lundi, mars 28, 2011

À l'avenir...

Ne pas transmettre ses expériences, c'est castrer l'avenir.
Marin Karmitz

Les enfants n'ont ni passé ni avenir et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent.
Jean de La Bruyère

L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre.
Antoine de Saint-Exupéry

samedi, mars 26, 2011

Entre deux bouffées d'enfance, une petite graine de savoir...

Entre deux bouffées d'enfance, une petite graine de savoir...

M'zelle Soleil a souvent du mal à imaginer que nous avions une vie avant sa naissance. C'est un fait qui a tendance à la vexer, ce qui a tendance à me faire rire...

Car même si elle tient une bien grande place en nos existences, nous vivions avant elle et si cela n'avait pas été le cas, elle ne serait pas là! Mais il reste vrai que les parents que nous sommes ont pris vie en même temps qu'elle.

Aussi lorsque je me souviens d'un dessert que l'on mangeait à Zandvoort ann Zee lors de notre premier voyage en amoureux, la Miss s'exclame:

- Ah oui je m'en souviens!
- Heu non t'étais pas née!!!
- Mais j'étais même pas dans ton ventre?
- Non... T'étais encore loin dans les boules à papa!
- Les boules à papa!!!!

Expression interloquée de l'enfant qui se conjugue à l'expression outrée de son père qui s'exclame : "Etolane!!!". La Mini miss répète avec curiosité:

- J'étais dans les boules à papa?!?! J'étais une graine?
- T'as tout compris ma fille! T'étais dans les graines de papa...

L'homme n'en peut plus et s'exclame:

- Ben là, tu sais c'est quoi une graine au Québec?
- Je le sais mais elle ne connait que la graine de bébé et c'est assez à son savoir!

L'homme perplexe fait la moue et lui demande:

- Tu sais c'est quoi les graines de papa toi?

Et M'zelle Soleil de lui répondre d'un ton assuré:

- Oui, je sais! C'est la graine de papa que t'as mis dans le ventre à maman pour faire un bébé!

Éclat de rire parental et expression satisfaite de petite fille fière d'elle. La discussion est close car la Miss n'en sait pas plus et cela suffit amplement au savoir de ces 5 ans!

Expression choisie et pensées...

L'expression de la semaine est l'une de celles qu'utilisait souvent ma grand-mère disparue le 22 avril 2006 à l'âge de 73 ans. C'est d'ailleurs en son honneur que j'ai commencé cette habitude de partager ici des expressions choisies...

Ma grand-mère a sauvé mon coeur de la déchéance en se faisant gardienne de mon enfance. Elle a connu un destin difficile qui lui a usé la vie prématurément. Mais elle a aussi insufflé en mon existence un bien précieux: l'amour parental. De cela, je lui en serai toujours reconnaissante. J'espère bien que de là où elle est, elle peut apercevoir la mère que je suis aujourd'hui.

En sa langue riche et colorée, issue du terroir, elle possédait une intelligence qui n'était pas liée aux études mais au bon sens. Elle était capable de tenir d'étonnantes conversation en employant tellement d'expressions que j'en restais bouche bée. Fascinée...

L'on dit que le temps panse les blessures de l'absence. Pourtant, malgré le temps qui passe, son absence reste bien tangible à mon sang. Je fais mon possible pour transmettre sa mémoire à Miss Soleil. Dans le silence de mon coeur,  je lui parle de mes jours. Parfois je l'entends même me répondre et souvent je sens son affection m'enrober l’âme.

Ainsi il est inutile d'expliquer combien les dernières semaines ont été bien pénibles à ma peau et ce serait mentir que de dire que je ne me suis pas fait beaucoup de bile (ou de mouron c'est selon) en combattant ce maudit virus qui causa ma paralysie de Bell...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Se faire de la bile »

SIGNIFICATION
Se faire du souci

ORIGINE
Qu'est-ce que la bile ? C'est ce liquide visqueux et amer sécrété par le foie, qui participe à la digestion et s'écoule depuis la vésicule biliaire vers le duodénum par le canal cholédoque. La théorie antique des quatre humeurs, formalisée en grec par Hippocrate, nous apprend que la bile noire correspond à la mélancolie, la tristesse, le souci, alors que la bile jaune était associée à la colère[1] C'est donc cette "bile noire", prétendument sécrétée par la rate, qui était supposée être la cause de nos soucis. Bien que la théorie des humeurs ait finalement été abandonnée au cours du XVIIIe siècle, il nous en est resté cette expression et ce sens figuré de 'bile', à rapprocher du 'mauvais sang'.

[1] Avec cette bile-là, la colérique, on dispose de plusieurs expressions comme "déverser sa bile (sur quelqu'un)" ou bien "avoir la bile enflammée".

EXEMPLE
« C'était un excellent garçon, sobre et adroit, mais avec une de ces figures mélancoliques où le regard, trop fixe, signifie qu'on se fait pour un rien de la bile, même des idées noires.» Marcel Proust - À la recherche du temps perdu

jeudi, mars 24, 2011

Blogueries éparpillées...

Blogueries éparpillées...

Par ma fenêtre fermée, je regarde tomber de gros flocons qui ouatent l'atmosphère. Si le printemps est arrivé chez bien des gens, chez moi c'est toujours l'hiver. Entre deux flocons, des rayons de soleil transpercent l’atmosphère qui blanchit. Surréalisme de saison et zestes de nordicité.

Alors que je bataille ces émotions qui m’aiguisent les nerfs je réalise que durant des années, j'ai blogué en cet espace virtuel les impressions de ma mamamitude. Pourtant, ces derniers temps, j'ai plus brouillonné que blogué ces émotions maternelles qui continuent de me traverser, de m'éduquer, de m'élever...

Ces derniers temps, il faut avouer que les obstacles du quotidien m'ont emportés les idées concentrées. Et depuis que j'ai recommencé à cyber-travailler, le temps me manque pour écrire quotidiennement ces impressions qui me font être maman, sa maman. Cependant, au fil du temps, je réalise qu'écrire ma "mamamitude" me manque.

Prise en ce dilemme intérieur de respecter sa vie privée au fur et à mesure qu'elle grandit et ce besoin que je ressens de mettre en phrase cet art d'être parent. Un art que j'apprends à ses cotés. Alors je m'éparpille et je brouillonne des cahiers qui s’empoussièrent et des petites feuilles qui s'égarent. Tiraillée entre l'envie de ne pas juste bloguer maman et de retrouver la liberté de bloguer mon individualité, je bloque.

Pourtant, avant sa naissance, je bloguais déjà, je m'en souviens bien et après sa naissance, je ne bloguais plus qu'elle, je le sais bien. Mais aujourd'hui, je veux trouver un nouvel équilibre bloguesque. Pour cela peut-être devrais-je trouver cette baguette magique qui fait s'étirer le temps? Ou alors me déménager l'esprit en cette dimension fantasque où les jours durent 36 heures dans des semaines de dix jours...

Mais pendant que je délire toute seule, le Web continue d'évoluer, l'on parle de web sémantique, de web social et d’ubiquité! Et je sais que je ne fais plus que simplement bloguer, je parcoure désormais les réseaux sociaux que je nourris de ci de là. J'en étudie les fils qui en font la Toile. Bref, il est bien évident que Twitter et Facebook mangent du temps de blogue. Ce que je fais sur Twitter est différent de ce que je fais sur Facebook qui n'est pas  la même chose que bloguer en vrai! Sur ces réseaux l'on peut facilement microbloguer mais ce n'est pas du tout comme bloguer en toute liberté! Microbloguer en vase clos sur Facebook ou échanger à gogo sur Twitter n'est pas comme bloguer tout court.

Et puis je dois maintenant gérer toutes sortes d'écritures selon les différents médias avec lesquels je travaille, selon les traductions que j'accepte, selon les idées qui me traversent. Et c'est sans parler de ces fictions que je n'écris plus à l'instant présent mais qui continuent de grouiller en mon sang!

Ainsi je réalise que j'ai plus ou moins perdu cette discipline bloguesque qui était chère à mes neurones. Je n'en ai pas perdu la pratique ni déserté l'espace mais la discipline n'est plus la même. Sans compter que l'épreuve de santé que je traverse n'en finit pas de me faire évoluer intérieurement. Et comme ce blogue a toujours évolué avec ma peau, il lui faudra bien continuer d'évoluer! D'ailleurs Bouddha n'a-t-il pas dit un jour lointain qu'il n'existe rien de constant si ce n'est le changement?

Je finirais donc ces blogueries éparses en passant du coq à l'âne avec une pensée personnelle (partagée en mon "salon" Facebook) qui résume le quotidien de cette semaine aux allures hivernales: Avoir une attitude positive ne veut pas dire ne jamais connaitre de moments noirs mais cela veut certainement dire que l'on fera tout pour les affronter, les traverser et retrouver le rose de la vie...

samedi, mars 19, 2011

Quotidienneries et bribes d'enfances

Quotidienneries et bribes d'enfances

L'homme et l'enfant dorment du sommeil du juste tandis que je profite du silence de l'aube pour nourrir ce petit coin de Web. Depuis des jours je brouillonne des idées de texte à droite et à gauche mais bientôt je retrouverai l'énergie d'en faire de vrais textes. Dehors, j'entends les oiseaux qui gazouillent les rayons du soleil qui se lève sur ma blanche brousse. La journée s'annonce belle...

Cette semaine j'ai découvert une perspective de maladie bien particulière qui me grattouille les idées. Pour la première fois de ma vie adulte, je suis heureuse de la réapparition de ces ridules qui marquent le temps qui me passe sur la peau! Après avoir connu une moitié de visage lisse comme la mort, voir revenir mes lignes de vie me fait doucement sourire...

Au fil des jours, j'accroche les phrases enfantines de M'zelle Soleil qui grandit si vite. Ces temps-ci, elle n'en finit plus de m'expliquer combien elle a hâte à l'été. D'ailleurs, la fin de semaine, elle en profite souvent pour s'habiller en robe de plage et chapeau de paille!

Aussi, je souris lorsqu’elle me dit: "J'aime pas l'hiver parce-que y'a pas de couleurs et faut toujours s'habiller avec des gros manteaux! Mais j'aime l'été parce-qu'il y a des fleurs et plein de couleurs et cela me donne le sourire au coeur! C'est bientôt l'été dis maman?"

Et puis j'éclate de rire lorsqu'elle s'exclame en grimaçant:  "Ouache papa, c'est horrible tes pétements!!!" J'ai toujours eu un faible pour les barbarismes créatifs et les mignons barbares qui peuplent son langage enfantin m'amusent à tout coup!

Y sont où les indiens maman?

Ce mois-ci, M'zelle Soleil a découvert l'existence de Pocahontas et ceci amène d'étranges discutions mère-fille:

- C'est ça le problème, y'a plein de problèmes dans la vie des gens. Moi j'aimerais ça être une indienne!
- Je te comprends! C'est pour ça que j'aime aller au Pow-wow...
- Ah oui? Mais elle morte Pocahontas? Est-ce qu'elle existait pour vrai?

S'en suit une leçon d'histoire suivie d'une petite réflexion sur la notion du temps. Sur le passé qui fait nos ancêtres jusqu'à ce présent qui enrobe le cours de nos jours. Elle poursuit:

- Moi j'aimerais ça voir Pocahontas! Mais y sont où les indiens maman?
- Ils sont à Wendake mais il n'y en a plus beaucoup parce-que les blancs les ont beaucoup tués!
- Mais est-ce que toi tu en as tué?
- Mais non, moi je les aime les indiens! C'était il y a longtemps que les blancs les tuaient...
- Ah! Comme l'ami à John qui a tué l'indien?
- Oui, comme ça...
- Mais pourquoi ils voulaient les tuer? Ils étaient pas gentils?
- Non, ils voulaient juste la terre où les indiens habitaient...
- Ah! Mais c'est pas cool alors...
- Non c'est pas cool...

De lune géante, loups-garous et petits bateaux sur slush de printemps

Enfin cette malheureuse tranche d'histoire de notre civilisation américaine s'est déroulée il y a bien des lunes de cela. D'ailleurs saviez-vous que ce soir, c'est l'équinoxe de printemps et que l'on assistera à une pleine lune géante? Il parait que cela n'arrive que tous les 20 ans alors profitons-en pour lever la tête vers le ciel!

J'imagine qu'en quelques coins de nos imaginations fertiles, les loups-garous en vadrouille se préparent à un méga-party! Espérons que l'humanité qui en ressent les effets n'en deviendra pas trop folle...

Par les temps qui courent, mon appareil photo devient de plus en plus capricieux, je choisis donc mes batailles et n'en grogne pas trop. Je me rabats sur ma caméra de poche et j'accroche ces instants de présent qui tisse notre quotidien familial.

Au coin de notre brousse en monochrome, le printemps se fait timide mais on essaie quand même de le percevoir en quelques airs de fonte. Et l'on suit une idée enfantine où l'on fait flotter des petits bateaux sur un ruisseau de slush...

Lorsque l'amour maternel veut protéger jusqu'au bout de la vie...

Lorsque l'amour maternel veut protéger jusqu'au bout de la vie... 

Mal de mère, coeur en larmes. Au coin de la Toile, je découvre une image qui me transperce l'âme. De toutes les images vues de cette catastrophe naturelle qui se déroule au Japon, celle-ci me hantera longtemps. L'émotion qu'elle génère en ma peau féminine inspire toutes sortes d'idées fictives. Alors que s'y accroche mon regard ému, toutes sortes de scénarios s'écrivent en mon cerveau bouleversé. Je comprends tellement cette maman qui a serré si fort son enfant lorsque l'irréversible est arrivé. Qui l'a serré avec tant d'affection qu'ils en sont restés ainsi figés.

vendredi, mars 18, 2011

Spleen martien

Spleen martien

an intimate affair by brookeshaden on Flickr.
Une autre semaine s’achève au coin de ma brousse givrée. Une semaine qui oscille entre pluie et flocons, entre hiver et soupçons de fonte. Une semaine qui accompagne mon douloureux processus de guérison.

Cette semaine, j'ai  repris un peu plus de mon service de pigiste. Je rédige, traduis et fais un peu de radio. Et puis, je  bataille une certaine fatigue de fond. Sensible à l'os, je me soigne le sang. Autant je suis heureuse de pouvoir travailler de nouveau, autant je réalise que je ne suis pas encore au top de ma forme.

La vie s'équilibre entre difficultés et agréables surprises. J'accepte des contrats, des collaborations, des partenariats. Je médite sur de projets futurs. Le printemps à venir s'annonce fertile. Il y aura pas mal à dire et à écrire.

Cette maladie me permet aussi de comprendre une ribambelle de choses intimes. Elle m'affaiblit en profondeur et j'en profite pour explorer des zones souterraines de mon être. En transformation je suis. Alors que mon visage retrouve sa normalité, j'apprends à prendre soin de ma peau. Je m'arme de patience pour que passent les douleurs qui m'accablent. J'avance.

Lorsque je serai sortie de ce bois lugubre où ce virus m'a emmenée, je ferai un bilan qui pourra peut-être aider d'autres personnes qui seront atteintes de cette forme de paralysie. Une paralysie particulière, temporaire mais souffrante, une paralysie qui met à vif un nerf si utile au bon fonctionnement du visage. Car le Web sert aussi à cela, ajouter des informations à cette intelligence collective qui se numérise.

Quand je suis tombée malade, une gentille docteur à l'urgence m'a dit: "Tu sais, c'est une maladie qui pose plus de questions qu'elle ne donne de réponse!" C'est le genre de phrase qui rend bien perplexe sur un lit d’hôpital! Mais au bout de six semaines, je la comprends mieux cette étrange maladie. J'ai découvert quelques réponses. Et lorsque je m'en serai libérée, j'aurai surement la force de les partager. D'ailleurs je compte sur le printemps pour renaître aussi! Recouvrer ma santé, m'épanouir de nouveau, et retrouver toute ma créativité...

dimanche, mars 13, 2011

Alors que change l'heure...

Au coin de ma blanche brousse...


Ce 13 mars marque mon cinquième dimanche depuis que j'ai été victime d'une subite paralysie faciale en me réveillant le 6 février dernier. Ce 13 mars, l'on change d'heure et je peux dire que j'ai presque retrouvé ma face. Encore un 20% d'effort et je devrais retrouver ma symétrie naturelle. Enfin je le souhaite de tout coeur.

Cela dit, l'amélioration de mon visage engendre un soulagement qui n'a pas de nom. J'en médite les raisons et les transformations. Je vois briller la lumière au fond du sombre tunnel dans lequel cette maladie m'a emportée. Même si je dois encore subir les affres des douleurs herpétiques que je traite à coups de forte médication, je crois que le pire est derrière. Enfin je l'espère...

Cette semaine, voyant mon visage prendre du mieux, j'ai eu l'idée loufoque de réduire ma médication. Histoire de voir comment se portaient les douleurs étouffées par les cachets. Mal m'en pris puisque je me suis retrouvée une autre journée au fond de mon lit, écroulée sous la douleur et la raideur de cette moitié de visage affectée. Comme me l'a expliqué le docteur, il va falloir que je prenne mon mal en patience et encore bien des petites pilules rouges et blanches avant de voir la sortie de cet horrible tunnel. Ce maudit virus a endommagé mon nerf facial et j'en ai cruellement conscience. Alors que je reconnais mon visage dans le miroir et que je vois la lumière au bout du tunnel, je me dis que c'est une petite victoire dans une grosse bataille.

Et tandis que je me relève de la maladie, je constate le bordel qui s'amoncelle en ma maison. Je grimace. Alors que je retrouve la santé, j'accepte de nouveau ces piges qui me tombent sur le coin du nez. Puis j'ai ensuite le regret de ne pas passer autant de temps créatif avec M'zelle Soleil que je l'aimerais. Je grognasse. Alors que je travaille à ses cotés, je lui explique les choses de la vie (et ses raisons). Fière des réflexions qu'elle partage avec moi, je sais qu'elle comprend même si cela ne la satisfait pas vraiment. En bref, mon défi du mois de mars sera certainement d'arriver à me relever de la maladie tout en essayant de ne pas trop en faire d'un coup! Même si à chaque répit de la douleur, un élan de vie m'emporte vers l'avant et qu'une subite rage de vivre me traverse l'esprit...

Vendredi dernier alors que le Japon connait l'horreur, j'essaie de me couper en quatre pour donner de l'attention à ma puce de salon. Alors que je travaille entre un article et une traduction, j'essaie de lui trouver des occupations créatives pour ne pas trop la câbler devant la télé. Et lorsqu'elle vient me déconcentrer de ses "maman" à foison. Je la câline pour ne pas bougonner, je la chatouille pour ne pas grommeler et je fais d'une pierre deux coups en l'intégrant à mes lessives qui font tourner les machines.

Arrive la nuit qui tombe sur la forêt silencieuse et je me dis que la fin du monde doit ressembler à ce que vit le Japon actuellement. Quand je regarde ces images, je ne peux m’empêcher de me demander s'il y a des gens dans les maisons et lorsque je regarde les voitures sur la route je me dis qu'ils ont bien peu de chance de s'en sortir. Au fond de mon coeur, un élan d'horreur se conjugue à des vagues de tristesse et de compassion qui font comme un typhon d'émotions intérieures. Je regarde ma puce qui joue et je respire profondément pour mieux accrocher la normalité de ma brousse enneigée.

Je me plonge dans cette traduction qui m'aiguise les neurones et je suis submergée par les dessins et découpages de M'zelle Soleil qui comble mon coeur de maman. Je me sens alors bien chanceuse de ce quotidien que je vis au coin de ma brousse tranquille (malgré les obstacles de santé, les remous de la vie et la neige qui n'en finit plus de tomber). Au coucher, en compagnie de ma fillette, l'on prie pour ce pays dévasté.

Et pendant que passe le temps qui tisse les jours, l'homme fait des muscles d'acier en pelletant à gogo car au coin de ma brousse c'est l'hiver pas à moitié...

mardi, mars 08, 2011

La journée de la femme fête ses 100 ans

le spécimen l'un : le rêveur
by We the Living Photography
En ce 8 mars 2011...

Aujourd'hui, pour la centième fois, se déroule la journée internationale de la femme. Une journée précieuse à mes yeux car j'ai à cœur le sort de toutes les femmes qui vivent sur Terre. En souhaitant une bonne journée à nos grand-mères, mères, soeurs, filles et amies...

Depuis toujours mon esprit est solidaire de celles qui se battent pour l'égalité. Je comprends d'ailleurs que beaucoup de sacrifices ont dû être faits pour que nous arrivions à la réalité féminine que nous vivons aujourd'hui. Une réalité féminine où tout n'est peut-être pas encore gagné mais où beaucoup a été atteint.

Près de moi...

J'ai moi-même été élevée dans un monde de femmes abusées par les hommes qui les entouraient. Élevée par ma grand-mère qui, malgré toute l'intelligence qu'elle possédait, a vécu un destin si malheureux. Forte comme le roc, elle ne s'est jamais écroulée mais son lot de souffrances fut énorme en son existence, il a pesé bien lourd sur ses épaules.

Depuis ma tendre enfance le poids de ses souffrances m'a écorché le coeur. Toujours pour moi elle a désiré le meilleur. Toujours elle m'a dit que je méritais le meilleur. À 73 ans la fatigue de sa vie l'a mené à sa mort. M'zelle Soleil n'avait que quelques mois. Depuis son départ m'habite le vide de son absence. Depuis qu'elle est partie, je garde ma mère-grand au chaud de mon cœur et je transmets sa mémoire à ma fillette si choyée.

Et puis il y a ma mère, toujours plus libre que maternelle. À l'avant garde, moderne, toujours femme mais peu souvent mère. J'en ai beaucoup souffert. Assez pour que notre relation se dissipe avec le temps. Cependant, aujourd'hui, en cette journée de la femme, j'imagine que je peux essayer d'accrocher quelques bribes de pardon. Je ne peux pas oublier mais j'imagine qu'avec le temps j'arriverai à pardonner. En ce jour précis, j'enclenche donc ce difficile processus intérieur...

Loin de moi...

Je pense à toutes ces femmes dans le monde qui se battent pour vivre l'égalité en leurs vies. Pour ne pas être humiliées, écrasées, torturées. Lorsque nous sommes allés à Montréal en famille pour le concert de Vanessa, nous avons eu l'occasion de rencontrer une famille iranienne.

Grâce aux sourires de M'zelle Soleil, une femme assise à la table à coté de la nôtre a échangé quelques mots avec nous. Au fil du déjeuner, sa famille l'a rejointe, son fils, une dame plus âgée et son mari. Et puis avant de partir, j'ai pris le temps d'approfondir la conversation (malgré mon look de pirate et la honte de ma moitié de visage figé).Gentiment cette famille s'est ouvert à ma curiosité. Elle m'a expliqué qu'elle est iranienne. En visite à Montréal. Ceci n'a fait qu'attiser ma curiosité féminine et j'ai continué de creuser le sujet. Tout aussi gentiment les dames, le mari et le fils ont répondu à mes questions avec une sincérité que j'ai apprécié tout autant qu'elle m'a touchée.

Et nous voilà, au coin d'une table, à discuter en anglais du sort des femmes ici et là-bas. Les dames écarquillent les yeux lorsque je parle de ces libertés que nous prenons pour acquises. L'homme et le fils approuvent et cela me fait du bien à l'âme. Ils me parlent de ces limitations que vivent les femmes dans leur pays et du désespoir qui accompagne cet état de fait. Puis la dame qui s'est attachée le regard à ma fillette me parle de sa propre fille de 17 ans. Au fond de ses yeux brillants, je peux voir toute l'émotion qu'elle ressent. J'en suis submergée.

Alors qu'elle regarde ma fillette pétiller autour de nous, elle me parle de sa propre fille qui n'a pas la chance de pouvoir devenir ce qu'elle aimerait être. Qui n'a pas la liberté de ses ambitions. Elle me confie sa douleur de mère, elle qui aimerait tant que sa propre fille puisse être libre de ses choix. J'en suis bouleversée. Que puis-je dire? Que puis-je faire d'autre que lui offrir mon soutien mental, d'essayer de leur souffler un brin d'espoir? Cette famille d'ailleurs m'offre alors des sourires si touchants que je les dépose précieusement en un coin de ma mémoire.

Aussi en ce jour de la femme, je ne peux que penser à toutes ces jeunes filles dont le destin est contrôlé par la maniaquerie de ces hommes qui me répugnent l'esprit. J'espère avec force et conviction qu'un jour viendra où toutes les jeunes filles de la Terre seront libres de leur destin! Et n'oublions pas toutes ces femmes qui subissent, dans le monde, les souffrances de l'inégalité et de l'injustice...

Gratitude féminine

Mais avant de clore ce billet ultra-féminin, je veux en profiter pour remercier toutes les femmes qui sont dans ma vie, mes copines-amies-complices, remercier toutes celles qui apportent de la beauté à la texture de mes jours. Je joins à ces mots partagés toute cette affection que je ressens envers elles. Elles qui sont chères à mon cœur. Je suis intimement reconnaissante de leur présence en ma vie. Merci.

Coté blogue


- Pensées féminines
- S'agiter les idées en l'honneur de la femme (journée de la femme 2010 en compagnie de Nadia)

Autres liens connexes

- Les femmes et les révolutions dans le monde arabe
- Femmes, le long chemin vers l'égalité
- Portraits de femmes remarquables
- 16 of History's Most Rebellious Women
- Centième anniversaire de la Journée de la femme
- Programmation 100 % femmes sur Bande à part
- Journée de la femme : pour l’égalité au travail
- 50 femmes, une parole
- Daniel Craig, 007 cross dresses to support equality

lundi, mars 07, 2011

La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe...

Expression d'antan et bribes de jour ouaté d'hiver...

Hier était le quatrième dimanche qui me passait sur la peau depuis que je me suis réveillée avec une moitié de visage.

Hier, mon visage allait beaucoup mieux. Même s'il reste encore des traces asymétriques, beaucoup de fatigue et de bonnes douleurs, j'aperçois enfin la lumière au bout du tunnel.

Même si j'ai dormi la moitié de la fin de semaine, je sens revenir une certaine normalité en ma vie. C'est un soulagement mental qui commence à se faire sentir entre mes neurones subtilement traumatisés par cette étrange expérience physique.

Cette semaine, M'zelle Soleil est en relâche de garderie. Elle est si heureuse de passer tout ce temps avec sa maman qu'elle n'arrête pas de me le répéter et à chaque fois, elle fait naître un sourire en mon coeur. Ces trois années dévouées à sa petite enfance n'auront pas été vains.

Je me sens si chanceuse d'être sa maman que cela me fait oublier tous les négatifs possible de la mamamitude. La discipline étant certainement le coté le plus obscur de la parentitude (à mon goût). Un mal nécessaire dont on se passerait bien mais dont il faut maîtriser les bienfaits...

Bref, alors que la vie revient doucement mais surement en mes jours, ma cervelle reprend du service. Ma plume retrouve le chemin du clavier. Mes mots retrouvent l'envie de s'envoler. Je recommence à travailler quelques piges. Du fond de ma brousse, je fais avec plaisir quelques topos technos  ultra matinales pour Radio-Canada en Ontario. Et je reprends l'habitude de mes expressions choisies en ce coin de blogosphère.

Aujourd'hui, une bonne tempête a transformé mon coin de brousse en une boule de neige brassée par les Dieux. Je regarde dehors et je ne peux m'empêcher de trouver la tempête romantique avec ses flocons dodus et son épais silence. Tout est calme, immaculé, ouaté. Mon paysage se déroule en monochrome et M'zelle Soleil y applique ses couleurs enfantines. J'avoue cependant éclater de rire lorsque j'écoute mon homme sacrer comme un charretier, il peste contre la tempête, les bancs de neige et la charrue! D'après ses estimations, il a pelleté une moyenne de 4 heures par jour depuis vendredi dernier. Amusée, je compatis quand même un peu. En notre coin de lac givré, c'est encore bien l'hiver...

Aussi, pour bien commencer la semaine, je choisis cette expression ci-dessous. Une expression sous forme de proverbe que je ne connaissais point du tout. Pourtant cette expression d'antan m'a accrochée les idées enneigées. Non pas que je me considère comme une blanche colombe (la blanche colombe en ma maison étant certainement mon petit soleil d'enfance) mais j'aime bien l'idée de ne pas se laisser atteindre par la bave du crapaud...

EXPRESSION via Expressio.fr
« La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe »

SIGNIFICATION
La calomnie la plus vile ne peut ternir une réputation sans tache.

ORIGINE
Ce proverbe s'emploie généralement par ironie pour rejeter une calomnie ou une insulte par le mépris. À la droite du ring, en le regardant depuis les tribunes Sud, nous avons le crapaud, pataud, pustuleux et laid, dégoulinant de bave, qui ne sait que se traîner à terre. À la gauche du ring, nous trouvons la colombe, symbole biblique du Saint-Esprit, donc pure et gracieuse, parfaitement capable de s'élancer dans les airs pour passer très loin de la portée du crapaud.

Comment voulez-vous que la bave du crapaud, symbole du vice et de la laideur, puisse atteindre la blanche colombe (même si toutes les colombes ne sont pas blanches), symbole de la pureté et de la beauté puisque, même s'il est capable de sauter, jamais l'horrible animal ne pourra s'approcher suffisamment de l'oiseau pour l'atteindre de ses postillons verts et gluants ? Depuis 1840, la "bave du crapaud" est une métaphore désignant des propos médisants. Autrement dit, de tels propos ne peuvent atteindre celui qui n'a rien à se reprocher (la colombe).

jeudi, mars 03, 2011

Traverser l'épreuve...

Traverser l'épreuve...

L'hiver avance, en mon quartier de brousse, la neige fait des bancs de plus en plus grands. Je compte les semaines en suivant la progression de la maladie puis le processus de guérison.

Les rénos ont pris une pause comme si le temps s'était arrêté. Comme si j'avais arrêté le temps en tombant malade. D'ailleurs le temps, dernièrement, je ne l'ai pas vu passer.

Le mois de février a disparu de ma mémoire et j'essaie d'accrocher le mois de mars avant qu'il ne s'efface...

La maladie suspend le temps qui s'efface entre les souffrances de ma peau qui bataille. Ma paralysie faciale prend du mieux, c'est la bonne nouvelle. Je retrouve peu à peu mon visage. Je ne fais plus peur aux enfants. Je garde encore mon look de pirate pour protéger mon oeil sensible. L'oeil est le dernier à revenir. J'arrive de nouveau à sourire. Mon âme peut de nouveau s'accorder à ma face. Je ne suis pas encore tout à fait symétrique mais je suis moins croche. J'ose de nouveau me regarder dans les miroirs que je croise.

L'épreuve que je traverse n'est pas une mince affaire mais j'ai décidé de la prendre de front et de ne pas me laisser abattre par cet affreux virus. J'utiliserai cette épreuve physique pour grandir plutôt que dépérir. Je suis en guerre. Au combat, je me bats. Parfois je tombe mais toujours je me relève. Je m’accroche le moral qui flanche à des petits riens qui font du bien. Je m'accroche les émotions à l'amour de mon homme et de ma fille, à la gentillesse de ma petite soeur et à l'amitié qui m'entoure.

L'amitié joue un grand rôle dans mon processus de guérison. Il y a les marques d'affection que je reçois virtuellement. Il y a mon amie Dee qui me couve comme une mère les jours où je dois aller en ville pour mes traitements de kiné. L'amitié est si présente en cette subite maladie que je la médite au quotidien. Sous peu, je désire écrire plus longuement sur le sujet, sous peu...

Il y a les sourires de M'zelle Soleil et ses paroles douces comme celles-ci de bon matin: "Maman, tu sais même si tu restes comme cela toute ta vie, on t'aidera toute ta vie!" Inutile de dire que ce matin là, mon coeur a fondu comme neige au soleil tout en explosant d'amour maternel!

Umbrella for sun or rain by B℮n on Flickr.
Et puis il y a la douleur, cette souffrance physique dont je n'aime guère parler. Je n'aime guère en parler car elle est si puissante qu'elle accentue la pitié. Et je déteste la pitié. La pitié, je l'ai connue pour la première fois lorsque j'avais 13 ans. La pitié déshonore, la pitié affaiblit, la pitié humilie.

Après un accident scolaire qui m'a enlevé ma capacité de marcher en plus de m'offrir un traumatisme crânien, un hématome au cerveau et des cervicales fêlées, j'ai connu la pitié d'autrui. Cet accident a été déterminant à ma vie. Il a posé les bases de cette liberté qui s'écoule en mon sang.

Cet accident m'a offert de terribles migraines, il m'a volé mon sens de l'équilibre durant quelques mois et il m'a fait énormément réfléchir. J'ai réappris à marcher et ce faisant j'ai souvent vu la pitié dans le regard des passants. Sans parler de ces remarques tristes que l'on entend dans son dos mais jamais en pleine face. La pitié est une sensation qui est remplie d'humiliation pour celui qui la reçoit. Je déteste la pitié. La pitié m'a appris les bases de la compassion et de l'empathie. Je n'ai de pitié pour personne mais de la compassion j'en ai beaucoup et souvent...

Bref, parler de ces douleurs de type herpétique que je découvre avec cette paralysie faciale m'est encore très difficile. D'après ce que j'en comprends, les douleurs herpétiques sont les pires douleurs névralgiques. Je confirme. Les vivre est un enfer que je ne souhaite à personne. Les vivre est digne d'un film d'horreur, d'un cauchemar à l'éveil, les vivre transforment mon âme. Mais comme je refuse de me laisser abattre, je choisis de les vivre et de grandir. D'utiliser la souffrance pour le meilleur plutôt que le pire. De cette souffrance que la vie me donne, je deviendrai une meilleure personne. De cette souffrance que la vie me donne, j'en tirerai les leçons nécessaires pour m'améliorer de l'intérieur. C'est un processus de fond qui se conjugue avec le processus de guérison.

Depuis que je suis sous morphine, je retrouve le temps qui passe. Les douleurs ne me contrôlent plus. Je reprends le contrôle. J'arrive à fonctionner, à penser, je revis. Je gagne quelques batailles en cette guerre personnelle. Fragilisée, je laisse les larmes couler puis je les sèche. J’apprends et comprends. Acharnée pour ne pas dire enragée, je vaincrai. Ainsi l'on peut dire que je vais mieux...