samedi, février 28, 2009

Lutin rose

Lutineries...

Lutin des bois

Dans la forêt dense de l'enfance enchantée,
un petit lutin rose m'entraine...

En mon royaume des glaces...

En mon royaume des glaces...

S'échauffent nos humanités. Cette semaine je brouillonne plus que je n'écris. Je bouillonne plus que je ne produis. Je macère et je cuis. J'avale ces émotions qui me construisent l'être. Dehors l'hiver fait la guerre au printemps. Les jours rallongent. Le froid faiblit durant quelques heures de pluie qui transforment nos rues en patinoires scintillantes sous le soleil revenu.

Henri le chat fraichement castré coure toujours autant après la chatte de Miskha. Depuis qu'elle est entrée dans la maison, elle le rend comme fou. Il hurle, il râle, il geint. Il n'en peut plus de ne pas pouvoir! Et même une fois qu'il n'en a plus (de boules bien pleines), il en veut encore et toujours! Cette jolie Maine Coon en vacances tandis que sa maitresse se la coule douce sous les tropiques du Costa Rica lui rend la vie bien difficile. Une Main Coon en ma maison qui rappelle à me mémoire mon défunt Atlantik. L'enfant retrouve son rythme de croisière, son insouciance et ses rebellions. L'homme retrouve ses sourires. Mon nouveau pyjama est une robe de plage. Les jours s'écoulent. Le temps me presse le citron et je fais du jus d'expression en attendant de concocter la soupe de demain...

L'expression de la semaine m'a toujours fait sourire, je l'utilise peu mais la pense souvent. Je ne me doutais point que comme le train elle en cachait d'autres, aussi comment ne pas rigoler en essayant de placer dans une conversation sérieuse "s'en aller la queue levée" pour exprimer la joie et le contentement....

My creation

EXPRESSION via expressio.fr
« Avoir la queue entre les jambes »

SIGNIFICATION
Être honteux, confus, après un échec.

ORIGINE
Une fois n'est pas coutume quand le mot 'queue' est utilisé, surtout en relation avec les jambes, cette expression n'a aucune origine grivoise. C'est bien entendu au chien qu'il faut penser, cet animal ayant l'habitude de revenir la queue basse, voire entre les pattes, lorsqu'il s'est frotté avec un congénère et qu'il a eu le dessous. Cette attitude est sa manière à lui de montrer qu'il est dépité d'avoir essuyé un échec cuisant, et c'est d'elle que notre expression est née vers le XVIe siècle.

EXEMPLE
« Le prince de Nassau n'est pas le seul mécontent de sa malheureuse expédition de Jersey, d'où il est revenu, disent nos courtisans, la queue entre les jambes. » Correspondance de Louis XVI

COMPLEMENTS
Toujours par comparaison au chien, il existait également deux autres expressions utilisant l'appendice caudal de l'animal, mais trop tendancieuses à notre époque compte tenu du sens qu'à pris le mot 'queue' : "S'en aller la queue levée" voulait dire "content et joyeux" et "voir sa queue reluire" voulait dire "éprouver de la fierté", en lien avec un beau poil brillant.

jeudi, février 26, 2009

De retour des tranchées...

De retour des tranchées...

Etolane n’a pas peur des démons. Elle les combat avec passion. Revenue d’une semaine d’enfer, elle a attrapé en guise de cadeau d’adieu une cochonnerie qui lui fait la fête de la « gniacke » et lui éraille la voix. Rien à battre. Tant que la neige continue de floconner, tant que son homme la désire et que son petit soleil d’enfance illumine sa maison, il règne en son coeur une petite saveur de paradis. Si ce n'est de ces petits doutes (ou inquiétudes) qui lui traversent parfois l'esprit lorsqu’elle converse avec son brin de fille...

M’zelle Soleil élève une tribu de bébés (dont l'un couleur chocolat) de toutes tailles. C’est son jeu préféré, elle y met tout son cœur de petite fille….

- Maman, moi, là, mes bébés ont pas de papa.
- Ah bon!?!
- Non, c’est zuste moi la maman…
- C’est juste toi qui t’en occupes?
- Pis toi et papa aussi! On les garde tous ensemble…
- Ah! Mais pourquoi ils ont pas de papa?
- Son papa est parti au ciel! Comme ta mémére qui est partie au ciel, c’est criste, pake, pake…
- Leur papa est mort?
- Heu non, non, il est pas parti au ciel! Ze me suis crompée. Il est zuste parti loin loin! Ils ont zuste pas de papa!!! C'est zuste nous qu'on les garde...


Quelques heures plus tard, séances de calinage sur le sofa. L'enfant et la mère discutent des choses de la vie. M'zelle Soleil regarde sa maman droit dans les yeux et lui dit:

- Maman, des parents ça pleure pas hein?
- Ben non...

- Mais hier, tu voulais pleurer...
- Oui c'est vrai parfois les parents cela pleure quand c'est très triste...

Le soir venu, l'enfant prend une pause d'acrobatie, elle regarde sa mère attentive à son existence et lui raconte:

- Z'étais noir quand z'étais dans ton vencre! Mais ze peux plus aller dans ton vencre pake ze suis cro grande maintenant!

Une journée passe et s'efface. Après un caprice inutile, sa mère lui refuse le droit de s'habiller en princesse. Choquée par sa sévérité, elle lui répond d'un ton bougon:

- Moi ça me fait criste!!!! Ça me fait crés criste quand tu veux pas m'habiller en princesse! C'est pas zentil!

La nuit est tombée, alors que l'on attrape le chat pour le mettre dans sa cage et que sa maman lui répète le concept de l'action (se faire couper les coucougnettes de mâle en chaleur) depuis des heures. Elle explique à son père:

- Papa, Henri y va se faire couper les guiguinettes pake y crie tout le temps aprés Missska!

Le jour d'après, sage comme une image, M'zelle Soleil ne fait pas de rébellion de sieste. Elle se réveille fraiche comme une rose, elle demande à mettre l'une de ses robes de princesses:

- La mauve maman, la mauve, demain ze mecrai la rose, hein maman?
- Comme tu veux ma fille...

Elle enfile la robe choisie. Sa maman dépose la couronne sur sa tête. L'enfant, aux anges, parade dans la cuisine et s'exclame:

- Elle est belle ma robe! Papa y ma me crouver zolie hein maman?

En un autre temps, M'zelle Soleil se rebelle contre l'autorité maternelle. Alors qu'elle se promène sur la frontière de la désobéissance, elle s'écrie:

- T'es plus mon amie!
- Je ne suis pas ton amie. Je suis ta maman!

L'enfant respire un grand coup. Elle avale son petit air de charogne tandis que sa mère ignore son état malcommode. M'zelle Soleil s'approche, esquive un sourire:

- Tiens maman, c'est pour toi... dit-elle en lui tendant la poupée dans ses bras...

samedi, février 21, 2009

Gestion de crise

Survivre à l'autre.

Etolane en gestion de crise prend une grande respiration. Les jours l'avalent. Jardinière de patiences, elle travaille ses psychologies pour traverser l'épreuve qui se dresse sur le chemin. Soutien de famille. Océan d'émotions en ouragan. L'amour en guise de proue. Tout le monde va bien sauf un visiteur en détresse. Soulager la souffrance par le bon sens. Prendre les choses en main. L'expérience douloureuse restera longtemps gravée dans les mémoires familiales. Bientôt le retour à la normalité.

L'espoir se love entre deux flocons. Après les jours de tempête, le soleil illumine le paysage immaculé de la forêt en sommeil. La neige blanchit les consciences. Depuis plusieurs jours une petite phrase hante le cours de mes pensées: " Il n'y a pas de chemin vers le bonheur car le bonheur est sur le chemin". Une petite phrase toute simple qui me permet de garder le cap. Une petite phrase qui, dans les moments difficiles, me fait le plus grand bien...

mardi, février 17, 2009

Franche innocence

Franche innocence

La semaine dernière alors qu'une migraine m'absorbe le jour et les nerfs, j'essaie d'en faire comprendre les tenants et aboutissants à mon brin de fille qui pète la forme:

- Lily, s'il te plait, comprends moi, sois gentille avec maman qui a mal à la tête....
- Mais maman, moi je sais pas!
- Tu sais pas quoi?
- Mais je sais pas c'est quoi avoir mal à la tête!!!!

samedi, février 14, 2009

Humeurs Valentines

Humeur Valentine

En mémoire, une soirée de tendresse en un vendredi treize des plus sexys. M'zelle Soleil en escapade chez sa grand-mère. La maison pour nous deux. Moments aussi rares que précieux. Blitz de ménage. Se bichonner le décolleté. Allumer les bougies qui dansent sur un air de Jazz. Mettre le couvert. Attendre son homme. Dépoilée et maquillée, fine prête pour un diner romantique. Il passe la porte avec un souffle de bonheur et une lueur de passion au fond des yeux. Intime connexion. Au fil de la nuit qui se pâme, les étoiles s'embrasent...

Happy Valentine

La Saint Valentin ne se mesure pas de façon matérielle. Elle se mesure à la qualité des attentions offertes (et reçues). C'est l'occasion de prendre le temps d'aimer. Bonne St-Valentin à vous qui lisez ces quelques mots, que Cupidon passe par vos maisons et enflamme vos étoiles...

mercredi, février 11, 2009

D'hiver et d'enfance

D'hiver et d'enfance...

Picnik collage

Première accalmie en cette vague de froid devenue marée dans laquelle on baigne depuis des semaines. J’en avais presque oublié la sensation que c’était d’ouvrir ma porte sans recevoir une bouffée d’air polaire dans la face! Ce matin, en ouvrant ma porte d’entrée, pour la première fois depuis ce qui me semble une éternité, je ne pas vu le froid onduler dans l’atmosphère. J’ai fait un pas dehors sans que ma peau ne se fasse agresser par une petite gifle d’hiver. J’inspire, expire, inspire, quelques odeurs m’effleurent les narines, sourire.

Ce matin, j’ai ressenti une impression de douceur. -5 degrés sous « mes tropiques ». Pas un pet de vent. Ils annonceraient même de la pluie! J’en connais une qui va être contente! Serions-nous passés de l’autre coté de l’hiver? Du coté qui appelle le printemps? Je sais bien qu’il est encore trop tôt pour s’emballer. La semaine prochaine revient la neige. Mais il fait bon rêver. Le jour est plus gris qu’il ne l’a été depuis des mois, ombrageux, il a un peu l’air de faire la gueule. Il souffle en son humeur lourde une brume épaisse. La neige s’évapore en nuages humides. Le temps a un petit air de fonte. Je m'accorde avec lui en suant comme une bête sur le tapis qui donne des fesses d'enfer...

Cette semaine nous offre un vendredi treize. La Saint Valentin s'en vient. Elle ne sera point romantique pour nos pommes qui accueilleront, ce jour précis, le père de mon homme en vacances chez nous pour trois semaines, mais passons...

Dimanche dernier, nous avions eu droit à une petite neige verglaçante, M’zelle Soleil en jetant un œil par la fenêtre s’est, en une seconde, enthousiasmée.

- Maman, maman, la pluie, oui, la pluie, moi z’aime la pluie…
- Ben comment ça, t’aimes plus la neige?
- Non, moi ze veux plus de neige, z’aime la pluie et z’aime me promener dehors avec mon parapluie, oui, de la pluie….

Elle aura vite été déçue car l’air s’est rapidement chargé de neige et c’était toujours l’hiver…

Hier soir, sans nous en rendre vraiment compte, nous avons eu avec la demoiselle notre première conversation sérieuse de parents. Ce n’est qu’une fois passé au travers que nous avons réalisé ce que nous venions de vivre. Une nouvelle sensation venait de naître en ma parentitude. Sur le coup, je n’ai pas mis le doigt dessus et puis soudain une ampoule s’est s’allumée entre deux neurones. Je dis :

- Whoooo, on viens-tu de vivre notre première conversation sérieuse avec elle?
- Yep, je crois bien que c’est cela et je pense que c’était la première d’une longue série, on a pas fini d’en voir…
- Hummm, weird quand même…

Ma fille n’a plus rien d’un bébé, même si elle garde encore un peu de rondeur en ses joues, son corps en entier s’est affiné. Bavarde comme une pie, elle s'est transformée en une petite liane dansante toujours en manque d’acrobaties. Fillette elle est devenue, petite gamine en devenir, femme un jour elle sera. Mois après mois, j’apprends à comprendre ce petit bout de fille qui est le nombril de mon quotidien.

Lorsqu’un bébé naît, tout le monde dit qu’il faut en profiter car cela passe si vite. Tout le monde a raison. L’enfance lorsqu’on la regarde se dérouler d’un point de vue adulte est comme un train à grande vitesse qui file plus vite que la musique. Pourtant si mes souvenirs sont exacts, l’enfance lorsqu’on la vit semble bien longue à traverser. La vie est une suite de paradoxes sans fin.

Mais revenons à notre demoiselle qui, du haut de ses trois ans, en impose pas mal. Toujours elle me fascine et m'hypnotise. La voir grandir est un merveilleux processus humain. Vive comme l’éclair, elle illumine nos jours. Elle nous fait grandir par la force de son caractère. La puissance des émotions qu'elle fait jaillir en mes sens est indescriptible.

En rentrant à la maison, Juan me dit qu’elle a, le matin même, fait une petite crise à la garderie lorsque fut venu le temps de se quitter. J’engage la conversation avec l’enfant qui fait semblant de ne rien entendre.

- Mais voyons Liloo pourquoi tu as fait une crise, tu es une grande fille maintenant, tu sais que papa ou maman va revenir te chercher…

L’enfant marmonne dans sa barbe. Juan s’assoit sur le sofa. Côte à côte nous examinons la situation. M’zelle Soleil rechigne à s’exprimer. Elle évite nos regards entendus. Elle profite d’un moment d’inattention de notre part pour filer vers sa chambre. Je regarde Juan et m’exclame :

- Ben là!

Il la rappelle prestement à l’ordre.

- Hé ho, Lily-Soleil veux-tu bien revenir ici s’il te plait!

Je la vois qui arrive à reculons. Elle lève les bras au ciel et s’exclame :

- Qu’est ce ky ya!?!

Je prends la parole.

- Reste ici s’il te plait, nous voulons te parler, reviens ici….

Elle lève les yeux au ciel.

- Mais ké ce passe!?!

Je retiens un sourire devant son effronterie pour garder mon sérieux maternel. Je suis de l’autre coté du miroir. M’zelle Soleil soupire et se pose devant nous, le menton levé, le regard ferme. L’on échange avec son père un regard consterné. Déjà! Nous en sommes déjà rendus là! C’est vrai que cela a passé bien vite! Nous n’en sommes plus à discipliner une petite poupée qui dit non. Nous avons devant nous une petite personne bien dans sa peau qui nous tient tête...

Je reprends la conversation appuyée par Juan, nous formons une équipe parentale, nous avons encore le contrôle de la situation. Malgré elle, elle finit par nous expliquer ses troubles. Elle nous avoue qu’elle aimerait que quelqu’un (l’un d'entre nous) reste avec elle à la garderie, ou encore qu’elle aimerait mieux rester à la maison. Elle s'ouvre. Nous raisonnons avec elle sur une base égalitaire. Nous la respectons. Avec attention, nous l'écoutons. Nous ne sommes point des êtres supérieurs (même si nous en savons un peu plus qu'elle). L'autorité parentale est quand même un sapré exercice adulte! Je pense que j'ai trop souvent écouté et fredonné la chanson d'Harmonium étant jeune. " On a mis quelqu'un au monde, on devrait peut être l'écouter, tiliddidammm...". À l'époque, j'écoutais cette chanson avec des lubies de bébé dans le cœur, confite d'idéaux, je ne faisais alors que fantasmer à l'idée d'être un jour maman...

À notre enfant présent, charmante rebelle, nous faisons notre possible pour expliquer les raisons qui font que la vie est ce qu’elle est. Le dialogue s'enclenche. Elle semble finalement accepter le tout. Elle nous regarde droit dans les yeux. Une toile de compréhension se tisse. Nous la laissons filer. Je regarde Juan et c’est alors que se pointe l’étrange réalisation parentale…

À sa naissance, j’ai vite senti que je venais de franchir l’envers du miroir. J’ai vite senti que mes perspectives ne seraient plus jamais les mêmes. Adulte. Plus moyen de faire marche arrière. Mère j’étais devenue. Responsabilité. Devoir. Guider. Assumer. Ces notions se confondaient en un même ensemble. Sur le coup, c’était encore vague. À m’occuper du petit bébé en plein éveil, je n’avais pas encore réalisé ce que c’était que de regarder la vie de ce coté là des choses. J’ai profité au maximum de sa petite enfance. Présente à chacune de ces étapes qui font que le bébé s’efface et que de sa chrysalide jaillit une petite fillette. Aujourd’hui je ressens pour cet enfant une sorte de dévotion viscérale, une affection profonde, une responsabilité intense. Maintenant, je commence à me sentir plus que maman, je commence à me sentir mère. Je suis parent. Avec tout le bien et le mal que cela comprend.

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L’enfant apprend de ce qu’il vit. J'ai lu quelque part que la discipline parentale vise à aider l'enfant à maitriser le contrôle de soi. Je crois que le parent prêche d’abord par l’exemple ensuite la parole vient expliquer, comprendre, enseigner. Passé trois ans, le parent devient éducateur. C’est là, je crois, son rôle le plus important. Un rôle qui dure une quinzaine d’année. Éduquer un enfant c’est aussi l’aider à s’épanouir, lui donner les moyens d’atteindre le meilleur de lui même. C’est un travail à longue haleine. D’ailleurs c’est sûrement à l’adolescence que l’on doit avoir besoin de trouver le second souffle pour arriver à terminer la course en beauté. À suivre...

mardi, février 10, 2009

Sans titre

Sans titre

La semaine dernière, une nouvelle terrible a frappé la blogosphère « familiale ». Un enfant en bas âge est décédé dans les bras de sa maman. Je n’ose imaginer la détresse (l'impuissance) de cette femme face à une telle tragédie. Une nouvelle que personne ne veut entendre. La nouvelle qui transperce l’âme et le cœur. Je suis persuadée que de tous les drames humains possibles celui-ci fait partie des plus terribles. Perdre son petit…

Il y a quelques années, j’ai écrit un billet sur la mort de Colette, la petite sœur de ma grand-mère. Mon enfance a été bercée par cette histoire qui me suspendait aux lèvres de ma mère-grand. Une histoire que je creusais plus je devenais grande et que j’ai fini par connaître en son entier. Ma grand-mère devait avoir six ou sept ans. La petite Colette avait deux ans et des poussières. L’histoire familiale raconte qu’elle est tombée malade subitement, un méchant rhume peut-être, qui sait? Les détails sont vagues. Trois ou quatre jours ont suffit pour emporter cette petite fille vers l’au-delà. Elle s'est aussi éteinte dans les bras de sa maman, mon arrière-grand-mère Berthe. Berthe avait déjà perdu deux enfants peu de temps après leur naissance. Sur les huit enfants qu'elle mis au monde, cinq arrivèrent à maturité. D’après ce que m’en conta ma mère-grand, la perte de Colette fut celle qui la déstabilisa le plus.

Il paraît que c'était une petite fille adorable, gaie, pleine de vie, toute la famille y était attachée. Elle ne parlait sûrement pas vraiment mais elle devait se dandiner en toute innocence dans la cuisine d'antan et faire rire sa fratrie avec ses mimiques bambines. Une fois que je fus adulte, ma grand-mère me raconta plusieurs fois combien la douleur que sa propre mère avait ressentie (à la vue de sa fillette sans vie déposée sur la table) avait été intense. Phénoménale souffrance. Berthe avait perdu la tête, une folie passagère l’avait emportée dans les champs. Criblée de douleurs, elle hurlait à la mort...

Ma grand-mère, encore petite fille, en fut si traumatisée qu’une fois devenue mère, elle n’avait qu’une crainte, voir disparaître ses enfants avant elle. Cette émotion profonde l’avait même guidée jusqu’à Lourdes. Là, elle avait prié et invoqué la Vierge de toujours protéger ses petits. Je pense même que la Vierge l’a entendue car ses trois enfants ont survécu à d’innombrables expériences qui auraient dû les tuer. Il n’y a qu’à penser à mon oncle qui s’est fait frapper par la foudre alors qu’il était enfant de cœur et qu’il servait un enterrement! La légende veut qu’il soit mort sept minutes avant de revenir parmi les vivants. Le plus triste dans tout cela c’est que tous les trois ont essayé à un moment donné de s’enlever la vie. Sans succès.

Je sentais que ma grand-mère aimait bien partager l’histoire de la petite Colette. Peut-être avait-elle l’impression de l’immortaliser en ma mémoire. Elle, qui comprenait les profondeurs de mon âme. Lorsque j’étais petite fille, ensemble, nous allions fleurir la tombe des ancêtres, là où se trouvait les nourrissons sans vécu et la petite fille disparue. Toujours j'avais une pensée douce pour cet enfant inconnue.

L’histoire de ce petit garçon parti trop tôt a ravivé en ma mémoire la lueur fantomatique de Colette. Cependant l’histoire de notre petite Colette remonte aux années 40, elle se situe aux confins de la France. À cette époque, l’on se déplaçait encore en charrette et en sabots! Qu’il puisse arriver de telles choses de nos jours est pas mal plus révoltant. D’après ce que j’en comprends, le petit Benjamin a été victime d’une certaine négligence médicale. Un choc septique l’a emporté, une situation dont nous possédons, aujourd’hui, les moyens d’éviter.

Ceci, par exemple, ne m’étonne point, pour avoir moi-même failli trépasser en une urgence surchargée, je peux bien imaginer les lacunes du système. Pour m’être retrouvée en septicémie quelques jours après mon accouchement, à mourir tranquillement dans une salle oubliée, je sais bien les défauts du système. Et si ce n’était du scandale que fit mon homme, je pense que j’aurai connu le coma avant les médicaments. Une fois que le personnel médical s’est rappelé de ma présence et a constaté mon état (Cela faisait plus de douze heures que j’attendais de voir un médecin), j’ai été si rapidement prise en charge que c’en est presque risible. En dix minutes, j’étais intubée. En deux heures, j’étais sauvée. Sauvée par un puissant cocktail d’antibiotiques aspiré par mes veines durant plusieurs jours. Je garde de cette expérience précise un certain traumatisme et une nouvelle reconnaissance d’existence.

Alors que je sentais la mort à mes trousses, j’ai prié le ciel et la Vierge de me permettre d’être mère, de me donner la chance d’éduquer et de connaître mon enfant. Depuis que je suis revenue à la vie, un devoir maternel m’élève le cœur. Depuis que je suis revenue à la vie, ma plus grande peur est certainement la disparition de mon enfant chérie. La simple pensée de ce fait me remplit d’effroi. Une pensée que j’essaie de chasser sur une base régulière. Je crois qu’une fois devenue maman, perdre son petit est l’idée que l’on redoute le plus. En nos quartiers de blogosphère, bien des mamans et des papas ont été touchés par cette tragédie…

Une tragédie qui vient réveiller nos angoisses parentales. Un évènement qui marque nos pensées les plus intimes, qui nous fait toucher une peur viscérale. De tout coeur, j’espère que cette famille bénéficiera de tout le soutien nécessaire pour traverser une telle épreuve et je ne peux que comprendre sa colère envers le milieu médical.

Que dire devant un tel drame? Ceci ne peut que mettre en évidence combien nous devons chérir nos petits en nos maisons. La vie ne tient que trop souvent à un fil, l'apprécier est d’une importante capitale (même si ce n’est pas facile tous les jours).

vendredi, février 06, 2009

Résonance poétique corporelle

Résonance poétique corporelle

La traduction comme j'aime la pratiquer est une gymnastique mentale qui m'élastifie l'esprit. Parfois j'oublie combien j'aime pratiquer cet exercice particulier. Cette semaine les chemins de la traduction m'ont emmenée faire un tour de danse contemporaine. Sous le charme de ce danseur hors pair je suis tombée...


Solo dance by Russell Maliphant

Brin de soleil sur quotidien glacé

Brin de soleil sur quotidien glacé

En arrivant en bordure de Québec, M'zelle Soleil regarde le panorama urbain qui se profile à l'horizon, au dessus de la plus haute tour clignote une lumière.

- Maman, maman, regarde, c'est les lumières du pestival!
- Mais ma puce, le festival c'est l'été, c'est le festival d'été que cela s'appelle...
- Nous on va au pestival avec les amis hein maman?
- Oui mais on y va l'été...
- Pake là le pestival y est sous la neize!!!

Je ne peux m'empêcher d'en rire un peu jaune. De retour au village, pour amuser ma galerie familiale, je fais des comédies pendant que Juan fait le plein par -30 dans le vent...

- Lily, Lily-So, j'ai peur, c'est qui ce monsieur????

L'homme rentre dans l'auto.

- Ahhhhhhhhh...............
- Mais maman, cest pas grave, c'est pas un monsieur, c'est pas un monstre, c'est pas grave....
- Ahhhhhh......................

Juan me regarde d'un air semi blasé semi amusé. L'on traverse le village désert. La petite continue de me rassurer avec diligence. C'est si mignon que j'en craquouille de tendresse sous le masque de mes simagrés givrées...

- Mais maman, regarde, c'est pas grave. Y'a rien, y'a rien de peur, y'a rien ici, y'a zuste des arbres, y'a zuste de la neize mais y'a rien!!! Y'a pas de monstres, y'a pas de monsieur, y'a rien, c'est zuste la nuit, zuste les arbres, zuste la neize...

Living in White and Pink

jeudi, février 05, 2009

deux poids et deux mesures

En bref,

Petit matin glacial, -25 sous le soleil, le froid omniprésent devient normalité. L'on s'y habitue sans tout à fait s'y faire. Cette semaine, je travaille avec grand plaisir sur une traduction qui traite du monde de la danse. Je découvre l'existence de Russell Maliphant et je me plonge en un univers à part. Ma cervelle jubile, mes neurones se délient, je "trippe" toute seule au milieu des mots qui m'encerclent. D'une langue à l'autre je me balade, le nez entre deux dictionnaires, je savoure toute la richesse de notre vocabulaire. Le Français est souvent une passion qui me dévore la vie. Lorsqu'il me nourrit en ce monde matériel qui nous enserre, toujours je l'en remercie...

Cette semaine, cette expression précise joue au ping pong dans ma tête. J'en connais des qui ne jure que par elle. Ceux là me désespèrent...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Avoir deux poids et deux mesures »

SIGNIFICATION
Juger différemment une même chose, selon les personnes, les circonstances, les intérêts...

ORIGINE

Voilà une expression qui date du milieu du XVIIIe siècle (chez Voltaire, paraît-il) mais qui n'a visiblement pas du tout passionné les lexicographes. C'est dommage parce qu'elle est bizarrement construite et un éclairage d'un linguiste distingué aurait été le bienvenu pour nos lanternes, compte tenu des possibilités d'interprétation.

Imaginez un béni-oui-oui qui, face à deux personnes d'avis différents, approuve tour à tour l'opinion de chacune sur un même film que les trois ont vu. Selon l'expression, on peut dire que cette personne a deux poids et deux mesures à propos de ce film. Alors on comprend bien que, parce qu'il n'est pas capable de se forger une opinion par lui-même ou bien qu'il souhaite ne se heurter avec personne, il ait deux mesures (donc deux manières de juger), mais elles ne portent que sur un seul 'poids' ou une seule chose, le film. La bonne expression serait alors "avoir un poids et deux mesures" dont l'image semble assez limpide puisque, sauf en cas de changement brutal de la gravité, un même poids (ou plutôt une même masse, pour les puristes) ne peut donner lieu qu'à la même mesure. A moins qu'il ne faille l'interpréter différemment ? En effet, la sixième édition du dictionnaire de l'Académie Française (1832) indique que, pour signifier la même chose, on disait aussi "changer de poids et de mesure".

Avec un tel éclairage, selon le type de chose, soit on la 'pèserait', soit on la 'mesurerait' de deux manières différentes. Et, dans ce cas, le 'deux poids' et le 'deux mesures' désigneraient simplement deux manières différentes de mesurer ou juger, dans une expression qui aurait alors pu s'écrire "avoir deux poids ou deux mesures" ou même se réduire à "avoir deux mesures".

EXEMPLE

« Nous avons deux poids et deux mesures : nous approuvons, pour une idée, un système, un intérêt, un homme, ce que nous blâmons pour une autre idée, un autre système, un autre intérêt, un autre homme. » Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe

mardi, février 03, 2009

Tranche de vie

Tranche de vie

Dans le creux de l'hiver, les flammes humaines réchauffent l'âme en peine. Juan a eu 29 ans samedi dernier. Du haut de mes 36 ans, je ne vois guère ces sept ans de différence qui nous séparent. Parfois je les sens en mes expériences mais rarement j'y pense. Sauf peut-être lorsqu'il souffle ses 29 bougies...

Pour son anniversaire, j'ai organisé une petite fête. Juan était content. M'zelle Soleil pétillait comme une étincelle à l'idée du gâteau éclairé. Elle adore les anniversaires et chanter "bonne fête" en français (ou en anglais). Depuis des jours elle en répétait la rengaine. Elle a regardé son père allumer le gâteau avec une extrême concentration. La présence des jeunes enfants renverse nos habitudes. Elle nous rend plus souple. L'on s'adapte à leur rythme, l'on s'ajuste en fonction. De retour à la maison, l'on commence donc par dévorer le gâteau pour ensuite attaquer les fromages, les pâtés, la salade, pour finalement finir la soirée sur une quiche fumante!

Au menu, une quinzaine d'adultes, quelques enfants, des amis que l'on connait depuis longtemps, depuis le temps où l'on n'avait pas d'enfant en nos partys. Cela fait du bien de se retrouver. Avec l'âge les occasions de se réunir se font plus rares, nos quotidiens respectifs nous absorbent le temps qui nous efface, les partys deviennent de plus en plus compliqué à organiser. Heureusement il reste encore de ces soirées pour nous rapprocher, pour ne point s'oublier l'amitié. Avec les années qui nous avalent, ces soirées se font plus précieuses. La fête commence au palais de glace puis l'on se retrouve en la chaleur de notre maisonnée enjouée. Malgré la grippe qui sévit en nos blanches latitudes, les sourires sont au rendez-vous et la soirée est chaleureusement bonne...

Le lendemain, alors que nous avons des têtes de déterrés et que la grippe prend sa revanche pour nous accrocher la morve au nez, l'homme sort faire une course. Deux minutes après je l'entends revenir. À peine a-t-il traversé le pas de la porte qu'il m'appelle:

- Etol, Etol, mais qu'est-ce que tu as fait de la voiture???
- Hein?

Je le croise dans la cuisine. Il ne rigole pas. Il répète:

- Non, mais sans jokes, tu as fait quoi de la voiture???
- Hein, mais de quoi tu parles ?!!!?
- Ben la voiture est pas dans le tempo!
- Comment ça?

Je nage en pleine incompréhension. Il est tout simplement impossible que la voiture se soit envolée. Et encore moins que quelqu'un puisse l'avoir volé! J'insiste...

- Mais voyons, tu me niaises? Comment ça la voiture est pas dans le tempo?
- Ben elle est pas là, t'en as fait quoi?

Une lumière s'allume enfin en mon cerveau embrumé.

- Mais, je suis revenue de l'hotel de glace avec Kay et Alex! Tu nous a même accompagné! C'est toi qui devait revenir avec le char. Tu es revenu avec qui?
- Ohh Sh...! Je suis revenu avec Phyl et Dine! J'avais bu deux cocktails, j'ai complètement oublié que t'avais pas pris le char!!!

Entre deux quintes de toux, j'éclate de rire.

- Ben c'est ça, c'est TOI qui a oublié l'auto là-bas!!!!

L'été de ses 22 ans, Juan s'est cassé le cou en sautant dans le lac. La chance régnait dans sa malchance et il n'en garde que peu de séquelles si ce n'est la balafre sexy qui lui barre le cou. Les docteurs l'ont réparé en lui insérant une plaque de titane pour maintenir en place ses vertèbres. Depuis ce grave accident, sa tête est définitivement bien attachée à son corps! Ce qui ne l'empêche pas de parfois la perdre dans les nuages...

Souvent lui et moi, nous nous retrouvons sur un nuage d'idéal. D'ailleurs c'est de là qu'a germé l'amour que nous cultivons aujourd'hui. Un amour qui ne se fane pas avec les années qui défilent, un amour qui fleurit aux rythmes de la vie, au fil de nos rides. Cela fera bientôt dix ans que cela dure et j'espère que cela durera encore et toujours. Bon anniversaire à l'homme qui comble mon coeur...