jeudi, juin 28, 2007

Lorsque les enfants mettent la main à la pâte...

Lilounette au camp nautique

En ce moment, dès que j'ai un peu de temps, je travaille bénévolement pour le compte l'association de préservation du lac. Je rédige, je fais des entrevues, je prends des photos, j'enquête en vue de futurs articles, je tiens le site à jour, je vais à quelques réunions municipales. Ainsi, dans le cadre du programe de révégétalisation des berges, j'ai assité cette semaine, en compagnie de mon petit soleil, à une activité toute écologique et enfantine.

Une matinée dédiée à l'environnement, Lily-Soleil a adoré son expérience de camp au milieu des grands. Cela n'a pris de temps pour qu'elle se mette une jolie animatrice dans la poche. Pas timide pour deux sous, elle a socialisé à qui mieux mieux, elle a charmé quelques garçons (de quoi faire frémir son père!) et a couru après tous les ballons. J'ai pour cette occasion spéciale concoté un petit "billet-photo" pour le site de l'association que je partage ici bas:

Lorsque les enfants mettent la main à la pâte..

Mercredi le 27 juin s’est tenue une activité de revégétalisation à l'intention des enfants du Club Nautique St-Louis. Cette activité organisée par l’association comportait plusieurs volets. Elle s'est déroulée dans la bonne humeur, l'apprentissage et la compréhension...

My creation

Tout d’abord ces graines d'adultes ont sagement regardé une présentation des phénomènes divers qui entrainent la prolifération des algues bleues dans les plans d'eau. Ensuite Lynda, (notre présidente) a approfondi le sujet en expliquant aux enfants présents les principes et bienfaits de la renaturalisation des rives du lac. Puis, Jean François (notre technicien en milieu naturel) a enseigné aux enfants la meilleure façon de planter les différentes espèces végétales.

My creation

Après avoir assimilé toutes ces informations nouvelles, cette petite troupe s'est rassemblée sur la pelouse du Club Nautique pour mettre en terre les plantes. Les plus grands creusèrent des trous à l'aide d'un appareil adapté et les plus jeunes s'amusèrent à chercher les trous préalablement creusés pour y déposer leurs plants. Comme l’on ne peut pas utiliser d’engrais ou de fertilisant, une fois le trou creusé, l’on dépose simplement une pincée de poudre de champignons qui permettra à la plante de bien prendre racine, puis l’on enfonce le plant dans la terre, l'on tasse un petit peu et le tour est joué! Ensuite il suffira d'arroser régulièrement le tout et la nature se chargera du reste...

My creation

Une fois ce travail terminé, après une petite collation, les enfants ont dessiné, selon des thèmes choisis, leurs sentiments sur le sujet. Plusieurs ont ensuite pu discuter de leurs impressions avec Lynda, Michelle (notre directrice générale) et les animateurs du Club. Grâce à cette activité ludique et éducative, les enfants ont pu mieux comprendre leur environnement et apprendre ces petits gestes qui aident à préserver le lac à leurs pieds.

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enfance

On est de son enfance comme on est d'un pays.
Antoine de Saint-Exupéry

Le génie, c'est l'enfance retrouvée à volonté.
Charles Baudelaire

Pour connaître toute la mélancolie d'une ville, il faut y avoir été enfant.
Walter Benjamin

mercredi, juin 27, 2007

Minute sourire

Minute sourire

Un matin pas comme les autres j'ai retrouvé en ma machine une petite coquine...

Passer mon soleil à la machine...

mardi, juin 26, 2007

Scintiller dans le noir.

Dans le noir, elles scintillent.

Passé minuit, je m’écroule dans mon lit les yeux fermés. J’entends l’homme qui tape sur les murs.

- Juan, éteins la lumière tu fais quoi?
- Y’a plein de bibites, ça m’écoeure
- Humm, allez, c’est pas grave, dans le noir on s’en fout, éteins…

Bang, clap, bang, il continue son manège. Je commence à grogner plus fort et finir par ouvrir un œil :

- Y’en a pas tant que ça, c’est juste quelques papillons de nuit! Allez éteins…

Il grommelle et finit par capituler. Je plonge dans la douceur du sommeil. Je suis à deux doigts de l’oubli lorsqu’il me remue la peau :

- Etolane...
- Mmmmm…
- Etolane…
- MMMMMmmmmm
- Etol, regarde….
- Humm, quoi encore, je dors!
- Non mais vraiment regarde le plafond…

J’ouvre un œil, je ne vois rien, il commence à m’aiguiser les nerfs avec ses niaiseries.

- Etolane…
- Hummm, quoi, je dors, j’suis fatiguée, j’en peux plus!!!
- Non mais vraiment faut que tu vois ça. Regarde le plafond j’te dis.

J’obtempère en espérant qu’il finira par me laisser dormir. J’ouvre un œil tanné pour apercevoir une sorte d’étincelle suivi d’un bruit de statique. Surprise, j’ouvre l’autre oeil. Les deux yeux bien ouverts dans le noir, je manque de sursauter lorsque d’un coup le plafond s’illumine de petites lumières brillantes qui virevoltent dans l'obscurité. Bzzzz. Me voilà de nouveau éveillée!!!

- Oh!
- T’as vu?
- Ouais, intense…
- Quand je te disais qu’il y avait plein de bibites!!!

Les lueurs clignotent tout en donnant l’impression d’être parcourues d’étranges impulsions électriques. J’écarquille les yeux pour constater qu’une douzaine de lucioles font la fête au plafond. Se passe alors quelques minutes surréalistes qui oscillent entre rêve et réel. Légèrement déstabilisée, je ne peux m’empêcher de les contempler. C'est bizarre, féerique, saisissant, hallucinant, déroutant. Juan me dit :

- Sur le coup, j’ai pas trop compris ce que c’était, pendant quelques secondes, je me suis presque cru dans un de tes trucs à la Star-Trek, comme si j’avais changé de galaxie!


Je reste bouche bée sur mon oreiller. Malgré toute cette étrangeté, une lourde fatigue m’emporte inexorablement. Je glisse, je flotte, je m'endors…

lundi, juin 25, 2007

De fil en aiguille...

De fil en aiguille...

Une longue fin de semaine où profiter du temps qui passe. Une longue fin de semaine qui célébre la fête nationale sous les feux en tout genre et les concerts de plein air. Une longue fin de semaine où oublier les soucis du train-train quotidien...

Un vendredi après midi de jasette et de gourmandises avec Miss Dee. Un après-midi soupape pour la maman à la maison que je suis. Cela fait tellement du bien que j’en croquerai presque ma copine. Sous le soleil de cette magnifique journée, nous nous profitons d’une terrasse sur Cartier pour faire jouir nos papilles en chœur. Nous sommes deux gourmandes en liberté. Nous restons sages et jolies, nous savourons quelques délices raffinés sans nous goinfrer. À nos cotés, un groupe de personnes à l’aube de la cinquantaine papote. J’accroche des bribes de conversations que je partage avec la Miss. Cela discute du fameux « Secret » qui a tant fait parler de lui les dernières semaines, je dis :

- N’empêche que avec ce secret il n’y a rien de nouveau sous les tropiques, c’est juste ma théorie de souhaiter le cœur pur, c’est universel, sauf qu’en plus je suis même pas sure qu’il y a l’angle du cœur pur parce-qu’ils disent que tu peux souhaiter de l’argent et ça c’est pas très pur!

Miss Dee rigole de ma pomme. Elle connaît ma théorie de « souhaiter le cœur pur », la première fois que nous en avons discuté, c’était il y a déjà quelques années! Elle n’y croit pas trop, elle a toujours ce petit sourire amusé lorsque confrontée à mon « ésotérie ». Cependant au fil des années, je pense l’avoir assez étonnée pour qu’elle y croit un tout petit peu plus, n’est-ce pas Miss Dee qui se faufile par ici en silence?

Pendant que l’on papote, une superbe voiture me passe sous le nez. La discussion prend un virage antique.

- Hé, Dee, t’as vu le char?

Elle finit par l’apercevoir au loin alors que je dégaine mon appareil photo. C’est une vieille auto noire, reluisante sous le soleil, superbe, ancienne.

- J’sais pas toi mais moi c’est sur ces chars là que je trippe fort. Les super « mustangs » de l’année je trouve ça bof, ça me fait pas vibrer mais une voiture de l’ancien temps, je sais pas, cela me fait rêver.

La Miss s’accorde avec cet état d’esprit et la conversation roule en cette direction lorsqu’elle me fait subtilement remarquer :

- Regarde Etolane, un souhait qui se réalise…

Je tourne la tête et manque de sauter de joie sur ma chaise! Juste là, devant moi, à deux mètres, vient de se garer la géniale voiture. J’attrape mon appareil et j'en profite pour lui faire la fête. Cette voiture ne passe pas inaperçue, elle détourne le regard des passants qui ralentissent leur pas. Tandis que je la mitraille, une dame d’un certain âge me demande :

- Savez vous ce que c’est comme voiture?
- Heu non, pas du tout, et vous?
- Non plus…
- En fait, je la trouve juste très belle…
- Moi aussi, me répond l’inconnue qui reprend sa course.

Je reviens m’asseoir aux cotés de mon amie, l’on se demande quelle peut en être l’origine. Elle me dit :

- Cela me fait penser au film, là tu sais en noir et blanc avec des touches de couleurs…
- Sin City?
- Ouais, lui, pas toi?
- Si aussi. Cela m’évoque aussi l’atmosphère des incorruptibles.
- Ou encore, tu sais, la série vieille en France…
- Les Brigades du Tigre?
- Oui, elle, ma mère a joué dedans d’ailleurs?
- Oh! Elle faisait quoi?
- Juste figurante, elle lisait une revue dans un café…
- Et tu l’as vue?
- Oui, ma mère était super fière de son expérience, on avait la cassette chez nous…

L’on continue de discuter de tout et de rien, de profiter du soleil sur nos têtes, de se demander quelle peut bien être la marque de cette incroyable voiture lorsque l’on voit sortir de l’immeuble d'en face le propriétaire dudit "char". La Miss me pousse et je me précipite pour arrrêter mon élan devant l'homme supris. Il s’apprête à embarquer derrière son volant. Je lui demande avec un sourire :

- Dîtes, c’est quoi la marque?

Il me lance avant de s’engouffrer dans l’habitable :

- C’est une Citroën 1950….

Citroen 1950

L’après-midi poursuit sa route amicale. L’on se retrouve avec nos hommes et l’enfant pour souper au cœur de leur antre urbaine. L’on tombe vite sous le charme de notre petite frimousse qui se fait un plaisir de nous divertir. Notre petit clown est en grande forme. L’on rentre en nos pénates avec la nuit tombée…

Le lendemain, veille de la St-Jean, nous sommes invités à un party d’après-midi chez une amie. Nous décidons d’attendre la fin de la sieste de Lily pour partir en vadrouille. L’on sait que l’on arrivera bien en retard mais au moins l’enfant pourra en profiter. Nous arrivons en fin d’après-midi au bord du grand fleuve, de l'autre coté de la capitale nationale, nous nous baladons dans le quartier cossu où réside Rosa et sa tribu. Nous avons raté le méchoui mais il reste encore quelques miettes à grignoter et l’ambiance est très agréable. Lily-Soleil ne perd pas de temps pour se faire une petite copine. Hélo a 11 ans et fond littéralement devant mon p'tit Soleil qui rayonne...

Lily-So-and-Hélo-II Lily-So-and-Hélo-III

Des airs de salsa emplissent l’atmosphère fraîche. Je me force à me sortir la tête de ma bulle maternelle. Rosa est d’origine péruvienne et les invités forment un joyeux melting pot, cela parle espagnol, anglais, français, québécois. Cela se mélange et cela danse. Les enfants s’amusent dans le pré. Les adultes se laissent aller à la joie de vivre. Certains discutent un verre à la main, d'autres jouent comme des gamins. Avec le soir tombe une fine pluie qui en fait fuir quelques uns et qui fait rentrer les autres dans la maison. Alors que la nuit s'installe, Rosa nous entraîne chez l’un de ses amis qui fait un gros feu de St-Jean sur une grève du St-Laurent. Lily-Soleil qui n’a pas l’habitude de veiller si tard ouvre grand ses yeux curieux. Elle combat la fatigue pour ne rien manquer de l'ambiance festive. Lorsque les feux d’artifices crèvent la nuit, elle ne sait pas trop sur quel pied danser. Elle se colle alors contre l’épaule de Juan pour ne plus en bouger. Nous rentrons à l’heure où sortent les sorcières.

La suite de cette longue fin de semaine se déroule entre lac et forêt. Qu’il est bon de passer du temps ensemble. Qu’il est bon de se câliner lorsque la petite fait sagement sa sieste. Qu’il est bon de tisser au présent l’étoffe de notre futur.

Nous en profitons pour remettre en ordre la maison, pour passer du temps avec notre brin de fille qui n’en finit plus de grandir. Nous apprécions de notre mieux ces instants précieux qui font la vie douce...

sur un fil...

L'expression de la semaine se dédouble pour le plaisir de la langue qui s'effile...

EXPRESSION
Le fil d'Ariane.

SIGNIFICATION
Une ligne directrice, un fil conducteur.

ORIGINE

"L'expression "le fil d'Ariane" trouve son origine dans la mythologie grecque. Pasiphaé, mère d'Ariane et reine de Crête, avait engendré un monstre, le Minotaure, suite à ses amours contre nature avec le taureau d'Apollon. Son époux, le roi Minos, demanda au célèbre ingénieur et architecte Dédale de construire un bâtiment capable de retenir prisonnier le Minotaure. Dédale construisit un labyrinthe si compliqué que quiconque y entrait ne pouvait plus en ressortir. Minos, roi de Crète, devait faire une offrande de 7 jeunes garçons et de 7 jeunes filles au Minotaure enfermé dans le labyrinthe, et ce, tous les 9 ans. Ariane, la fille du roi, confia à Thésée dont elle était amoureuse, une pelote de fil qu’il devrait dérouler pour pouvoir trouver le chemin du retour. Grâce à ce fil, Thésée pu tuer le monstre et retrouver son chemin. Aujourd’hui, un "fil d'Ariane" est une ligne directrice, une conduite à tenir pour atteindre un objectif." L'expression "le fil d'Ariane" caractérise, en référence à cette légende, le moyen qui permet de se diriger au milieu des difficultés, de raisonner. (source: ici et )

Il est aussi intéressant de constater que cette expression est entrée dans le langage informatique par ce biais ci:

Fil d'Ariane n. m.
Synonyme(s): chemin de navigation n. m. piste de navigation n. f.

Définition:
Outil d'aide à la navigation constitué d'une suite de liens hiérarchiques, chacun représentant une subdivision de la carte du site, qui donne à l'internaute un aperçu du chemin parcouru et lui permet de repérer facilement sa position dans l'arborescence du site Web visité.

Note(s): Le fil d'Ariane, généralement situé dans le haut d'une page Web, sert d'indicateur visuel de la page courante, du parcours de l'internaute et de leur relation contextuelle avec la structure arborescente du site. Généré dynamiquement, il indique à l'internaute où il se situe relativement à la carte du site et lui permet grâce aux mots cliquables qui le composent de retourner facilement dans les pages visitées. Ainsi, s'affiche, au fil des pages visitées, le chemin parcouru, comme les miettes de pain ou les cailloux semés par Hansel ou le petit Poucet.

L'expression fil d'Ariane fait référence à la légende du Minotaure, dans laquelle Ariane confie à Thésée une pelote de fil afin qu'il parvienne à retrouver son chemin dans le labyrinthe conçu par Dédale. Cette expression reprend l'idée du chemin retrouvé (dans le labyrinthe que représente parfois Internet), non plus, ici, grâce à des miettes de pain ou à des cailloux, mais grâce à une pelote de fil. (source oqlf)
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EXPRESSION
De fil en aiguille.

SIGNIFICATION
Progressivement.

ORIGINE
"De fil en aiguille est une expression apparue au XIIIe siècle et signifie que l'on passe d'une chose à une autre de manière progressive. Si la traduction latine "ab acia et acu" fait bien référence au domaine de la couture, l'expression a été influencée par le "fil" en tant que "courant d'eau ou de liquide", qui symbolise un mouvement fluide. "De fil en aiguille" signifie que l'on passe d'un sujet de conversation ou d'une occupation à une autre progressivement."
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La langue française recèle d'expressions qui tourne autour d'un fil comme on peut le constater par là...

dimanche, juin 24, 2007

En coup de vent

En coup de vent. Bonne St-Jean...

Feu-de-St-Jean-II

Occupée, en vadrouille à droite et à gauche, fatiguée, absorbée par les jours d'été, les amis, la "familia", je perds le fil de mes mots dans les méandres du quotidien qui se doit d'être vécu. Il est parfois bon de s'éloigner un peu de la machine virtuelle pour mieux s'imprégner de la texture des heures qui s'effacent inexorablement. De retour en ligne demain...

mardi, juin 19, 2007

...

...

L’homme parcoure le site de l’association du lac du lac et s’exclame :

- Ben dis donc, t’en fais des choses, des fois je me rends pas compte…

En effet, je fais toutes sortes de choses non rémunérées. La présidente de l’association est très reconnaissante de mon bénévolat qu’elle qualifie de contribution inestimable. J’offre aussi mes photos au service de la Corporation du bassin versant de ma région qui s’en sert pour illustrer les pamphlets, les réunions, les documents qui concernent la bonne santé du lac. Je les donne à la bonne cause, il ne pourrait en être autrement. Souvent l’on me dit : « Tu devrais essayer de plus vendre ce que tu fais, tu pourrais te faire des sous ». Je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à voir ainsi la vie. Je suis payée en « humanitude », tout au long de mon existence, je désire m’enrichir de l’intérieur afin d’en emmener le plus possible à ma mort. C’est ainsi que je vois la vie…

M'enfin, revenons à nos moutons d'eau. L’association du lac a mis en marche un programme de revégétalisation des berges, la semaine dernière, j’ai donc assisté à une séance sur le terrain afin de faire un petit reportage pour le profit du site de l’asso, une petite sortie qui s'est révélée très instructive. En voici les grandes lignes et quelques images:

(...) Plusieurs végétaux ont été plantés afin de filtrer l’eau qui dévale de la montagne et d'enrayer l’érosion des berges qui nuit à la bonne santé de notre plan d'eau. Mr L. possède sur son rivage un quai fait de béton comme l’on peut en voir beaucoup le long du lac...

Ces avancées de béton dans le lac ont un effet pervers car leur présence réchauffe insidieusement ses rives. Ce phénomène de réchauffement contribue à la prolifération des algues bleues. Ces quais sont indestructibles, il est très difficile de les enlever mais l'on peut quand même contrer leur processus d'infiltration et de réchauffement du lac.

Pour ce faire, il existe une solution toute simple qui consiste à révégétaliser la base des murets à proximité de la plage pour ainsi diminuer les infiltrations nuisibles et aider à ce que le béton ne se réchauffe pas trop. Pour éviter que le béton n'absorbe énormément de chaleur, l’on peut aussi faire pousser de la vigne vierge en pots, cette vigne en grandissant recouvrira la surface et isolera le béton des rayons du soleil.

Une bonne révégétalisation de la bande riveraine commence à la ligne des hautes eaux et s’étend vers la résidence sur 10 ou 15 mètres, selon la pente du terrain. Ceci forme alors un bouclier végétal qui protége le plan d'eau. Les plants appropriés pour la bande riveraine n’ont besoin d’aucun engrais ni entretien.

Bellesberges-II

Plusieurs espèces ont donc été plantées en cette magnifique journée:

- chèvrefeuille
- myrique baumier
- rudbeckie
- saule arctique nain
- spirée à large feuille
- vigne vierge

My creation

J'en profite pour remercier de leur hospitalité Mr. et Madame L. qui nous ont gentiment accueillis en leur demeure et qui ont ainsi donné le bon exemple sur ce qu'il est possible de faire pour améliorer la qualité de l'eau sans pour autant affecter leur superbe vue. Participer à la renaturalisation des rives est très important, c'est un tout petit geste qui s'inscrit dans une grande cause.

Helena-II Helena-I
Helena Bellesberges

Sur le vif,

Sur le vif,

La matinée est radieuse, je joue avec Lily-Soleil sur la pelouse, j’entends sonner le téléphone, je laisse aller le répondeur. Une heure plus tard, nous rentrons à la maison, j’écoute le message. Un collègue traducteur est en détresse, allons bon!!! J’installe l’enfant dans sa chaise et lui prépare à manger tout en retournant l’appel de cet illustre inconnu. Au bout du fil, un homme stressé me répond qu’il m’envoie de suite un document pour que l'on puissse en discuter! Shoot! Dans quoi est-ce que je viens de m’embarquer?!?

Lily gigote sur sa chaise, je lui tartine quelques craquelins pour la faire patienter tandis que je me rue sur l’ordi pour ouvrir son document. À peine l’ordinateur a-t-il ouvert la page que le téléphone sonne. Je réponds. L’homme est en panique. J’ai le cerveau qui démarre au quart de tour tandis que je lui parle calmement. Une poussée d’adrénaline me fait carburer les neurones. Je jette un œil rapide sur la traduction à faire, sans trop savoir, je pressens que son truc, c’est pas du gâteau. Je pense plus vite que mon ombre. En quelques secondes, je me remets les pendules à l’heure, je réalise que cet homme doit être en lien avec une dame qui avait utilisé mes services durant l’été de ma grossesse (il y a donc deux ans). L’été, les traducteurs de la boite partent en vacances, c’est là que je fais surface, par une sorte de miracle inexplicable, il a dû me retrouver sur sa liste de dépannage! Me voilà prise d’un coup dans son tourbillon du jour. Je sais que je ne peux refuser sa requête. Je me rappelle vivement que je compte bien reprendre du « turbin » à l’automne et que d’ici là, il faut que j’attrape les perches que m’apporte le destin, histoire de me dérouiller la cervelle et de me retremper les pieds dans ce métier de fou. Depuis peu, j'accepte donc par ci par là, les petits contrats qui tapent à ma porte. Alors que je lui parle et que je réflèchis, je sens la pression monter et traverser le combiné. J’ai beau essayé de lui expliquer que j’ai un bambin dans mes jupes laquelle pleurniche dans mon dos, il s’en tape joyeusement le coquillon! Il est dans le jus jusqu'au gosier et ma problématique maternelle lui passe carrément au dessus de la tête! D’un coup, je réalise avec vigueur pourquoi j’ai décidé de ne pas traduire pour m’occuper de ma fille! Je me dépatouille pas mal de la situation et je raccroche avec un délai d’une grosse heure pour près de 300 mots.

Lily-Soleil est fatiguée et ne rechigne pas à dormir. Dieu merci! Je me plonge dans le maudit document pour vite réaliser que je suis un schouia dans le « caca »! Me voilà les pinceaux empêtrés dans le monde de la haute finance, cela ne rigole plus la mère! Je sens mon estomac se nouer, me voilà partie à mille lieues de ma réalité. Moi qui ne gagne pas un sou depuis des mois, moi qui suis privée de tout pouvoir d’achat, moi qui contribue à l’état de pauvreté de ma famille afin de respecter mes valeurs intérieures, me voilà la cervelle dans un petit coin de pouvoir et de gros sous. Un texte spécialisé complexe qui me fait battre le cœur à 100 à l’heure. Ma fille, il va falloir performer! Dieu merci, autre petit miracle, j’ai accès à Termium qui me sauve la vie pendant que j’essaie de comprendre ce que je suis en train de lire! On parle là de créances subordonnées et prioritaires, de montants énormes de liquidités et d’opérations de financements étranges qui me laissent pantoise. Vais-je m’en sortir? J’ai la cervelle en compote, je me sens faiblir. C’est alors que la professionnelle en ma peau prend les rennes de la situation, après tout c’est un peu comme faire du vélo, cela revient plus vite qu’on ne se l’imagine et j’ai toujours tendance à être excitée par un bon défi intellectuel! Et puis, il y a ce coté espionnage qui me revient et me stimule l’esprit, le traducteur peut parfois se retrouver au cœur des grands secrets, en coulisses, il épie. Le secret professionnel du traducteur peut peser lourd dans une balance de pouvoirs…

Bref, ça c’est le coté romantique qui me fait supporter la folie du métier. Parce-que la réalité du traducteur est souvent celle-ci : Le texte envoyé devrait être traduit dans la seconde où il est reçu!!! Une grosse heure plus tard, j’ai la cervelle toute triturée mais j’ai fini en avance. J’avais super bien ficelé mon affaire finalement. Je n’ai plus qu’à envoyer ma petite facture qui, si l’on en considère le taux horaire, est plus que satisfaisante. Ce qui m’entraîne les idées vers ce choix de vie que j’ai fait. En marge de la norme, je persiste et je signe. Certaines études démontrent qu'une mère au foyer vaut plus de 130 000 $. Tu m'étonnes Paul! Personnellement, je me contenterai de 100 000 $ vu que je ne suis pas une fée du logis et que mes talents de cuisinière sont dérisoires. Utopie quand tu nous tiens! Au réel, il y a le gouvernement Harper qui me verse 100 $ par mois! Même si j'essaie de ne pas y penser trop souvent je réalise que si je mettais autant d’énergie à traduire que je n’en mets à élever ma fille au quotidien je pourrais être pas mal plus à l’aise matériellement que je ne le suis aujourd'hui! Je n’aurais pas à manger des pissenlits pour arriver à boucler les fins de mois. Je n’aurais plus à me priver, je pourrais voyager, envisager ces choses qui me font envie et les choses dont j'ai besoin. Je ne verrais guère ma fille mais mon portefeuille serait sacrément bien rempli! Paradoxes de vie…

Les vieux disaient dans mon jeune temps :

- L’on a la vie que l’on se fait ma fille…
- C’est un fait grand-mère, présentement la mienne semble surtout composée d’amour et d’eau fraîche, d'air pur, de culture, d’art et de rêves…
- Etolane quand descendras-tu de tes nuages ?

lundi, juin 18, 2007

Mi-Juin

Lac-de-juin

Une nouvelle semaine débute avec une autre magnifique journée. Maintenant que Lily-Soleil est en voie de guérison, je retrouve ces habitudes virtuelles qui disciplinent mes mots. Durant ces derniers jours, j’ai tourné toutes mes attentions vers la petite afin d’adoucir le plus possible ses douleurs. Nous nous sommes soudés autour de l'enfant blessée. Comble de joie, elle a profité de l’épreuve pour percer une molaire! Plus capricieuse qu'à son habitude, elle nous a doucement enroulés autour de son petit doigt. Nous savons qu'il ne sera pas drôle de redresser la discipline parentale une fois sa santé complétement retrouvée. Même si elle me fait parfois tourner en bourrique, je ne peux me résoudre à la disputer ou à la brusquer en de tels moments! Alors je pratique mes patiences en silence. Ces derniers jours elle a plus souvent fait la moue qu'autre chose et c'est avec diligence que je me suis pliée en quatre pour la faire sourire...

Sa plaie commence à cicatriser, elle a pris l’habitude d’aller tous les jours à l’hôpital pour changer son pansement. Elle chantonne sur la route et se fait toute sage. Elle ne pleure plus lorsque vient le temps de changer son bandage. Elle en connaît toutes les étapes et ce matin, pour la première fois, elle a osé regarder (presque avec curiosité) l’infirmière appliquer l’onguent sur sa brûlure. La peau se refait peu à peu, les douleurs s'estompent, il ne manque plus que le coude guérisse que l’on puisse lui enlever son pansement. Bientôt elle pourra profiter des beaux jours pour barboter à sa guise. Désormais son changement de pansement se remplace aux deux jours. Elle finit son traitement d’antibiotiques demain. Tout commence par rentrer dans l'ordre si ce n'est le fait que je suis légèrement "désénergisée"! C'est un petit prix à payer pour le bonheur de la voir bien aller. Il y a peu de mots qui peuvent exprimer le soulagement que je ressens présentement. Nous sommes presque sortis du bois ou de l’auberge, c’est selon le coté de l’atlantique duquel l’on se place. De tout coeur, je tiens à remercier toutes celles qui ont pris la peine de déposer en cette virtualité un petit mot de soutien ou un message d'encouragement.

Nous avons fait une croix sur le festival de Tadoussac, enfin principalement moi. Juan m’a proposé d’y aller seule avec mes amis mais je ne me sentais pas le cœur d’agir ainsi. Plus j'y pensais et plus cela m'était inconcevable. Miss Dee est donc partie à l'aventure sans moi. Pas de café bohème pour Etolane devenue maman! Malgré toute ma raison, un fond de déception se languit entre deux pensées sereines. Durant tout l’hiver, le festival de Tadoue fut la carotte qui m’a fait plusieurs fois avancer dans mes sombres moments de solitudes maternelles. Depuis février, je visualise la carotte lorsque me vient l’envie de glisser. Lorsque j’ai l’impression de ne plus exister, lorsqu’être mère prend toute la place et que je me bats pour trouver un équilibre à cette équation. Et puis d’un coup, alors que je m’apprêtais à me mettre cette belle carotte sous la dent, le destin l’a lancé dans le St-Laurent sans que je ne puisse rien croquer. Dur, dur pour ma pomme des bois en manque d'action! Ainsi va la vie. Ce n’est qu’un petit sacrifice de plus dans ma parentitude, c’en est un peu devenu une habitude. Mais est-ce vraiment se sacrifier que d’abandonner des petits bouts de soi pour le bien-être de l’enfant? D’année en année, elle aura de moins en moins besoin de moi et je pourrais de nouveau raccrocher ces petits bouts d’individualité éparpillés à ma peau de femme.

En attendant, l’on retrouve une routine estivale tandis que je me remets de mes émotions passées. Je m’implique dans l’association pour la préservation du lac en tenant à jour le site web et en écrivant régulièrement des billets à ce propos. Je prépare un dossier épineux sur l’impact des embarcations à moteur sur le lac afin d’écrire un article qui risque de m’attirer quelques foudres locales. Je sais que j’aborde un sujet tabou au village mais il m’est impossible de me taire. J’espère ne pas trop mettre en péril ma paix sociale. L’homme s’en inquiète un petit peu, mais c'est plus fort que moi, les abrutis m'indiffèrent et la santé de ce magnifique plan d'eau hante mes pensées. De plus, l’heure est trop grave pour ne rien faire, pour ne rien dire, pour se cacher la tête dans le sable. Il est fort probable qu'un autre épisode d'algues bleues refasse surface d'ici l'automne, le lac a besoin de toutes nos défenses humaines. Il m'appelle, je l'ai dans la tête, je l'entends en mon coeur, il vibre dans mon sang, je suis envoutée...

Que serait l’image du Québec sans la pureté de ses lacs? Laisser mourir les lacs sans s'en préocupper est presque un crime à mes yeux. Comment peut-on dormir sur ses deux oreilles à coté d'un lac en danger? Malheureusement les lacs font tant partie de la réalité collective que plusieurs en ont oubliés leur fragilité pour ne plus voir qu’un terrain de jeux où s’éclater en toute insouciance! Pourtant si nous voulons préserver la nature, il faut commencer par la respecter et prendre conscience de l’impact de nos modes de vie sur notre environnement, c’est, à mon avis, le premier pas d’une très longue marche…

Petons

jeudi, juin 14, 2007

Blessure d’enfant (suite)

Blessure d’enfant (suite)

Sous le soleil de cette autre belle journée, un semblant de retour à la normale qui fait du bien. Après être passée à la clinique aux petites heures du matin, Juan a repris sa routine de bureau, Lily encore patraque reprend du mieux. Elle a dormi dans son lit la nuit dernière sans se réveiller. Même si nous avons dû la réveiller à trois heures du matin pour lui administrer malgré elle sa dose d’antibiotique, elle ne semble plus faire de fièvre. Elle redevient la petite fille que nous avons appris à connaître. Un soulagement palpable s’installe dans notre maisonnée.

C’est dans la nuit de lundi à mardi que nous avons vécu le pire. Avant le coucher, la trouvant brûlante (j’avais eu la subtile impression de la voir décliner durant la fin de l’aprés-midi), sans surprise, je découvre que sa fièvre est à 38.3. Nous lui donnons une nouvelle dose d’analgésique. Tout de suite, je sens les griffes de l’inquiétude étreindre ma force vitale. J’appelle Info Santé, l’infirmière de service me conseille de surveiller la fièvre. Si cela stagne, attendre le lendemain pour consulter le docteur comme il était prévu de la faire. Si la fièvre monte, retourner d’urgence à l’hôpital. Cela dit, le fait qu’elle fasse de la fièvre est mauvais signe, je le sais au plus profond de mon cœur.

Nous avons des amis à dîner et la conversation du soir tourne autour de la brûlure. L’enfant se réveille sur le coup de dix heures. Elle est brûlante, blanche comme la lune, nous reprenons sa température : 39.5. Nous décidons de partir à l’hôpital sur le champ. J’appelle la réceptionniste du petit hôpital de brousse où Lily est soignée, histoire d’être sure qu’il y a un docteur de garde! La réceptionniste me dit de l’emmener de suite pour consultation. Nos amis repartent en ville. Kay me prend chaleureusement dans ses bras, sensible à ce souci qui pèse lourd sur mon visage. En vingt minutes, nous sommes à l’hôpital. En cinq minutes, une infirmière nous rencontre. De peines et de misères, elle prend la température de l’enfant, nous voilà rendu à 40. Lily-Soleil semble s’éteindre à petit feu, elle est livide. L’infirmière lui administre un autre analgésique. Nous restons dans la salle de consultations tandis que Michelle l’infirmière part chercher le docteur. Juan essaie d’alléger l’atmosphère en faisant la conversation. Je ne suis guère bavarde. Il explique à l’enfant bouillant :

- Tu vois ma Lily, là, Maman elle a le cœur dans les talons, juste là dans le talon.

L’enfant fronce un sourcil, il poursuit :

- Pis son estomac, il est dans sa gorge…

J’avale mon tourment pour sourire faiblement. Je sors l’un des sablés que j’ai confectionné le soir même pour lui changer les idées. Le docteur arrive sur ses entrefaites. Il trouve le sablé appétissant. C’est un jeune homme d’allure sympathique, fin vingtaine, pas mal de sa personne. Il examine l’enfant, semble préoccupé, nous lui expliquons la situation. Je fais mention de la dizaine de piqûres de moustiques qu’elle a sur le corps et qui sont entrées en éruption durant les dernières heures. Je sens monter les larmes que je retiens péniblement. L'enfant hurle lorsque s'approchent les infirmières. Le docteur constate que son petit bras est brûlant. Il faut enlever le pansement. Je sens la réticence de Juan qui se contrôle. Changer le pansement implique qu’il la tienne à nouveau tout en subissant cette vive douleur qui la fait se tortiller comme un asticot hystérique. Je savais que nous devrions passer de nouveau par là. Nous en avions parlé durant le trajet mais l’homme ne pouvait imaginer lui faire subir cette autre torture. Le moment fatidique arrive. Je voudrais que sa douleur soit mienne.

Elle hurle de douleur criant « Maman » comme si elle se noyait sous mes yeux. Les larmes inondent mon visage qui reste calme tandis que je me plonge mes yeux dans les siens pour lui expliquer que nous devons la soigner même si cela fait très très très mal. Le moment est terrible. Il déchire nos deux cœurs de parents qui s’émiettent misérablement. L’homme s’énerve un peu contre les infirmières. Je discute avec le gentil docteur (pas laid de surcroît) les joues pleines de larmes, j’ai le cœur dans les talons et l’estomac dans la gorge. Même si la plaie est belle, il est évident qu’il y a infection pour que la fièvre soit si forte et ce genre d'infection est très dangereux, cela va tout de suite dans le sang. Le docteur décide de la mettre immédiatement sous traitement intra-veineux. Nous changeons de salle. Quatre infirmières entourent l’homme et l’enfant. L’une d’elle se tourne vers moi et me demande comment cela va. Je suis si blême qu’elle m’encourage à aller prendre l’air quelques minutes, puisque je ne peux rien faire de plus, autant essayer de reprendre des forces…

Minuit sonne. Je sors dans la nuit chaude. Nous sommes les seuls patients. J’ai remarqué deux policiers à l’entrée. Ils sortent peu après moi avec deux femmes sur leurs talons. L’une d’elle semble avoir pas mal de problèmes. Ils me remarquent à peine sur mon banc. Je l’entends refuser d’aller en centre. Je ne sais pas trop ce qui lui est arrivé, je soupçonne une querelle conjugale. Grossière, elle se dispute avec l’un des policiers. Attentive, je me fais toute petite sur mon banc.

Elle : Je veux pas aller là, calvaire j’irai pâs! J’veux aller chez ma mère, emmène moé chez ma mère j’irais pas dans ton centre tabarnak!
Lui : Il est passé minuit et ta mère a 82 ans! Tu vas aller au centre j’te dis!
Elle : Non, j’veux pas. Ma mère a déjà vu pire, pis c’est elle qui a les enfants à soir!
Lui : Raison de plus, tu vas pas aller tous les réveiller, tu vas au centre jusqu’à demain matin!

La femme qui l’accompagne s’insère dans la conversation pour la convaincre d’accepter, elle propose de l’emmener. L’autre colère, sacre, tempère :

- Ouin, ben si j’y vas, je crisse mon camp à la première heure, avant que tout l’monde soit deboute! J’veux pas qu’on m'voie là! C’est-tu clair tabarnak de cristie de câlisse!!!

D’un coup, elle croise mon regard vide de jugements. J’ai le cœur dans les talons, l’estomac dans la gorge, je suis toute petite sur mon banc. Je respire les étoiles en priant le ciel, j’erre dans une douleur intérieure sans nom. Elle soutient mon regard qui ne baisse pas. Elle me demande si j’ai du feu. Le policier qui la tient par le bras me regarde gentiment en tournant la tête de gauche à droite pour que je ne lui réponde pas. La dame qui l’accompagne l’entraîne rapidement vers sa voiture. Les policiers remontent dans la leur. Je regarde tout ce petit monde disparaître de mon horizon. Il y a toutes sortes de misères humaines sur Terre, certaines sont physiques, d’autres sont morales. Aucun humain n’échappe à la souffrance. Je pense à mon brin de fille qui vit ce concept pour la première fois de sa petite vie. Mon cœur sombre. Un sanglot m’emporte. Le silence m’englobe. Je lance une dernière prière aux étoiles qui scintillent dans la noirceur de l’infiniment grand. Je respire profondément avant de reprendre le chemin de ma famille.

Dans la salle, l’enfant hurle, pleure, se débat. Elle est contente de me voir. Je lui souris, je prends sa petite main dans la mienne. Les infirmières ne trouvent pas de veine à piquer. Elles n’ont pas l’expérience d’un si petit corps. Elle ne savent plus à quel saint se vouer. L’homme a un regard d’aigle, il surveille la situation sans rien perdre des détails. La seule veine qu’elles trouvent est à coté d’une grosse artère. Elles hésitent. Il refuse de les laisser piquer là. C’est un cirque surréaliste. Finalement elles décident de reprendre sa température. Avec soulagement l’on constate qu’elle a un tout petit peu baissée. La grosse dose d’analgésique prise en arrivant commence à faire effet. Le docteur revient. Il est dépité. Il se résigne à lui administrer un antibiotique par voie orale. Juste cela, c'est du sport, l'enfant ne veut plus rien savoir des adultes qui l'entourent. Le docteur nous explique qu’il ne peut rien faire plus. Que si sa fièvre remonte encore, il faudra aller d’urgence à Québec où les hôpitaux ont plus de moyens. Nous rentrons à la maison avec notre trésor malade. Nous sommes complètement retournés. Sans se laisser abattre, nous nous serrons les coudes pour ramer plus fort dans la débacle de nos émotions. L’enfant s’endort pour se réveiller une heure plus tard. Elle vomit. Sa température stagne, nous la couchons avec nous. Allongée dans le lit, une main sur son petit dos, je ne peux trouver le sommeil. Il n’y a plus qu’elle dans mon univers qui tourne autour de sa peine. J’ai peur. J’ai mal. Je veux lui offrir le meilleur.

Au petit matin, son état semble se stabiliser, elle n’est pas en forme mais elle se bat. Nous poursuivons le traitement antibiotique. En fin d’après-midi nous retournons pour une autre séance de torture. Changement de pansement. Les infirmières nous reconnaissent et sont d’une extrême gentillesse. Il n’y a pas à dire c’est peut-être un hôpital de brousse mais le service est excellent, humain, personnalisé. Nous attendons à peine. En une heure c’est fait. Lily-Soleil ne va pas bien mais son état semble s’améliorer. Nous rentrons un peu plus soulagés. Mercredi n’est pas facile, elle a mal, elle se plaint en touchant son bras et en disant de sa toute petite voix si mignonne : « aille, aille, aille ». Elle n’aime pas prendre ses médicaments, la pauvre petite puce n’en peut plus. La journée se passe sans autre anicroche. Tout doucement nous recommençons à respirer. Juan me dit :

- Je suis heureux d’être heureux, content d’être content, soulagé d’être soulagé.

je le comprends intimement. Au fil des jours, j’ai réalisé toute la banalité de l’accident, ensemble nous avons traversé l’épreuve, forts de ces sentiments qui nous lient en cette enfant chérie, nous combattons sans nous déchirer. Juan n’en revient pas des dégâts qu’aura pu causer une seule tasse de thé. Pour avoir vécu pareille expérience, je ne suis personnellement pas étonnée. Au passage, nous essayons de retirer le meilleur de nous même. Aprendre de l’épreuve pour avancer, pour évoluer. Je ne peux m’empêcher de ressentir une très grande compassion pour tous les parents qui ont un enfant atteint d’une maladie incurable et qui doivent incorporer ce cycle de soins à la texture de leur réalité. Il y a quelque chose d’absolument pas naturel à voir souffrir un enfant. Un enfant c’est la vie et l’innocence, c’est le rire et le bonheur, c’est les pleurs de colère ou de caprices. De mieux en mieux, nous comprenons toute la portée de notre « parentitude ». Tous les trois, nous avons pris, chacun à notre manière, un petit coup de vieux…

Aujourd’hui l’enfant est fatiguée, elle pleurniche plus qu’à son habitude mais reste gentille dans sa petite misère. Petit à petit elle reprend des couleurs. Nous devons nous rendre toutes les 24 heures à la clinique de l’hôpital pour lui faire son changement de pansement. L’infirmière qui la prend en charge est adorable, douce et dévouée. Elle tombe vite sous le charme de notre petit soleil dans la brume, elle n’en finit plus de s’extasier. Elle nous dit :

- Comment voulez-vous résister à un tel regard. Quelle jolie petite puce! Et elle est gentille en plus…

Elle poursuit en nous disant qu’elle nous trouve de bien bons parents. Je ne sais quoi dire devant cette gentillesse qu’elle nous témoigne. L’homme ne peut s’empêcher de répondre :

- Si on était meilleurs parents, elle ne se serait pas brûlée…

Elle sourit à sa répartie. Elle nous dit de ne pas nous faire, que c'est un accident tout à fait courant. Lily-Soleil reprend du poil de la bête, elle arrive même à lui faire une risette. L’infirmière nommée Karine fond comme neige au soleil. Nous la retrouverons de bonne heure demain matin pour un autre changement de pansement. Elle m’explique que d’ici la semaine prochaine, lorsque sa plaie ne suintera plus, nous pourrons envisager de changer le pansement aux deux jours. Malheureusement, elle sera privée de baignade pour plusieurs jours encore. Si tout va bien, d’ici deux ou trois semaines, elle devrait être totalement tirée d’affaire. D’ici là, nous ferons tout notre possible pour lui rendre la vie douce et agréable…

mardi, juin 12, 2007

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Blessures du coeur, votre trace est amère ! Promptes à vous ouvrir, lentes à vous fermer.
Alfred de Musset

Le temps, la patience adoucissent les plus cruelles blessures. On peut tout supporter.
Juliusz Slowacki

Pauvres gens ceux qui n'ont pas de patience ! Quelle blessure s'est jamais guérie autrement que par degrés ?
William Shakespeare

lundi, juin 11, 2007

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Blessure d'enfance bis...

Lily-SoleilLily-Soleil-II
Lily-So-IILily-et-Golden

Tous les matins de la semaine, emmener l’enfant pour un changement de pansement. Premier jour de cette désagréable routine. Elle chante sur le chemin de l’aller, enjouée, mon cœur se serre mais je souris quand même à ses pitreries. La nuit a été difficile, la blessure s’imprime dans le quotidien. Dans le cabinet du docteur, ses pleurs de douleurs me font monter les larmes aux yeux. L’infirmière est douce mais le contexte est ne l’est pas.

À date, sa plaie est belle. Sur le chemin du retour, elle ne chante plus. Elle me regarde d’un air tristounet comme je ne lui ai jamais vu. Silencieuse au fond de son siège, elle se perd le regard dans le paysage qui défile. Je réalise qu’elle vit là sa première véritable douleur, sa première vraie souffrance. J’ai le cœur qui peine. J’essaie d’être un paquebot de tendresse dans sa tempête. Je l’enrobe. Je la câline. Je me dédie. Je la chéris.

J’ai du mal à ne pas me sentir mère indigne, à vrai dire je ne me sens guère digne. J’ai relâché mon attention et le mal est arrivé. Juan s’en veut plus que moi, je le vois qui cogite l’humeur sombre. Il l’enrobe de toute son attention, il la cajole et elle ne se lasse pas de poser le poids de sa peine sur son épaule. Les parents apprentis que nous sommes apprenons notre leçon chacun à notre façon. Nous partageons le flot nos émotions au creux de la nuit. L’homme a le diabète dans le plafond et j’ai l’herpes buccal en feu! J’ai lu que cette lésion réagissait aux chocs émotionnels, me voilà bien en phase avec cette théorie. À peine douze heures après l’accident le feu sauvage s’installe au coin de ma lèvre. Je me précipite sur la pommade miracle dès les premiers symptômes. Je devrais en avoir pour une petite semaine. Quant au diabète, l’émotionnel joue un rôle certain sur son contrôle, mais c’est une longue histoire…

Il n’y a rien de plus horrible que de voir souffrir son enfant. Cela va toucher le fin fond des entrailles, cela remue tout l'intérieur qui se tord de douleur. En rentrant de cette première expérience de soins, je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui vivent ceci au quotidien, à l’année longue. Je ne pense pas que j’avais jamais réalisé toute la portée que cela peut avoir sur l’âme et le cœur...

Sur la route du retour, l'on se sent coupable, l'on tergiverse. Devra-t-on remettre en question notre fin de semaine prochaine à Tadoussac? L'homme y pense. J'y résiste. Voilà des semaines que j'attends ce temps de festival hors de ma routine maternelle, j'ai tant besoin d'air et de musique. Ce serait notre première fin de semaine ensemble sans bébé, depuis... depuis si longtemps que je ne sais même plus quand! L'infirmière pense que si tout continue d'aller bien chaque visite devrait être moins douloureuse. L'on verra vendredi où en est la blessure. En attendant la semaine à venir s'annonce coriace.

dimanche, juin 10, 2007

Blessure d'enfance

Blessure d'enfance


envoyé par Etolane

Samedi matin enrobé de chaleur, nous emmenons une portée de chatons à l’animalerie. Nous en profitons pour en donner un sur le champ à une dame accompagnée de son petit garçon. L'échange gratuit ne plait guère à la caissière qui reste cependant cordiale. Lily-Soleil chante dans la voiture. M'zelle dansait avant de marcher et la voilà qui chante avant de parler. Cet enfant me fait craquer! De retour au lac, première baignade rafraîchissante qui décolle la moiteur ambiante. Aller-retour de voisinage au fil des fillettes qui s’amusent comme des folles entre deux jets d’eau et des papillons qui butinent. L’été sonne à nos portes. Ding dong...

Dimanche matin, je range mon bureau en pagaille lorsque j’entends un cri strident qui me vrille le cœur. À deux mètre de moi Lily-Soleil est en détresse totale dans les bras de son père. Je la vois qui se convulsionne sous la douleur.

- Mais, qu’est-ce qu’il s’est passé???
- Elle a renversé la tasse de thé, je crois qu’elle s’est brûlée…

Ma cervelle se glace d’effroi, je la vois se cacher le visage dans le torse à son père, je la vois hurler de douleur et crier « bobo » entre deux pleurs. Je ne sais pas où elle s’est brûlée, je crains une seconde que le visage ne soit touché, la panique s’empare de moi comme un feu de brousse, je sens les sanglots s’embourber dans ma gorge nouée. Je m’approche, elle hurle dans les bras de son père. Il me dit :

- Je pense que c’est la main…

D’un même corps l’on se dirige à la salle de bain, la manche de son pyjama est mouillée, je sais immédiatement que c’est le bras. Je m’apprête à retrousser la manche sous l’œil interrogateur de Juan.

- Il faut enlever le tissu tout de suite sinon la peau va coller…

Je lève le tissu pour découvrir toute l’ampleur du dégât. Lily-Soleil se tortille dans les bras de Juan, elle hurle de douleur, et je vois les lambeaux de peaux, la chair à vif. C’est une vilaine brûlure. Je sens la panique m'irradier, je ne peux empêcher les larmes de couler. Ce qui calme les cris de l’enfant qui n’a pas l’habitude de me voir pleurer. J’avale mes larmes pour la prendre dans mes bras et la coller contre moi. Nous prenons la direction de l’hôpital sur le champ. Impossible de la mettre dans son siège à l’arrière. Je la prends avec moi à l’avant. La surprise de se retrouver là lui fait un peu oublier sa misère du moment. Québec est à 25 minutes, les hôpitaux de la ville sont toujours bondés, nous décidons de prendre la direction opposée, celle de la brousse pour le tout petit hôpital de St-Raymond à vingt minutes de chez nous.

Durant le trajet, courageuse, Lily-Soleil ne pleure guère, elle se colle contre ma poitrine tandis que je lui parle doucement, je prie le ciel pour que cela ne soit pas une brûlure du troisième degré. Mon inquiétude est palpable, elle voile toute mes pensées. J'ai le ventre qui se tord de peur. Juan reste calme malgré l'angoisse, cela me fait du bien. Un liquide jaunâtre s’écoule de la plaie sur mon bras. C’est poisseux. Je sens la panique qui remonte. Juan me parle de la lymphe, il m’explique que c’est un liquide qui coule lorsqu’il n’y a plus de peau. Ah! je savais pas cela. Savoir ce qui se passe m’aide à contrôler le feu de mes émotions. Mais regarder sa plaie me remplit d’effroi. Je fais mon possible pour garder mon calme et ne pas l’affoler. Je ressens une douleur viscérale à la voir souffrir. Juan s’en veut, il a tourné le dos deux secondes après avoir posé la tasse fumante sur la table, il l’a vu monter sur la chaise du coin de l’œil mais n’a pas réalisé le danger. Je n’étais pas attentive comme à mon habitude. Je sais pourtant les dangers domestiques mais à ce moment là, je ne faisais pas attention, je comptais sur lui. Il s’en veut. Je le comprends. Je ne lui en veux pas. C’est un accident. Un accident des plus banals si l’on en croit les statistiques. Je nous en veux un peu.

Je sais exactement ce qu’elle vit. Il y a quelques années de cela, alors que je me faisais un thé. La tasse m’a échappée des mains pour m’éclabousser la cuisse. La douleur fut poignante. J’ai à peine eu le temps de baisser mon jean que la peau était déjà venue avec. C’était pas mal dégueulasse, à peine moins pire que son bras par exemple! Je ne me souviens pas de ce liquide jaunâtre. Je me rappelle avoir eu bien mal plusieurs jours de suite, ceci n’est pas un bon souvenir. Dix ans plus tard, je n’en garde plus de trace physique. La cicatrice de cette tasse de thé est restée ancrée sur ma cuisse quelques années avant de s’effacer complètement. J’avais presque oublié cet incident qui me revient soudainement alors que je tiens mon enfant souffrant contre mon sein.

Nous arrivons à la « clinique, urgence, hôpital » qui dessert ce coin de région. Je sais que l’été il y a des jours sans médecin, la pénurie des médecins est bien réelle à St-Raymond! Dieu merci, aujourd’hui est un bon jour. Une dizaine de personnes attendent dans la petite salle. Tout est calme. Après avoir vu la brûlure de la petite, la réceptionniste nous informe que nous devrions passer vite. En effet, dix minutes plus tard, nous sommes dans une salle de soins. L’infirmière est très rassurante, il semble que cela soit en effet un accident bien banal. On n’est peut-être pas tant des parents indignes que cela! Elle estime la brûlure à un bon deuxième degré. Elle pose une compresse d’eau froide. Réflexe que nous aurions dû avoir mais qui nous a échappé dans la panique générale. J’ai quand même eu le bon réflexe de lui donner tout de suite une dose d’anti-douleur.

Lily-Soleil retrouve sa curiosité entre deux instants de torture. Elle subit la souffrance physique avec bravoure. Cinq minutes plus tard une docteure arrive pour soigner et bander la plaie. Elle est très gentille, elle répond gentiment à toutes mes questions de maman bouleversée. Du bon service humain. Les docteurs se font rares en région mais ceux qui y sont semblent bien dévoués. On aurait bien besoin de plus de gens comme eux dans le système de santé branlant. Elle nous annonce qu’il faudra revenir tous les jours de la première semaine à l’hôpital pour changer le pansement et examiner la plaie. Elle ne peut mouiller son bandage pour les jours à venir. Pauvre petit puce privée du bonheur de jouer dans l’eau à l’arrivée de l’été. Heureusement, elle ne devrait plus en garder de trace d’ici quelques années!!! Et tant que l’infection est évitée, elle devrait n’en garder qu’un mauvais souvenir d’ici quelques semaines…

C’est un moyen choc pour les nouveaux parents que nous sommes. Juan est plutôt retourné, je suis toute émotionnée. Lily-Soleil le bras bandé retrouve, entre deux petites plaintes, sa joie de vivre et ses sourires. Elle arrive même à chantonner dans l’auto, bien installée dans son siège sur le chemin du retour. Je réalise à quel point la voir souffrir m’est insupportable. Je ne peux imaginer l’enfer que doivent vivre les parents d’enfants gravement malades.

Nous passons acheter un médicament à la pharmacie du coin. En chemin, l’on découvre que la rue principale est en fête. C’est la foire des trottoirs, un orchestre joue de la musique country, c’est très champêtre. Le "centre ville" de St-Raymond a été rénové voici quelques années, sa rue principale a un petit look western qui me charme à chaque fois. Nous décidons d'aller faire un tour de ce marché aux puces à ciel ouvert, histoire de nous changer les idées. À cheval sur les épaules de Juan, l’enfant en pyjama et bras pansé domine l’horizon. Je m’arrête à une table pleine d’habits d’enfants. Je lis que les ventes sont au profit d’une petite fille malade. Je reconnais des marques de France dans le vrac des vêtements en vente. J’en parle à la dame qui m’accoste, elle est française et locale, ce n’est pas courant! Je comprends vite que c’est la mère de la petite fille dont j’ai lu l’histoire sur le panneau qui décore cette table. Océane est handicapée cérébrale due à une erreur médicale à l’accouchement. Elle me raconte son histoire qui a bien vite fait de remettre en perspective notre bobo du jour. Elle me parle des nouveaux traitements onéreux qui se font à Montréal. Je lui offre toute ma sympathie. Je ne peux qu'admirer cette mère qui me touche. J’achète pour dix dollars d’habits. J’en ai d'ailleurs pour mon argent, des tee-shirts, des bodys, un pantalon, un sac plein! Je rentre à la maison pleine de gratitude. Lily-Soleil s’est fait une blessure d’enfance mais elle a un avenir prometteur devant elle. C'est une chance que nous ne pouvons ignorer. Plus que jamais je ressens ce vif devoir envers son existence, cette sensation intense de responsabilité parentale. Y’a pas à dire, devenir parent, c’est toute une aventure…

Espérons que la semaine à venir ne sera pas trop rude et que la plaie guérira sans problèmes. Je pense à cette petite Océane dont les parents se battent pour qu’elle ait une mince chance de grandir normalement. En furetant la toile, je découvre même son blogue que je parcoure des yeux, le cœur serré…

L’homme et l’enfant se reposent dans notre chambre. L’inquiétude me barbouille encore l'estomac. Je maîtrise les élans de mon coeur perturbé. J’écoute vivre les oiseaux dans les arbres, j’entends un chien aboyer au loin, j’absorbe le quotidien qui s’écoule tranquillement. Voilà un sacré dimanche que l’on ne risque pas d’oublier!!!

vendredi, juin 08, 2007

Coupée du monde.

Coupée du monde.

Silver-Solitude

En cette journée de l’air pur, l’on se réveille avec une toute petite température, 8 gros degrés le matin et la promesse d'une journée grise avec averses intermittentes et coups de vents fréquents. Le temps se cherche. Le temps passe…

M'zelle Soleil fait sa sieste. Temps de pause pour ma cervelle maternelle. Juste assez pour souffler, pas assez pour vraiment travailler. Ma cervelle est rouillée. Mes neurones manquent d’huile. Un tout petit contrat de traduction pour désengourdir mon intellect. Des petites choses à mettre en ligne pour le blogue de l’association du lac. Il y a ce projet d'écriture qui avance en secret petit peu par petit peu. Des fictions qui me poursuivent et que je perds au coin de ma fille. Je me voue à ses sourires. Mon univers et le sien ne font plus qu'un. Cent vingt minutes de sieste, cent vingt minutes…

L’ordinateur turbine et répand ses ondes magnétiques dans la maison. Je souffle et m’en détourne. La télé en sourdine, les tâches ménagères en toile de fond, une petite frustration au fond de la peau, j'ai l'humeur à la dérive. Je regarde par la fenêtre le ciel colérique qui joue au chat et à la souris avec la lumière. Sur le sofa, Nougatine n’en finit plus de se toiletter. Après dix jours de fugue, c’est le retour triomphal du félin à l’humeur massacrante, sur le qui-vive, elle siffle tout chaton qui s’approche trop près de ses poils. Je la câline, elle me colle avec affection. Je me fonds dans ses ondes félines. Fatiguée par mes nuits trop courtes, je m’assois à ses cotés en soupirant. D’une main distraite, je zappe les images sur l’écran. Les pensées perdues dans une faille mentale, je me fige le temps. Je finis par m’arrêter les idées sur un film qui débute. Toute science-fiction a le pouvoir de m’emporter les idées. Je me laisse aller. J’ai déjà vu ce film plusieurs fois mais j’ai toujours un faible pour cet instant où l’histoire dérape vers la quatrième dimension, vers ces dimensions iréelles peuplées de créatures étranges et de sensations bizarres. Sur l’écran un étrange orage magnétique choque la population. Le temps suspend son envol dans un New-York décontenancé. Tom Cruise (que je trouve souvent plus crédible dans ses personnages que sa propre vie) constate qu’il n’y a plus d’électricité, que sa ligne téléphonique est morte et que tous les moteurs des automobiles sont à plat. Même sa montre ne compte plus les minutes qui défilent. Ça y est, cela dérape. La panique monte comme un soufflé au four. Et tout à coup BANG! Le courant saute! L’ordinateur se ferme la trappe en un râlement mécanique, l’heure sur la cuisinière s’éteint, le frigo se tait et l’image s’efface de l’écran qui redevient noir. En deux secondes, ma réalité dérape. Je souris. Mon instinct sauvage prend le dessus. Dehors à peine quelques souffles de vent bousculent la journée trop fraîche. Un geai bleu traverse mon champ de vision. Je n’entends plus que les coups de langue virulents de Nougatine qui se lave. Le silence s’épaissit. Impassibles les animaux se reposent. L’enfant dort.

Je me repais de cette atmosphère monacale. La texture du silence est si pure qu’elle me régénère l’imaginaire qui sort de sa tanière pour élaborer toutes sortes de surréalités. Je reprends cahier et crayon. Le ronronnement des chatons qui tètent emplit l’atmosphère. Propre comme un sou neuf, Nougatine s’est assoupie. Je regarde le plancher tout en faisant la moue. Maintenant que je sais que je ne peux plus le passer, j’ai une pulsion niaiseuse d'aspirateur! Une percée de lumière perce l’épaisse couverture du ciel et éclaire ma maison. Ce fond de sérénité se mêle à une douce frayeur. Autant je n’aimerai pas vivre sans électricité, autant j’aime cette ambiance paisible. Ce monde sans ondes pique ma curiosité. Et si l’on devait subir une coupure de courant à grande échelle, combien de temps pourrions-nous fonctionner plus ou moins normalement? Combien de temps avant que la société n'implose?

À peine ai-je commencer à explorer ces possibilités que le courant trésaille, grésille, les appareils électriques s'emballent. Le courant va et vient plusieurs fois avant de finalement revenir pour de bon. Le silence se rétracte. L’heure se met à clignoter sur la cuisinière, le frigo frissonne, le téléphone « beep ». L’image réapparaît comme par magie sur l'écran qui illumine le chaos du monde de Tom Cruise qui a brutalement chaviré. Je regarde quelques minutes cette humanité en perdition qui se bataille pour quelques bribes d’espoir. J’éteins la télé. Le frigidaire turbine à plein régime. La réalité reprend sa texture habituelle. Je n’ai pas envie de rallumer l’ordi. Nougatine s’étire. Un rayon de soleil transperce la laiteuse grisaille. J’entends grincher l’enfant qui se réveille. Ma cervelle maternelle reprend le contrôle du jour…

Phrase du jour

Croyance du jour

Je ne crois pas en "l’homme idéal" mais je crois en un idéal émotionnel (avec l’homme).

mardi, juin 05, 2007

Un temps de chien

L'expression de la semaine s'accorde avec le temps pluvieux d'aujourd'hui qui baigne l'atmosphère dans une grisaille menacante d'orages. Des orages qui éclatent sans vergogne au cours du jour de plus en plus sombre. L'on se conforte les idées en se disant que c'est un temps parfait pour les plantes qui grossissent et verdissent à vue d'oeil.

L'enfant s'ennuie royalement de ne pouvoir sortir à sa guise et en profite pour résister joyeusement à la sieste quotidienne. Il faut dire que la mère de service n'a guère d'entrain pour aller se faire mouiller la couenne entre deux éclairs! Elle grogne devant le génie du ménage qui la harcèle sans pitié, comme à l'habitude, elle est vouée à capituler devant la minuscule créature. Résister est inutile. Le moral en berne, elle combat à coups de tonnerre les nuages dans sa tête. Il y a aussi des jours de grisou pour la femme qui habite sa peau de maman. Les chats sommeillent...

Le ciel craque au dessus de nos têtes. L’enfant s’étonne. Elle imite l'étrange bruit pour me poser cette question qu'elle ne sait formuler. Je lui explique ce qui se passe. Elle m'écoute avec attention et se colle contre moi. L’enfant jacasse et je souris. Heureusement qu'après la pluie, revient toujours le soleil et qu'il en brille toujours un petit rayon dans ma maison. Quant à Chanelle (malgré ce petit air de déprime qui l'enrobe d'une certaine mélancolie), elle profite du balcon sans nulle intention de s'enfermer les pattes au salon...

EXPRESSION (via expressio.fr)

« Un temps de chien »

SIGNIFICATION
Un très mauvais temps.

ORIGINE
"de chien" est un qualificatif désignant un excès, comme dans "une humeur de chien", "un mal de chien" ou "une vie de chien", par exemple. Il part de l'idée que le chien est une sale bête, un animal méchant et méprisable. Certains musulmans se servaient et se servent toujours de l'injure "chien de chrétien" (ou "chien de roumi" autrefois) pour désigner un occidental ; Voltaire, entre autres, la cite au XVIIIe siècle. En Palestine, au Ier siècle, l'expression "chien de païen" était couramment utilisée, paraît-il. Et dans l'Evangile selon Matthieu, il est écrit que Jésus a dit : "Ne donnez pas les choses saintes aux chiens" et "Il n'est pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens". Autant dire que selon les endroits et les périodes, le joyeux aboyeur et tartineur de trottoirs n'était et n'est pas vraiment bien considéré. Sans que ce soit une certitude, il est possible que les expressions avec "de chien" viennent d'une inversion de celles avec "chien de" ou "chienne de". On dit aussi en effet "chienne de vie" ou "chien de pays", par exemple. Mme de Sévigné, Molière ou Voltaire, encore, utilisaient souvent ces expressions. Et les autres formes où cette pauvre bête est mal traitée abondent : "prendre quelqu'un pour un chien", "se faire traiter comme un chien", "être chien avec quelqu'un"...

Vu la haute considération portée au meilleur ami de l'homme dans ces locutions, on peut penser que les conditions météorologiques qui permettent de dire "il fait un temps à ne pas laisser un chien dehors" doivent vraiment être plus qu'exécrables.

COMPLEMENTS
A part désigner l'animal domestique, le 'chien' peut encore avoir d'autres significations. Ainsi, on peut écrire : ce n'est pas parce qu'une femme a du chien qu'on doit en déduire que c'est une chienne.

Il est aussi bon de noter qu'au Québec l'expression populaire "avoir la chienne" définit la notion de peur, en "ayant la chienne" on exprime l'idée d'être effrayé. Dans la même veine, une page qui recèle toutes sortes d'expressions et de proverbes francophones reliés à notre ami canin. Lien connexe: un blogue qui met en photos diverses expressions de la langue...

lundi, juin 04, 2007

Choubouloute

Choubouloute

Il paraît que "Choubouloute" en Martiniquais soit un terme affectif que l'on donnerait aux petites filles, enfin d’après ce que j’en ai compris! En furetant deux minutes la Toile, je découvre que selon le dictionnaire du créole martiniquais de Raphaël Confiant "choubouloute" se traduit par "petite chérie". Dans la même lancée, je tombe sur une série de livres pour enfants qui illustre les aventures d'une petite choubouloute. C’est un drôle de mot choubouloute, un mot qui roule dans la bouche...

Ma choubouloute de maison est de plus en plus bavarde, elle collectionne les nouveaux mots au fur et à mesure des semaines qui passent Elle grandit si vite! Elle se fait de plus en plus autonome. Elle affirme ses envies qu'elle mime très clairement et je me demande un peu ce qui m'attend lorsqu'elle les formulera de vive voix! La saison des caprices est proche. Du haut de ses dix huit mois elle s'active à me faire tourner autour de son petit doigt. Je résiste doucement. J'espère que nos confrontations à venir ne seront pas trop douloureuses. Elle commence à me dire de petits "nonononon", bien grognons par ci par là. Elle qui est tout le portrait de son père, ressemble comme deux gouttes d'eau à sa mère lorsqu'elle fait la moue. Je suis ravie de cette ironie qui se délecte de moi! L'homme découvre par bribes de fin de semaine les pourtours de son petit caractère qui se forge.

Moins patient que ma pomme, il s'arrache un cheveu tout en se demandant sur quel pied danser devant son petit ange qui se transforme en l'espace d'une minute rebelle en un petit diable de salon. Il écarquille les yeux devant ce petit monstre sur pattes. Il hausse la voix, et comme par magie, le petit monstre redevient en deux secondes et demie sa petite merveille de fillette. L'on pénètre ce que les anglais appelle le "Terrible Two", l'infernal deux ans. Une grandiose période qui se décline de multiples façons (La crise du Non, la crise hollywoodienne, la crise molle, la petite révolte, la statue hurlante etc.) Pour l'instant elle nous épargne, ses crises sont minimales, nous tenons fermement notre bout mais jusqu'où nous tiendra-t-elle tête? Entre son père et sa mère qui n'en ont jamais fait qu'à leur tête, elle a de qui tenir. L’autre jour, pour la première fois elle a refusé de porter la robe que je lui proposais pour s’en choisir une autre plus à son goût! Elle m’a laissé bouche bée sur le plancher, si petite et déjà si volontaire...

Ma chouboulote de maison parle couramment le « Miaou ». Elle vit en une communauté féline dont elle s’imprègne l'enfance. Elle continue d'aimer les livres, ce qui a tendance à m’amuser tout en me comblant de bonheur. Elle lit même ceux sans images. Ce comportement me fascine. Elle me pique ceux qui traînent sur une table. Elle se pose, se concentre, ouvre une page au hasard, et de son petit doigt suit les lignes qui s’étirent tout en babillant à tout vent. Elle se raconte des histoires que je ne comprends pas. Des histoires passionnantes aux multiples intonations qui s’écoutent comme une chanson bambine. Subjuguée, je l’observe tendrement tout en ayant l’impression de rêver éveillée…

Lilounette

Note: "Terrible Two". Un petit vidéo savoureux...

Juin aux allures de mai

En transit...

Boatless-I Sous-l'eau-I

J’ai enfin débusqué, caché à l'orée du sous bois, un parterre de muguet que j’ai allégrement pillé pour composer l'unique bouquet qui embaume mes nuits. Les jours de pluie succèdent aux journées ensoleillées et parfois s'entremêlent les pinceaux. La nature s’en donne à cœur joie et explose de verdure.

Le village évolue au fil des semaines qui installent le beau temps. De simple bourg de brousse, il se transforme en un lieu de villégiature très apprécié des citadins en manque d’air frais. Petit à petit, les chalets d’été ouvrent leurs fenêtres. Les maisons, abandonnées à leur sort dix mois par année, reprennent vie et couleurs. Bientôt les enfants finiront l’école et cela sera officiellement le début de la saison estivale. Le début de l’invasion humaine…

L’on passera alors de quelques centaines d’habitants à trois ou quatre mille. D’ici quelques semaines, le village grouillera de corps huilés paressant sur des serviettes multicolores. Sur le lac, les bateaux se feront de plus en plus nombreux et bruyants. Ils viendront posséder la grande étendue sauvage comme l’on s’approprie un terrain de jeux. L’atmosphère s’électrisera d’humanité insouciante. Sur la plage les enfants creuseront des mares et construirons des châteaux de sable. Tout le monde profitera du soleil et de la chaleur. L’humeur sera à la fête et au plaisir de vivre...

Actuellement, j'erre dans un temps de transition où le silence est maître. Le temps de savourer pleinement le calme et la quiétude du lac qui se réveille de son long sommeil hivernal. Le temps d’accepter que bientôt l’on sera des milliers d'âmes a essayer de croquer un petit morceau de cette sérénité terrestre...

En silence...

Du silence naît tout ce qui vit et dure ; car c'est le silence qui nous relie à l'univers, à l'infini, il est la racine de l'existence et par là l'équilibre de la vie.
Yehudi Menuhin

Quoi de plus complet que le silence ?
Honoré de Balzac

La parole est une aile du silence.
Pablo Neruda