vendredi, août 26, 2011

Inspirer pour mieux vivre

Inspirer pour mieux vivre

Jour après jour je remonte la pente, presque un mois après la chirurgie, je revis. J'apprécie la simplicité des petites choses du quotidien. Faire l'épicerie est cool. Redevenir autonome après avoir été grandement diminuée est un processus agréable. J'en reconnais les valeurs. Je regarde de l'avant.

Pouvoir diminuer la médication qui enrobe les douleurs et réaliser que les douleurs s'affaiblissent à mesure que l'on se renforce est cool. Ne pas regarder en arrière mais se concentrer sur ce qu'il y a devant. Devant, il y a la vie qui se déroule. Devant il y a ma puce qui grandit, mon homme qui murit et ma pomme qui vit. Devant il y a des projets inspirants. Reprendre le gouvernail des jours. Recommencer à travailler, à écrire, à exister.

Accepter d'apprendre de cette vie qui me passe sur le corps dans les bonheurs comme dans les douleurs. Apprendre à vivre avec ce corps qui véhicule la vie que je suis. La vie est un apprentissage sans fin. Peut-être est-ce même ce qui fait la beauté de l'humain: pouvoir apprendre sans fin.

Mais encore faut-il accepter d'apprendre. Apprendre quand cela fait mal. Transformer le mal en bien. Un défi d'une ou plusieurs vies? À voir les problèmes de l'humanité, je ne suis pas sure qu'il soit si facile d'apprendre. Et puis il ne suffit pas d'apprendre, encore faut-il comprendre...

Je veux toujours comprendre de ce que j'apprend pour mieux avancer sur le fil de la vie qui coule en mon sang. Combattre les mauvais sentiments, les pensées négatives, l'obscurité. Chercher la lumière, cultiver les bons sentiments, s'accorder avec l'univers.

jeudi, août 25, 2011

Une semaine en Sienna

Une semaine en Sienna...

Voici le mois d'aout qui s'achève. Dieu merci, il s'achève sur une note pas mal plus joyeuse qu'il a commencé. La semaine prochaine s'annonce tropicale!  Et cette semaine, par la magie de Disney Junior, nous avons eu le privilège de pouvoir essayer la Toyota Sienna...

Il faut avouer que cette fourgonnette de sept places était un peu trop grande pour notre famille de trois mais oh combien spacieuse! M'zelle Soleil a adoré l'expérience de s'y promener durant une semaine. Juan a aussi apprécié d'avaler les kilomètres avec elle et je n'ai pu que profiter de son confort pour retrouver un peu plus cette santé qui m'a fait défaut en début de mois.

En fait, je ne m'attendais pas à tomber sous le charme, l'homme non plus! Et je ne m'attendais pas à ce que notre Miss trippe autant! La famille, qui après participé au concours de Disney Junior, la gagnera serait bien chanceuse...


Nous faisons beaucoup de route entre le lac et Québec mais cette semaine faire les voyages étaient presque des vacances en soi. En fait, avec la Toyota Sienna l'on a flotté plus que l'on a roulé. On a pris la route avec délice et certains soirs on l'a même laissé nous guider...

C'est comme cela que l'on a croisé la maison de la schtroumphette. Malheureusement la schtroumphette était allée faire des courses mais cela n'a pas empêché M'zelle Soleil de sauter de joie devant sa maison champignon! Et puis l'on a atterri à Sainte-Anne de Beaupré. Sans même s'en rendre compte l'on avait fait une centaine de kilomètres depuis chez nous!

Ensuite l'on décidé de voir comment c'était lorsque la fourgonnette était pleine de vie. Alors, avec un couple d'amis et leurs deux fillettes en bas-âge, l'on a pris la route, sans but précis, juste avec le gout de rouler. Comme l'on longe souvent le Saint-Laurent sur la rive Nord, l'on a pris la rive Sud en direction de Kamouraska...


À 4 adultes et 3 enfants en dessous de 6 ans, c'est une petite tribu que l'on trimballe! L'on profite du soleil qui brille de plein feux pour avaler les kilomètres. L'on regarde défiler les paysages magnifiques qui longent le fleuve Saint-Laurent. L'on inspire l'air du temps.

L'on traverse des jolis villages aux maisons coquettes et l'on arrête au plus beau parc que l'on rencontre sur la route. L'occasion de goûter et de laisser les enfants jouer...


Puis l'on a reprend la route tandis que les plus jeunes font la sieste. M'zelle moins assoupie que les autres ouvre parfois un œil curieux. Alors que les hommes font les louanges du char. D'une oreille distraite, je les écoute discuter du voyant économique qui indique la consommation d'essence, du "cruise control" qui les amuse et des petits détails qui font le luxe de la Toyota Sienna. Un luxe étonnement abordable. Pour la qualité de l'engin, le prix est tout à fait raisonnable.

En fait, c'est une super voiture pour une famille nombreuse! Une voiture qui inspire la sécurité. Il est bien rare que j'arrive à dormir en voiture, et là, je m'y sentais si en sécurité que j'ai fait des siestes roulantes comme cela ne m'était pas arrivé depuis mon enfance!

Bref, pendant que les hommes cherchent en vain un défaut à cette voiture qui nous ravit, je profite avec bonheur de cet espace climatisé. Je réalise à quel point l'on ne se sent pas entassés comme des sardines. L'on papote avec Julie, les filles sont heureuses, le confort est royal, les paysages sont magnifiques et la compagnie est bonne. Que demander de plus?

L'on fait demi-tour à Kamouraska, l'on a dans l'idée d'aller faire un tour d'une activité qui se déroule à Montmagny. Nous arrivons dans le jour qui se dore la pilule d'été. Les filles en profitent pour courir dans l'herbe fraiche. C'est beau de les voir se dégourdir les jambes en riant. Les papas se joignent aux jeux et les rires cascadent encore plus fort...


Non loin de là, sous un grand chapiteau, se déroule les 20 jours de laboratoire de cirque... 

Nous arrivons à l'heure des enfants. L'activité première consiste à peindre des poneys. C'est une activité qui fait la joie de nos puces!

Puis l'on découvre sous le chapiteau une acrobate qui fait pétiller les yeux de ma puce et un voltigeur qui pratique un bel exercice de cirque. Le cheval avec lequel il le pratique est magnifique. Les enfants adorent. On reprend la route vers Québec alors que le soleil se couche...


Comme je travaille principalement à la maison, c'est Juan qui utilise la fourgonette durant les jours de semaines. Il ne s'en plaint pas!

Au contraire il me dit :"Ouais, c'est un plaisir que de la conduire. Confort exceptionnel, puissance remarquable, espace inspirant!" J'écarquille les yeux de surprise. Il ne lui trouve que bien peu de défaut! Même si elle ne correspond aucunement à nos besoins familiaux (ni à nos moyens présents), il faut avouer que c'est un beau véhicule. La famille qui la gagnera sera surement très contente!

À chaque fois que je prends le volant, je m'étonne de son rapport taille/maniabilité! Comment un tel mastodonte peut-il être aussi facile à conduire? Et je remarque aussi qu'au volant de cette voiture, je ne serre plus les fesses lorsque je dépasse un camion sur l'autoroute! Avec ma petite auto économique, j'haïs dépasser des gros camions sur l’autoroute, mais avec la Sienna, c'est à peine si j'y fais attention...

Bon, rêvons un peu, si je la gagnais (ce qui ne sera pas mon cas), je crois bien que j'en profiterais pour aller faire un road-trip jusqu'à Key-West au bout de la Floride, ou pourquoi pas aller faire un tour à Los-Angeles? Avec une voiture à la conduite si confortable, tout ce que je voudrais serait partir au loin...

D'ailleurs, pendant qu'on l'essaie, la moindre occasion est bonne pour faire de la route ou encore inviter des amis à une promenade. Tout est bon pour rouler un peu!

Du coup, la semaine se révèle plus vivante que l'on aurait pu l'espérer. Cette voiture met un peu de velours dans les épreuves que je traverse au quotidien...

Puis vient le temps de la rendre. C'est avec un petit serrement de coeur que l'on se sépare de ses roues.

Miss Soleil a du mal à la quitter. Elle qui a chantonné toute la semaine aux quatre vents "Toyota, Toyota, Toyota, Toyooootttaaaa!" trouve ça bien plate de la laisser. C'est que la Miss, qui rêve d'une famille nombreuse, apprécie les grosses voitures...

L'on en gardera certainement le plaisir d'avoir roulé avec une semaine durant. L'on en gardera un cher souvenir. Un souvenir tout en confort et tenue de route...

J'en garderai aussi les sourires de ma puce qui s'amuse à courir dedans, son bonheur à y installer ses bébés pour agrandir la famille et puis l'on rangera les souvenirs Sienna dans un tiroir gravé à l'image de Mickey!

*Cette expérience a été rendue possible de par mon partenariat de maman avec la chaine Disney Junior...

jeudi, août 18, 2011

S'accrocher au futur

S'accrocher au futur...

Cela sent la fin de l'été au lac. Un lac qui me manque car j'en suis privée depuis la chirurgie du début de mois. Les dernières semaines auront été éprouvantes...

Une chirurgie qui est un mal pour un bien et dont je me remets doucement. Doucement car mon corps traumatisé par l'expérience a répondu avec un abcès dentaire (dixit la dentiste) qui n'est pas sans m'affaiblir.

Le dicton dit: "Jamais deux sans trois" alors pour empêcher que ne sombre mon moral, je me dis que c'est l'ennui de santé qui boucle la série noire (paralysie faciale/ovaire/dent). En ce qui concerne la paralysie faciale même si j'ai la chance qu'elle ne soit plus visible, il me reste des douleurs qui ne sont pas des plus agréables. Mais à force de les supporter, j'apprends à vivre avec en espérant que le futur les estompent. Toujours mieux ça que d'avoir la face croche! Pour la chirurgie, je cicatrice. Pour la dent, sous antibiotiques, je suis en traitement...

Un jour à la fois, mettre un pas devant l'autre. Tomber. Se relever. Avancer. Au fil des jours qui s'effacent, je découvre une certaine tristesse à ne pas pouvoir être la maman que j'aime être. Trop faible, trop fatiguée, trop maganée.  En mode résilience, je vois au futur pour ne pas m'apitoyer sur le présent. Mes émotions virevoltent alors que je m'applique à les maîtriser.

Inutile de dire que j'ai pris un bon retard dans mes piges. Un retard que je dois rattraper jour après jour, au fur et à mesure que je remonte cette pente dont le sommet est la santé. Ce mois dernier, le principe de savourer le présent n'était pas dans mon actualité. J'ai plutôt pratiqué le concept de s'accrocher au futur. Un futur que je souhaite en forme. J'ai enduré tellement de douleurs physiques depuis le mois de février que je risque de me rappeler longtemps de l'année 2011!

Alors que l'été s'achève, cela sent la rentrée pour Miss Soleil. Une rentrée qui se fera normalement après un voyage bien attendu. Un voyage particulier qui aura fait partie de ce futur auquel s'accrocher pour traverser les douleurs quotidiennes. Un voyage, qui je l'espère, marquera une nouvelle saison où je pourrai vivre en santé et profiter du présent.

jeudi, août 11, 2011

Avec la complicité de Mickey!

Sur la route... (Avec la complicité de Mickey!)

Pour mieux tourner la page des derniers jours pas terribles, je me plonge les idées dans l'univers Disney. Guidée par Miss Soleil, je vais là où s'alléger les idées est un jeu d'enfant...

Dans le cadre de mon partenariat avec la chaine Disney Junior, j'accepte d'essayer, pendant une semaine, la Toyota Sienna afin de faire un petit road-trip. Et comment refuser l'opportunité d'offrir de l'argent aux visiteurs de mon laboratoire virtuel?!? Y'a rien comme donner pour se remonter le moral. Recevoir c'est bien mais donner c'est encore mieux...

Il se déroule donc un concours sur la chaine Disney Junior où il est possible de gagner une Sienna Toyota. Dans le cadre de ce concours, durant tout le mois d'aout, les familles qui regardent les émissions de Disney Junior courent la chance de gagner cette fourgonnette. Pour en savoir plus, c'est par là!

En tant que maman blogueuse Disney, j'aurai l'occasion de tester la fameuse fourgonnette dans quelques jours. En compagnie de nos amis Gabriel, Julie et leurs deux petites filles, nous prendrons la route pour faire défiler les paysages (en espérant que les enfants trouvent l'idée sympa!). Et, en tant que maman blogueuse, j'ai aussi la chance de pouvoir offrir 50$ à celle (ou celui) qui répondra à la question du jour (et on en profite pour faire une grimace moqueuse à Picsou)!

Question du jour: "Quel est le road-trip que vous aimeriez faire en famille?". En ce qui me concerne, je garde en mémoire de bons souvenirs de notre dernier road-trip en famille pour découvrir les nuances acadiennes...

Vous avez quelques jours pour me répondre dans les commentaires et je remettrai ensuite vos réponses entre les mains de la secrétaire de Mickey! Celle-ci se chargera de choisir un gagnant et d'acheminer une carte de crédit d'une valeur de 50$...

Personnellement, si j'étais en pleine forme, je serais bien partie deux-trois jours faire un tour de Gaspésie. À moins que je ne me sois laissée tenter par la couverture estivale de Marie-Julie pour aller faire un tour de sa région natale! Mais comme je prévois un autre voyage dans peu de temps, l'on se contentera d'explorer le Québec une seule journée à la fois...

Alors, dites-moi, que j'aie le plaisir de vous offrir 50$, quel est le road-trip qui vous fait rêver en couleurs?

...

C'est souvent l'amitié qui fait naître et qui nourrit et entretient les plus beaux sentiments de générosité dont le coeur humain est capable.
Jean Boccace

Il y a une communication plus intense dans l'échange immédiat à base de générosité que dans la jouissance immédiate.
Georges Bataille

La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.
Albert Camus

mercredi, août 10, 2011

Reprendre des forces...

Reprendre des forces...

Les ennuis de santé font dérailler le train-train quotidien. La santé est précieuse. Trop souvent lorsqu'on la possède on la prend pour acquise.

Si je ne ressens jamais aucune envie pour les biens matériel d'autrui, j'avoue qu'il m'arrive de ressentir de l'envie pour ceux qui possèdent une santé de fer. La mienne est de verre...

En ce qui me concerne, j'ai toujours eu une certaine fragilité corporelle. Je casse. Puis je bataille pour ramasser mes morceaux que je recolle avec volonté. Plus je vieillis et plus je médite sur les bienfaits d'être en santé.

Ces dernières semaines ma santé a déraillé en direction du bloc opératoire. Une expérience dont je me serais bien passée mais qui, comme le dit le fameux dicton, ne pourra que me rendre plus forte puisqu'elle ne m'aura pas tuée...

Jour après jour je reprends des forces. À mesure que je recommence à me sentir moi-même, je remets mes wagons sur les rails de mon quotidien. J'ai plusieurs projets intéressants sur ma planche de travail. Je ne tiens pas à les échapper. Alors que je lis les ennuis du Monde (Somalie, Norvège, Londres) sur ma tablette numérique, je sais que je dois faire du pire le meilleur car je reste privilégiée de pouvoir vivre ici, en mon coin de lac choyé.

Je n'ai pas le droit de flancher, juste celui d'aller mieux, juste celui de remonter la pente. Alors que j'en bave des ronds de chapeau et que je serre des dents, je cherche la lumière. Le chirurgien qui m'a opérée m'explique, avec le sourire, que cela m'aurait couté environ 100 000$ aux USA pour me remettre sur pieds. Cela remet pas mal de choses en perspectives. Il me dit aussi que tout est allé pour le mieux, il est content et confiant. C'est déjà ça de gagné!

Dans la vie, tout est relatif, en fait, tout semble dépendre de l'image globale que l'on choisi de regarder. Et comment ne pas être reconnaissante de cette chance que j'ai de vivre en un pays qui respecte l'humanité et qui la soigne gratuitement? Le système de santé n'est pas parfait mais il a un sacré mérite d'exister...


EXPRESSION via Expressio.fr
« En baver (des ronds de chapeau / de citron) »

SIGNIFICATION
Être dans une situation (très) pénible. Souffrir, supporter des mauvais traitements.

ORIGINE / ETYMOLOGIE
À l'origine, vers la fin du XIXe siècle, "en baver" (tout court) s'appliquait à quelqu'un qui était béat d'admiration, avec l'image de celui qui reste longuement la bouche ouverte au point que la salive finit par en couler. C'est au début du XXe que le sens bascule, peut-être par mélange et volonté d'en adoucir la vulgarité avec la version "en chier".

À peine plus tard, viennent se greffer les ronds de chapeau ou ceux de citron. Mais pourquoi donc ? Claude Duneton propose une explication pour ceux de chapeau, ceux de citron n'en étant probablement qu'une simple variante plaisante.

Le "rond de chapeau", d'abord appelé "rond de plomb" était un morceau de plomb circulaire qui servait à maintenir leur forme aux chapeaux. À l'époque où les chapeaux et leurs ronds étaient des objets communs, ces objets ont dû inspirer ceux qui ont inventé le complément à l'expression, car ils devaient facilement imaginer que celui qui chiait des ronds de chapeau devait en baver un maximum.

EXEMPLE
« Prenons le cas de Mozart, mort à trente-cinq ans après en avoir bavé de toutes les façons : jamais je n'ai pu arriver à le plaindre, cet animal-là (…) » Jean Dutourd - Pluche

« Je vous aurai sous ma coupe... Avec moi, vous en baverez des ronds de chapeau. » Yves Gibeau - Allons-z-enfants

Au coeur du bloc opératoire...

Au cœur du bloc opératoire...

C'est la peur au ventre que je me retrouve poussée en direction du bloc opératoire.

Le matin précédent, j'ai une prise de bec avec la résidente qui me tape sur le système depuis douze heures que je sèche.

La semaine précédente, une autre résidente avait été si compétente que celle sur qui je tombe en retournant à l'hôpital  me déçoit, énormément...

Celle-ci est plus froide que chaleureuse, elle m'explique en long et en large toutes les complications de la chirurgie qui se dessine à mon horizon. Elle m'apeure beaucoup plus qu'elle ne me met en confiance.

Je dois la forcer à m'expliquer comment cela peut bien se passer. Cela ne me semble pas correct. Plus je lui parle et plus je la trouve incompétente (coté relationnel avec le patient). À moins que cela ne soit nos deux personnalités qui clachent en un difficile contexte...

Je sais que je la fais chi... et je ne me gêne pas pour dire que c'est réciproque! Je la vois pincer des lèvres tandis que mes émotions prennent feu et que les larmes inondent mes joues. Elle est de celle qui est déjà noyée dans son ego médical. Sans compter qu'elle me prend pour une folle lorsque je lui explique ce que je pense avoir et qu'elle me peint un scénario pas mal plus sombre que ce que je crois avoir. D'après elle, ce n'est pas possible, c'est trop rare! D'après elle, les chances que cela se passe mal sont plus probables. Elle m'énerve!

Je finis par m'exclamer: "Je veux voir le docteur!" et elle de me répondre sèchement "Je suis le docteur!" et moi de lever les yeux au ciel avec un soupir exaspéré! Ceci n'aide pas à la zénitude pré-opératoire. Arrive finalement le docteur. Sa chaleur humaine enrobée d'humour fait toute la différence. Il m'aide à me faire une raison et j'accepte de passer sur le billard.

La dernière fois que j'ai été opérée, j'avais 7 ou 8 ans, une appendicite en France. Je ne garde pas de bons souvenirs de mon réveil. Au fond de moi, j'ai la sensation que l'anesthésie n'est pas ma tasse de thé...

Poussée sur un lit par une jolie brancardière, je pénètre les portes "bloc opératoire". Je retiens mes larmes, j'ai l'angoisse à fleur de peau et je porte en mon coeur l'image de ma puce qui me fait bye-bye. Mon amie Dee viendra la chercher pendant que le bistouri me charcutera (et que mon homme restera à attendre).

J'ai la peur au ventre et la curiosité qui s'éveille en pénétrant dans cette zone à part de l'hôpital. Il y a des bureaux, des salles d'opération, une salle d'accueil et une salle de réveil. C'est un microcosme. Il y règne une atmosphère particulière. L'anesthésiste est sympa, il a une bonne "vibe", j'aime bien ses cheveux longs et son sourire lumineux. Il est rassurant au possible. Un petit enfant en pleurs attend aussi son tour. Cela remet mon cas en perspective. J'essaie de retenir ces larmes qui ne cessent de monter. En bon québécois, j'ai "la chienne"...

Me voilà dans la salle opératoire. C'est comme dans ces séries télés que je n'aime pas regarder. L'équipe est sympathique. Je retiens mon souffle. Une piqure dans mon soluté et boom! I'm down!

L'anesthésiste m'avait dit que beaucoup rêvaient sous l'effet de l'anesthésie générale, j'étais sceptique de ce fait. Je n'aurais pas dû. Je me retrouve en un univers vaporeux, serein, bucolique. Une sorte d'univers parallèle où Miss Soleil m'a rejoint et où l'on cueille des fleurs dans des champs colorés aux allures de paradis. Lorsque je me réveille, c'est tout comme passer du rêve au cauchemar sauf que le cauchemar est bien réel.

Il me faut plusieurs minutes pour m'extirper de cette dimension onctueuse, durant plusieurs minutes les images de ce monde idyllique et la présence de ma puce semblent si réelles que je ne comprends pas où je suis, où j'en suis. Je la cherche. Étonnement, à coté de moi une enfant d'une dizaine d'année encore anesthésiée. Alors que je me fais reshooter le soluté de je ne sais quel médicament, la douleur qui me scie le ventre me déchire l'âme. Ai-je jamais eu aussi mal de ma vie? Peut-être quand j'avais 8 ans...

D'ailleurs, je suis si perdue que j'ai l'impression d'avoir 8 ans! À mesure que je me réveille, le réel est si souffrant que je perds un peu les pédales. Mais où est ma maman? Je regarde l'infirmière à coté de moi. Elle me fait une piqure sous cutanée de morphine. Je sens monter la nausée. Et c'est parti pour un tour de dégueulis. Elle me dit: "Ma pauvre, c'est que cela a été pas facile de vous réveiller on vient de vous donner beaucoup de médicaments!" Tu m'étonnes Simone...

C'est définitivement le plus mauvais trip de ma vie. J'ai mal. La douleur me scie en deux. J'ai 8 ans. Je ne comprends plus trop comment tourne ma tête et mon corps est en bouillie­. Je lui demande:

- Vous pourriez pas me donner la main?

Elle hausse un sourcil irrité :

- Mais je n'ai pas le temps!

Bon okay, j'ai pas l'air d'avoir 8 ans! Mais bon à 38 ans, 20 secondes auraient suffit pour aider mon cas! Une autre idée loufoque me vient à l'esprit troublé :

- Vous auriez pas une blague alors? Une blague ce serait vraiment bien présentement!

Elle hausse les deux sourcils en même temps. Okay, je suis une extraterrestre! Arrive l'anesthésiste qui semble content de me voir réveillée. Il n'a pas de blague sous la main mais il a des sourires qui font la job. La souffrance est un calvaire. Je flotte entre deux dimensions. Je veux voir Juan. Enfin me voilà de retour dans ma chambre! Il est là. Je suis perdue. C'est trop dur. Il me serre la main et durant plus de deux heures, je flotte dans une froide obscurité où le seul lien que je ressens avec la vie est la chaleur de sa main dans la mienne. Comme un fil qui me retient...

Plus tard il me dira combien j'avais le regard mort, combien il ne me reconnaissait plus. C'est vrai, je n'étais pas là. J'avais 8 ans, j'étais perdue et je cherchais ma maman. Il me faudra une douzaine d'heures pour sortir ma tête de mon "funk". Pour retrouver mes 20 ans et l'idée folle de penser que si j'ai pu garder mon utérus, pourquoi ne pas refaire un autre bébé?" Juan sourit.

Durant une minute on a envie d'y croire. Mais c'est une minute où je dois avoir 22 ans à tout casser! Il me faudra trois jours pour retrouver mes 38 ans et quatre autres jours pour me sentir revenir à moi-même. Je pense que je suis pas mal sensible à l'anesthésie générale. Pas sure de jamais vouloir passer sous le bistouri pour des raisons esthétiques!!!

La bonne nouvelle c'est que l'opération s'est bien passée. Comme je l'avais dit à l'antipathique résidente, c'était bien mon ovaire le coupable. J'avais raison. Mon utérus est sauvé! C'est un soulagement. J'ai perdu une trompe, un ovaire et une masse de la taille d'un pamplemousse dans l'aventure mais c'est pour le mieux. Les fibromes ovariens sont rares mais ils existent. Le chirurgien me dit que je suis surement née avec. Il ne pense pas que cela puisse être malin. On en sera certain le mois prochain. J'ai mal à cet ovaire depuis bien longtemps. Est venu le temps de soigner mon cas vu les douleurs des jours qui ont précédé l'opération. Je suis heureuse d'avoir pu être soignée. J'ai reçu des soins compétents et modernes. C'est tout simple dans le fond, du féminin presque banal.

Au final, mon histoire en est une de chirurgie de routine pour le corps médical. C'est une désagréable expérience pour mon propre corps mais ce n'est pas la fin du monde. Dans mon malheur, j'ai de la chance. Durant cette nuit horrible où j'ai erré en un tunnel de souffrances, mon voisin de chambre s'égarait aussi. C'était un homme de 72 ans qui lâchait prise avec la vie. Gavé depuis plus d'un mois, il n'en pouvait plus de batailler et je le comprends. Encore je me demande comment il va, s'il remonte ou dégringole? Alors que je reprends des forces, je regarde vers l'avant. Cela va de mieux en mieux et c'est tout ce qui compte. Aller bien...