lundi, août 23, 2010

Pérégrinations de lac...

Pérégrinations de lac...

Alors que je ramasse les miettes de mes concentrations, je trébuche en effaçant par mégarde un long billet. Celui-ci disparait dans le néant informatique pendant que je hoquette. Voilà bien longtemps que je n'avais pas commis une telle gaffe! Fatiguée je suis...

Je respire de grosses bouffées d'air pur avant de  me replonger dans les eaux troubles de mes neurones agacés. L'été enchaine son dernier sprint. Même si les belles journées ensoleillent les heures qui s'effacent, les collines commencent à jaunir. Le vert se fane. Bientôt l'automne sera là.

Je cherche mes repères de solitude, de cybertravail et de discipline tandis que M'zelle Soleil s'échappe de mes jupes pour gambader de nouveau. Elle croque la vie avec un appétit retrouvé. Cela me comble. Je recommence à dormir (et à rêver).

Après sa première journée de garderie, son éducatrice explique à Juan qu'elle la trouve pareille qu'en son souvenir. Elle l'apprécie beaucoup. C'est une petite fille douce et facile. Je le prends comme un compliment, nous avons bien travaillé. Bientôt elle aura cinq ans...

M'zelle Soleil retrouve confiance en elle. En notre quotidien résonne ses éclats de rires insouciants. Taquine, elle s'amuse de nos limites parentales. L'entendre rire de bon cœur est une musique dont je ne me lasse point.

Même s'il y a de ces jours où je me passerais de la discipline parentale! Constante. Permanente. Hé oui, je sais, cela n'est pas prêt de s'arrêter! J'en ai encore pour des années à répéter, encadrer, guider, expliquer, discipliner...

Avec cet été plâtré, j'ai encore une fois réalisé à quel point l'on ne devait jamais rien prendre pour acquis et combien la banalité du quotidien est précieuse. Voir son enfant courir est naturel en soi mais c'est aussi une chance...

La demoiselle récupère plus vite que sa vieille mère qui désespère de ses pairs. La fin de semaine dernière, l'association pour la protection du lac a organisé un après-midi sans bateau à moteur dans la petite baie de ce grand plan d'eau. Mais c'était sans compter sur un citoyen vexé par l'idée qui en a profité pour faire un petit ramdam local...

La culture des moteurs sur l'eau

Ce citoyen vexé a décidé de protester en organisant une manifestation de bateaux à moteurs dans cette petite baie tranquille. Après avoir écrit à l'association puis téléphoné à la présidente pour la menacer et lui expliquer qu'il en avait assez des actions écolos, il a rassemblé une quarantaine de bateaux pour faire entendre son indignation! Au programme; intimidation des canotiers et kayakistes avec pour grande finale: déversement d'essence dans la baie assez important pour qu'il faille appeler Environnement Canada!

Je reste estomaquée par un tel comportement. Comment peut-on être si abruti? Cela me dépasse. C'est si stupide que j'en reste sans mot. Abasourdie. J'ai honte de mes pairs. La culture des bateaux à moteurs qui sévit au lac me sidère. Et l'on ne parlait même pas du lac en son entier, mais juste de la baie! Ce qui est triste à penser, c'est que l'on peine à rassembler trente personnes pour nos conférences et activités alors que ce genre d'individu peut sans mal regrouper quarante bateaux!

À mes yeux, ce genre d'individu est une sorte de terroriste de lac. Il ressent le besoin de faire régner la terreur chez ceux qui pratiquent canots, voiles et kayaks et il se sent même le droit d'empoisonner le lac pour faire entendre sa voix. Désabusée je suis.

Lake vibrations

Dimanche, M. Claude Phaneuf a donné une conférence pour aider à mieux comprendre les enjeux des lacs au Québec. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Je connais M. Phaneuf depuis quelques années déjà. J'apprécie toujours la pertinence de ses discours environnementaux. Aussi, lorsqu'il a abordé la problématique des bateaux à moteurs, il a comparé la position de ceux qui osent la dénoncer à ceux qui se retrouvent devant un peloton d'exécution. Fusillade assurée.

J'œuvre au sein de l'association depuis trois ans, plus j'en apprends, plus j'en comprends et plus je décourage. Présentement, je flotte sur un nuage sombre. Si encore il était possible de discuter et d'échanger avec intelligence avec ceux qui pensent que le moteur est vital aux plaisirs nautiques, l'on pourrait penser qu'il y a de l'espoir. Mais c'est loin d'être le cas. Et c'est sans parler de la municipalité qui fait la sourde oreille!

Les usagers de bateaux à moteurs font la loi. Ils se soucient peu de respecter ceux qui apprécient le nautique autrement qu'avec des moteurs. Et c'est bien là le problème. Le manque de respect. Un respect qui est aussi inexistant que la volonté municipale d'affronter ce monstre qui s'ébat à sa surface. Dépitée je suis.

Durant cette conférence j'ai bien aimé l'idée de faire une politique d'usage nautique basé sur les jours pairs et impairs. Par exemple, les jours pairs, les canots, kayaks et voiles sont libres de pratiquer à leur guise et les jours impairs, les embarcations à moteurs peuvent en profiter comme ils savent si bien le faire. Avec bruit et vagues.

J'ai aussi eu l'idée folle d'installer un couloir d'eau désigné pour les canots et kayaks, comme une piste cyclable mais sur l'eau. Ce qui aurait aussi pour bienfait de protéger les rives qui s'érodent sous les vagues des bateaux à moteurs qui les rasent. Mais je sais bien que je rêve en couleurs...

Ceci n'est pas sans me rappeler que la municipalité a déclaré ne pas avoir assez d'argent pour mettre en place une patrouille nautique (qui sensibiliserait et garderait un œil sur les comportements nuisibles), pourtant celle-ci ne rechigne devant aucun frais pour instaurer une dictature de plage en employant des gardes qui en controlent l'entrée et patrouillent le sable. Admettons que lorsque l'été bat son plein, cela puisse se révéler utile, lorsque les vacanciers ont déserté les lieux, ceci devient carrément surréaliste.

Pour l'anecdote: Vendredi dernier, j'emmène M'zelle Soleil et Charles (petit voisin du même âge) à la plage. Évidement, je dois montrer patte blanche pour fouler le sable désert, dérangeant ainsi la lecture du garde de service.

Puis je constate que les quatre sauveteurs de service pique-nique non loin tandis que je surveille les deux enfants présents. Je suis aux anges de savoir que mes taxes sont si bien dépensées! Et je repense à cette déclaration municipale qui explique qu'elle ne possède pas les 4000 dollars nécessaires à la patrouille nautique. Est-ce un manque d'argent ou de volonté? En voyant les sauveteurs pique-niquer et les gardes respirer l'air du temps, ma raison penche sérieusement vers un manque de volonté...

Sur la plage

Lorsque les poissons se rebellent

Mais pour finir sur une note plus légère, je vais conter ici ma récente rencontre avec un poisson psychotique. Une rencontre qui s'est déroulée à fleur d'eau en un endroit calme, sur une rive éloignée de la grande plage. Ce poisson (psychotique à mon imagination mais certainement sain d'esprit sous ses écailles) était pour le moins particulier. Et ce qui est sûr, c'est qu'il a eu le don de me divertir tout en me faisant réfléchir au soleil.

L'on dit que les rives sont la pouponnière du lac. C'est là que les poissons se reproduisent. C'est un environnement fragile qui abrite une vie aquatique dont on ne soupçonne guère la complexité. J'ai toujours trouvé romantique cette idée de pouponnière d'eau...

Mais il aura fallu que je vive dix ans en ce coin de brousse pour rencontrer un poisson. Pas de chance, je tombe sur un agressif! Alors que j'apprécie l'eau douce sur mes jambes nues, je sens un petit coup sur mon orteil. Je me penche et j'observe la transparence limpide pour apercevoir un petit poisson vert prêt à l'attaque! Surprise, je recule. Il se rapproche. Je fais quelques pas en arrière. Il avance. Amusée, je constate que celui-ci me suit à la trace. Et si je m'arrête, il se prépare à l'affront! J'étudie le phénomène avec un sourire aux lèvres.

Je cours chercher mon appareil photo et je retourne dans la zone interdite pour le voir rappliquer aussi vite. La surprise passée, la peur niaiseuse s'estompe. S'enclenche alors une petite danse d'eau entre mes pieds et le poisson. Étrange relation entre femme et poison. J'imagine qu'il protège son territoire. C'est peut-être une mère inquiète pour ses œufs. Ou alors c'est un poisson qui n'en peut plus de la présence de l'homme en ses eaux! Qui sait?

Poisson psychotique

7 commentaires:

  1. Ce que tu racontes sur le type et ses 40 bateaux me sidère!!! Comment peut-on être aussi aveugle et égoïste!??? Quelle tristesse!

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  2. C'est révoltant en effet! et déverser de l'essence!!!!!
    Un garde de plage? c'est quoi? la plage est privée? tu dois payer? justifier ton "appartenance au lac"? je m'interroge...

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  3. Dr Caso, sidérée j'étais aussi! Il y a de ces jours où être humain n'est pas un cadeau...

    Minutepapillon, oui, je dois justifier mon appartenance au village grâce à une carte de plage que je paye un peu plus cher chaque année. En fait c'est une plage municipale privée. Ainsi seuls les résidents du village y ont accès l'été. Les entrées sont gardées et sans carte, tu ne passes pas....

    Une telle réaction devant l'initiative d'un après-midi sans moteur( même pas sur tout le lac mais seulement la petite baie à l'écart) est honteux, c'est le coté sombre de ce paradis de nature qui m'inspire ces images que je partage ici...

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  4. ratata9:46 AM

    Il y a 40 abrutis qui ont des bateaux à moteurs sur votre lac ou ont-ils fait appel à leurs amis et connaissances pour venir grossir leur mouvement d'irresponsables et de frustrés chroniques?

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  5. L'été dernier plus de 1500 bateaux ont été recensé sur le lac! :( En dix ans, cela a presque doublé... J'imagine qu'il y a plus de gens qui se préoccupent de faire du bateau que de la santé du lac...

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  6. Ce type me décourage... D'autant plus qu'ils ne respectent pas les autres.

    Dommage, car ils auraient plus à gagner qu'à perdre je crois. Malheureusement, ils n'entendent pas la raison :-(

    J'imagine que si vous envoyez des pamphlet d'informations, ils ne les liront pas plus qu'ils ne sont aller à la conférence.

    J'espère quand même qu'il retrouvera son gros bon sens un de ces jours car ce type de menace est complètement dangereuse...

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  7. M'en parle pas! C'est pas mal dur à digérer et gérer! :(

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