lundi, août 30, 2010

Lundi tropical et retour sur Expo-Québec...

Lundi tropical et retour sur Expo-Québec...

Un ciel bleu d'azur éclaire cette semaine tropicale qui sonne la rentrée des classes. 38 degrés avec facteur humidex, aucune plainte à formuler. Que du bonheur en boîte...

Par ma porte grande ouverte, j'entends les grillons qui s'ébattent au soleil brûlant. Je transpire et j'adore ça. Mes boucles absorbent l'humidité ensoleillée. Je laisse pénétrer l'air chaud en ma maison silencieuse (tandis que j'essaie de me concentrer sur l'écran qui me discipline).

Commencer la semaine en lisant quelques communiqués de presse. Répondre à différents courriels professionnels. Reprendre un rythme de croisière, une routine mentale. Résister à l'appel du lac. Vagabonder sur la Toile. Accrocher les dernières actualités. Mettre de coté les sujets à creuser dans les prochains jours. Nourrir ce petit coin virtuel que j'affectionne...

Un samedi après-midi à Expo-Québec...

Il y a deux semaines, dans le cadre d'un sujet techno, je suis allée à un pique-nique en blanc sur les plaines d'Abraham. J'y ai rencontré un charmant garçon qui animait les réseaux sociaux d'Expo Québec. En discutant avec lui, je lui ai avoué que je n'y avais jamais mis les pieds. Plusieurs personnes m'en avaient parlé en bien mais je n'avais jamais trouvé l'occasion d'aller y faire un tour. Sachant que c'était une bonne activité familiale, je lui ai posé quelques questions sur le sujet. Le lendemain, celui-ci me contactait pour m'offrir deux entrées gratuites afin que j'aille y voir de plus près. L'occasion fait le larron et c'est ainsi que nous sommes allés découvrir en famille ce qui se tramait du coté de la 99ième édition d'Expo-Québec.

J'avais entendu dire que cela coutait la peau des fesses car il fallait payer tous les manèges. J'étais un peu dubitative sur le sujet. Et je ne m'attendais définitivement pas à une telle atmosphère foraine! En effet, il y avait des manèges à gogo et ceux-ci n'étaient pas donnés. Cela dit, nous ne nous sommes pas ruinés pour autant car plusieurs activités gratuites étaient offertes sur place...

L'immensité du site m'a quand même surprise. Je savais que c'était gros mais je ne voyais pas cela si gros! En un après-midi, nous n'avons certainement pas tout vu mais nous en avons assez vu pour être satisfait de notre visite. M'zelle Soleil a particulièrement apprécié le spectacle de l'école de cirque et le manège de poneys (qui étaient tous les deux gratuits).

Sur la place du cirque, juste avant que ne débute le spectacle, sur un coup de tête, je nous ai porté volontaire pour monter sur scène en famille. Et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à chanter la chanson de Band-Aid devant une foule amusée (et sous l'oeil d'une caméra). Je ne pense pas que j'oserais aller voir le résultat en ligne mais il faut avouer que c'était drôle. Et pour la peine (ou l'humiliation), l'on aura gagné un kit Band-Aid!

Mon budget manège était d'une dizaine de dollars et cela a suffit à amuser ma puce. Elle a aussi adoré les chevaux qui s'exposaient et elle a été charmée par les moutons. De mon coté, j'ai été impressionnée par l'odeur qui régnait au royaume des moutons! Et Juan s'est étonné de découvrir les arbres généalogiques de ces moutons qui se déclinaient en plusieurs races. Comme l'atmosphère générale était à la fête foraine, je n'ai certainement pas résisté à nous offrir une barbe à papa bien fraiche (et à en croquer quelques images). En conclusion, ce fut une belle sortie familiale. Et l'on risque fort de renouveler l'expérience l'année prochaine...

jeudi, août 26, 2010

Rentrée virtuelle et enfance insouciante...

Rentrée virtuelle et insouciante enfance...

L'été s'évade. La rentrée fait l'actualité. Soupirs d'automne. En mon quotidien de brousse, la rentrée signifie principalement que je renoue avec l'écran qui aspire le temps.

Reconnectée. Me détacher de l'enfance choyée. Retrouver la femme en mon sang. Être pro. Gérer les incertitudes de la vie de pigiste. Respirer. Inspirer. Plonger.

Cybertravailler. Jus de neurones concentré. Trouver la musique qui accompagnera les concentrations silencieuses. Socialiser sur Facebook, virtualiser sur Twitter, retrouver les fils qui tissent ma toile bloguesque, ré-apprivoiser mes habitudes solitaires.

Fureter le Web. Ne pas s'y perdre. En étudier l'évolution numérique et les tendances qui s'en dégagent. Attraper les sujets qui croquent les idées technos. Maitriser l'inspiration qui se rédige ailleurs. Accepter le manque de ma Mini Miss qui me serre le coeur. Profiter de cette dernière année sans rentrée scolaire. Sourire. L'écouter grandir...

Depuis quelques temps, M'zelle Soleil s'assume parfaitement en sa peau de placoteuse. Elle fait souvent rouler le mot dans sa bouche, elle le conjugue au présent. Elle l'absorbe et le vit avec un plaisir enrobé de fierté. Hier soir, elle me fait un combo question-réponse pour m'expliquer:

- Maman, tu sais pourquoi les filles placotent? Parce-qu'elles ont des choses à dire!

Je ris de la pertinence de son propos. Je me souviens de mes déboires de bavarde en classe. En silence, j'apprécie la chance qu'elle a de pouvoir vivre au Québec. De pouvoir être fille dans le respect et la liberté de sa personne. Ici, la parole des filles compte et Dieu sait qu'elles ont la langue riche...

collage

PLACOTER - Définition: (Via Rabaska.com) Parler beaucoup de choses et d'autres, souvent hors de propos ou sans autre but que celui d'être en situation d'échange ; bavarder.

HISTORIQUE : Placoter est le résultat d'une inversion ( métathèse ) de [ k ] et de [ p ] à partir de clapoter, ( cp., en faveur de la métathèse, la forme placotis pour clapotis ) issu d'un radical onomatopéique klapp ( FEW ). Placoter n'a pas existé en français central mais, en revanche, on retrouve dans les dialectes français, Normandie, Bourgogne, Champagne, de même que dans les patois de la Suisse romande, clapoter, avec les sens de « barboter », « bavarder » et « médire ».

Au Québec, le verbe intr. placoter « parler beaucoup » est attesté depuis le début du siècle ( 1909 ) et « parler en mal de qqn » ( 1914 ). Placoter a déjà connu les sens de « s'agiter, remuer ou marcher dans une matière liquide ( eau, boue ) » et, par analogie, « s'amuser dans ( ou avec ) un liquide ( spécialt d'enfants s'amusant avec leur nourriture ) et « s'occuper à des menues besognes, passer son temps à des riens ». Ces acceptions, aujourd'hui vieillies, sont aussi attestées dans les patois français.

mercredi, août 25, 2010

Définitions enfantines

Définitions enfantines

M'zelle Soleil définit son quotidien en des concepts enfantins qui font mon bonheur. À l'aube de ses cinq ans, elle réalise de plus en plus clairement le monde qui l'entoure mais elle garde cette pureté enfantine qui me charme l'esprit. En un tiroir de ma ma mémoire, j'accroche ses petites phrases qui me font sourire.

Définition de l'ennui

M'zelle Soleil tourne en rond dans la maison. Fatiguée, je n'ai guère envie de jouer. Je ne suis pas le G.O de ses jours. Je suis juste une maman. Je ne joue pas à la journée longue. Elle me tourne autour comme une abeille désirant butiner la fleur. Elle bourdonne à mes oreilles. Je lui dis:

- Là ma puce, tu t'ennuies, tu sais ce que c'est que l'ennui?
- Oui, c'est quand on veut tout!

Je souris. Amusée. Sa perspicacité sur les choses de la vie ne fait que commencer...

Définition du magasinage

En escapade urbaine à Montréal, je reprends mes vieilles habitudes citadines et je vais faire un tour des boutiques sur Mont-Royal. J'en profite pour partager avec elle des bribes de mon passé. Elle m'écoute avec attention. Et, alors que j'essaie une jupe qui m'accroche l'oeil, elle me dit:

- Maman, je veux que tu m'achètes quelque-chose...
- Pourquoi? C'est pas un magasin d'enfant...
- Je veux que tu m'achètes quelque chose pour que je puisse aller me changer dans un placard!

Éclat de rire intérieur alors que je pénètre le "placard" pour me rhabiller.

lundi, août 23, 2010

Pérégrinations de lac...

Pérégrinations de lac...

Alors que je ramasse les miettes de mes concentrations, je trébuche en effaçant par mégarde un long billet. Celui-ci disparait dans le néant informatique pendant que je hoquette. Voilà bien longtemps que je n'avais pas commis une telle gaffe! Fatiguée je suis...

Je respire de grosses bouffées d'air pur avant de  me replonger dans les eaux troubles de mes neurones agacés. L'été enchaine son dernier sprint. Même si les belles journées ensoleillent les heures qui s'effacent, les collines commencent à jaunir. Le vert se fane. Bientôt l'automne sera là.

Je cherche mes repères de solitude, de cybertravail et de discipline tandis que M'zelle Soleil s'échappe de mes jupes pour gambader de nouveau. Elle croque la vie avec un appétit retrouvé. Cela me comble. Je recommence à dormir (et à rêver).

Après sa première journée de garderie, son éducatrice explique à Juan qu'elle la trouve pareille qu'en son souvenir. Elle l'apprécie beaucoup. C'est une petite fille douce et facile. Je le prends comme un compliment, nous avons bien travaillé. Bientôt elle aura cinq ans...

M'zelle Soleil retrouve confiance en elle. En notre quotidien résonne ses éclats de rires insouciants. Taquine, elle s'amuse de nos limites parentales. L'entendre rire de bon cœur est une musique dont je ne me lasse point.

Même s'il y a de ces jours où je me passerais de la discipline parentale! Constante. Permanente. Hé oui, je sais, cela n'est pas prêt de s'arrêter! J'en ai encore pour des années à répéter, encadrer, guider, expliquer, discipliner...

Avec cet été plâtré, j'ai encore une fois réalisé à quel point l'on ne devait jamais rien prendre pour acquis et combien la banalité du quotidien est précieuse. Voir son enfant courir est naturel en soi mais c'est aussi une chance...

La demoiselle récupère plus vite que sa vieille mère qui désespère de ses pairs. La fin de semaine dernière, l'association pour la protection du lac a organisé un après-midi sans bateau à moteur dans la petite baie de ce grand plan d'eau. Mais c'était sans compter sur un citoyen vexé par l'idée qui en a profité pour faire un petit ramdam local...

La culture des moteurs sur l'eau

Ce citoyen vexé a décidé de protester en organisant une manifestation de bateaux à moteurs dans cette petite baie tranquille. Après avoir écrit à l'association puis téléphoné à la présidente pour la menacer et lui expliquer qu'il en avait assez des actions écolos, il a rassemblé une quarantaine de bateaux pour faire entendre son indignation! Au programme; intimidation des canotiers et kayakistes avec pour grande finale: déversement d'essence dans la baie assez important pour qu'il faille appeler Environnement Canada!

Je reste estomaquée par un tel comportement. Comment peut-on être si abruti? Cela me dépasse. C'est si stupide que j'en reste sans mot. Abasourdie. J'ai honte de mes pairs. La culture des bateaux à moteurs qui sévit au lac me sidère. Et l'on ne parlait même pas du lac en son entier, mais juste de la baie! Ce qui est triste à penser, c'est que l'on peine à rassembler trente personnes pour nos conférences et activités alors que ce genre d'individu peut sans mal regrouper quarante bateaux!

À mes yeux, ce genre d'individu est une sorte de terroriste de lac. Il ressent le besoin de faire régner la terreur chez ceux qui pratiquent canots, voiles et kayaks et il se sent même le droit d'empoisonner le lac pour faire entendre sa voix. Désabusée je suis.

Lake vibrations

Dimanche, M. Claude Phaneuf a donné une conférence pour aider à mieux comprendre les enjeux des lacs au Québec. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Je connais M. Phaneuf depuis quelques années déjà. J'apprécie toujours la pertinence de ses discours environnementaux. Aussi, lorsqu'il a abordé la problématique des bateaux à moteurs, il a comparé la position de ceux qui osent la dénoncer à ceux qui se retrouvent devant un peloton d'exécution. Fusillade assurée.

J'œuvre au sein de l'association depuis trois ans, plus j'en apprends, plus j'en comprends et plus je décourage. Présentement, je flotte sur un nuage sombre. Si encore il était possible de discuter et d'échanger avec intelligence avec ceux qui pensent que le moteur est vital aux plaisirs nautiques, l'on pourrait penser qu'il y a de l'espoir. Mais c'est loin d'être le cas. Et c'est sans parler de la municipalité qui fait la sourde oreille!

Les usagers de bateaux à moteurs font la loi. Ils se soucient peu de respecter ceux qui apprécient le nautique autrement qu'avec des moteurs. Et c'est bien là le problème. Le manque de respect. Un respect qui est aussi inexistant que la volonté municipale d'affronter ce monstre qui s'ébat à sa surface. Dépitée je suis.

Durant cette conférence j'ai bien aimé l'idée de faire une politique d'usage nautique basé sur les jours pairs et impairs. Par exemple, les jours pairs, les canots, kayaks et voiles sont libres de pratiquer à leur guise et les jours impairs, les embarcations à moteurs peuvent en profiter comme ils savent si bien le faire. Avec bruit et vagues.

J'ai aussi eu l'idée folle d'installer un couloir d'eau désigné pour les canots et kayaks, comme une piste cyclable mais sur l'eau. Ce qui aurait aussi pour bienfait de protéger les rives qui s'érodent sous les vagues des bateaux à moteurs qui les rasent. Mais je sais bien que je rêve en couleurs...

Ceci n'est pas sans me rappeler que la municipalité a déclaré ne pas avoir assez d'argent pour mettre en place une patrouille nautique (qui sensibiliserait et garderait un œil sur les comportements nuisibles), pourtant celle-ci ne rechigne devant aucun frais pour instaurer une dictature de plage en employant des gardes qui en controlent l'entrée et patrouillent le sable. Admettons que lorsque l'été bat son plein, cela puisse se révéler utile, lorsque les vacanciers ont déserté les lieux, ceci devient carrément surréaliste.

Pour l'anecdote: Vendredi dernier, j'emmène M'zelle Soleil et Charles (petit voisin du même âge) à la plage. Évidement, je dois montrer patte blanche pour fouler le sable désert, dérangeant ainsi la lecture du garde de service.

Puis je constate que les quatre sauveteurs de service pique-nique non loin tandis que je surveille les deux enfants présents. Je suis aux anges de savoir que mes taxes sont si bien dépensées! Et je repense à cette déclaration municipale qui explique qu'elle ne possède pas les 4000 dollars nécessaires à la patrouille nautique. Est-ce un manque d'argent ou de volonté? En voyant les sauveteurs pique-niquer et les gardes respirer l'air du temps, ma raison penche sérieusement vers un manque de volonté...

Sur la plage

Lorsque les poissons se rebellent

Mais pour finir sur une note plus légère, je vais conter ici ma récente rencontre avec un poisson psychotique. Une rencontre qui s'est déroulée à fleur d'eau en un endroit calme, sur une rive éloignée de la grande plage. Ce poisson (psychotique à mon imagination mais certainement sain d'esprit sous ses écailles) était pour le moins particulier. Et ce qui est sûr, c'est qu'il a eu le don de me divertir tout en me faisant réfléchir au soleil.

L'on dit que les rives sont la pouponnière du lac. C'est là que les poissons se reproduisent. C'est un environnement fragile qui abrite une vie aquatique dont on ne soupçonne guère la complexité. J'ai toujours trouvé romantique cette idée de pouponnière d'eau...

Mais il aura fallu que je vive dix ans en ce coin de brousse pour rencontrer un poisson. Pas de chance, je tombe sur un agressif! Alors que j'apprécie l'eau douce sur mes jambes nues, je sens un petit coup sur mon orteil. Je me penche et j'observe la transparence limpide pour apercevoir un petit poisson vert prêt à l'attaque! Surprise, je recule. Il se rapproche. Je fais quelques pas en arrière. Il avance. Amusée, je constate que celui-ci me suit à la trace. Et si je m'arrête, il se prépare à l'affront! J'étudie le phénomène avec un sourire aux lèvres.

Je cours chercher mon appareil photo et je retourne dans la zone interdite pour le voir rappliquer aussi vite. La surprise passée, la peur niaiseuse s'estompe. S'enclenche alors une petite danse d'eau entre mes pieds et le poisson. Étrange relation entre femme et poison. J'imagine qu'il protège son territoire. C'est peut-être une mère inquiète pour ses œufs. Ou alors c'est un poisson qui n'en peut plus de la présence de l'homme en ses eaux! Qui sait?

Poisson psychotique

jeudi, août 19, 2010

Plumes au vent...

Plumes au vent...

Sept semaines se sont écoulées depuis l'accident de trampoline qui a fracturé le tibia de M'zelle Soleil. Depuis le dimanche 4 juillet 19:30 je vis de semaine en semaine, que je compte ou décompte.

La semaine prochaine sera la huitième et je fermerai mon calendrier intérieur puisque la normalité telle que je la conçois reprend ses droits. En cet état de normalité (paix) intérieure, je n'avance pas de semaine en semaine mais plutôt de mois en mois (et parfois même d'année en année lorsque mon élan mental est en pleine forme).

J'absorbe et j'assimile les leçons que la vie me donne. J'accepte. J'évolue. Je grandis. Au fur et à mesure que je vieillis, l'image globale devient plus claire. C'est le fruit de ces apprentissages d'existence. Et si je n'en suis qu'à la moitié de ma vie alors j'imagine qu'il m'en reste encore beaucoup à comprendre...

Je souffre de savoir que ma fillette devra passer au travers toutes ces étapes qui la feront grandir. Car la douleur fait certainement partie de la vie. Je souffre de savoir qu'elle devra souffrir pour devenir femme. Mais comme cela fait partie de ces choses que je ne peux changer alors je me concentre sur toutes celles que je peux changer. Toutes celles qui sont en lien avec l'équilibre, l'amour et le savoir que je peux apporter à ses jours innocents.

J'ai souffert de voir ma fille souffrir. Encore si petite. Si pure. Vulnérable et forte à la fois. Je l'ai vu être traumatisée par sa situation plâtrée. Semaine après semaine, je l'ai vu évoluer. Je l'ai vu prendre un coup de vieux en même temps que son jeune os se ressoudait. C'est une souffrance de maman qui se raisonne mais qui ne s'efface pas. Et comme toute souffrance est source d'enseignement, j'ai aussi beaucoup appris.

Je n'ai pas manqué de souffrances au cours de mon existence. Je les traverse. J'apprends. Je vis. Je tombe et je rebondis. Durant les périodes d'accalmie, je m'applique à construire cette paix (normalité) intérieure qui me permet de ne pas rechercher les souffrances mais de les accepter lorsqu'elles me tombent sur le nez.

L'âme voyage à travers la vie qui bat en ces corps humains que nous habitons. Je ne suis pas certaine que la destination finale est la même pour tous. Ainsi je veux croire que les âmes qui voyagent régulièrement dans les trains de la haine n'arriveront pas aux mêmes endroits que celles qui voyagent dans ceux de l'amour.

Il arrive cependant que l'on doive passer d'un train à l'autre en ces étranges voyages qui font avancer l'humanité. Et certains trains dans lesquels on embarque sont dangereux. En ce qui me concerne, je préfère souvent rester seule, abandonnée sur un quai désert, plutôt que de monter en ces trains de haine, méchanceté et toutes les émotions sombres qui en découlent. Rester seule à quai, c'est solitaire, parfois aride ou effrayant mais ce n'est jamais sanglant ni dégoutant. Et puis, lorsque qu'un train d'amour s'arrête, je suis toujours la première à sauter dedans! Même s'il est kitch, vieillot et rose bonbon, je m'en fous, les friandises que l'on y trouve y ont toujours bon goût! Et puis je suis gourmande...

Malheureusement, j'ai parfois l'impression que les trains propulsés à l'obscurité de nos humanités roulent plus vite que ceux qui fonctionnent à l'eau de rose. Juan me dit souvent: "Petit train ira loin". J'aime cette simple phrase qui me rassure...

Dancing Sqwaw

mercredi, août 11, 2010

Sur deux jambes...

Sur deux jambes vacillantes...

Lorsque j'étais enceinte, je me concentrais souvent sur ce petit être qui poussait en mon ventre. Je savais que mes émotions étaient liées à ce bébé qui se formait en ma chair.

Aussi, je cultivais mes émotions afin qu'elles soient le plus douces possibles, enrobées d'amour et de paix. Et, en mettant au monde M'zelle Soleil, mon instinct maternel a pris forme avec elle. Un instinct qui s'est révélé plus puissant que je ne pouvais me l'imaginer. Un instinct quasi animal qui m'a transformée en maman louve...

Cet été, en m'occupant de ma puce blessée, j'ai réalisé toute la force de ce lien invisible qui nous unit. La voir traverser cette épreuve a été bien difficile à mon coeur. Un peu comme si je pouvais ressentir tout ce qu'elle ressentait. Comme si je devais vivre mes émotions et les siennes en un même paquet quotidien.

Lorsqu'enfin elle a pu enlever ce plâtre qui handicapait ses jours, la voir marcher avec difficulté a été une nouvelle souffrance intérieure à gérer. En essayant de la lui montrer le moins possible, je l'aide et l'encourage. Jour après jour, elle réapprend à marcher. Pour l'instant elle boite encore pas mal. Même si cela me fait souci, je m'évertue à penser positivement en espérant qu'elle n'en gardera aucune séquelle. J'imagine que d'ici un autre mois, elle sera complétement remise et qu'elle pourra de nouveau courir...

Tandis que l'on retrouve une normalité familiale, l'après-coup de cette blessure enfantine me fouette le sang. La fatigue cumulée en des dizaines d'insomnies m'abat les idées. Mes nuits furent toutes rongées par une sourde inquiétude maternelle. Mes jours furent dédiés à soutenir cet état plâtré qui diminuait sa qualité de vie. Travailler là au milieu ne fut pas évident. Je médite en silence sur cette douloureuse expérience. J'ai désormais une nouvelle compréhension de ce que peuvent vivre les parents d'enfants malades. En effet, il nous est facile d'éprouver de la compassion pour un enfant souffrant, mais combien de fois pensons-nous à ses parents?

Il semble qu'il nous soit souvent difficile de comprendre les choses que l'on ne vit point. Peut-être est-ce relié à cet apprentissage de la vie que nous devons tous effectuer de notre vivant. Présentement, ce que je retire de cet été est une nouvelle connaissance parentale. Maintenant, il me faut l'absorber, l'assimiler et poursuivre ce chemin maternel qui est mien...

mardi, août 03, 2010

Brève plâtrée

Brève plâtrée

Dans la voiture, M'zelle Soleil nous explique les perceptions du monde qui est le sien:

- Tous les gens qui me voient, ils font "iiiiiiiiihhhhhhhh" et après ils font "Ooooohhhhh"...
- À oui, comment ça?
- Ils font "iiiiiiiiiiiihhhh" t'as un gros plâtre! Et "ooooohhhhh" il est beau ton plâtre! Et moi je pense dans ma tête tu le veux si il est si beau!


L'on ne peut s'empêcher d'éclater de rire devant la pertinence de sa réponse. Quatre ans et demi et toute sa tête la guêpe! Au bout de cinq semaines plâtrées, je comprends trop bien cette sensation humaine qu'elle nous décrit innocemment. Je la partage en silence. La pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre dit le dicton...

J-2 (souvenirs des premières heures)

J-2 (souvenirs des premières heures de l'épreuve parentale)

Je compte les heures jusqu'à ce que M'zelle Soleil déplâtre. Encore deux jours si tout est beau. Il y a cinq semaines, lorsque j'ai compris l'importance de sa fracture, il était trois heures du matin. Il fallait attendre huit heures pour aller la faire plâtrer. De retour à la maison à quatre heures. J'ai encouragé Juan à se coucher. M'zelle Soleil s'était endormie sur le chemin du retour et nous n'avons eu qu'à la poser dans son lit.

Je suis restée seule, éveillée dans le jour levant, les nerfs en pelote j'ai pleuré. Dans le silence de ma brousse, j'ai pleuré comme une madeleine durant trois heures. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai pleuré l'été que l'on ne connaitrait pas (et qui s'est révélé le plus beau depuis cinquante ans!), j'ai pleuré la douleur de voir mon enfant blessé. J'ai pleuré la sourde inquiétude qui subitement s'installait en mon coeur. J'ai pleuré ma peine toute maternelle en réfléchissant à cette responsabilité qu'il m'incombait. La responsabilité de lui faire la vie douce comme elle le mérite. J'ai pleuré et j'ai pensé. Le jour s'est levé dans le gazouillement des oiseaux et je pleurais toujours. J'ai réveillé Juan à sept heures en pleurant (des idées plein la tête pour améliorer son sort enfantin). J'ai arrêté de pleurer lorsqu'il a fallu la réveiller pour repartir à l'hôpital. Je n'ai plus pleuré depuis.

Depuis je bataille. Je bataille cette colère noire que je ressens vis à vis de l'arrogante voisine. Je bataille mon amertume (et ignorance) des trampolines. Je bataille la douleur de voir souffrir mon enfant puis la douleur de la voir diminuée. Je bataille l'inquiétude latente qui me ronge de l'intérieur. Je bataille mes humeurs obscures pour lui rosir la vie malgré tout. Si souvent, dans l'invisible de mes sentiments, mon cœur de maman se fend. La mère louve en mon sang hurle à la lune. Et je collectionne les insomnies...

Puis je me raisonne, avec maturité, je me force à voir plus loin que cette peine qui m'étouffe de l'intérieur. Je réalise notre force face à l'adversité. L'on bataille les trois à notre façon mais l'on fait front. M'zelle Soleil prend le tout avec une philosophie qui la grandit. Elle sait désormais écrire même si elle ne sait pas tout à fait lire. Si son petit corps a un peu ramolli, son esprit s'est acéré. Il s'est affiné à l'ombre de cet immobile été.

Et si l'on croit les prévisions, elle sera bientôt guérie, remise sur pieds. Réparée. Je pourrai de nouveau apprécier cette sensation précieuse qu'est la bonne santé de son enfant. La voir marcher, courir, sauter. Et peut-être me reposer un peu les idées et dormir...