Notes linguistiques rapportées d'Acadie
En Acadie, c’est en conversant avec les gens que j’ai étudié de mon oreille ouverte les variations de leur français. J’en ai retiré deux petites notes que je dépose en mon Bescherelle interne (celui qui n’est pas officiel mais que je forme de mes expériences personnelles). Ainsi j’ai vite remarqué cette utilisation ci (exemple):
- Cinq ans passés, je suis allé au Québec…
Huit ans passés, deux ans passés, une façon de dire récurrente, qui m’a la première fois interloquée, pour ensuite me charmer. Après tout ne dit-on pas couramment l’an passé, la semaine passée, l’été passé. C'est une forme de langage qui ne nous choque pas. C'est d'ailleurs mon homme qui me fait remarquer ce point lorsque j'en discute avec lui. Ainsi je soupçonne qu’associer le chiffre des années au passé a dû s'effacer dans le temps mais que c’est une tournure de langue ancestrale qui est restée bien vivante en Acadie…
Aussi j’ai rencontré quelques dames qui gardaient des enfants et toujours le même terme revenait pour décrire leur occupation. Elles ne gardaient pas l’enfant, elle le « soignaient ». Le verbe garder était remplacé par soigner pour désigner l’action de s’occuper d’un petit en l’absence de ses parents. Une façon de penser et de verbaliser la chose que j’ai encore trouvé charmante. Vraiment ces Acadiens m’ont effleuré la langue et percuté le coeur…
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