Après tout le bonheur d'un blogue personnel, c'est cette liberté que l'on apprivoise numériquement, chacun à sa façon, selon ses inspirations et envies...
En ces kilomètres sur rails, j'ai définitivement senti l'inspiration m'envahir les sens et réveiller le sang en mes veines. Aussi l'envie se conjugue à l'inspiration et forme ce premier récit de voyage en train sur l'Océan...
En ces kilomètres sur rails, j'ai définitivement senti l'inspiration m'envahir les sens et réveiller le sang en mes veines. Aussi l'envie se conjugue à l'inspiration et forme ce premier récit de voyage en train sur l'Océan...
Mères et filles vont prendre l’air d’Halifax par la voie de l’Océan.
En mon enfance, le train faisait partie de la culture
de cette campagne française où je suis née. Je me souviens même de l’arrivée du TGV
dans les mœurs locales, un grand moment pour ce petit coin de Jura où je vivais à l'époque.
Puis la vie m’a trouvée d’autres cieux où grandir et mon
adolescence montréalaise m’a fait oublier les trains. En plantant mes
racines dans le continent américain, j’ai rapidement assimilé le concept de la
route et de sa liberté aux accents beatniks. Le train n’a alors plus fait
partie de mes réalités.
Pourtant au fil de la dernière décennie, petit à petit, le
train est réapparu à mes déambulations mentales. Peut-être est-ce la faute de
Marie-Julie avec qui je voyage mentalement (de façon virtuelle) depuis quelques années déjà.
Comme
celle-ci adore les trains et excrète la voiture, à ses côtés, c’est souvent en
train que je voyage. Aussi inutile de dire que j'étais ravie lorsque j’ai appris que la blogueuse franco qui m’accompagnerait
durant cette expérience Via-Rail serait Marie-Julie!
Sachant que nos deux filles s’entendent comme deux larrons
en foire, nul va s’en dire que ma puce était aussi pas mal contente de partir
en compagnie de celle de Marie-Julie. Le voyage s’annonçait joyeux dès son annonce.
Alors que les filles embarquèrent à Montréal, c’est de la toute petite gare de Charny que nous sommes parties en pleine nuit. À noter que l’agent de bord, bien gentil, a même permis à l’homme de venir déposer nos bagages directement dans notre cabine et d'en voir l'intérieur.
Alors que les filles embarquèrent à Montréal, c’est de la toute petite gare de Charny que nous sommes parties en pleine nuit. À noter que l’agent de bord, bien gentil, a même permis à l’homme de venir déposer nos bagages directement dans notre cabine et d'en voir l'intérieur.
À peine Maya et Miss Soleil se retrouvent-elles que le party
de fillettes embarquent. De quoi faire sourires les mamans!
L’on découvre la cabine avec les couchettes superposées de
Marie-Julie et Miss Soleil grimpe allégrement le long de l'échelle pour rejoindre Maya
pendant que l’on discute.
Ce voyage est sans wifi, donc en ce qui me concerne, il se fera déconnecté de mes habitudes numériques. Même pas peur! Marie-Julie m’apprend que c’est l’agent de bord qui
transforme les banquettes de ma cabine en couchettes. Alors que l’on en parle,
celui-ci passe dans l’étroit couloir de la voiture qui héberge nos cabines.
Il nous fait un petit résumé du fonctionnement du train, de
l’heure des repas, des boutons à ne toucher qu’en cas de force majeure et il me
dit qu’il va installer les couchettes dans ma cabine. Quelques minutes plus tard, les puces en folie viennent
explorer le dessus de notre lit superposé.
Tout de suite je constate la
propreté des draps et de la cabine. J’inspecte la toilette. Tout aussi propre.
J’avoue un petit soupir de soulagement. Le train tangue et l’on se balade dans les étroits couloirs
en se cognant plus qu’il est possible de compter. Pas si simple de
marcher droit dans un train qui file dans la nuit!
Après avoir laissé jouer les filles, l’on se décide
à aller se coucher. Je ferme la porte de notre cabine et me retrouve nez à nez
avec une Miss Soleil en joie. Elle m’explique en long et en large comment c’est son rêve de dormir
en haut et combien c’est cool de pouvoir ainsi dormir dans un train. Que peut-il y avoir de meilleur que de s'endormir en réalisant un rêve cool?
Alors qu’elle pose la tête sur son oreiller, j’observe avec
affection son visage irradié de pur bonheur. Je ferme les lumières de la cabine
et garde la veilleuse près de mon oreiller. Le train la berce. J’ai
à peine lu deux pages de mon livre que déjà j’entends son souffle régulier qui
se conjugue avec ces bruits particuliers du train qui s'efface dans la nuit.
Je garde ouvert le store de la fenêtre et je contemple ces
lumières qui percent l'obscurité de la nuit. Elles me passent sous les yeux comme d’éphémères
lucioles. Confortablement installée dans ma couchette, j’apprécie ces
sensations qui m’envahissent. Je commence à bien ressentir cette merveilleuse sensation de liberté. Synonyme de voyage. Une liberté qui se profile avec les kilomètres que l'on avale.
J'inspire la zénitude qui m'envahit. Je laisse glisser les multiples émotions qui jaillissent à la surface de mes sens. Émotions d’enfance, émotions d’ailleurs et d'ici. Des émotions douces qui se fondent dans le calme de ma cabine. Mais autant j’apprécie cet instant (un peu hors
du temps), autant je ne trouve pas évident de m’habituer au roulis du train sur
les rails!
Alors que je gardais des impressions de voyage en TGV où la vitesse est constante, je découvre là un train qui doit s’adapter à la complexité d’une signalisation ferroviaire qui m’échappe.
Parfois le train file à toute vitesse, parfois il ralentit,
d’autres fois il s’arrête, puis repart, puis ralentit ou accélère, etc. Je ne sais
plus trop où j’en suis si ce n’est que j’ai l’impression de me faire bringuebalée comme une botte de foin!
Il faut avouer que je suis sujette à la « motion
sickness » et que je trimballe une otite en passager clandestin. Ceci n’aidant
pas à cela. Pourtant malgré tout, je ne ressens aucun malaise, juste d’étranges
sensations auxquelles je ne suis pas du tout habituée. Mais en ces sensations nouvelles coule
aussi une source d’aventure dont je me nourris.
Je dors d’un sommeil léger. Je me réveille alors que je jour
se lève sur un pont qui se détache dans la brume matinale. J’écoute le souffle
régulier de ma puce qui dort encore et j’apprécie ce paysage qui se dessine par
ma fenêtre. Le train est arrêté. Tout est calme. Immobile. J'ai une pensée tendre pour mon homme qui ne peut voir un pont sans s'extasier...
Le train repart et ma puce se réveille. C’est
bientôt le temps de retrouver les filles pour le petit de déjeuner dans la voiture
restaurant. Une bonne journée de train nous attend. Nous n’arriverons
à destination qu’en fin d’après-midi...
Les puces se
retrouvent avec des sourires éclatants. Dans la voiture restaurant les tables
sont prêtes et j’ai une faim de loup! Je commence à m’habituer aux mouvements dodelinants
de ce train qui nous emporte vers l’Atlantique. Par les fenêtres, défile la forêt. Parfois quelques
clairières de civilisation l’égaient.
Surement par manque de stimulation visuelle, je
fais une petite fixation sur les poteaux électriques à l’allure vétuste qui longent la voie ferrée. Une fois le
petit déjeuner avalé, l’on va faire un tour de train, histoire de se dégourdir les
jambes…
L’on traverse les couloirs des voitures avec cabines, certaines
sont ouvertes. L’agent de bord réinstalle les banquettes. Juste avant la voiture dôme, les filles courent dans une voiture quasi vide avec des murs décorés de différents drapeaux. Elles se défoulent pendant que l'on s'assoit par terre. Vient ensuite la fameuse voiture dôme avec son compartiment panoramique...
Sur les savants
conseils de Marie-Julie, je décide de garder les couchettes pour la durée
de notre voyage aller. Les filles passent d’une cabine à l’autre selon leurs
envies. Elles s’éclatent sur la couchette dessus et c’est pas mal pratique!
Cette disposition de cabine permet aussi de se reposer, confortablement allongée, le nez collé sur le paysage qui défile. Accrocher des coins de campagne et apercevoir les arrières-cours des villes que l'on traverse. Dans ces conditions, se laisser bercer par le train devient une seconde nature...
Les filles s’amusent si bien que l'on peut profiter de moments de calme sans devoir répondre 36 fois par heure à d'incessants: « Maman? Regarde… » ou encore pire « Maman, j’ai envie… ». On ne manque pas d'en apprécier le répit! Et roule le train qui nous emporte au loin…
Nous traversons le Nouveau Brunswick et le paysage change un
peu. Il dévoile une terre aux accents ocres qui me rappelle la Baie deFundy. J’en apprendrai d’ailleurs plus sur le sujet sur le trajet du retour
mais chaque chose en son temps…
Les heures filent comme le train sur les rails. Nous finissons de manger notre repas du midi sans avoir pris le temps de nous ennuyer une seule seconde.
Les heures filent comme le train sur les rails. Nous finissons de manger notre repas du midi sans avoir pris le temps de nous ennuyer une seule seconde.
Les filles, complices, jouent à bricoler, dessiner, lire, se chamailler le iPad, inventer des histoires, regarder le paysage, etc. Les mères prennent ça cool, disciplinent par ci par là, répondent aux besoins d'enfance, lisent des magazines, prennent des notes, papotent, pianotent sur un iPhone, regardent par la fenêtre...
Et voilà qu’Halifax se
découvre au bout de nos rails. À noter qu’en traversant le port, les filles
nous pointent un bateau de croisière au loin et Maya repère vite les oreilles
de Mickey qu’il arbore!
Après vingt heures de train, cette première expérience ferroviaire est excellente. Et même si l’on est toutes contentes de marcher sur la terre ferme, je suis un peu surprise de ne pas avoir vu vu le temps passer!
Ainsi, je commence à mieux comprendre cette magie du train. Moi, la roadie convaincue. Voilà que j'apprécie les avantages de ce mode de transport de plus en plus hors du commun au Canada.
Je repense à un passé, pas si lointain, où le train s'intégrait complétement aux voyages canadiens. J'en respire une bouffée de nostalgie qui me donne à réfléchir.
Je repense à un passé, pas si lointain, où le train s'intégrait complétement aux voyages canadiens. J'en respire une bouffée de nostalgie qui me donne à réfléchir.
Pendant que je médite en silence, les filles bavardent à tout vent. L'on débarque du train pour respirer l'air d'Halifax. La Nouvelle Écosse nous accueille avec le soleil.
Je rêve d’une douche, une vraie. Une douche spacieuse de chambre d’hôtel. Car même si nos toilettes
privées disposaient d’une douche, j’ai du mal avec l’idée de me laver entre un lavabo
et une toilette. Si le voyage avait duré plus longtemps, surement que je l’aurais
appréciée mais là, je suis juste prête pour celle de l’hôtel!
En sortant de la gare, c’est avec curiosité que je découvre
Halifax au soleil. Et c’est parti pour deux jours à parcourir les rues de la
petite ville et à humer l’air marin qui l’enrobe. À suivre...
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