Autopsie d’une maudite cochonnerie,
Ces derniers jours ont été particulièrement éprouvants pour mon pauvre corps. Aujourd’hui le soleil brille dans un ciel d’azur et je reviens à la vie. Je la sens qui refait surface en mon sang. Je m’y accroche pour surmonter les maux, pour reprendre pieds…
Tout a commencé lundi dernier, j’ai l’impression d’avoir attrapé une cochonnerie, j’en dépose quelques mots ici et je passe à autre chose. Mardi, bébé est chez sa grand-mère. Pour la première fois depuis des semaines, j’ai une journée pour décompresser. Je me sens mieux, il fait beau, il fait chaud, je vais me baigner au lac. Zénitude. Mardi soir, notre ami Guillou vient dîner à la maison. Je découvre dans mon bras, une petite bosse, je n’y fais pas trop attention.
Mercredi, j’ai toujours l’impression de traîner une petite cochonnerie, je constate que la boule dans mon bras semble grossir. Par mesure de précaution, je décide d’aller chez le docteur jeudi matin. Je tousse un peu, sans plus, j’ai mal à cette étrange boule. Jeudi matin de bonne heure, mon amie Vi garde bébé tandis que je vais à la clinique locale. Le médecin me prescrit des antibiotiques pour une infection de la gorge qui semble sans danger. Elle croit que la boule est un kyste infecté, les médicaments sont supposés faire d’une pierre deux coups. Je commence le traitement dans la matinée.
Commence alors ma descente aux enfers. Il ne me faut guère de temps pour constater que je supporte mal les antibiotiques en question. Lorsque Juan rentre le soir, je suis dans un état déplorable. La nuit se passe de peine et de misère. Vendredi matin, vu que je suis loin d’être dans mon assiette, il décide de ramener le bébé à sa grand-mère pour que je puisse me reposer. La journée se passe, mon état s’aggrave. La toux devient de plus en plus virulente, mon nez commence à se transformer en une cascade de morve. J’ai des étourdissements. L’impression de me faire piétiner vivante. Juan revient le soir avec bébé pour me trouver bien mal en point. Plus question d’aller à Tadoussac. Mes envies de festival tombent à l’eau de pluie qui dégouline à plein seaux sur nos têtes. Pas de party pour ma pomme!
La nuit de vendredi à samedi est infernale. Ma toux empire. Je suis dans un état lamentable. Je tousse, je me mouche, je réveille la petite. Juan la rendort. Je me sens mal, je réveille Juan. Je tousse de plus en plus fort. Je ne dors que des miettes de minutes, j’ai de la difficulté à respirer, la fièvre monte. La boule dans mon bras se réveille, chauffe ma peau. Samedi matin arrive dans la grisaille et la nécessité de retourner chez le médecin. Je décide de ne pas prendre les antibiotiques qui me donnent vertiges et vomissements. La clinique est fermée. On descend en ville, l'on pose la petite chez ma mère, l'on se dirige de bon matin aux urgences de mon hôpital fétiche! Le temps est pourri et l’humeur n’est pas au beau fixe. Après plusieurs heures d’attentes et l’impression de laisser mes poumons sur ma chaise, un gentil docteur m’ausculte, me fait passer une radio et tombe le verdict : j’ai une pneumonie qui entraîne des symptômes asthmatiques. Changement d’antibiotiques et pompe de circonstances pour libérer les bronches. Il veut que je retourne le lendemain pour faire des examens afin de déterminer la nature de ma boule étrange. L’on dort en ville afin de retourner dés huit heures.
Rebelote le dimanche. Des heures à attendre entre deux quintes de toux et trois poussées de fièvre. Juan fait de son mieux pour me changer les idées entre deux plages de patience. Il développe le concept que nous nous fossilisons dans des strates de sédiments d’attentes. L’idée du patient fossile me fait sourire. J’arrive à supporter le nouvel antibiotique mais je suis toujours dans un état lamentable. La journée vient à bout du mystère de mon kyste qui n’en est pas un! C'est juste un « lipome » qui a décidé de prendre vie et de s'infecter. Je suis pas sure de bien comprendre le truc mais le médecin est rassuré car il semblait craindre une phlébite. Nous rentrons à la maison dimanche soir. Il manque un chat à l’appel.
Mon état ne s’améliore guère. Il est donc décidé que bébé repartira chez sa grand-mère le lundi pour que je puisse me reposer et essayer de passer au travers cette maudite cochonnerie! La nuit est difficile. Au petit matin Juan part avec Lily-Soleil. J’essaie de m’allonger lorsque je réalise que je suis de moins en moins capable de respirer. Je me sens de plus en plus mal, j’appelle ma mère qui décide d’appeler l’ambulance. Celle-ci arrive dans le temps de le dire, je suis toute engourdie, je n’arrive plus à respirer, je me sens partir. Les infirmiers m’emmènent en urgence à l’hôpital où j’ai passé la majeure partie des deux derniers jours. J’ai l’impression de me noyer à l’air libre. Une fois arrivée dans le service de réanimation, ils stabilisent mon état, j’arrive à respirer de nouveau. J’ai l’impression de m’être fait écrabouiller la face par un rouleau compresseur. J’ai eu la peur de ma vie.
La vie est étrange. Avant d’avoir un bébé, je n’ai jamais eu peur de mourir. Au contraire, j’ai parfois joué avec la mort sans jamais la craindre. Puis j'ai vieilli et Lily-Soleil est venue illuminer le cours de mes jours. Une grossesse difficile. La joie du nouveau-né. J’ai failli laisser ma peau quelques jours après sa naissance et son existence m’a accrochée à la vie comme je n’en avais jamais eu conscience. J’ai ressenti cette même sensation ces derniers jours, cette sensation d’effleurer les ailes de la mort et l’image de ma fille qui pompe mon sang, il se génère une nouvelle peur à mon coeur. La peur de ne pas la voir grandir. Lorsque la santé s’étiole, tout ce qui constitue l’univers matériel de nos vies perd de sa substance, de son importance. Il ne reste plus que des vagues de sentiments qui inondent l'esprit et le malmènent.
De retour à la maison mardi. Lily-Soleil reste chez sa grand-mère car je dois me reposer au maximum le temps que les antibiotiques viennent à bout de cette maudite cochonnerie. Je m’ennuie énormément de mon bébé. Je suis dans un tel état de faiblesse que je ne peux rien faire d’autre qu’être raisonnable et attendre que cela passe. Mercredi matin amène un peu d’espoir à ma peau. Je tousse moins, je sens que je reprends pieds. Je suis incroyablement fatiguée, relativement décomposée, légèrement déboussolée. Il manque un chat à ma maison. Bergamote n’est pas rentrée. Pauvre Nougatine est prise avec une couvée de petits affamés. C'est la pagaille. Je vais m’en sortir mais je sais que mon chat ne reviendra plus. Toujours la même gimmick, comme chaque année, à la même époque depuis 3 ans, les disparitions de chats du quartier et de ma maison en particulier! Cette année, dès que je suis remise en forme, je prends le taureau par les cornes. J’ai ma petite idée sur le sujet, attention police à l'horizon…
Pour l’instant, je récupère difficilement mais sûrement. Je devrais reprendre ma routine virtuelle d’ici peu. Mes mots sont encore empreints du sceau de la fatigue et du stress de ces derniers jours. Le déménagement se dessine. Il fait un temps merveilleux dehors mais la force me manque pour en profiter. Je dépose ces quelques nouvelles avant de retourner me reposer tel que je le dois.
Je tiens à remercier vous tous qui avez pensé à moi. Merci de vos sympathiques messages qui soutiennent mon moral en branle. Je vous en suis intimement reconnaissante…
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