lundi, août 18, 2003

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Hier soir nous sommes allés voir les Invasions Barbares. C’est souvent après que tout le monde change les louanges d’un film, que je rechigne à aller le voir, puis finalement comme tout le monde, je trouve cela bon !!!

Juan qui avait travaillé pour le confort de notre maison toute la fin de semaine, avait besoin de se changer les idées. Après s’être énervé sur sa scie et grogner sa déception de ne pas avoir fini dans les temps qu’il s’était accordé, il était bourré de sombres pensées ! Mais Rome ne s’est pas construite en deux jours, mon amour…

En bonne épouse, j’ai opté pour un ciné afin de lui changer les idées. Il a travaillé fort et si la pluie n’avait pas interféré dans ces plans, sûrement qu’il aurait pu finir à temps. Comme nous avions encore un coupon Air-Miles qui nous donne deux places pour le prix d’une, je lui ai proposé d’aller voir les Invasions Barbares. Juan aime les films intelligents, le genre de film plutôt intello et qui fait réfléchir ! De mon coté, j’avoue avoir un faible pour Hollywood et ses divertissements lorsqu’il ne sont pas trop cons ! Je réfléchis assez de même pour écrire, toujours il faut réfléchir, penser, et réfléchir encore…

Ainsi je me dis que ce film est tout à fait dans les goûts de Juan. L’on est part pour la ville, Juan grogne encore et une belle hyper bien haute le rend encore plus tourmenté ! Après une grosse pique, l’on entre dans la salle et la magie du cinéma (combinée avec celle de l'insuline!) opère…

Comme je le pensais, la soirée fut très bonne. Juan en est ressorti ragaillardi, lumineux comme j’aime tant le voir, lorsque son essence intérieure se reflète dans la beauté de son corps et crée cet homme divin que fait fondre mon cœur…

J’ai regretté durant la séance de n’avoir pas emmené mon carnet pour noter toutes ces idées qui me parcouraient le cerveau, des idées qui se sont perdues, et qui auraient pu faire naître des textes, des textes qui malheureusement pour moi ne verront pas le jour ! Cela m’apprendra à sortir sans mon carnet…

Sommes nous en train de devenir les Barbares des temps modernes, barbares du progrès, des animaux vénérant ce dieu Argent qui gouverne nos jours ? Sentez-vous le déclin de nos empires vaciller sur leurs pieds ? Peut-être…

J’aimerais croire que l’humain arrivera malgré tout à traverser sa connerie et trouvera enfin un équilibre avec les autres et la Terre, afin que nous puissions, un jour, partir à la découverte des étoiles si loin, là-bas, dans la nuit des galaxies…

C’est aussi un film qui met en scène ce paternel qui s’éteint, moi, un paternel, je n’en ai pas ! Il est presque certain que je n’aurais pas une larme dans mon cœur à la mort de mon géniteur ! Ainsi est ma vie ! L’on ne peut dans le vide se construire des émotions normales…

J’aurais pu devenir ce reflet interprété par Marie-José Croze, si ma petite sœur n’était pas née, si j’avais succombé à la tentation de l’héroïne…

Depuis aussi loin que je me souvienne, l’envie est là. Je la combats. Je sais que je ne dois pas, je sais qu’il ne faut pas. Tant de fois, je me suis battue intérieurement pour ne jamais tomber dans ce gouffre là, car je sais que si je tombe, il m’avalera et cela en sera fini de moi…

Combler le manque en discutant avec les junkies, absorber leurs ondes opiacés et les voir décharnés ! Me rappeler que je ne dois jamais y goûter…

Je suis certaine que souvent le bon Dieu me sauva en dirigeant mon destin. Si j’étais restée en France, je suis certaine que j’aurais succombé. Cette société est si intolérante envers les gens comme moi. Là-bas la différence n’est pas une richesse, mais une tare qui marginalise trop souvent ses gens…

Le regard des autres si perçants, lorsque l’on ne peut entrer dans la norme de ce que la masse dicte. J’aurais atteint ce moment de faiblesse existentielle, je le sens, et l’héroïne naturellement serait venue me vanter ses délices, je l’aurais suivi… Et je ne serais plus…

Si ma petite Clo n’était pas née pour crée ce lien étrange entre mon seul parent sur ce continent. La douleur de l’abandon, la souffrance de se sentir orpheline avec deux parents vivants auraient fait flanché ma volonté. Si je m’étais retrouvée seule devant la haine de mon beau-père et la soumission de ma mère envers son homme, alors je pense que je serais tombée. Si je n'avais pas eu la chance d'être aimée par mes amis et particulièrement par un homme. Le premier m'aura mal aimé, mon mari actuel y arrive mieux. Ressentir l'amour en son coeur sauve souvent du malheur. Même si le mal-amour, c'est comme la mal-bouffe, on est nourrit, mais c'est pas trés sain et on en retire des sequelles peu agréables...

Il n’est pas difficile de rencontrer des junkies à Montréal, je suis sure que j’en aurais trouvé un assez sympathique pour me faire entrer dans l’enfer de ce paradis artificiel, pour pouvoir enfin tout oublier…

Mais Dieu est grand. Jamais il n’a permis à ma vie de me montrer le chemin de cette envie qui me hante depuis toujours. Peut-être que je mourrais vieille d’un cancer quelconque et qu’alors, parce-que j’ai obéi à l’ordre divin, parce-que j’ai résisté à la tentation, il me récompensera en me laissant mourir dans des nuages d’opium, ou plutôt, avec un compte gouttes qui distillera dans mes veines la drogue tant désirée et je pourrais m'envoler enfin contentée…

Je crois au Karma, je crois en la réincarnation, je crois que le charme de l’héroïne est si puissant qu’il traverse les vies…

Si vous ressentiez depuis si longtemps, tout comme moi, cette sensation étrange, ce plaisir d’une drogue jamais goûtée qui malgré tout hante vos pensées. Alors j’ai peine à croire que vous aussi vous ne puissez pas croire, tout comme moi, qu’il est impossible d’avoir juste une vie en notre âme…

Et je ne partage en ces mots qu’une seule de ces impressions étranges, il faut dire que celle-ci est particulièrement forte en mes sens…

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