jeudi, novembre 25, 2010

Mettre le temps sur pause

Mettre le temps sur pause...

Je vis au milieu de bébés. Parfois, lorsque je ne fais pas attention, je shoote dans un qui traine par terre. Bang! Je vis au milieu des bébés en plastique de ma fille...

Une petite fille ultra maternelle qui élève une tribu depuis quelques années déjà. Une tribu plastifiée, qui, je le sais, sera un jour abandonnée à son propre sort. Ce jour là, je suis sure que je les manquerais. J'imagine qu'il ne me reste plus beaucoup d'années à vivre au milieu de bébés qui ne sont pas les miens.

Ces bébés qui me rappellent que je n'en ai fait qu'un. Serrement de cœur. Corps meurtri. Raisons intérieures. J'observe mon bébé qui n'en est plus un. Je regarde ma fillette s'occuper de ses bébés. Je sais qu'un jour elle sera devenue trop grande pour les aimer. Jusqu'au jour où elle sera assez grande pour faire des bébés qui seront les siens. Ce jour là, elle sera femme et je serai grand-mère. Je serai heureuse de prendre son bébé contre mon coeur. Ce jour là, ma vie aura plus de passé que de futur en ses valises.

La naissance de mon bébé a bousculé ma perception du temps. Depuis elle, le temps n'a plus la même texture. Avec elle la vie s'accélère. Elle grandit. Je vieillis. Avec elle, mon futur prend chair. J'aurai 38 ans le premier janvier prochain. 38 ans. Si loin de la vingtaine, si près de la quarantaine. 38 ans. Un mari et un enfant. Une voiture et une hypothèque. Des piges. Et ces petits matins grognons où je shoote dans un bébé en plastique...

Mais, du haut de cette maturité acquise, je sais que je dois profiter de ce doux présent qui tisse ma vie adulte. Un présent rempli d'amour qui se partage. Un présent pas toujours rose mais jamais noir. Un présent qui glisse entre les doigts pour venir se loger dans les rides qui se dessinent au coin des yeux...

Alors, parfois, j'arrête le temps. Durant quelques secondes, je fais une pause. Je m'arrête et je regarde autour de moi les signes de cette enfance qui m'ensoleille. En silence, un petit sourire arrondit mes lèvres. Je regarde ces bébés égarés dans tous les coins de ma maison. J'en absorbe le bonheur qui les enrobe. J'arrête le temps un court instant. J'inspire. L'instant se fige. J'expire. Et je laisse glisser les soucis et les tourments pour mieux profiter de cette enfance qui m'élève.

mercredi, novembre 24, 2010

Être ou ne pas être expert en réseaux sociaux...

Être ou ne pas être expert en réseaux sociaux...

Au cours de mes pérégrinations Web du jour, je tombe sur un article qui traite des critères de bases pour pouvoir se considérer comme un expert en réseaux sociaux. Ma curiosité l'emporte et je m'y penche.

Je suis une internaute passionnée depuis 1995, cela commence à dater. Plus le temps passe et plus je sais que je maîtrise cette nouvelle dimension numérique générée par le Web...

Je possède une bonne expérience acquise au fil des années. Mon expertise provient de l'utilisation que je fais du Web depuis des lustres. Aujourd'hui, je possède une identité numérique à fond artistique qui est à la source de ce blogue. Une identité numérique qui est née de ce blogue actif depuis bientôt huit ans. Et si l'on doit parler chiffres, ce petit coin de Toile a reçu plus d'un demi million de visites depuis sa création...

Depuis que j'ai repris du service de pige, j'ai une identité professionnelle en ligne de plus en plus définie. Une identité réelle qui se mélange parfois avec celle-ci plus virtualisée. Je me baigne la peau dans le Web 2.0. Alors, histoire de m'évoluer la pomme, je me suis amusée à faire le bilan de mes acquis selon les critères requis en cet article anglophone.

- Avoir une présence sur Google: Que cela soit de mon nom naturel ou de ce nom de blogue qui me porte les virtualités, je suis quand même bien servie. J'ai des dizaines de pages qui s'affichent dans un cas comme dans l'autre. J'en ai conscience. Parfois j'y pense et puis j'oublie. Comme dans la chanson. J'en accepte la portée puisqu'elle ne fait que présenter ce que j'assume personnellement ou professionnellement...

Posséder plus de 2010 abonnés sur Twitter. Plus de 1550 me suivent. Mais comme la course à l'abonné n'est pas mon truc, j'ai tendance à vivre et laisser vivre. J'imagine que si je me fie sur la progression de la chose, un de ces quatre, il est bien possible que j'y arrive mais bon, on en fera certainement pas une fixation!

- Faire partie de plus de 100 listes sur Twitter. 127 pour ma pomme...

- Atteindre un minimum de 30 points sur Klout Score. Je découvre cet outil en même temps que ces critères précis, je récolte 47 points. Je suis dans la course...

- Avoir plus de 1000 amis sur Facebook. Étant un drôle de spécimen, je teste présentement deux comptes avec comme concept un salon et un bureau. Certains internautes disent que c'est une hérésie mais cela me passe au dessus de la tête. Si je comptabilise ces deux comptes, j'ai un peu plus de 500 amis. Je médite sur mes comptes à gérer en même temps que je les nourris. Mes réflexions sur le sujet avancent rondement. Mais comme pour Twitter, la course au chiffre n'est pas mon truc, je préfère avancer à mon propre rythme.

- Avoir un réseau de plus de 500 connaissances sur Linkedin. J'en possède environ 150. Ce réseau est mon maillon faible. Je le sais puisque c'est le réseau qui m'accroche le moins. C'est que je suis plus artiste que carriériste. Je n'y suis pas fermée mais bon...

- Avoir une page Facebook. Je n'en possède pas de personnalisée. Pas vraiment mon truc. Tant pis. Mon blogue est sur Networkedblogs et cela me suffit. Cela dit, j'ai lancé la page FB de ma coiffeuse 2.0 et aussi celle de l'association pour la protection du lac. Je note quand même que présentement je gère le compte Twitter de l’évènement Belles à bloguer et que je mets parfois la main à la pâte pour le volet Facebook de l’évènement.

- Posséder des profils sur des réseaux comme Foursquare, Digg, Flickr, YouTube. Mon compte Flickr est hyper-actif (et la partie publique n'est que la pointe de mon iceberg numérique). D'après ses statistiques, il a plus de 4 millions de visites à son actif. La photo fait partie intégrante de ma vie. Je suis sur Flickr depuis ses débuts. Je connais le terrain comme ma poche. Côté YouTube, je gère plusieurs comptes sous divers chapeaux. J'ai deux comptes pour Etolane puisque je ne peux plus accéder au premier depuis que Tryo s'est plaint de mes vidéos prises durant un festival d'été! J'ai aussi différents profils sur Viméo et Dailymotion. Et j'ai un profil Blip qui m'est sympathique. Je connais Digg mais je m'y approche peu. Ceci me rappelle que j'ai aussi un Myspace à l'abandon, un espace Canoé perdu et que je fais partie d'Hellocoton!

Dans mes plus et mes moins je sais que je n'ai pas de téléphone intelligent (même si j'en connais un rayon sur le sujet). Mes finances ne me permettent pas cette extravagance et mes boss n'ont pas encore eu la bonté de m'en offrir un. Malgré tout, je suis de près ce qui se passe coté nouvelles technologies afin de nourrir la chronique techno que je rédige pour un gros portail Web depuis plus d'un an.

Alors être ou ne pas être expert? C'est le gros débat présentement dans les réseaux sociaux. En ce qui me concerne, j'estime que de mon coin de brousse, je ne suis pas à la rue..

J'aime comprendre et découvrir les nouvelles technologies. Elles stimulent la Trekkie en mon sang. Elles nourrissent mon imaginaire qui s'en repaît. Je les réfléchis et je les utilise. Et je m'y découvre une réalité de science-fiction qui a tendance à bien me plaire.

mardi, novembre 23, 2010

Inopiné hiver

Inopiné hiver...

Sans crier gare, l'hiver est arrivé. Même si je l'attendais, je ne m'attendais pas à le voir débarquer avec tant d'ardeur. Certaines années, je suis contente de le voir prendre résidence et d'autres, bof, pas vraiment.

Cette année, bof, c'est moyen. Enfin pour être franche, c'est lorsqu’il débarque à la mi-décembre que je le reçois avec le sourire au coeur. S'il arrive mi-novembre, je fais plutôt la moue...

Mais voilà, il est là. Il s'installe. Je grimace un coup et la pluie verglaçante vient givrer mes pensées. Il faudra faire avec. Accepter de se geler les extrémités. Apprécier sa silencieuse présence blanche. En capter le romantisme.

Prendre exemple sur M'zelle Soleil qui s'en amuse entre glissades et bonhomme de neige. Profiter de cette chaleur intérieure qui nous réchauffe l'humeur morose. Cet hiver, l'on rénove. Cet hiver, je m'absorbe...

Ce dimanche, j'admire notre premier bonhomme de neige familial. Avec son look d'automne, son regard de tournesols séchés et sa tignasse en broussaille, il me charme les idées tournicotées.

Lundi matin, l'hiver dans les bottes, l'on prend la route pour aller en ville. Juan va au bureau, M'zelle Soleil à la garderie et je vais à une conférence de presse. Je dois aussi porter la voiture au garage pour y faire changer la batterie et poser les pneus d'hiver.

L'on vit à une quarantaine de kilomètres de Québec et, en ce lundi matin, l'hiver prend ses aises. Il fait frette. Les orteils grelottent. Sur la route, les vents fouettent le paysage devenu blanc. La visibilité est réduite. Un temps parfait pour tomber en panne au bord du chemin! L'hiver rend la vie plus difficile ou alors il la transforme en aventure. Tout dépend de l'angle où l'on se place. J'aime bien les aventures hivernales. Là où l'on se sent ultra-vivant, là où le danger rôde entre deux flocons et où le froid ardent fait rejaillir les chaleurs humaines.

Mais mal pris au bord de la route, c'est pas cool même si c'est l'aventure. Heureusement un bon samaritain finit par s'arrêter. Il a surement l'esprit aventurier puisqu'il n'hésite pas à faire une manœuvre risquée pour nous dépanner. C'est un jeune homme de grand gabarit, début vingtaine. Dans la voiture avec M'zelle Soleil je souris de l'écouter m'expliquer combien il est beau. D'où l'on se place, l'on ne voit certainement pas sa beauté physique mais il est vrai que sa beauté intérieure rayonne. C'est notre héros de l'heure...

Tout est bien qui finit bien, l'on reprend la route avec prudence, l'on pose la Miss à sa garderie, l'auto au garage et l'on tisse le fil adulte de la journée qui se déroule. Ainsi va le quotidien en notre parallèle nordique...

vendredi, novembre 19, 2010

Au coin de la lune...

Au coin de la lune...

Aujourd'hui, en passant sur Twitter, sous mon chapeau de gestionnaire de réseau, j'ai demandé aux blogueuses dans les parages quel était leur moment préféré pour bloguer.

L'une d'entre elles m'a renvoyé la question. Ceci m'a fait réaliser que je blogue depuis tant d'années que j'ai certainement blogué à toutes heures du jour et de la nuit!

Je me souviens d'un billet lointain écrit après une nuit blanche remplie d'amis. Un billet qui relatait une fiction qui a ensuite été publié sur papier. À l'époque, je bloguais pas mal tout ce qui me passait par la tête...

Avant d'être maman je bloguais de nuit comme de jour. J'aimais capter les atmosphères nocturnes, les creux de lune, tout comme j'aimais absorber la lumière du soleil et ses ambiances diurnes. J'explorais cette virtualité nouvelle en toute liberté, sans peur ni contrainte...

Et puis lorsque M'zelle Soleil était bébé, je pouvais bloguer n'importe quand, peu m'importait. Tant que les mots coulaient, je respirais. Je bloguais surtout lorsqu'elle dormait comme un ange et qu'il me restait assez d'énergie pour pianoter et penser à la fois.

Mais c'est sans compter tous ces moments où je brouilloblogue sur papier. J'y glisse des esquisses d'idées que je peaufine en des textes pensés (ou que j'oublie entre deux pages froissées). J'écris dans plusieurs carnets à la fois. Selon mes humeurs, j'en choisis un plutôt qu'un autre. J'ai des dizaines de carnets gribouillés qui trainent, s'empilent et s'empoussièrent. Il y a aussi ces petits papiers qui s'amassent en tas sur mon bureau. Des papiers où s'inscrivent des idées dispersées et des mots d'enfance que j'accroche au temps qui s'efface.

Et puis il y a la fiction. Celle qui est en bout de ligne de mes mots. Celle qui se fait attendre et déboule quand le temps est clément à ses inspirations. Un jour viendra où j'en reprendrai le filon...

À la base ce blogue était une discipline d'écriture puis il s'est transformé en laboratoire de mots pour ensuite devenir un jardin de Toile. Éternelle insatisfaite de ces mots que je pétris de mes neurones concentrés, je veux aiguiser ma plume jusqu'à ce que la vie en moi s'éteigne. Du coup, j'ai souvent utilisé ce blogue comme un taille-crayon invisible.

À mes débuts bloguesques venait aussi l'idée de s'aventurer dans la blogosphère. Et c'est une aventure que je ne regrette pas. Une aventure virtuelle que je suis heureuse de vivre, années après années. Merci à ceux qui m'accompagnent les phrases en ce coin de Toile.

Dehors, minuit rôde dans la nuit fraiche qui appelle l'hiver. La lune brille. Elle éclaire les quelques nuages qui la dépasse. Le silence est épais dans la forêt noire. L'homme travaille non loin de moi. Le cliquetis de son clavier se mêle au mien. L'enfant dort...

Mais juste avant d'aller retrouver Morphée, pourquoi ne pas se décortiquer une petite expression? Pour le plaisir de la langue qui s'exprime, se nuance, s'enroule et se dérobe. Une expression ancienne que je ne connaissais point mais qui me plait bien. Une expression que je partage avec mon homme qui en reconnait une chanson de Brassens. Il n'en avait jamais compris le sens. À minuit pile, tout s'éclaire...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Sacrifier à Vénus »

SIGNIFICATION
Faire l'amour

ORIGINE
Il existe quelques rares formes de sacrifice auxquelles on se soumet bien volontiers, sans aucune appréhension. Et le sacrifice à Vénus en fait incontestablement partie.

Si le lien entre Vénus et le fait de faire l'amour paraît clair quand on connait cette attribution de la déesse, on peut se demander en quoi s'adonner au plaisir sexuel est un sacrifice. En fait, sacrifier nous vient au XIIe siècle du latin sacrificare qui voulait dire « offrir en sacrifice à une divinité », lui-même issu de sacrum facere pour « faire une cérémonie sacrée ». Mais ce n'est qu'au XVIIe siècle que, parmi ses emplois figurés, le verbe précédant la préposition à prend la signification de « faire la volonté de ». Et là, tout s'éclaire : en effet, sacrifier à Vénus veut alors dire « faire la volonté de Vénus », l'incitatrice à la fornication, peut-être avec une connotation ironique pour le grand sacrifice que cela implique.

Cette expression, qui semble dater du début du XIXe siècle, avec le sens indiqué (puisqu'on faisait autrefois de véritables sacrifices à Vénus), est un peu tombée dans l'oubli.

EXEMPLE
« Il est passé aujourd'hui en oracle divin, ce mot de Luther, qu'il n'est pas plus possible de retenir son envie que sa salive ; ni plus facile à l'homme et à la femme de se passer l'un de l'autre, qu'à l'un ou l'autre de se passer de boire et de manger. Impossible, entendez-vous chanter de tous côtés et sur tous les tons, de ne pas sacrifier à Vénus dès qu'on est d'âge. » L'écho des vrais principes - 1829

mardi, novembre 16, 2010

Expirer le caprice...



Expirer le caprice...

La vie des enfants est ponctuée de petits caprices. C'est ainsi. Le rôle des parents est d'élever l'enfant afin de l'aider à maîtriser cette vie qui est sienne.

La vie est précieuse. Elle peut être belle et douce mais elle est aussi pleine d'embûches, d'insatisfactions et d'obstacles. Ainsi va.

Les caprices d'enfants font partie des batailles parentales quotidiennes. Ils sont aussi humains que le reste des défauts qui forgent nos humanités.

Je suis une maman qui a la chance de connaitre beaucoup de fierté. M'zelle Soleil est une bonne petite fille. Mais elle n'en reste pas moins humaine. Et comme toutes les petites filles de la Terre, elle connait des caprices qui lui emporte l'esprit.

Exemple: La journée est douce, l'air est frais, le soleil brille. L'on se promène au village en trio familial. L'idée est d'aller marcher jusqu'au dépanneur (environ 1km 5) pour y acheter des bonbons. Ensuite l'on revient sur nos pas et l'on s'arrête au lac pour les manger avant de rentrer à la maison.

Jusque là tout va bien. Le soleil brille. L'air est doux. La journée est belle. Mais voilà qu'en revenant du dépanneur, alors qu'elle a deux kilomètres dans les pattes et que les les bonbons la narguent dans leur sac, M'zelle Soleil fige. Elle en a marre de marcher. Elle ne veut pas attendre. Elle veut ses bonbons tout de suite!

Les parents que nous sommes faisons front. Fermement l'on refuse de changer le programme. M'zelle Soleil boudasse. Peu satisfaite, elle insiste. L'on refuse catégoriquement. Fâchée, elle fait une moue d'enfer, se plante sur ses deux pieds et fait monter quelques larmes de crocodile. Elle refuse d'avancer. À ce moment précis, elle nous a bien dans le collimateur. L'on échange un regard mi amusé mi décontenancé. Complices, Juan et ma pomme tenons bon. Braquée, M'zelle Soleil est prête à laisser exploser la crise qui bouillonne en son sang.

D'un coup, je repense à certains exercices de mieux-être pratiqués durant ma soirée Coup de Pouce. Nicole Bordeleau avait pris la salle bien en main. Elle la faisait respirer, expirer, crier, pleurer. Et puis il y avait cet exercice tout simple qui consistait à inspirer puis expirer profondément tout en visualisant que l'on poussait ses soucis au loin. En quelques secondes, je l'adapte à la situation présente.

Je m’accroupis à la hauteur de ma fillette fâchée. Je fais fi de ses mots qui me cherchent. Je plonge mon regard dans le sien et lui dit doucement:

- Respire ma puce. Allez respire par le nez...

Je montre l'exemple en respirant profondément. Elle fronce des sourcils et plisse des yeux. Je continue:

- On respire par le nez et puis on souffle, on souffle et on pousse le caprice loin devant nous. 

Je remontre l'exemple en inspirant et expirant tranquillement. Je fais mine de souffler un bateau invisible. Elle écarquille les yeux. Je recommence. Je puise en ma patience parentale. J'insiste tendrement tout en gardant mon regard  plongé dans le sien. Un regard calme et serein. Un regard empli de toute cette affection que je ressens pour elle. Je poursuis:

- Tsé, c'est juste un petit caprice, c'est vraiment pas grave, pis si on le souffle, pffff, il disparaîtra, allez, on essaie?

Elle s'adoucit. Je pense même percevoir l'esquisse d'un sourire au coin de ses lèvres pincées. Elle suit la cadence de ma respiration. Elle se calme. La tension enfantine redescend comme par enchantement. Je fais une grimace. Elle rigole. Le caprice s'est envolé. L'on avance...

L'on reprend le chemin du lac. L'on se fond dans le paysage. Puis l'on partage les bonbons avec des sourires partagés et une harmonie familiale qui fait du bien à l'âme...

24 heures en solitaire dans l'agitation urbaine

24 heures en solitaire dans l'agitation urbaine

Montréal Vibes

La semaine dernière, je suis partie 24 heures à Montréal. C'est la première fois que je partais seule depuis des années. Depuis que je suis maman, depuis que je suis mariée. C'était une étape nécessaire en ma peau de maman, en ma peau de femme. J'en savoure le cheminement. En mon coeur, je m'étais mis comme balise les cinq ans de M'zelle Soleil. À ses cinq ans, je me donnais le droit d'être plus femme que maman...

Ainsi lorsque j'ai reçu une invitation pour aller à une soirée citadine ayant pour thèmes Bien dans mon coeur, Bien dans ma tête, Bien dans mon corps, j'ai pris le train en marche sans une hésitation. Cette conférence tombait le lendemain du jour du cinquième anniversaire de ma puce. L'occasion était trop belle et l'occasion fait le larron!

Dans le bus, je rencontre une enseignante retraitée qui vit aux Îles de la Madeleine. J'apprécie la sympathique compagnie. L'on parle des femmes, d'avant et de maintenant. Les sujets de conversations s'écoulent au fil de la route qui se déroule. Je ne vois pas le trajet passer. J'arrive en ville alors que le soleil se couche. La lumière de fin de jour caresse les buildings qui scintillent. Montréal se fait belle. Elle se rappelle à ma mémoire. Il fait doux. Je remarque que toutes les feuilles ne sont pas tombées, on dirait presque le Sud. Je prends un taxi.

J'arrive à mon hôtel. Le plus Feng Shui de la ville selon mon amie Marie-Julie. Ma chambre est confortable et douillette. Je me montréalise les idées au coeur du quartier chinois. J'ouvre mes chakras. Hissée sur mes talons hauts, je cours les rues pour y chercher ces petites choses que j'ai oubliées. Un collant et des shampoings plus tard, je suis sous la douche. Je me recentre. Me voilà prête pour cette soirée qui me fait troquer mes collines paisibles pour le skyline de Montréal.

Picnik collage

Cette soirée particulière se déroule dans le Centre des Sciences du Vieux Port. Je vais me tremper les neurones dans des eaux toutes féminines. Légère. Je souris. Je sais aussi que j'y rencontrerai surement ces filles que je copine en ligne. C'est aussi pour elles que je suis venue...

Aussi, même si je n'ai pas encore eu le temps d'en parler amplement en ce jardin de Toile, je serai de la conférence "Belles à bloguer" qui se déroulera à Montréal le 4 décembre prochain. Je peux même dévoiler que j'animerai l'atelier photo et qu'il se concocte aussi une autre activité intéressante pour ma pomme des bois ce jour là. Et pour finir les confidences; je suis celle qui gazouille pour la cause sous la bannière Twitter de "Belles à bloguer"...

Mais revenons à cette soirée un peu glam et très femmes. Je retrouve mes copines blogueuses sans trop de difficulté. Je commence à connaitre l'équipe de Coup de Pouce (qui me dirige facilement dans la bonne direction), dernièrement, j'ai eu le bonheur de travailler avec ce magazine pour un article papier lié au Web. L'équipe est aussi cool que je m'y attendais.

Je retrouve la gang de blogueuses, mes copines Web et d'autres connaissances virtuelles. Après quelques papotages, l'on se dirige ensemble vers la grande salle. Mélanie Thivierge anime la soirée, élégante et articulée, elle enrobe le tout d'une belle énergie. C'est une soirée féminine sur fond de magazine...

La vulnérabilité de l'amour

Dans le volet Bien dans son coeur l'on parle couple avec Francesca Sicuro, une psychologue qui s'intéresse au mieux-vivre sous toutes les formes. J'en retire plusieurs points pertinents. Je les absorbe pour mieux les digérer. J'en retiens que l'amour du couple est une sensation privilégiée que beaucoup recherchent. C'est une expérience riche et complexe et certainement l'une des réalisations les plus significatives d'une vie. Évidement tout le défi est dans la durée!

Francesca Sicuro parle très bien de la vulnérabilité de l'amour. Mes neurones s'enflamment. Il est vrai que l'amour est plein de dangers. C'est une aventure risquée que de se laisser aimer. Accepter et assumer ses peurs est la première étape à franchir. Et puis, il y a plusieurs formes d'amour. Ainsi l'amour pour ses enfants est souvent plus profond que l'amour en couple. Mais tout comme les bébés ont besoin d'amour pour vivre et grandir, l'adulte est dans le même cas. Sans amour, l'humain s'étiole...

À cet effet, il est prouvé qu'un bébé que l'on aime pas, que l'on ne touche pas, peut se laisser mourir (même s'il est nourri et a un toit sur la tête). Aussi, il parait que les personnes âgées qui aiment et sont aimées ont beaucoup plus envie de vivre que les autres. Et si on ne le savait pas encore et bien il est dit, ce soir là, que quatre câlins par jour augmente le système immunitaire. La tendresse est bonne pour la santé! Tant d'autres points sont partagés mais je les macère en moi pour mieux les cuisiner plus tard.

Les bienfaits de la créativité

Vient ensuite le volet Bien dans ma tête présentée par ma copine virtuelle Manon Lavoie. Comme je m'y attendais, elle est excellente. Elle parle créativité avec passion et honnêteté. Elle explique que la création fait surface lorsque le rationnel s'apaise. Je me rends compte que beaucoup de femmes ont du mal à gérer leur créativité qui est étouffée par le poids du quotidien. Ce n'est pas mon cas. L'artiste que je suis vit un peu à contre-courant. En ce qui me concerne, ma zone de confort n'est que création. Accrocher le rationnel est mon défi personnel. Mais j'adore l'énergie de Manon et je sais qu'elle aide plusieurs femmes à capter leurs élans créatifs. Pour en savoir plus n'hésitez pas à suivre les petits pas de ses muses créatives...

J'en retiens l'idée d'être douce avec soi. Je médite aussi sur le fait que je ne sais jamais vraiment comment je touche les gens. De plus en plus souvent, au fil de mes sorties, je rencontre des gens touchés par mes mots et cela me bouleverse intérieurement. Et puis je réalise que cela fait un moment que je n'ai pas cultivé la créativité de ma puce. Je me promets d'y remédier en nous organisant une activité découpage-collage avec mes vieux magazines!

Ralentir le rythme et inspirer profondément

Ensuite la soirée se termine avec le volet Bien dans mon corps. J'ouvre grand mon esprit, je sais que j'ai beaucoup de travail sur cette planche là. Nicole Bordeleau prend le devant de la scène. Immédiatement je tombe sous le charme de ses vibrations. J'inspire ses paroles. Je m'en imprègne tout en l'écoutant. Je m'en imprègne tant que j'oublie même de sortir ma Flip! Je m'en imprègne tant que je suis encore dedans. J'apprécie sa perception de l'Être Humain. En effet, en ce terme précis qui nous définit, il y a être et non avoir...

Sous sa direction experte, je vais tant à l'intérieur de moi-même que des larmes coulent en silence sur mes joues. Et puis d'un coup, j'ai envie de faire du yoga comme jamais auparavant! Enfin, même si novice, je bats quand même tous mes amis au Yoga version Wii Fit! Bref, cette présentation m'a tant touchée qu'elle reste ancrée en moi. D'ailleurs, hier, j'ai même poussé le travail personnel en effectuant une méditation de la compassion via son site Web...


La soirée se termine. La salle se vide. Je suis la gang de filles qui m'entoure. J'avoue que j'ai un peu de mal à remonter des profondeurs de moi-même pour socialiser comme du monde. Je réalise combien socialiser demande une certaine superficialité. Une superficialité que l'on ne possède point en ses tréfonds.

Un macaron et quelques bouchées plus tard, je suis de retour à la surface des choses. Et je suis des dernières à partir. Pour une fois que je sors, je ne vais certainement pas me coucher tôt! J'accroche un lift avec mes deux copines Web. Mon hôtel n'est qu'à quelques minutes du Vieux Port. Dans la voiture garée au coin de la rue où je descends, l'on papote encore et encore. Avec La Belle et Karo, l'on profite au réel de cette subtile amitié virtuelle qui nous lie. En conclusion ce fut une bonne soirée qui valait le déplacement. Une soirée riche en réflexions et agréables rencontres...

Le lendemain midi, j'ai aussi eu le bonheur de dîner avec une amie que j'estime beaucoup. Puis juste avant de repartir, je me suis enchinoisée sous le soleil de Montréal. À suivre en mots et photos en un futur billet...

Montreal Vibes

mardi, novembre 09, 2010

M'zelle Soleil 2.0

M'zelle Soleil 2.0

Demain M'zelle Soleil fêtera ses cinq ans. C'est tout un symbole en mon sang de maman. Je macère ce fait en mes pensées qui se bousculent. Bien des mots ont coulé sous mon clavier depuis sa naissance...

Est-ce que l'on ne dit pas souvent que tout se joue avant les cinq ans de l'enfant. Qu'à cinq ans sa personnalité est formée et qu'il ne reste plus qu'à composer avec? Alors ça y est tout est joué!?! Froncement de sourcils.

Demain commence une nouvelle étape d'enfance. Je la sens déjà s'installer. C'est la fin d'une certaine innocence et de la magie qui l'accompagne. C'est l'humanité qui grandit. C'est ma pomme qui mûrit.

Mais aujourd'hui, je m'attarde sur la compréhension de la demoiselle en ce qui concerne le Web et les réseaux sociaux. Enfin principalement Facebook qui est un jeu d'enfant pour elle...

M'zelle Soleil possède en son vocabulaire courant plusieurs termes modernes comme courriel, Internet, Twitter, YouTube, Flickr et blogue. Parfois, elle joue à envoyer des courriels à ses poupées et peluches. Cela me fait toujours un peu lever du sourcil. En mes abstractions maternelles, elle est le futur qui se forme sous mes yeux écarquillés.

Pour elle, Internet fait autant partie du quotidien que le téléphone, le micro-ondes ou le lave-vaisselle. Selon ses termes, elle définit YouTube comme un "magasin à musique". Un magasin gratuit de surcroit (enfin là, c'est la mère qui parle)! En ce moment son vidéo préféré est celui-ci. Lorsqu'elle va sur YouTube, je suis toujours dans son dos, inquiète des eaux troubles...

Elle sait aussi que je possède un compte de photos sur Flickr où elle y a bonne figure. Elle aime bien regarder les photos de son univers en ligne et puis elle adore Facebook...

L'année dernière, je l'ai observée apprivoiser la bête. Elle a commencé en s'amusant à cliquer sur les photos de nos amis pendant que j'avais le dos tourné. Elle reconnaissait leurs visages et voulait de leurs nouvelles. Elle m'a posé des questions. Surprise, j'ai répondu de mon mieux. Et puis au fil des mois, de temps en temps, je l'ai laissée explorer l'outil tout en lui en expliquant les bases.

Même si je compte sur les doigts d'une main les fois où cela s'est produit, la mini Miss en a bien vite compris le principe. Et, le mois dernier, elle m'a démontré qu'elle en comprenait pas mal plus que je ne le soupçonnais. Alors que je faisais je ne sais quoi, elle est arrivée dans ma vue, excitée comme une puce, et en un seul souffle elle m'a dit:

- Maman, maman, viens voir le chien, il est trop bon, maman viens, regarde, il est trop fort, maman, viiiennns...

Je n'ai pas eu d'autre choix que d'aller voir. Et que vois-je? La mini miss qui se ballade dans mon flux et déniche des trouvailles qu'elle est fière de partager. Je regarde la vidéo avec elle. Je dois avouer qu'elle a mis le clic sur une perle. Ce chien est délirant. Je le veux comme aide domestique tout de suite! Ma mini Miss craque sur place. Je lui dis:

- J'avoue, il est pas mal cool ce chien là, tu veux qu'on le partage avec les amis?
- Oh oui! On peut??? Merci Maman!
- Bien-sur, je vais même dire que c'est toi qui l'as trouvé...

Ceci donna cela: Lien canin sponsorisé par M'zelle Soleil. Jamais vu un chien aussi bien élevé. La Miss craque et regarde en boucle...

La demoiselle me regarde effectuer les manipulations de base, sage comme une image, elle absorbe le présent. Une fois la vidéo intégrée à mon profil, elle s'amuse à la regarder en boucle (jusqu'à ce que je mette le holà et change de fenêtre). Quelques heures plus tard, alors que je n'y pense plus, M'zelle Soleil me demande:

- Dis, maman est-ce que les amis, ils ont écrit quelque chose sur le chien vraiment bien?
- Heu?!?
- Tu peux aller voir sur comment don'?
- Facebook. Heu... Oui...

Je réalise alors qu'elle a pleinement conscience du principe de partage numérique. Je sais qu'elle possède, à travers moi, une certaine identité numérique. Je ne lui en cache pas le concept. Elle m'observe et comprend certainement plus que je n'en ai conscience. J'ouvre le lien et je vois, qu'en effet, plusieurs amis ont trippé sur le super chien. Je lui lis les commentaires. Elle opine ou médite. Elle est satisfaite. Fière de sa trouvaille Web, elle rayonne. Elle grandit bien vite. Je vois le temps qui file sous mes yeux de maman.

Être native numérique

M'zelle Soleil est l'une de ces "natifs numériques" qui vivent avec des parents connectés. C'est une petite fille de lac/techno aussi à l'aise avec un iPhone qu'avec une poignée de sable. Demain elle aura cinq ans. Et elle continuera de grandir dans un monde où le Web est monnaie courante. Quant au rôle des parents en cette révolution numérique, il est essentiel...

D'ailleurs, saviez-vous que pour les enfants de parents internautes, la naissance numérique se situe autour de l'âge de six mois? La naissance numérique représente le moment où le bébé (l'enfant) a des informations personnelles qui sont mises en ligne ou partagées sur les différents sites de réseautage. En ce qui concerne M'zelle Soleil, de part l'influence de ce blogue sur ma vie, l'on peut penser qu'elle est née numériquement bien avant de sortir de mon ventre!

Au fil des années qui se déroulent, je prends à cœur mon rôle de guide parental 2.0. Je pèse et soupèse tout ce que je lui montre et explique. J'encadre. Je veille et surveille. J'essaie de cultiver un champ de compréhension et de confiance mutuelle. Je réfléchis sur ce que je diffuse d'elle.

J'espère que je saurais lui montrer ces chemins qui évitent les dangers, qu'ils soient virtuels ou réels. J'espère que lorsqu'elle saura lire et écrire, elle aura une bonne conscience et connaissance de nos diverses virtualités. Dieu sait de quoi sera composée la réalité numérique de ses quinze ans. Mais une chose m'est certaine, le jour de ses quinze ans, je serai toujours sa maman...

lundi, novembre 08, 2010

Blessures de guerre

Blessures de guerre et prison de chair...

Orange Destiny

Durant ma grossesse, j'ai accumulé tant de livres que je me suis transformée en bibliothèque ambulante! Un véritable cauchemar pour la femme en ma peau. Après avoir accouché puis failli trépasser des suites de l'accouchement, j'ai réalisé l'ampleur de mon drame féminin. Dès que j'ai retrouvé un semblant de santé, je me suis inscrite à un Gym de femmes. Et puis, je suis partie en guerre... 

Les six premiers mois d'entrainement furent un calvaire. Trimballer une bibliothèque sur un tapis roulant c'est douloureux à souhait. De quoi s'envoyer l'estime de soi dans les pâquerettes! Cela dit, en deux ans d'entrainement continu, j'ai bien fondu. J'ai travaillé sur moi-même. Malgré l’humiliation intérieure, à force d’efforts et de volonté personnelle, j'ai grimpé cette montagne qui me semblait insurmontable. En chemin, j'ai pleuré, j'ai coléré, j'ai bataillé, j'ai sué comme une vache. Et, je me suis musclée. Petit à petit, l'espoir en ma peau est revenu.

Puis je me suis pétée les deux chevilles en un mois! À mon grand malheur, j'ai refait une petite collection de livres perdues. En maugréant, dès que j'ai pu remarcher, je suis retournée m’entraîner. Le cardio est la clé de ma peine. Mon cas est une conséquence amère d'une vingtaine avec un petit trouble alimentaire. Un certain trouble alimentaire qui me conservait fine mais qui abaissait mon métabolisme sans que je n'en ai aucune conscience. Ma grossesse a été le tournant qui m'a permis de mieux comprendre cette guerre que je vis avec mon corps depuis des années. Au fil du temps qui s'écoule, j'apprivoise l'idée que l'on doit vieillir et ratatiner. Ceci à la seule condition d'arriver à se sentir bien dans sa peau flétrie. Tout un défi pour tant de femmes (dont ma pomme des bois)! Un de ces jours j'aurai 40 ans, d'ici là, j'aimerais bien atteindre une réconciliation corps-esprit.

Bref, à force de m'entrainer, j'ai fini par découvrir le second souffle. J'ai même cru apercevoir des signes de paix. Puis j'ai atteint un plateau et M'zelle Soleil s'est cassée la jambe. Son accident a coïncidé avec mon renouvellement de contrat de Gym. Je ne m'en suis pas occupée. Trop concentrée à m'occuper de mon enfant blessé, j'ai laissé l'entrainement de coté. Lorsque je suis totalement intégrée à ma peau de maman, ma peau de femme a l'habitude de prendre le bord. Depuis que je suis maman, arriver à trouver une place pour la femme en moi est un cheminement en soi. La petite enfance m’absorbe si facilement le coeur. Son innocence m'enchante la cervelle sans problème. Me distancer du "monde adulte" pour mieux apprécier l’enfance de ma puce est si simple à mes sens. Même si cela va parfois à l'encontre de la raison moderne. Enfin, de toute façon, l'été c'est toujours plus facile de bouger et de ne pas trop s’encroûter.

Lorsque je suis retournée à mon Gym féminin, bien décidée à reprendre le taureau par les cornes, j'ai appris qu'il me faudrait repayer mes frais d'inscription. Et là, je me suis un peu fâchée. Sachant que j'ai payé en continu durant quatre années, que mon dossier fait une quinzaine de centimètres d'épaisseur, que cela faisait à peine trois mois que je n'avais pas donné signe de vie, me demander 150 dollars pour réouvrir mon dossier m'a semblé un peu exagéré. Bonjour le service à la clientèle pourri! Est-ce une façon de traiter les clientes fidèles? Je me suis rebellée. Évidement les conditions d’inscriptions se sont rapidement adoucies mais le mal était fait. J'ai refusé de me réinscrire et j'ai décidé de changer d'air...

Airs d'automne

Justement, au village voisin, le Gym mixte offre une promotion d'automne qui donne la possibilité de s'inscrire sans payer aucun frais d'admission. Finalement, je me dis que c'est peut-être une meilleure voie à suivre. Lorsque j'ai commencé à m'entrainer il y a quatre ans de cela, ce Gym là n'existait pas. Il est vrai qu'à l'époque, le Gym de femmes, même s'il se trouvait à une vingtaine de kilomètres de mon lac, confortait mes complexes. Quitte à grimacer et faire brasser son gras gélatineux, autant le faire entourée de femmes mûres. C'est meilleur pour le moral. Toutes dans la même galère... 

Cependant, étant désormais assez ferme et en forme pour envisager le Gym mixte, je me tourne les idées vers celui-ci. Situé à cinq kilomètres de ma maison, l'option est tentante. L'insatisfaction du service de mon Gym habituel aidant, je prends la décision de m'y inscrire. Je raisonne mes réticences et me lance. La première fois que j'entre dans ce Gym plus masculin que féminin, j'en remarque d'abord l'odeur musquée. Cela me fait un petit choc. La musique heavy-metal me surprend aussi. C'est vraiment une toute autre ambiance que mon Gym de femmes! Je prends une grande respiration et soupèse les avantages en ma balance interne. Ils prennent le dessus malgré l’atmosphère étrange. En quelques signatures, me voilà inscrite. C'est un nouveau début. Je me rappelle qu'il est bon de sortir de sa zone de confort et d'élargir ses horizons. Histoire de ne pas s'encrasser dans de vieilles habitudes qui font de nous des mémères pas cool.

Ainsi, lundi dernier, je commence ma remise en forme et processus de fonte. Mon casque sur les oreilles, je rentre dans ma bulle musicale. Je commence par le cardio et je réalise que celui-ci tient encore la route. J'en suis heureuse. La vue depuis les tapis est meilleure que celle à laquelle j'étais habituée. Jusqu'ici tout va bien. Le vestiaire féminin de ce Gym testoronné est chic et propre. C'est un plus. À peine si je regrette l'autre...

Une fois bien réchauffée, je vais faire un tour du coté de la section poids et machines.  Là, je réalise vite que les machines sont pas mal plus mâles que celles que je connaissais. Le paysage aussi est bien mâle! J'en reste un peu bouche bée. Assez étonnée pour ressentir en parallèle la subtile impression d'avoir passé quatre ans au couvent! Malgré moi, mon regard s'attarde sur ces muscles qui bandent. Je salive. Il n'y a pas de doute, je suis profondément hétérosexuelle.

Durant mes années d'entrainement féminin, j'avais oublié à quel point les muscles des hommes peuvent être agréables à regarder. Je me régale la vue sur deux militaires en pleine action. Vu que je suis bien nourrie, je regarde le menu sans commander (même si j’observe avec appétit).  Entre deux coups d'oeils, je teste les machines qui me paraissent plus coriaces que celles de mes souvenirs. Concentrée à sculpter mes formes, stimulée par les muscles bandés qui s’exhibent, j'abuse un peu des pectoraux. ..

Le lendemain, en plein élan, j'y retourne en compagnie de mon homme. Celui-ci est prêt à m'accompagner de temps à autres, cela me plait. C'est aussi l'avantage du Gym mixte. D'ailleurs, je le trouve bien sexy à courir comme un étalon sur le tapis. Je me tape une heure de cardio tapis/elliptique. Tout est sous contrôle. Mes fesses me disent même merci. C'est bien parti. Je reprends confiance en ce corps qui a la fâcheuse habitude de me trahir.

En compagnie de mon homme, je retrouve le coin des machines et des musclent qui bandent. Je me travaille les pectoraux avec vigueur. L'on plaisante un peu sur les sujets mâles de la place et Juan en oublie presque qu'il n'aime pas faire des machines...

Jaune d'automne

Deux jours passent. Mon horaire ne me permet pas d'aller faire un tour de salle de torture. Je me réserve donc vendredi et samedi pour suer. Mon ambition est de reprendre trois à quatre fois par semaine. Histoire de donner un bon coup. Histoire de me sentir bien dans ma peau un de ces jours. Mais jeudi soir, en me couchant, je ressens un pincement dans le haut du dos. Aille.

Je m'endors en espérant fermement qu'il disparaisse durant la nuit. Le lendemain matin, c'est loin d'être passé, c'est pire! J'ai le dos barré. Cela augure mal. Je laisse tomber l'idée d'aller m'entrainer et j'essaie de travailler mes textes malgré la douleur. Samedi matin, je me lève bloquée bien raide. Ouille.

Dieu merci, alors que la douleur me creuse les traits, Juan trouve un ostéo à Québec qui prend mon cas en main dans l'après-midi. Celui-ci me fait du bien mais ne me rassure point. Il m'explique que mon corps réagit à l’exercice abusif en générant une méchante inflammation du trapèze. Cette réaction verrouille mes vertèbres qui contractent et figent. Shoot! Encore une fois mon corps et ma tête sont en pleine dualité. C'est qu'ils ont du mal à s'entendre ces deux là! Ils se font la guerre plus souvent qu'ils ne s'aiment.

Mais dans la bataille, je ne prends pas la fuite. Je fais front. Je subis la douleur et la frustration, j'accepte le repos conseillé, les médicaments et les compresses gelées. Et, dès que cela sera passé, je repartirai au combat. D'ailleurs, à ce que j'en ai vu, mon nouveau champ de bataille est peuplé de petits soldats...