Chroniques d'enfance et de parentitude
Les enfants s’imprègnent de ce que nous sommes. Je suis convaincue qu’il ne peut y avoir de faux semblants dans la relation qui se crée entre le parent et l'enfant. Lorsque j’étais petite je me souviens à quel point je remarquais particulièrement ces adultes de l’école : « Faites ce que je dis et non ce que je fais », je trouvais cela tellement lamentable, il ne m’en fallait pas plus pour que je ressente l’envie de refuser tout ce qu’ils pouvaient essayer de me dire! Lorsque je n’étais pas encore adulte, j’avais tendance à penser que le monde des adultes était lamentable, ce qui ne m’aidait pas à entrer dans leur ronde. Maintenant que je suis adulte, je préfère faire plutôt que dire. Il ne sert à rien de paraître, tout est dans l'être.
En vieillissant j’ai appris à me taire. Juan, lui a appris à répondre. Juan était un enfant couvé à l’os, un enfant bien plus soumis que moi qui poussait comme une herbe folle, c’était un enfant qui ne détestait pas le monde des adultes et qui avait hâte d’y entrer pour s’affranchir de l’influence pesante de ses parents. Maintenant nous voilà parents, nous sommes de l’autre coté du miroir, nous avons un enfant à élever, ensemble. Nous ressentons tous les deux la lourde responsabilité que cela implique. La route est longue jusqu’à ce que l’enfant devienne adulte, nous n’en sommes qu’au début du chemin. Maintenant que M’Zelle Soleil parle, l’on est entré dans une nouvelle phase d’apprentissage parental. Pour l’instant cela roule doucement. Ce n’est pas toujours évident mais ce n’est jamais désespérant. Nous maîtrisons les élans rebelles de notre rejeton avec amour et attention. L’enfant grandit sagement. Je me raffermis subtilement. Nous faisons front. Pas de crises pour se coucher, pas de caprices à toutes les trois minutes, Lily-Soleil a une capacité d’obéir qu’elle apprend à gérer. Tout comme nous apprenons à gérer l’entité parentale que nous formons...
La chose qui me saute le plus aux yeux est combien elle absorbe tout ce que nous sommes. J’imagine que le fait qu’elle est de notre sang n’y est pas pour rien! Elle imite, elle répète, elle mimique. Elle a de ces tons qui me sont comme des reflets de moi-même. Les chiens ne font pas des chats disait ma grand-mère! Elle est capable de m’imiter comme un vrai petit clone, elle me met alors ma personnalité dans la face! Je ne suis plus unique. J’ai désormais une petite bouture qui pousse à mes cotés. C’est toute une expérience! C’est un défi que j’accepte de relever. Essayer de bien cultiver cette petite plante de femme. Depuis quelques semaines elle a l’art de répondre à des petites choses avec une insolence toute innocente! En quelques jours, cela en devient si flagrant que je ne peux m’empêcher de dire à Juan :
- Hum, je savais pas que l’insolence était génétique!!!
- Ah! tu as remarqué toi aussi! me répond-t-il sur le champ
- Yep…
- Ouais, va falloir qu’on fasse de quoi car c’est une attitude que j’ai du mal à supporter! D’ailleurs heureusement que je t’ai eu sur le tard parce que j’aurai pas été capable!
- Hé ho! Je suis pas si pire! Pis j’avoue, je peux pas m’empêcher de trouver cela quand même cute!!!
- Hum, cela ne m’étonne pas…
Les jours qui suivent me font prendre les choses en mains, je ne laisse plus passer cette attitude sulfureuse. Je pose une limite qu’elle comprend vite. Je ne laisse plus passer aucun affront. Et puis bon, il ne faut pas non plus trop niaiser la mère, je reste maître de la situation, il est encore un peu tôt pour que l’élève surpasse le maître. Mais je m’attends à qu’elle me surpasse une fois adulte. N’est-ce pas là l’objectif premier lorsque l’on devient parent. Espérer que l’enfant soit meilleur que nous? Espérer que l’enfant atteigne le meilleur de lui-même? Accepter les leçons que l'enfant a à nous apprendre pour qu'il accepte celles que l'on doit lui inculquer. Cela dit, j’ai savamment appris à contrôler mes insolences avec l’âge. J’essaie désormais d’utiliser cette attitude à bon escient. Je la transforme en endurance. Je sais aussi combien mes insolences étaient à l’égal de mes souffrances. Si j’en crois mon expérience, moindres seront ses souffrances, plus légères seront ses insolences. J’y vois le poids de mes responsabilités. Je conçois que le chemin parental est long et semé d’embûches, mais il y a aussi de belles clairières où l’on peut pique-niquer en paix. Il y a tous ces petits bonheurs du quotidien qui me nourrissent l’esprit, qui m’apaisent le coeur. À chaque fois qu'elle me dit de sa petite voix douce « Ze t'aime maman », je fonds comme de la tire d'érable au soleil. Je reste plus dubitative lorsqu'il lui prend l'idée de m'appeler par mon prénom! Elle s'imprègne de nous comme je m'imprègne d'elle. Elle ne peut se passer de nous et je ne pourrais plus me passer d'elle...
Nous réalisons à quel point elle s’imprègne de ce que nous sommes. Je crois que que c’est par l’exemple que l’on doit prêcher notre bonne parole. Dans la relation parentale l’exemple tient lieu de langage. Les paroles ne sont là que pour aider à la communication, pour éclaircir les incompréhensions, pour partager les émotions et pour divertir l’ennui des trop longs silences. Mais c’est de nos exemples qu’elle apprendra le plus. C’est de ce que nous sommes qu’elle tirera ses propres leçons. C’est là que se situe tout notre challenge. Trop souvent j’ai eu l’impression d’apprendre par contre-exemple. Les adultes qui côtoyaient mon enfance avaient une fâcheuse tendance à "dysfonctionner". D’ailleurs c’était plus ou moins la norme, peut-être était-ce l’époque. Les années 70-80 étaient quand même un peu folles. L'humanité en pleine mutation technologique était un peu déboussolée. Enfin les années 2000 sont aussi pas mal tarées.
Pourtant je veux croire que le bon sens est universel et intemporel. Le bon sens devrait nous être enseigné plus clairement. Parfois j’ai l’impression que le bon sens n'est pas toujours inné au genre humain. Il est plus développé chez certains mais cela reste un apprentissage en soi. Le bon sens est essentiel à l'éducation d'un enfant. Pouvoir développer avec mon enfant une saine relation qui traverserait les épreuves du temps, construire une relation enrichissante, fait partie de mon bon sens personnel. C’est à cela que je travaille en ma position de parent. C’est une tâche que je soupçonne des plus difficiles…
Alors je fais mon possible pour savourer ces années bonbons avec mon enfant délice. Je savoure chacun de ces petits moments complices, de ces petits moments d’échanges et d’affection, j’essaie de créer un véritable lien qui tissera une corde solide. Je prends soin d’apprécier les qualités de mon brin de fille, de les valoriser tout en ne détournant pas le regard devant ses défauts qui finiront par s’installer tout comme pour chaque humain. (Bon, elle a quand même peu de défauts, pour l’instant, c’est un véritable petit ange.)
Depuis quelques jours le « pake » (parce-que) est à la mode de chez nous. M'zelle Soleil se lance dans de longues tirades, prend de grandes respirations inspirées et explique :
- Heu, c’est pake, blablablablabla…
« Pake » par ci, « pake » par là, c’est un mot qu’elle consomme sans modération! Cela faisait déjà quelques semaines que le « poupoi » (pourquoi) faisait partie de ses conversations, il ne manquait plus que le parce-que à cette danse de notre langue qui la materne. Elle s'affirme et s'individualise. Elle commence à raisonner. Elle devient si autonome qu’elle me remet régulièrement à ma place. Je ne compte plus le nombre de « Non, c'est mouaaaa....» que je peux entendre en une simple journée! Ce n'est pas le genre d'enfant qui se laisse étouffer, c'est plutôt le genre qui revendique son indépendance au fur et à mesure qu'elle l'acquiert! Le genre qui semble désirer acquérir le plus d'indépendances possibles!
Je remarque, avec une certaine satisfaction, qu'elle est polie, elle dit « maissi » bien joliment, c'est craquant! Elle sait bien placer ses « steuplait » même si je la serine régulièrement, elle semble facilement comprendre le principe de « padon ». Je regarde l'homme d'un œil noir lorsqu'il sacre. Elle voit mon regard silencieux et se dépêche de répéter le mot dont elle sent l'interdit. De mon coté, j'essaie d'avaler le plus possible mes « Fu.. » pour lesquels j'ai une petite prédilection.
Mon brin de fille est quasiment propre, elle porte de ces couches qui font fonction de culottes mais elle va régulièrement aux toilettes, toute seule ou accompagnée. Souvent je lui mets des culottes de toile pour transiter tranquillement vers une vie sans couches. Lorsqu’elle sait qu’elle n’a pas la protection de la couche, elle fait de la résistance. Je la vois qui se papouille le minou, qui se dandine sur place. Je lui demande :
- Tu veux aller faire pipi?
- Non! pas faire pipi!!!
Me répond-t-elle avec vigueur! Si elle continue son petit manège, je réitère ma question qui a inévitablement sa même réponse négative. Je sais que si je ne la force pas, il y aura dégâts. Alors je la force gentiment et l’accompagne sur le bol. L'effort ne rate jamais, elle se soulage toujours avec bonne humeur, je la félicite et c’est reparti pour un tour. Par contre, elle ne fait plus de grosses commissions dans ses couches et ceci est un vrai bonheur! Parfois elle demande et d’autres fois je la vois pousser et l’emmène illico sur le trône! Elle sait se déshabiller seule. Quand elle va seule faire ses besoins, je ne peux m’empêcher de lui demander :
- Est-ce que tu as besoin d’aide?
- Non, yé pas bechoin d’aide maman!
Ah! D’accord! Me dis-je en mon fort intérieur avec un petit serrement de coeur. La poulette de mère en mon sang frissonne. Je prends note. Je la laisse faire à sa guise. Elle se renculotte toujours comme un deux de pique mais elle est super fière de devenir grande. J'essaie d'accrocher en ma mémoire tous ces moments de petite enfance chérie.
Elle me fait sourire lorsqu’elle s’exclame « Oh! My God! » d’un ton ultra surpris. Les enfants s’imprègnent définitivement de ceux qui les pondent. Elle n’est pas nous. Elle est un petit être indépendant qui devra se construire sur plusieurs décennies. Elle n’est pas nous mais Dieu qu’elle vient de nous! Elle nous reflète comme un miroir d’être, elle s’imprègne de nos eaux comme une éponge à la mer et à travers ses jours nous nous immortalisons un tout petit peu.
Lorsqu’elle se réveille de ses siestes, c’est le temps des câlineries, curieuse comme je suis, je ne résiste jamais à creuser le sujet qui m’intrigue « As-tu rêvé? ». Pour l’instant je ne récolte rien de pertinent mais je sais qu’il s’y cache des trésors. Cependant elle me dit maintenant que son bébé rêve quand il dort! Elle fait souvent des cauchemars, elle ne sait pas encore les exprimer. C'est un grand morceau de fille. Souvent l'on s'étonne de sa taille, les gens disent qu'elle a l'air d'avoir au moins trois ans. Lorsque je rétorque qu'elle en a à peine deux, c'est toujours la même surprise. C'est vrai qu'elle pousse comme un champignon mignon...
L’autre jour alors qu’elle se réveille dans mes bras, elle me chuchote des mots tendres au creux du cou, elle s’enrobe de nos silences. Elle se colle contre mes seins, je lui fais des petits bisous, elle me serre de ses petites mains potelées puis, soudain, elle me lance comme un cri du cœur.
- Maman, ze veux zanter!
- Tu veux chanter?
- Mouuuiiiii…
- Mais tu peux chanter quand tu veux…
- Nooonnn…
- Tu peux pas chanter quand tu veux?
- Nonnnn… Ze veux chanter maman!
- Heu, alors on t’achètera un micro
- Non, pas micro, ze veux zanter…
- Tu veux chanter quoi?
- Ze peux pas zanter!
- Pourquoi tu peux pas chanter?
- Y’a plus de place!!!
- Y’a plus de place pour chanter?
- Non, y’a plus de place pou moi.
À ce moment de la conversation que je commence à trouver surréaliste j’essaie désespérément de comprendre son problème qui m’échappe. J’ai beau creuser le sujet, je n’arrive pas à mettre le doigt sur la chose. Tout ce que j’apprends c’est qu’elle veut chanter mais qu’elle n’a plus la place!!! Un mystère que je ne résoudrais pas cette semaine! J’en parle à son père alors qu’elle est couchée. Je lui dis :
- Pis qu’est-ce que tu veux que je lui réponde! Je sais même pas si elle a une voix! Elle commence à peine à parler, comment on peut savoir si elle a une voix! Je peux pas lui mentir! Enfin si elle a pas de voix pis qu’elle veut chanter, il lui faudra être un bon auteur-compositeur!!!
Juan est mort de rire. Il me voit m’emporter, m’inquiéter, il s’amuse de mes instincts maternels qui bouillonnent. Le lendemain midi, il me dit :
- Tu sais la première phrase qu’elle m’a sortie en se levant ce matin?
- Heu non…
- Je veux chanter papa!!!
- Ah! Tu vois…
Deux jours passent et elle me sort de but en blanc « Maman Etolane ze veux zouer de la guitarrrr ». Bon! Je me dis qu’il va falloir que j’incorpore davantage la musique à nos activités. Il va définitivement falloir que je me plie à chanter ces chansons niaiseuses qui ne font rire qu’elle. Il n’y a en a qu’une que j’affectionne vraiment. Celle qui parle d'un petit bateau sur une rivière qui tombe à l’eau! Les autres, à grosses doses, me lobotomisent facilement le cerveau!
Depuis quelques jours, je lui apprends de nouvelles chansons. Je reste pas mal classique pour l'instant. Je commence à lui montrer les émissions de télévisions pour enfants, de celles qui passent de grand matin, j'accepte de la laisser regarder " les bonshommes" comme on les appelle. Je me les tape souvent avec elle! J'ai les neurones coincés à un carrefour de marionnettes! De façon générale, je lui refuse encore l’ordinateur. Enfin je lui ai quand même téléchargé un jeu de Dora, au moins c'est éducatif mais c'est juste à l'essai alors je lui offre au compte goutte! C'est fou comment l'écran l'absorbe, cela me trouble. Je sais que je ne pourrai pas tenir encore longtemps.
Présentement je lui propose un livre et cela marche encore. Nous nous plongeons dans les pages en cartons et nous discutons des images que l'on découvre. Ce sont de bons moments passés ensemble. Ce sont des petites briques à notre fondation. En ce moment, ce qui me fait craquer, c’est de l’entendre fredonner cette chanson de Brassens à ses poupées. Une chanson que son père lui chante régulièrement depuis le temps où elle était dans mon ventre. La première chanson qu’il lui a chanté lorsqu’elle est sortie de mon ventre. Une chanson qui vit désormais en elle…
M'zelle Soleil sait de mieux en mieux ce qu'elle aime et n'aime pas, elle le vocalise de plus en plus souvent. Elle commence aussi à exprimer quelques peurs. Plus souvent elle se colle à nos jambes en murmurant d’une toute petite voix: « Z’ai peur… ». Son père est magique, il dissipe ses frayeurs d’un coup de charme masculin. Pour moi c’est plus difficile, faut que j’explique, que je câline et que j’explique toujours et encore. Ce qui est drôle c’est lorsque je la vois ensuite expliquer à son bébé qu’il ne doit pas avoir peur, présentement sa plus grande hantise se trouve dans les motoneiges.
Tout a commencé le jour où l’on prenait une soupe au Tim Hortons et qu’a débarqué un homme de sa motoneige garée dehors. D’un coup, j’entends un cri strident et je vois ma fillette courir vers son père comme si elle avait le diable aux trousses! Durant une demie seconde, je manque presque de défaillir tant son émotion me transperce. Je lève aussitôt mon regard pour apercevoir tout de noir vêtu, un beau spécimen mâle flamboyant sous son casque aussi noir que les ténèbres. Lily-Soleil le regarde et elle hurle. À travers ses yeux, je comprends sa peur, à travers ses yeux, le bonhomme peut presque avoir l’air d’un démon tout droit sorti de l’enfer. C’est fragile les yeux d’un petit enfant! L’homme enlève son casque. C'est un joli garçon dans la vingtaine qui me sourit. Et commence mon explication de comment le « monsieur est gentil, qu’il est en habit de motoneige, qu’il ne faut pas avoir peur, que c’est juste un gentil garçon, c'est juste parce-qu'il fait de la motoneige mais c'est un garçon tout comme les autres ». Le pauvre est embêté de faire ainsi frissonner l’enfant qui se terre dans les bras de son père. Il essaie de s’approcher pour lui parler mais elle se cache le nez au creux de l’épaule de Juan en frémissant.
L’on va manger notre soupe chacun de notre coté. Elle nous explique comment elle a peur, nous lui expliquons qu’il ne faut pas avoir peur. Le garçon se rhabille pour partir, elle manque de hurler de nouveau. Nous lui expliquons le principe alors qu'elle l'observe partir sur sa motoneige, pas rassurée pour deux sous mais essayant d’accepter le fait que cette bête là n’est pas méchante!
Depuis ce premier épisode de terreur, chaque motoneige ou motoneigiste qu’elle rencontre ne lui inspire absolument pas confiance. Elle se recule le plus loin possible de la chose ou de la personne. Une expression de terreur se dessine sur son visage, elle fait de son mieux pour ne pas hurler mais fait bien pitié à voir! Ce n’est pas la petite fille qui se fera embarquer de sitôt sur une motoneige!
Quelques semaines plus tard, l’homme me raconte le tour qu’il lui a joué pendant qu’ils faisaient les courses. Elle ne l’écoute qu’à moitié et cela l’énerve, plutôt que de la disputer, il voit arriver un groupe de motoneigistes à l’horizon. Il ne lui dit rien, il ne la prévient pas, il lui demande de le suivre et la voit filer en sens inverse tout droit sur les gens qui viennent à peine d’enlever leur casque. Il me dit que dès qu’elle les a vus, elle a crié de peur pour revenir à toute vitesse entre ses pattes!
- Mais quand même tu aurais pu lui éviter la terreur!!!
- Ben quoi, elle n’en faisait qu’à sa tête, ça l’a maté un coup! Elle voulait rien écouter! Je te dis qu'après ça elle filait toute seule! Elle était calmée!
Je grommelle en réprimant la mère poule en moi qui menace de l’étrangler. Les papas sont définitivement moins sensibles que les mamans. Un papa cela joue plus facilement avec la flamme qu’une maman! Enfin comme son papa est quasi parfait, je ne l’étrangle pas et je me contente de grommeler dans mon coin. Je regarde les motoneigistes avec son angle de petite fille apeurée et je les vois définitivement plus féroces qu’avant! Faut dire qu’à la base, je ne suis pas une groupie de motoneiges. Mes aversions envers le concept sont plutôt écolos mais d’une façon générale jamais je n’ai été attirée par ces machines trop bruyantes. Les chiens ne font pas des chats disaient ma mère-grand…
J’ai toujours l’impression que le temps s’accélère à ses cotés. Je crois que c’est parce-qu’elle change si rapidement. Depuis sa naissance, chaque mois amène quelque chose de nouveau qui la fait évoluer. Le fait qu’elle soit en constant changement me donne l’impression que le temps passe plus rapidement. À peine a-t-on le temps de s’habituer à quelque chose que, pouf, on est déjà passé à un autre stade d’enfance! Je suis bienheureuse qu'elle traverse avec charme ses phases d'éveil mais j'ai tant aimé la période "des 18 mois".
J'ai adoré participer à cette minuscule enfance d'où éclot le bambin. C'est une période à saveur de miel qui est ancrée au meilleur des mes émotions. Mais c'est déjà une période révolue. Elle est aujourd'hui plus fillette que bambinette. Avec le langage qui s’installe et se maitrise l’on passe encore à une vitesse supérieure. M'zelle Soleil grandit et je vieillis.
Les années délices semblent passer bien vite. J'espère que l'adolescence ne nous sera pas trop rude! Je suis sure que d'ici là bien des clairières de douceur nous attendent. Avec les enfants, le bonheur est un concept en constante évolution. Il faut savoir lâcher prise tout en gardant bien la barre de notre bateau. Lâcher prise. Un concept qui ne plait guère à la mère poule qui caquète dans ma tête! Un concept qui réveille mes indépendances. Un concept qui s'articule avec l'idée d'un petit frère ou d'une petite soeur. Et cette articulation familiale fait fuir mes indépendances en attente d'épanouissement personnel. Je flotte entre deux états d'âmes. Avec le temps qui s'accélère j’ai l’impression de mûrir à vitesse grand V! Ouf, cela me fait un peu peur, je ne veux pas flétrir trop vite!!!
Grâce à ces concoctions d'écriture et d'images que je mijote en ma cuisine virtuelle, j'accroche des capsules d'enfance au temps qui défile...
jeudi, février 28, 2008
mercredi, février 27, 2008
Trucs de Toile
Trucs de Toile
La nuit passée a saupoudré la forêt de neige fraiche. Avec l'après-midi qui prend possession du jour une fine poudre d'hiver se bat avec des rayons de soleil. Lorsqu'il pleut et qu'il fait soleil, l'on peut découvrir un arc-en-ciel, mais que peut-on découvrir lorsque la neige côtoie le soleil?
Il y a de cela quelques temps, j'ai reçu la tag qui roule dans la blogosphère de Maman Gourmande, alors pourquoi ne pas y répondre aujourd'hui? M'zelle Soleil fait sagement sa sieste et j'ai autant d'énergie mentale qu'une tortue à la course. J'ai aussi en attente des centaines de photos de l'hôtel de glace, à trier, à ranger, à triturer...
Le soleil retourne dans sa planque d'ivoire et la poudre de neige se transforme en jolis flocons qui flottent dans l'air frais. Cette année, l'hiver ne nous aura pas fait faux bond! Voici donc une façon comme une autre de contrer mon ennui de saison tandis que je combats une petite affliction physique qui me suce mes dernières énergies. En attendant que passe la fatigue, voici un billet qui ne me demandera pas grande concentration. Pour m'amuser un peu du concept, je prends l'angle de mes tics virtuels, mes trucs de toile. Ceci donne un billet ultra léger qui dévoile quelques-unes de ces habitudes artificielles qui me possèdent...
Voici les règlements de la tag:
1- Mettre le lien de la personne qui vous tag 2- Mettre les réglements de la tag sur votre blog 3- Mentionner six choses/habitudes/tics non importants sur vous-même 4- Tagguer six personnes à la fin de votre billet en mettant leurs liens 5- Aller avertir directement sur leurs blogs les personnes taguées
1. Depuis plusieurs mois (si ce n'est années), je ne peux m'empêcher d'aller régulièrement avaler les conneries de Perez Hilton. À grosses doses, ce site est dangereux pour la santé mentale, il peut provoquer des sensations aussi futiles qu'inutiles! Alors j'essaie de me limiter dans ce tic de Toile qui m'habite (comme des millions d'autres si j'en crois sa popularité). J'essaie régulièrement d'arrêter, je fais des pauses, je n'y vais plus durant quelques semaines et plouf, je finis toujours par replonger! Perez, c'est mon péché virtuel!
2. Depuis plusieurs années, je regarde Big Brother, cette année je suis tombée sur des chaines YouTube consacrées à cette émission qui me fait penser à une sorte de laboratoire où l'on peut étudier certains comportements humains. Sur YouTube, l'on peut retrouver au quotidien des extraits du "Live Feed" payant qui suit à la seconde les participants. C'est une marmite diabolique, (en plus cette année c'est piquant de sexe) du véritable voyeurisme! Mais c'est si croustillant que même Juan est capable d'y jeter un oeil! Avec le creux de l'hiver, je suis tombée un peu dedans mais là je m'en sors, je me restreins. À grosses doses, c'est quand même un peu trop écœurant...
3. J'aime bien découvrir de nouveaux sites en farfouillant la blogosphère à droite et à gauche, je suis ouverte pas mal à tout, rien ne me surprend, (ceci me permet aussi de nourrir MediaTic) mais parfois je perds mes repères, j'oublie mes liens en cours de route et cela m'énerve... La blogosphère est devenue si gargantuesque qu'il est impossible de ne pas s'y perdre. Cependant en ces temps d'hibernation je ne peux m'empêcher de trouver toute cette virtualité bien abstraite. Je me demande bien où tout cela nous entraine, humainement parlant. Est-ce le début d'une nouvelle ére?
Comme c'est un billet ultra léger, je déroge à la règle de six pour appliquer celle de trois. Trois habitudes pour passer le relais à trois blogueuses que je connais depuis des lustres virtuelles: Candy, Beo et Dr Caso ...
La nuit passée a saupoudré la forêt de neige fraiche. Avec l'après-midi qui prend possession du jour une fine poudre d'hiver se bat avec des rayons de soleil. Lorsqu'il pleut et qu'il fait soleil, l'on peut découvrir un arc-en-ciel, mais que peut-on découvrir lorsque la neige côtoie le soleil?
Il y a de cela quelques temps, j'ai reçu la tag qui roule dans la blogosphère de Maman Gourmande, alors pourquoi ne pas y répondre aujourd'hui? M'zelle Soleil fait sagement sa sieste et j'ai autant d'énergie mentale qu'une tortue à la course. J'ai aussi en attente des centaines de photos de l'hôtel de glace, à trier, à ranger, à triturer...
Le soleil retourne dans sa planque d'ivoire et la poudre de neige se transforme en jolis flocons qui flottent dans l'air frais. Cette année, l'hiver ne nous aura pas fait faux bond! Voici donc une façon comme une autre de contrer mon ennui de saison tandis que je combats une petite affliction physique qui me suce mes dernières énergies. En attendant que passe la fatigue, voici un billet qui ne me demandera pas grande concentration. Pour m'amuser un peu du concept, je prends l'angle de mes tics virtuels, mes trucs de toile. Ceci donne un billet ultra léger qui dévoile quelques-unes de ces habitudes artificielles qui me possèdent...
Voici les règlements de la tag:
1- Mettre le lien de la personne qui vous tag 2- Mettre les réglements de la tag sur votre blog 3- Mentionner six choses/habitudes/tics non importants sur vous-même 4- Tagguer six personnes à la fin de votre billet en mettant leurs liens 5- Aller avertir directement sur leurs blogs les personnes taguées
1. Depuis plusieurs mois (si ce n'est années), je ne peux m'empêcher d'aller régulièrement avaler les conneries de Perez Hilton. À grosses doses, ce site est dangereux pour la santé mentale, il peut provoquer des sensations aussi futiles qu'inutiles! Alors j'essaie de me limiter dans ce tic de Toile qui m'habite (comme des millions d'autres si j'en crois sa popularité). J'essaie régulièrement d'arrêter, je fais des pauses, je n'y vais plus durant quelques semaines et plouf, je finis toujours par replonger! Perez, c'est mon péché virtuel!
2. Depuis plusieurs années, je regarde Big Brother, cette année je suis tombée sur des chaines YouTube consacrées à cette émission qui me fait penser à une sorte de laboratoire où l'on peut étudier certains comportements humains. Sur YouTube, l'on peut retrouver au quotidien des extraits du "Live Feed" payant qui suit à la seconde les participants. C'est une marmite diabolique, (en plus cette année c'est piquant de sexe) du véritable voyeurisme! Mais c'est si croustillant que même Juan est capable d'y jeter un oeil! Avec le creux de l'hiver, je suis tombée un peu dedans mais là je m'en sors, je me restreins. À grosses doses, c'est quand même un peu trop écœurant...
3. J'aime bien découvrir de nouveaux sites en farfouillant la blogosphère à droite et à gauche, je suis ouverte pas mal à tout, rien ne me surprend, (ceci me permet aussi de nourrir MediaTic) mais parfois je perds mes repères, j'oublie mes liens en cours de route et cela m'énerve... La blogosphère est devenue si gargantuesque qu'il est impossible de ne pas s'y perdre. Cependant en ces temps d'hibernation je ne peux m'empêcher de trouver toute cette virtualité bien abstraite. Je me demande bien où tout cela nous entraine, humainement parlant. Est-ce le début d'une nouvelle ére?
Comme c'est un billet ultra léger, je déroge à la règle de six pour appliquer celle de trois. Trois habitudes pour passer le relais à trois blogueuses que je connais depuis des lustres virtuelles: Candy, Beo et Dr Caso ...
lundi, février 25, 2008
En mutation
En mutation
Ma "mamamitude" me permet de me distancer de la machine, que j’avais si bien apprivoisée, comme je n’aurai pu l’imaginer. Je me déconnecte les idées. En prenant du recul, je macère sur le fait que l’ordinateur est désormais bien incrusté en nos vies quotidiennes. Je repense à mes vingt ans, à cette époque passée, libre de technologies virtuelles. Je remarque que de plus en plus de gens sont branchés à la machine. Je me rebelle. Plutôt que d’écrire un courriel, je prends mon téléphone et je passe un coup de fil.
Je réalise à quel point, depuis quelques années, je n’utilise plus le téléphone, l’ordinateur est devenu l’élément de communication central, c’est un vortex puissant. En reprenant contact avec la voix de l’autre, je retrouve une certaine chaleur humaine qui fait du bien à mon moral enterré dans le banc de neige devant ma porte. Du coup, je passe une série de téléphone plutôt que de me « ploguer » sur l’écran pour échanger virtuellement. L’hiver m’enserre de sa couverture glacée. Ma tanière est confortable, j’y suis bien tranquille. Je me réfugie sous mes draps. Je sens mes envies d’ermite remonter à la surface de ma couette. Je travaille à mes peines. Je travaille à ma pomme. Je travaille à des concoctions d’écriture que je laisse mijoter à petit feu.
J’hiberne à plein régime. Je développe cette petite allergie informatique qui m'étonne. Plus j’hiberne et plus la machine s’éloigne de mes jours. Je laisse faire la nature. Je me concentre sur ma petite puce de maison qui me fait tourner le cœur. Je m’enrobe de mes solitudes. Je jette un œil par mes fenêtres de givre, j'y vois de la lumière.
Enterrée dans mon banc de neige je mue en silence. L’homme en prend conscience, il m’en fait part, j’acquiesce entre deux grimaces. Il m’entoure de son amour. Il transforme mes grimaces en sourires. L’on se love en un doux cocon tissé d’attentions. Je me libère de mes toxines en m’entraînant le corps avec diligence. Mes muscles, de plus en plus durs, sculptent ma chair. Je souffre de devenir belle. Il me le chuchote à l’oreille. Je me décomplexe. Je fais monter les désirs de l’homme qui remarque un petit air de printemps dans un rayon de soleil. Je lève la tête vers le ciel. Je crois bien qu’il a raison. Mon hibernation devrait bientôt tirer à sa fin. Déjà le banc de neige s’amincit subtilement, il s’érode sous les promesses d’une nouvelle saison. Une nouvelle saison qui fera fondre le banc de neige où je me réside…
"La peau d'un lézard est constituée, comme chez les mammifères, d'un derme et d'un épiderme. Cependant, la peau des reptiles ne se régénère pas continuellement comme celle des mammifères. Le lézard mue pour restaurer sa peau et pour grandir, car il ne peut grandir dans une peau qui devient trop petite. La mue commence souvent par le corps et finit par la tête ou la queue. Il ne faut jamais tirer sur les lambeaux de peau pour accélérer la mue, car cela peut entraîner des lésions au lézard. L'idéal est de laisser la nature faire. (source)"
Ma "mamamitude" me permet de me distancer de la machine, que j’avais si bien apprivoisée, comme je n’aurai pu l’imaginer. Je me déconnecte les idées. En prenant du recul, je macère sur le fait que l’ordinateur est désormais bien incrusté en nos vies quotidiennes. Je repense à mes vingt ans, à cette époque passée, libre de technologies virtuelles. Je remarque que de plus en plus de gens sont branchés à la machine. Je me rebelle. Plutôt que d’écrire un courriel, je prends mon téléphone et je passe un coup de fil.
Je réalise à quel point, depuis quelques années, je n’utilise plus le téléphone, l’ordinateur est devenu l’élément de communication central, c’est un vortex puissant. En reprenant contact avec la voix de l’autre, je retrouve une certaine chaleur humaine qui fait du bien à mon moral enterré dans le banc de neige devant ma porte. Du coup, je passe une série de téléphone plutôt que de me « ploguer » sur l’écran pour échanger virtuellement. L’hiver m’enserre de sa couverture glacée. Ma tanière est confortable, j’y suis bien tranquille. Je me réfugie sous mes draps. Je sens mes envies d’ermite remonter à la surface de ma couette. Je travaille à mes peines. Je travaille à ma pomme. Je travaille à des concoctions d’écriture que je laisse mijoter à petit feu.
J’hiberne à plein régime. Je développe cette petite allergie informatique qui m'étonne. Plus j’hiberne et plus la machine s’éloigne de mes jours. Je laisse faire la nature. Je me concentre sur ma petite puce de maison qui me fait tourner le cœur. Je m’enrobe de mes solitudes. Je jette un œil par mes fenêtres de givre, j'y vois de la lumière.
Enterrée dans mon banc de neige je mue en silence. L’homme en prend conscience, il m’en fait part, j’acquiesce entre deux grimaces. Il m’entoure de son amour. Il transforme mes grimaces en sourires. L’on se love en un doux cocon tissé d’attentions. Je me libère de mes toxines en m’entraînant le corps avec diligence. Mes muscles, de plus en plus durs, sculptent ma chair. Je souffre de devenir belle. Il me le chuchote à l’oreille. Je me décomplexe. Je fais monter les désirs de l’homme qui remarque un petit air de printemps dans un rayon de soleil. Je lève la tête vers le ciel. Je crois bien qu’il a raison. Mon hibernation devrait bientôt tirer à sa fin. Déjà le banc de neige s’amincit subtilement, il s’érode sous les promesses d’une nouvelle saison. Une nouvelle saison qui fera fondre le banc de neige où je me réside…
"La peau d'un lézard est constituée, comme chez les mammifères, d'un derme et d'un épiderme. Cependant, la peau des reptiles ne se régénère pas continuellement comme celle des mammifères. Le lézard mue pour restaurer sa peau et pour grandir, car il ne peut grandir dans une peau qui devient trop petite. La mue commence souvent par le corps et finit par la tête ou la queue. Il ne faut jamais tirer sur les lambeaux de peau pour accélérer la mue, car cela peut entraîner des lésions au lézard. L'idéal est de laisser la nature faire. (source)"
jeudi, février 21, 2008
Brève
Brève lunaire
Hier nuit, la lune s’est éclipsée dans l’ombre de
mercredi, février 20, 2008
dévorer à belles dents
L'expression de la semaine est en lien direct avec la petite enfance. Les bambins ont un tel appétit de la vie qu'ils me semblent toujours croquer le quotidien...
EXPRESSION via Expressio.fr
« Mordre / croquer / dévorer à belles dents »
SIGNIFICATION
Manger avec un grand appétit
ORIGINE
Cette expression date des alentours du XVe siècle. Le qualificatif 'belle' doit être ici compris comme 'grand', comme on le trouve, par exemple, dans "avoir un bel appétit". Elle est à rapprocher de la métaphore "déchirer quelqu'un à belles dents" qui signifiait "dire des choses très féroces sur quelqu'un". Le lien avec les crocs (ou les "belles dents") d'un animal féroce est évident, cet animal déchirant sa proie à grands coups de crocs avec beaucoup d'ardeur, comme s'il avait un grand appétit. Et elle est à opposer à "manger du bout des dents" appliquée à celui qui, au contraire, mange peu ou peu volontiers.
EXEMPLE
« Les pauvres enfants étaient affamés, y compris Gavroche. Tout en arrachant leur pain à belles dents, ils encombraient la boutique du boulanger qui, maintenant qu'il était payé, les regardait avec humeur. » Victor Hugo - Les Misérables
EXPRESSION via Expressio.fr
« Mordre / croquer / dévorer à belles dents »
SIGNIFICATION
Manger avec un grand appétit
ORIGINE
Cette expression date des alentours du XVe siècle. Le qualificatif 'belle' doit être ici compris comme 'grand', comme on le trouve, par exemple, dans "avoir un bel appétit". Elle est à rapprocher de la métaphore "déchirer quelqu'un à belles dents" qui signifiait "dire des choses très féroces sur quelqu'un". Le lien avec les crocs (ou les "belles dents") d'un animal féroce est évident, cet animal déchirant sa proie à grands coups de crocs avec beaucoup d'ardeur, comme s'il avait un grand appétit. Et elle est à opposer à "manger du bout des dents" appliquée à celui qui, au contraire, mange peu ou peu volontiers.
EXEMPLE
« Les pauvres enfants étaient affamés, y compris Gavroche. Tout en arrachant leur pain à belles dents, ils encombraient la boutique du boulanger qui, maintenant qu'il était payé, les regardait avec humeur. » Victor Hugo - Les Misérables
Tranche de vie
Tranche de vie
Juan rentre à la maison mon petit bout de fille à ses basques. Il est livide. Je lui demande :
- Tu es fâché?
- Non.
- Tu as eu une mauvaise journée
- Non. Pas si pire…
Je le laisse macérer dans son jus tout en l’observant du coin de l’oeil. Je déshabille M’zelle Soleil qui jacasse. Juan continue de trimballer son nuage sombre. Je réitère :
- Tu fais la tête…
- Non.
- Bon alors c’est quoi ton problème?
Il prend une grande bouffée d’air et finit par lâcher le morceau
- Manon vient de me dire qu’elle ne pourra plus prendre Lily en septembre.
- Ah…
Sur le coup je ne capte pas trop son malaise. Petit à petit la nouvelle s’intègre à ma raison. Il continue.
- Oui, elle a pas trouvé assez d’enfant à garder alors elle compte demander à sa boss pour reprendre sa job à temps plein à l’automne. Paraît qu’ils sont trop justes! N’empêche, à eux deux, ils font plus d’argent que nous! Pis là, comme elle a que Lily, elle pense pas pouvoir continuer. Elle a bien vu que j’ai fait la gueule! J’étais super déçu! C’est quand même une mauvaise nouvelle!
Vu la mine qu’il tire, j’imagine qu’il n’a pas du réussir à cacher sa déception. La nouvelle finit par atteindre mon cerveau qui percute :
- Ah! Ouais…
- Va falloir qu’on retrouve quelqu’un…
- Hummm, ouais…
Manon la gardienne exceptionnelle prend congé pour réintégrer le système. Toutes ces sensations que j’avais lorsque Juan a commencé à me pousser à me détacher de l’enfant remontent à la surface. Mon cerveau s’éclaircit à mesure que mon humeur s’assombrit. Nous voilà les deux sous le nuage…
J’ai eu tant de mal à accepter de la faire garder. Le ciel m’a envoyé la gardienne parfaite et j’ai fini par capituler car je savais que c’était ce qu’il y avait de mieux pour ma fille. Manon, que je connaissais de loin, est éducatrice. Elle travaille dans un centre de la petite enfance (une garderie) à Québec trois jours par semaine. Elle a une fille de presque 4 ans et un garçon de presque deux ans. Comme elle a son rythme en garderie, elle reproduit chez elle la même routine, ce qui permet à Lily d’avoir une éducatrice et de profiter d’un petit groupe dans sa tranche d’âge. J’en étais venue à trouver que cela ressemblait à une garderie alternative. Un excellent service dans un milieu parfait. Régulièrement Lily rentre à la maison avec des bricolages, des collages, des petits trucs qu’elle a fabriqués. Elle est bien stimulée et elle fait son social sans se faire marcher sur les pieds. Que demander de mieux? Deux jours par semaine, depuis septembre, je finis par me faire à cette routine qui me permet de me retrouver. Seulement je savais bien au fond de moi que les aspirations de Manon étaient irréalistes. Elle ne peut pas monter sa garderie familiale avec juste deux jours de disponible. Son idée était aussi utopique que celle que j’ai eu de croire que je pouvais être pigiste à temps partiel! Il faut bien des originaux comme nous pour profiter de son service qui va à l’encontre des normes sociales. Il était évident qu’elle finirait par succomber à la pression. Durant quelques mois, ma voisine, à laquelle j’avais référé son service y emmenait son bébé mais maintenant que son congé maternité se termine, elle s’apprête à reprendre un travail à temps plein et vient de se trouver une gardienne à temps plein. Une gardienne moins adéquate que Manon mais beaucoup plus disponible! Et même si son congé maternité ne se finit que dans deux mois, elle était déjà prête, elle sature, elle veut retrouver sa vie.
Cette nouvelle me ramène à cette sensation que j’ai d’être différente de la norme. D’être capable de me dématérialiser pour des idéaux, de penser qualité plutôt que quantité, d'être plus abstraite que concrète, de vivre ma vie comme peu la décide. Nous discutons de la situation et mon nuage change de couleur tandis que celui de Juan s’allège. Retrouver une gardienne. L’idée que ce n’est pas obligatoire revient me titiller. Juan se charge de la repousser. Il est vrai que Lily a aussi besoin de socialiser avec ses pairs. C’est d’ailleurs ce qui me plaisait dans ce temps de garde sur une base de deux jours. Elle socialise et l’on se détache. Et lorsque nous sommes ensemble, je la fais profiter des enfants de la rue en jouant et en organisant des activités commune. Ma voisine me dit que sa fille aime beaucoup venir faire des activités chez moi, elle me dit : « Mais pourquoi tu n’ouvres pas une petite garderie chez toi? »Oui pourquoi Etolane? Pourquoi ne te ranges-tu pas comme les autres de ton âge? Pourquoi n’es-tu pas devenue institutrice lorsque tu en avais l’opportunité? Pourquoi ne veux-tu pas rependre la traduction à temps plein? Pourquoi es-tu comme tu es? Elle ne pose qu’une seule question mais j’entends toutes les autres qui résonnent dans ma tête. Je lui rétorque que j’écris sur une base régulière et que j’ai recommencé à travailler de ce coté là mais que je ne peux envisager de laisser garder Lily à temps plein d’ici qu’elle soit un peu plus grande et que je n'ai pas la vocation d'ouvrir une garderie même si j'ai un très bon contact avec les enfants. Alors que je me dépatouille dans mon explication elle me répond : « Oui, c’est vrai tu es une artiste, c’est pas pareil avec toi… »
Ah! Bon c’est ça ma maladie alors? Il paraît que c’est cela. Je suis une artiste à la tête de mule avec des idées de contrôle sur le comment éduquer mon enfant! Je n’ai pas une cent et je m’en fous. Je passe un temps fou avec mon enfant et c’est une richesse que j’accumule. Même si dans l’absolu j’ai des envies personnelles qui ne sont pas comblées, j’accepte ma situation monacale pour la qualité de vie et la sérénité d’esprit que j’y trouve. Je n’aime pas vieillir mais puisque c’est ainsi je désire vieillir en beauté, quitte à ce que le physique me lâche, je veux cultiver mon psychisme, je veux grandir de l’intérieur sans me pourrir ou m’aigrir. Même si superficiellement j’adorerai aller magasiner, avoir un pouvoir d’achat, voyager, acheter, me poupounner. Dans le fond, je préfère ne pas trop me plier au monde de consommation qui m’entoure. Intérieurement je me passerai bien de cette impression que je peux ressentir d’appauvrir ma famille. Surtout lorsque j’essaie de me mettre dans les chaussures de Manon qui se sent pauvre.
Mais l’essentiel est le plus fort, l’essentiel est cet idéal que j’ai lorsqu’il est question de ma vision en ce qui concerne ma « mamamitude ». Je ne désire pas juger les autres femmes. Chacun voit midi à sa porte. Chacun fait ce qu'il peut(veut) avec ce qu'il possède. Il est déjà assez bien difficile de mener sa propre vie sans perdre son temps à se préoccuper de celle des autres. Je choisis de me foutre de l’avis général tout comme je me fous de ne pas avoir de sous. Et puis la pauvreté ici, c’est relatif, il ne faudrait pas trop non plus se foutre de la gueule de tous les crève-la-faim sans toit qui vivent sur Terre! À l'heure de la mondialisation, à l'ère des communications, comment ne pas être conscient de tous ceux qui n'ont rien. Nous avons la chance de vivre dans un pays privilégié, un pays libre, riche et en paix où chacun peut décider du cours de sa vie, juste cela est un miracle si l’on se compare à d’autres moins bien lotis…
Je n’ai pas d’illusion, je sais que je ne ferais pas fortune avec l’écriture. Je connais trop bien le milieu littéraire et celui de l’édition. À moins que je ne sois pas assez ambitieuse, peut-être est-ce pour cela que je suis si lente à la tâche. J’écris par passion, j'écris parce-que je suis faite ainsi, je compte recommencer à publier des nouvelles, j’ai des idées de roman qui me taraudent, l’écriture est ma maladie chronique. Je n’écris pas pour la gloire mais pour l’art de la chose. Je ne suis jamais satisfaite mais je me soigne. Je compte être satisfaite de mon travail sur le coup de mes soixante ans. Pour moi l’écriture est quelque chose qui se mûrit. J’ai l’écriture douloureuse. J’ai fait des études de traduction car c’était le seul domaine qui s’accommodait de ma maladie chronique. La traduction était mon salut social. Mais voilà, je n’avais pas prévu de tomber si vite enceinte et cela a quelque peu chambouler mes plans. Depuis que je suis mère, les paramètres ont encore évolué. J’éduque ma fille à ma manière, dans une certaine optique, j’applique plusieurs de mes connaissances et j’essaie de lui offrir le meilleur des environnements selon mes principes. Je réalise que selon ces principes, il est dur pour moi d’envisager un temps plein avant ses quatre ans.
Durant les fêtes lorsque j’ai revu Liz, devenue avocate à Montréal, je ne l’ai pas sentie si attachée à ses petits. Elle m’explique qu’elle admire ma patience, que dans son absolu elle aimerait être plus à la maison mais qu’en réalité si elle ne va pas travailler, elle a l’impression de devenir folle. Elle m’explique combien elle a besoin de cet épanouissement personnel. Je la comprends sans pouvoir m’associer à cette sensation qu’elle me décrit. Je ressens le besoin de voir grandir ma toute petite fille et de participer à son quotidien. Je me demande si ma propre sensation maternelle est reliée au fait que j’ai senti la mort tout de suite après l’avoir mise au monde. J’ai senti la faucheuse m’effleurer et c’est le visage de mon enfant qui m’a tenue en vie. J’ai prié le ciel et tous les saints de me laisser être mère. J’ai imploré le ciel et tous les saints de me laisser être une maman pour ce petit être innocent. Je ne sais qui des Dieux ou de la médecine m’a sauvée. Les scientifiques diront la médecine. Je ne suis pas scientifique. Ce que je sais c’est qu’une fois la vie retrouvée, être maman est devenue une passion. Mais je m’emporte…
Maintenant que M’zelle Soleil a passé le cap de ses deux ans, je n’ai pas l’impression que mon éducation est bonne à jeter. Je ne compte plus les gens qui me parlent de sa bonne humeur, de son amabilité, de ses compréhensions, de comment cet enfant a l’air facile et éveillée. Oui, c’est vrai, elle est facile. Elle est aussi facile qu’elle a la vie facile. Je ne suis pas sure qu’elle soit réellement plus facile qu’une autre. Elle a un sacré caractère, une tendance à être nerveuse, une volonté de fer, tout sa mère dirait son père. Je ne trouve pas qu’il est facile de l’élever. Je ne trouve pas qu’être parent est facile. Il n’est pas facile de faire des choix différents. Il n'est pas facile de ramer à contre courant. Mais qu’il y a t-il de facile de la vie?
Ce qui ne sera certainement pas facile, ce sera de retrouver une gardienne à la hauteur de Manon….
Juan rentre à la maison mon petit bout de fille à ses basques. Il est livide. Je lui demande :
- Tu es fâché?
- Non.
- Tu as eu une mauvaise journée
- Non. Pas si pire…
Je le laisse macérer dans son jus tout en l’observant du coin de l’oeil. Je déshabille M’zelle Soleil qui jacasse. Juan continue de trimballer son nuage sombre. Je réitère :
- Tu fais la tête…
- Non.
- Bon alors c’est quoi ton problème?
Il prend une grande bouffée d’air et finit par lâcher le morceau
- Manon vient de me dire qu’elle ne pourra plus prendre Lily en septembre.
- Ah…
Sur le coup je ne capte pas trop son malaise. Petit à petit la nouvelle s’intègre à ma raison. Il continue.
- Oui, elle a pas trouvé assez d’enfant à garder alors elle compte demander à sa boss pour reprendre sa job à temps plein à l’automne. Paraît qu’ils sont trop justes! N’empêche, à eux deux, ils font plus d’argent que nous! Pis là, comme elle a que Lily, elle pense pas pouvoir continuer. Elle a bien vu que j’ai fait la gueule! J’étais super déçu! C’est quand même une mauvaise nouvelle!
Vu la mine qu’il tire, j’imagine qu’il n’a pas du réussir à cacher sa déception. La nouvelle finit par atteindre mon cerveau qui percute :
- Ah! Ouais…
- Va falloir qu’on retrouve quelqu’un…
- Hummm, ouais…
Manon la gardienne exceptionnelle prend congé pour réintégrer le système. Toutes ces sensations que j’avais lorsque Juan a commencé à me pousser à me détacher de l’enfant remontent à la surface. Mon cerveau s’éclaircit à mesure que mon humeur s’assombrit. Nous voilà les deux sous le nuage…
J’ai eu tant de mal à accepter de la faire garder. Le ciel m’a envoyé la gardienne parfaite et j’ai fini par capituler car je savais que c’était ce qu’il y avait de mieux pour ma fille. Manon, que je connaissais de loin, est éducatrice. Elle travaille dans un centre de la petite enfance (une garderie) à Québec trois jours par semaine. Elle a une fille de presque 4 ans et un garçon de presque deux ans. Comme elle a son rythme en garderie, elle reproduit chez elle la même routine, ce qui permet à Lily d’avoir une éducatrice et de profiter d’un petit groupe dans sa tranche d’âge. J’en étais venue à trouver que cela ressemblait à une garderie alternative. Un excellent service dans un milieu parfait. Régulièrement Lily rentre à la maison avec des bricolages, des collages, des petits trucs qu’elle a fabriqués. Elle est bien stimulée et elle fait son social sans se faire marcher sur les pieds. Que demander de mieux? Deux jours par semaine, depuis septembre, je finis par me faire à cette routine qui me permet de me retrouver. Seulement je savais bien au fond de moi que les aspirations de Manon étaient irréalistes. Elle ne peut pas monter sa garderie familiale avec juste deux jours de disponible. Son idée était aussi utopique que celle que j’ai eu de croire que je pouvais être pigiste à temps partiel! Il faut bien des originaux comme nous pour profiter de son service qui va à l’encontre des normes sociales. Il était évident qu’elle finirait par succomber à la pression. Durant quelques mois, ma voisine, à laquelle j’avais référé son service y emmenait son bébé mais maintenant que son congé maternité se termine, elle s’apprête à reprendre un travail à temps plein et vient de se trouver une gardienne à temps plein. Une gardienne moins adéquate que Manon mais beaucoup plus disponible! Et même si son congé maternité ne se finit que dans deux mois, elle était déjà prête, elle sature, elle veut retrouver sa vie.
Cette nouvelle me ramène à cette sensation que j’ai d’être différente de la norme. D’être capable de me dématérialiser pour des idéaux, de penser qualité plutôt que quantité, d'être plus abstraite que concrète, de vivre ma vie comme peu la décide. Nous discutons de la situation et mon nuage change de couleur tandis que celui de Juan s’allège. Retrouver une gardienne. L’idée que ce n’est pas obligatoire revient me titiller. Juan se charge de la repousser. Il est vrai que Lily a aussi besoin de socialiser avec ses pairs. C’est d’ailleurs ce qui me plaisait dans ce temps de garde sur une base de deux jours. Elle socialise et l’on se détache. Et lorsque nous sommes ensemble, je la fais profiter des enfants de la rue en jouant et en organisant des activités commune. Ma voisine me dit que sa fille aime beaucoup venir faire des activités chez moi, elle me dit : « Mais pourquoi tu n’ouvres pas une petite garderie chez toi? »Oui pourquoi Etolane? Pourquoi ne te ranges-tu pas comme les autres de ton âge? Pourquoi n’es-tu pas devenue institutrice lorsque tu en avais l’opportunité? Pourquoi ne veux-tu pas rependre la traduction à temps plein? Pourquoi es-tu comme tu es? Elle ne pose qu’une seule question mais j’entends toutes les autres qui résonnent dans ma tête. Je lui rétorque que j’écris sur une base régulière et que j’ai recommencé à travailler de ce coté là mais que je ne peux envisager de laisser garder Lily à temps plein d’ici qu’elle soit un peu plus grande et que je n'ai pas la vocation d'ouvrir une garderie même si j'ai un très bon contact avec les enfants. Alors que je me dépatouille dans mon explication elle me répond : « Oui, c’est vrai tu es une artiste, c’est pas pareil avec toi… »
Ah! Bon c’est ça ma maladie alors? Il paraît que c’est cela. Je suis une artiste à la tête de mule avec des idées de contrôle sur le comment éduquer mon enfant! Je n’ai pas une cent et je m’en fous. Je passe un temps fou avec mon enfant et c’est une richesse que j’accumule. Même si dans l’absolu j’ai des envies personnelles qui ne sont pas comblées, j’accepte ma situation monacale pour la qualité de vie et la sérénité d’esprit que j’y trouve. Je n’aime pas vieillir mais puisque c’est ainsi je désire vieillir en beauté, quitte à ce que le physique me lâche, je veux cultiver mon psychisme, je veux grandir de l’intérieur sans me pourrir ou m’aigrir. Même si superficiellement j’adorerai aller magasiner, avoir un pouvoir d’achat, voyager, acheter, me poupounner. Dans le fond, je préfère ne pas trop me plier au monde de consommation qui m’entoure. Intérieurement je me passerai bien de cette impression que je peux ressentir d’appauvrir ma famille. Surtout lorsque j’essaie de me mettre dans les chaussures de Manon qui se sent pauvre.
Mais l’essentiel est le plus fort, l’essentiel est cet idéal que j’ai lorsqu’il est question de ma vision en ce qui concerne ma « mamamitude ». Je ne désire pas juger les autres femmes. Chacun voit midi à sa porte. Chacun fait ce qu'il peut(veut) avec ce qu'il possède. Il est déjà assez bien difficile de mener sa propre vie sans perdre son temps à se préoccuper de celle des autres. Je choisis de me foutre de l’avis général tout comme je me fous de ne pas avoir de sous. Et puis la pauvreté ici, c’est relatif, il ne faudrait pas trop non plus se foutre de la gueule de tous les crève-la-faim sans toit qui vivent sur Terre! À l'heure de la mondialisation, à l'ère des communications, comment ne pas être conscient de tous ceux qui n'ont rien. Nous avons la chance de vivre dans un pays privilégié, un pays libre, riche et en paix où chacun peut décider du cours de sa vie, juste cela est un miracle si l’on se compare à d’autres moins bien lotis…
Je n’ai pas d’illusion, je sais que je ne ferais pas fortune avec l’écriture. Je connais trop bien le milieu littéraire et celui de l’édition. À moins que je ne sois pas assez ambitieuse, peut-être est-ce pour cela que je suis si lente à la tâche. J’écris par passion, j'écris parce-que je suis faite ainsi, je compte recommencer à publier des nouvelles, j’ai des idées de roman qui me taraudent, l’écriture est ma maladie chronique. Je n’écris pas pour la gloire mais pour l’art de la chose. Je ne suis jamais satisfaite mais je me soigne. Je compte être satisfaite de mon travail sur le coup de mes soixante ans. Pour moi l’écriture est quelque chose qui se mûrit. J’ai l’écriture douloureuse. J’ai fait des études de traduction car c’était le seul domaine qui s’accommodait de ma maladie chronique. La traduction était mon salut social. Mais voilà, je n’avais pas prévu de tomber si vite enceinte et cela a quelque peu chambouler mes plans. Depuis que je suis mère, les paramètres ont encore évolué. J’éduque ma fille à ma manière, dans une certaine optique, j’applique plusieurs de mes connaissances et j’essaie de lui offrir le meilleur des environnements selon mes principes. Je réalise que selon ces principes, il est dur pour moi d’envisager un temps plein avant ses quatre ans.
Durant les fêtes lorsque j’ai revu Liz, devenue avocate à Montréal, je ne l’ai pas sentie si attachée à ses petits. Elle m’explique qu’elle admire ma patience, que dans son absolu elle aimerait être plus à la maison mais qu’en réalité si elle ne va pas travailler, elle a l’impression de devenir folle. Elle m’explique combien elle a besoin de cet épanouissement personnel. Je la comprends sans pouvoir m’associer à cette sensation qu’elle me décrit. Je ressens le besoin de voir grandir ma toute petite fille et de participer à son quotidien. Je me demande si ma propre sensation maternelle est reliée au fait que j’ai senti la mort tout de suite après l’avoir mise au monde. J’ai senti la faucheuse m’effleurer et c’est le visage de mon enfant qui m’a tenue en vie. J’ai prié le ciel et tous les saints de me laisser être mère. J’ai imploré le ciel et tous les saints de me laisser être une maman pour ce petit être innocent. Je ne sais qui des Dieux ou de la médecine m’a sauvée. Les scientifiques diront la médecine. Je ne suis pas scientifique. Ce que je sais c’est qu’une fois la vie retrouvée, être maman est devenue une passion. Mais je m’emporte…
Maintenant que M’zelle Soleil a passé le cap de ses deux ans, je n’ai pas l’impression que mon éducation est bonne à jeter. Je ne compte plus les gens qui me parlent de sa bonne humeur, de son amabilité, de ses compréhensions, de comment cet enfant a l’air facile et éveillée. Oui, c’est vrai, elle est facile. Elle est aussi facile qu’elle a la vie facile. Je ne suis pas sure qu’elle soit réellement plus facile qu’une autre. Elle a un sacré caractère, une tendance à être nerveuse, une volonté de fer, tout sa mère dirait son père. Je ne trouve pas qu’il est facile de l’élever. Je ne trouve pas qu’être parent est facile. Il n’est pas facile de faire des choix différents. Il n'est pas facile de ramer à contre courant. Mais qu’il y a t-il de facile de la vie?
Ce qui ne sera certainement pas facile, ce sera de retrouver une gardienne à la hauteur de Manon….
mardi, février 19, 2008
I was there...
Il y a de ces films que l’on attendait sans le savoir vraiment. De ces films qui vous révèlent, qui vous éveillent, qui vous enlèvent. Pour moi, « I’m not There » fut l’un de ceux là…
Un film à saveur psychédélique, subtilement surréaliste, un film que j’absorbe avec délice. Il y a Heath qui me fantasme. Il y a Cate absolument sublime en son rôle androgyne, époustouflante en son genre. Charlotte est divine et les autres sont à la hauteur de l'expérience. Il y a l’essence de Bob Dylan que l’on filtre en un génial délire, il y a mon âme qui respire…
Pour arriver à aller voir ce film, j’ai dû me tirer de ma torpeur hivernale, embarquer Marilou dans mes rangs, me perdre en un désert blanc, contrer les éléments pour finalement poser mes fesses en une petite salle sombre devant un grand écran. Déconnecter. Laisser glisser les images sur sa peau, s'enivrer les sens, s'envoler les idées…
Redéfinition
Se redéfinir
Au coeur de mon hibernation, je transite entre mille émotions. Je m’intéresse de plus près à la pratique du bouddhisme. Je brouillonne mes carnets. Je travaille mon écriture en une nouvelle que je peaufine avec grand soin. Je regarde des concepts de traduction qui se profilent à l'horizon. Je me défusionne de l’enfant adorée. C'est un processus qui ne se fait pas sans peine. J’apprécie les bonheurs de mon couple. Je délaisse la Toile pour me plonger dans ce réel qui m’entraîne.
Je ressens le besoin de me redéfinir comme si la maternité m’avait déconstruite (ce qui est sûrement le cas). Ma maternité a failli me tuer. Ma maternité a transformé mon corps en une masse informe. Ma maternité m'a ouvert l'esprit à de nouvelles perspectives. Elle m'a kidnappée la peau et inondée le coeur. Elle m'a donné cette précieuse enfant qui désormais guide ma vie. Mon bébé qui n'en est plus un. Complètement maman je suis devenue mais où est rendue la femme que j'étais? J'ai apprivoisé la mère au fil de mes instincts mais la femme j'ai un peu perdue de vue. Pourtant jamais je ne me suis sentie aussi femme que depuis que je suis mère! La maternité épanouit et étouffe la féminité. C'est un paradoxe qui m'énerve. Une amie me dit:
- Quand on y pense avant la femme avait juste besoin de devenir mère pour être épanouie. On ne lui demandait rien d'autre, elle ne pouvait être rien d'autre! Mais maintenant les temps ont changé, c'est plus compliqué pour les femmes, c'est normal que tu te questionnes...
L’enfant devient autonome, mon rôle de parent s’incruste sous ma peau, j’évolue avec elle qui grandit. Plus elle parle et plus elle s’affirme, plus je frémis. Je me repais de son innocence. Je sais que cela ne durera pas. Je n’ai plus à être le centre de ses jours. Elle ne doit plus être le centre des miens. Décentrée, je me cherche entre deux idées. Je médite.
L’hiver m’enrobe, sous des monts de neige, je ressens des bouffées de cynisme qui me dépriment, je les réprime pour ne point m’étouffer. Je sors la tête hors de l’eau. Je retrouve le confort de mon corps. Je retrouve une vie sociale. Je revois mes amis qui continuent le cours de leur vie sans interruption bambine. Ils ne m'ont pas oubliée. Ils sont heureux de me retrouver. Ils ne perçoivent pas mes mélancolies. Je ne leur montre que mes joies. L'amour me porte. En solitaire, je repends les commandes de ma barque d’existence. L’infini m’emporte.
Au coeur de mon hibernation, je transite entre mille émotions. Je m’intéresse de plus près à la pratique du bouddhisme. Je brouillonne mes carnets. Je travaille mon écriture en une nouvelle que je peaufine avec grand soin. Je regarde des concepts de traduction qui se profilent à l'horizon. Je me défusionne de l’enfant adorée. C'est un processus qui ne se fait pas sans peine. J’apprécie les bonheurs de mon couple. Je délaisse la Toile pour me plonger dans ce réel qui m’entraîne.
Je ressens le besoin de me redéfinir comme si la maternité m’avait déconstruite (ce qui est sûrement le cas). Ma maternité a failli me tuer. Ma maternité a transformé mon corps en une masse informe. Ma maternité m'a ouvert l'esprit à de nouvelles perspectives. Elle m'a kidnappée la peau et inondée le coeur. Elle m'a donné cette précieuse enfant qui désormais guide ma vie. Mon bébé qui n'en est plus un. Complètement maman je suis devenue mais où est rendue la femme que j'étais? J'ai apprivoisé la mère au fil de mes instincts mais la femme j'ai un peu perdue de vue. Pourtant jamais je ne me suis sentie aussi femme que depuis que je suis mère! La maternité épanouit et étouffe la féminité. C'est un paradoxe qui m'énerve. Une amie me dit:
- Quand on y pense avant la femme avait juste besoin de devenir mère pour être épanouie. On ne lui demandait rien d'autre, elle ne pouvait être rien d'autre! Mais maintenant les temps ont changé, c'est plus compliqué pour les femmes, c'est normal que tu te questionnes...
L’enfant devient autonome, mon rôle de parent s’incruste sous ma peau, j’évolue avec elle qui grandit. Plus elle parle et plus elle s’affirme, plus je frémis. Je me repais de son innocence. Je sais que cela ne durera pas. Je n’ai plus à être le centre de ses jours. Elle ne doit plus être le centre des miens. Décentrée, je me cherche entre deux idées. Je médite.
L’hiver m’enrobe, sous des monts de neige, je ressens des bouffées de cynisme qui me dépriment, je les réprime pour ne point m’étouffer. Je sors la tête hors de l’eau. Je retrouve le confort de mon corps. Je retrouve une vie sociale. Je revois mes amis qui continuent le cours de leur vie sans interruption bambine. Ils ne m'ont pas oubliée. Ils sont heureux de me retrouver. Ils ne perçoivent pas mes mélancolies. Je ne leur montre que mes joies. L'amour me porte. En solitaire, je repends les commandes de ma barque d’existence. L’infini m’emporte.
jeudi, février 14, 2008
Etre tiré à quatre épingles
L'expression de la semaine est dédiée à mon amie Dee qui s'en va se tirer les quatre épingles à Paris...
EXPRESSION via expressio.fr
« être tiré à quatre épingles »
SIGNIFICATION
Être vêtu avec un soin méticuleux.
ORIGINE
Prenez un carré de tissu. Si vous voulez qu'il soit bien tendu (ou tiré) une fois posé sur une surface, il vous suffit de quatre épingles, une plantée à chaque coin. Voilà qui peut suffire à expliquer d'où vient l'image d'un vêtement bien en place (ou sans plis, donc bien tendu) sur quelqu'un. Cette expression est née à la fin du XVIIe siècle. Au siècle précédent, on disait déjà d'une personne qui avait des vêtements bien ajustés qu'elle était "bien tirée" (pensez aux jambières ou bas-de-chausses, sortes de bas que les bourgeois ou les nobles portaient autrefois et qui devaient être bien tirés vers le haut pour faire un minimum de plis). Le 'quatre' peut aussi être compris comme 'au maximum' (des vêtements ajustés au mieux) tel qu'il est également utilisé dans des expressions comme "monter des marches quatre à quatre" ou bien "se mettre en quatre". Aux XVIIe et XVIIIe siècle, cette expression désignait quelqu'un "vêtu avec art, avec symétrie". Elle a pris depuis un sens un peu plus péjoratif en étant plus souvent appliquée à quelqu'un à la tenue un peu trop soignée.
EXEMPLE
« On soigne et on vernit sa surface (…) on est tiré à quatre épingles, lavé, savonné, ratissé, rasé, peigné, ciré, lissé, frotté, brossé, nettoyé au dehors, irréprochable, poli comme un caillou (…) » Victor Hugo - Les misérables
EXPRESSION via expressio.fr
« être tiré à quatre épingles »
SIGNIFICATION
Être vêtu avec un soin méticuleux.
ORIGINE
Prenez un carré de tissu. Si vous voulez qu'il soit bien tendu (ou tiré) une fois posé sur une surface, il vous suffit de quatre épingles, une plantée à chaque coin. Voilà qui peut suffire à expliquer d'où vient l'image d'un vêtement bien en place (ou sans plis, donc bien tendu) sur quelqu'un. Cette expression est née à la fin du XVIIe siècle. Au siècle précédent, on disait déjà d'une personne qui avait des vêtements bien ajustés qu'elle était "bien tirée" (pensez aux jambières ou bas-de-chausses, sortes de bas que les bourgeois ou les nobles portaient autrefois et qui devaient être bien tirés vers le haut pour faire un minimum de plis). Le 'quatre' peut aussi être compris comme 'au maximum' (des vêtements ajustés au mieux) tel qu'il est également utilisé dans des expressions comme "monter des marches quatre à quatre" ou bien "se mettre en quatre". Aux XVIIe et XVIIIe siècle, cette expression désignait quelqu'un "vêtu avec art, avec symétrie". Elle a pris depuis un sens un peu plus péjoratif en étant plus souvent appliquée à quelqu'un à la tenue un peu trop soignée.
EXEMPLE
« On soigne et on vernit sa surface (…) on est tiré à quatre épingles, lavé, savonné, ratissé, rasé, peigné, ciré, lissé, frotté, brossé, nettoyé au dehors, irréprochable, poli comme un caillou (…) » Victor Hugo - Les misérables
mercredi, février 13, 2008
Winterland
Winterland (clin d'oeil à Samantdi)
Après des jours et des jours de neige, les températures redescendent en flèche alors que revient le ciel bleuté. Je profite d’une matinée sans M’zelle Soleil pour aller prendre l’air. Je regarde le ciel vibrant (enfin un peu de couleur en mon monde monochrome). Je regarde les vagues de froid onduler dans l’atmosphère. Prise entre l’envie d’hiberner au fond de mon lit et le besoin de sortir de ma tanière, j’oscille une petite heure durant. Je prends finalement mon courage à deux mains et je m’habille…
Je sors dehors. Il fait -15 et des poussières, plus de -25 dans le vent (Y’a pas gros vent, on doit tourner autour de -20)! Chanelle est extatique! Elle sautille sur place avec l’air de se dire : « Bon ça y maitresse se décide à sortir! Party!!!!». Je suis bien moins fébrile qu'elle. Je force chaque fibre de mon être. Je fais une dizaine de pas dans la rue et je combats l’envie de prendre mes jambes à mon cou pour me précipiter à la chaleur de mes quatre murs! Chanelle a le temps de faire trois allers retour sur la rue pendant que je fais un hésitant cent mètres. J’aurais du mettre une deuxième couche. Le froid me pince méchamment les cuisses. J’ai le bout des doigts qui gèlent sous mes gants trop minces. J'enfonce mon bonnet blanc. Je persiste.
J’arrive au bout du chemin, je retrouve la rue principale qui traverse le village et fait le tour du lac. Le "Stop" est enterré dans un immense banc de neige. L’envie de rebrousser chemin me titille encore mais j’avance quand même. Je me donne un but non loin et j’accélère mon pas. Les maisons commencent elles aussi à être bien enterrées sous des monts de neige. Mon corps combat le froid. Mes muscles s’échauffent. Je commence à apprécier la lumière du soleil sur mon visage. Je pourrais presque croire qu'elle est chaude. Je tourne dans un coin de boisé qui cache un bord de lac. Un ouvrier travaille à la carcasse d’un chalet démantibulé. L’on se salue. Il me fait un brin de jasette, je fais ma sympathique sauvage. J’attrape du bout de mon objectif l’hiver qui m’enserre. Chanelle nage en plein bonheur. J’ai de moins en moins froid. Je ne pense plus à rentrer chez moi. Je décide de pousser mes pieds encore plus loin. Je me sens soudainement vivifiée. Le froid croustillant me réveille. La lumière m’ensoleille. Ravigotée, je me ballade dans le village désert, les idées clairement fraiches...
Une petite heure plus tard, je reprends le chemin de mes pénates. Je me sens bien. Une atmosphère intensément paisible règne dans le village enseveli. Sous ma peau glacée, mes muscles chauffent ma chair. La lumière est magnifique, elle fait scintiller le paysage immaculé. Chanelle me fait la fête. Elle rigole sous ses babines blanchies. Je prends un chemin qui longe la forêt pour retrouver ma maison. J’apprécie alors le contraste que me procure ma propre chaleur en cet univers congelé. Je marche d'un bon pas. J'ai chaud dans le froid qui m'enrobe. Le paysage est laqué d'hiver. J'arrive chez moi, les joues rosies et le moral rebondi, Shni mon petit génie de ménage m’attend de pied ferme sur une fenêtre givrée. Je lui décoche un sourire et je franchis la porte de mon nid douillet…
Après des jours et des jours de neige, les températures redescendent en flèche alors que revient le ciel bleuté. Je profite d’une matinée sans M’zelle Soleil pour aller prendre l’air. Je regarde le ciel vibrant (enfin un peu de couleur en mon monde monochrome). Je regarde les vagues de froid onduler dans l’atmosphère. Prise entre l’envie d’hiberner au fond de mon lit et le besoin de sortir de ma tanière, j’oscille une petite heure durant. Je prends finalement mon courage à deux mains et je m’habille…
Je sors dehors. Il fait -15 et des poussières, plus de -25 dans le vent (Y’a pas gros vent, on doit tourner autour de -20)! Chanelle est extatique! Elle sautille sur place avec l’air de se dire : « Bon ça y maitresse se décide à sortir! Party!!!!». Je suis bien moins fébrile qu'elle. Je force chaque fibre de mon être. Je fais une dizaine de pas dans la rue et je combats l’envie de prendre mes jambes à mon cou pour me précipiter à la chaleur de mes quatre murs! Chanelle a le temps de faire trois allers retour sur la rue pendant que je fais un hésitant cent mètres. J’aurais du mettre une deuxième couche. Le froid me pince méchamment les cuisses. J’ai le bout des doigts qui gèlent sous mes gants trop minces. J'enfonce mon bonnet blanc. Je persiste.
J’arrive au bout du chemin, je retrouve la rue principale qui traverse le village et fait le tour du lac. Le "Stop" est enterré dans un immense banc de neige. L’envie de rebrousser chemin me titille encore mais j’avance quand même. Je me donne un but non loin et j’accélère mon pas. Les maisons commencent elles aussi à être bien enterrées sous des monts de neige. Mon corps combat le froid. Mes muscles s’échauffent. Je commence à apprécier la lumière du soleil sur mon visage. Je pourrais presque croire qu'elle est chaude. Je tourne dans un coin de boisé qui cache un bord de lac. Un ouvrier travaille à la carcasse d’un chalet démantibulé. L’on se salue. Il me fait un brin de jasette, je fais ma sympathique sauvage. J’attrape du bout de mon objectif l’hiver qui m’enserre. Chanelle nage en plein bonheur. J’ai de moins en moins froid. Je ne pense plus à rentrer chez moi. Je décide de pousser mes pieds encore plus loin. Je me sens soudainement vivifiée. Le froid croustillant me réveille. La lumière m’ensoleille. Ravigotée, je me ballade dans le village désert, les idées clairement fraiches...
Une petite heure plus tard, je reprends le chemin de mes pénates. Je me sens bien. Une atmosphère intensément paisible règne dans le village enseveli. Sous ma peau glacée, mes muscles chauffent ma chair. La lumière est magnifique, elle fait scintiller le paysage immaculé. Chanelle me fait la fête. Elle rigole sous ses babines blanchies. Je prends un chemin qui longe la forêt pour retrouver ma maison. J’apprécie alors le contraste que me procure ma propre chaleur en cet univers congelé. Je marche d'un bon pas. J'ai chaud dans le froid qui m'enrobe. Le paysage est laqué d'hiver. J'arrive chez moi, les joues rosies et le moral rebondi, Shni mon petit génie de ménage m’attend de pied ferme sur une fenêtre givrée. Je lui décoche un sourire et je franchis la porte de mon nid douillet…
lundi, février 11, 2008
À travers les yeux de l'enfance
À travers les yeux de l'enfance
Qu’est-ce qui se cache aux tréfonds du devenir parent? Se responsabiliser, se donner sans compter, « s’adultériser » ? Je réalise qu’au fur et à mesure que nous devenons une famille, nous incorporons en notre quotidien des activités familiales qui ne nous seraient jamais passées par l’esprit avant de devenir parents…
Voilà sept ans que j’habite en périphérie de Québec. Québec et son carnaval d’hiver de renommée internationale. Vu que j’habite à une quarantaine de kilomètres de la ville, je peux facilement oublier les festivités, savoir qu’elles existent sans m’en préoccuper, me réveiller une fois qu’elles sont finies en me disant : « Oups, ben on a raté le carnaval! ». Je suis une bestiole de festival, j’ai pas trop la piqûre Carnaval. Bien sur que je connais Bonhomme et j’y suis allée faire un tour une ou deux fois avec ma petite sœur, mais je n’ai jamais vraiment compris l’engouement qu’ont certaines personnes pour le Carnaval. Car ici, il y a de véritables maniaques du carnaval! Et à différents degrés la fièvre du Carnaval affecte une bonne partie de la population locale! Puis il y a la fameuse parade...
Jamais je n’aurai imaginé me retrouver un jour dans les rangs de ceux qui se gèlent les fesses sur un bout de trottoir pour voir passer des chars. Mais s’il y a une chose que j’ai appris dans ma vie c’est qu’il ne faut jamais dire jamais…
Ainsi lorsque l’homme me propose d’aller à la parade avec des amis qui ont des enfants, je réponds de suite:
- Mais oui, c’est une bonne idée…
Je sens une certaine hésitation dans sa voix :
- T’es sure?
- Ben oui, la petite va adorer…
La mère en moi a parlé. La mère en moi sait que c’est une activité familiale appropriée au bon développement de notre dynamique. Il est de notre devoir de nourrir la petite enfance de notre rejeton de mille façons positives et ce genre d'activité est très nutritive à l'imagination. La mère en moi n’a même pas pris en considérations ses propres inclinaisons, elle a juste suivi son instinct…
Une petite semaine plus tard, voilà venu le temps de se rendre à la parade. Une grippette m’affaiblit les sens, je me repose en essayant de passer au travers la cochonnerie toute seule. Arrive le temps d’aller à la parade et je traîne des pattes. Je traîne la jambe et je me botte la fesse! Avec quelques efforts et de la bonne volonté, je démarre mon moteur. Pour une fois c’est l’homme qui a tout organisé, le point de rencontre est chez Joe ( papa d’une petite fille de six ans), nous y retrouvons Dave (papa de trois fillettes entre 9 et 3 ans) ainsi que d’autres connaissances pour aller assister à la parade qui passera à quelques minutes de marche de chez Joe. La femme de Joe a mal au dos, elle restera à la maison. Vu ma petite forme, l’on me propose l’option de les attendre à demeure. Je pèse le pour et le contre. Ma faiblesse de l’heure, mon envie minime et les yeux pétillants de mon petit soleil. La mère en moi est la plus forte, j’enfile mes bottes et je suis la troupe dehors…
Heureusement il ne fait pas trop froid, la nuit tourne autour de -8, pas de quoi fouetter un chat. Il y a de ces années où la la température frôle les -30 à cette époque . Dés que l’on sort, je suis impressionnée par tout ce monde dehors. Le quartier de Joe grouille de petites troupes qui s’en vont à la parade! L’ambiance est bon enfant. Mon brin de fille haut perchée sur les épaules de son père rayonne. Nous sommes nous-mêmes un bon petit groupe! Nous arrivons à destination en quelques minutes et la foule pressée le long des trottoirs me laisse bouche bée! Je regarde la scène par les yeux de ma fille et j’en comprends facilement la magie. M’zelle Soleil, très observatrice, est supra sage. Elle absorbe tout ce qui l’entoure avec un demi sourire qui me rappelle trop ma propre personne. Elle a de ses façons de sourires, de ses expressions faciales qui me donnent l’impression de me regarder dans le miroir. Un miroir bambin qui reflète les traits de Juan. La nuit est fraîche. J’enfonce mon bonnet sur mes oreilles. Non loin des hommes et des petits, je me trouve un bon spot, debout sur un petit banc de neige accoté à un poteau électrique, je me pose et j’attends. La foule se presse, la foule est dense, la foule est omniprésente. Une foule composée majoritairement de familles en tout genre. À deux pas de moi je vois les hommes et les petits. Les fillettes les plus âgées sont allées se faufiler aux premières loges. Dave et Juan portent leurs petits bouts sur leurs épaules. Ma fille observe, toute gentille, elle attend le bonhomme d’hiver. Quelqu’un non loin de moi s’exclame : « On est de bonne humeur, c’est le Carnaval! »
Les trompettes qui font parties intégrantes de la fête font un sacré tintamarre. Accotée contre mon poteau bien frais, je sens le froid s’insinuer en mes idées. Je cherche dans la foule une chaleur abstraite pour me réchauffer. Tout comme ma fille j’observe. Une petite heure plus tard, la parade devrait être sur le point d’arriver. Je commence à bien sentir le froid. Le poteau sur lequel je m’accote est gelé. Je commence sérieusement à saturer. J’échange des sourires avec une jeune femme à mes cotés. Enfin, arrive le premier cortège!!! Un truc bizarre que je ne suis pas sure de comprendre (d'ailleurs une fois la parade passée, après concertation générale, personne ne savait vraiment de quoi il s’en retournait de ce truc là!). La foule s’anime. M’zelle Soleil ouvre grand ses yeux. Je la regarde et je souris. Une vive émotion m'étreint le coeur. S’en suit une série de cortèges plus ou moins étranges, un crâne illuminé, des danseurs à la pelle, un bébé géant dans sa poussette, de gigantesques marionnettes, de drôles de bestioles, un thème de ballons multicolores autour du 400iéme, plusieurs concepts légèrement abracadabrants.
M’zelle Soleil est éberluée, les yeux ronds comme des billes, elle ne rate rien de l’action. Je regarde la parade à travers ses yeux et je frisonne de plaisir. Je la regarde avec mes propres yeux et je frissonne tout court! À travers ses yeux, je perçois toute la magie de l’événement. À travers mes yeux, je trouve le temps long et j’ai les extrémités qui gèlent, je bougonne toute seule. Pourtant lorsque je me plonge dans cette soirée à travers son regard qui luit de pur bonheur, j'en ressens toute une chaleur intérieure. La foule m’enrobe. Pour la première fois depuis des années je me souviens avoir fait partie de la parade qui célébra le 350iéme anniversaire de Montréal. Sur ce coup là, je n’étais pas bénévole. Avec l’Autre nous avions fait partie d’une troupe de danseurs. C’était l’été et j’avais à peine 20 ans. Une expérience que j’avais presque oubliée mais qui me revient comme un coup de trompette dans la tête! Une troupe de danseurs arborant des dizaines de pancartes d’où l’on peut lire (si mes souvenirs sont justes) « On vous sort dehors » me fait sourire un schouïa jaune.
Une femme derrière moi me pousse. Je grogne et la repousse en reprenant ma place. Depuis le temps que je prends racine à coté de ce poteau électrique, celui qui m’en délogera n’est pas né! J’échange un regard las avec ma voisine qui est là depuis aussi longtemps que moi. La femme derrière moi me parle et se plaint mais c’est à peine si je l’entends. Ma voisine de fortune prend ma défense avant même que je ne pense à ouvrir la bouche! Elle est bien gentille cette jeune femme accompagnée d’un homme et d’une petite fille à peine plus âgée que la mienne. Je ne prends même pas la peine de répondre à celle qui osa me pousser, je me contente de sourire à celle qui spontanément vint à ma rescousse! Quelques flocons commencent à tomber. Comme j’écoute des bribes de conversations au fur et a mesure que vibre la foule, je sais que le dernier char est celui de Bonhomme. Bonhomme annonce la fin de la parade. Je sautille sur place en espérant bien fort que Bonhomme arrive bientôt.
Je vois mon brin de fille qui sautille de joie sur les épaules de Juan. Une brise bien froide me givre les narines (y fait pas mal plus chaud à l’hôtel de glace!), les flocons se font de plus en plus présent et c’est à ce moment précis que débarque la mascotte du festival. Bonhomme est dans la place!!! M'zelle Soleil écarquille les yeux tandis que je soupire de soulagement (y’était temps, j’étais sur le bord de m’écrouler!). Bonhomme passe sous mon objectif en saluant la foule en liesse. Je laisse mon poteau pour retrouver mon homme. Notre petite gang se regroupe. L’on a tous l’impression d’avoir attendu plus longtemps que la durée totale de la parade. Les habitués se plaignent de sa petitesse. D’après eux, les autres années la parade était plus longue mais les chars étaient plus vieux! Tous s’accordent pour dire que tous les chars étaient nouveaux. Les habitués apprécient ce fait même s’ils ne sont pas impressionnés par l’ensemble. Les enfants sont heureux de leur sortie nocturne.
L’on reprend le chemin de la maison de Joe. M’zelle Soleil chantonne sur les épaules de son père, les hommes papotent, la foule se disperse dans les rues. La neige tombe de plus belle...
Qu’est-ce qui se cache aux tréfonds du devenir parent? Se responsabiliser, se donner sans compter, « s’adultériser » ? Je réalise qu’au fur et à mesure que nous devenons une famille, nous incorporons en notre quotidien des activités familiales qui ne nous seraient jamais passées par l’esprit avant de devenir parents…
Voilà sept ans que j’habite en périphérie de Québec. Québec et son carnaval d’hiver de renommée internationale. Vu que j’habite à une quarantaine de kilomètres de la ville, je peux facilement oublier les festivités, savoir qu’elles existent sans m’en préoccuper, me réveiller une fois qu’elles sont finies en me disant : « Oups, ben on a raté le carnaval! ». Je suis une bestiole de festival, j’ai pas trop la piqûre Carnaval. Bien sur que je connais Bonhomme et j’y suis allée faire un tour une ou deux fois avec ma petite sœur, mais je n’ai jamais vraiment compris l’engouement qu’ont certaines personnes pour le Carnaval. Car ici, il y a de véritables maniaques du carnaval! Et à différents degrés la fièvre du Carnaval affecte une bonne partie de la population locale! Puis il y a la fameuse parade...
Jamais je n’aurai imaginé me retrouver un jour dans les rangs de ceux qui se gèlent les fesses sur un bout de trottoir pour voir passer des chars. Mais s’il y a une chose que j’ai appris dans ma vie c’est qu’il ne faut jamais dire jamais…
Ainsi lorsque l’homme me propose d’aller à la parade avec des amis qui ont des enfants, je réponds de suite:
- Mais oui, c’est une bonne idée…
Je sens une certaine hésitation dans sa voix :
- T’es sure?
- Ben oui, la petite va adorer…
La mère en moi a parlé. La mère en moi sait que c’est une activité familiale appropriée au bon développement de notre dynamique. Il est de notre devoir de nourrir la petite enfance de notre rejeton de mille façons positives et ce genre d'activité est très nutritive à l'imagination. La mère en moi n’a même pas pris en considérations ses propres inclinaisons, elle a juste suivi son instinct…
Une petite semaine plus tard, voilà venu le temps de se rendre à la parade. Une grippette m’affaiblit les sens, je me repose en essayant de passer au travers la cochonnerie toute seule. Arrive le temps d’aller à la parade et je traîne des pattes. Je traîne la jambe et je me botte la fesse! Avec quelques efforts et de la bonne volonté, je démarre mon moteur. Pour une fois c’est l’homme qui a tout organisé, le point de rencontre est chez Joe ( papa d’une petite fille de six ans), nous y retrouvons Dave (papa de trois fillettes entre 9 et 3 ans) ainsi que d’autres connaissances pour aller assister à la parade qui passera à quelques minutes de marche de chez Joe. La femme de Joe a mal au dos, elle restera à la maison. Vu ma petite forme, l’on me propose l’option de les attendre à demeure. Je pèse le pour et le contre. Ma faiblesse de l’heure, mon envie minime et les yeux pétillants de mon petit soleil. La mère en moi est la plus forte, j’enfile mes bottes et je suis la troupe dehors…
Heureusement il ne fait pas trop froid, la nuit tourne autour de -8, pas de quoi fouetter un chat. Il y a de ces années où la la température frôle les -30 à cette époque . Dés que l’on sort, je suis impressionnée par tout ce monde dehors. Le quartier de Joe grouille de petites troupes qui s’en vont à la parade! L’ambiance est bon enfant. Mon brin de fille haut perchée sur les épaules de son père rayonne. Nous sommes nous-mêmes un bon petit groupe! Nous arrivons à destination en quelques minutes et la foule pressée le long des trottoirs me laisse bouche bée! Je regarde la scène par les yeux de ma fille et j’en comprends facilement la magie. M’zelle Soleil, très observatrice, est supra sage. Elle absorbe tout ce qui l’entoure avec un demi sourire qui me rappelle trop ma propre personne. Elle a de ses façons de sourires, de ses expressions faciales qui me donnent l’impression de me regarder dans le miroir. Un miroir bambin qui reflète les traits de Juan. La nuit est fraîche. J’enfonce mon bonnet sur mes oreilles. Non loin des hommes et des petits, je me trouve un bon spot, debout sur un petit banc de neige accoté à un poteau électrique, je me pose et j’attends. La foule se presse, la foule est dense, la foule est omniprésente. Une foule composée majoritairement de familles en tout genre. À deux pas de moi je vois les hommes et les petits. Les fillettes les plus âgées sont allées se faufiler aux premières loges. Dave et Juan portent leurs petits bouts sur leurs épaules. Ma fille observe, toute gentille, elle attend le bonhomme d’hiver. Quelqu’un non loin de moi s’exclame : « On est de bonne humeur, c’est le Carnaval! »
Les trompettes qui font parties intégrantes de la fête font un sacré tintamarre. Accotée contre mon poteau bien frais, je sens le froid s’insinuer en mes idées. Je cherche dans la foule une chaleur abstraite pour me réchauffer. Tout comme ma fille j’observe. Une petite heure plus tard, la parade devrait être sur le point d’arriver. Je commence à bien sentir le froid. Le poteau sur lequel je m’accote est gelé. Je commence sérieusement à saturer. J’échange des sourires avec une jeune femme à mes cotés. Enfin, arrive le premier cortège!!! Un truc bizarre que je ne suis pas sure de comprendre (d'ailleurs une fois la parade passée, après concertation générale, personne ne savait vraiment de quoi il s’en retournait de ce truc là!). La foule s’anime. M’zelle Soleil ouvre grand ses yeux. Je la regarde et je souris. Une vive émotion m'étreint le coeur. S’en suit une série de cortèges plus ou moins étranges, un crâne illuminé, des danseurs à la pelle, un bébé géant dans sa poussette, de gigantesques marionnettes, de drôles de bestioles, un thème de ballons multicolores autour du 400iéme, plusieurs concepts légèrement abracadabrants.
M’zelle Soleil est éberluée, les yeux ronds comme des billes, elle ne rate rien de l’action. Je regarde la parade à travers ses yeux et je frisonne de plaisir. Je la regarde avec mes propres yeux et je frissonne tout court! À travers ses yeux, je perçois toute la magie de l’événement. À travers mes yeux, je trouve le temps long et j’ai les extrémités qui gèlent, je bougonne toute seule. Pourtant lorsque je me plonge dans cette soirée à travers son regard qui luit de pur bonheur, j'en ressens toute une chaleur intérieure. La foule m’enrobe. Pour la première fois depuis des années je me souviens avoir fait partie de la parade qui célébra le 350iéme anniversaire de Montréal. Sur ce coup là, je n’étais pas bénévole. Avec l’Autre nous avions fait partie d’une troupe de danseurs. C’était l’été et j’avais à peine 20 ans. Une expérience que j’avais presque oubliée mais qui me revient comme un coup de trompette dans la tête! Une troupe de danseurs arborant des dizaines de pancartes d’où l’on peut lire (si mes souvenirs sont justes) « On vous sort dehors » me fait sourire un schouïa jaune.
Une femme derrière moi me pousse. Je grogne et la repousse en reprenant ma place. Depuis le temps que je prends racine à coté de ce poteau électrique, celui qui m’en délogera n’est pas né! J’échange un regard las avec ma voisine qui est là depuis aussi longtemps que moi. La femme derrière moi me parle et se plaint mais c’est à peine si je l’entends. Ma voisine de fortune prend ma défense avant même que je ne pense à ouvrir la bouche! Elle est bien gentille cette jeune femme accompagnée d’un homme et d’une petite fille à peine plus âgée que la mienne. Je ne prends même pas la peine de répondre à celle qui osa me pousser, je me contente de sourire à celle qui spontanément vint à ma rescousse! Quelques flocons commencent à tomber. Comme j’écoute des bribes de conversations au fur et a mesure que vibre la foule, je sais que le dernier char est celui de Bonhomme. Bonhomme annonce la fin de la parade. Je sautille sur place en espérant bien fort que Bonhomme arrive bientôt.
Je vois mon brin de fille qui sautille de joie sur les épaules de Juan. Une brise bien froide me givre les narines (y fait pas mal plus chaud à l’hôtel de glace!), les flocons se font de plus en plus présent et c’est à ce moment précis que débarque la mascotte du festival. Bonhomme est dans la place!!! M'zelle Soleil écarquille les yeux tandis que je soupire de soulagement (y’était temps, j’étais sur le bord de m’écrouler!). Bonhomme passe sous mon objectif en saluant la foule en liesse. Je laisse mon poteau pour retrouver mon homme. Notre petite gang se regroupe. L’on a tous l’impression d’avoir attendu plus longtemps que la durée totale de la parade. Les habitués se plaignent de sa petitesse. D’après eux, les autres années la parade était plus longue mais les chars étaient plus vieux! Tous s’accordent pour dire que tous les chars étaient nouveaux. Les habitués apprécient ce fait même s’ils ne sont pas impressionnés par l’ensemble. Les enfants sont heureux de leur sortie nocturne.
L’on reprend le chemin de la maison de Joe. M’zelle Soleil chantonne sur les épaules de son père, les hommes papotent, la foule se disperse dans les rues. La neige tombe de plus belle...
jeudi, février 07, 2008
De lune et d'étoiles
De lune et d'étoiles
Je n’aime pas les nouvelles lunes, elles me perturbent. Les nouvelles lunes qui font les nuits obscures me rendent insécure. En faisant quelques recherches sur le sujet je tombe là-dessus : « L'une des conséquences les plus répandues de la nouvelle lune, c'est qu'elle fragilise les personnes qui y sont réceptives. Si c'est votre cas, vous risquez de vous sentir nerveux, angoissé, ou même de mal dormir, sans aucune raison apparente. Inutile de vous prendre la tête pour essayer de comprendre ce qui vous arrive … c'est probablement l'effet de la nouvelle lune ! Pour le savoir, soyez juste attentif ces prochains mois : si ce mal-être se manifeste toujours à la même période, vous saurez à quoi vous en tenir ! (source)»
C’est en effet quelque chose que j’avais remarqué au fil des années, je ne suis pas tant sensible à la pleine lune qu’à l’absence de lune. Les pouvoirs de la lune sont impénétrables. Comme ces deux phénomènes ont une influence sur les marées pourquoi ne pourraient-ils pas influencer les courants de mes humeurs? Je repense à mon amie qui travaille dans un centre pour femmes battues. Elle me dit : « C’est fou comment pendant la pleine lune on a plus de job! C’est toujours pareil, à chaque pleine lune, cela dégénère chez quelqu’un! ». L’on parle beaucoup des effets de la pleine lune mais j’entends rarement parler de ceux de la nouvelle lune.
Durant la dernière pleine lune un évènement en particulier m’a d'ailleurs choquée: la disparition prématurée de ce garçon qui donnait des frissons à ma féminité. J'ai peu d'acteurs fétiches en mon coeur. Pourtant c’est vrai, j'avais Heath. Celui-ci me faisait toujours frémir, il me faisait rêver comme peu d'acteurs arrivent à le faire. D'une façon irréelle je l'aimais. Il avait l'âge de mon homme et je voyais une certaine ressemblance entre lui et Juan. Sa fille n'avait que quelques jours de différences avec la mienne. Sa fille est tout son portrait, la mienne est tout le portait de son père! Je ne sais pas pourquoi mais il faisait vibrer en moi une fibre sensible. Si j'avais voulu emmener un fantasme sur une île déserte c'est lui que j'aurai choisi! Complètement perméable à son charme j'étais. Heath possédait ce petit quelque chose de spécial. Sa mort m'a percutée plus que je n'aurais pu l'imaginer. Elle a touché quelque chose qui n'a rien à voir avec le monde réel. Sa mort m'a révoltée. J'ai ressenti une drôle d'impression, un peu comme si l'on m'avait enlevé quelque chose qui me faisait du bien. Sa mort m'a énervée aussi car tout de suite j'ai pensé qu'il ne l'avait pas fait exprès mais qu'il l'avait fait quand même. Mais qu'avait-il fait au juste pour trépasser ainsi? Peu le savent. Certains s'en doutent. Plusieurs disent qu'il bataillait ses démons, d'autres affirment qu'il était en pleine dépression. Est-ce que la tristesse peut tuer un si bel homme? Et puis quelle tragédie pour sa toute petite fille devenue orpheline de père. Mon homme ressent ma peine sans la partager. Il me dit:
- Vous les femmes, vous êtes toutes pareilles. C'est juste parce que tu te dis que tu aurais pu le sauver!!!
La pertinence de sa remarque me frappe. C'est vrai que l'on veut trop souvent sauver ces hommes qui baignent en plein mal être! Ces hommes qui nous plaisent de par cette intensité qu’ils dégagent. Enfin, moi qui ne suis pas blonde pour un sou, je ne me fais pas d'illusion, jamais je n'aurais pu l'aguicher! Mais dans l'absolu j’aurais bien aimé échanger avec lui (et plus si affinités). Quelques jours après sa mort, je ressens le besoin d'écrire, je laisse couler cette histoire malgré moi. Cette histoire qui me hante comme le fantôme qu’il est devenu. Je sais que je fais le deuil d'un fantasme. Je me donne la liberté d’écrire pour exorciser la triste sensation qui me poursuit. Je n’aime pas trop jouer avec les morts. Je dirais même que je n’aime guère jouer avec ce genre de trucs. Mais avec Heath c’est plus fort que moi. En parcourant la Toile, je me rends compte que je ne suis pas la seule à être triste. Y'en a même qui pleurent! Ce qui n'est pas mon cas. Je ressens une tristesse mais cela ne se transforme pas en détresse! Faut pas exagérer non plus. Ce n'est pas comme si je le connaissais pour vrai, ce n'est pas comme si je l'aimais vraiment…
J'ai conscience qu'il y a des milliers d'inconnus qui meurent sur la planète chaque jour, des milliers de situations tragiques qui se déroulent sans que cela ne pénètre ma bulle. Pourquoi donc est-ce que sa perte me peine tant? Je réalise que c’est parce qu’il me faisait du bien, il me faisait vibrer de l’intérieur, à travers ses films il me touchait le cœur. Il me faisait rêver en plein éveil. À certain point, un point hollywoodien, il faisait partie de ma vie. Jour après jour, je saoule mon homme avec ça, je m’en excuse tandis que je le bassine Heath par ci Heath par là. Il me répond :
- Ben je t’en veux pas, déjà que t’étais saoulante dès qu’on le voyait dans un film! C’est un peu normal que cela te fasse de quoi maintenant qu’il est mort, vu comment il te faisait de l’effet de son vivant!!!
J’aime tant mon homme qui me comprend. Je regarde jouer ma fille et je pense à cette petite fille qui ne reverra plus jamais son papa qui l’aimait. Je sais bien ce que c'est que de vivre sans père. Je regarde mon homme jouer avec ma fille et je me dis qu’on a bien de la chance d’être si heureux, d’être ensemble, d’être en vie. Je préfère vivre cela plutôt que n'importe quoi d'autre. Vivre ces moments là m'est plus enrichissant que tous les millions de dollars que je pourrais accumuler sur un compte.
Je garde au fond de moi cette subtile impression que ce garçon, que je ne connaissais qu’en illusions, aurait lui aussi voulu connaitre ces instants paternels, ces moments d'intimité familiale qui tournent autour de l'astre enfantin. Il aurait voulu être le père que ma fille possède. Il aurait voulu tenir cette place dans la vie de la sienne. Il n’y a pas réussi, il a échoué sur ce plan familial même s’il a réussi à briller sur un plan international. Il aura vécu une vie exceptionnelle mais une vie trop courte. Je devrais écrire d’autres histoires mais celle-ci, au fil des jours qui passent, me poursuit.
Je capitule et je laisse s'écouler des mots qui deviennent fiction, ces mots, fruits de mon imagination, sont librement inspirés de faits réels. Je travaille plusieurs heures sur cette intrigue. C'est la première fois que je suis une telle inspiration! Je ne sais pas trop quoi faire de cette histoire pseudo surnaturelle. Même si je sais que je pourrais la travailler davantage, je n'en vois pas le but ultime. Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, comme une larme l'irréel.
Depuis que j'ai fini de d'écrire cette histoire qui a jailli malgré moi je ressens le besoin de m'en détacher, le besoin de m'en libérer. Je ne veux pas l’insérer ici. Elle n’est pas dans les saveurs de ce jardin de Toile. Alors il me revient une idée qui macérait depuis des lustres. Une idée que j’avais déjà expérimentée aux débuts de ce carnet en rangeant ailleurs mes brouillons de nouvelles . Je décide d’ouvrir une annexe virtuelle. Un coin sans prétention où ranger ces fictions que je ponds par ci par là…
Je n’aime pas les nouvelles lunes, elles me perturbent. Les nouvelles lunes qui font les nuits obscures me rendent insécure. En faisant quelques recherches sur le sujet je tombe là-dessus : « L'une des conséquences les plus répandues de la nouvelle lune, c'est qu'elle fragilise les personnes qui y sont réceptives. Si c'est votre cas, vous risquez de vous sentir nerveux, angoissé, ou même de mal dormir, sans aucune raison apparente. Inutile de vous prendre la tête pour essayer de comprendre ce qui vous arrive … c'est probablement l'effet de la nouvelle lune ! Pour le savoir, soyez juste attentif ces prochains mois : si ce mal-être se manifeste toujours à la même période, vous saurez à quoi vous en tenir ! (source)»
C’est en effet quelque chose que j’avais remarqué au fil des années, je ne suis pas tant sensible à la pleine lune qu’à l’absence de lune. Les pouvoirs de la lune sont impénétrables. Comme ces deux phénomènes ont une influence sur les marées pourquoi ne pourraient-ils pas influencer les courants de mes humeurs? Je repense à mon amie qui travaille dans un centre pour femmes battues. Elle me dit : « C’est fou comment pendant la pleine lune on a plus de job! C’est toujours pareil, à chaque pleine lune, cela dégénère chez quelqu’un! ». L’on parle beaucoup des effets de la pleine lune mais j’entends rarement parler de ceux de la nouvelle lune.
Durant la dernière pleine lune un évènement en particulier m’a d'ailleurs choquée: la disparition prématurée de ce garçon qui donnait des frissons à ma féminité. J'ai peu d'acteurs fétiches en mon coeur. Pourtant c’est vrai, j'avais Heath. Celui-ci me faisait toujours frémir, il me faisait rêver comme peu d'acteurs arrivent à le faire. D'une façon irréelle je l'aimais. Il avait l'âge de mon homme et je voyais une certaine ressemblance entre lui et Juan. Sa fille n'avait que quelques jours de différences avec la mienne. Sa fille est tout son portrait, la mienne est tout le portait de son père! Je ne sais pas pourquoi mais il faisait vibrer en moi une fibre sensible. Si j'avais voulu emmener un fantasme sur une île déserte c'est lui que j'aurai choisi! Complètement perméable à son charme j'étais. Heath possédait ce petit quelque chose de spécial. Sa mort m'a percutée plus que je n'aurais pu l'imaginer. Elle a touché quelque chose qui n'a rien à voir avec le monde réel. Sa mort m'a révoltée. J'ai ressenti une drôle d'impression, un peu comme si l'on m'avait enlevé quelque chose qui me faisait du bien. Sa mort m'a énervée aussi car tout de suite j'ai pensé qu'il ne l'avait pas fait exprès mais qu'il l'avait fait quand même. Mais qu'avait-il fait au juste pour trépasser ainsi? Peu le savent. Certains s'en doutent. Plusieurs disent qu'il bataillait ses démons, d'autres affirment qu'il était en pleine dépression. Est-ce que la tristesse peut tuer un si bel homme? Et puis quelle tragédie pour sa toute petite fille devenue orpheline de père. Mon homme ressent ma peine sans la partager. Il me dit:
- Vous les femmes, vous êtes toutes pareilles. C'est juste parce que tu te dis que tu aurais pu le sauver!!!
La pertinence de sa remarque me frappe. C'est vrai que l'on veut trop souvent sauver ces hommes qui baignent en plein mal être! Ces hommes qui nous plaisent de par cette intensité qu’ils dégagent. Enfin, moi qui ne suis pas blonde pour un sou, je ne me fais pas d'illusion, jamais je n'aurais pu l'aguicher! Mais dans l'absolu j’aurais bien aimé échanger avec lui (et plus si affinités). Quelques jours après sa mort, je ressens le besoin d'écrire, je laisse couler cette histoire malgré moi. Cette histoire qui me hante comme le fantôme qu’il est devenu. Je sais que je fais le deuil d'un fantasme. Je me donne la liberté d’écrire pour exorciser la triste sensation qui me poursuit. Je n’aime pas trop jouer avec les morts. Je dirais même que je n’aime guère jouer avec ce genre de trucs. Mais avec Heath c’est plus fort que moi. En parcourant la Toile, je me rends compte que je ne suis pas la seule à être triste. Y'en a même qui pleurent! Ce qui n'est pas mon cas. Je ressens une tristesse mais cela ne se transforme pas en détresse! Faut pas exagérer non plus. Ce n'est pas comme si je le connaissais pour vrai, ce n'est pas comme si je l'aimais vraiment…
J'ai conscience qu'il y a des milliers d'inconnus qui meurent sur la planète chaque jour, des milliers de situations tragiques qui se déroulent sans que cela ne pénètre ma bulle. Pourquoi donc est-ce que sa perte me peine tant? Je réalise que c’est parce qu’il me faisait du bien, il me faisait vibrer de l’intérieur, à travers ses films il me touchait le cœur. Il me faisait rêver en plein éveil. À certain point, un point hollywoodien, il faisait partie de ma vie. Jour après jour, je saoule mon homme avec ça, je m’en excuse tandis que je le bassine Heath par ci Heath par là. Il me répond :
- Ben je t’en veux pas, déjà que t’étais saoulante dès qu’on le voyait dans un film! C’est un peu normal que cela te fasse de quoi maintenant qu’il est mort, vu comment il te faisait de l’effet de son vivant!!!
J’aime tant mon homme qui me comprend. Je regarde jouer ma fille et je pense à cette petite fille qui ne reverra plus jamais son papa qui l’aimait. Je sais bien ce que c'est que de vivre sans père. Je regarde mon homme jouer avec ma fille et je me dis qu’on a bien de la chance d’être si heureux, d’être ensemble, d’être en vie. Je préfère vivre cela plutôt que n'importe quoi d'autre. Vivre ces moments là m'est plus enrichissant que tous les millions de dollars que je pourrais accumuler sur un compte.
Je garde au fond de moi cette subtile impression que ce garçon, que je ne connaissais qu’en illusions, aurait lui aussi voulu connaitre ces instants paternels, ces moments d'intimité familiale qui tournent autour de l'astre enfantin. Il aurait voulu être le père que ma fille possède. Il aurait voulu tenir cette place dans la vie de la sienne. Il n’y a pas réussi, il a échoué sur ce plan familial même s’il a réussi à briller sur un plan international. Il aura vécu une vie exceptionnelle mais une vie trop courte. Je devrais écrire d’autres histoires mais celle-ci, au fil des jours qui passent, me poursuit.
Je capitule et je laisse s'écouler des mots qui deviennent fiction, ces mots, fruits de mon imagination, sont librement inspirés de faits réels. Je travaille plusieurs heures sur cette intrigue. C'est la première fois que je suis une telle inspiration! Je ne sais pas trop quoi faire de cette histoire pseudo surnaturelle. Même si je sais que je pourrais la travailler davantage, je n'en vois pas le but ultime. Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, comme une larme l'irréel.
Depuis que j'ai fini de d'écrire cette histoire qui a jailli malgré moi je ressens le besoin de m'en détacher, le besoin de m'en libérer. Je ne veux pas l’insérer ici. Elle n’est pas dans les saveurs de ce jardin de Toile. Alors il me revient une idée qui macérait depuis des lustres. Une idée que j’avais déjà expérimentée aux débuts de ce carnet en rangeant ailleurs mes brouillons de nouvelles . Je décide d’ouvrir une annexe virtuelle. Un coin sans prétention où ranger ces fictions que je ponds par ci par là…
mardi, février 05, 2008
En suspension hivernale
Autre jour de neige.
Chanelle ronfle à mes cotés tandis que l’enfant roupille dans sa chambre. Zora se frotte à mes jambes. Je résiste à l’appel de la sieste qui se dégage de cette ambiance est si moelleuse. Il neige encore...
Tout est enseveli sous une épaisse couche blanche. Les bancs de neige deviennent des monts. J’ai l’énergie au niveau zéro. J’ai somnolé toute la matinée. M’zelle Soleil en a profité pour me faire un joli bordel de maison mais elle m’a bien divertie avec ses petites histoires, ses câlineries et ses petits jeux d’enfance. Le niveau de la neige commence à dépasser certaines fenêtres. L’impression d’être emmitouflée par la saison m’emporte irrésistiblement. Je ferais bien comme les ours qui dorment des jours durant. Je les comprends. Avec cette sensation presque douce, je crois que je viens d’atteindre mon pic d’hibernation optimal! Je me rapproche d’un certain état animal. Ce n’est pas une sensation désagréable, c’est plutôt une sensation à part.
J’enclenche le pilote automatique. Répondre aux courriels, travailler à peaufiner de nouvelles fictions, organiser des activités sociales pour ne pas s’endormir complètement. Je me rapproche de mes chats sauvages qui s’apprivoisent au creux de l’hiver. Les étés derniers ont emportés tant de mes chats domestiqués que cela m’a un peu désensibilisée. J'ai perdu quelques miettes de cœur avec certains d'entre eux que je porte toujours en ma mémoire. Avec cette portée que je protège de la rudesse du climat, j’ai décidé de changer de technique, j’ai décidé d’inverser l’ordre établi en attendant de me laisser apprivoiser par eux autres.
Sur quatre chatons habitués à vivre dehors et manger dedans, deux chats devenus adultes ont démontré une réelle envie de se faire apprivoiser par notre race humaine. Henri s’est mis en tête de pénétrer mon cœur. C’est un véritable pot de colle qui s’incruste sous mes draps. Zouzou s’est prise d’affection pour l’enfant. C'est du miel de chat, toute douce et gentille, elle me cherche et me trouve. Zora n’est pas trop sure de ce qu’elle veut et Ajtme (nommée de ce mot à coucher dehors par mon ado de sœur) est définitivement sauvage. Celle-ci ne voit aucun intérêt à interagir avec nous. Les seules fois où elle me regarde et tient compte de ma présence c’est lorsque sa gamelle est vide et que la chasse est médiocre. C’est d'ailleurs la seule qui passe encore du temps dehors à cette époque de l'année. Mais c'est aussi c'est qui colle le plus Chanelle!
Nous hibernons tous ensemble, l’hiver nous enserre de ses griffes givrées, des liens se tissent entre nos trois espèces embarquées sur le même bateau. Les hivers blanchissent le poil de notre chien qui vieillit. Au creux de l’hiver Zora est sur le point de capituler, elle se fait de plus en plus à l’idée que l’humain peut se révéler intéressant. Elle m'observe du coin de l'œil et se frotte à moi lorsque manque les croquettes. C'est une expérience féline intrigante. Je jette un regard par la fenêtre. Une éclaircie change les flocons en pluie verglaçante (yerk!), cela ne devrait pas durer. Avec la nuit à venir le froid reprendra ses droits. La neige n'en a encore pas fini de tomber...
Je réalise que toute la maisonnée est endormie, il n'y a que ma pomme d'adulte qui résiste. Dès que la petite se réveille je pense me lancer dans un dessert en chocolat pour mettre un peu de pep dans cette journée mollassonne. Mais vous qui passez par là comment se vit votre hiver?
Chanelle ronfle à mes cotés tandis que l’enfant roupille dans sa chambre. Zora se frotte à mes jambes. Je résiste à l’appel de la sieste qui se dégage de cette ambiance est si moelleuse. Il neige encore...
Tout est enseveli sous une épaisse couche blanche. Les bancs de neige deviennent des monts. J’ai l’énergie au niveau zéro. J’ai somnolé toute la matinée. M’zelle Soleil en a profité pour me faire un joli bordel de maison mais elle m’a bien divertie avec ses petites histoires, ses câlineries et ses petits jeux d’enfance. Le niveau de la neige commence à dépasser certaines fenêtres. L’impression d’être emmitouflée par la saison m’emporte irrésistiblement. Je ferais bien comme les ours qui dorment des jours durant. Je les comprends. Avec cette sensation presque douce, je crois que je viens d’atteindre mon pic d’hibernation optimal! Je me rapproche d’un certain état animal. Ce n’est pas une sensation désagréable, c’est plutôt une sensation à part.
J’enclenche le pilote automatique. Répondre aux courriels, travailler à peaufiner de nouvelles fictions, organiser des activités sociales pour ne pas s’endormir complètement. Je me rapproche de mes chats sauvages qui s’apprivoisent au creux de l’hiver. Les étés derniers ont emportés tant de mes chats domestiqués que cela m’a un peu désensibilisée. J'ai perdu quelques miettes de cœur avec certains d'entre eux que je porte toujours en ma mémoire. Avec cette portée que je protège de la rudesse du climat, j’ai décidé de changer de technique, j’ai décidé d’inverser l’ordre établi en attendant de me laisser apprivoiser par eux autres.
Sur quatre chatons habitués à vivre dehors et manger dedans, deux chats devenus adultes ont démontré une réelle envie de se faire apprivoiser par notre race humaine. Henri s’est mis en tête de pénétrer mon cœur. C’est un véritable pot de colle qui s’incruste sous mes draps. Zouzou s’est prise d’affection pour l’enfant. C'est du miel de chat, toute douce et gentille, elle me cherche et me trouve. Zora n’est pas trop sure de ce qu’elle veut et Ajtme (nommée de ce mot à coucher dehors par mon ado de sœur) est définitivement sauvage. Celle-ci ne voit aucun intérêt à interagir avec nous. Les seules fois où elle me regarde et tient compte de ma présence c’est lorsque sa gamelle est vide et que la chasse est médiocre. C’est d'ailleurs la seule qui passe encore du temps dehors à cette époque de l'année. Mais c'est aussi c'est qui colle le plus Chanelle!
Nous hibernons tous ensemble, l’hiver nous enserre de ses griffes givrées, des liens se tissent entre nos trois espèces embarquées sur le même bateau. Les hivers blanchissent le poil de notre chien qui vieillit. Au creux de l’hiver Zora est sur le point de capituler, elle se fait de plus en plus à l’idée que l’humain peut se révéler intéressant. Elle m'observe du coin de l'œil et se frotte à moi lorsque manque les croquettes. C'est une expérience féline intrigante. Je jette un regard par la fenêtre. Une éclaircie change les flocons en pluie verglaçante (yerk!), cela ne devrait pas durer. Avec la nuit à venir le froid reprendra ses droits. La neige n'en a encore pas fini de tomber...
Je réalise que toute la maisonnée est endormie, il n'y a que ma pomme d'adulte qui résiste. Dès que la petite se réveille je pense me lancer dans un dessert en chocolat pour mettre un peu de pep dans cette journée mollassonne. Mais vous qui passez par là comment se vit votre hiver?
lundi, février 04, 2008
Mes sourires du jour.
Mes sourires du jour:
Lui: Bon ben ça y est!!!
Moi: Heu c'est quoi qui est???
Lui: Ben ça y est, on est officiellement en février et on a encore le sapin de Noël dans le salon, juste là!
Moi: Ah... Oh! Mmmm.... Yep....
Finir la première version d'une nouvelle de science fiction provisoirement intitulée "Les mamelles de l'espace". Titre ingrat reflet de mes flagellations personnelles. Titre ingrat qui, connaissant l'intrigue, me fait sourire à chaque fois. Son titre officiel étant encore "Nouvelle Fiction" son titre final ne lui sera donné qu'une fois celle-ci aussi bien polie qu'un bijou intergalactique!
L'univers nous écoute. Un concept qui fait bien sourire mon homme à chaque fois que je lui en parle. N'empêche l'univers écoute et c'est pour cela qu'il faut toujours faire attention aux souhaits que l'on fait! Bref, depuis quelques semaines je me plains de ces journées sans elle. Depuis quelques jours le manque devient si fort que j'en pleure presque de l'intérieur. Je suffoque un peu. J'en arrache pas mal. Ce matin j'apprends que la gardienne qui prend Lily (le lundi et mardi de la semaine) ne pourra pas la prendre ni demain ni lundi prochain. Mon coeur sourit à la nouvelle. Je respire avec aise.
Sous un ciel bleu, je communique, les cheveux mouillés, une heure durant sur la balcon de ma voisine. Résolutions et compréhensions. Les subtiles tensions s'effacent en quelques efforts de communication. Adultes nous sommes. J'aime voir le pouvoir de la communication en pleine action. Nous retrouvons nos sourires conjugués. Les enfants nous lient en un même idéal. Nous échangeons comme si c'était l'été. L'hiver ne nous croquera pas! En faisant un pas vers l'autre j'équilibre la sauvage en moi qui hiberne sous une épaisse couche d'hiver. Ils annoncent encore de la neige (pour s'ajouter aux trois mètres déjà tombés). Ah Bon! Vraiment?!?
Les frasques de Carla et Nicolas, mieux vaut en rire qu'en pleurer!!! Et je rigolote toute seule à écouter en boucle la "Carla Brunette" des Moquettes Coquettes (découverte chez Fanny Ardente)!
Lui: Bon ben ça y est!!!
Moi: Heu c'est quoi qui est???
Lui: Ben ça y est, on est officiellement en février et on a encore le sapin de Noël dans le salon, juste là!
Moi: Ah... Oh! Mmmm.... Yep....
Finir la première version d'une nouvelle de science fiction provisoirement intitulée "Les mamelles de l'espace". Titre ingrat reflet de mes flagellations personnelles. Titre ingrat qui, connaissant l'intrigue, me fait sourire à chaque fois. Son titre officiel étant encore "Nouvelle Fiction" son titre final ne lui sera donné qu'une fois celle-ci aussi bien polie qu'un bijou intergalactique!
L'univers nous écoute. Un concept qui fait bien sourire mon homme à chaque fois que je lui en parle. N'empêche l'univers écoute et c'est pour cela qu'il faut toujours faire attention aux souhaits que l'on fait! Bref, depuis quelques semaines je me plains de ces journées sans elle. Depuis quelques jours le manque devient si fort que j'en pleure presque de l'intérieur. Je suffoque un peu. J'en arrache pas mal. Ce matin j'apprends que la gardienne qui prend Lily (le lundi et mardi de la semaine) ne pourra pas la prendre ni demain ni lundi prochain. Mon coeur sourit à la nouvelle. Je respire avec aise.
Sous un ciel bleu, je communique, les cheveux mouillés, une heure durant sur la balcon de ma voisine. Résolutions et compréhensions. Les subtiles tensions s'effacent en quelques efforts de communication. Adultes nous sommes. J'aime voir le pouvoir de la communication en pleine action. Nous retrouvons nos sourires conjugués. Les enfants nous lient en un même idéal. Nous échangeons comme si c'était l'été. L'hiver ne nous croquera pas! En faisant un pas vers l'autre j'équilibre la sauvage en moi qui hiberne sous une épaisse couche d'hiver. Ils annoncent encore de la neige (pour s'ajouter aux trois mètres déjà tombés). Ah Bon! Vraiment?!?
Les frasques de Carla et Nicolas, mieux vaut en rire qu'en pleurer!!! Et je rigolote toute seule à écouter en boucle la "Carla Brunette" des Moquettes Coquettes (découverte chez Fanny Ardente)!
dimanche, février 03, 2008
Chroniques de petite enfance
Chroniques de petite enfance
M’zelle Soleil est très bavarde (non, non, non, elle ne tient pas du tout cela de sa mère!!!), elle cause, elle cause et elle cause encore! Même sa gardienne n'en revient pas de l'énergie de ma petite pipelette. Dieu qu'il m'est difficile de me détacher d'elle! J'étire ce cocon qui la protège, la maman poule boude.
Très observatrice, elle ne rate pas une miette des heures qui la voient grandir. Elle absorbe, elle digère, elle régurgite toutes ces informations diverses qu'elle assimile jour après jour...
Je peux la regarder de longues minutes sans me rendre compte une seconde du temps qui file. Elle m'ensoleille l'hiver. Elle ne s'arrête pas souvent de bouger, elle saute, elle coure, elle papote, elle se fend la poire...
Toujours de bonne humeur, elle enjolive notre quotidien bien plus qu’elle ne le complique. Elle me demande :
- C’est qui a donné le coyier à maman?
- C’est papa pour mon anniversaire.
- Ah oui. C’est paré, réparé le coyier maman?
- Oui, c’est Vanessa qui a réparé le collier alors je ne veux plus que tu y fasses de nœuds!!!
Assise sur le divan elle me fait une place et tapote l’espace vide en m’appelant :
- Yiens Maman, yiens…
Je m’assois à ses cotés. S’en suit une séance de lecture enrobée d'attentions partagées. Elle lâche son livre. Elle grimpe sur mes genoux. Elle pointe le doigt sur ma poitrine et demande :
- C’est qui?
Avant que je n’ouvre la bouche elle répond :
- C’est mamie Zuzanne!
Puis elle pouffe de rire tandis que je mime un air déconcerté. Je lui demande en posant le doigt sur son épaule :
- C’est qui ça?
Elle me répond du tac au tac :
- C’est Lily-Lune!
Elle éclate de rire. Son rire est comme un rayon de clarté qui m’illumine de l’intérieur. Je ris avec elle de bon cœur. Je la chatouille jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. S’appeler Lily-Lune est l’un de ses trucs qu’elle a découvert toute seule, l’un de ses trucs de charme qui nous fait craquer à chaque fois. Elle me dit « c’est grôle » lorsque quelque chose l’amuse et « c’est kool » lorsque quelque chose lui plait. Elle me chante toutes sortes de chansons qu'elle connait par cœur. Elle fait jaillir en mon être des trésors de tendresse. De la douceur à l'état pur. Elle est ma gourmandise et je la croque d'amour. Elle est en complète adoration devant son père. Lorsqu'il passe le pas de la porte, elle s'écrie « paaaaapaaaaa» si fort que mes tympans se percent! Dans ces moments là, c'est comme si un spasme d'affection lui parcourait le corps tout entier!
Lorsqu'elle fait une bêtise du style écrire par inadvertance sur le divan crème, elle s'exclame d'une toute petite voix fautive « padon maman, padon » dès que je commence à la gronder et je dois rassembler toutes mes forces pour rester ferme.
M’zelle Soleil assise sur sa chaise attend que je finisse de préparer sa soupe. Elle blablate, toute occupée à ma tache je suis distraite et ne l’écoute que d’une oreille. Je passe devant elle qui m’interpelle :
- Lily pleure maman! Ouoin ouin. Lily pleure…
- Lily pleure? Ben pourquoi?
- Ben… heu… capice…
N’importe quoi sous le soleil, je rigole et elle se marre avec moi. C’est une petite coquine peu capricieuse qui adore faire la comique. Dans les deux minutes qui suivent elle m’observe et me dit:
- Ze t’aime maman…
Comment est-ce que mon cœur pourrait résister??? La relation qui nous lie est d’une intensité telle que j’en perçois la profondeur sans être en mesure d’en voir le fond. J’aime tant cette complicité qui nous unit. Lorsqu’elle se colle contre mon corps, je peux encore ressentir ce temps où elle était sous ma peau. Née de mon ventre, elle remplit ma vie de sa lumière enfantine. Depuis quelques jours, dès que je ne lui porte pas attention, elle vient me voir et me demande :
- Kétefait kétefait maman?
C’est la nouvelle ritournelle de la semaine « Kétefait » accompagné de plus en plus souvent d’un « poukrooiii ou pooouuuproi » qui me déroute un peu. Je me lance dans les explications de ce que je fais, ça c’est facile mais les pourquoi sont souvent plus complexes! Je ne pensais pas que les « pourquoi » arriveraient si tôt. Nos premières conversations prennent forme. Je ne monologue plus. Elle atteint une maîtrise de langage et de compréhension qui nous met de plus en plus souvent bouche bée. Il me semble qu’elle grandit à la vitesse de la lumière. J’ai peur de cligner des yeux et me retrouver avec une femme devant moi! C’est donc vrai que plus l’on vieillit, plus le temps nous file entre les doigts!?! Serait-ce pour cela qu’il est si important d’accrocher (d'apprécier) le présent?
M’zelle Soleil est très bavarde (non, non, non, elle ne tient pas du tout cela de sa mère!!!), elle cause, elle cause et elle cause encore! Même sa gardienne n'en revient pas de l'énergie de ma petite pipelette. Dieu qu'il m'est difficile de me détacher d'elle! J'étire ce cocon qui la protège, la maman poule boude.
Très observatrice, elle ne rate pas une miette des heures qui la voient grandir. Elle absorbe, elle digère, elle régurgite toutes ces informations diverses qu'elle assimile jour après jour...
Je peux la regarder de longues minutes sans me rendre compte une seconde du temps qui file. Elle m'ensoleille l'hiver. Elle ne s'arrête pas souvent de bouger, elle saute, elle coure, elle papote, elle se fend la poire...
Toujours de bonne humeur, elle enjolive notre quotidien bien plus qu’elle ne le complique. Elle me demande :
- C’est qui a donné le coyier à maman?
- C’est papa pour mon anniversaire.
- Ah oui. C’est paré, réparé le coyier maman?
- Oui, c’est Vanessa qui a réparé le collier alors je ne veux plus que tu y fasses de nœuds!!!
Assise sur le divan elle me fait une place et tapote l’espace vide en m’appelant :
- Yiens Maman, yiens…
Je m’assois à ses cotés. S’en suit une séance de lecture enrobée d'attentions partagées. Elle lâche son livre. Elle grimpe sur mes genoux. Elle pointe le doigt sur ma poitrine et demande :
- C’est qui?
Avant que je n’ouvre la bouche elle répond :
- C’est mamie Zuzanne!
Puis elle pouffe de rire tandis que je mime un air déconcerté. Je lui demande en posant le doigt sur son épaule :
- C’est qui ça?
Elle me répond du tac au tac :
- C’est Lily-Lune!
Elle éclate de rire. Son rire est comme un rayon de clarté qui m’illumine de l’intérieur. Je ris avec elle de bon cœur. Je la chatouille jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. S’appeler Lily-Lune est l’un de ses trucs qu’elle a découvert toute seule, l’un de ses trucs de charme qui nous fait craquer à chaque fois. Elle me dit « c’est grôle » lorsque quelque chose l’amuse et « c’est kool » lorsque quelque chose lui plait. Elle me chante toutes sortes de chansons qu'elle connait par cœur. Elle fait jaillir en mon être des trésors de tendresse. De la douceur à l'état pur. Elle est ma gourmandise et je la croque d'amour. Elle est en complète adoration devant son père. Lorsqu'il passe le pas de la porte, elle s'écrie « paaaaapaaaaa» si fort que mes tympans se percent! Dans ces moments là, c'est comme si un spasme d'affection lui parcourait le corps tout entier!
Lorsqu'elle fait une bêtise du style écrire par inadvertance sur le divan crème, elle s'exclame d'une toute petite voix fautive « padon maman, padon » dès que je commence à la gronder et je dois rassembler toutes mes forces pour rester ferme.
M’zelle Soleil assise sur sa chaise attend que je finisse de préparer sa soupe. Elle blablate, toute occupée à ma tache je suis distraite et ne l’écoute que d’une oreille. Je passe devant elle qui m’interpelle :
- Lily pleure maman! Ouoin ouin. Lily pleure…
- Lily pleure? Ben pourquoi?
- Ben… heu… capice…
N’importe quoi sous le soleil, je rigole et elle se marre avec moi. C’est une petite coquine peu capricieuse qui adore faire la comique. Dans les deux minutes qui suivent elle m’observe et me dit:
- Ze t’aime maman…
Comment est-ce que mon cœur pourrait résister??? La relation qui nous lie est d’une intensité telle que j’en perçois la profondeur sans être en mesure d’en voir le fond. J’aime tant cette complicité qui nous unit. Lorsqu’elle se colle contre mon corps, je peux encore ressentir ce temps où elle était sous ma peau. Née de mon ventre, elle remplit ma vie de sa lumière enfantine. Depuis quelques jours, dès que je ne lui porte pas attention, elle vient me voir et me demande :
- Kétefait kétefait maman?
C’est la nouvelle ritournelle de la semaine « Kétefait » accompagné de plus en plus souvent d’un « poukrooiii ou pooouuuproi » qui me déroute un peu. Je me lance dans les explications de ce que je fais, ça c’est facile mais les pourquoi sont souvent plus complexes! Je ne pensais pas que les « pourquoi » arriveraient si tôt. Nos premières conversations prennent forme. Je ne monologue plus. Elle atteint une maîtrise de langage et de compréhension qui nous met de plus en plus souvent bouche bée. Il me semble qu’elle grandit à la vitesse de la lumière. J’ai peur de cligner des yeux et me retrouver avec une femme devant moi! C’est donc vrai que plus l’on vieillit, plus le temps nous file entre les doigts!?! Serait-ce pour cela qu’il est si important d’accrocher (d'apprécier) le présent?