Mardi dernier, la Miss et moi avons inspiré un peu d'eau douce, j'en ai profité pour faire un peu de photos de quai. J'aime la croquer en plein vol d'enfance.
Nous sommes ensuite allées faire les courses à l'épicerie du village voisin.
Les courses faites alors que je rentre dans l'auto, j'entends un hurlement de douleur. Je sors en vitesse et je retrouve la puce à terre, en pleurs.
Elle a raté, je ne sais comment, la marche entre le trottoir et l'auto, elle a entendu un crack...
Le sang de la mère, qui s'est pété deux chevilles en un mois, ne fait qu'un tour. Je la rentre dans l'auto et je vois la cheville enfler à vue d’œil.
J'attrape les fruits congelés pour en faire une glace.
Alors qu'on rentre à la maison, on discute de sa douleur et même si la glace semble agir, je redoute le pire.
Les accidents de cheville sont souvent si bêtes qu'on a à peine le temps de réaliser qu'on s'est blessé. Elle est sous le choc.
Une fois rentrées, je la couche sur le sofa, le pied surélevé, j'examine la situation. L'enflure semble contrôlée mais la douleur qui persiste ne me dit rien de bon. Je la rassure.
La beauté de l’insouciance enfantine c'est de pouvoir prendre la vie avec une philosophie pure et simple. Je m'en inspire tout en lui partageant de ma force intérieure.
L'homme rentre avec le soleil qui se couche et on prend le parti qu'elle passe une bonne nuit plutôt que de courir à l’hôpital. En croisant les doigts pour qu'elle se réveille en meilleur état.
Je lui bande la cheville et j'en retrouve toute l'expérience du vécu. Elle avale un anti-douleur et s'endort le pied surélevé.
Au matin, mauvaise nouvelle, les orteils sont ultra enflés et elle ne peut plus les bouger. Je crains le plâtre. De son coté, elle ne pense qu'à sa semaine de camp de hip-hop dans 6 semaines qu'elle ne veut pas manquer. Je pense que même dans le pire des cas, elle devrait être remise sur pieds à temps.
Le lendemain, on se répartit les taches parentales, l'homme l'emmène à l’hôpital de brousse le plus proche en espérant filer au bureau pour midi.
Selon la réceptionniste, elle ne devrait pas attendre trop longtemps avant de passer une radio.
C'est le temps pour ma pomme de méditer un coup.
Si, comme je le soupçonne, elle nous reviendra plâtrée, les prochaines semaines prendront une tournure différente de ce que l'on avait prévu.
Ce sera une autre occasion de mettre en action ces ressources intérieures que nous possédons. La puce garde bon moral, elle m'explique même qu'elle est prête à apprendre de cette expérience.
Première leçon apprise: toujours regarder où on met les pieds...
Deux jours plus tard
Soulagée de la voir revenir avec une attelle plâtrée et des nouvelles plutôt rassurantes, commence la convalescence de cheville blessée...
Bien installée dans sa salle de jeu, la puce garde le moral lumineux même si elle réalise que la vie en béquilles, c'est pas de la tarte:
- Mais maman, en béquilles, je me rends compte, on est quand même un peu handicapé!
Elle pratique sa marche en béquilles et fait un peu de chaton-thérapie.
Please God, let it be 10 days and not six weeks!
Alors que me revient en mémoire les six semaines plâtrées d'un tibia fracturé l'été de ses 4 ans, je prends une grande respiration...
Elle reçoit un bouquet de fleurs à domicile de la part de son amie. Celui lui met de la joie au coeur! Elle commence à s'ennuyer de ne pouvoir aller à l'école. Elle me dit:
- Ça me réconforte ces belles fleurs Maman.
Bilan de l'opération trottoir raté, une bonne entorse et une première semaine à passer en béquilles. La cheville bien tenue en une attelle plâtrée. Normalement tout est beau, pas de fracture en vue, même s'il faut encore attendre la confirmation du radiologue spécialisé.
Si l’hôpital ne donne pas de nouvelles d'ici le lendemain soir, elle devrait être remise sur pied en dix ou quinze jours. Si l’hôpital rappelle pour poser un plâtre, ce sera 6 semaines.
Le docteur était optimiste me dit l'homme confiant. Tant que l’hôpital ne rappelle pas, les nouvelles sont donc meilleures que pires...
Le blues du vendredi
Le docteur n'a pas rappelé. Pas de plâtre en à l'horizon.
Malgré tout, la vie en béquilles, c'est pas facile!
Miss Soleil traverse un p'tit blues en ce troisième jour à affronter la vie avec une cheville hors service.
Elle a les larmes à fleur de peau et elle m'explique comment c'est plus dur de sourire. On en profite donc pour noyer son chagrin sur le sable...
Peu à peu, un pied dans l'eau, la Miss reprend espoir et retrouve le courage de sourire malgré sa mésaventure de la semaine.
Si tout se déroule au mieux, elle pourra recommencer à marcher la fin de semaine prochaine. Elle me dit:
- Maman, cette tranquillité me pèse. Ça me désespère un peu de pas pouvoir bouger!
Miss Soleil, 9 ans, réalise aujourd'hui que la perte d'autonomie, c'est lourd sur le moral. Dieu merci pour cette belle journée! La magie du lac agit. Elle est maintenant capable de sourire...
Lorsque son père nous retrouve sur la plage. Elle trouve même une idée pour se donner l'impression de marcher et rigoler de bon coeur...
La fin de semaine se passe avec la visite de trois de ses amies. Elles participent à lui remonter le moral qui dégringole tandis que je chaperonne.
Retour en classe avec béquilles
Premier jour d'école pour la Miss en béquilles qui s'est trouvée chouchoutée par ses amies et sa maitresse...
Sur l'heure du midi, on profite du beau temps pour aller manger au lac. À peine a-t-on posé un pied sur le sable qu'un monarque nous accueille sur la plage déserte.
Il virevolte autour de nous tandis que l'on croque dans nos sandwichs.
Je parle à la Miss de ces papillons qui voyagent du Mexique jusqu'ici. Elle s'exclame alors:
- Whaaaaou ça fait beaucoup de coups d'ailes!
Je souris. Dieu sait la puissance d'un battement d'ailes de papillons!
Essayer d'en voir le bout
En nos multiples conversations, je remarque qu'elle affine sa perception du temps en se remémorant sa vie avant les béquilles et en conceptualisant la suite des événements.
Je passe des heures à répondre inlassablement à ses innombrables questions. Aujourd’hui, elle retourne passer une radio au CHUL.
Elle manque THE sortie de l'école. Une journée complète en un centre de plein air qu'elle avait hâte d’expérimenter. Elle en a pleuré quelques ruisseaux dimanche dans les bras de son père...
Donc mercredi, radio et hôpital pendant que sa classe ira s’éclater à l'aventure sans elle. Si tout est beau, elle devrait ressortir avec une botte de marche. Puis ensuite garder une chevillère quelques semaines. Je lui explique le tout en détail. Et je répète les détails et possibles scénarios encore et encore.
J'ai finalement reçu un appel de suivi du médecin de l’hôpital de brousse qui l'a vue mercredi dernier.
Mon homme m'avait dit qu'il était joli garçon et frais sorti de l'école de médecine.
Au téléphone, je l'ai trouvé un peu perdu. Tout comme l'homme l'avait perçu et me l'avait expliqué.
Quitte à le froisser un peu, je lui ai dit que je comptais continuer le suivi au CHUL. Le plus gentiment possible.
Tout en écoutant sagement ses consignes et conseils.
J'espère donc qu'elle pourra recommencer à marcher doucement à partir de jeudi et ne plus avoir de béquilles d'ici la fin de semaine prochaine.
À force de l'écouter se remémorer sa vie sur deux jambes, alors que je prenais cette photo de quai, je n'ai pu m’empêcher de penser que la semaine dernière..
Dire que je la prenais en photo en train de faire des équilibres et des acrobaties...
Et de me dire c'est pour cela que je pratique de plus en plus cette nouvelle religion, celle de pratiquer la méditation pleine conscience et d'apprécier l'instant présent.
En cette nouvelle religion qui me révolutionne l'esprit, le passé ne pèse plus, le futur n'angoisse plus et le présent s'apprécie simplement, en toutes circonstances...
Ce ne sera bientôt "plus q'un" mauvais souvenir.
RépondreSupprimerDes bisous de réconfort pour que la guérison se hâte.