Après les vortex polaires et autres bombes météos qui ont alimenté les nouvelles de la saison, je cache mes humeurs anthracites sous des bancs de neige qui peuvent monter à plus de deux mètres.
Cet hiver, les nouveaux termes pour d'écrire l'atmosphère ont été des plus créatifs!
Presque amusants. S'il faut en rire pour ne pas en pleurer...
Enfin même si cet hiver aura été particulièrement rude, ce n'est pas non plus une surprise. On vit au Québec. Il y a de ces hivers là. De ces hivers qui s’inscrivent dans la mémoire collective.
Pas de réel printemps au programme pour nos pauvres âmes congelées.
En fait, le printemps est bien utopique en ma contrée nordique. Il est normal de passer de l'hiver à l'été. Sans transition autre que celle de la fonte qui fait de nos vies un univers éclaboussé de slush dégueu. Du coup, j'ai décidé d'acheter des bottes de pluie qui déchirent les yeux. Et de me donner le droit d'aller jouer dans les flaques (lacs) d'eau!
Pour survivre à mes spleens givrés, j'ai dû, contre mon gré, reposer mon corps ankylosé. Celui-là a pris une bonne débarque avec une bronchite fin février. Il ne s'est pas relevé aussi vite que je l'aurais souhaité. S'engage alors l'un de ces rapports de force qui se déroule en un intime silence.
Quand la santé me joue des tours, je puise volonté et courage en ma fillette qui pousse sans souci. Je la regarde s'épanouir avec joie et fierté (le tout accompagné d'un zeste de soulagement). Un peu comme un jardinier regarde avec satisfaction ses plantes pousser.
Depuis sa naissance je cultive son enfance avec ardeur. J'essaie de lui rendre la vie belle. Envers et contre tout. Sans pour autant la gâter pourrie.
Je materne et j'éduque. Je me nourris les patiences de ces fruits invisibles que je récolte en chemin. Des fruits à saveur de futur qui me redonnent l'envie d'avancer, de ne pas lâcher.
Je crois que la parentitude est un apprentissage à deux voies. Je lui apprends ce dont elle a besoin de savoir pour grandir. Elle m'apprend toutes sortes de choses sur ma propre humanité. De ces choses qui m'aideront à bien vieillir? C'est l'idée de fond...
Toutes deux à l'école de la vie, chacune à des degrés différents. Ensemble nous apprenons.
Ce faisant je réalise que l'ambition parentale que je ressens intérieurement surpasse mes ambitions professionnelles. Ce qui me fait souvent sentir comme une sorte d'extra-terrestre en la société où j'évolue. Mais quoi que je me raisonne, son bien-être passe avant le mien. C'est plus fort que moi. C'est viscéral.
Ceci dit, je sais aussi que mon bien-être aide au sien.
Un jour (qui arrivera plus vite que je ne le pense) il sera temps pour elle de partir vivre sa vie. Que restera-t-il alors de la mienne?
La femme et la mère se regardent en chiens de faïence et le défi de ce début de quarantaine est certainement de trouver ce fragile équilibre entre ces deux entités qui m'habitent les entrailles.
2 commentaires:
C'est très joli ce que tu écris de cet échange mère fille.
Merci Valérie. Toujours contente de te voir passer par là! :)
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