jeudi, novembre 29, 2007

Ciel de neige

Hommage video

Ciel de neige, heure de sieste. Que faire durant ces 80 minutes de pause maternelle?

Répondre à quelques courriels, penser à quelques phrases pour mieux accrocher les idées qui s'enfuient, prendre des nouvelles du monde réel ou virtuel, réfléchir deux minutes, regarder les secondes passer dans le calme et le silence, écouter les grognements de mon génie de ménage? Un peu de tout cela et quelques autres petites choses...

Prendre son pouls musical en apprenant une triste nouvelle qui fait frémir les invisibles filaments de mes racines enfouies quelque part entre ici et là-bas. Touchée. Se remémorer des souvenirs lointains enrobés de ses impérissables mélodies. Des paillettes de souvenirs d'un concert presque oublié, au défunt Spectrum de Montréal au début des années 90, jaillissent en mes pensées. Le duo des Rita Mitsouko est mort avec lui, c'est une autre de ces pages qui se tournent dans la mémoire collective de notre culture francophone. Bouffées mentales empreintes de respect. Un soupçon de tristesse se glisse entre deux flocons et quelques notes...

mercredi, novembre 28, 2007

Sous un soleil gelé

Sous un soleil gelé, une maman, un rayon de fillette et une saveur de canneberges fraiches...

Le soleil est revenu. Il brille dans le ciel et chauffe mes fenêtres pas très nettes. -20 dans le vent. La petite revient de deux jours chez sa gardienne avec un œil qui pique et le nez qui coule. La mère frileuse hiverne sous le soleil de givre. Même si la lumière est superbe, limpide, presque invitante, aucune sortie bambine n’est prévue au programme du jour…

À ma grande surprise, j’ai concocté hier soir de délicieux muffins amandes et canneberges. C’est l’exception qui fait ma règle. Inspirée par cette recette dénichée sur la Toile à laquelle j’ai ajouté de la farine de blé, du lait et de la poudre d’amande en plus de trafiquer les quantités proposées. De délicieux muffins qui vont me faire suer quinze minutes de plus sur le maudit tapis ce soir…

De grand matin, l’homme répare ma télé de salon en lui ouvrant le ventre sur la table de la cuisine. L’enfant observe et assiste avec attention au déroulement de l’opération. Réparer les trucs avec papa est l’une de ses activités favorites. Juan tritouille les fils, souffle la poussière, remonte le tout et pouf, la télé repart pour un tour! Il serait temps que mes appareils ménages arrêtent de faire des caprices! L'homme part au bureau. M'zelle Soleil, bien calée sur ma hanche, regarde partir son père en lui faisant bye de la main. Elle et moi commençons tendrement notre journée ensoleillée.

Shni apparaît durant quelques minutes pour me dédicacer l’un de ses étranges sourires de minuscule créature imaginaire. Le petit génie respire le bien-être de ma maison en ordre, il voudrait bien m'en parler mais je l’ignore savamment . Il m’énerve. M’zelle Soleil me dit :

- Maman, veux zoue peinture…

Voilà une activité tout à fait appropriée! Je l’installe et là voilà partie pour une petite heure de plaisir devant les yeux enchantés d'une maman comblée...

Lily-Soleil aime peinturerCreation enfantine

mardi, novembre 27, 2007

douche écossaise

...

Depuis que la neige est arrivée le 22 novembre dernier, un seul magnifique jour ensoleillé pour ensorceler le paysage, et puis la neige, la neige, la neige...

En mes fantasmes enfouis sous une montagne de substance givrée et d'état immatériel, je songe à passer février ici ou au pire.. là... dans mes fantasmes les mieux enfouis, il n'y a pas de sexe débridé mais des luxueuses envies de douce Provence ou de palmiers sur eaux turquoises. Après réflexions, ce sont quand même des endroits parfaits où faire l'amour. Passions et songes kaléidoscopiques. Le ciel d'ivoire prend une pause de poudre moelleuse et crachote une bruine humide qui dégouline. Yerk! La nuit sera de givre. Il fait bon rêver.

Shni, mon petit génie de ménage, vient kidnapper mes songes éveillés. Garnement! Je manque de l'agripper au passage. Il met le doigt sur le miracle de ma journée: ma sécheuse est repartie pour des tours de linges propres sans me prendre un seul sou que je n'ai pas! Y'a plus qu'à s'activer! Enfin minuscule miracle puisqu'il suffisait de vérifier un fusible capricieux! Sourires niaiseux. Y'a des jours comme ça! Une envie nocturne me titille les oreilles. Coté maison, la télé du salon fait des siennes en retour de pendule. Le quotidien et ses petits riens qui nous entournent l'humanité. Du pain sur ma planche d'écriture, j'en grignote un morceau sec. En attendant le soleil, je vais continuer de fantasmer en silence, à moins que je ne me mette à la méditation bouddhiste...

La méditation pour calmer mes angoisses de 2012 qui font rire mon homme. Ses rires amusés et son doux sarcasme m'allègent les idées sombres. L'humanité parfois m'angoisse, viscéralement, l'humanité m'inquiète. Lui et moi ne partageons pas les mêmes angoisses, cela aide à nos équilibres. Lui et moi. Nous. L'on s'équilibre sur une base régulière, l'on s'aime depuis plus de sept ans et l'on s'équilibre au cours des jours qui défilent. Me rapprocher du bouddhisme pour mieux penser. Clarté. Intellect. Émotions. Maîtrise. Hier soir, j'ai été invitée à une réunion annuelle de bouddhistes pratiquants, une expérience enrichissante. Je me sens un peu bouddhiste malgré moi, c'est comme une évidence qui transperce mes traditions et ma culture de fond. Depuis mon adolescence je me penche régulièrement sur ce sujet. Je m'y penche puis je me relève et m'éloigne. Et puis j'y reviens. Dehors des flocons bien dodus virevoltent dans l'air du soir. C'est le retour de la neige moelleuse. Perdue en quelques cogitations éparses, l'expression de la semaine s'agence à mes sensations hivernales...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Une douche écossaise »

SIGNIFICATION
Un traitement très contrasté (agréable, désagréable...)

ORIGINE
À l'origine, depuis le milieu du XIXe siècle, la douche écossaise, est une douche avec alternance d'eau froide et d'eau chaude, donc avec un fort contraste entre les deux types de jets. Par extension, et depuis l'entre-deux-guerres (les mondiales du XXe siècle), elle désigne des alternances fortement contrastées d'évènements, de situations, d'actions, de paroles... des revirements de situation qui s'enchaînent.

Mais pourquoi écossaise? La littérature ne semble malheureusement rien indiquer de détaillé là-dessus. Tout au plus trouve-t-on une information, souvent répétée, comme quoi le nom serait issu d'une hydrothérapie en usage chez les Écossais, un peu comparable à un enchaînement de séances de sauna suivies de roulades dans la neige, comme cela se pratique dans certains pays nordiques.


EXEMPLE
« Pour moi qui passe mon temps à aller de l'avant à l'arrière, j'éprouve la sensation d'une douche écossaise, passant en quelques heures de zones surchauffées à des zones surcalmes. » Louis-Hubert Liautey - Paroles d'action

lundi, novembre 26, 2007

Welcome to winterland

Welcome to Winterland

Dans le temps d'une petite tempête Sieur Hiver a installé ses pénates en nos foyers. Une bonne couche de neige recouvre désormais tout le paysage. C’est la première couche d’un long hiver qui nous ensevelira, mois après mois, comme il se doit.

Les vents dispersent la neige qui scintille selon les lumières. Les rives du lac commencent à geler. Noël dans un mois. Les lumières de la fête à venir éclairent de plus en plus de perrons et les personnages gonflés d'air commencent à décorer les blanches pelouses. Nos voisins ont illuminé l'énorme sapin qui orne leur pelouse engloutie par l'hiver. Nous avons allumé le nôtre...

Le truc local c’est de ne jamais enlevé les lumières de son sapin. Une fois posée, la guirlande s’intègre au sapin qui pousse avec le temps. Les lumières se fondent avec l'arbre au fil des années. Lorsque vient le moment de s'en préoccuper, il ne suffit plus que de le "ploguer" pour lui redonner couleurs et vie. Puis, lorsque le sapin est devenu trop gros pour la guirlande en place, il suffit alors d’en ajouter une nouvelle pour améliorer l'apparence recherchée.

Le voisin très malin les pose même en été « parce-que c’est plus confortable, y fais plus chaud pis t'y vois ben mieux! » nous explique-t-il d'un air convaincu lorsqu'on l'aperçoit manipuler ses guirlandes de Noël en plein mois de juillet.

En ce qui nous concerne, c’est une deuxième année d'existence pour nos lumières multicolores. Il est vrai que l’on fait un peu pitié à coté des voisins qui viennent d'enrubanner leur porche de centaines de grelots lumineux en plus d'arborer un magnifique arbre en fête. Il nous faudrait au moins une autre guirlande pour espérer rivaliser avec eux autres. M'enfin il faut quand même avouer que l'on a un peu l'habitude de faire pitié en comparaison à leur "perfectitude" d'extérieur! Ceci ne nous empêche pas de sympathiser sur une base régulière avec cette jeune famille qui vit si prés de la nôtre.

My creation

M'zelle Soleil découvre l'existence du « Papa Nowel », elle a bien assimilé le concept des cadeaux. Elle semble bien absorber tout le principe puisqu'elle commence à l'appliquer à toutes sortes de sauces. Elle adore le concept des chansons. Je sens qu'on a pas fini d'en manger! Juan soupire en se résignant. La petite puce de maison a aussi très bien assimilé l’idée du sapin de Noël, ce qui ne fut pas trop difficile...

Dimanche, j’ai installé notre sapin artificiel au salon. La vision du « pinpin de Nowel co deyor (le sapin de noël comme celui dehors) » l’a assez enchantée pour qu’elle s’excite juste un petit peu avant d'aller se coucher! Complètement transportée par ses fééries enfantines, l'enfant a eu du mal à calmer sa joie devant la vision colorée du sapin intérieur. Cette enfant est du pur bonheur pour mon cœur.

Elle n’est quand même pas trop rassurée lorsqu’elle croise un Père Noël en personne, et comme le bonhomme commence à sérieusement sortir de sa tanière, nous le rencontrons de diverses manières! Vendredi dernier, nous emmenons M'zelle Soleil en ce gigantesque centre d’achat où règne un royaume de manèges intérieurs, après trois tours de train-train des plus enfantins, nous retrouvons la maison du Père Noël au coeur de ce temple de consommations. Il y a une file d’enfants et de parents à l’entrée de sa porte. Le Père Noël, débonnaire, est fidèle à son poste.

Une enfant pleure sur ses genoux. M’zelle Soleil s’écrie « Pleure fille maman, é pleure fille! ». Je lui explique qu’il ne faut pas avoir peur du vieux bonhomme et tout le tralala de circonstance. Nous nous mettons de coté pour observer les enfants défiler. Une petite fille d’environ cinq ans s’assoit sur les genoux du monsieur à barbe blanche, aux anges, elle chantonne avec lui, M’zelle Soleil l’observe les yeux tous ronds. Chaque enfant reçoit un cadeau avant de prendre le chemin de la sortie. Je demande à mon brin de fillette :

- Tu veux qu’on aille voir le Père-Noël?

Elle s’exclame sans une seule hésitation de ce petit ton si charmant qui me fait craquer.

- Oh non, maman!

Vu que je ne vois pas le but de la brusquer sur ce point (de toutes façons ce n'est pas dans mes habitudes de la brusquer), nous nous contentons de regarder encore quelques minutes les enfants et l’étrange monsieur en habit rouge. Le lendemain nous en rencontrons un autre à l’entrée de la pharmacie. Celui-ci est fait de plastique, de taille humaine, il se dandine et chante dès que l’on s’en approche. Il hypnotise mon petit bout de fille qui s’y intéresse de près. Durant une dizaine de minutes nous jouons avec le Père-Noël de pacotille. Je vois les vendeuses sourire en nous regardant derrière la vitre.

L’homme organise une sortie piscine pour dimanche soir. Nous y retrouvons ma nageuse de sœur. L’enfant est en adoration devant son ado de tante. Elle est si heureuse de cette sortie qu’elle nous irradie de son bonheur bambin. Nous fondons tous sous ses charmes. Nous sommes devenus des parents dévoués. Je constate en mon for intérieur qu’il n’y a encore pas si longtemps, j’organisais mes sorties de fin de semaine d’une toute autre façon! M’zelle Soleil a transformé nos vies. Juan pense même qu’elle a bouleversé la sienne, d’une bonne façon m’explique-t-il en détails au creux de notre intimité, mais bouleversements, c'est certain, il y a bien eu…

Dimanche en fin d’après midi, je pars rejoindre Miss Dee avec l’enfant pour passer une toute petite heure en compagnie de Ponyta. La dernière portion de route pour se rendre au centre équestre est bien enneigée. Durant le trajet, M’zelle Soleil chante du Adrienne Pauly de concert avec ma pomme. L'on arrive avant la Miss que l'on attend quelques instants. La jument est plus nerveuse que les autres fois. Les vents qui soufflent et sifflent l’effraient. Elle sent cet hiver qui prend possession de nos vies. M’zelle Soleil monte avec toujours ce même sourire divin qui la rend angélique. Toute petite chose sur ce cheval qui paraît immense à coté d’elle, je réprime les battements de mon coeur. Je suis d’une extrême vigilance. Je bataille mes craintes pour son bonheur. Cette enfant m’éblouit l'esprit de milliers d’étincelles amoureuses. Je ne peux que la chérir, tendrement, pour elle, je ne désire que le meilleur.

En relative harmonie nous poursuivons le cours de nos vies. J'aime ces moments passés avec lui, avec elle, ces moments passés ensemble qui nous lient de l'intérieur et qui forment les liens du sang de notre enfant. Loin des dépendances virtuelles, je prends le temps d'apprécier tous ces petits instants de bien-être familial, ces petits moments qui font de certaines fins de semaines des bijoux de souvenirs…

jeudi, novembre 22, 2007

November snow

Déroulement d'un jour de neige...

Mon petit diaporama bien sympa ne semble pas toujours bien s'entendre avec les anciennes version d'Explorer, (la mienne comprise enfin moi je m'en fous un peu vu que j'utilise Mozilla!) Mais bon, comme le bogue est tenace, je relègue aux archives ce petit diaporama et le remplace par cette image...

Snow-texture

Lalala's land

Lalala's land

Il neige à gros flocons en ce jour de petite tempête. L’atmosphère moelleuse m’enrobe de calme. La température est douce. J’étouffe cette sensation maternelle qui me trouble alors que je me détache le temps d’envoyer l’enfant chez sa Mère-Grand. M’zelle Soleil y retrouve sa tantine adorée qui n’a pas d’école aujourd’hui. Elle va se faire choyer toute la journée. J'étouffe cette désagréable sensation qui me noue les émotions maternelles. J'avale mon trouble. Le ciel gris crache sa poudre hivernale. Seule dans ma maison de galets je regarde tomber cette neige qui colle aux arbres de la forêt. Les branches plient sous le poids de ces blanches précipitations. Tout n'est que silence.

Pas à pas, je reprends le travail. Je pars à la recherche de ces routines rouillées qui sont nécessaires à ma remise en marche. J’arrache les herbes folles. J’essaie de défricher ce chemin qui me mènera là où je dois me rendre. Et pendant que je me désherbe l’intellectuel, l’humeur du jour de ce petit bout de toile se décline en ces images qui m'émeuvent (je pense à ma chère Mère-Grand disparue de mon présent, à ma chère Mère-Grand qui me manque tant) et que je partage au bout de ces quelques mots offerts…


JOSIE'S LALALAND
Directed by EB Hu based in London.

mercredi, novembre 21, 2007

Croiser les doigts

L'expression de la semaine est des plus courantes. Plus qu'une expression de la langue, c'est aussi un geste de la main qui se répète générations après générations...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Croiser les doigts »

SIGNIFICATION
Conjurer le mauvais sort. Faire les vœux les plus ardents pour le succès d'une affaire.

ORIGINE
La croix est le principal symbole du christianisme. Alors quel meilleur signe former que celui d'une croix pour conjurer le mauvais sort, éloigner les esprits malfaisants qui grouillent et empêcher des malheurs divers de s'abattre ? Bizarrement, cette expression semble nous venir d'une simple traduction littérale de l'anglais "to cross one's fingers", introduite chez nous par des gens qui auraient trouvé cette forme beaucoup plus chic que notre trivial "toucher du bois" (qui a le défaut, il faut bien en convenir, de nécessiter d'avoir du bois à portée de main, car lorsqu'on veut vraiment éloigner les ennuis, il faut toujours joindre le geste à la parole).

Mais une autre explication, justifiant la deuxième signification, viendrait d'une ancienne coutume : lorsqu'une personne exprimait un souhait en présence d'un ami qui, comme lui, voulait voir ce vœu se réaliser, il plaçait son index sous celui de son interlocuteur pour que les deux doigts forment une croix qui symbolisait l'union parfaite, son point d'intersection servant de résidence aux forces du bien. L'ami offrait ainsi son soutien moral.

COMPLEMENTS

Ne pas confondre cette expression avec "se croiser les doigts" qui a le sens de "rester dans l'inaction, refuser d'agir, être indifférent", similaire à "se croiser les bras". On peut noter aussi qu'une personne qui croise ses doigts dans son dos lorsqu'elle fait une promesse à quelqu'un, se délie en même temps de sa promesse. Autrement dit, elle embobine l'autre en lui faisant croire des choses qu'elle sait être fausses. Il serait intéressant de surveiller le dos des politiques lorsqu'ils enchainent les promesses...

Songes éveillés

Songes éveillés

"Au fait, y’aurait pas quelqu’un dans la salle virtuelle qui aurait vu passer mon portefeuille égaré depuis plusieurs jours(car même si je ne possédais aucun sou, il me restait quand même les preuves d’une identité! Cela m'ennuie tant que j'en implore même l'aide miraculeuse de St-Antoine de Padoue), y’a pas quelqu’un qui saurait réparer une sécheuse défectueuse contre un sourire chaleureux, ou qui par le plus grand des hasards aurait une toute petite idée ou mieux encore une carte pas trop déchirée (allez soyons fou) qui révèlerait l’endroit où est caché l'existence d’un trésor oublié?"

Bon d’accord, je rêve en couleurs kaléidoscopiques. Mais il est si bon de rêver lorsque le jour est terne et glacé...

Update de fin de soirée: Je ne sais pas si c'est le pouvoir de St-Antoine de Padoue, celui des rêves en kaléidoscopes ou si c'est tout simplement l'amour de mon homme devant ma détresse (c'est surement un tout) mais ce soir, alors que je rentrai exténuée d'une autre séance de torture (le combat se poursuit sans merci, la volonté a une fois de plus vaincu la faiblesse de la chair), Juan brandit devant moi mon portefeuille poussiéreux qu'il a retrouvé en farfouillant dans les coins durant mon absence! Bon, ben, il ne manque plus que la sécheuse recommence à sécher rapidement et que je trouve quelques contrats lucratifs dans les mois à venir...

Qui vivra verra...

Qui vivra verra...

Il est inutile de se compliquer la vie puisque la vie en soi est déjà bien compliquée comme cela. La vie se charge de nous faire trébucher, de nous aider à nous relever, de nous enseigner toutes ces choses qui font partie de notre humanité.

Parfois j’ai des petites phrases de rien du tout qui tournent en rond dans ma tête. Durant des jours, ces petites phrases jouent au ping-pong dans mes idées. Elles hantent mes pensées avant de finalement s’incorporer à mon esprit pour ne plus en bouger. Durant ce mois de novembre une petite phrase n’a pas arrêté de m’accompagner les heures grinçantes. Elle me chuchotait au creux de la cervelle : « La vie est une coquine qui sans cesse dépose des obstacles sur nos chemins afin de tester nos persévérances.» Cette petite phrase de rien du tout m’est apparue comme par magie entre deux spleens existentiels et n'a plus voulu se déloger de ma tête! Désespérer ou persévérer. Dans ces moments de quotidien qui font ressortir les ombres de la vie, devant les adversités qui se posent régulièrement sur nos chemins, mieux vaut persévérer que désespérer si l’on ne veut pas tomber le nez dans sa propre bouillasse!

Au milieu des spleens de novembre, cette petite phrase qui se promène dans ma tête m'insuffle une force abstraite que j'inspire pour mieux respirer. En ces tourments de saisons, elle est le fil qui retient ces espoirs que j’accroche pour mieux combattre les nombreuses difficultés de la vie. Je ne veux pas croire que la vie est une salope, je veux plutôt croire que c’est une coquine. Je veux aussi croire que la vie est aussi douce et gentille, qu’elle reconnaît les fruits de nos persévérances et qu’elle peut même nous récompenser de nos efforts. La clé est certainement la patience, mais c'est le coeur d'une autre phrase qui macère quelque part...

mardi, novembre 20, 2007

Poudre d'hiver...

Poudre d'hiver...

Depuis ce matin la neige tombe sans interruption. De temps à autres de gros flocons épaississent la poudre laiteuse qui s’échappe de la grisaille du ciel. Peu à peu le sol se recouvre d’hiver. Pas le moindre souffle de vent. Tout est calme, reposé, figé. Les sapins s’habillent de cette unique couleur hivernale. Ils appellent Noël sans émettre un seul son. Le silence qui accompagne cette atmosphère cotonneuse est serein. La texture des heures est onctueuse. Je me détends. Rien ne bouge. Le temps se suspend à la blanche saveur du jour.

Cette première bordée de neige me déconcentre. Les heures solitaires me glissent entre les doigts. Shni, le génie du ménage est d'humeur maussade. Je l'ignore. Je « scrabulle » sur Facebook qui m’attrape les minutes en son filet virtuel. Quelle idée aussi que de jouer au scrabble sur la Toile! Facebook qui fait couler bien de l’encre, qui bouleverse certains univers de blogosphère, Facebook si amusant mais qui rend méfiants bien des gens. Facebook qui me fait un peu penser à une cours de lycée. D’ailleurs j’ai vu se reformer là-bas toutes les petites « gangs » du passé. Étranges impressions d'humanité.

À l'extérieur, la neige étouffe les moindres bruits. Elle n’en finit plus de blanchir mon monde prêt à hiberner. Je regarde par ma fenêtre ce nouveau paysage. J'ai de la poudre d'hiver plein les yeux. J’éteins les nouvelles fades qui sévissent à la télé. Je laisse le silence m’envahir. De l'intérieur, je pars à la recherche de mes concentrations dispersées…

lundi, novembre 19, 2007

L'hiver est en chemin

...

Un maison ancestrale qui respire l'histoire des ancêtres de ce pays aux multiples contrastes. Une petite maison perdue au fin fond de nulle part, là où règne le silence et la sainte paix...

Petite-maison

M’zelle Soleil et les chevaux

M’zelle Soleil et les chevaux

Peut-on nourrir une passion dans l’œuf? Doit-on nourrir les passions dans l’œuf? Quel est le pouvoir d’une passion? Comment reconnaître la passion qui s’éveille?

Je crois que les enfants ouvrent les perspectives des parents et peuvent ainsi les transporter en des dimensions vers lesquels ils n’auraient pu se diriger seuls. Mon amie Dee est une passionnée de chevaux, depuis des années que je la connais, j’effleure régulièrement cette passion qui la fait vibrer si profondément. Je n’ai pas la passion des chevaux. Elle et moi nous retrouvons régulièrement autour de la passion des mots mais rarement autour des chevaux. Ceci était vrai avant l’arrivée de Lily dans nos vies. Je me souviens de la fois où je lui ai appris que j’étais enceinte. Nous étions au cœur du quartier général d’Impact Campus. Cela grouillait autour de nous. Je me souviens de l’expression sur son visage, entre surprise, joie et je ne sais quoi d’autre. Je me souviens que sa réaction m’avait fait réalisé bien concrètement toute la portée de ma nouvelle fraîche. Miss Dee a été la première de mon entourage à voir ma fille. M’Zelle Soleil avait à peine quelques heures de vie la première fois qu’elles se sont rencontrées. C’est d'ailleurs Miss Dee qui a annoncé la naissance de l’enfant en ces eaux virtuelles…

Miss Dee est un tourbillon urbain qui balade son train de vie effréné entre Québec et Montréal. Mais c'est aussi une amoureuse des chevaux. Il y a quelques mois, elle me proposa une sortie à l’écurie avec Lily. Par hasard ou par destinée, elle s’occupait dans le moment d’une jument pas trop loin de chez nous. Nous arrangeons donc une sortie bambine. Je ne m’attends pas à grand chose si ce n’est à divertir ma fille en lui présentant des animaux qu’elle n’a pas l’habitude de côtoyer. Mais là, dès les premières minutes, il se passe l’une de ses irrésistibles magies enfantines. Non seulement M’zelle Soleil n’a aucune peur mais le courant passe si bien avec Miss Dee que je me sens presque tenir la chandelle! Je les regarde brosser la douce jument. Je me plonge dans le regard de cette jument qui déprime. Si je n’ai pas d’attirance particulière pour les chevaux, j’apprécie cependant cette intelligence qui se dégage de leur regard vitreux. L’enfant court après Miss Dee comme un petit chien aux anges. Leur bonheur au contact de l’animal est palpable, il me touche. La petite demande à s’asseoir sur le cheval. Nous la posons sur le dos de Ponyta et là, quelque magie se passe encore, une magie qui irradie le visage de mon enfant. Est-ce la lumière de la passion que je vois briller en ces yeux innocents?

Au fil des mois qui suivent, nous nous arrangeons avec Miss Dee pour lui offrir la possibilité de mieux connaître les chevaux, M'zelle Soleil en demande toujours plus. Elle me parle de chevaux tout au long de la semaine, elle les appelle les « tschikitikitis »,. Elle m’explique comment elle veut s’asseoir dessus. Elle me demande où est Miss Dee?

- Maman, Tskitikiti? Assis tsikititkiti maman? Yé où Dee maman? Tshikitikiti!

Petit à petit, je sens que je m’ouvre à cet univers que j’ai connu petite mais qui ne m’a jamais passionné. Miss Dee et M’zelle Soleil se retrouvent dans cette adoration de l’animal, cela m’émeut. Miss Dee aperçoit elle aussi les étincelles de passion dans les yeux de ma fille. Elle m’aide à nourrir ces flammes que je ne peux étouffer. Ma conscience maternelle me pousse à bien observer ce petit être que j'ai pondu. Je veux comprendre qui elle est. Je suis attentive à ses besoins et à ses goûts qui se dessinent au fur et à mesure qu'elle grandit. Il y a quelques semaines de cela, nous nous rendons un vendredi soir à l’écurie. Il est tard, la petite fatigue mais ne se plaint pas trop tant elle veut monter sur le cheval. Elle prend son mal en patience le temps qu’arrive son tour. Finalement là voilà bien posée sur sa selle. En complète harmonie avec l’animal qui la porte, le petit bout de chou rayonne de plaisir et de fierté conjuguée. Elle s’exclame à chaque fois qu’elle croise un visage sur son passage : « C’est Lily assis, Lily assis! ». Le visage lui sourit. L'on fait des tours de manège. L’enfant sérieuse ne veut plus descendre de son pied d’estale. La passion qui la parcoure est palpable. Elle me trouble. La nuit qui suit, ses rêves la réveillent, lorsque son père la prend dans ses bras, elle murmure d'une voix embuée de sommeil: « Encore Lily assis. encore assis! »

Ce petit bout de nous m'impressionne et m'hallucine à la fois. C'est une petite fille emplie d'une intensité débordante. Cela promet! J’en parle à son père qui ne comprend pas bien mes impressions mais qui remarque l’intérêt de l’enfant pour cet univers qui nous est étranger. Pendant ce temps Miss Dee continue de nourrir sa propre passion et coure les chevaux comme elle coure les villes (sauf que les chevaux l’emportent en des sentiers qui l’éloignent de la ville). Je lui suis reconnaissante de ce qu'elle partage avec ma fille. C'est une amie qui pénètre profondément mon coeur. Dimanche, nous la retrouvons au fin fond de nulle part, là où le silence règne en maître. Nous la retrouvons en une autre saison, au lendemain d’une bonne tempête de neige.

My creation

Alors que nous quittons Montmagny, en quelques kilomètres à peine, l’on se retrouve bientôt au milieu d'un royaume d’hiver. La route se fait plus traitresse. Les arbres ploient sous le poids de la neige, tout est blanc, immaculé. Le ciel grisonnant semble vouloir se dissoudre sous les rayons d'un soleil que l'on pressent derrière les nuages. C'est une expédition familiale. Au bout d’un long chemin, nous découvrons enfin la toute petite maison. Enterrée au fin fond de nulle part, Miss Dee s’occupe (quelques jours par semaine) de la dizaine de chevaux qui vivent en cet endroit. La propriétaire du lieu est en stage au Portugal. Notre amie prend le relais de ce petit monde durant quelques fins de semaines. Ainsi Miss Dee vogue sur l'océan de sa passion.

Nous la retrouvons en cette petite maison ancestrale qui a vu passer les siècles et qui exhale des rumeurs du passé. Un passé qui s'accroche au présent et embaume tout l'intérieur comme son antique poêle à bois qui nous protége du froid. Clara et avec elle cette fin de semaine. Voilà longtemps que nous ne l’avions pas vu. Clara poursuit son doctorat de philo avec une thèse sur la pornographie qui donne toujours lieu à d’étonnantes discussions. J'oublie les fossés des quotidiens qui nous séparent. Nous passons une belle journée en leur compagnie. M'zelle Soleil est en pleine forme. Les antibiotiques font leur travail. La maladie s'estompe. Dehors les nuages se dispersent et la lumière devient éblouissante. L’endroit est superbe de nature sauvage. La paix qui y règne est somptueuse.

Nous passons quelques heures avec Fée, une superbe jument aux voluptueux poils sombres. L’homme est pour la première fois en contact avec des chevaux et avec les étincelles qui pétillent dans les yeux de sa fille. Il se rend tout comme moi à l’évidence. Il se passe ici quelque chose d’étrange. L’enfant exprime un trait de sa personnalité propre. M’zelle Soleil semble si bien dans cet environnement que c’en est tout simplement craquant. Elle nous entraîne en ce sillon et nous découvrons un nouvel univers. Elle ouvre nos horizons et nous les savourons avec elle…

Elle sait maintenant dire cheval : « shval » et presque chevaux « vovau » mais elle continue à associer l’activité à « tschikitikiti ». Elle dit trot et galop. Elle a l’air d’avoir bien envie d’essayer le galot! J'en frissone rien qu'à y penser. Serait-il possible que nous assistions en direct à la naissance d’une passion? L’avenir nous le dira, après tout peut-être s’en lassera-t-elle aussi vite qu’elle y a accroché. Mais si ce n’est pas le cas, il sera alors de notre devoir parental de l’encourager à explorer cette direction. Même si cela me fait un peu peur…

Un dimanche à la campagne

vendredi, novembre 16, 2007

Les beautés aquatiques d'Alberich

Les beautés aquatiques d'Alberich

J’aime la nudité sans vulgarité. D’une façon générale la vulgarité m’ennuie tout autant que la pudibonderie. J’apprécie l’artistique beauté des corps dénudés. Il fut un temps où j’aimais tant me promener nue dans des coins de forêt abandonnée. Il fut un temps où je vivais à moitié nue la plupart du temps! Et quelle sensation plus douce et libératrice que de se baigner en habit d’Ève? Pour toutes ces raisons et bien d’autres, je ne peux que succomber à la vision des magnifiques créatures d’Alberich. J’avais déjà mentionné son étonnant travail de photographe par ici. Lorsque vient le temps de m’alléger les idées sombres, lorsque vient le temps de me prendre une bouffée de beauté en pleine face, c'est dans ses eaux merveilleuses que je me plonge

....sien

La semaine dernière a manqué son expression. Avant que celle-ci ne finisse, j'en choisis une de circonstance avec les spleens de novembre. Une expression qui sert la cause de nos batailles quotidiennes. Car lorsque vient le temps de ne pas se laisser abattre mieux vaut y mettre du sien...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Y mettre du sien »

SIGNIFICATION
Contribuer à / favoriser quelque chose, éventuellement en faisant des sacrifices ou des concessions.

ORIGINE
Dans son usage habituel, 'sien' est un adjectif ou un pronom possessif. Ici, c'est un nom qui, au masculin singulier, n'est plus présent que dans notre locution mais qui était utilisé depuis 1130 et désignait "son bien, sa propriété". D'ailleurs, au début du XVIe siècle, y mettre du sien voulait dire "y mettre son argent", tout comme "y être du sien" voulait dire "en être de sa poche". C'est à partir de la fin du XVIIe siècle que l'expression naît avec son sens actuel en sous-entendant systématiquement la notion de sacrifice ou de concession (en concédant quelque chose, on pouvait considérer y laisser une partie de son bien), connotation qui n'est plus obligatoire aujourd'hui.

EXEMPLE
« Et encore que chacun, comme l'on dit, "y mît du sien", cela n'allait qu'à moitié bien entre l'oncle Édouard et Bernard » André Gide - Les faux-monnayeurs

jeudi, novembre 15, 2007

Chiantises de microbes

Chiantises de microbes

Ce concept qu’il doit arriver le moment où les enfants font travailler leur système immunitaire en attrapant toutes sortes de cochonneries aux contacts des autres m’énervent. Et pour cause, si durant deux années, l’on a pris soin de notre petit bout en l’enveloppant de mille attentions, lorsque vient le temps d’étirer le cocon que l’on avait soigneusement tissé, comment ne pas trouver bien énervantes toutes ses petites attaques de microbes qui sournoisement viennent attaquer la sérénité de cette douce enfance que l'on s'évertue à protéger!

M’Zelle Soleil va depuis deux mois deux jours par semaine chez Manon. Si le service donné est irréprochable, il n’en est pas même pour les cochonneries de microbes! J’ai eu la chance d’avoir un bébé en parfaite santé, un bébé qui n’est jamais vraiment tombé malade. Deux gastros et une petite grippe en deux ans, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat! Mais voilà, deux mois de gardiennes et déjà trois bonnes grippettes! On entame le troisième mois et l’invasion microbienne va bon train. Lundi matin lorsque Juan dépose la petite chez Manon, celle-ci lui dit que son fils âgé de dix-huit mois est malade mais qu’il n’y a pas de problème pour qu'elle garde M'zelle Soleil. L’homme fait la gueule mais ne bronche pas. Il m’en parle le soir. Manon a changé son horaire de travail pour nous arranger dans cette nouvelle routine que nous essayons de trouver et il est un peu difficile de lui retirer notre fille sous le nez. Et puis, il paraît que le partage de microbes fait partie du processus de socialisation, c’est de là que naît le fameux concept de faire travailler le système immunitaire. Mardi soir l’enfant rentre palôte de sa journée…

Durant la nuit de mardi à mercredi c’est le party de la maladie qui se déclare. Je dors à peine, Juan un peu plus, mercredi matin, la petite est bien mal en point. Je pars en ville avec Juan pour la faire examiner dans l’une de ces cliniques sans rendez-vous de Québec. Passons sur les problématiques du système de santé pour être reconnaissant de son existence aussi bancale soit-elle. Nous y passons la matinée. Deux petites heures d’attente pour finalement voir la docteure la plus troublante qu’il me soit donné de rencontrer! Il émane de cette dame, plutôt jolie, fin de trentaine, une tristesse incommensurable qui vient me chercher. C’est une sensation indéfinissable, cette docteure est à l’antithèse du bonheur. Le regard mort, la peau terne, on dirait presque qu’elle en a oublié comment sourire, malgré elle, mes empathies se réveillent.

En même temps que je lui présente mon enfant bien « maganée », je scrute ses vibrations humaines. Est-elle en deuil? Vient-elle de se faire briser le cœur? Nage-t-elle en pleine dépression? Ma curiosité ausculte les multiples possibilités. Je discute de mes problèmes en essayant de discerner ceux qui se cachent dans sa tête. Elle semble même rester indifférente à M’zelle Soleil qui récoltait pourtant des sourires à la pelle dans la salle d’attente. Là, je dois dire que mon trouble s’accentue. Est-ce qu’elle n’aime pas les enfants? Je n’ai jamais vu personne résister à mon petit chérubin! Je fais mon possible pour ne pas me fermer à cette femme qui me trouble et pour rester chaleureuse et agréable. Il me semble quand même apercevoir un soupçon de sourire une fois l’examen de M’zelle Soleil terminé. Verdit : conjonctivite, petite otite et gros rhume! Tout en prescrivant un traitement d’antibiotiques pour venir à bout de la méchante cochonnerie, elle me prévient que la conjonctivite est extrêmement contagieuse et que les enfants atteints sont interdits de tout contact avec leurs pairs. Cela tombe, elle a le temps de guérir avant de retourner chez Manon! Je lui demande d'une voix encore enrouée :

- Mais, je viens de me sortir d’un laryngite, est-ce que je vais pouvoir passer à coté? J’ai touché les sécrétions de ses yeux ce matin…

Elle me fait une drôle de moue peu convaincante avant de me répondre en se lavant les mains:

- Tout ce que vous pouvez faire c’est essayer de prendre le plus de précautions possible mais c’est très contagieux, si vous en ressentez les symptômes, il faudra tout de suite consulter…

À mon tour de faire une moue peu satisfaite.

- Mais c’est quoi les symptômes?
- Irritation des yeux, sensation de picotements, trouble de la vue et puis ensuite cela commence à couler…

Son ton robotique me rappelle à cette tristesse qui emplit la pièce de sa présence. Une lourde peine semble lui transpercer l'être. Étrange doctoresse que voilà! Pas vraiment antipathique mais bien peu sympathique. Je la laisse à ses malaises. Je soupire en prenant mon petit bout de fille sous le bras. Je la remercie et quitte la clinique pour me diriger prestement vers la pharmacie. J’ai toujours trouvé les pharmaciens beaucoup plus serviables que les médecins. La pharmacienne sur qui je tombe respire la joie de vivre. Cela fait du bien! Elle me demande le nom de ma fille, s'extasie, compatit avec la maladie, elle me donne des exemples de sa propre vie pour me rassurer, elle me demande si la petite va en garderie…

- Oui depuis deux mois et on dirait qu’elle arrête pas de choper des microbes depuis!
- Oh! Ça c'est normal, cela fait travailler le système immunitaire mais c’est bon qu’ils socialisent…
- Oui, je sais mais quand même c’est super plate…
- La mienne aussi est passée par là, elle a été malade toute la première année où je l’ai mise en garderie…

Elle poursuit sur sa lancée pour m’expliquer sa façon de voir la vie. Une façon positive qui me fait sourire même si l’idée de continuer à collectionner les microbes à la chaîne ne me rassure pas vraiment. Elle écoute et répond patiemment à toutes mes questions, me conseille les meilleurs produits pour la congestion de ma fillote, me prévient aussi du haut degré de contagion de cette maladie. Paraît que le mois de novembre est le mois des microbes...

M’zelle Soleil va deux jours par semaine chez sa gardienne qui passe les trois autres jours à travailler dans une grosse garderie de Québec. Ses deux enfants l’accompagnent durant ses trois journées et ils peuvent ainsi récolter toutes les cochonneries qui passent pour les partager avec M’zelle Soleil durant les deux jours où ils sont ensemble à leur maison. Le système immunitaire de M’zelle Soleil carbure à plein régime et la mère poule que je suis caquette d'énervement dans son coin solitaire. Heureusement l’enfant paraît ne pas trop mal répondre à son début de traitement, la cochonnerie nous envahit mais tout semble sous contrôle. Si ce n’est de ce subtil picotement qui semble m’irriter l’œil. Je passe mon temps à me laver les mains et celles de ma fille que je mouche sans cesse. Je passe mon temps à soigner mon petit bout de fille qui pleurniche et... je croise les doigts en clignant de l'oeil…

mardi, novembre 13, 2007

Deux ans...

Deux "boozies" pour mon petit soleil adoré...

Souffler les "boozies"Lily-Soleil loves to celebrate

Une fin de semaine bien remplie pour célébrer la naissance de notre petit brin de fille qui rayonne et grandit...

Boucle de jours

Boucle de jours

Petit matin blanc, première couche de neige, la semaine appelle à la saison prochaine. Petit blues d’hiver qui me racle la voix qui déraille. Jeudi dernier à courir la ville mal habillée, j’ai « attrapé un chat dans la gorge de mon décolleté »! À courir dans tous les sens avec une once de style mais aucune raison il faut bien avouer que je courais à ma perte! Voyons la mère, le décolleté n’est plus de saison!!! Le problème c’est qu’entre style ou chaleur, il me fallait choisir. Vu le désert de ma garde-robe, mes choix ne pouvaient s'accorder avec la minuscule température qui sévissait ce jour là! Ma féminité refoulée hurlait à mon attention. Et depuis le temps que mon style s’échappe entre deux bouffées de « mamamitude », je ne pouvais résister à l’envie d’en attraper une vibration urbaine.

Ma fille dans la poussette, à courir en ce gigantesque centre d’achat, j’ai grogné de l’intérieur lorsqu’un inconnu a toussé si prés de ma tête que j’ai cru sentir un vent de bactéries m’effleurer la joue. Grimaces et dégoût. Pouah! Moi qui suis de plus en plus ermite en ma brousse sauvage, je me doutais bien que ces frôlements de foule n’augureraient rien de bon. J’ai gelé sur place, quelque part en basse ville, à attendre Miss Dee tout en faisant la jasette avec un jeune à la dérive. Un jeune homme qui s’est faufilé vers mon regard pour venir le chercher alors que je me concentrais sur ce parcomètre qu'il me fallait nourrir. Je lui ai finalement offert ma seule pièce de deux dollars en échange d’un courant d’humanité. Ce garçon d'origine arabe possédait un certain charme. De mes yeux perçants, j'ai farfouillé son âme perdue. Il a accepté d’ouvrir une parcelle de son être contre cette pièce que je faisais miroiter dans ma paume. Heureusement que les sourires sont gratuits! L'humanité est d'une grande complexité, si l'on pouvait la vivre sans jamais juger autrui ne vivrait-on point en un monde meilleur?

J’ai adoré les deux macarons que le seul billet bleu qui me restait dans mon portefeuille me permit de déguster en compagnie de Miss Dee. J’ai frissonné entre deux courants d’air à attraper Miss Kay sous cet abri-bus qui nous servit de point de rencontre. J’ai pesté dans le trafic de cette fin d’après-midi alors que mon ado de soeur se payait ma tête. Tout au long du jour, j’ai décidé de prendre les petits obstacles du quotidien urbain avec une humeur zen exemplaire. Calme et sérénité d’exister. J’ai eu froid toute la journée et le soir, en sortant du lancement littéraire entourée d’une petite troupe amicale, la nuit glaciale m’a enserrée les os. La peau nue de mes bras a grelotté sous le tissu trop fin de ma veste d’automne...

Le lendemain matin, je me suis levée dans un état pitoyable, la gorge pleine de papier sablé, la poitrine enserrée par un vilain virus. J’ai traîné ma petite misère toute la journée sous le regard froncé de mon petit bout de fille : « Maman, bobo à la guoge? Aille! Maman bobo?». Le samedi matin, jour de son anniversaire, ma voix s’est perdue quelque part dans l’univers. J’ai forcé ma carcasse à fonctionner entre deux bouffées de chaleur. J’ai englouti cachets et sirop. Dimanche, je me suis réveillée avec une voix d’homme, plus une seule touche d’oestrogene pour adoucir le flot de mes paroles. Ma voix s'écorche au fil des mots que j'essaie de partager. Quelques bonnes quintes de toux pour pimenter mes heures. Aille...

La fin de semaine se passe dans la célébration de l’anniversaire de notre petite merveille. Déjà deux ans, toutes sortes d'émotions et de réflexions m’inondent les pensées. Nous recevons grands-parents, tantine, parrain, etc. deux jours durant une joyeuse compagnie défile en notre maisonnée. Une enfant tellement heureuse qu’elle en pétille de joie. Des cadeaux qui envahissent mon salon qui s’encombre des besoins de cette petite enfance. Une fillette qui aime beaucoup chanter et faire la fête mais surtout un petit bout de fille qui adore souffler ses deux bougies. L’on recommence le manège une douzaine de fois, juste pour son bonheur qui nous fait tant de bien au coeur. M’zelle Soleil s’exclame avec entrain : « Encore, encore les boozzzziies! Booooozzzzzies maman! Lily soufff boozzzzziiiiees! Encore… » Deux gâteaux deux jours de suite qui lui donnent l’occasion de souffler encore et encore. La petite fille est aux anges…

Lundi matin, la pelouse est recouverte d’un manteau de givre, ma voix déraille, fait des ratés même si elle me parait un petit peu moins masculine que la veille, ma voix se dérobe. La fatigue m’emporte. Je m’écroule. J’ai les pensées qui dérivent. Je me souviens de comment j’ai frôlé la mort en lui donnant la vie. Je constate avec gratitude que je suis revenue à la vie mais que je n'ai plus guère de tolérance pour la maladie qui se joue de ma peau. Je m’égare la cervelle qui se trouble d’angoisses silencieuses. L’homme me serre contre sa peau chaude. Je m’endors le corps repu de ses assauts virils. Mardi matin, le paysage se cache sous une couche d’hiver, ma voix se fait plus agréable, elle me fait moins mal. Ma poitrine se dégage. Des rayons de soleil viennent égayer la froide matinée. La neige ne résiste point aux feux de midi. Le temps se voile entre deux percées de lumière et je persiste en cette voie qui est mienne…

vendredi, novembre 09, 2007

D'hier et d'aujourd'hui

D'hier et d'aujourd'hui

Une petite librairie indépendante quelque part dans la vieille capitale. Une quarantaine de personnes assistent au lancement du recueil d’une jeune poète. Je retrouve des visages familiers en un univers connu. Sur une tablette, une couverture rouge attire mon regard. C’est un recueil de nouvelles qui me rappelle à mes mots. Je prends le volume, je le retourne entre mes mains, je regarde mon nom inscrit tout en haut de la liste d’auteurs locaux. Je me souviens de qui je suis. M’étais-je tant oubliée dans ma maternité? En ce recueil soldé, ma dernière nouvelle publiée, celle qui fut nominée sans rien gagner. Je me rappelle à cette autre époque pas si lointaine même si de loin je reviens. Je reconnais le talent de cette jeune femme nerveuse devant le public silencieux. Je réalise combien j'ai murît durant ces deux dernières années. La jeune et jolie poète laisse couler ses mots qui m’effleurent l’âme sereine. Mes amis me sourient. Je me souviens…

jeudi, novembre 08, 2007

Musique érotique

free music


Le petit déjeuner attend sur la table. Elle choisit un style de musique particulier pour accompagner l'atmosphère de ce petit matin gelé. Elle lui dit :

- En ce moment, je suis dans une phase "erotic lounge", c’est trop bon!


Curieux, il lève la tête, son regard pétille et il lui répond d’un ton coquin:

- Est-ce que cela veut dire que je peux te faire l’amour quand tu as envie de ce genre de musique?

Elle éclate de rire. Elle le titille du regard. Il lui sourit à pleines dents. Dans le petit jour qui se lève, le soleil monte dans le ciel bleu. Ses rayons puissants font fondre le gel nocturne qui blanchit le paysage. Elle chantonne des airs sensuels entre deux bouchées. Il la regarde d'un air gourmand. Au coin de la table, l’enfant mange tranquillement sans se préoccuper de ses parents qui se regardent intensément.

mercredi, novembre 07, 2007

D’un état à un autre…

D’un état à un autre…

Lorsque je la retrouve après une journée passée chez une autre, j’ai toujours ce petit moment de plaisir intime, ce moment d’amour, cette exquise impression de la trouver si jolie, si parfaite. Pendant quelques secondes la brillance de ses yeux me transperce le cœur gonflé de sentiments puissants. Sa peau laiteuse est volupté, son odeur de lait chaud me donne envie de la croquer. Sa petite voix empreinte de la pureté des anges appelle au meilleur de moi-même. Je m’émerveille. Lorsque je la retrouve, l’émotion que je ressens est divine.

Deux jours de suite chez Manon, je sens pointer en mon cœur une pulsion de jalousie que j’étouffe. Je la vois s’attacher à la dame, Maman, Manon, même le nom porte à confusion. Je n’aime pas cette sensation. Mais c’est vrai qu’il est bon de ne pas être juste une maman, d’être à nouveau une femme entière, de redevenir une personne individuelle deux jours par semaine. Deux jours pour retracer ces chemins d’existence devenus broussailleux d’abandon. Deux jours pour apprendre à me détacher un peu de cette mamamitude qui m’avale l’être.

Durant ce temps, je n’entends pas « Maman » mille fois par heure. Je n’ai pas à servir, à ramasser, à couver. Je peux être libre de mes faits et gestes, je n’ai pas de routine enfantine à respecter. Je peux regarder passer les inspirations sans faire semblant de ne pas les percevoir. Je peux porter toute mon attention sur ces choses qui me concernent. Je peux retrouver mon individualité. C’est une sensation presque étrange. Un concept que j’avais presque oublié au cours de ces deux dernières années…

Trois jours de routines bien huilées. Durant ces trois jours ma mamamitude ronrone. Mes patiences combattent les fatigues. L'amour palpite au jour le jour. Juan part vers 8 heures. S’il fait beau l’on va faire un tour dehors entre 10 heures et midi. Je prépare le repas aux alentours de midi. Je la fais manger, je l’accompagne. Je la change, je la couche pour sa sieste. Deux heures plus tard, elle se réveille fraîche comme une rose. Le réveil est câlin. Je sais que ces moments là sont comme des bijoux qui brilleront à jamais dans les tiroirs de ma mémoire. Elle me colle et je me fonds en ces instants précieux. Mon cœur devient un marshmallow léché par des flammes de passion sanguine. Mon coeur devient un marshmallow qui bulle au coin du feu de l’Amour.

Maman est le mot le plus prisé de son vocabulaire. Il y a les « maman-questions », les « maman-affirmations », les « maman-constatations », les « maman-assistances » etc. Il n’y a pas deux phrases de suite sans un "maman" pour rythmer sa langue. Une langue qui se construit à vitesse grand V. Ce n’est plus un bébé. Elle parle et parfois j’en reste sidérée tellement cela coule de clarté. Elle parle et je commence à m’y habituer. Elle parle et j’écoute. Je m’adapte au rythme de ses apprentissages qui me remplissent d'une fierté toute maternelle. J'essaie de la comprendre en son entité pour mieux guider ses premiers pas en ce monde qui est le nôtre.

Ma routine d’hiver n’est pas encore bien mise en place. Lorsque le temps se dérobe, je traîne un peu de la patte et bien vite M’Zelle Soleil se transforme en une M’zelle Bordel de premier ordre. Je gronchonne devant les zones de combats qu’elle laisse en mes univers domestiques. J’ai en tête quelques activités hivernales à enclencher pour nous désennuyer des longs mois d’hiver à venir. Elle grandit et il est de mon devoir de la stimuler comme son intelligence le mérite. Je suis à l'écoute de ses passions qui s'éveillent. Je l'entoure de toutes mes attentions. Présentement ma discipline s’exerce dans mes routines. Je crois en ces théories qui affirment que les enfants en bas âge ont besoin de repères pour se sentir rassurés et ainsi s’épanouir sans céder aux démons capricieux qui se jouent de l’enfance.

D’après ce que me dit sa gardienne c’est une enfant modèle. L'enfant réserve ses instincts rebelles pour ses parents aimants. J’ai beau chercher la petite bête, Manon ne trouve jamais rien à redire aux comportements de ma fille. Je croise les doigts pour que cela dure. Je remarque que si routine il y a, l’enfant grandit si vite qu’il est nécessaire de régulièrement ajuster les habitudes quotidiennes. Au fil des saisons, la maman que je suis s’adapte à cet enfant qui se développe joliment. La nouvelle maman que je suis est reconnaissante de profiter d’une si belle expérience bambine. Je sens que le défi de la discipline ne sera pas de tout repos mais je compte sur un équilibre familial pour doser les pulsions rebelles de ma petite scorpionne. Je n’ai pas encore vraiment l’occasion de me fâcher ou de punir. Je suis patiente mais ferme et mes limites sont bien établies, pour l’instant la menace de me fâcher suffit à remettre l’enfant dans le droit chemin. Je me doute bien que le jour viendra où je devrais me mettre en colère pour de vrai. C’est un jour qui me fout de drôles d’angoisses, de ces angoisses maternelles qui font sourire Juan. Ainsi va la vie. L’on verra bien ce qu’il en sera l’année prochaine…

Les fillettes de la rue rentrent de l’école vers quatre heures. S’il fait beau, l’on socialise jusqu’à ce que les parents de Cricri et Patri viennent les chercher. Raphy qui habite de l’autre coté de notre ruelle de forêt aime s’attarder. M’zelle Soleil adore faire partie de la « gang ». Pour son bien-être, je me transforme en cette maman cool qui vadrouille au milieu d’une meute de fillettes. J’écoute les confidences des plus grandes, je refréne les ardeurs, je contrôle les bêtises, je regarde par delà cette fenêtre d’enfance qui s’ouvre à mes jours. Ces enfants deviendront les adultes de demain. Je me sens responsable des valeurs qui s’inscrivent en leur mémoire. Je mets un peu ma propre vie entre parenthèses mais est-ce vraiment grave? Je ne le crois pas, je vis autre chose, je m’enrichis autrement, je vais bien. Je suis en accord avec mon coeur qui bat la cadence des jours.

Juan rentre du bureau autour de six heures. L’enfant se couche vers huit heures. Si je suis partie m’entraîner alors je reviens au coin de dix heures. Il me semble que les jours de la semaine passent sans que nous puissions vraiment nous apprécier. Les moments de couple doivent se programmer, c’est une habitude que nous n’avons pas encore bien apprivoisée. L’enfant a accéléré nos vies. Nous sommes désormais les gardiens de ce cocon qui protége sa petite enfance. Je suis à la base de ses jours. Je réalise que jamais je n’ai autant compté pour quiconque. Jamais ma vie n’a eu autant d’importance (d’influence) dans celle d’une autre. Pour cet enfant innocent, je suis maman. Tout simplement maman. Et qu’il y a t-il de plus important dans la vie d’un enfant qu’une maman?

Un papa bien-sur, un papa c’est important. D’ailleurs l’amour qu’elle porte à son papa est si fort que je le palpe régulièrement. C’est une sensation qui m’étonne. Je crois même apercevoir les prémices du syndrome d’Œdipe. Moi qui n’aie pas de papa dans mon cœur, j’absorbe à travers elle ces sensations que je n’ai jamais vécues. Grâce à la présence de son papa dans ma vie, je peux être une maman sereine qui n’a pas besoin de se battre, qui ne souffre pas, qui a deux autres bras pour l’aider à la tâche lorsque celle-ci devient trop lourde. Pour l’enfant de mère mono-parentale que je fus, ces sensations rassurantes qu’offre la présence d’un papa à la maison me sont bien étrangères, presque douloureuses parfois. Mais c’est aussi un baume sur ces peines que je ne discerne pas toujours clairement. Mon gouffre intérieur n’est plus si profond qu'il put l'être dans mon passé. Je me comble les entrailles de ces instants familiaux que je n'ai pas connu.


P'tite puce
envoyé par Etolane


Notre couple survit à la parentitude, notre couple survit au passage du temps qui s’écoule. Notre couple mûrit et s’épanouit. Nous formons une équipe sentimentale. Rien n'est jamais acquis. L'amour est comme une plante qu'il faut soigneusement surveiller. Toujours il nous faut travailler pour pouvoir exploiter le meilleur de ce que nous sommes, pour ne pas succomber aux pires facettes de nos humanités. Notre couple se construit en cet univers qui nous unit. Nous sommes amants et parents. Pas toujours facile d’équilibrer ces deux états. Pas facile d’équilibrer tous ces états d’âmes qui forment la texture de nos personnalités. J’espère que nous pourrons continuer de l’entourer longtemps de ce cocon familial que nous tissons au fil des mois qui la voient grandir. J’aime cette famille que nous devenons, j’aime cet homme qui partage ma vie et j’aime tant cette merveilleuse enfant

mardi, novembre 06, 2007

Défendre la nature

Défendre la nature

En ville, la nature n’est pas libre, elle se fait décoration de béton. Là où je vis, la nature est libre. Elle est souvent sauvage même si nous l’habitons de nos foyers bien équipés. Nous la décorons de nos existences plus ou moins paisibles. Nous l'illuminons de nos quotidiens électriques. Là où je vis, il est si facile de s’harmoniser avec la nature, d'en apprécier les bienfaits, et pourtant… Pourtant même là je vis, l’empreinte humaine fait ses dégâts, par ci par là, elle endommage l'environnement. Toujours l’humanité cherche à contrôler la planète. Et encore la planète lui échappe…

En ce moment l’expression « Sauver la planète » m’énerve. Je trouve cette formule extrêmement prétentieuse. Car si l’on y réfléchit deux minutes, la planète n’a pas besoin de nous pour la sauver, la planète a besoin que nous la défendions de nos excès. Ne sommes-nous point sa plus grande menace? Nous, les humains, qui l’exploitons sans émotion, qui profitons de ses richesses sans réflexion. Car s’il n’y avait pas les hommes pour la polluer, la planète n’aurait pas besoin d’être sauvée. Toute seule, la planète se porte très bien. De plus, en désirant sauver la planète n’est-ce pas plutôt notre peau que nous désirons sauver? Sauver notre monde tel que nous le connaissons, sauver notre race qui périra de nos abus collectifs? Sauver notre descendance. Ne faut-il pas mieux dire que les humains doivent sauver l’humanité des « Hommes »? Sommes-nous notre propre prédateur? La planète pourra très bien exister sans nous (elle s'en porterait même surement mieux!), mais nous aurons toujours besoin d’elle pour vivre…

Ce sont les conceptions humaines vis à vis de la planète que nous devons changer. Plutôt que de parler de « sauver la planète » ne faudrait-il pas commencer par assumer pleinement les dommages que l’on cause? Assumer les déséquilibres que nos modes d’existences engendrent? Se regarder dans le miroir tous autant que nous sommes. Car tous à notre petite échelle moderne faisons partie du problème. Ne faudrait-il pas mieux préserver ce qu’il nous reste de sain tout en essayant de défendre ce qui n’est pas encore trop abîmé? Mais pour mieux préserver et défendre, ne faut-il pas commencer par transformer nos façons de penser? Nous devons faire appel à nos consciences, à nos intelligences, nous devons mettre du cœur dans ses batailles vertes qui jaillissent sur tous les fronts de l’actualité. Nous devons nous informer, discuter, communiquer, s'entraider. Nous devons sauver l'humanité de ses "autodestructions" auxquelles elle ne fait pas attention...

Humeur Vidéo

Humeur vidéo

Jour de pluie gris et morose qui invite à la mélancolie de l'esprit. Jour pluvieux de novembre tranquille qui éveille les humeurs pirates. Atmosphère humide, larmes d'automne, ambiance de brume et de "nu jazz".

Voilà longtemps que je n'avais pas partagé d'humeur musicale en mes eaux virtuelles (des eaux virtuelles qui peuvent devenir floues. Est-ce que certains d'entre vous qui passez par là avez des problèmes avec l'affichage de cette page? Si c'est le cas, merci de m'en faire part)...

lundi, novembre 05, 2007

Vrac

Vrac

Lundi matin. Atmosphère gelée de novembre. J'avale mon spleen automnal. C’est toujours avec un serrement de cœur qui balance entre deux émotions que je la regarde s’éloigner dans les bras de son père. Petit bout de fille qui grandit. Au détour d’une lessive pas encore faite, Shni le petit génie se pose sur le bouchon de mon assouplissant, il me dit :

- Tu vas quand même pas scotcher l’écran alors qu’il fait si beau soleil dehors.
- Mais je dois travailler, je dois retrouver des routines plus professionnelles, je suis ma propre structure...
- Hum, cela doit être dur, tu es construite de quoi?
- Hein? Mais qu’est-ce que tu me veux d’abord !?! Zoou! Allez, fais-moi de l’air! La maison est pas en bordel, va voir ailleurs si j’y suis. Tiens, va voir dehors, il fait si beau soleil!!! Et je t'accordes un soupçon de raison, même si tu m’énerves, je vais sûrement aller y mettre le nez lorsque midi aura sonné. Le soleil aura réchauffé le jour. Mais là, tu vois, je vais étudier la rigidité de mes structures, alors zoou...

Je brouillonne dans ma tête, sur papier, je brouillonne des idées dispersées. Ces papiers sont à leur tour gribouillés par la main bambine de M’zelle Soleil. Je feuillète mes carnets barbouillés. Les gribouillis me rappellent les balancements de mon coeur. Je tangue. Je me tourne la cervelle vers l’avenir. Je cogite écriture et traduction. Je me balade dans les choux. Je finis ma lecture de « La traduction est une histoire d’amour ». Il faut absolument que je mette la main sur le dernier Libraire avec Jacques Poulin. J’accroche à mes pensées éparses ce passage qui me souffle:

« (…) dans son carnet de notes tout sale et couvert de ratures : « Car bien souvent les exilés n’emportent pas de terre aux semelles de leurs souliers; ils n’emportent rien d’autre qu’un nuage de poussière dorée et dansante qui nimbera tous les êtres, toutes les choses, tous les paysages sur lesquels se poseront leurs regards, s’attarderont leurs caresses; et ce poudroiement infime, impalpable, fait des cendres mortes et de pollen fécond s’appelle la langue » Il précisa que ce texte était de Sylvie Durastanti et je fus heureuse d’apprendre qu’il s’agissait d’une traductrice (…) » page 87

vendredi, novembre 02, 2007

En vrac. de bonbons..

En vrac...

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Novembre débute en beauté (j'observe la mienne revenir par bribes dans le miroir qui m'accroche de nouveau), novembre suit la tendance d'octobre, les belles journées succèdent aux belles journées. Une coccinelle se fait bronzer au soleil de midi sur une feuille jaunie. Je coure après l’écran. Au fur et à mesure que je deviens maman, je m’organise comme jamais je ne l’aurais cru possible! Chaque chose en son heure. Chaque heure a sa tâche. La routine de l'enfant m'enrobe le quotidien. J’ai même, depuis peu, des fantasmes de voir ma maison complètement organisée comme dans les magazines décos où chaque chose possède sa place, où tout est à sa place. Je me demande si c’est un symptôme de vieillissement. Moi qui avait une si belle tolérance du désordre à vingt ans! Moi qui refusait toute discipline quelle qu'elle soit! Je deviens de plus en plus allergique au bordel. Je pratique et affine au fil des mois mes autorités maternelles. Je n'aime pas vieillir. L'idée de devenir une vieille peau aigrie me remplit d'effroi! Je n'aime pas vieillir mais j'aime bien mûrir. Je veux devenir une peau sage. Je vois mes cheveux grisonner, je vois des rides apparaître, je les regarde s'incruster dans ma chair. J’aurai 35 ans avec la nouvelle année...

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Mais je m’égare. Ce temps présent est consacré à un récapitulatif précis autant s’y lancer de suite. Récapitulons donc, la journée d’halloween s’est passée toute en douceur en compagnie de ma petite soeur toute fraiche de ses quinze ans. Alors que l’après-midi tire à sa fin, les fillettes de la rue (Cricri et Patri) passent à la maison. M’zelle Soleil, qui connait ses « rrrooouuaaahhhh » sur le bout des doigts, se transforme en petit lion sans rechigner et c’est sous une belle lumière d'automne que débute la récolte sucrée. Mon ado de Clo est déguisée en ange ou plutôt en « papillon » selon l’enfant qui s‘extasie du maquillage pailleté qui orne son regard. Clo a amené ses ailes et elle me pique jupe et souliers au passage. Je suis une sorcière futuriste en pantalon (ce qui va à l’encontre des valeurs de ma soeurette qui grognasse), mais j’ai sorti mon chapeau haut pour l’occasion et même si je laisse mon balai au placard, je me fonds dans le décor…

Nous faisons les deux maisons de la rue qui donnent des bonbons. Mon petit lion commence à bien comprendre le principe. Les fillettes repartent chez elle (c’est ici la maison de leur grand-mère). Clo se moque du maquillage de l’enfant qui lui fait une face de charbonnier. Elle en conclut que je ne suis vraiment pas douée et qu’avant de repartir en expédition elle se chargera elle-même de la décoration du visage de sa nièce! Je ne peux que confirmer son impression, j’ai vraiment barbouillé ma fille n’importe comment! Juan rentre du bureau vêtu de sa tenue de pirate du jour. L’on part en expédition d’Halloween

La nuit tombe rapidement. Nous arrivons sur les lieux de notre quête alors que le jour s’estompe. La température est encore douce. L’atmosphère est légère. Nous sommes à l’autre bout du village, en un lotissement de jolies maisons bien rangées les unes à coté des autres. Il y a encore cinq ans, il n’y avait rien que des arbres à cet endroit. Maintenant les arbres se font rares, ils encerclent cette prairie d’habitations sans y pénétrer. Désormais c’est un véritable quartier de résidences familiales avec des pelouses bien nettes. C’est l’endroit parfait pour une première expédition de notre petite crapule. Nous sommes de la première vague. Nous rencontrons quelques enfants, nous rencontrons des mamans, nous faisons jasette. Les pompiers arrivent en un petit camion à grands coups de sirènes. L’on se demande où est le feu! Ils s’arrêtent à coté de nous. Ah! bon, on est en feu!?! L’on s’approche pour découvrir avec surprise qu’ils sont de la partie et qu’ils distribuent des bonbons à tous les enfants qu’ils croisent...

Mon petit lion commence à trouver l’aventure bien excitante. Même si elle ne sait pas encore sur quelle patte danser. Elle se laisse glisser dans le jeu du soir. La nuit nous enrobe et les grappes d’enfants remplissent les rues obscures. M’zelle Soleil ne sait plus où donner du museau. Les citrouilles s’illuminent. Les portes s’ouvrent. Les bonbons se partagent. Les enfants déguisés courent partout, les parents déguisés (ou pas) suivent leurs petits monstres. Une maman diablesse rigole aux cotés de son clown de mari. M’zelle Soleil rencontre un petit chien dans la pénombre d’une pelouse bien propre. Son maître est un Peter Pan (que j’ai tout d’abord confondu avec un lutin), il nous apprend que le petit chien se nomme Bouddha. Bouddha apporte un zeste de sérénité à l’enfant enchanté qui, d’un coup, oublie toutes ses peurs pour mieux entrer dans la ronde nocturne.

Mon ado de sœur retombe en enfance. Elle entraîne M’zelle Soleil qui se dégourdit les pattes et trottine malicieusement à sa suite. Les parents que nous sommes devenus suivons avec entrain. Je me sens bien. Je savoure cette ambiance toute enfantine. J’aime voir ces grappes d’enfants courir de maison en maison. Maisons que je trouve décorées moins outrageusement qu'à l'habitude des dernières années, ce qui ne gâche rien à l'ambiance. J’aime voir les portes s’ouvrir pour découvrir des adules tout sourire les mains pleines de bonbons. Il parcoure en ces nuits d'halloween une magie enfantine qui me remplit de gaieté. M’zelle Soleil dit : « Maissi bonbon maissi. » lorsqu’elle reçoit sa part de sucreries. Clo Papillon se charge du sac de friandises qui se remplit. La nuit est d’encre. L'atmosphère a un petit goût d'irréel...

Au fur et à mesure que des portes s’ouvrent mon petit lion de fille demande « Bonbons? Bonbons? Maissi bonbon! Maissi...» Nous rencontrons des dizaines d’enfants accompagnés de quelques parents. Nous rencontrons un autre petit lion qui a vu sa crinière avalée par la sécheuse de sa mère. En voyant ma petite lionne, la mère en question s’exclame : « Oh! Ah! Oui, c’est de cela que cela devrait avoir l’air! J’aurais vraiment jamais dû le mettre dans la sécheuse, c’était pourtant bien écrit sécher à plat! Regarde, tu vois quand je te disais que la sécheuse l'avait bouffé! ». Son amie constate elle aussi les dégâts. L'on compare les deux costumes sous la lueur d'un lampadaire. Cela papote entre femmes. Mon pirate emmène notre petite lionne vers une autre maison. Mon ange de sœur commence à trouver que mon sac est bien trop petit, l’on va manquer de place! Je converse de l’air du temps avec ces jeunes mamans, l’une est une diablesse en robe flamboyante, l’autre une vache. Les tétines en plastiques qui trônent sur son ventre me déconcentrent un petit peu. Le petit lion sans crinière se nomme Félix, il doit avoir trois ans et il se moque bien de savoir où sont passés ses poils tant que son sac se remplit de bonbons…

L’enfant commence à fatiguer. Voilà plus d’une heure que l’on vadrouille, notre sac déborde, nos poches débordent, il est temps de rentrer. M’zelle Soleil adore son costume de lion. La récolte a été bonne. Pas aussi satisfaisante que les souvenirs d’enfance de ma soeurette qui aurait bien fait encore plus de maisons mais entièrement satisfaisante pour parents que nous sommes. M’zelle Soleil a avalé plus de chocolats qu’elle n’en a jamais eu l’occasion sans que cela ne prenne des proportions catastrophiques. Tout le monde est content. L'enfant commence à traîner de la patte. L’on rentre tranquillement.

L’enfant se couche sans broncher. Mon ado de Clo qui devait lire « Madame Bovary » durant sa semaine de congé nous explique qu’elle a trouvé le film ( un DVDqui se ballade en contrebande à son école) et qu’elle vient déjà de se taper « L’assommoir » alors qu’elle regardera ce film plutôt que de lire le livre même si c'est ultra poche. Je grognasse. Enfin, le fait qu’elle soit passée au bout de l’assommoir me fait plaisir. Je la laisse vivre. Elle me dit avec conviction « C’est un film de1990, j’étais même pas née!!! Tu te rends compte, je suis obligée de regarder des films tellement vieux!!!! C’est presque aussi pire que de lire le livre! » Je ris dans mes poils de sorcière. Non, non je ne me sens pas du tout fanée...

Je me souviens d’avoir lu « Madame Bovary » il y a bien longtemps de cela, je n'avais alors même pas vingt ans. Je me souviens avoir énormément aimé ce bouquin qui a laissé une trace dans mes neurones. Nous accompagnons Clo dans son cauchemar signé Flaubert et nous voilà à finir la soirée devant Madame Bovary sur petit écran. Je grognasse. Je ne veux pas que la version de Chabrol efface la mienne. Et puis, dans ma tête Madame Bovary ne ressemblait pas du tout à Isabelle Huppert! Ah! Et voilà que le fameux Rodolphe me revient en tête! Je me dis que je devrais relire ce livre, cela me ferait du bien à neurones rouillés de maternité. Je me laisse prendre par l’histoire, je laisse remonter les souvenirs.

C’est drôle de regarder cette histoire en petit comité familial. J’ai des bouffées de "bovarysme" qui m’entournent la cervelle, c'est de l'essence pour les idées en panne. Cela fait du bien. Isabelle Huppert entre bien dans la peau du personnage, que ses toilettes sont belles... Mon ado de soeur fait toutes sortes de remarques à ce sujet qui me font mourir de rire. Emma me fait un peu penser à Paris Hilton, ce qui fait mourir de rire mon ado de soeur! J’avais oublié à quel point sa fin est immonde. Franchement l’arsenic, ce n’est pas la meilleure façon de se suicider! Et aucun film ne peut arriver à la cheville de nos imaginations! Je me souviens d'un coup du dégoût que j‘avais déjà ressenti à ma première lecture. Finalement c’est un film tout à fait de circonstance pour achever ce jour pas comme les autres

Halloween DayHalloween 2007

Update: Le petit diaporama qui finissait ce billet semble avoir interféré avec Explorer (une lectrice m'ayant fait part de l'ennui technique. S'il y en a d'autres merci de me le mentionner), j'ai donc du l'enlever pour corriger le probléme. Cependant en suivant ce lien l'on peut en visionner un autre...

jeudi, novembre 01, 2007

... déguiser

Nous nous rencontrons maintes et maintes fois sous mille déguisements sur les chemins de la vie.
Carl Gustav Jung

Il ne faut pas oublier que le plus grand homme n'est jamais qu'un animal déguisé en Dieu.
Francis Picabia

Le monde ressemble à une vieille coquette qui déguise son âge.
Voltaire