Ce mois de mars marque les trois ans de mon dos explosé. J'en retiens les émotions de colère pour me concentrer sur le rétablissement en cours...
La première année fut la pire alors que je me suis retrouvée totalement invalide, enfermée en mon corps ravagé par de violents symptômes douloureux. Les deux suivantes furent aussi bien douloureuses, toutes en rééducations et traitements médicaux.
Après trois années d’efforts et de luttes pour réparer un dos sévèrement endommagé, je vois enfin de la lumière au fond du tunnel. Et j'espère bien finir par l'atteindre.
Il y a bientôt trois ans de cela, une physio recommandée par l'hôpital, m'a sévèrement abîmé le dos.
Elle était supposée traiter mes neuropathies faciales et non pas me foutre la vie en l'air! Après avoir gagné ma confiance, elle en a abusé en me traitant comme un cobaye.
Elle m'a invalidée en provoquant une serieuse convexité en mon dos, qui a très mal réagi, et qui s'est enflammé en crises de convulsion. Comme s’il était nécessaire d'ajouter à la collection de problèmes de santé que je venais d'affronter ou que j'étais en train de traverser...
En ces neuf dernières années, j’ai surmonté plusieurs problèmes de santé. Je les ai traversés les uns après les autres. Sans répit ni pitié. Sans m'apitoyer ni capituler.
Mais le pire de tous mes problèmes de santé aura été provoqué par ces manipulations de physio qui ont bien failli me détruire. Mon dos fut cassé de nouveau. Et je me suis retrouvée hors jeu! Out of the game of life...
Back to Hell en quelques manipulations dorsales
J’avais déjà été paraplégique à douze ans et je n’avais pas imaginé me retrouver de nouveau invalide. En ces premiers mois d’horreur, j'ai senti la vie s'écouler hors de moi, comme une invisible hémorragie. J'ai vu la mort veiller quelques semaines avant de me lâcher la peau. Pour survivre à l’intensité des symptômes physiques, mon esprit a appris à se désincarner et à se renforcer.
Pendant des mois, j'ai expérimenté des douleurs physiques si sévères que j'ai eu l'impression de devenir un automate humain. J’ai appris à donner l'impression d'être vivante tout en forçant la vie à persévérer en mon sang.
En ces situations bien effrayantes, il est important, le plus possible, de continuer d'être soi, même si on ne le ressent plus intérieurement.
Pour avancer, l’on doit se rappeler de ce qui fait notre identité. Et s'y accrocher. Même si on ne se sent plus soi, on doit se forcer à effectuer ces petites choses qui font que l’on est soi.
Durant des mois, j'ai utilisé les quelques gouttes d'énergie en ma peau pour continuer de prendre des photos. Même si tout goût ou envie était annihilé par le brasier en ma colonne vertébrale. Pour l'amour des miens, j'ai forcé la vie à persévérer en mon sang.
J’ai accepté de me torturer le corps afin de le stabiliser. Trois fois par semaine en des séances de piscines toutes bien douloureuses. Il aura fallu quatorze horribles infiltrations de colonne, sur une année, pour venir à bout de l'inflammation, provoquée par ces manipulations qui m'ont tordu le dos.
Il aura fallu une centaine de traitements de chiropractie pour arriver à rétablir ma colonne et la garder droite. Sans compter les dizaines et dizaines de traitements de kiné puis d'ostéopathie ni les centaines de séances de piscine. Trois années de calvaire corporel ainsi se sont passées. Et je suis devenue une athlète invisible.
Back to life, une saison à la fois
Au fil des traitements, des efforts, des volontés, des disciplines de vie, j'ai commencé à retrouver des capacités physiques. Petit à petit, mon corps a accepté de refonctionner. Doucement mais surement, j'avance et je dépasse les obstacles qui entravent ma route.
L'automne dernier, j'ai commencé à sentir une sève revenir en mon tronc. Avec cette sève revenait la vie, celle qui fait que l'on existe...
Depuis, mois après mois, je poursuis mes rééducations et les améliorations se concrétisent. La sève nourrit le tronc qui revient à la vie. Elle se répand peti à petit dans le reste du corps meurtri.
Encore quelques mois de torture physique et je devrais finir par gagner cette foutue guerre. Tant que le coronavirus ne vient pas foutre le chaos en mon chemin de rétablissement!
Traverser les épreuves humaines en mode conjugal
Cette année est la vingtième en ce mariage qui nous unit. En ces deux décennies, nous avons traversé tant d'obstacles, nous avons affronté tant d'épreuves, et nous sommes toujours là.
Nous partageons cette même volonté de construire une réelle fondation humaine pour notre enfant unique. Ensemble, nous partageons cette même valeur de construire cette famille que l'on a jamais connu.
Vingt ans plus tard, je l'aime toujours. Plus profondément. Notre travail de parents arrive bientôt à finition. Passé 20 ans, la relation parent/enfant devient adulte. Elle se transforme et évolue.
La responsabilité d'élever et d'encadrer n'est plus, il reste celle de guider et de soutenir.
Il est dit que la présence de l'un nourrit la force de l'autre. Cela résonne en mon âme qui approuve.
Leur double présence me donne cette force nécessaire à la bataille quotidienne. Sans eux, je suis peu. Avec eux, je suis tout.
La vie est une sève qui nourrit l'essence humaine
La sève qui a commencé à s'écouler en mon dos, tout doucement, se répand maintenant, un peu plus loin chaque mois. C'est elle qui me donne cette étrange sensation de revenir à la vie.
Mon osteo travaille sur mon cas et me fait prendre conscience des améliorations en cours. Même si j'en arrache encore beaucoup, je vais beaucoup mieux. Je suis entre deux étapes. Lorsque la rééducation devient réadaptation...
Je peux de nouveau passer inaperçue dans le monde des bien-portants, quelques heures durant. Puis j'en paie le prix en silence et souffrances. Mais tant que je peux soigner convenablement mes neuropathies et rééduquer ma colonne, je peux avancer, m'adapter, évoluer.
Il paraît que je dois prendre conscience de mon endurance physique qui s'étire. Mais tant que je n'ai pas retrouvé une endurance digne de ce nom, je n'ai pas l'impression d'être revenue valide. J'ai juste la sensation de lutter en continu pour l’être de nouveau.
Présentement, je canalise toutes mes énergies sur elle et lui. Plus mon endurance physique progressera et plus je pourrai me focuser sur moi-même. C'est le plan. Patience et persévérance...
L'on vit en une société qui met l'accent sur "penser à soi" comme mode de vie. Je n'y crois pas. Lorsque je me suis retrouvée en l'enfer de la maladie qui invalide, penser à moi ne me donnait pas la force de lutter ni d'avancer. C'est en pensant à eux que je trouvais la force de ne pas lâcher.
Penser à eux par me rendait surhumaine. Penser à moi me faisait sentir sous-humaine
Dès j'ai un peu d'énergie vitale, instinctivement, c'est à eux que je la donne, afin qu'ils puissent vivre le plus normalement possible malgré les épreuves en mon corps.
Je pense à moi en me pliant aux rééducations et aux traitements. Je pense à moi en prenant mon cas en charge et en persévérant. Je pense à moi en me dépassant quotidiennement.
Mais je ne peux pas vivre en ne pensant qu'à moi! C'est trop restrictif et égoïste. Combien de fois peut-on faire le tour de son nombril sans devenir un poisson rouge?
Étirer son nombril en pensant aux autres fait du bien à l’âme. Travailler ses neuroplasticités en ne pensant pas qu'à soi enrichit la texture d'une vie.
Il fut un temps lointain où la vie quotidienne était si ardue qu'il était alors nécessaire de se rappeler de penser à soi. Ce n'est plus vraiment le cas. Si nos ancêtres voyaient la vie que l'on mène, ils nous prendraient tous pour des rois.
Penser à soi a ses limites. Trop penser à soi limite
Penser à elle me grandit. Penser à lui me nourrit. Penser à eux avant moi-même me semble naturel et essentiel. Comme que je dois l'aider à grandir et mûrir. Je pense à elle et je fais mon possible pour lui offrir une douce enfance. Je me fatigue pour elle plutôt que pour moi et cela me paraît normal. Cela fait travailler mes endurances et je suis heureuse de la voir heureuse. Même si je finis brûlée comme une toast oubliée dans un vieux grille-pain, ce n'est jamais vain...
Les enfants d'aujourd'hui sont le présent de demain. La seule influence présente que l'on possède sur le futur passe à travers eux...
Comme je dois aussi penser à maintenir en santé ma relation conjugale, penser à lui est normal. Je sais combien ces dernières années ont aussi été difficiles pour lui. Cela me peine beaucoup. Mais quand je vois ses briller parce-que j'ai retrouvé la capacité physique de rire, je ressens que ce lien unique qui nous unit.
Je désire être grand-mère avec lui...
Même si je suis fatiguée de toujours forcer mon corps à avancer, tannée de ne pas travailler comme je le voudrais, déprimée de me sentir comme cette branche de sapin emprisonnée dans la glace, je garde le cap que je me suis donné.
Méditer, rééduquer, aimer, élever, persévérer font ma routine de vie. Méditer pour digérer ces multiples frustrations de ne pas vivre comme je l'entend. Méditer pour muscler ma cervelle et ne pas lâcher.
Garder le cap avec cet objectif têtu de reprendre du service en septembre. D'ici là le monde devrait bien s'être remis du coronavirus!
Soit il sera meilleur, soit il sera pire. Mais il sera obligatoirement transformé par cette épidémie en cours. On a été pas mal épargné à date au Québec mais avec le retour des vacances de la relâche, il est évident que plusieurs auront ramené en leurs bagages des virus clandestins.
Encore une ou deux semaines d'incubation et on rejoindra sûrement le reste de la planète. Déjà des mesures préventives définissent un futur possible en quarantaine mondiale.
Entre deux efforts et trois fatigues, j'observe l'évolution de la chose. Je fais de la veille de virus. Il y aurait deux souches qui circulent, l'une serait moins virulente que l'autre mais il serait aussi possible d'attraper les deux. Non ce n'est pas une grippe, et oui les moins de soixante ans peuvent se retrouver en réanimation.
J'entends le monde se plaindre des multiples inconvénients que cela implique. J'entends le monde craindre une récession économique. J'entends le monde en santé clamer que cela ne met pas leur vie en danger. Mais j'entends peu de monde désirer protéger les plus vulnérables en sacrifiant de leur individualité.
J'ai lu quelque part qu'une société était civilisée lorsqu'elle était capable de protéger les plus vulnérables. Sommes-nous réellement civilisés?
J'imagine que l'avenir nous le dira. un avenir que je compte bien de nouveau bloguer en ces eaux virtuelles qui sont miennes. Au plaisir de se retrouver!
Enfin de retour! je retiens: combien de fois peut-on faire le tour de son nombril avant de devenir un poisson rouge...
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