vendredi, septembre 05, 2003

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Une petite brebis et un grand troupeau de moutons...

Durant de longues années, j’ai été une petite brebis noire. Ou encore, un petit mouton tout noir qui refusait de se joindre au grand troupeau du Savoir.

Je ne voulais pas suivre les directions des bergers. Je me sentais brebis alors que l’on me voulait mouton ! Difficile à gérer comme condition ! Mes compagnons m’ennuyaient profondément avec leur zèle aveugle et leur bonne volonté à se faire diriger par le premier berger venu…

Alors je me suis enfuie, j’ai quitté le troupeau, je suis partie la tête folle à la recherche de vallées vertes et de savoir inconnu. Je voulais apprendre, mais je voulais surtout goûter à l’herbe de certains pâturages, et ceux-ci étaient souvent étrangers au berger qui nous guidait ! Je refusais d’absorber l’herbe qu’il m’était dicté de paître et l’on me fouettait pour se faire…

C’est dur la vie des petits moutons noirs. Il y a des moments d’ivresse intense, lorsque l’on tombe sur un champs plein de fleurs et de choses délicieuses à croquer, mais il y a aussi ce désespoir qui coupe le souffle, lorsque l’on est perdu dans un grand désert et que l’on ne sait plus trouver le chemin des verts pâturages, toutes ces herbes de cultures qui nourrissent le cerveau et l’être…

Parfois l’on rencontre d’autres moutons en fugues. Certains partagent leurs bagages, d’autres se bagarrent…

Mais souvent, tous ces petits moutons et ces petites brebis noirs dansent ensemble leur liberté autour de grand feux de joies loin des moutons bien sages et endormis…

Et puis un jour, l’on veut de la facilité ! Toujours éviter les dangers, trouver la meilleure herbe à brouter, c’est pas tous les jours facile ! L’on vieillit et l’on est fatigué de se battre pour survivre. L’on a soudain envie de confort et de duvet pour les temps froids qui nous gèlent le corps et l’âme. Mais l’on est seul et l’on a rien en soi que toutes ces expériences différentes que l’on a vécu d’aventures en émotions...

L’on possède toutes sortes de savoir, mais aucun n’est estampillé du sceau de la bergerie qui prouve que l’on sait ce que l’on sait ! Et sans le sceau attitré d’une bonne bergerie, impossible de se fonder un bon foyer, avec tout ce confort qui nous a manqué…

Alors l’on se rapproche doucement des troupeaux de moutons. On les observe, on les étudie pour savoir avec lequel l’on serait le plus à son aise, et finalement l’on se résout à en choisir un…

Et c’est comme ça qu’une petite brebis noire qui parcourait seule les routes du Savoir se retrouve aujourd’hui dans le grand troupeau des traducteurs…

Ce qui est agréable malgré tout, c’est de voir dans cet immense troupeau, d’autres petites bêtes noires, qui ont, eux aussi, décidé de rejoindre la majorité blanche qui fait loi dans toutes les meilleures bergeries du pays !!! Du coup, l'on est moins seul dans notre différence et cela fait toute la différence...

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