vendredi, avril 01, 2011

Boucles en feu...

La semaine dernière, je ne suis sortie de chez la coiffeuse que depuis quelques heures, et nous allons dîner au Tim-Hortons avec homme et enfant. Encore déstabilisée par les ennuis de santé des dernières semaines, je suis d'humeur moyenne...

D'autant plus que la coiffeuse a raté l'expérience qu'elle avait préalablement pensé sur ma couleur. Non seulement elle m'a gentiment grillé le scalp (à moins que cela ne soit mon scalp qui ne soit ultra-sensibilisé par les médicaments qui me font fonctionner) et sa mixture n'a pas été à la hauteur de ses attentes, la couleur a plus ou moins bien marché. Elle a mal couverte mes racines et ce n'est pas plus rouge qu'à l'habitude. Ce qui était l'objectif premier. En résumé, ce n'est pas vraiment un succès mais comme ma coiffeuse est aussi cool que pro, elle m'a demandée de ne pas la payer pour son échec du jour. Elle s'est dit que l'on remettra cela la prochaine fois. Que l'on fera mieux et que cela sera moins douloureux.

Je dois dire que je l'aime ma coiffeuse. Steph, de son surnom, est un peu plus jeune que moi (début trentaine). Elle est mère de 3 garçons dont un ado! J'adore sa personnalité vive et son énergie qui pétille. Franche comme la nature qui nous entoure, c'est une force de femme qui mène son commerce avec une main experte et affirmée. Elle réussit même à élever seule sa smala tout en lui offrant un train de vie plus que confortable.

Enfin, elle paye aussi le prix de sa liberté au gré de son cœur puisque coté romance ce n'est pas tous les jours Versailles! Même si le dernier prince en date semble avoir un peu plus de grandeur que les autres... Bref, Steph est ma coiffeuse depuis 3 ans déjà et je ne suis pas prête de la quitter!

Histoire de boucles rebelles

Depuis mes 18 ans où j'ai pris possession de ma tignasse, peu ont pu y toucher mais j'ai une entière confiance en Steph. C'est presque sentimental comme relation. Il faut dire que ma crinière fait partie intégrante de ma personnalité.

Et j'ai eu assez de mal à l'apprivoiser merci! Pourtant en cette fin de trentaine, ma tignasse je l'aime, je l'accepte et je l'entretiens. Avoir une crinière épaisse et bouclée en une famille de cheveux raides, c'est pas tous les jours rose mais c'est le sujet d'une autre histoire...

Longtemps j'ai détesté cette masse capillaire qui me composait. À 11 ans, sur un coup de tête, je suis même allée en douce chez le coiffeur (dans le dos "des adultes") et je l'ai quasiment rasée. Je n'en reviens même pas encore que le coiffeur en question ait accepté ma requête! Il a essayé de me dissuader un petit peu mais je ne crois pas que mon pouvoir de persuasion ait été assez grand pour qu'il le fasse contre son gré. Étant une connaissance de la famille, je le soupçonne d'avoir pris un pervers plaisir à saccager ma crinière pour quelque raison adulte qui m'échappe encore aujourd'hui.

L'année scolaire qui suivi cette première rébellion capillaire fut relativement désagréable. J'avais l'air d'un garçon et je ne me sentais plus en phase avec ma peau de fille. La première semaine de mes cheveux ultra courts, personne ne me reconnaissait dans les couloirs, c'était bizarre. Mes copines étaient déçues et les garçons me semblaient moins charmants. Au final, je n'ai pas été satisfaite de ma décision longtemps. Une fois l'acte de rébellion passé, j'ai bien mangé ma claque!

Et j'ai attendu que repousse ma tignasse. Pour ce faire je suis passée par toutes ces étapes plus ou moins esthétiques où j'avais plus le look d'un caniche que d'une fille. La tignasse repoussait aussi épaisse qu'avant et je ne savais pas quoi faire de mes boucles folles. Une fois que mes cheveux eurent touché mes épaules, j'avais 14-15 ans et j'entrais dans l'adolescence.

Nouvelle étape de vie. Fraîchement immigrée à Montréal, j'étais prête pour du changement de toison. Nouvelle rébellion chevelue, sur une idée farfelue, je me fais teindre en blonde. Étrange résultat. Pas super probant mais amusant. Une fois l'amusement passé mes cheveux continuent de me pomper l'air et je ne sais toujours pas quoi faire de ces boucles que je n'aime pas mais pas du tout.

Pourtant ce n'est pas faute de recevoir des compliments. À cet âge là, des compliments sur ma tignasse, j'en possède déjà une bonne collection mais rien n'y fait je ne sais pas comment apprivoiser cette masse frisée qui fait l'envie de toutes celles qui possédent le cheveux fins et lisse. J'ai beau expliquer que je rêve de cheveux raides, personne n'arrive à compatir avec mes émotions capillaires!

Tresses africaines et toison nature

Aussi arrivée à 18 ans, je décide de me prendre en boucles! Alors que je voyais déambuler dans les rues de Montréal des superbes noires à la tignasse domestiquée en d'impressionnant volume de tresses raides, j'eus alors une idée! Je voulais des cheveux raides en forme de tresses!

L'on alors est au début des années 90 et peu de blanches trainent en ville avec des tresses africaines. Nouvelle rébellion. Je me souviens encore de la première fois où timide et effarouchée, j'ai pénétré l'antre des mamas haïtiennes qui se spécialisaient dans le tressage. Il a fallu que j'insiste un peu. Elles ne semblaient pas certaines de tresser une petite blanche mais une fois que j'eus expliqué le fond de ma décision, elle me firent pénétrer leur domaine et découvrir la fascinante ambiance du tressage à l'africaine.

J'ai porté le look plus de deux ans. À chaque trois-quatre mois il fallait défaire et refaire les tresses. Au fil des fois j'ai appris la pratique sur le bout des doigts. À la fin, par économies, je défaisais moi-même, ne faisais retresser que les racines et savait entretenir le tout pour faire durer la beauté du travail. Cependant, au bout de deux ans, j'en ai eu ma claque du travail demandé pour entretenir le tout. J'enlevai donc mes tresses une dernière fois et je partis à la conquête du naturel de ma tignasse. C'est à ce moment là où je suis tombée dans l'huile de coco. Cette huile magique, qui en plus de m'enrober d'un air des tropiques permanent, hydratait mes boucles et les assouplissaient exactement à mon goût.

À 25 ans, j'avais les cheveux longs, très longs, assez long pour facilement me cacher les seins nus, encore hauts et drus. À 25 ans, pour la première fois de ma vie, je commence à apprécier mes cheveux. Je n'en coupe que les pointes et encore, si peu. Durant dix ans, j'apprends à apprivoiser le volume de mes boucles et lorsque l'on me complimente sur ma toison frisée j'arrive à ne plus faire la grimace.

Arrivée à la fin de la vingtaine, j'arrive même à sourire devant le compliment. Tout un cheminement pour la fillette qui se regardait dans le miroir en maudissant cette épaisse tignasse qu'elle n'acceptait pas pour un poil! Entre 25 ans et 35 ans quasiment personne d'autre que moi n'a touché à mes cheveux...

Mettre le feu aux boucles

Et puis vers 34-35 ans, mes cheveux blancs commencent à sérieusement m'énerver. Et c'est grâce à eux que j'ai rencontre Steph. Rapidement j'ai lu dans ses yeux l'envie et le désir de la coiffeuse passionnée.

Pour les experts du cheveu ma tignasse est comme un défi, une fierté. À cette l'époque, je suis prête pour une nouvelle rébellion... l'ère du rouge est arrivé!

Depuis des années déjà, je faisais faire quelques mèches rouges par ci par là mais j'attendais la grisaille du temps pour vraiment me lancer. Et là j'étais mûre. Prête pour le rouge pompier! Pas le rouge madame qui fait bon ménage avec le décor sans déranger. Pas rousse non plus. Non, non, non, un vrai rouge je voulais, de celui qui explose au soleil brillant.

La première fois Steph n'a pas osé! Il a fallu deux ou trois essais pour qu'elle capte toute l'intensité de mon désir et depuis, elle travaille fort à le combler. Car l'on a quand même une grande contrainte, le fait de ne pouvoir me décolorer la chevelure sans prendre le risque de la cramer à jamais.

Aussi Steph doit fignoler son art pour me trouver le meilleur rouge possible, pas le violine qui me déplait mais bien le rouge feu qui explosera sous les rayons du soleil luisant et me transformera en lionne libérée. D'après mon homme, il parait que c'est hyper sexy une chevelure de lionne rouge. J'imagine que j'ai l'âge ou jamais...

Aussi depuis 3 ans, il n'y a que Steph qui a le droit de toucher ma tignasse, d'y approcher les ciseaux pour la façonner. D'y mettre les mains pour la colorer au plus rouge possible. Ce rouge possible ne brûle pas à l'ombre mais à la lumière. Ce rouge là fait de moi une blogueuse sauvage qui se reconnait un peu partout où elle sort et qui sert aussi de repère aux copinautes (dixit Nadia) dans la jungle humaine.

Bref, la semaine dernière, je sors de la coiffeuse d'humeur moyenne. Depuis des semaines, je bataille une salop... de maladie et ma vie n'est pas des plus faciles. Ma coiffeuse m'a grillé le scalp mais mes boucles sont flamboyantes. Vu les circonstances, ce n'est pas la fin du monde. Steph a donné du souffle à mes boucles folles et mon cœur de lionne s'accorde à mon look.

À chacun ses injustices...

J'arrive donc, fatiguée, devant le comptoir du Tim Hortons lorsque la serveuse écarquille les yeux et s'exclame avec passion:

- Oh mon Dieu, vous en avez des cheveux!  C'est fou! C'est des boucles de feu! Whaou, c'est injuste! Je vous envie d'avoir autant de cheveux, êtes-vous une lionne???

Subtilement déconcertée, je fronce les sourcils alors qu'elle poursuit sa tirade de tignasse magnifique et d'injustice humaine. Étant d'humeur moyenne, je ne sais trop sur quelle émotion danser. Je puise en ma maturité pour y réfléchir et lui répondre.

- Merci. Oui c'est mes cheveux. C'est naturel, oui, j'en ai beaucoup. Ah l'injustice...

Je prends une grande respiration en examinant ses cheveux fins qui s'échappent de son filet (sous sa casquette d'uniforme) et je finis par répondre:

- Ah! L'injustice humaine... C'est bien compliqué... Mais on en a tous un peu vous savez, c'est juste qu'elle se trouve à des endroits différents suivant les gens...

8 commentaires:

  1. Rigolo, comme toi, ma jumelle rousse, je parle de la couleur de mes cheveux aujourd'hui :)

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Étolane,
    Tu es belle et vraiment magnifique avec cette tête...
    J'espère qu'il y a des progrès côté santé.

    J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce billet. Mes cheveux frisés je veux les dompter depuis toujours. Un coiffeur m'a déjà dit : « Les femmes qui ont les cheveux raides se font donner des permanentes et toi, tu les étires...»
    À 67 ans, il y a des jours, où ma coupe au carré me tire les traits encore plus vers le bas.
    Je pense que le temps est venu pour accepter ma tête frisée qui ferait, peut-être, plus naturelle et plus jeune...

    Je ne savais pas que l'huile de coco aimait les boucles. Pourrais-tu me dire comment et quand je dois m'en servir?

    Je te laisse mille doux et tendres petits bisous pour toi et ton Soleil.
    grim Xx

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour belle Étolane,
    Tu es chanceuse d'avoir une si bonne coiffeuse... Je te souhaite un prompt rétablissement (espérant que ce n'est rien de grave)
    et te laisse le bonjour!

    RépondreSupprimer
  4. Anonyme5:48 AM

    Et Juan que dit-t-il de tous ça le pauvres ! Il doit chanter et danser la jota ! ca femme et ca fille doive lui toucher la gaita! très belle en rouge brulé!
    julio

    RépondreSupprimer
  5. Tu sais, l'expérience me dit que nous les filles sommes jamais satisfaites de nos cheveux ;-)

    Lorsqu'ils sont frisés, on les voudrait droits, s'ils sont blonds, on les veut noir...

    Je te trouve magnifique, tel que tu es! Car à mon avis, c'est ta personnalité qui fait qui tu es!!! xxx

    RépondreSupprimer
  6. Miss Caso, j'aime notre blogosynchronicité! :) Vive les rouges qui font exploser la lumière du soleil...

    Grimini Sue. Merci beaucoup. Coté santé ce n'est pas encore guéri mais c'est un processus qui devrait aboutir d'ici quelques semaines encore. Mon visage est revenu mais je bataille encore les douleurs neurologiques des lésions causées à mon nerf par le virus.

    L'huile de coco est très bonne pour les cheveux frisée, surtout si ceux-ci sont secs, ils font trouver son équilibre perso en en mettant lorsque les cheveux sont encore mouillés, juste avant de les sécher. Même si de nous jours, on trouve aussi de plus en plus de masques et produits qui aident à domestiquer les boucles folles, l'huile de coco est toujours une bonne option à essayer. Tu m'en diras des nouvelles :) Meilleures pensées et solidarité bouclée...

    Fripys, j'avoue que je l'aime beaucoup ma coiffeuse, je souhaite à tout le monde d'en trouver une qui lui sied autant que la mienne. Coté santé, j'ai eu une paralysie de Belle début février http://voldemots.blogspot.com/search/label/paralysie%20de%20bell
    C'est une épreuve dont je ferai un bilan blogesque une fois que j'en serai complétement sortie! :) Bien le bonjour à toi aussi...

    Julio, Juan aime beaucoup, d'après lui c'est en effet des plus sexy ;)

    La Belle, yep, c'est bien trop souvent le cas et dans un sens, je suis fière d'arriver à 38 ans et d'accepter enfin ma tête, ce fut tout un cheminement! :lol: T'es fine ma belle Caro, ma personnalité en pris en coup avec la paralysie mais j'espère bien la retrouver entière avec les beaux jours... :D xox

    RépondreSupprimer
  7. Quels cheveux magnifiques! Le rouge est en effet la couleur qui fitte certainement le plus avec ce que j'entrevois de ta personnalité... le rouge, c'est le feu, c'est la joie, c'est la vie!... et les boucles aussi!! (je dis ça moi qui ai les cheveux raides comme des piquets!) :)

    RépondreSupprimer
  8. J'aime ce billet sur tes cheveux, car je suis en grande réflexion sur les miens. Avec la trentaine qui approche, je me demande si je suivrai la tendance qui consiste à les raccourcir. Mon coeur balance entre la tendance au mi-long bien domestiqué par le fer plat ou ma préférence personnelle pour le long à l'allure décoiffé. À chaque début de saison, je mijote la question.

    Pour la couleur, il y a quelques années déjà que j'accepte mon brun insignifiant, légèrement cuivré. J'aime ma coiffeuse, mais l'idée de gérer une repousse ne m'enchante pas. Aucun blanc en vue pour le moment. J'admire beaucoup les femmes qui portent le blanc, souvent en beauté d'ailleurs. Pour le moment, je souhaite être l'une d'elles lorsque j'en serai rendue là. Mais on verra...!

    RépondreSupprimer