans la négation parentale, policer les environs et attraper le petit bandit pour l’occuper autrement. Ah! Un panier, un panier récèle mille possibilités de jeux…
Et la minuscule larve souriante est devenue un asticot grouillant pour se transformer en un petit acrobate qui semble avoir une forte prédilection pour les idées casse-cou…
mardi, octobre 17, 2006
La goutte d'eau qui fait déborder le vase
L'expression choisie de la semaine...
EXPRESSION
« La goutte d'eau qui fait déborder le vase »
SIGNIFICATION
Le petit détail supplémentaire qui rend une situation intolérable ou insupportable et qui provoque parfois une réaction violente.
ORIGINE
Sous cette forme, cette expression apparaît chez Stendhal, au début du XIXe siècle, mais Madame de Sévigné, au XVIIe, en utilisait une variante de même sens avec un verre au lieu d'un vase.
On a tous observé ces récipients remplis un peu au delà de leur bord, la limite bombée du liquide 'accrochée' au bord du récipient, avec le trop-plein prêt à s'écouler à l'extérieur au moindre choc ou dès qu'on y rajoute une goutte. L'expression fait bien le parallèle entre la tension ou l'énervement qui monte (le vase qui se remplit jusqu'à être bien plein) et l'explosion qui suit (le vase qui finit par déborder dès que la petite goutte de trop y a été versée).
COMPLEMENTS
On peut rapprocher cette expression de "La coupe est pleine" ou de "En avoir ras le bol".
AILLEURS
Serbie (proposé par Dorotea): Kap u prepunoj casi = (C'est) la goutte qui fait déborder le verre
Allemagne (proposé par Chrisi): Das bringt das Fass zum überlaufen = Ça fait déborder le fût.
EXPRESSION
« La goutte d'eau qui fait déborder le vase »
SIGNIFICATION
Le petit détail supplémentaire qui rend une situation intolérable ou insupportable et qui provoque parfois une réaction violente.
ORIGINE
Sous cette forme, cette expression apparaît chez Stendhal, au début du XIXe siècle, mais Madame de Sévigné, au XVIIe, en utilisait une variante de même sens avec un verre au lieu d'un vase.
On a tous observé ces récipients remplis un peu au delà de leur bord, la limite bombée du liquide 'accrochée' au bord du récipient, avec le trop-plein prêt à s'écouler à l'extérieur au moindre choc ou dès qu'on y rajoute une goutte. L'expression fait bien le parallèle entre la tension ou l'énervement qui monte (le vase qui se remplit jusqu'à être bien plein) et l'explosion qui suit (le vase qui finit par déborder dès que la petite goutte de trop y a été versée).
COMPLEMENTS
On peut rapprocher cette expression de "La coupe est pleine" ou de "En avoir ras le bol".
AILLEURS
Serbie (proposé par Dorotea): Kap u prepunoj casi = (C'est) la goutte qui fait déborder le verre
Allemagne (proposé par Chrisi): Das bringt das Fass zum überlaufen = Ça fait déborder le fût.
Pérégrinations maternelles
Pérégrinations maternelles
Un grand soleil réchauffe cette fraîche journée d’automne. Un ciel d’azur entrecoupé de gros nuages qui se dodelinent entre deux percées de lumière éclatante. L’appel de l’air frais est plus fort qu’aucune autre raison, c’est le temps de la balade de village pour Bébé Soleil et ma pomme des bois.
Ma rue est une avenue et le village qui se fait appeler ville par les pontes de la municipalité a retrouvé un air de liberté sauvageonne. Des cinq mille habitants de la saison estivale, il ne reste plus que les trois cents locaux qui vivent ici à l’année longue. Hors, sur ces trois cents âmes là, une bonne centaine travaille en ville (comme c'est le cas de Juan), plus les enfants qui vont à l’école, au final, je dirais que s’il reste une grosse centaine de bonnes gens au village les jours de la semaine, c’est déjà beaucoup ! Donc, dans cette centaine qui s’enracine, il y a une bonne proportion de retraités et quelques rares mères au foyer, dont ma pomme…
La seule activité du village se situe dans quelques travaux de construction ou d’entretien, principalement une maison à terminer près du lac et l’employé d’Hydro-Québec qui vaque à ses occupations. Durant cette ballade d’automne ensoleillé, je rencontre deux retraités, un homme d’une cinquantaine d’année et une mère de très jeunes jumeaux en sortie poussette. Sur la route principale qui, jusqu’à peu se faisait appeler boulevard, je me fais dépasser par une dizaine de voiture, dont le maire et le bus scolaire. Sur cette dizaine de voitures où je croise le regard de chacun des conducteurs, je salue deux connaissances et je discute avec un homme qui a perdu ses chiens.
En tournant le coin pour trouver mon petit coin de lac, je vois un vieux monsieur en train d’installer son tempo. Son plus proche voisin vient de finir le sien. L'on tombe dans l’époque des "tempos" qui fleurissent dans les allées des maison. Le sien est une « belle » construction temporaire de toile violemment bleutée. Chanelle fait sa connaissance, je papote trois minutes avant de continuer ma promenade. Lily-Soleil jase à tout vent. Arrivée au lac, je la sors de sa poussette pour lui offrir un bac à sable grandeur de plage. Tous les bateaux ont disparus, l’horizon est calme, reposé. Le lac est de nouveau libre de respirer tranquille.
Je me baisse pour jouer avec la petite qui tripote des feuilles mortes. Je sais que je suis à moitié dépenaillée et que la moitié de mon derrière prend l’air frais. D’un coup, je tourne la tête et j’aperçois un homme d’une cinquantaine d’années qui passe devant moi avec un petit sourire aux lèvres ! Oui, bon, je sais, j’ai la « crack » à l’air ! Il fallait bien qu’un pelé passe à ce moment impudique de ma journée! Je l’ignore. Il disparaît bientôt de ma vue. Je retrouve ma solitude limpide.
Le paysage est de toute beauté. Le lac exulte de transparence. Lily-Soleil est en pleine forme, après avoir creusé furieusement le sable, quoi de mieux que de pousser à l’eau une poussette pour pratiquer sa marche ? Afin d’éviter la catastrophe, je finis par piloter le petit manège et l’on se promène ainsi sur une centaine de mètres avant qu’elle ne tombe de fatigue.
Un dernier coup d’œil sur l'étendue limpide, une dernière bouffée d’air pur et je reprends tranquillement le rythme de ma ballade. Je vais chercher le journal au dépanneur, seul commerce du village en activité, j’y rencontre trois tondus et une madame qui fait la fête à Chanelle. Je rencontre aussi une autre maman, sa poussette est double, deux petits nourrissons y sommeillent. L’on jase quelques minutes. Elle me demande :
- Et la petite, elle à quel age ?
- 11 mois..
- Ah ! C’est à vous…
- Oui..
L’on parle de tout et principalement de rien. Elle trouve que Lily-Soleil a l’air de bien de s’amuser durant cette promenade. Elle me repose la question:
- Mais c’est à vous ou vous la garder ?
- Non, non, c’est bien la mienne…
Je me retiens de répliquer que c’est la mienne et que je la garde aussi à la maison ! Mais bon, je suis peut-être un peu susceptible présentement sur le sujet. Je me tais. Je reprends ma route. Perdue dans mes pensées, je me demande pourquoi cette question m’a tant titillée les nerfs. Est-ce parce-que Juan me dit souvent que les gens au bureau lui demandent si je retravaille et qu’ils ont l’air de trouver un peu bizarre que je sois toujours à la maison à garder un bébé grandissant? Est-ce parce-que lorsque je retrouve des connaissances, elles me demandent toujours à un moment donné:
- Et alors tu fais quoi maintenant ?
Et moi de répondre immanquablement:
- Ben comme d’hab, présentement j’fais bébé…
Est-ce parce-que je me rends bien compte que je vis un quotidien à contre courant de mon époque en exploitant ce cocon maternel qui s’est tissé autour de moi ? Si je gardais les enfants des autres, j’aurais un statut social, je serai gardienne d’enfant ! Si j’écris et je travaille à la pige de chez moi, j’ai une occupation professionnelle, je suis reconnue. Mais si je ne suis que mère au foyer alors je ne suis rien ou tout du moins pas grand chose au regard de la société. En fait, est-ce que je n’erre un peu dans des limbes indéfinis, en marge de notre univers moderne?
Il faut avouer que l’emploi de mère au foyer n’est pas toujours des plus captivants, des plus stimulants intellectuellement. J’en conviens. Dans un monde de capitalisme et d’individualisme enrobé de féminisme, rester à la maison avec bébé a un petit quelque chose d’excentrique. Surtout si l’on est cultivé et diplômé. Si l’on est capable de ramener de l’argent sur la table à dîner et de s’épanouir professionnellement, rester à la maison ne semble pas faire partie de la norme actuelle. Personnellement, il me paraît important de partager les premières années de Lily-Soleil, quoi qu'il m'en coûte, c'est mon choix.
J’aime beaucoup l’idée de tout ce "Savoir Humain" à communiquer, de toutes ces choses à expliquer. Il faut s'armer de beaucoup de patience et de ténacité. Tenir l'équilibre. En se tenant de l'autre coté du miroir (face adulte), l’on en revient aux bases même de la vie, cela fait tant de bien. Ceci sans compter tous ces moments de douce affection qui sont à la base de cette nouvelle relation intime. Et puis, ce n’est pas non plus une sentence à vie, Lily-Soleil grandit bien assez vite pour que j'en sois consciente…
Rester à la maison pour pouponner, soyons franche, ce n’est pas super épanouissant en soi. Il y a cependant un aspect enrichissant qu’il est bon d’apprécier, il y a un apprentissage de vie à étudier et une intense satisfaction maternelle. Est-ce rentable à long terme ? Je n’en sais encore trop rien. Au jour le jour, je sais qu’il me faut me mettre au niveau de l’enfant, rentrer dans sa bulle, apprivoiser ce petit être en plein éveil. Il faut délimiter, surveiller, entourer, conforter, guider. Ce n’est pas de tout repos, c’est une sorte de travail abstrait qui ne se rémunère pas.
Bref, cette question de rien posée par une parfaite inconnue m’entraîne dans une longue réflexion où s’entrecoupent toutes sortes de concepts, de valeurs et de morales, un tout d’idées qui m’entremêle les pinceaux. Tout en essayant de garder mon équilibre intérieur, je poursuis en silence le chemin solitaire qui me mène jusqu’à ma petite maison de galets. Lily-Soleil s’est endormie, avant de la réveiller, je m’assois sur un banc solitaire pour admirer sa mine d’ange. C’est dans ces secondes là que tout s’éclaire, pour l’instant, je suis exactement là où je dois être…
Un grand soleil réchauffe cette fraîche journée d’automne. Un ciel d’azur entrecoupé de gros nuages qui se dodelinent entre deux percées de lumière éclatante. L’appel de l’air frais est plus fort qu’aucune autre raison, c’est le temps de la balade de village pour Bébé Soleil et ma pomme des bois.
Ma rue est une avenue et le village qui se fait appeler ville par les pontes de la municipalité a retrouvé un air de liberté sauvageonne. Des cinq mille habitants de la saison estivale, il ne reste plus que les trois cents locaux qui vivent ici à l’année longue. Hors, sur ces trois cents âmes là, une bonne centaine travaille en ville (comme c'est le cas de Juan), plus les enfants qui vont à l’école, au final, je dirais que s’il reste une grosse centaine de bonnes gens au village les jours de la semaine, c’est déjà beaucoup ! Donc, dans cette centaine qui s’enracine, il y a une bonne proportion de retraités et quelques rares mères au foyer, dont ma pomme…
La seule activité du village se situe dans quelques travaux de construction ou d’entretien, principalement une maison à terminer près du lac et l’employé d’Hydro-Québec qui vaque à ses occupations. Durant cette ballade d’automne ensoleillé, je rencontre deux retraités, un homme d’une cinquantaine d’année et une mère de très jeunes jumeaux en sortie poussette. Sur la route principale qui, jusqu’à peu se faisait appeler boulevard, je me fais dépasser par une dizaine de voiture, dont le maire et le bus scolaire. Sur cette dizaine de voitures où je croise le regard de chacun des conducteurs, je salue deux connaissances et je discute avec un homme qui a perdu ses chiens.
En tournant le coin pour trouver mon petit coin de lac, je vois un vieux monsieur en train d’installer son tempo. Son plus proche voisin vient de finir le sien. L'on tombe dans l’époque des "tempos" qui fleurissent dans les allées des maison. Le sien est une « belle » construction temporaire de toile violemment bleutée. Chanelle fait sa connaissance, je papote trois minutes avant de continuer ma promenade. Lily-Soleil jase à tout vent. Arrivée au lac, je la sors de sa poussette pour lui offrir un bac à sable grandeur de plage. Tous les bateaux ont disparus, l’horizon est calme, reposé. Le lac est de nouveau libre de respirer tranquille.
Je me baisse pour jouer avec la petite qui tripote des feuilles mortes. Je sais que je suis à moitié dépenaillée et que la moitié de mon derrière prend l’air frais. D’un coup, je tourne la tête et j’aperçois un homme d’une cinquantaine d’années qui passe devant moi avec un petit sourire aux lèvres ! Oui, bon, je sais, j’ai la « crack » à l’air ! Il fallait bien qu’un pelé passe à ce moment impudique de ma journée! Je l’ignore. Il disparaît bientôt de ma vue. Je retrouve ma solitude limpide.
Le paysage est de toute beauté. Le lac exulte de transparence. Lily-Soleil est en pleine forme, après avoir creusé furieusement le sable, quoi de mieux que de pousser à l’eau une poussette pour pratiquer sa marche ? Afin d’éviter la catastrophe, je finis par piloter le petit manège et l’on se promène ainsi sur une centaine de mètres avant qu’elle ne tombe de fatigue.
Un dernier coup d’œil sur l'étendue limpide, une dernière bouffée d’air pur et je reprends tranquillement le rythme de ma ballade. Je vais chercher le journal au dépanneur, seul commerce du village en activité, j’y rencontre trois tondus et une madame qui fait la fête à Chanelle. Je rencontre aussi une autre maman, sa poussette est double, deux petits nourrissons y sommeillent. L’on jase quelques minutes. Elle me demande :
- Et la petite, elle à quel age ?
- 11 mois..
- Ah ! C’est à vous…
- Oui..
L’on parle de tout et principalement de rien. Elle trouve que Lily-Soleil a l’air de bien de s’amuser durant cette promenade. Elle me repose la question:
- Mais c’est à vous ou vous la garder ?
- Non, non, c’est bien la mienne…
Je me retiens de répliquer que c’est la mienne et que je la garde aussi à la maison ! Mais bon, je suis peut-être un peu susceptible présentement sur le sujet. Je me tais. Je reprends ma route. Perdue dans mes pensées, je me demande pourquoi cette question m’a tant titillée les nerfs. Est-ce parce-que Juan me dit souvent que les gens au bureau lui demandent si je retravaille et qu’ils ont l’air de trouver un peu bizarre que je sois toujours à la maison à garder un bébé grandissant? Est-ce parce-que lorsque je retrouve des connaissances, elles me demandent toujours à un moment donné:
- Et alors tu fais quoi maintenant ?
Et moi de répondre immanquablement:
- Ben comme d’hab, présentement j’fais bébé…
Est-ce parce-que je me rends bien compte que je vis un quotidien à contre courant de mon époque en exploitant ce cocon maternel qui s’est tissé autour de moi ? Si je gardais les enfants des autres, j’aurais un statut social, je serai gardienne d’enfant ! Si j’écris et je travaille à la pige de chez moi, j’ai une occupation professionnelle, je suis reconnue. Mais si je ne suis que mère au foyer alors je ne suis rien ou tout du moins pas grand chose au regard de la société. En fait, est-ce que je n’erre un peu dans des limbes indéfinis, en marge de notre univers moderne?
Il faut avouer que l’emploi de mère au foyer n’est pas toujours des plus captivants, des plus stimulants intellectuellement. J’en conviens. Dans un monde de capitalisme et d’individualisme enrobé de féminisme, rester à la maison avec bébé a un petit quelque chose d’excentrique. Surtout si l’on est cultivé et diplômé. Si l’on est capable de ramener de l’argent sur la table à dîner et de s’épanouir professionnellement, rester à la maison ne semble pas faire partie de la norme actuelle. Personnellement, il me paraît important de partager les premières années de Lily-Soleil, quoi qu'il m'en coûte, c'est mon choix.
J’aime beaucoup l’idée de tout ce "Savoir Humain" à communiquer, de toutes ces choses à expliquer. Il faut s'armer de beaucoup de patience et de ténacité. Tenir l'équilibre. En se tenant de l'autre coté du miroir (face adulte), l’on en revient aux bases même de la vie, cela fait tant de bien. Ceci sans compter tous ces moments de douce affection qui sont à la base de cette nouvelle relation intime. Et puis, ce n’est pas non plus une sentence à vie, Lily-Soleil grandit bien assez vite pour que j'en sois consciente…
Rester à la maison pour pouponner, soyons franche, ce n’est pas super épanouissant en soi. Il y a cependant un aspect enrichissant qu’il est bon d’apprécier, il y a un apprentissage de vie à étudier et une intense satisfaction maternelle. Est-ce rentable à long terme ? Je n’en sais encore trop rien. Au jour le jour, je sais qu’il me faut me mettre au niveau de l’enfant, rentrer dans sa bulle, apprivoiser ce petit être en plein éveil. Il faut délimiter, surveiller, entourer, conforter, guider. Ce n’est pas de tout repos, c’est une sorte de travail abstrait qui ne se rémunère pas.
Bref, cette question de rien posée par une parfaite inconnue m’entraîne dans une longue réflexion où s’entrecoupent toutes sortes de concepts, de valeurs et de morales, un tout d’idées qui m’entremêle les pinceaux. Tout en essayant de garder mon équilibre intérieur, je poursuis en silence le chemin solitaire qui me mène jusqu’à ma petite maison de galets. Lily-Soleil s’est endormie, avant de la réveiller, je m’assois sur un banc solitaire pour admirer sa mine d’ange. C’est dans ces secondes là que tout s’éclaire, pour l’instant, je suis exactement là où je dois être…
lundi, octobre 16, 2006
Sale journée pour l'orignal
Sale journée pour l'orignal...
La saison de chasse s’est terminée ce soir. Nous partons en excursion dans un petit bout de monde où s’arrête la route, symbole de notre civilisation. L’asphalte se perdre dans la forêt sauvage, l’on pénètre dans l’univers des chasseurs et de leurs trophées sanglants fièrement ligotés sur leurs automobiles. Je ne peux m’empêcher de ressentir de la peine pour ces pauvres bêtes décapitées.
En effet, je n’ai jamais vu autant de têtes d’orignaux qu’en ce dimanche d’octobre ! Il faut dire que je n’avais jamais vu d’orignal auparavant de mes propres yeux. Aujourd’hui, j’en ai bien vu un, de près, cadavre paradé sur une échelle dans un pick-up vieillot devant une maison gardée par un chien pas vraiment méchant. La bête entière, déchue, trônait sur le toit de l’engin. La curiosité fut plus forte que le malaise ! L’on s’arrête et l’on observe le carnage…
Hum, j’aurais bien aimé en voir un vivant !| Pour une première c’est plutôt morbide ! Et là, je ne savais encore pas que ce trophée de chasse serait le thème de l’escapade dominicale! L’on poursuit notre route jusqu’aux environs de St-Raymond pour y dénicher du fromage de chèvre artisanal.
L’on arrive à la ferme Tourilli dans une éphémère tempête de grelots. A l’intérieur de la minuscule boutique, il fait bon déguster quelques fromages pour oublier le mauvais temps qui tambourine dehors. Dans l’étable remplie de foin, l’on rencontre le petit Théodore maître des lieux qui nous parle avec bonheur de son domaine. L’on en profite pour faire découvrir de nouveaux animaux à bébé Soleil qui écarquille ses petits yeux bien éveillés. De retour à la voiture, le ciel se dégage et laisse même percevoir quelques rayons de lumière.
L’on décide d’aller jeter un coup d'œil à St-Raymond depuis la superbe vue d’un petit Mont à saveur religieuse. Le ciel oscille entre colère et pardon. La qualité de l’air est irréprochable, l’espace se déroule sous nos pieds. L’on reprend la route vers la civilisation.
Après avoir fait quelques courses à St-Raymond, où nous croisons encore quelques voitures ornées d’orignaux fraîchement tués, nous prenons la direction de la Rivière-à-Pierre. Là-bas, c’est un peu le bout du monde. Dans cette direction, la route prend fin pour laisser place à la nature sauvage. Il semblerait aussi que cela soit aussi le paradis des chasseurs et des «coupeurs» de bois.
Nous y découvrons une chute vrombissante qui nous promène en un délicieux intervalle d’odeurs boisées qui enivrent mes narines sensibles. Le ciel nous offre même quelques rayons de soleil pour réchauffer le jour. Bonheur suprême. Moment de forêt presque vierge où l’absence des peuples natifs, ces peuples d’antan disparus, me serre le cœur. Micah marche devant moi et je ne peux m’empêcher de marmonner.
- Ouais, ben c’est quand même triste même si c’est un beau sentier parce-que ce serait quand même cool de croiser un indien avec qui on pourrait sympathiser et qui nous inviterait à dîner dans son campement avec sa bande...
Micah rigole de mes fantasmes. Lily-Soleil, dans les bras de son père et aux anges, son petit bout de nez rosit dans la saison fraîche. Je la couvre d'un regard empli de tendresse dévorante. L’on retrouve notre auto avec le soir qui approche à grands pas. Dans ce petit village centenaire nommé Rivière-à-Pierre, l’on s’arrête dans un « boui-boui » pour une restauration express.
Dans la salle presque vide, un groupe de chasseurs avec femmes et enfants semble bien heureux de leur journée. Ce n’est qu’après avoir mangé et être sortie dehors que je réalise toute la portée de leur bonheur. Les têtes d’orignaux trônent dans la nuit blanche. Il y en a une énorme qui m’impressionne et m’attriste tout à la fois. Mon flash crépite dans le noir, une voiture s’arrête à ma hauteur, un homme m’apostrophe:
- Hé, c’est à qui celui-ci ?
- Heu, ben je sais pas…
Juan nous explique qu’au poste de contrôle, à la frontière de la forêt, la dame en service lui a dit qu’il y avait eu 40 orignaux de tués aujourd’hui, j’imagine que celui-ci faisait partie des plus gros! Je n’arrive pas à comprendre la gloire d’une telle prise. J’aime tellement mieux l’imaginer en paix dans la forêt à vivre sa vie loin des turpitudes humaines. A la rigueur, je l’imagine mieux dans une tribu indienne qui le respecte et reconnaît ce sacrifice animal qui nourrira son peuple. Ah ! Je chasse mes pensées moroses en embrassant du regard cette pauvre bête qui connut une sale journée, pauvre bête débusquée pour mieux être décapitée !
Ouais, ce dimanche fut une bien mauvaise journée pour les orignaux locaux ! Cela ne doit pas être la joie de leur coté de la forêt ! Avec la semaine qui arrive au tournant de la nuit bien avancée, je fuis le sommeil. Dehors, l’automne laisse tranquillement sa place à ce "pré-hiver" qui nous prépare du royaume des glaces…
Ces derniers jours furent bien remplis entre un petit party à la maison vendredi soir, un samedi mollo pour récupérer de la veille et une sortie dominicale plutôt surprenante! J'entends ma raison nocturne appeller mon lit, je l'écoute et file sous mes draps...
La saison de chasse s’est terminée ce soir. Nous partons en excursion dans un petit bout de monde où s’arrête la route, symbole de notre civilisation. L’asphalte se perdre dans la forêt sauvage, l’on pénètre dans l’univers des chasseurs et de leurs trophées sanglants fièrement ligotés sur leurs automobiles. Je ne peux m’empêcher de ressentir de la peine pour ces pauvres bêtes décapitées.
En effet, je n’ai jamais vu autant de têtes d’orignaux qu’en ce dimanche d’octobre ! Il faut dire que je n’avais jamais vu d’orignal auparavant de mes propres yeux. Aujourd’hui, j’en ai bien vu un, de près, cadavre paradé sur une échelle dans un pick-up vieillot devant une maison gardée par un chien pas vraiment méchant. La bête entière, déchue, trônait sur le toit de l’engin. La curiosité fut plus forte que le malaise ! L’on s’arrête et l’on observe le carnage…
Hum, j’aurais bien aimé en voir un vivant !| Pour une première c’est plutôt morbide ! Et là, je ne savais encore pas que ce trophée de chasse serait le thème de l’escapade dominicale! L’on poursuit notre route jusqu’aux environs de St-Raymond pour y dénicher du fromage de chèvre artisanal.
L’on arrive à la ferme Tourilli dans une éphémère tempête de grelots. A l’intérieur de la minuscule boutique, il fait bon déguster quelques fromages pour oublier le mauvais temps qui tambourine dehors. Dans l’étable remplie de foin, l’on rencontre le petit Théodore maître des lieux qui nous parle avec bonheur de son domaine. L’on en profite pour faire découvrir de nouveaux animaux à bébé Soleil qui écarquille ses petits yeux bien éveillés. De retour à la voiture, le ciel se dégage et laisse même percevoir quelques rayons de lumière.
L’on décide d’aller jeter un coup d'œil à St-Raymond depuis la superbe vue d’un petit Mont à saveur religieuse. Le ciel oscille entre colère et pardon. La qualité de l’air est irréprochable, l’espace se déroule sous nos pieds. L’on reprend la route vers la civilisation.
Après avoir fait quelques courses à St-Raymond, où nous croisons encore quelques voitures ornées d’orignaux fraîchement tués, nous prenons la direction de la Rivière-à-Pierre. Là-bas, c’est un peu le bout du monde. Dans cette direction, la route prend fin pour laisser place à la nature sauvage. Il semblerait aussi que cela soit aussi le paradis des chasseurs et des «coupeurs» de bois.
Nous y découvrons une chute vrombissante qui nous promène en un délicieux intervalle d’odeurs boisées qui enivrent mes narines sensibles. Le ciel nous offre même quelques rayons de soleil pour réchauffer le jour. Bonheur suprême. Moment de forêt presque vierge où l’absence des peuples natifs, ces peuples d’antan disparus, me serre le cœur. Micah marche devant moi et je ne peux m’empêcher de marmonner.
- Ouais, ben c’est quand même triste même si c’est un beau sentier parce-que ce serait quand même cool de croiser un indien avec qui on pourrait sympathiser et qui nous inviterait à dîner dans son campement avec sa bande...
Micah rigole de mes fantasmes. Lily-Soleil, dans les bras de son père et aux anges, son petit bout de nez rosit dans la saison fraîche. Je la couvre d'un regard empli de tendresse dévorante. L’on retrouve notre auto avec le soir qui approche à grands pas. Dans ce petit village centenaire nommé Rivière-à-Pierre, l’on s’arrête dans un « boui-boui » pour une restauration express.
Dans la salle presque vide, un groupe de chasseurs avec femmes et enfants semble bien heureux de leur journée. Ce n’est qu’après avoir mangé et être sortie dehors que je réalise toute la portée de leur bonheur. Les têtes d’orignaux trônent dans la nuit blanche. Il y en a une énorme qui m’impressionne et m’attriste tout à la fois. Mon flash crépite dans le noir, une voiture s’arrête à ma hauteur, un homme m’apostrophe:
- Hé, c’est à qui celui-ci ?
- Heu, ben je sais pas…
Juan nous explique qu’au poste de contrôle, à la frontière de la forêt, la dame en service lui a dit qu’il y avait eu 40 orignaux de tués aujourd’hui, j’imagine que celui-ci faisait partie des plus gros! Je n’arrive pas à comprendre la gloire d’une telle prise. J’aime tellement mieux l’imaginer en paix dans la forêt à vivre sa vie loin des turpitudes humaines. A la rigueur, je l’imagine mieux dans une tribu indienne qui le respecte et reconnaît ce sacrifice animal qui nourrira son peuple. Ah ! Je chasse mes pensées moroses en embrassant du regard cette pauvre bête qui connut une sale journée, pauvre bête débusquée pour mieux être décapitée !
Ouais, ce dimanche fut une bien mauvaise journée pour les orignaux locaux ! Cela ne doit pas être la joie de leur coté de la forêt ! Avec la semaine qui arrive au tournant de la nuit bien avancée, je fuis le sommeil. Dehors, l’automne laisse tranquillement sa place à ce "pré-hiver" qui nous prépare du royaume des glaces…
Ces derniers jours furent bien remplis entre un petit party à la maison vendredi soir, un samedi mollo pour récupérer de la veille et une sortie dominicale plutôt surprenante! J'entends ma raison nocturne appeller mon lit, je l'écoute et file sous mes draps...
jeudi, octobre 12, 2006
Un simple après-midi d'octobre..
Un simple après-midi d'octobre..
C’est le retour de la pluie, monotonie des jours gris, les beautés de l’automne désertent le paysage au fur et à mesure que se dénudent les arbres. Heureusement, il me reste encore bien des couleurs en mémoire, assez pour tenir jusqu’à l’hiver et ses féeries de glace. Cet autre hiver qui nous ensevelira de nouveau sous ses humeurs lactescentes…
Nous pénétrons une période de transition. Je dois ranger les saveurs de l'été et sa verdure luxuriante dans les tiroirs de nos souvenirs. J'en profite pour accrocher quelques pensées d’automne perdu aux quatre vents aux parois de ce petit coin virtuel.
Je fais mon possible pour m’harmoniser avec la routine maternelle. Mais Lily-Soleil grandit si vite que déjà, j’ai l’impression qu’elle n’est plus tant bébé que fillette en devenir. Cette routine est paradoxale puisque même si les jours se ressemblent aucun n’est pareil! Subtile sensation de m’immerger en une dimension composée de centaines d’évolutions. Une relation se construit, une relation « mère-fille » toute jeune, empreinte d’innocence, comme une reconnaissance intime enrobée de tendres sentiments qui explosent de l'intérieur.
Je savoure ces moments de grâce inestimable avec toute la gratitude qu’il leur en incombe. Je me nourris de ces moments de partage qui nous lient d’un sourire complice, d’une étreinte affectueuse. Je renie la fatigue et les douleurs pour ne contempler que la magie de ce présent que m’offre la vie. Un présent rempli d’elle, petit être jailli de ma chair, l’émotion qui s’en dégage est à la hauteur des sacrifices qu’il impose. Un présent maternel, presque irréel, tout en apprentissages…
C’est le retour de la pluie, monotonie des jours gris, les beautés de l’automne désertent le paysage au fur et à mesure que se dénudent les arbres. Heureusement, il me reste encore bien des couleurs en mémoire, assez pour tenir jusqu’à l’hiver et ses féeries de glace. Cet autre hiver qui nous ensevelira de nouveau sous ses humeurs lactescentes…
Nous pénétrons une période de transition. Je dois ranger les saveurs de l'été et sa verdure luxuriante dans les tiroirs de nos souvenirs. J'en profite pour accrocher quelques pensées d’automne perdu aux quatre vents aux parois de ce petit coin virtuel.
Je fais mon possible pour m’harmoniser avec la routine maternelle. Mais Lily-Soleil grandit si vite que déjà, j’ai l’impression qu’elle n’est plus tant bébé que fillette en devenir. Cette routine est paradoxale puisque même si les jours se ressemblent aucun n’est pareil! Subtile sensation de m’immerger en une dimension composée de centaines d’évolutions. Une relation se construit, une relation « mère-fille » toute jeune, empreinte d’innocence, comme une reconnaissance intime enrobée de tendres sentiments qui explosent de l'intérieur.
Je savoure ces moments de grâce inestimable avec toute la gratitude qu’il leur en incombe. Je me nourris de ces moments de partage qui nous lient d’un sourire complice, d’une étreinte affectueuse. Je renie la fatigue et les douleurs pour ne contempler que la magie de ce présent que m’offre la vie. Un présent rempli d’elle, petit être jailli de ma chair, l’émotion qui s’en dégage est à la hauteur des sacrifices qu’il impose. Un présent maternel, presque irréel, tout en apprentissages…