mercredi, mai 30, 2012

Comme dans un roman (de science-fiction)

Frissons

Dans la forêt, le souffle d'une tempête lointaine. La brume étouffe le lac silencieux.

Une nuit fraîche tombe sur les arbres qui frissonnent leurs feuilles nouvelles... 

Dans les grandes villes québécoises, la rumeur du peuple a des airs de casseroles. Gronde la révolte. L'urbanité frissonne sous l'exaltation de sa jeunesse.

 À Montréal, l'orage inonde les rues qui résonnent des cris du peuple.

 Sur la toile circulent les images des inondations qui détournent l'attention de l'atmosphère survoltée.

 Elle regarde l'actualité se dérouler sous ses doigts habitués à trouver l'information en temps réel...

À Miami, un cannibal attaque. Drogue ou virus? Les zombies rodent et les esprits s'enflamment. Elle frissonne.

 L'humanité vibre d'un drôle de sons que détectent les capteurs des vaisseaux extraterrestres cachés derrière Jupiter.

La nuit tombe sur la petite maison de pierre cachée dans la forêt et l'obscurité se gorge du bruit des feuilles qui bruissent sous le vent...

Huit mois plus tard 

1ère option: Le climat social continue son petit chemin révolutionnaire jusqu'à ce que la menace zombie le rende obsolète. Le Canada essaie de fermer ses frontières. C'est la guerre. Jésus n'est pas revenu sur Terre mais le diable s'éclate. Les extra-terrestres finissent par se manifester et s'en mêler. Sauver la Terre est leur objectif. Quant à l'humanité c'est mal barré!

2ième option: Le climat social s'apaise et les choses changent pour le mieux. La menace zombie est éradiquée à la source. Partout sur Terre l'humanité trouve les moyens d'évoluer et de grandir. L'espoir d'un monde meilleur renaît. Les extra-terrestres cachés derrière Jupiter sont satisfaits des progrès de l'humanité et continuent d’attendre qu'elle soit assez mûre pour les rencontrer et échanger...

En réalité 

Qu'il est bon de sentir la fiction reprendre ses droits en mon imagination. Signe de guérison intérieure. Maudit virus grignoteur de nerf facial! Sentir bourdonner les sens qui font vibrer les entrailles. Un an et demi après le choc de ma paralysie faciale, l'impression subtile de recommencer à vivre.

Continuer la bataille pour retrouver la forme. En chemin, retrouver des forces intérieures.Retrouver l'énergie de regarder autour de soi et d'observer un monde en turbulences.

Enfin l'humanité n'est-elle pas turbulente depuis la nuit des temps? Peut-être que dans le fond, il n'y a rien de bien nouveau sous les Tropiques célestes...

lundi, mai 28, 2012

Voir rouge...


Petite, en France, je me souviens encore de ces diners de famille qui viraient en bataille dès que la conversation tournait autour de la politique. 

Gauche, droite. Cela parlait, cela parlait et cela s’engueulait…

Petite fille de 7 ans, je n’y comprenais rien. Comment des adultes supposément sensés pouvaient ainsi perdre les pédales pour une question de droite ou de gauche? 

Cela dépassait mes compréhensions autant que cela m’énervait.

À l’époque, déjà, sans m’en rendre compte, je rêvais de conversations pacifiques et profondes. Je rêvais de fins de dîners où tout le monde sortirait de table avec le sourire d’un bon dessert et du bon moment passé ensemble. 

Pas à ces au-revoir amers remplis de malaises, avec de la colère plein les yeux, et une gueule de cent pieds de long. Bonjour l'ambiance! Toute petite, la politique m'a rebutée pour l'effet qu'elle avait sur les adultes...

En ce temps là, en ma petite caboche révoltée, politique rimait avec non-harmonie. Je ne voulais rien savoir de la politique…

En grandissant, même si j’ai bien fini par comprendre le principe de droite et de gauche, je m’en suis toujours tenue éloignée. J’aimais la liberté avant tout et je voulais d'abord étudier le genre humain. Histoire de mieux comprendre cette race qui était mienne...

En vieillissant, j’ai décidé que l’équilibre était un mode de vie pertinent. Ni la droite ni la gauche ne sont jamais arrivés à me toucher. Le milieu, il est où le milieu? Gauche, droite. Noir, blanc. Et les zones grises alors?

Aussi j’ai décidé que je serais apolitique. Après tout, il y a bien des athées qui se respectent et que l’on respecte. Si je crois en certaines spiritualités mais pas en aucune politique, alors être apolitique me semble logique…

Des racines et des ailes

J’ai immigré au Québec, à Montréal, à l’âge de 14 ans.  En pleine adolescence. Ah! Que je t’ai aimée Montréal... 

Puis à mesure que j’ai pris racines en ces latitudes nordiques, à mesure que mon affection pour ce pays d’adoption a grandi, j’ai voulu connaitre le Québec. J’ai alors réalisé que le Québec, c’était bien plus que Montréal. Je suis partie.

Coté études,  j’ai décroché, j’ai voyagé, j’ai inspiré de grosses bouffées de liberté. J'ai suivi des chemins hors des sentiers battus. Je me suis mariée, j’ai réfléchi, j’ai raccroché. 

Je me suis ainsi retrouvée à l’université Laval de Québec. En couple. Lui dans un pavillon et moi dans un autre. Rendu là, je comprenais si bien le Québec que les touristes français ne me reconnaissaient plus. Ce qui avait le don d'interloquer mes amis québécois...

Rendu là, même si je resterai une minorité auditive à vie, je suis chez moi au Québec. Intégrée. En mon cœur, je suis québécoise. Avec des racines françaises certes, mais si bien implantée en ce terreau fertile qu’est le Québec que la France n'est plus qu'un souvenir lointain. Un souvenir d'enfance...

Avec le temps (un quart de siècle), je suis devenue québécoise en mon cœur sinon en mon sang. Vivant en un coin de brousse entre lac et forêt. Non loin de cette capitale nationale qui n’est pas sans me faire penser au village d’irréductibles gaulois…

En montréalaise que j’étais j’ai appris à aimer et à apprécier la ville de Québec. Et j’aime le Québec en son entier, ses grands espaces, sa nature sauvage, ses gens, son accent et son Histoire. 

Hybride, je suis devenue. Avec ma langue comme patrie. Comment ne pas tomber en amour avec ce bastion francophone qui m’a adopté et accepté en son sein? J'aime le Québec mais je n’aime toujours pas la politique…

À mes sens, une société éduquée est une société riche. Valorisons-nous la richesse intellectuelle à sa juste valeur? C'est une question qui me revient souvent en tête...

Étudier ne veut pas dire devenir riche pour tous mais étudier c'est s'endetter pour tous...

Mon homme n’est jamais vraiment sorti de l’université Laval. Après son Bacc, il a trouvé une job respectable sur le campus. Il s’y plait bien. Il n’a pas un salaire à tomber par terre mais il aime ce qu’il fait, il aime son environnement de travail, il s’y épanouit.

Pendant ce temps son artiste de femme, pigiste de son état, continue sa bohème intellectuelle. Écrire, piger, materner. Pas de quoi enthousiasmer ma banquière! Mais de quoi nourrir mes neurones...

En tant que couple, nous avons commencé notre vie « adulte » avec 30 000 dollars de dettes. 30 000 dollars de dettes et rien d’autre dans nos poches qu’un diplôme universitaire chacun.

Un diplôme qui ne nous rendra jamais riche. Mais une réelle dette à rembourser. 300$ par mois pendant des années et des années et des années. Ceci est une réalité qui semble peu comprise de ceux qui ne la vivent pas. Et je ne parlerai pas des taxes et impôts! Un tout autre sujet...

Alors revenons à nos moutons:  le prix de l’université. Prenons l'exemple d'un étudiant de classe moyenne qui travaille pendant ses études et qui s'endette tout à la fois.

Un étudiant normal qui vit en appartement et qui n'a pas des parents richissimes derrière lui. Un étudiant qui mange des pâtes (et parfois du pain sec). Un étudiant qui étudie et qui travaille pour arriver à boucler ses fins de mois. Un étudiant qui ne part pas dans le Sud quand vient Spring Break...

Car quoi qu'en disent les mauvaises langues, ces étudiants là font aussi la norme...

Pensons à ceux là, en un futur imparfait, ceux là qui devront payer quoi? 300$ par étudiant (le double d'aujourd'hui)  de remboursement mensuel pour avoir obtenu un simple bacc? Mettez les en couple. Ils n'auront pas de quoi s'en plaindre n'est-ce pas? Après tout, quand on a l'amour, on peut vivre d'eau fraîche...

Parce-que, vraiment, y'a pas de quoi se plaindre de commencer sa vie avec un tel handicap financier n'est-ce pas? Pas de quoi en faire un scandale...

Ouais... et bien moi, si je me mets dans les chaussures de ces étudiants futuristes et bien je les plains! Marcher dans leurs chaussures me fait mal. Et c'est sans parler des multiples exemples de diplômés américains qui croulent sous les dettes d'études jusqu'à s'étouffer...

L’idée de devoir vivre ma vie actuelle et de devoir rembourser le double de ce que l’on rembourse déjà pour avoir eu le privilège d’étudier me semble si exagéré que cela me révolte…

L’option d’un salaire à 35 000$ - 40 000$ - ou même 55 000$ par année pour une matière étudiée. Le tout avec un remboursement annuel de plus de 500$ (en couple) me semble si aberrant que la peau me hérisse et voilà que je suis rouge!

Qu’on ne vienne alors pas me parler de politique mais de réalité! Car c’est pour cette réalité là que se battent les étudiants en ce printemps d’érable qui fait les manchettes…

Parlez-moi de bon sens et d'ouverture d'esprit....

Ceci sans oublier de se rappeler que sortir de l'université avec un bagage intellectuel ne veut pas obligatoirement dire avoir un emploi qui apporte la richesse sur un plateau d'argent. Étudier, cela veut parfois juste dire obtenir un emploi où l'on peut se nourrir les neurones...

Coté techno: Les manifs dans mon salon...

Sous peu en ce petit coin de Web : Miss Soleil et nos casseroles…



Dans la forêt qui s'habille...

Ah! Que les feuilles ont verdit! Avec le printemps, le Québec se réveille dans un drôle d'état. Un état qui m'hypnotise et m'emporte les idées...

Alors que je dois rénover ce coin de Web. Histoire de lui fêter ses neuf ans d'existence. Alors que j'ai des textes bloquesques qui s'empoussierent, je suis entraînée dans ce courant qui bouscule le Québec...

Aussi avant de me dépoussiérer les idées légères, je vais laisser libre l'inspiration. Ne pas l'encadrer juste la laisser couler. Histoire de ne pas laisser déborder...

vendredi, mai 11, 2012

Cuisine de tripes maternelles...

Après des semaines de grisaille et de pluie où l'on a pu compter sur les doigts d'une main les jours ensoleillés, enfin la météo se fait optimiste...

Il était temps. Car la monotonie du ciel commençait à sacrément me peser sur le système. Un peu plus et je me sentais prête à hululer à la lune!

Cette fin de semaine c'est la fête des mères. Généreuse, la météo prévoit du soleil pour l'occasion. 

Et en cette occasion particulière ma tête oscille entre mon rôle de mère et ma condition de fille.

Ma condition de fille m'est douloureuse et difficile. Est-ce que mon salut se situe dans ma condition de mère?  Je sais que la douleur de l'une motive l'ambition de l'autre. Ces sensations s'entremêlent en mon cœur de femme. Mes émotions s'y noient.

Ne pas revivre ce que l'on a déjà vécu. Apprendre du passé pour construire un meilleur avenir.  

Je ressens beaucoup de  gratitude pour cette petite fille qui est mienne. L'esprit vif, en bonne santé, elle grandit en beauté. Je sais que c'est une chance. J'en suis reconnaissante. Cette émotion est enrobée de tendresse. Et cette tendresse s'enracine dans l'amour inconditionnel.

Tandis que je veille sur ses jours, je sens peser sur mes épaules le poids de ma responsabilité maternelle. Un poids qui m'est tombé dessus à partir du moment où je l'ai sentie frétiller en mon ventre.

Parfois je me demande si la sensation aurait été la même avec un fils. Sûrement. Elle aurait été différente mais pareille. Car tous les parents de la Terre ne sont-ils pas logés à la même enseigne?

Mais ce n'est surement pas un hasard si mon enfant unique est une fille. C'est l'une de ces leçons qu'aime donner la vie. Si je suis bonne élève, j'aurais peut-être la chance de réussir là où ma mère a échoué. Réussir à construire une relation mère-fille harmonieuse.

Cette année, la fête des mères fait jaillir en moi l'envie de célébrer mon enfant. Car c'est elle qui fait de moi une mère. Avec elle, je puise quotidiennement en cet instinct maternel qui me rend sensible à tous les enfants. 

Mais c'est sa maman à elle que je suis. Grâce à elle j'affronte les souffrances de mon passé pour essayer de les dépasser, pour ne pas lui léguer.

Et de là je me pose la question à savoir ce que je peux lui léguer. Vaste question. L'héritage émotionnel (et/ou spirituel) fait partie intégrante de cette responsabilité que je ressens envers elle.

J'espère arriver à lui transmettre ces valeurs qui me tiennent à cœur. J'espère arriver à lui léguer l'envie d'améliorer le monde. Car n'est-ce pas ainsi que l'humanité s'améliore, de générations en générations?

Et pendant que ces pensées m'agitent les entrailles, je regarde aller le mouvement présent des étudiants avec empathie. Cette nouvelle génération qui ose lever la voix pour affirmer ses convictions. Cette nouvelle génération qui fait front.

Je ne les regarde pas comme des enfants gâtés mais plutôt comme des jeunes qui se battent pour un monde meilleur. Je les trouve beaux...


mardi, mai 01, 2012

Abstractions parentales...

Avec l'entrée de Miss Soleil dans l'âge de la raison, je me pose plein de questions. Encore et toujours. Dans tous les sens. Le cœur battant, je me tortille quelques neurones.

Je réalise ainsi que la parentitude est comme une pelle avec laquelle on peut se creuser l'intérieur.

Et puis, tant qu'on y est, pourquoi ne pas faire de la spéléologie interne? Histoire de se dépasser un coup. Après tout être parent n'est-ce-pas aussi passer par dessus soi?

Armée d'une lampe frontale partir en exploration existentielle. Descendre des gouffres. Ramper dans des couloirs obscurs. Apercevoir quelques chauve-souris. Nager dans des rivières limpides. S'émerveiller devant quelques stalagmites. À moins que cela ne soit des stalactites?

Et enfin, après maints efforts, découvrir ces grottes mystérieuses remplies de trésors insoupçonnés...

Joli mois de mai et âge de raison...

Les jours filent. Défilent. Avril monotone. Morose grisaille. Temps de m...

Grisaille, grêle, neige et froid mordant font le quotidien d'avril. Le soleil se fait fugace. Il agace.

Dieu merci voici mai qui se pointe le nez! Joli mois de mai? À quand les feuilles sur les branches nues des arbres?

Au fil des saisons, je tisse ce quotidien qui est mien. Les années passent et la vie continue...

Petit à petit la maison reprend vie. Une finition par ci, une finition par là, un coup de peinture. Pièce par pièce, avec conviction et détermination, on remet à neuf le passé. Investir dans l'avenir.

Piges, mamamitude et douleurs chroniques font le rythme des semaines. Inutile de parler des douleurs faciales. Invisibles de l'extérieur, elles n'existent que de l'intérieur. À chacun ses fardeaux d'existences.

Trouver l'équilibre nordique sous un ciel bougon. Se geler les fesses. Attendre l'été. Prendre son mal en patience. Avancer. Penser. Exister.

Regarder les manifestations étudiantes du coin de l'écran. Soutenir en silence. Du coin de ma brousse espérer que les étudiants arrivent à changer le monde. Partager un lien ou deux. Penser à ces prêts bourses qui nous grugent les finances et grommeler.

Croire que l'éducation enrichit un pays et penser qu'il serait juste que tous puissent en profiter. Les riches comme les pauvres. Croire en la culture et le savoir. Détester la politique et le pouvoir de l'argent et ses turpitudes.

Trop souvent l'argent pourrit l'humanité. Et que dire de la politique? De ses dérives. Et que dire des gaspillages en tout genre? L'argent, gaspillé par la mauvaise gestion des universités, est rarement mentionné dans les débats sur le sujet...

Rêver d'un monde ou le troc serait roi et où le savoir et la culture seraient valorisés à leur juste valeur. Utopies et fantasmes intellos.

La misère financière est une chose et la pauvreté mentale en est une autre. Si l'on parle souvent de l'une, on mentionne beaucoup moins l'autre. Pourtant la misère intellectuelle fait des ravages et me révolte souvent.

Bref, arrive le jour où Miss Soleil me demande ce que je regarde sur l'écran. Je regarde le lipdud des étudiants qui manifestent contre la hausse.

La Miss s'approche. Elle reconnait la chanson "Le bruit des bottes". Elle veut savoir ce qui se passe. Je lui explique le principe.

Son visage se durcit. Elle veut comprendre. On en discute...

Elle réalise que la vie coûte bien des sous. J'en profite pour lui expliquer que l'on met de l'argent de coté depuis sa naissance pour qu'elle puisse aller à l'université.

En effet, si l'on économise pas pour nos vieux jours, on le fait pour son avenir à elle. Je lui explique que les étudiants se battent aussi pour elle.

Avec cette conversation, elle réalise que l'école est longue et coûteuse. D'ailleurs du haut de ses 6 ans et demi, elle réalise de plus en plus de choses. Je la vois entrer dans l'âge de la raison. J'ajuste mon rôle maternel à cette nouvelle équation d'enfance.

Ses goûts sont de plus en plus prononcés. Ses réflexions sont de plus en plus approfondies. Je mets un point d’honneur à les écouter et les comprendre. À les considérer.

Je sais qu'un jour l'apprentissage sera commun. J'apprendrai d'elle autant qu'elle aura appris de moi.

Selon les livres, 7 ans est l'âge de la raison. Le moment crucial où l'enfant entre dans la "grande enfance".

Avec cette étape l'autonomie s'affirme et l'enfant approfondit ses raisonnements. Il n'est plus la continuation de ses parents, il s'individualise.

Libertés et angoisses vont souvent de pair. L'enfant tire ses propres conclusions sur le monde qui l'entoure. Il commence ce long chemin qui mène vers l’âge adulte. Un chemin périlleux autant pour l'enfant que pour les parents...