samedi, septembre 23, 2006

Insomniaque.

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Insomniaque.

Au creux de la nuit, malgré une fatigue intense, des mots grognons hantent une insomnie qui persiste. Des mots qui jaillissent de cette subtile impression qu’une partie de ma vie est en train de me filer entre les doigts, une impression de fuite qui m’angoisse sournoisement. Sensations aussi floues qu’imprécises générées par cette information sur laquelle je tombai par hasard juste avant de me coucher. Sans le savoir l’une de mes nouvelles publiées l’année dernière a été nominée pour le Prix Aurora. Une toute petite reconnaissance dont je n’ai jamais eu connaissance. Ceci me turlupine. Gagner n'est pas important, ce qui compte vraiment c'est de créer. Je m’y perds les idées torturées.

Passer mes derniers mois à lutter pour ma survie ne m’a pas permis de poursuivre la lancée créative des années précédentes. Tant de batailles physiques qui m'affectent le moral. Tant de bagarres personnelles simplement pour trouver la force de vivre, simplement pour sauver ma peau de ces gouffres qui l’attirent et si peu de temps et d’énergie pour m’épanouir. Lorsque la santé se défile, que peut-on faire pour que l’esprit ne flétrisse pas comme une rose oubliée entre les pages d’un manuscrit qui s’empoussière ?

Pourquoi est-ce que cette minuscule information me perturbe tant l’esprit!?! Peut-être parce-que cela fait plus d’un an que je n’ai pu laisser libre cours à mon imagination, un an sans fictions, c’est long pour une pomme d’Etolane ! Plus d'un an sans rien soumettre à des éditions de papier! Presque bloquée! Pourtant j’écris ici mais est-ce que j’écris vraiment ici ? Est-ce que je ne fais pas que me délier les doigts sur des petits bouts de rien ? Où sont passés mes brouillons d'artistes? Qu’est-ce que la pratique s’il n’y a plus de résultats finis? S’il n’y a plus d’histoires fantasques au bout de mon clavier ? S'il n'y a plus l'ambition d'aller plus loin que ce jardin de mots éparpillés?

Pour la première fois depuis que j'ai accouché j’entends hurler la femme en moi. Diminuée, je l’entends pleurer cette peine d’avoir dû tout mettre de coté pour cette maternité qui faillit la tuer. Je ne regrette rien. L’amour que je ressens pour mon bébé est indescriptible. La joie de la voir bien grandir est indicible. Mais suis-je en train de perdre ce qui fut l’essence de mes jours depuis toujours?

Une petite voix s’élève dans la débandade de ces pensées nocturnes, une petite voix qui murmure dans ma tête: « Ma fille, tout vient à point à qui sait attendre, ne désespère pas, continue ton chemin comme tu l’as toujours fait…». Une autre lui fait écho, plus sombre, plus triste : « Mais si j’ai perdu mon chemin ? Comment le savoir et comment faire pour le retrouver ? » Et l’autre de lui répondre tendrement : « La patience et la ténacité sont les clés de bien des succès ma grande. ». Tout mon être grommelle sous le feu de cette bataille intérieure qui me bouscule en pleine nuit, qui fait fuir mon sommeil, qui emporte ces mots et qui les balance dans un néant virtuel qui les aspire inexorablement….

Bon, ce n’est pas le tout de ce tumulte intérieur mais je vais essayer de retrouver quelques bribes de songes avant que l’aube ne se lève, avant que mon petit Soleil ne se réveille…

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