mardi, mai 31, 2016

Balade sur l'eau à l'heure bleue...


Seule sur le lac, je me fonds avec les vents et les courants. C'est à chaque fois une nouvelle sensation à inspirer. Le lac, aussi immuable qu'il soit, n'est jamais tout à fait pareil.,,

Le temps dicte ses humeurs. Il peut se faire féroce et violent ou doux comme de la soie. Niché entre ses collines boisées, il traverse les saisons... intemporel.

Témoin de tant de générations humaines qui défilent en sa surface... qui le respectent ou qui l'exploitent et s'en amusent?


Hier soir, j'ai eu le délice de naviguer sur une surface lisse comme un miroir limpide. Le lac paisible reflétait nuages et paysages.

Avec gratitude, j'ai inspiré la solitude de l'instant. Reconnaissante du moment présent. Tout simplement. J'ai fermé les yeux. J'ai écouté les oiseaux gazouiller dans la forêt qui entoure ce lac qui m'habite. Je me suis laissée dériver. Je me suis laissée flotter dans le silence bruyant de la nature qui célèbre la fin d'un autre jour.

Lorsque j'ai ouvert les yeux, les nuages laissaient transpercer le soleil doré de sommeil. La saveur du temps avait ce petit gout de paradis qui en fait rêver tant.

Glisser sur le lac comme un sioux, un montagnais ou un huron? 

S'appliquer à faire le moins de bruit possible lorsque les rames poussent l'eau qui dirige mon kayak pas mal plus moderne que les canots d'écorces d'antan.

Ce kayak bleu, trouvé à petit prix sur Kijiji, est si loin des amérindiens qui ont si longtemps vécu en cette contrée. Pourtant, alors que je glisse sur le lac, ils me semblent si proches...


Il fut un temps, désormais lointain, où ce lac avait un nom amérindien. Prononcé par les tribus nomades, aujourd'hui disparues, qui en peuplaient régulièrement les rives. Générations après générations. Leur mode de vie s'est éteint mais le souvenir revient à celui qui s'en souvient.

Glisser en silence sur l'eau. Doucement. Envoyer une pensée respectueuse à ces ancêtres qui ne sont plus. Me fondre dans la nature qui se prépare à l'obscurité. Avec le soleil qui se couche, l'heure bleue prend possession du jour qui devient nuit.

Je commence à me résoudre à ramer en direction des maisons. Un autre jour, où le lac sera aussi lisse, je laisserai la nuit me tomber dessus. Mais pas ce soir. Ce soir, je rentre sagement au bercail.

Dans le ciel qui s'assombrit, un nuage fait de la résistance. Il reflète le soleil disparu derrière les vertes collines. J'inspire la douceur de l'heure qui bleuit l’atmosphère claire. Même le moustique qui me pique n'arrive pas à casser la magie du moment.


Reconnaissante de cette sérénité qui s'imprègne en mes veines, je me rapproche de la terre ferme. Je capture l'un de ces moments où l'on aimerait tant trouver le fameux "piton" qui ralentit le temps. Et appuyer fermement dessus!

Mais le temps ne s’arrête pas, il se savoure. Je savoure donc chaque seconde qui passe comme si c'était le meilleur des desserts jamais dégustés.

L'heure bleue se dissipe dans la nuit qui s'approche. Bien lentement je reviens à la rive. Je ramène avec moi un morceau de paix universelle et de calme mental. Je ramène avec moi une bouffée d'air pur qui me ressource de l'intérieur.


Les couleurs du soir s'apaisent dans le crépuscule qui m'enrobe les idées allégées. Je rame silencieusement en direction des maisons éclairés par quelques rayons de soleil qui se faufilent à l'horizon.

Je me laisse dériver, une dernière fois, avant de me résoudre à retrouver le sable sous mes pieds. Avant de rentrer, j'inspire profondément le jour qui se fond dans la nuit.


Ce coin de nature qui fait la texture de notre histoire familiale me fait tant de bien. Il participe à mon équilibre personnel.

Je le remercie mentalement de ses bontés limpides. Je reprends le chemin de ma petite maison, lovée au coin de la forêt où gazouillent les oiseaux...


2 commentaires:

  1. C'est tellement beau, tes mots et aussi les photos du lac.

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  2. Merci Cynthia. Heureuse de te voir passer par là :)

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