Une petite fille, un jardinet, une famille...
Cette année, M'zelle Soleil s'est prise de passion pour le jardinage. J'en encourage les élans et j'en récolte des graines de bonheur.
Motivés par son enthousiasme, nous avons profité d'une fin de semaine de maivembre (sans trop de pluie) pour défricher et redélimiter le jardinet au coin de la maison...
Avec bonne humeur, M'zelle Soleil a contribué au ménage de printemps. Quelques jours auparavant, elle avait insisté pour que l'on achète des graines de carottes et de petits pois...
Avec plaisir, je lui offre deux carrés de terre pour commencer son potager rêvé. La voir si heureuse de planter des graines me rappelle au miracle de la vie.
Je suis une jardinière du dimanche. J'apprécie le principe. C'est un hobby que j'ai développé au cours de ma vingtaine. J'aime voir pousser les fleurs, me régaler de leurs couleurs et j'ai un faible certain pour l'aura des tournesols.
J'observe l'ardeur de ma puce à jardiner . Elle rayonne. Sa passion me ramène à des bouffées d'enfance lointaine. En un autre continent. Je respire. Je me souviens. Ne pas oublier l'enfant en soi. J'en profite pour planter à temps ma collection de tournesols qui font ma tradition personnelle...
En famille, l'on jardine entre deux gouttes de pluie. L'on bulle entre deux carrés de terre. Au fil des années qui passent, je découvre une dynamique familiale qui n'a jamais fait partie de mon enfance.
C'est une sensation particulière qui baume mes blessures intérieures. Grandir est un processus qui se déroule sur le temps d'une vie. L'apprentissage humain est sans fin.
M'zelle soleil papote à gogo. L'on parle des mystères de la nature. Poussera, poussera pas? Mais qu'est-ce qui poussera? Mangera-t-on des carottes dans trois mois? C'est la première fois que je plante des carottes et des petits pois. Je ne suis guère plus avancée que ma fille dans la connaissance de la chose...
J'ai, cependant, une meilleure conscience du temps qui passe. J'ai conscience de la durée du processus que l'on commence. M'zelle Soleil, quant à elle, est si contente de planter des graines dans la terre fraîche qu'elle arrive presque à se persuader que les graines poussent sous ses yeux. L'on sourit devant la beauté de ces 5 ans. Je me dis que jardiner peut certainement lui faire prendre conscience du déroulement du temps. Il faut des jours, des semaines et des mois pour voir pousser des petits pois!
Fascinée par son trip de jardinage, je me nourris de son innocence pour batailler le blasé de mes jours. Le temps passe et la pluie n'en finit pas de tomber. Mais, du haut de la galerie, cela ne nous empêche pas d'admirer régulièrement notre jardin. La grisaille s'efface lorsque l'on regarde pousser les fleurs.
Ainsi l'on passe de longues minutes à regarder pousser les vivaces. En une semaine l'on remarque que les têtes de violons deviennent des bébés fougères. Selon M'zelle Soleil, les cosmos ressemblent à de jolis petits arbres. J'apprécie ces moments simples que l'on partage. Ils sont précieux. Ils cimentent cette relation que l'on construit avec passion.
Être parent, c'est aussi un peu jardiner la vie. L'on plante une graine humaine qui germe. Une graine qui pousse et qui engendre l'enfance que l'on cultive avec amour et discipline. Être parent c'est aussi jardiner le futur de cette humanité qui nous unit.
Aujourd'hui débute une nouvelle semaine qui achève ce mois de maivembre. En un ciel d'un bleu infini, le soleil brille de plein feux. Les petits pois sortent leur tête de la terre. Je vois naitre mes tournesols. M'zelle Soleil est aux anges. À ses cotés, je reprends des forces. L'été est au coin du calendrier...
lundi, mai 30, 2011
vendredi, mai 27, 2011
De femme, de rides et d'un mari
De femme, de rides et d'un mari...
Ces dernières semaines, j'observe naître une ride avec un petit pincement au coeur. Je grimace et je maugrée. Je n'apprécie guère la sensation qui en découle.
Car si j'ai adopté mes pattes d'oies comme signe de maturité, j'ai une petite hantise des ridules de lèvres. Et voilà que naît ma première! Une ride verticale au coin supérieur de la lèvre. Une ride qui ne se voit pas encore tant que cela mais que je regarde avec hargne, certains matins mal lunés.
De ces matins où l'on se réveille le visage chiffonné par une nuit qui n'a pas reposé. De ces matins où le temps marque son emprise sur la peau et qu'il est impossible d'y échapper! Je ne me réveille plus fraîche comme une rose... Serai-je bientôt fanée?
Ces matins là, devant la glace, je me rappelle que je préfère être ridée qu'asymétrique et qu'il vaut mieux avoir quelques rides que la face tordue! Je n'en crème pas moins avec passion cette ridule qui me désole. L'on dit que les rides font le livre de la vie. Cette ride là doit être le chapitre concernant la paralysie.
J'en parle avec Juan. Il ne voit pas l'importance de la chose. Tant mieux. Pour lui les rides font partie de la vie. Il semble moins s'en préoccuper que moi. Cela m'intrigue un peu. Est-ce que la ride est vraiment une hantise toute féminine? Il est vrai que les hommes peuvent rider en toute impunité. De manière si injuste que pour eux, la ride accentue le charme au lieu de l'estomper. Alors que je soupire et boudasse dans mon coin, Juan m’observe et me dit:
- Voyons Etolane, tu ne peux pas déprimer à chaque ride! C'est pas logique. Si tu fais une dépression à chaque ride, comment tu vas faire pour passer au travers des 30 prochaines années!?!
- Aille! Juste. Mais ça fait mal! Je veux pas rider!!!!
Malgré tout, cette petite phrase me fait du bien car c'est une vérité que je ne peux que regarder. J'aime regarder les vérités. Bien plus que me conforter dans les mensonges. Dans deux ans j'aurai quarante ans. Et même si cela me fait grincer des dents, je suis prête à continuer ma vie après quarante ans! Donc si je vis les 30 prochaines années, je vais certainement rider. Autant m'y habituer. Enfin, autant essayer. Et continuer de me crémer...
Ces dernières semaines, j'observe naître une ride avec un petit pincement au coeur. Je grimace et je maugrée. Je n'apprécie guère la sensation qui en découle.
Car si j'ai adopté mes pattes d'oies comme signe de maturité, j'ai une petite hantise des ridules de lèvres. Et voilà que naît ma première! Une ride verticale au coin supérieur de la lèvre. Une ride qui ne se voit pas encore tant que cela mais que je regarde avec hargne, certains matins mal lunés.
De ces matins où l'on se réveille le visage chiffonné par une nuit qui n'a pas reposé. De ces matins où le temps marque son emprise sur la peau et qu'il est impossible d'y échapper! Je ne me réveille plus fraîche comme une rose... Serai-je bientôt fanée?
Ces matins là, devant la glace, je me rappelle que je préfère être ridée qu'asymétrique et qu'il vaut mieux avoir quelques rides que la face tordue! Je n'en crème pas moins avec passion cette ridule qui me désole. L'on dit que les rides font le livre de la vie. Cette ride là doit être le chapitre concernant la paralysie.
J'en parle avec Juan. Il ne voit pas l'importance de la chose. Tant mieux. Pour lui les rides font partie de la vie. Il semble moins s'en préoccuper que moi. Cela m'intrigue un peu. Est-ce que la ride est vraiment une hantise toute féminine? Il est vrai que les hommes peuvent rider en toute impunité. De manière si injuste que pour eux, la ride accentue le charme au lieu de l'estomper. Alors que je soupire et boudasse dans mon coin, Juan m’observe et me dit:
- Voyons Etolane, tu ne peux pas déprimer à chaque ride! C'est pas logique. Si tu fais une dépression à chaque ride, comment tu vas faire pour passer au travers des 30 prochaines années!?!
- Aille! Juste. Mais ça fait mal! Je veux pas rider!!!!
Malgré tout, cette petite phrase me fait du bien car c'est une vérité que je ne peux que regarder. J'aime regarder les vérités. Bien plus que me conforter dans les mensonges. Dans deux ans j'aurai quarante ans. Et même si cela me fait grincer des dents, je suis prête à continuer ma vie après quarante ans! Donc si je vis les 30 prochaines années, je vais certainement rider. Autant m'y habituer. Enfin, autant essayer. Et continuer de me crémer...
Du coté de maivembre...
En "maivembre" verdissent les collines...
Passent les jours de mai et l'on n'enlève toujours pas ce qu'il nous plait! Cette année, j'ai décidé de donner un petit surnom au mois qui s'écoule: maivembre!
En effet, ce mois de mai a de si beaux accents de novembre qu'il est difficile de le penser autrement. Pluie, fraîcheur, c'est l'abondance. Alors que de l'autre coté de l'océan, la France se dessèche, ici c'est les inondations qui font les manchettes. Je me demande s'il y a existé un parfait mois de mai cette année sur Terre?
Heureusement que les collines verdissent à mesure que les feuilles s'ouvrent! De nouveau le vent vient les caresser et rythmer leurs souffles. Je m'extasie de leur rapide croissance. Je souris devant mon paysage qui verdit à vue d'oeil. Je me régale de ces premiers verts presque phosphorescents. Ils remettent à flots mon moral tanguant.
Comme la santé ne m'est pas encore complète, je n'arrive pas à courir les couchers de soleil comme je l'aimerais. Je grimace de manquer quelques superbes spécimens. Mais j'arrive tout de même à en accrocher un qui m'inspire un texte zen en bord de lac. Quelques instants de zénitude pour faire un petit plein d'énergie. Pour nourrir le moteur de la vie.
Puis le 21 mai dernier, jour fantasmé de fin du monde pour un énergumène californien, mon cher Nikon fait le mort. En quelques galaxies abstraites, c'est une petite fin du monde pour ma pomme. Enfin mieux vaut en sourire qu'en pleurer car justement ce n'est pas tant la fin du monde que l'occasion de traverser un obstacle comme tant d'autres au quotidien.
Depuis quelques mois, la route où je marche est ponctuée de difficultés. Avec la pratique, j'en développe une nouvelle philosophie. Patience et persévérance deviennent mon combo de prédilection. J'y ajoute un zeste de rêve et une bonne dose d'espoir. Je me contente de ce qui va bien pour batailler ce qui est difficile. J'ai souvent l'impression que la vie est un fil. Et que tout humain doit se faire équilibriste pour y survivre...
Passent les jours de mai et l'on n'enlève toujours pas ce qu'il nous plait! Cette année, j'ai décidé de donner un petit surnom au mois qui s'écoule: maivembre!
En effet, ce mois de mai a de si beaux accents de novembre qu'il est difficile de le penser autrement. Pluie, fraîcheur, c'est l'abondance. Alors que de l'autre coté de l'océan, la France se dessèche, ici c'est les inondations qui font les manchettes. Je me demande s'il y a existé un parfait mois de mai cette année sur Terre?
Heureusement que les collines verdissent à mesure que les feuilles s'ouvrent! De nouveau le vent vient les caresser et rythmer leurs souffles. Je m'extasie de leur rapide croissance. Je souris devant mon paysage qui verdit à vue d'oeil. Je me régale de ces premiers verts presque phosphorescents. Ils remettent à flots mon moral tanguant.
Comme la santé ne m'est pas encore complète, je n'arrive pas à courir les couchers de soleil comme je l'aimerais. Je grimace de manquer quelques superbes spécimens. Mais j'arrive tout de même à en accrocher un qui m'inspire un texte zen en bord de lac. Quelques instants de zénitude pour faire un petit plein d'énergie. Pour nourrir le moteur de la vie.
Puis le 21 mai dernier, jour fantasmé de fin du monde pour un énergumène californien, mon cher Nikon fait le mort. En quelques galaxies abstraites, c'est une petite fin du monde pour ma pomme. Enfin mieux vaut en sourire qu'en pleurer car justement ce n'est pas tant la fin du monde que l'occasion de traverser un obstacle comme tant d'autres au quotidien.
Depuis quelques mois, la route où je marche est ponctuée de difficultés. Avec la pratique, j'en développe une nouvelle philosophie. Patience et persévérance deviennent mon combo de prédilection. J'y ajoute un zeste de rêve et une bonne dose d'espoir. Je me contente de ce qui va bien pour batailler ce qui est difficile. J'ai souvent l'impression que la vie est un fil. Et que tout humain doit se faire équilibriste pour y survivre...
mercredi, mai 18, 2011
Jour après jour...
Un jour à la fois...
Aujourd'hui, il fait presque doux. Cette année,le printemps s'affirme timidement. Le temps est aussi bancal que ma santé. En harmonie avec la nature, j'éclos à mesure que je guéris. Semaine après semaine, je me soigne.
Je dépense encore beaucoup trop d'énergie à guérir. À me reposer Mon nerf facial se régénère, c'est une expérience en soi.
Durant ce processus de régénération, je découvre une panoplie de sensations faciales plus ou moins douloureuses. Une panoplie assez riche pour en faire un roman bien déprimant! Je passe mon tour et j'attends les beaux jours.
Millimètre après millimètre, je m'éloigne du pire. La partie affectée de mon visage retrouve des sensations de plus en plus normales. J'en suis reconnaissante. Même si je la ressens encore, plus personne ne voit cette paralysie qui a bouleversé mon hiver.
Je vais chez le kiné religieusement. Je prends mes médicaments. Je me repose. Je materne. J'aime. Je m'éparpille entre diverses virtualités. Je traverse les difficultés. Je me love en mon cocon de quotidien entre lac et forêt.
Les semaines passent. J'en suis à la quinzième depuis le début de la maladie. J'écris mes piges. Je fonctionne. Durant l'une de ces piges pour un portail tendance, je découvre un Gym à Québec avec des machines à Pilates. Je craque tellement sur le concept que j'y reviens. Impossible de faire autrement! J'en ai trop besoin. Je m'y inscris même si c'est à heure et demie (aller-retour) de chez moi. La garderie est géniale, M'zelle Soleil adore y aller, cela nous donne l'occasion d'une petite aventure mère-fille hebdomadaire en ville.
Comme je fais du Pilates depuis plusieurs années (on and off) j'entre direct dans une classe avancée. Je retrouve des repéres corporels. Cette discipline particulière est ma préférée. J'aime la pratiquer. Avec bonheur et effort, mes muscles engourdis par la maladie s'étirent et se délient. La prof complimente mes acquis. Je souris et je rougis un peu. La maladie accentue la vulnérabilité. Je me renforce l'être en même temps que le corps.
J'adore le Pilates sur tapis et le Pilates sur machines, c'est de la balle! Ma peau trippe. J'entends les remerciements de mon corps. Je lui réponds que cela fait partie du processus de guérison. J'apprends à mieux le considérer. À tenir compte de ses limites. La route est escarpée, périlleuse. Je persévère.
Je reprends les rennes de ma vie. Petit à petit mon corps récupére sa santé perturbée par le maudit virus. Bientôt prête à faire un bilan de cette déconcertante maladie, je médite encore un peu sur le sujet tandis que bourgeonne la forêt...
Aujourd'hui, il fait presque doux. Cette année,le printemps s'affirme timidement. Le temps est aussi bancal que ma santé. En harmonie avec la nature, j'éclos à mesure que je guéris. Semaine après semaine, je me soigne.
Je dépense encore beaucoup trop d'énergie à guérir. À me reposer Mon nerf facial se régénère, c'est une expérience en soi.
Durant ce processus de régénération, je découvre une panoplie de sensations faciales plus ou moins douloureuses. Une panoplie assez riche pour en faire un roman bien déprimant! Je passe mon tour et j'attends les beaux jours.
Millimètre après millimètre, je m'éloigne du pire. La partie affectée de mon visage retrouve des sensations de plus en plus normales. J'en suis reconnaissante. Même si je la ressens encore, plus personne ne voit cette paralysie qui a bouleversé mon hiver.
Je vais chez le kiné religieusement. Je prends mes médicaments. Je me repose. Je materne. J'aime. Je m'éparpille entre diverses virtualités. Je traverse les difficultés. Je me love en mon cocon de quotidien entre lac et forêt.
Les semaines passent. J'en suis à la quinzième depuis le début de la maladie. J'écris mes piges. Je fonctionne. Durant l'une de ces piges pour un portail tendance, je découvre un Gym à Québec avec des machines à Pilates. Je craque tellement sur le concept que j'y reviens. Impossible de faire autrement! J'en ai trop besoin. Je m'y inscris même si c'est à heure et demie (aller-retour) de chez moi. La garderie est géniale, M'zelle Soleil adore y aller, cela nous donne l'occasion d'une petite aventure mère-fille hebdomadaire en ville.
Comme je fais du Pilates depuis plusieurs années (on and off) j'entre direct dans une classe avancée. Je retrouve des repéres corporels. Cette discipline particulière est ma préférée. J'aime la pratiquer. Avec bonheur et effort, mes muscles engourdis par la maladie s'étirent et se délient. La prof complimente mes acquis. Je souris et je rougis un peu. La maladie accentue la vulnérabilité. Je me renforce l'être en même temps que le corps.
J'adore le Pilates sur tapis et le Pilates sur machines, c'est de la balle! Ma peau trippe. J'entends les remerciements de mon corps. Je lui réponds que cela fait partie du processus de guérison. J'apprends à mieux le considérer. À tenir compte de ses limites. La route est escarpée, périlleuse. Je persévère.
Je reprends les rennes de ma vie. Petit à petit mon corps récupére sa santé perturbée par le maudit virus. Bientôt prête à faire un bilan de cette déconcertante maladie, je médite encore un peu sur le sujet tandis que bourgeonne la forêt...
mardi, mai 10, 2011
Chroniques d'enfance....
Chroniques d'enfance au coin de Disney...
Avant ses quatre ans, M'zelle Soleil n'a pas beaucoup regardé la télévision. Un peu de Télé-Québec (Cornemuse et compagnie) les samedis matins et Dora, à laquelle l'on ne peut passer à coté!
Mais la télévision n'était pas vraiment son truc. Et puis, à mon humble avis, en tant que native numérique, elle a tout le reste de sa vie pour côtoyer des écrans. Aussi je trouvais cela bien comme c'était.
Et puis l'été dernier, la Miss s'est fracturée le tibia sur la trampoline de la voisine. L'été s'en est trouvé bien gâché! Elle avait quatre ans et demi et toutes ses dents de lait...
Dans la même semaine, j'ai découvert presque pas hasard la chaine de Disney sur le câble. C'était une toute nouvelle chaine pour enfants qui diffusait "des bonshommes" (comme on nomme la chose à la maison) 24 heures sur 24. Du coup, elle est tombée dans la chaine de Disney comme Obélix dans la marmite!
Comme la pauvre puce avait la jambe dans le plâtre, elle était bien mal emmanchée en pleine canicule. Mon coeur de maman saignait de la voir souffrir. C'est donc sur un plateau que je lui ai offert la chaine qui diffusait des bonshommes l'après-midi. Et c'est ainsi qu'elle a pris goût à la télévision. Comme elle me faisait bien pitié avec son gros plâtre, je n'ai certainement pas eu le cœur de l'en priver.
Disney venait d'entrer dans mon salon. Par la force des choses, je me suis mise à connaitre toute une ribambelles de personnages et d'émissions enfantines. Plusieurs ne m'étaient pas inconnus. Comme j'ai vite réalisé combien la majorité de ces émissions étaient de type éducatif, j'ai laissé ma puce prendre des bains de Disney pour se divertir l'enfance. Son premier coup de cœur a été l'agent Oso. En l'écoutant en sourdine, j'ai vite compris la recette et j'ai trouvé le tout si éducatif que je me demandais parfois si cela ne manquait pas un peu de légèreté! Mais comme ma puce était accro, ma foi...
Du coup, je l'avoue, j'en ai souvent passé une "p'tite vite" à la Miss en détournant la formule Oso à des fins personnelles. J'ai appliqué la technique des trois étapes pour l'encourager à effectuer des tâches qui ne la tentaient pas mais pas du tout! Cela marche à merveille. Et lorsque l'on trouve un truc qui permet de contourner le fait d'insister à répétition et de devoir hausser le ton, l'on en use et parfois l'on en abuse.
Par exemple, certains soirs, alors que la Miss n'a pas plus envie que cela de prendre son bain. Je peux appeler Oso à la rescousse et même transformer la vie en comédie musicale en fredonnant: "Étape un l'on se déshabille, étape deux, l'on fait couler le bain. Étape trois, on saute dedans!" Miss Soleil est familière avec le principe et me trouve plus comique que gendarme. Du coup, elle entre facilement dans le jeu. Un jeu qui en vaut la chandelle!
Du coté de ses émissions préférées, il y a aussi "Marguerite et la bête féroce". Celle-ci a d'ailleurs un drôle d'effet sur son père qui à force d'entendre la chanson du générique en a concocté une version hard-rock qui fait bien rire la galerie qui assiste à sa prestation! Une version tordante de l'original...
Il faut dire qu'en tant que parents, il y a de ces petites chansonnettes qui nous rentrent dans la tête et deviennent vite des vers d'oreilles. Ces chansonnettes font des loops dans nos cervelles. Elles font bien rire la puce lorsqu'on les fredonne malgré nous. Mais vous, parents de l'autre coté de l'écran, quels sont ces vers d'oreilles qui se cultivent dans vos neurones?
Aussi, M'zelle Soleil a.d.o.r.e la maison de Mickey. C'est une maison particulière, quelque peu magique, qui fait son bonheur. On y retrouve tous les personnages principaux de Disney. Le tout est enrobé d'une sauce éducative. La Miss n'y voit que du feu! D'ailleurs, elle aime assez cette maison imaginaire pour que l'on concocte un petit topo maison. Une petite vidéo que l'on mijote pour l'été.
Ce printemps, la chaine Disney se transforme, elle devient Disney Junior. Étonnement ce changement semble stimuler ma puce qui frétille devant les bandes annonces des nouvelles émissions.
Il parait que s'en vient une émission de pirates qui lui fait bien envie et elle accroche plus vite que l'éclair à Aladin et sa princesse. Je doute que celles-ci aient autant d'atouts éducatifs que l'agent Oso mais j'imagine que j'en saurai plus dans les prochains mois...
En attendant, j'intègre quelques heures par semaine de télévision à sa routine d'enfance sans trop culpabiliser. Vu que je regarde moi-même la télévision, je me dois d'être un parent crédible. Maintenant qu'elle y a pris gout, je serais bien hypocrite de l'empêcher d'en regarder!
Cela dit, à la maison, pour la Miss, la télévision est un privilège. Il faut en demander la permission. C'est aussi un privilège qui est illico sur la sellette en cas de grosses bêtises. Et bon, il faut avouer que le samedi matin, Disney Junior offre un bon répit aux parents que nous sommes. On en profite pour ne pas se lever avec les poules comme tous les autres jours de la semaine. On en profite pour lézarder un peu et débuter la fin de semaine sans trop se presser tandis que la Miss profite de ses émissions préférées!
Un jour, elle fera la grasse matinée. Ce jour là, surement que je repenserai avec nostalgie au bon vieux temps de ces cinq ans. Je repenserai à comment la vie était plus simple et combien il n'est pas facile de laisser s'envoler du nid nos oisillons...
Avant ses quatre ans, M'zelle Soleil n'a pas beaucoup regardé la télévision. Un peu de Télé-Québec (Cornemuse et compagnie) les samedis matins et Dora, à laquelle l'on ne peut passer à coté!
Mais la télévision n'était pas vraiment son truc. Et puis, à mon humble avis, en tant que native numérique, elle a tout le reste de sa vie pour côtoyer des écrans. Aussi je trouvais cela bien comme c'était.
Et puis l'été dernier, la Miss s'est fracturée le tibia sur la trampoline de la voisine. L'été s'en est trouvé bien gâché! Elle avait quatre ans et demi et toutes ses dents de lait...
Dans la même semaine, j'ai découvert presque pas hasard la chaine de Disney sur le câble. C'était une toute nouvelle chaine pour enfants qui diffusait "des bonshommes" (comme on nomme la chose à la maison) 24 heures sur 24. Du coup, elle est tombée dans la chaine de Disney comme Obélix dans la marmite!
Comme la pauvre puce avait la jambe dans le plâtre, elle était bien mal emmanchée en pleine canicule. Mon coeur de maman saignait de la voir souffrir. C'est donc sur un plateau que je lui ai offert la chaine qui diffusait des bonshommes l'après-midi. Et c'est ainsi qu'elle a pris goût à la télévision. Comme elle me faisait bien pitié avec son gros plâtre, je n'ai certainement pas eu le cœur de l'en priver.
Disney venait d'entrer dans mon salon. Par la force des choses, je me suis mise à connaitre toute une ribambelles de personnages et d'émissions enfantines. Plusieurs ne m'étaient pas inconnus. Comme j'ai vite réalisé combien la majorité de ces émissions étaient de type éducatif, j'ai laissé ma puce prendre des bains de Disney pour se divertir l'enfance. Son premier coup de cœur a été l'agent Oso. En l'écoutant en sourdine, j'ai vite compris la recette et j'ai trouvé le tout si éducatif que je me demandais parfois si cela ne manquait pas un peu de légèreté! Mais comme ma puce était accro, ma foi...
À chaque épisode, l'agent spécial Oso part en mission. Ses missions se déroulent toujours en 3 étapes. La plupart de ses missions sont ultra-éducatives. Elles consistent principalement à apprendre des tâches quotidiennes. Ce qui n'est pas sans rendre service aux parents! Merci Oso! D'après ce que j'en comprends, l'idée de fond est d'encourager l'aide à son prochain et la résolution de situations en tout genre. Rien à redire sur le sujet.
Par exemple, certains soirs, alors que la Miss n'a pas plus envie que cela de prendre son bain. Je peux appeler Oso à la rescousse et même transformer la vie en comédie musicale en fredonnant: "Étape un l'on se déshabille, étape deux, l'on fait couler le bain. Étape trois, on saute dedans!" Miss Soleil est familière avec le principe et me trouve plus comique que gendarme. Du coup, elle entre facilement dans le jeu. Un jeu qui en vaut la chandelle!
Du coté de ses émissions préférées, il y a aussi "Marguerite et la bête féroce". Celle-ci a d'ailleurs un drôle d'effet sur son père qui à force d'entendre la chanson du générique en a concocté une version hard-rock qui fait bien rire la galerie qui assiste à sa prestation! Une version tordante de l'original...
Il faut dire qu'en tant que parents, il y a de ces petites chansonnettes qui nous rentrent dans la tête et deviennent vite des vers d'oreilles. Ces chansonnettes font des loops dans nos cervelles. Elles font bien rire la puce lorsqu'on les fredonne malgré nous. Mais vous, parents de l'autre coté de l'écran, quels sont ces vers d'oreilles qui se cultivent dans vos neurones?
Aussi, M'zelle Soleil a.d.o.r.e la maison de Mickey. C'est une maison particulière, quelque peu magique, qui fait son bonheur. On y retrouve tous les personnages principaux de Disney. Le tout est enrobé d'une sauce éducative. La Miss n'y voit que du feu! D'ailleurs, elle aime assez cette maison imaginaire pour que l'on concocte un petit topo maison. Une petite vidéo que l'on mijote pour l'été.
Ce printemps, la chaine Disney se transforme, elle devient Disney Junior. Étonnement ce changement semble stimuler ma puce qui frétille devant les bandes annonces des nouvelles émissions.
Il parait que s'en vient une émission de pirates qui lui fait bien envie et elle accroche plus vite que l'éclair à Aladin et sa princesse. Je doute que celles-ci aient autant d'atouts éducatifs que l'agent Oso mais j'imagine que j'en saurai plus dans les prochains mois...
En attendant, j'intègre quelques heures par semaine de télévision à sa routine d'enfance sans trop culpabiliser. Vu que je regarde moi-même la télévision, je me dois d'être un parent crédible. Maintenant qu'elle y a pris gout, je serais bien hypocrite de l'empêcher d'en regarder!
Cela dit, à la maison, pour la Miss, la télévision est un privilège. Il faut en demander la permission. C'est aussi un privilège qui est illico sur la sellette en cas de grosses bêtises. Et bon, il faut avouer que le samedi matin, Disney Junior offre un bon répit aux parents que nous sommes. On en profite pour ne pas se lever avec les poules comme tous les autres jours de la semaine. On en profite pour lézarder un peu et débuter la fin de semaine sans trop se presser tandis que la Miss profite de ses émissions préférées!
Un jour, elle fera la grasse matinée. Ce jour là, surement que je repenserai avec nostalgie au bon vieux temps de ces cinq ans. Je repenserai à comment la vie était plus simple et combien il n'est pas facile de laisser s'envoler du nid nos oisillons...
vendredi, mai 06, 2011
En mai, trouves la paix...
En mai, trouves la paix (et la guérison)...
Je cours après ce billet depuis le lundi de Pâques où j'ai pris ce panorama ci dessus. Ce soir là, l'hiver était encore bien présent. C'était l'un de ces moments précis où l'on se dit qu'il n'en finira plus. Où la sensation de l'interminable hiver est la plus forte, la plus aiguisée, la plus sensible.
Elle a une impression de fond de puits frisquet, une sensation de grotte souterraine où l'hiver fait fleurir des stalagmites. Ce soir là, j'ai vu marcher des gens sur le lac. C'était le 25 avril et il devait faire moins cinq dans le vent. Cependant, les couleurs du soleil couchant laissaient présager un futur plus chaleureux que ne le furent les derniers mois.
Et puis avec cette dernière semaine d'avril qui déroule ses jours de plus en plus longs, une commande me presse les neurones. De ces commandes dont les délais sont si serrés que c'est un peu comme entrer dans un corset mental! Et pendant que les jours passent, je m'applique à guérir toujours un petit peu plus...
Arrive la pluie et d'un coup le temps se renverse. Quelques brins de soleil nous font du bien à l'âme. Notre puce de maison en profite pour écarteler les petons entre quelques rayons. Au premier mai, l'homme s'amuse à marcher sur la glace fondante. Le lac se libère. L'on s'éveille les idées encroutées d'hiver. Des vagues de brume enrobe l'atmosphère qui dégèle. Je bataille pour retrouver ma santé. Pour retrouver ma peau en paix.
En quelques jours, le mètre de neige qui fait de l'hiver un mont sur la pelouse a entièrement fondu! Je souris aux quatre vents tandis que les oiseaux gazouillent. Une semaine après la dernière tempête hivernale, je vois enfin la texture de la pelouse, toute recroquevillée sur elle-même...
Je continue de passer le temps jour après jour. Les jours passent et me guérissent. Millimètre par millimètre mon nerf facial se régénère. Je souffre. Je fatigue. Je me repose. Je travaille. J'aime. Je revis.
Les jours déroulent le temps qui nous efface et le lac se met à fondre lui aussi. Une semaine après le lundi de Pâques, l'on est ragaillardi par le processus de fonte en pleine action. L'on dés-hiberne à petit feu...
Je retourne voir le spécialiste pour ma paralysie faciale qui ne semble plus se voir de l'extérieur (yeah) mais dont je ressens encore les meurtrissures de l'intérieur (ouille). Je morfle. Je douille. Comme si j'avais eu une moitié de visage qui s'était faite tabassée durant des semaines pour être transformée en bouillie invisible.
Tandis que revient ma mobilité d'expression, je bataille les douleurs qui accompagnent cette salo... de maladie. Encore sous le choc de l'expérience vécue, j'ai l'impression de me réveiller d'un long et terrible cauchemar.
D'ici un ou deux mois, d'après le spécialiste, je serai complétement guérie. J'aurais bien appris en chemin. Et jusqu'à ce que je puisse mettre ce maudit virus dans le tiroir des souvenirs, je continue de prendre le temps de guérir.
Comme me l'explique ma kiné qui, au fil des semaines, est devenue un peu comme le vieil instructeur dans Karaté Kid, je dois prendre le temps de guérir. Régulièrement, elle me motive, elle me rassure, elle m'accompagne dans mon cheminement et elle me confie quelques graines de sagesse ce faisant. Je l'écoute. Je me laisse aller entre ses doigts. Je veux guérir. Retrouver la paix en ma face, en mon esprit, en mon cœur.
Pour cela, je suis prête à explorer les profondeurs de ma vie. Car il n'y a pas à dire, perdre la mobilité de la moitié du visage déplace (ou remet en place) toutes sortes de perspectives existentielles.
Alors que chemine ce processus de guérison, je puise en mes forces internes pour traverser l'adversité de cette déplaisante expérience. À la douleur intense du nerf meurtri s'ajoute la fatigue. La fatigue médicamenteuse. La fatigue de l'attaque virale. La fatigue du corps qui utilise un maximum d'énergie à batailler pour se remettre sur pieds. Je m'habitue à vivre avec un certain mal. Je prends patience. Je perds patience. Je travaille mes patiences. En ce début de mai, je suis fatiguée...
Pendant que l'hiver se fait la malle, je répare les ravages de ce méchant virus sur mon corps. Je ramasse mes miettes et les recolle. Pendant ce temps, à l'extérieur de ma bulle, les dernières élections mettent à bas le moral de tous mes amis.
Ces élections qui donnent une majorité aux conservateurs font frissonner tout mon entourage. J'en ressens vivement la peur. J'en comprends les raisons mais je crois aussi fermement en la résistance québécoise. Après tout le Québec, c'est un peu comme le village de Gaulois chez les Romains! Cela pullule d'Asterix en herbe!!!
Et puis, présentement, je suis un peu trop près de mon nombril pour m'en soucier vraiment. Trop occupée à guérir ma peau. Juste contente de pouvoir sourire de nouveau même si c'est douloureux. Juste soulagée de voir mon visage retrouver sa symétrie naturelle...
Enfin, je ne suis pas assez superficielle pour ne pas avoir capté l'importance de la chose. Alors cette année, pour la première fois de ma vie adulte, je suis allée voter. J'ai fait la file sans grogner. Patiente. Déterminée.
Voulant voter vert, je me suis dit que c'était comme voter blanc. J'ai partagé, écouté et questionné mon réseau numérique. Je n'ai pas été étonnée de voir plusieurs me répondre et m'encourager à bien faire. Mine de rien, cela a aiguillé mes réflexions. Et durant mes tergiversations, j'ai beaucoup réfléchi à ce droit que j'avais de voter.
Un droit qui ne m'était pas inné mais bien acquis au fil du siècle dernier par des femmes courageuses et volontaires. Par respect pour elles (et pour ma fille qui vit en ce pays de libertés gagnées) j'ai pensé qu'il était de mon devoir d'appliquer ce droit.
Dans le fond de mon sang, la politique m'agace. Je me sens apolitique (comme d'autres sont athées). Je trouve qu'il est difficile de trouver un politicien pour en racheter autre. C'est peut-être le contexte en soi qui empêche cette humanité que j'aime d'exister en ces questions là. Je ne sais pas. Mais je sais que je n'aime pas la politique. Elle me déprime. Cela dit, me voilà mûre et mature, mère. Il me faut être adulte et ne pas fuir cette responsabilité civile.
J'aurais aimé voter vert par conviction mais devant la pression, je l'admets, j'ai capitulé. J'ai participé à la vague orange qui a fait le courant visant à déloger Harper. Ma voix n'y a rien changé. Ou peut-être un peu puisque dans mon comté, le député en place a sauté. Ce qui me fit plaisir. Disons que je ne suis pas une grande fan d'André Arthur! Alors si c'était une grosse défaite au niveau du pays, c'était une petite victoire en mon coin de brousse...
Pendant ce temps tombe la pluie. La Terre se fout des histoires des hommes. Les rivières débordent et le printemps se transforme en arrosoir géant. Pendant ce temps, je guéris pour mieux retrouver les rythmes de ma plume qui s'ennuie.
Je pige, je materne et... quel est donc le verbe qui explique ce travail que l'on fait dans un couple pour le garder solide et ne pas laisser s'effriter les fondations? Il y a-t-il même un verbe pour exprimer cette action?
Alors que passent les semaines, je continue d'explorer le Web. Je deviens mobinaute pour mes besoins professionnels. J'embarque dans l'incroyable univers des applications. "J'instagramme" avec plaisir. Je "Tumblr" pour l'occasion. Je me repose le plus possible. Je me soucie. J'essaie de prendre le temps de guérir entre deux piges, les devoirs familiaux et les "maman ci maman ça?" d'une Miss Soleil qui grandit toujours plus joliment.
La pluie fait du temps gris une nouvelle habitude. Ceci fait penser que peut-être le ciel se soucie un peu des histoires des hommes. Il fait la gueule depuis les élections! Et pendant que les adultes "routinent", les enfants sautent à pieds joints dans les flaques d'eau...
Je cours après ce billet depuis le lundi de Pâques où j'ai pris ce panorama ci dessus. Ce soir là, l'hiver était encore bien présent. C'était l'un de ces moments précis où l'on se dit qu'il n'en finira plus. Où la sensation de l'interminable hiver est la plus forte, la plus aiguisée, la plus sensible.
Elle a une impression de fond de puits frisquet, une sensation de grotte souterraine où l'hiver fait fleurir des stalagmites. Ce soir là, j'ai vu marcher des gens sur le lac. C'était le 25 avril et il devait faire moins cinq dans le vent. Cependant, les couleurs du soleil couchant laissaient présager un futur plus chaleureux que ne le furent les derniers mois.
Et puis avec cette dernière semaine d'avril qui déroule ses jours de plus en plus longs, une commande me presse les neurones. De ces commandes dont les délais sont si serrés que c'est un peu comme entrer dans un corset mental! Et pendant que les jours passent, je m'applique à guérir toujours un petit peu plus...
Arrive la pluie et d'un coup le temps se renverse. Quelques brins de soleil nous font du bien à l'âme. Notre puce de maison en profite pour écarteler les petons entre quelques rayons. Au premier mai, l'homme s'amuse à marcher sur la glace fondante. Le lac se libère. L'on s'éveille les idées encroutées d'hiver. Des vagues de brume enrobe l'atmosphère qui dégèle. Je bataille pour retrouver ma santé. Pour retrouver ma peau en paix.
En quelques jours, le mètre de neige qui fait de l'hiver un mont sur la pelouse a entièrement fondu! Je souris aux quatre vents tandis que les oiseaux gazouillent. Une semaine après la dernière tempête hivernale, je vois enfin la texture de la pelouse, toute recroquevillée sur elle-même...
Je continue de passer le temps jour après jour. Les jours passent et me guérissent. Millimètre par millimètre mon nerf facial se régénère. Je souffre. Je fatigue. Je me repose. Je travaille. J'aime. Je revis.
Les jours déroulent le temps qui nous efface et le lac se met à fondre lui aussi. Une semaine après le lundi de Pâques, l'on est ragaillardi par le processus de fonte en pleine action. L'on dés-hiberne à petit feu...
Je retourne voir le spécialiste pour ma paralysie faciale qui ne semble plus se voir de l'extérieur (yeah) mais dont je ressens encore les meurtrissures de l'intérieur (ouille). Je morfle. Je douille. Comme si j'avais eu une moitié de visage qui s'était faite tabassée durant des semaines pour être transformée en bouillie invisible.
Tandis que revient ma mobilité d'expression, je bataille les douleurs qui accompagnent cette salo... de maladie. Encore sous le choc de l'expérience vécue, j'ai l'impression de me réveiller d'un long et terrible cauchemar.
D'ici un ou deux mois, d'après le spécialiste, je serai complétement guérie. J'aurais bien appris en chemin. Et jusqu'à ce que je puisse mettre ce maudit virus dans le tiroir des souvenirs, je continue de prendre le temps de guérir.
Comme me l'explique ma kiné qui, au fil des semaines, est devenue un peu comme le vieil instructeur dans Karaté Kid, je dois prendre le temps de guérir. Régulièrement, elle me motive, elle me rassure, elle m'accompagne dans mon cheminement et elle me confie quelques graines de sagesse ce faisant. Je l'écoute. Je me laisse aller entre ses doigts. Je veux guérir. Retrouver la paix en ma face, en mon esprit, en mon cœur.
Pour cela, je suis prête à explorer les profondeurs de ma vie. Car il n'y a pas à dire, perdre la mobilité de la moitié du visage déplace (ou remet en place) toutes sortes de perspectives existentielles.
Alors que chemine ce processus de guérison, je puise en mes forces internes pour traverser l'adversité de cette déplaisante expérience. À la douleur intense du nerf meurtri s'ajoute la fatigue. La fatigue médicamenteuse. La fatigue de l'attaque virale. La fatigue du corps qui utilise un maximum d'énergie à batailler pour se remettre sur pieds. Je m'habitue à vivre avec un certain mal. Je prends patience. Je perds patience. Je travaille mes patiences. En ce début de mai, je suis fatiguée...
Pendant que l'hiver se fait la malle, je répare les ravages de ce méchant virus sur mon corps. Je ramasse mes miettes et les recolle. Pendant ce temps, à l'extérieur de ma bulle, les dernières élections mettent à bas le moral de tous mes amis.
Ces élections qui donnent une majorité aux conservateurs font frissonner tout mon entourage. J'en ressens vivement la peur. J'en comprends les raisons mais je crois aussi fermement en la résistance québécoise. Après tout le Québec, c'est un peu comme le village de Gaulois chez les Romains! Cela pullule d'Asterix en herbe!!!
Et puis, présentement, je suis un peu trop près de mon nombril pour m'en soucier vraiment. Trop occupée à guérir ma peau. Juste contente de pouvoir sourire de nouveau même si c'est douloureux. Juste soulagée de voir mon visage retrouver sa symétrie naturelle...
Enfin, je ne suis pas assez superficielle pour ne pas avoir capté l'importance de la chose. Alors cette année, pour la première fois de ma vie adulte, je suis allée voter. J'ai fait la file sans grogner. Patiente. Déterminée.
Voulant voter vert, je me suis dit que c'était comme voter blanc. J'ai partagé, écouté et questionné mon réseau numérique. Je n'ai pas été étonnée de voir plusieurs me répondre et m'encourager à bien faire. Mine de rien, cela a aiguillé mes réflexions. Et durant mes tergiversations, j'ai beaucoup réfléchi à ce droit que j'avais de voter.
Un droit qui ne m'était pas inné mais bien acquis au fil du siècle dernier par des femmes courageuses et volontaires. Par respect pour elles (et pour ma fille qui vit en ce pays de libertés gagnées) j'ai pensé qu'il était de mon devoir d'appliquer ce droit.
Dans le fond de mon sang, la politique m'agace. Je me sens apolitique (comme d'autres sont athées). Je trouve qu'il est difficile de trouver un politicien pour en racheter autre. C'est peut-être le contexte en soi qui empêche cette humanité que j'aime d'exister en ces questions là. Je ne sais pas. Mais je sais que je n'aime pas la politique. Elle me déprime. Cela dit, me voilà mûre et mature, mère. Il me faut être adulte et ne pas fuir cette responsabilité civile.
J'aurais aimé voter vert par conviction mais devant la pression, je l'admets, j'ai capitulé. J'ai participé à la vague orange qui a fait le courant visant à déloger Harper. Ma voix n'y a rien changé. Ou peut-être un peu puisque dans mon comté, le député en place a sauté. Ce qui me fit plaisir. Disons que je ne suis pas une grande fan d'André Arthur! Alors si c'était une grosse défaite au niveau du pays, c'était une petite victoire en mon coin de brousse...
Pendant ce temps tombe la pluie. La Terre se fout des histoires des hommes. Les rivières débordent et le printemps se transforme en arrosoir géant. Pendant ce temps, je guéris pour mieux retrouver les rythmes de ma plume qui s'ennuie.
Je pige, je materne et... quel est donc le verbe qui explique ce travail que l'on fait dans un couple pour le garder solide et ne pas laisser s'effriter les fondations? Il y a-t-il même un verbe pour exprimer cette action?
Alors que passent les semaines, je continue d'explorer le Web. Je deviens mobinaute pour mes besoins professionnels. J'embarque dans l'incroyable univers des applications. "J'instagramme" avec plaisir. Je "Tumblr" pour l'occasion. Je me repose le plus possible. Je me soucie. J'essaie de prendre le temps de guérir entre deux piges, les devoirs familiaux et les "maman ci maman ça?" d'une Miss Soleil qui grandit toujours plus joliment.
La pluie fait du temps gris une nouvelle habitude. Ceci fait penser que peut-être le ciel se soucie un peu des histoires des hommes. Il fait la gueule depuis les élections! Et pendant que les adultes "routinent", les enfants sautent à pieds joints dans les flaques d'eau...