Bestiole invisible
Quatre petits degrés en ce matin ensoleillé. En ce joli moi de mai j’ai des fantasmes en forme de muguets. Je rêve de jupes et de talons. Je rêve d'ouvrir au grand air mes portes et fenêtres. Je rêve de verdure et chaleur conjuguées en une seule réalité.
Mais ma réalité est autre. Officiellement, le virus montréalais est arrivé dans la fraîcheur de notre brousse. M’zelle Soleil, la morve au nez, est patraque. Je me transforme en un mouchoir sur pattes. Miam, les délices de la « mamamitude »! Hier chouineuse, aujourd'hui assommée, la petite combat ce virus qui l'assaille. En mère louve je veille. J'essaie d'ignorer ces petites douleurs qui se manifestent en mon corps. J'atchoum. En mes idées pas encore fiévreuses, je retrace le parcours de la bestiole invisible. Julie en visite à Québec a trimballé le virus chez Miss Dee. Phil est tombé le premier, il a vraisemblablement passé le relais à mon amie qui a gardé Lily lundi. Après Phil, ce fut au tour de Dee d’être K.O. Aujourd’hui c’est M’zelle Soleil qui déguste. Congestionnée, enrouée, elle traine courageusement sa petite mine. Je soupçonne être la prochaine victime accrochée au tableau de chasse de la cochonnerie printanière!
Durant la nuit, après qu'elle ait vomi je m'inquiète, Juan réplique à mes angoisses maternelles: « À ta place c'est pour toi que je m'inquièterai le plus parce-qu'elle passe toujours au travers ces trucs là pas mal mieux que toi!!! ». Je fais la moue. Vu comment la chose a mis à terre ses précédentes victimes, je suis en effet un peu inquiète pour ma pomme à la santé fragile. J'essaie de positiver. Je me rappelle que je m'entraine aussi pour booster son système immunitaire. Avec ce mois de mai, je débute de nouvelles routines qui font de moi une bouillie de chair courbaturée. Je compte sur le pouvoir de mes muscles pour me sauver la face. Je couve d'attentions ma fillette qui résiste avec bonne humeur. Je sens des premiers symptômes me titiller la peau. Je crois être tombée dans la bataille qui se déroule sur un champ microscopique. Au mieux, je ne serai pas trop atteinte! Mais qu’en sera-t-il de Juan, mon diabétique de mari à la santé de fer? Les paris sont ouverts…
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