mercredi, avril 20, 2011

Réflexions de parentitude

Réflexions de parentitude...

Il y a plusieurs raisons qui m'empêchent de me plaindre de l'enfance qui s'éclate en ma maison. 

Même lorsque j'ai les nerfs à vif pour avoir répété dix mille fois la même consigne non écoutée ou lorsque la fatigue emporte ma patience et que j'ai l'impression de tout donner à cet enfant qui me vide de mon énergie vitale. Je sais qu'elle me nourrit le coeur et que ma vie sans elle n'est plus une possibilité...

Dans ces temps gris où la vie est un effort, je sais que mes sacrifices ne sont pas vains. Que cela fait partie de l'aventure que j'ai accepté de prendre.

Une aventure que je partage avec Juan et qui me permet aussi d'être ce que je suis en ma mamamitude présente. Juan n'a pas que des qualités, il a ses défauts (comme nous tous) mais en ses qualités, il possède les mêmes valeurs que ma pomme en ce qui concerne le bien-être de notre enfant.

Mes raisons personnelles pour trouver le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide...

La première raison de ma mamamitude passionnée vient de cette prière en forme de décision que j'ai lancé comme un mantra à l'univers alors que je me mourrais quatre jours après sa naissance.

Cette prière a tatoué une raison d'être dans ma peau. Elle a transformé la substance de mon sang. Comme j'ai survécu, elle m'a offert une raison maternelle qui a profondément bouleversé le cours de ma vie.

Ensuite il y a toutes ses raisons qui font que j'ai la chance de pouvoir être la maman d'une fillette qui s'accorde avec la lumière de son prénom. Une petite fille charmante et intelligente qui se développe normalement. En compagnie de ses défauts et ses qualités, elle passe les étapes de son développement sans difficulté. Cela me rend à la fois fière et reconnaissante.

Même si je mets beaucoup de cœur à encadrer ses jours, je me sens privilégiée. Que cela soit la marche, le langage, l'apprentissage de la propreté, le calcul, la réflexion, etc. Que puis-je faire d'autre que remercier le ciel de me donner l'opportunité de vivre une si belle expérience de maman? En mon être viscéral, je ressens le devoir de bien faire. Et tant pis si ce n'est pas dans l'air du temps! Cela ne fait pas de moi une mère parfaite. Cela fait juste de moi une mère...

Et quand le rose de l'enfance devient le travail obscur de l'adulte blasé, je ne peux que me plier à l'emploi tout en me rappelant la chance que j'ai. D'ailleurs il a suffit que M'zelle Soleil se casse une jambe l'été dernier pour que je sois encore plus convaincue que lorsque l'on a un enfant en pleine santé (et bien dans sa peau), il est important de le reconnaître et d'en apprécier les joies.

Personne n'a dit qu'éduquer un enfant était facile. Personne n'a dit que l'on y perdait pas quelques plumes au détour. Au contraire, tout  le monde ne fait que le dire! Assez pour que plusieurs se rebellent...

Évidement, il y a de ces moments de fatigue où l'on a le goût de crier. Pour le bien-être familial, dans ces moments difficiles, mieux vaut avaler. Respirer. Digérer. Et trouver le moyens de vivre le moins possible de ces moments là. Tout un défi de vie en soi. Personne n'a dit que la vie était facile...

La responsabilité de l'enfance en tant qu'adulte...

Quand j'étais petite, ma grand-mère (en sa philosophie rustique ) disait que les enfants qu'on faisait étaient comme des boulets que l'on s'attachait à la jambe pour la vie. Je pense qu'elle voyait la chose de façon un peu dramatique. On est pas obligés d'être condamné non plus!

Mais il y avait cette touche de vérité dans sa pensée. Le fait que les enfants sont une lourde responsabilité que l'on porte sur les épaules adultes. Sur ce point là, elle avait raison. Mais c'est une réalité que je préfère prendre comme une aventure existentielle, un voyage humain...

Ma mère-grand avait vécu pas mal de drames dans sa vie de femme et de mère. En mon histoire personnelle, j'ai l'impression que je n'aurais l'occasion d'être la maman que d'un seul enfant. C'est un deuil personnel que je cherche à traverser pour toutes sortes de raisons. J'essaie d'en trouver les raisons qui m'aident à combattre la tristesse que j'en ressens. Les raisons qui me permettent de cultiver le bonheur que j'en ai.

Tout cela pour terminer avec le fait que j'ai beaucoup d'admiration pour les parents d'enfants différents car je suis certaine que le poids sur leurs épaules est encore plus lourd que celui que me fait porter ma puce de salon. Aussi j'ai souvent la sensation que trop me plaindre de mon état maternel, serait, en mon contexte privilégié, comme manquer de respect à tous ceux qui sont les parents remarquables d'enfants pas comme les autres. Loin de moi l'idée de croire qu'ils sont des saints mais près de moi l'idée de penser qu'ils sont exceptionnels.

Aussi, je veux profiter de ces quelques lignes pour témoigner de cette admiration profonde que je ressens (en espérant ne pas les froisser ce faisant). Et je crois que l'on a tous beaucoup à apprendre et comprendre de ces parents aux enfants différents (mais aux vies tout à fait normales)...

6 commentaires:

  1. Je suis la maman d'une enfant légèrement différente. Pas au point décrit dans l'excellent article de France Paradis, mais il m'a fallu plusieurs années pour accepter que pour ma fille, parfois ce serait plus compliqué. Et pourtant je n'échangerais ni ma fille, ni ma vie avec elle et Mammouth.
    Chaque matin, je remercie le ciel qu'elle soit en santé et vivante. Hier, j'ai longuement pensé à la mère de cet ado parti à l'école et qui a fini sous les roues d'un autobus de ville. J'espère qu'elle avait eu le temps de lui dire qu'elle l'aimait...
    J'écrivais ce matin à un copain FB qu'avoir un enfant, c'est comme avoir un "todo" list perpétuel. Et c'est aussi bien comme ça. Je ne peux plus imaginer ma vie sans.

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  2. Allo MJ, sachant que la mienne n'a que 5 ans, je sais aussi que rien n'est acquis. La route est longue entre la naissance d'un enfant et son état adulte. En même temps je suis certaine que cela passe super vite quand tu es dedans!

    J'apprécie ton commentaire empli de vécu et sincérité. Moi aussi lorsque j'entends parler de ces drames où les enfants disparaissent, je frissonne de peur. Et je remercie le ciel et prie. Sans autre religion que celle de l'amour.

    Mais tu mets aussi le doigt sur le plus important des points, dire à nos enfants qu'on les aime, quotidiennement...

    Merci de ce partage aux fils de Toile.

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  3. Touchant de te lire. Ta fille a de la chance d’avoir de si bon parent. Comme je te disais ma fille est autiste et elle demande une attention quasi constante. Je sais que je ne suis pas une super women, mais je crois être une super maman. Peut-être que je suis trop protectrice. Je me le reproche souvent. Mais comment faire alors que ce monde me fait peur. Il y a tant d’histoire d’horreur qui arrive à ces êtres sans défenses que je voudrais avoir des ailes pour pouvoir l’enrouler et la protéger tout au long de sa vie.
    Il y a de bon parent d’enfant handicapé comme il y en a de moins bon. Un médecin nous a déjà dit qu’il en revenait pas comment l’on s’occupait d’elle. Ça signifiait que beaucoup ne se donne pas la peine de s’impliquer au max. Mais j’avoue commencer à être un peu au bout du rouleau, je suis humaine et je commence à ressembler à une vieille peau. Il faut penser à son avenir sans nous…et ça…ça me brise en mille miettes à chaque fois que j’y pense.
    Merci pour tes belles pensées envers nous ça fait chaud au cœur. Et embrasse ta puce de ma part. Elle est merveilleuse. Mais ça tu le sais déjà !

    Amicalement,
    Denise

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  4. Anonyme6:25 AM

    Très bel article, une fois de plus, et très touchant aussi. Il est vrai qu'on a souvent tendance à oublier la chance qu'on a, tant que tout va bien...

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  5. Merci Denise. Mon coeur est avec toi, je ne peux imaginer les difficultés que tu rencontres mais j'en ressens beaucoup de sympathies. Pensées douces...

    Merci Elpadawan, je pense qu'il est important d'y penser pour apprécier ce que l'on a ;)

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  6. Anonyme2:33 PM

    être parent, ne s'apprend pas dans les livres et c'est pour cela sans doute que c'est "le métier" le plus difficile mais aussi le plus enrichissant qui soit, et le plus facile quand il est guidé par l'amour.
    Et en vous lisant, Etolane, et vous "les commentatrices" c'est ce que je lis, je vois, j'entends même ou ressent."
    Que nos enfants soient "différents" ou non c'est l'amour qu'on leur porte qui nous porte aussi.
    Nous n'en sommes pas moins "humaine" et j'admire celles (et ceux) qui mènent chaque jour leur enfant "différent" vers demain. Car nos sociétés, même à grands renforts "d'aides" ne seront jamais les "sources" que "nous" (parents) sommes.
    Chez nous, on prône souvent la "différence" comme étant une richesse mais nos écoles ne sont déjà pas "aptes" (capables) d'accueillir des enfants ne serait ce qu'un peu "différents".
    Il y a des "règles" et les différences, les exceptions n'ont qu'un droit, c'est d'être citées, pas d'exister....
    Alors tout est fait pour les "cacher", les "parquer". ça me révolte souvent, parfois mais pas assez.
    Mais l'inverse aussi m'agace, dans le sens où nous parents qui avons la chance d'avoir des enfants "normaux" on cherche à nous culpabiliser. Je trouve ce genre d'attitude (heureusement pas souvent) odieuse.
    comme si on cherchait des "coupables" à nos "maux", des "responsables". C'est bien "franchouillard" ça! Mais c'est mien donc je fais avec!!! alors si l'occasion m'est "donnée" de "montrer" que la "différence" c'est "nous" j'essaie de faire, ne serait-ce qu'en n'en faisant pas des "tonnes" devant un fauteuil roulant tout en essayant de "conscientiser" les difficultés autres que les miennes dans la vie de tous les jours.
    Mais je crois que je m'égare là!
    Nous avons beaucoup de chemin à parcourir encore, nous maman (et papa) d'enfants "pas différents" pour faire garder intact le "regard" de nos enfants envers leurs copains et copines "différents". J'ai en effet remarqué que les enfants, petits, ne se posent pas autant de questions que nous, adultes, ils constatent et s'interrogent peut être mais ils "s'adaptent". Comme si nous en grandissant nous perdions cette faculté de nous adapter en voulant garder (ou prendre) le "contrôle".
    je m'arrête là car j'ai dépassé je pense mon "quota" de mots!!!
    amitiés, Etolane et à vous toutes mamans, femmes, et aussi amantes (tout ça nous est arrivé, nous arrive dans le désordre....)
    BRQ64

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