Je reviens d’Acadie après un voyage de 3000 kilomètres. Nous n’avons pu réintégrer nos quartiers car d’importants travaux occupent le ventre de notre maison. J’ai quand même retrouvé mon lac que je contemple avec bonheur sous cette pluie qui m’accueille. Logés avec grand confort, nous ne sommes point malheureux même si j’ai la cheville douloureuse (souvenir d’une méchante entorse faite à Caraquet). D’où je loge, je peux voir notre petit village de bord de lac. J'aperçois ces quelques maisons qui s’incrustent au creux d'une colline boisée. Faire 3000 kilomètres pour mieux se rendre compte de sa félicité. Bénir le destin qui nous permet de vivre là, en un petit paradis terrestre.
Aller en Acadie, sillonner un pays fantôme qui se joue des morts et qui hante de ses couleurs chatoyantes les habitations de ces milliers de francophones oubliés du temps. Des milliers de francophones qui parlent une langue d’antan. Une langue qui chatouille mes oreilles et qui éveille mes racines lointaines, une langue qui me conte une tragique histoire de survivance…
L’Acadie n’existe plus depuis des lustres, désormais c’est le Nouveau Brunswick qui occupe ce territoire couvert de forêts si vastes que l’on pourrait presque les imaginer vierges. Faire 300 kilomètres de forêt entre deux bourgades isolées et croiser sur sa route une biche et son petit. Vivre à trois une aventure amoureusement familiale. L’Acadie est une image qui se ballade dans l’esprit, un pays qui vibre dans la mémoire collective et qui se découvre au creux des bouches de ses descendants bien vivants.
L’Acadie m’est rentrée danse cœur au contact de ses gens. L’Acadie n’est plus une patrie mais c’est encore une gigantesque fratrie qui s’imagine comme une forêt enchantée où je me suis abandonnée l’esprit. Les jours à venir écouleront mes mots et photos de cette Acadie que j’ai apprivoisée tout au long de notre petit périple…
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