lundi, décembre 11, 2006

Lundi Soleil

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Lundi Soleil

Dans un univers calfeutré par la neige fraiche, j’évolue. Depuis des jours il tombe, par intervalles réguliers, de gros flocons cotonneux. L’ambiance des fêtes bat son plein. La nuit, les rues s’illuminent des maisons aux couleurs plus ou moins vives qui donnent du pep à l’hiver. Des personnages gonflés saluent les passants. Un gros bonhomme à barbe habillé d’un habit rouge et blanc prend d’assaut les rêves des enfants.

S’éloigner un peu de nos virtualités pour profiter d’une longue fin de semaine en compagnie de mon bel homme. Un petit party sympa qui nous fait du bien vendredi soir, une sortie en famille élargie le samedi et un dimanche relax pour récupérer avant de se lancer dans une autre semaine.

Tard dans la nuit de vendredi à samedi, la langue tendue, l'on profite des énormes flocons silencieux qui virevoltent avec grâce sur une rue calme cachée quelque part en basse ville. Minutes romantiques pour achever une soirée précieuse. Durant la sortie familiale du samedi fatigué, l'honneur est au bébé éberlué qui ne sait plus où mettre des yeux au paradis enfantin des Galeries. L'homme manque de défaillir, l'estomac à l'envers après son tour de carrousel, sa soirée arrosée remonte, je m'amuse de ses malaises. La petite n'en finit pas d'ouvrir grand les yeux, fascinée par l'ambiance survoltée de la place. Les parents traînent un peu des pieds, mais pas trop...

Dimanche tranquille, inspiré par les lumières des voisins, Juan se décide à éclairer le sapin qui orne l'entrée de notre humble domaine. Pendant que l'homme s'active sur sa guirlande antique, Phil, le voisin d'en face, jeune père de l'exquise Raphy, nous faire un brin de causette sympathique. Revenu de dix jours en Floride, il rayonne. Amical, il bavarde avec entrain. C'est marrant les échanges de quartier boisé, surtout lorsque l'on a la chance d'être près de gens avec qui l'on peut facilement s'entendre...

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Pour la première fois de notre histoire de couple, nous avons érigé, avec beaucoup de tendresse, un modeste sapin en un coin de notre salon. Juan en est très content, cela lui remémore les douceurs de son enfance choyée. Nous voilà donc parents, en charge de l'imaginaire de notre enfant, pas le choix d'entrer dans la ronde. Sans compter que je me laisse glisser avec bonheur dans cet imaginaire d'hiver. Je retrouve en moi la petite fille oubliée qui se posait sagement devant sa fenêtre en attendant la neige magique synonyme de paquets cadeaux. J'observe pousser ma petite graine de fille et je médite en silence. "L'Être parent", un sujet auquel je réfléchis amplement.

Je résiste au matérialisme des fêtes en me plongeant la tête dans le cœur du lac qui se gèle. De toute façon vu mon pouvoir d’achat, c’est la solution la plus saine et la moins douloureuse. Je me demande parfois si j’aurais la même grandeur d’âme avec un volumineux compte en banque. J’espère que ce serait le cas, l’excès de matérialisme qui enrobe la période des fêtes me fatigue. L’idée que Noël est surnaturel pour les enfants, spirituel pour les parents et amusant pour tous est celle qui me plait le plus. Du surnaturel des enfants jaillit des concepts de partage et de générosité, du spirituel des parents renaît la compassion et la chaleur humaine, l’amusement général allége l’atmosphère tendue de ce début de millénaire coincé entre conflits de religion, inquiétudes climatiques, fossés sociaux et technologies effrénées.

Petite mélancolie de lundi matinal qui entraîne l’homme vers les bureaux de sa tour plantée au milieu du grand campus qu'abrite Ste-Foy, extension cossue de Québec la vieille qui se demande comment être la plus belle pour fêter ses 400 ans. Voici venu le début d’une autre semaine. Lily-Soleil grignote son trognon de baguette bien installée dans son fauteuil. Miss bordel se mettra bien vite au travail. La maison s’anime de la mélodie des tuyaux qui gargouillent, la machine à laver grouille.

La température est douce. Le soleil fait scintiller la neige bien tassée. Ah! Si je pouvais étirer le temps, je laisserai volontiers couler le flot de ces mots qui m’inondent, mais la réalité maternelle m’appelle…

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