samedi, août 16, 2003

Sunshine Mood sur la terrasse…

L’ombre d’un tournesol géant frétille sur le ciment, sous le souffle du vent, ses feuilles s’agitent au rythme de Delerm qui emplit l’air de ce temps qui passe lentement…

Joie de campagne, écouter à fond la musique choisie, sans déranger personne, sans éprouver aucune culpabilité…

Allongée sur ma chaise, je mange du bonheur. Je bronze en musique, au milieu de 24 tournesols qui créent autour de moi une pièce fictive, une salle naturelle où profiter du soleil…

Des pensées bleues, des impatiences débordantes, tant de petites fleurs comme autant de tableaux pour égayer la vue. Comme bruit de fond, la ronde du vent dans les arbres puissants qui frémissent doucement. Bouffées de bien-être…

Après ce bain de soleil à domicile, alors que les familles déserteront la plage pour nourrir leurs marmailles, ce sera le temps de descendre la rue, de tourner à droite et de me rafraîchir le corps brûlant dans les délices de l’eau claire…

Allez, je m’envole encore une fois pour un aller été-baignade. Ah ! Si je pouvais perdre le retour et rester toujours aux pays des tournesols…

Une heure plus tard :

Je me laisse flotter au gré du lac, je deviens planche au fil de l’eau, j’oublie tout ! Je suis une plume qui dérive, je me perds longtemps dans cette douce sensation. Le lac me porte et me transporte. Je me laisse voguer. Je me fonds dans le paysage, je m’efface, je m’évade…

Une armée de nuages sombres avancent dans les cieux, ils cachent le soleil, assombrissent le lac.

Présages de pluie, MetoMédia l’avait dit, il pleuvra certainement demain…

Pourquoi elle est pas tombée chez nous la canicule ? On a l’habitude, on est équipé ! Normalement on sue ici aussi. L’été au Québec doit être chaud, humide et terrible. Il nous faut ces réserves de chaleur terrestre, elles nous sont nécessaires, sinon comment passer au travers de l’hiver ?



Ce matin, au réveil, le tonnerre cogne. Un roulement de tambour fait vibrer le sol et la maison, les éclairs claquent, la pluie est un flot déchaînée qui tombe en trombes d’eau sur nos têtes. Un autre coup de tonnerre fracassant et clac, panne de courant.

Dans notre brousse, cela arrive assez souvent, le moindre orage violent abat un arbre ou un éclair frappe au mauvais endroit, et coupe le courant magique…

La dernière coupure dura 16 heures et plongea le village dans l’obscurité totale, c’était un dimanche de juillet dernier. Il faisait beau, il faisait chaud. Après le lac et ses rencontres fortuites, nous dînâmes au boui-boui du village qui cuisine au gaz, et après être rentrés et avoir goûté à la noirceur qui envahissait la maison, nous décidâmes d’aller prendre une marche…

Le village était d’un calme Olympien. Charmant avec ses fenêtres illuminées par la lumière dorée des bougies scintillantes. Plus un bruit, plus un son humain pour déranger la nuit. Nous fîmes le tour du village, perdus dans un monde de rêves, à l’écoute du passé et de ses modes de vies disparus. L’on pouvait presque percevoir le cliquetis lointain des sabots d’un attelage fantôme. L’on a erré entre imaginaire et réalité étrange, nous sommes rentrés tard dans la nuit, éreintés et heureux, le courant toujours pas rétabli…

Au matin, tout était rentré dans l’ordre et la journée précédente se perdait déjà dans le pré des souvenirs…

Nous nous levons dans la pénombre orageuse. Nous descendons au IGA. Tout le village est touché jusqu’au pont du village voisin, même le IGA est dans le noir ! C’est étrange comme ambiance. Cela me rappelle les romans de Stephen King. Un enfant s’extasie sur les reflets argentés des cannettes empilées. Je me désole à la vue des baguettes qui attendent devant le four. Le suspense pèse, quand reviendra donc la vie normale ? Je pense à ces gens à New-York, cela a du être des heures remplies d’aventures de toutes sortes, des aventures que l’on lira sûrement bientôt dans les journaux divers…

Peu avant midi, le courant est revenu et la normalité à repris ses droits, je respire…

Je l’avoue quand l’électricité vient à manquer, je suis comme un animal apeuré, c‘est presque comique si ce n’était si angoissant ! Je déteste cette sensation d’impuissance qui s’enclenche en moi. Je prie le jour où j’aurais assez de sous pour avoir en réserve une génératrice ! Peut-être deux ou même trois ! Une à essence, une au soleil et une au vent…

Si la panne dure, si c’est le jour, alors j’embarque dans l’aventure et j’en oublie ce gouffre qui manque de m’avaler. Lorsque cela arrive les nuits d’insomnies, ou au plus fort de l’hiver, alors là, l’aventure devient aigre et c’est avec un goût amer que je regarde les heures s’écouler tristement. Et si cela devait toujours, je crois bien que les premières années seraient bien difficile pour moi…

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