Belles à bloguer, chapitre 1
Depuis des jours, je cogite, médite, macère, digère. Je tourne mes phrases en rond lorsqu'il est question de mes impressions bloguesque sur mon escapade urbaine.
Il est rare que mes mots m'échappent autant, qu'ils ne se disciplinent pas sous les ordres de ma cervelle. Mais sur ce sujet là, c'est chargés d'émotions qu'ils frétillent et se sauvent...
Je me noie les neurones dans mes articles technocentrés. Je prends le temps d'organiser mes idées et sentiments.
Je sais qu'avec cette aventure de Belles a bloguer, j'ai accepté d'être numériquement démasquée. J'étais prête à l'être. Ce n'était pas vraiment un problème en soi. Même si j'aime cultiver un certain flou virtuel, je savais bien que l'espace que j'avais pour le faire était en train de se rétrécir.
Aussi, en discutant avec une journaliste de la Presse au sujet de l’évènement le jour précédent, j'ai réalisé que si je ne me cachais pas au réel sur ma condition bloguesque, il était surement temps que je me me cache moins virtuellement. Son article est sorti le jour même où je suis arrivée à Montréal. Ce jour là, pour la première fois en bientôt huit ans, Etolane s'est accroché un nom de famille. J'imagine que cela fait partie du processus qui numérise nos vies.
En effet, au fil des années, le Web s'est intégré à ma vie quotidienne de multiples façons. Aucune n'est réellement négative. Tout est question de contrôle et d’équilibre. Le Web me permet de travailler, d'exposer, de m'exprimer, de créer, de partager, de "relationner" et finalement de rencontrer des personnes intéressantes. Il agrandit ma dimension mentale, artistique, professionnelle et je lui en sais gré.
Il me permet aussi de vivre cette expérience de brousse que je pratique au présent. Car si je n'étais pas ainsi connectée, je voudrais certainement retourner plus souvent à la "civilisation". Pour pouvoir vivre tranquillement au fond de ma brousse, à l'ancienne, j'ai aussi besoin d’apprécier ce futur qui façonne nos nouvelles habitudes de communication.
Durant cette fin de semaine, j'ai aussi réalisé combien cela me faisait du bien de sortir. En restant avec mon enfant à la maison si longtemps, j'ai pris un chemin de vie qui m'a beaucoup fait voyager de l'intérieur mais qui m'a enraciné de l'extérieur. Maintenant que Miss Soleil a 5 ans, je ressens une plus grande de liberté de mouvements.
Depuis sa naissance, j'adapte mon autonomie féminine à celle de son enfance. Aujourd'hui, je peux tout à fait raisonner mes culpabilités et profiter de cette vie individuelle que je retrouve. Même si la quitter m'a été difficile. Même si ce fut comme arracher un velcro et souffrir un peu, je suis partie le coeur léger pour Belles à bloguer...
Comme d'habitude lorsque l'on vient en ville, j'ai joué à Hotwire pour me trouver une chambre d'hôtel. J'aime bien Hotwire. Il me permet de dormir dans des 4 étoiles à des prix tout à fait raisonnables. D'ailleurs depuis des mois je me dis que je devrais écrire sur le sujet que cela soit ici ou là-bas. Mais ce sujet végète encore au coin de deux neurones! Un jour viendra puisque tout vient à point à qui sait attendre...
Bref, à la roulette de Hotwire, je me suis retrouvée en plein centre-ville, comme je le désirais, mais dans un quartier qui n'est pas mon favori. Un quartier rude qui fait la transition entre le quartier gay et downtown. Un quartier avec une faune urbaine à la dérive. Une faune humaine qui dérive. Une misère remplie de souffrances qui me peine.
Mais bon, revenons à mon confortable hôtel d'où la vue est imprenable. Une vue 5 étoiles sur la ville à mes pieds. Située au 25ième étage, ma chambre surplombe Montréal qui n'en finit pas de remplir l'horizon.
Souper dans un coin branché du quartier gay
Arrivée en fin d’après-midi, j'ai retrouvé Ves dans le lobby de l’hôtel pour aller souper avec elle. Mon amie Ves que je connais depuis bientôt 24 ans...
La première fille à coté de laquelle je me suis assise, un lundi matin dans un cours de français, alors que je venais de débarquer à Montréal.
Ves est un être unique, d'une bonté humaine qui m'a touchée dès le premier instant où je l'ai rencontrée. À mon sens, Ves est aussi un symbole de l'aspect multiculturel montréalais. Son père, irakien, et sa mère venue d'Honduras se sont rencontrés et aimés à Montréal. De cet amour Ves est née, moitié arabe-moitié latino, 100% montréalaise. Polyglotte, elle parle 3 langues couramment (anglais/français/espagnol), elle se débrouille très bien en japonnais et comprend un peu l'arabe. Ves, marraine de ma fille, fait partie de ma famille de coeur...
Et si cela fait 5 ans que je n'ai pas quitté homme et enfant, cela fait encore plus longtemps que l'on ne s'est pas retrouvées toutes les deux à courir les rues montréalaises! C'est agréable de fouler le pavé en sa compagnie. L'on décide d'aller manger dans le quartier gay qui est rendu "mainstream" selon mon amie. L'on s'accorde sur un resto branché à souhait. Juste ce dont j'ai besoin pour l'occasion.
L'on se trouve une table "cosy" en haut de la mezannine. Être avec Ves est si bon qu'il m'est facile de déculpabiliser comme il se doit. Je muselle la maman louve qui grogne en mon sang. L'on papote, échange, rit. L'on partage en dessert un délicieux tiramisu maison qui fait le délice de nos papilles. Je réalise combien je ne suis jamais dépaysée à Montréal. Je dis à Ves:
- C'est bizarre, à chaque fois que je suis à Montréal, tout est normal..
- Et c'est tellement normal de te voir à Montréal! Je suis vraiment contente que tu sois là.
L'on glousse de concert! En rentrant à l’hôtel, je m’arrête à un dépanneur pour acheter le Journal où est publié l'article papier Belles et blogues. Puis je rentre sagement à mon hôtel pour y travailler.
Je veux finir de préparer mon atelier photo du lendemain. Après maintes tergiversations, j'ai décidé de laisser faire le Powerpoint. Sachant que c'est un atelier pratique mais ne sachant point qui sera présent, le défi de préparation est complexe. Je prépare sept pages dans un document Word et je me dis que je devrai, de toutes façons, prendre le pouls de l'instant et trouver le "flow" qui conviendra.
Je connais bien ma matière et je veux aussi apporter une dimension Web en y incorporant certains outils offerts en ligne. Je gère stress et pression en une même concentration. Je me perd les idées dans la vue qui s'étale sous mes yeux. Je me perds le regard dans Montréal qui illumine la nuit. Tard passé minuit, je m'endors les rideaux grands ouverts.
Samedi, six heures du matin, sonne le téléphone. C'est mon réveil. Se doucher, se maquiller, s'habiller, respirer, expirer, inspirer. Le jour se lève. J'emprisonne le stress sous ma peau. Je suis prête. J'enfile mon manteau. Je prends l’ascenseur. Hèle un taxi. Celui-ci prend les traits d'un chauffeur haïtien au sourire lumineux. Un chauffeur qui se révélera un véritable ange urbain!
Pour résumer une histoire longue de 45 minutes. Le CRIM (centre de recherches informatique de Montréal) a déménagé il y a peu. Deux adresses se retrouvent sur le Web. Et ce matin là, en gestion de stress, je me suis trompée d'adresse! Bref, Dieu merci, le chauffeur de taxi fut un ange tombé du ciel et 45 minutes plus tard, j'étais au bon endroit sans être ruinée!
J'arrive juste avant que ne commencent les conférences, un peu stressée je dois l'avouer. Mais là, un autre ange m'attend. Vicky, blogueuse et édimeste du site de Coup de Pouce (que j'avais rencontrée à Jasette et Plaisirs), m’accueille avec tant de chaleur humaine que je me peux que décompresser et relaxer. Super gentille, elle me prête même son iPhone pour que je puisse tweeter en direct (vu que j'alimente et cogite le Twitter de l’évènement). J'entre dans la salle ma Flip dans une main et son iPhone dans l'autre, je m'assois dans un petit coin alors que Mélanie Thivierge commence son allocution...
La matinée Belles à bloguer...
J'essaie d'apprivoiser l'iPhone que j'ai entre les mains. Vicky est retournée vaquer à ses occupations et même si j'en connais un rayon sur les téléphones intelligents (j'écris parfois à ce propos en mes chroniques technos), je suis pas mal plus novice en pratique qu'en théorie! J'en ai bien demandé un au Père-Noël mais je crains tout de même de ne pas le recevoir sous le sapin le 25 décembre...
Carl Charest débute sa présentation, je décide de le flipper plutôt que de tweeter "drette live". Du coin de l'oeil, j'aperçois Karine que je connais virtuellement. En quelques pas de sioux je m'assois à ses cotés. L'on se reconnait en un sourire partagé puis complice...
Martine Gingras est prête à commencer sa présentation. Karine me démèle les pinceaux avec le iPhone de Vicky et je commence à tweeter la présentation de Martine. Je suis aux anges! J'adore être là. Ma bonne humeur explose le stress. Je remarque que le hasthtag de l’évènement semble bien rouler. En ma condition de gestionnaire Twitter, j'en suis presque fière. Et je tweete encore...
J'écoute Martine sans la regarder puisque j'ai les yeux rivés sur mon écran. J’absorbe tous ces mots. J'apprécie sa présentation. J'y retrouve tous ces éléments que je connais mais qui sont si bien organisés et exprimés que c'est un plaisir à entendre. La matinée va bon train. Après la conférence de Martine, embarquent les ateliers. Je décide d'aller faire un tour de celui de Catherine Morissette, ma copine des GirlGeeks de Québec mais je réalise vite que tweeter juridique est ardu. Je me faufile alors dans l'atelier de Martin Lessard. La salle est bondée de femmes qui écoutent avec attention l'expert en pleine forme. Je tweete un peu avant de filer.
D'ici une petite heure ce sera mon tour d'être mise en scène. Je prends le temps de m'équilibrer les nerfs. Je discute au coin d'un Perrier avec des webcopines qui traînent dans les parages. Incapable de manger, je rôde autour de la machine à café...
Je rejoins Vicky dans la salle où se retrouvent médias et conférenciers. Je lui rends son iPhone, sachant mes limites, dans les heures qui viendront j'aurais d'autres chats à fouetter que celui de tweeter. Arrive Nadine Deschenaux qui fait partie de notre trio débat du midi. Je la connais et l'apprécie virtuellement. L'on se côtoie au numérique depuis quelques temps déjà. Je la trouve charmante sous son blouson de cuir, gentille, enrhummée aussi. L'on papote un peu de ces extrêmes maternels que l'on représentera bientôt devant une salle pleine de blogueuses. L'on se respecte mutuellement en notre condition de mère. Je suis contente qu'elle soit là, à mes cotés, en cette aventure particulière.
Midi arrive bientôt, les ateliers achèvent, les participantes découvrent le brunch. L'on attend Marie-Claude Lortie pour pouvoir commencer le débat. J'en profite pour papoter avec ces connaissances Web que je suis heureuse de voir "en vrai". Des connaissances qui, pour certaines, sont déjà des amies...
J'adore ce feeling d'avoir le luxe de se connaitre mentalement avant de se rencontrer physiquement. Et dans cette dynamique semi-télépathique, je ne suis jamais déçue. Au contraire, je suis toujours ravie. Traverser la frontière du réel ne fait que prolonger le plaisir d'une relation virtuelle. Souvent elle l’approfondit et c'est encore meilleur lorsque l'on se retrouve ensuite sur le Web.
À suivre...
ouf! Au début de la lecture, je cliquais sur les liens, mais en voyant la longueur du billet, je me suis dit que j'allais lire d'abord et cliquer ensuite.
RépondreSupprimerFinalement, je reviendrai.
Qu'est-ce que ce serait si je "twittais" en plus!
Moi qui voulais apprendre un peu sur l'Étolane photographe, je suis restée sur mon appétit! Un autre jour peut-être.
:lol: Disons que je risque d'écrire un petit roman pour résumer le tout!
RépondreSupprimerPour l'atelier photo, ce sera dans le chapitre 3 selon mon plan d'écriture présent. Mais tu aurais dû venir en direct, sur le terrain! Tu en auras appris encore plus! ;)
Idéalement, je devrais avoir fini mon compte rendu d'ici minuit ce soir. En tout cas, c'est ce que j'espère...
Pour ma part, je me sens très privilégiée de pouvoir te lire ainsi, mettre des visages et des images mentales sur ce que tu nommes et décris si bien.
RépondreSupprimerJe suis aussi très excitée à l'idée de lire la suite...
Je me rappelle que tu as été d'une immense générosité et que nous avons vraiment failli souper ensemble.
À très bientôt,
Juliex
:-) Pour ce billet!
RépondreSupprimerWow !
RépondreSupprimerC'était comme si je te suivais toute la journée alors qu'on s'est vu quelques heures !
J'ai vraiment hâte de lire la suite :-D