En mutation
Ma "mamamitude" me permet de me distancer de la machine, que j’avais si bien apprivoisée, comme je n’aurai pu l’imaginer. Je me déconnecte les idées. En prenant du recul, je macère sur le fait que l’ordinateur est désormais bien incrusté en nos vies quotidiennes. Je repense à mes vingt ans, à cette époque passée, libre de technologies virtuelles. Je remarque que de plus en plus de gens sont branchés à la machine. Je me rebelle. Plutôt que d’écrire un courriel, je prends mon téléphone et je passe un coup de fil.
Je réalise à quel point, depuis quelques années, je n’utilise plus le téléphone, l’ordinateur est devenu l’élément de communication central, c’est un vortex puissant. En reprenant contact avec la voix de l’autre, je retrouve une certaine chaleur humaine qui fait du bien à mon moral enterré dans le banc de neige devant ma porte. Du coup, je passe une série de téléphone plutôt que de me « ploguer » sur l’écran pour échanger virtuellement. L’hiver m’enserre de sa couverture glacée. Ma tanière est confortable, j’y suis bien tranquille. Je me réfugie sous mes draps. Je sens mes envies d’ermite remonter à la surface de ma couette. Je travaille à mes peines. Je travaille à ma pomme. Je travaille à des concoctions d’écriture que je laisse mijoter à petit feu.
J’hiberne à plein régime. Je développe cette petite allergie informatique qui m'étonne. Plus j’hiberne et plus la machine s’éloigne de mes jours. Je laisse faire la nature. Je me concentre sur ma petite puce de maison qui me fait tourner le cœur. Je m’enrobe de mes solitudes. Je jette un œil par mes fenêtres de givre, j'y vois de la lumière.
Enterrée dans mon banc de neige je mue en silence. L’homme en prend conscience, il m’en fait part, j’acquiesce entre deux grimaces. Il m’entoure de son amour. Il transforme mes grimaces en sourires. L’on se love en un doux cocon tissé d’attentions. Je me libère de mes toxines en m’entraînant le corps avec diligence. Mes muscles, de plus en plus durs, sculptent ma chair. Je souffre de devenir belle. Il me le chuchote à l’oreille. Je me décomplexe. Je fais monter les désirs de l’homme qui remarque un petit air de printemps dans un rayon de soleil. Je lève la tête vers le ciel. Je crois bien qu’il a raison. Mon hibernation devrait bientôt tirer à sa fin. Déjà le banc de neige s’amincit subtilement, il s’érode sous les promesses d’une nouvelle saison. Une nouvelle saison qui fera fondre le banc de neige où je me réside…
"La peau d'un lézard est constituée, comme chez les mammifères, d'un derme et d'un épiderme. Cependant, la peau des reptiles ne se régénère pas continuellement comme celle des mammifères. Le lézard mue pour restaurer sa peau et pour grandir, car il ne peut grandir dans une peau qui devient trop petite. La mue commence souvent par le corps et finit par la tête ou la queue. Il ne faut jamais tirer sur les lambeaux de peau pour accélérer la mue, car cela peut entraîner des lésions au lézard. L'idéal est de laisser la nature faire. (source)"
Vraiment hot la photo en peau de lézard!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le lien entre le texte et la dernière photo - magnifique d'ailleurs!
RépondreSupprimerMerci Samantdi et Yano! :) Une belle pensée je vous souffle entre deux flocons! ;)
RépondreSupprimerC'est vrai qu'en concoctant ce texte, cette image de glace fendillée attrapée à l'hotel de glace est venue se coller à mes mots. Je ne pouvais résister à les mélanger en une même soupe...