mercredi, juillet 11, 2012

Rencontre avec un vieux lion..

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En France, Johnny est un monument national. Aussi lorsque celui-ci passe au Québec après 37 ans d'absence, je ne résiste pas à la curiosité d'y voir la bête de plus près.

Je connais la légende Johnny en France. Là-bas, il fait partie intégrante de la culture française. Mais je sais tout aussi bien que Johnny Hallyday ne fait pas vraiment partie de la culture québécoise...

Première rencontre en conférence de presse.

Première impression: L'homme n'a plus la carrure d'antan. À 69 ans et au sortir de bons ennuis de santé, il dégage une certaine fragilité qui, je dois l'avouer, a quelque chose d'attendrissant.

À la première question, il répond qu'il n'a que des regrets de ne pas être venu plus souvent au Québec.

- Mieux vaut tard que jamais ,ajoute-t-il avec un petit sourire, c'est une belle contrée... La ville de Québec est très jolie.

Il évite ensuite savamment les questions de francophonie pour expliquer qu'il ne fait que de la musique.

Lorsque des journalistes lui demandent pourquoi il n'est pas plus connu au Québec, il réplique que c'est la faute à sa maison de disques qui ne devait pas être très bonne à l'époque. Il aurait été mal distribué...

Un spectacle bien rôdé

Il explique qu'il fait le même spectacle, ici, qu'au Stade de France ou à New-York. Un spectacle composé de trois parties; une section rock, une section symphonique, une section grand succès et une séquence "unplugged" de style rockabilly où il revisite les classiques du genre.

À ses yeux le Festival d'été de Québec c'est le plus gros festival au monde. C'est un festival formidable qui lui rappelle un peu Woodstock. "Il en faudrait un peu plus partout!" ajoute-t-il avant de passer à une autre question.

Au sujet de la longévité, il commente: "Quand j'ai commencé, je ne pensais pas durer. Le succès des artistes, vous savez, ce n'est pas uniquement l'artiste c'est aussi les gens, le public..."

Lorsqu’on lui demande s'il aura l'occasion de visiter le Québec, il répond que son producteur le fait beaucoup voyager mais il veut revenir.

Une opération ratée, de graves ennuis de santé, dépression et amour de la musique...

À une question plus personnelle concernant ses collaborations avec d'autres musiciens, il s'ouvre:

- Quand j'ai travaillé avec Mathieu Chedid, c'était une période douloureuse où je sortais d'une opération ratée. J'ai passé trois semaines dans le coma, j'ai perdu la voix. Je dois le dire, j'ai fais une énorme dépression. Énorme. Travailler avec Mathieu m'a renoué avec l'envie de chanter. Ce n'était pas un projet commercial, c'était l'envie de faire de la musique en tant que musicien. Je suis très heureux de cette expérience.

Puis à la question concernant sa vision de la vie après avoir frôlé la mort, il ajoute:

- On s'habitue vite aux choses faciles de la vie. Mais le bonheur de pouvoir se lever le matin et voir le soleil... On se rend compte de beaucoup de choses. Mes enfants sont très importants, j'ai eu très peur de ne plus revoir mes petites filles...


Au final, je ressors charmée par l'animal vieilli. Attendrie par cette sagesse de vieux rockeur que dégage la bête. Même si la grosse machine qui l'entoure est des plus complexes. Arrivé et parti en grande pompe, comme une abeille qui se déplace avec sa ruche. L'impression est marquante.

Cela dit, intriguée, je me dis que je vais quand même aller faire un tour des Plaines, histoire de mieux comprendre cette légende ambulante...

Tous ceux que je connais vont voir Patrick Watson. Mais c'est surement l'unique occasion que j'aurais de visiter ce monument français. En solitaire, les mollets en feu, je grimpe les côtes qui mènent aux Plaines...


C'est une autre belle journée que nous offre l'été et la ville de Québec est à son meilleur. J'arrive dans la douceur du soir qui se couche.

Je me dirige vers la section VIP. Pour ce spectacle-ci prendre des photos est une opération très complexe. La machine Johnny est en grand branle bas de combat. Je préfère donc me trouver une bonne place et mitrailler d'où je me trouverai. Je me faufile parmi une faune composée d'une majorité de motards.

Je me rappelle que j'ai entendu des rumeurs où Johnny roulerait en moto quelque part. Je me questionne à savoir si les motards écoutent plus Johnny que le reste de la population québécoise?

Je finis par me trouver un petit coin avec une bonne vue sur la scène et l'écran géant. Il me reste vingt minutes à tuer avant que ne commence le gros show.

Faire la connaissance de motards aux grands cœurs

J'en profite pour faire la connaissance de Nadine et Michel, un couple venu en moto. Ils m'expliquent alors que les motards qui assistent au spectacle font tous partie de la Randonnée du courage Pat Burn.

J'apprends que c'est un rassemblement de motos qui a pour but de récolter des fonds pour le cancer de la prostate. Ils me racontent que le clou du rassemblement était de rouler avec Johnny. Ils ont bien aimé l'expérience. Mais ils sont surtout heureux d'avoir participé à une bonne cause...

Cela dit pour Nadine, d'origine française depuis vingt cinq ans au Québec, venir voir Johnny est aussi une belle occasion de voir de près le personnage. Fan de la première heure, elle est contente de le voir à Québec.Son mari ajoute que c'est aussi une belle occasion de participer au Festival d'été.

Devant moi, un autre couple de motards est plus méfiant. Ma carte média ne semble pas leur inspirer confiance. Mais contre toute attente, une fois que j'eus expliqué à quel point j'étais inoffensive, ils se sont révélés de bien bons compagnons de spectacle!

Du coup, je me suis même fait réflexion que sous leurs allures rugueuses les motards doivent bien souvent y cacher des cœurs d'or.

Michel et Diane, de leur petit nom, eux ont aussi participé à la Randonnée du courage Pat Burn. Le concert, ce soir, c'est la cerise sur le sundae...

Michel m'avoue qu'il ne connait pas particulièrement Johnny. Le moment fort de sa journée à lui, c'était la moto. Diane est plus enthousiaste, elle a hâte de voir l'homme dont tout le monde parle.

Johnny: bête de scène française

Arrive Johnny en scène. Il démarre fort avec Allumer le feu. Les Plaines ronronnent de plaisir. L'homme sait donner un show plus grand  que nature...


Il faut dire que Johnny est réellement une bête de scène. Je reste interloquée par l'énergie qu'il dégage à 69 ans passé!

Autour de moi, les dames se pâment devant ses yeux bleus. Alors que l'écran capte tout l'éclat de son regard, les femmes qui m'entourent tombent toutes sous le charme. J'y suis plus résistante même si la beauté de ses yeux est indéniable. Cela doit être une question de générations...

En ce qui me concerne, je suis plus impressionnée par le coffre de sa voix. Je lui trouve un air de vieux lion qui rugit avec toute l'expérience d'une vie passée à être roi.

Derrière moi, un français en joie entonne toutes les paroles de ses chansons. Il semble déçu d'être le seul à les connaitre. Autour de nous, les regards se tournent et j'entends "Whaou il les connait vraiment toutes!"

J'observe Johnny, une vraie bête de scène dans un spectacle hyper bien huilé. Presque trop mécanique à mon goût. Je reste bouche bée lorsque l'animal se met à imiter des mouvements sexuels en se roulant à terre!

Les dames autour de moi écarquillent les yeux et je ferme la bouche en me disant que c'est bien la première fois que je vois un papy avec une sexualité si éclatante. Ah oui! C'est Johnny Hallyday!

Alors c'est ça Johnny? Une voix puissante accompagnée d'un magnétisme mâle enflammé? Une beauté d'antan au regard encore envoutant? Une légende rock encore vivante? Je me demande si Elvis lui ressemblerait s'il avait survécu à ses excès?

Je tiens presque jusqu'à la fin mais pas tout à fait. Avant de m'esquiver je salue mes amis de l'heure. Je demande à Diane ce qu'elle en pense. Elle me dit: "C'est bien, c'est un bon show mais j'aurais aimé qu'il fasse plus de chansons qu'on connaisse!"

Je file. J'arrive juste à temps pour le rappel de Watson au Pigeonnier. Cela fait du bien à mes oreilles qui s'y reposent.


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