Après avoir marché 25 minutes en des vagues humaines pour retrouver mon char et après avoir été prise 40 minutes dans le trafic nocturne de fin de show, je retrouve mon coin de nature silencieux. Mais quel show! Définitivement en mon top 5 des meilleurs shows en cette vie.
Repartons du début. Après être sortie du studio de CKRL et que l'homme ait repris l'enfant, je me suis dirigée en direction de Plaines. J'ai tourné au moins 30 minutes avant de trouver une place où me garer, raisonnablement loin...
Si j'en crois le brouhaha de fond qui fait résonner l'horizon, les Plaines sont pleines et il n'est même pas neuf heures!
Je souffle un souhait à l'univers pour que tous mes amis soient rentrés sur le site. Comme je vis l'expérience en solo, libre comme l'air, je me dirige, d'un pas léger, vers la section VIP en humant l'air du temps. Un air qui enivre déjà.
La zone VIP est plus bondée qu'à l'habitude. À part pour Metallica, c'est rarement si bondé. On y est tout de même pas serré comme des sardines. Mais une fois sa place de prédilection trouvée mieux vaut ne pas trop bouger si on veut la garder...
Quand les Plaines se font emballées par les Stones...
Arrive Mick Jagger sur scène, arrière grand-père de son état, comme on l'a mentionné quelques heures auparavant sur les ondes de Parentem.
Dès les premières minutes du concert, une petite voix me chuchote entre deux pensées:
- Mais quelle est donc cette sexyness féline de cette bête de scène?
La jeunesse que je perçois en ses mouvements me fascine. J'y perçois un zeste d'intemporalité. Un brin d'immortalité?
Ce qui est certain c'est que je n'ai jamais imaginé qu'un arrière grand-père pouvait se déhancher et sautiller de cette façon! Fait-il du yoga au quotidien pour se tenir si forme?
Mick change de chemises et de vestes au rythme des chansons qu'il habite avec perfection. Son jeu de scène n'a rien de mécanique ou machinal. Cela m'étonne après tant d'années à tourner.
J'y perçois le cœur et la passion qui élèvent les Stones en cette sphère quasi divine que l'on vénère en cette nuit étoilée. Keith Richard, le sourire charmeur et la cigarette au bec accompagne la voix de Jagger d'une guitare affûtée qui me caresse de l'intérieur.
Lorsque Mick gambade sur le devant de ce couloir de scène qui pénètre la foule, il se trouve à moins de dix mètres de moi et je peux voir les rides qui sculptent son visage et les muscles qui bougent sous la toile fine du tissu qui les recouvre. Je commence à me sentir fondre...
Même si l'on sent l'artiste rodé en Jagger, on le sent surtout en pleine possession de ses moyens, en pleine possession de sa voix, si peu altérée par les années et les excès accumulés. Ses contorsions et déambulations sur scène se marient avec la musique qui l'emporte. Je suis fascinée.
Il s'adresse principalement au public en français et c'est si adorable que je craque. Et puis, comment résister à lui donner notre cœur lorsqu'il lance à la foule:
- Est-ce qu'il y a du monde de Saguenay ici? Du monde de Trois Rivières?
Rodés mais ni mécaniques ni blasés #FEQSTONES
Lorsque Mick Jagger coure les cheveux dans le vent comme s'il avait 20 ans, je réalise que le temps n'existe plus. Je perçois le feu qui l'anime et qui fait de lui un homme sans âge. Il possède une intemporelle félinité qui me flabergaste!
Il capture mon imagination en sa réalité. Il possède la coolitude du chat et une énergie qui envoûte. Si j'en crois la présence intemporelle des Stones sur scène, le temps n'a ni début ni fin...
Son énergie bondissante est quasi surnaturelle. J'observe ses pas qui semblent glisser, flotter, dans la musique et je me dis qu'il habite si bien cette musique qu'elle le porte.
Il se mue en elle et elle l’élève à l'état de semi Dieu. Je réalise que l'énergie enflammée de Mick Jagger est contagieuse, elle hypnotise.
À certains moments je me demande s'il est humain et à d'autre, j'ai l'impression de le voir virevolter comme s'il était un danseur étoile en plein ballet rock. Il n'y a pas photo, il brille comme une étoile qui est tombée sur les Plaines!
Mick Jagger fait preuve de présence et d'esprit avec la foule qui l'admire d'un seul mouvement.
Il complimente le monde présent avec une sincérité qui amuse lorsqu'il mentionne combien c'était une bataille pour venir ici ce soir sur les Plaines d'Abraham!
Il remercie le public d'être encore là pour eux. Quelques chansons plus tard, il lance à la nuit:
- Quel public fantastique. Chaleureux. Merci.
Toujours en français, avec cet accent trognon qui me renverse quelques œstrogènes, il raconte qu'ils sont venus pour la première fois au Québec en 1965. Il explique que c'est ce soir la treizième visite au Québec. Est-ce pour cela que c'est si magique?
Il ondule et subjugue 100 000 personnes tout en ne manquant pas d'être reconnaissant de ce fait. Et voilà que du coup, je me mets à onduler aussi...
Je suis si époustouflée de le voir si vaillant et fringuant que j'en perçois un mélange de passion et de résilience savamment conjuguée en une vie exceptionnelle. Me voilà inspirée, quasi transcendée.
Lorsqu'ils enchaînent Sympathy for the Devil, je suis vendue! Suis-je perdue ou retrouvée? Je ne sais plus. Mais je sais que je suis entièrement heureuse d'être là!
Mes 20 ans me reviennent en mémoire. Quand un pépé de son âge t'insuffle un tel souffle de jeunesse, que faire d'autre que de te laisser aller? S'il est capable de se démener comme un diable sous mes yeux interloqués, je peux bien danser un coup même si j'ai l'impression de ne plus avoir de jambes!
Après tout, à coté de lui, je suis toute jeune, j'étais même pas née en 1965! Et pourtant je suis sûre que Jagger bondissait déjà sur scène comme un beau diable avec le feu dans le sang..
La première fois que j'ai vu les Rolling Stones, c'était au Stade Olympique à Montréal, en décembre 1989, j'avais 16 ans pour un dernier mois. J'avais trouvé le son pourri et le groupe vieillot. J'avais trouvé ça bof.
Je connaissais alors peu leurs chansons que j'ai plutôt écouté par la suite. Tant d'années plus tard, je trouve que j'ai pas mal plus vieillit qu'eux!
Subjuguée par la félinité intemporelle de Jagger
Le spectacle que donnent les Rolling Stones sur les Plaines ce soir, c'est de la bombe. D'où je suis, le son est excellent et le coté visuel avec écrans et projecteurs est impressionnant.
En symbiose avec la musique, en symbiose avec ses compères de scène, Mick se donne tout entier et c'est magnifique d'être là pour en ressentir l'énergie partagée. Le coeur des Stones palpite de tant de passion musicale qu'il en répand une tonne de bonheur humain dans la nuit.
On sent la fraternité qui lie ces compères de longue date, c'est presque émouvant.
Mais comment un grand - père de cet âge vénérable peut-il encore onduler de même, se mouvoir comme un jeune félin, prendre des sprints de scène les cheveux dans le vent?
Sur scène, Jagger est d'une séduction hallucinante. Ce soir, il m'a hallucinée.
À la grande messe des Stones, Mick se fait ange de la nuit
72 ans de vie physique mais bondissant comme un jeune de 20 ans.
Malicieux comme un gamin de 12 ans. Sensuel comme un homme de 30 ans.
Ridé comme un vieux parchemin égyptien et musclé comme une panthère.
Ce soir, je me suis laissée envoûter par Mick Jagger.
Ce soir, j'ai vu un Dieu du rock vivant et j'ai presque eu l'impression de participer à une gigantesque messe en plein air.
Ce soir, Québec a vibré avec les Stones et la foule comblée a définitivement passé une magnifique nuit d'été.
Les shows de cette envergure, c'est de l'humanité en harmonie qui s'accorde sur de mêmes notes. C'est plus de 100 000 personnes qui chantent d'une même voix. C'est un souffle de bonheur humain délirant qui embrase les Plaines d'Abraham.
Et à chaque fois que je participe à une telle expérience, je pense à tous les soldats qui ont péri ici en ces temps mémoriaux et je me dis que le monde a bien changé. Pour le mieux...
Le spectacle finit en un feu d'artifice, vu comment il a déchiré sa mère, c'est de circonstance. Parfait, du début jusqu'à la fin.
Alors que la foule se fait vague humaine, j'écoute les conversations qui m'entourent. J'ai rarement vu une foule si comblée. J'adore comment les générations s’entremêlent en ce type d’événement de Festival d'été qui rassemble les foules pour le meilleur de nos vies.
Tout le monde est heureux. Les Stones ont transmis du bonheur à une centaine de milliers de gens qui se retrouvent unis en une même énergie. Ça aussi c'est la magie du Festival d'été!
Tout le monde est heureux. Les Stones ont transmis du bonheur à une centaine de milliers de gens qui se retrouvent unis en une même énergie. Ça aussi c'est la magie du Festival d'été!
En sortant du site, une dame me fait sourire et me retourner lorsqu'elle s'exclame:
- J'ai 52 ans et j'étais brûlée à la quatrième toune. Incroyable comment il se donne!
Alors que je suis un flot humain en direction de mon auto. Je ne compte plus les fois où j'entends un ou une inconnue s'exclamer de combien ce show était bon.
Le seul commentaire négatif que mes oreilles ont intercepté (à intégrer mes pas à la foule mouvante) fut l'un qui se plaignait qu'ils n'avaient faits que des hits. Mais celui là doit être capable de se plaindre d'un rayon de soleil au paradis!
J'en ai entendu plusieurs dire qu'ils en ont eu pour leur argent. Et même d'autres dire que c'était pas cher la passe pour un tel show! L'un mentionne la passion de la scène de Mick Jagger. Un p'tit jeune, qui passe mes pas, s'exclame:
- Tellement c'était bon, j'ai même pas de mots ostie!
Et la foule marche. Sereinement. Plus on accumule les kilomètres qui nous séparent des Plaines, plus elle se fait silence, fatiguée mais enrobée de cette vibration particulière qui fera de cette soirée un autre spectacle à insérer en nos annales de Festival...