Je ne partage pas le choc de la mort de Joyce Echaquan, mais j'en partage la profonde tristesse.
Je ne peux imaginer celle de ses enfants mais je peux en ressentir une vive compassion. Et une peine immense.
Comment pourrais-je être choquée, sachant les mauvais traitements que j'ai, moi-même, reçu à l'hôpital. Les mauvais traitements que j'ai pu y observer.
D'ailleurs en ces moments là, souvent, j'ai pensé à ceux dont la peau n'était pas blanche. Ceux dont le sort devait être encore pire...
Je ne peux pas être choquée connaissant le racisme de fond que le Québec fait vivre aux autochtones. Le nier serait mentir.
En ma vingtaine, j'étais plus en phase avec les pow-wows que les raves. Plus en phase avec les peaux rouges que les blancs. Il ne se passe pas une saison sans que je ne médite sur les fantômes amérindiens qui hantent lac et forêt. Sans que je n'en regrette la présence, les traditions, la sagesse.
J'ai pu entendre bien des remarques désobligeantes envers les amérindiens en mes trente deux années de vie québécoise. J'ai été souvent choquée par ces remarques. En fait, le racisme le plus visible au Québec est celui-là. Celui là, en certains milieux de la société, est complètement décomplexé.
J'imagine qu'il est plus facile, pour un blanc, de dénigrer les autochtones plutôt que de repenser au génocide passé, au vol de leurs terres. Par mon passé, j'ai tellement été souvent choquée par ce racisme là, qu'il serait bien hypocrite d'être aujourd'hui choquée de ce fait tragique.
Je soutiens les paroles d''Élisapie, dont je suis tombée sous le charme, en 2004, durant en lointaine entrevue. Élisapie que j'aime entendre chanter et écouter.
Je soutiens Élisapie et toutes les femmes autochotones.
Le problème du racisme autochtone au Québec est enraciné très profondément dans le tissu social blanc. Comme l'est le "problème noir" aux Etats-Unis. Les deux prennent leur source en des siècles passés d'injustices non assumées. D'ailleurs, les amérindiens américains sont encore moins bien lotis que les noirs américains.
Bref, aucunement choquée mais profondément triste. Et fière d'Élisapie qui prend la parole avec cœur et intelligence...
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