Sur le bout de la langue...
L'automne m'aspire. Tombe la pluie. Gèlent les nuits. Je combats un certain spleen qui absorbe la lumière de mes mots. Les jours rétrécissent. Les petits soucis de la vie s'amusent de mes heures. Grimaces de saisons.
Je brouillonne des idées dispersées sur des carnets de papiers. Je m'éparpille. J'assemble mes bouts de quotidien. Je materne. J'aime. Je cogite. Je chagrine. Je raisonne. Je travaille. Je vis.
J'écris des articles avec des sujets précis. Mais l'inspiration personnelle me boude. À moins que cela ne soit ma pomme des bois qui boudasse un schouïa.
Dans la forêt dénudée, il n'y a plus que les mélèzes qui flamboient. Le spectacle d'automne est fini. La nature prépare son long sommeil hivernal. Les jours grisaillent. Certaines nuits chuchotent des rumeurs de flocons givrés.
Les décorations d'Halloween fleurissent sur les perrons. Les citrouilles découvrent des faces goulues. Elles mâchouillent la saison avec d'effrayants sourires. Bientôt les petits monstres envahiront les rues et l'on sera de la partie...
Aujourd'hui, non sans un soupir, je constate que le petit chat semble perdu. Petit chaton noir disparu? Je boudasse. Et j'en profite pour barbariser cette langue que j'affectionne.
Alors, quitte à faire, autant en profiter pour la décortiquer un coup avec une expression choisie. Je découvre l'ancienneté de celle-ci qui a évolué avec la langue qu'elle emploie. Une expression ancestrale qui s'adapte au fil de temps.
Cependant j'ajouterais ma nuance personnelle de cette expression que j'utilise de temps en temps. En effet, j'aime aussi l'utiliser non pas tant pour "envoyer bouler" des personnes mais plutôt la stupidité. Ayant une fâcheuse tendance à envoyer paître la connerie (surtout lorsque la patience me fait défaut).
EXPRESSION via Expressio.fr
« Envoyer paître »
SIGNIFICATION
Se débarrasser (de quelqu'un) avec brusquerie. Envoyer promener.
DÉFINITION
On l'a oublié parce que qu'on ne l'utilise plus sous cette forme, mais le verbe paître a d'abord été transitif, puisqu'au XIIe siècle il signifiait, au sens propre, « nourrir un animal », version d'où nous vient repu, issu de repaître (également transitif à l'époque), toujours largement utilisé, qui cohabitait avec pu, pour « nourri » (lorsqu'on a été pu et repu, l'estomac est forcément bien rempli). Ce verbe a aussi eu d'autres significations, de « conduire au salut », en religion, à « tromper », au XIIIe siècle, lorsqu'en employé avec faire ; selon Rey et Chantreau, on a même eu au Moyen-Âge un faire paître avec soi qui signifiait « attirer dans son parti par des promesses ».
Aujourd'hui, le verbe est principalement intransitif, puisqu'on ne paît plus les animaux mais qu'on les fait paître lorsqu'on les mène aux champs. Et comme les champs « broutables » ne sont pas forcément à proximité immédiate de la ferme, faire paître les animaux, c'est souvent les éloigner vers un champ à distance. Il est donc aisé d'imaginer que notre expression est une métaphore de cet éloignement, l'importun étant brutalement envoyé au loin pour éviter qu'il continue à déranger.
Mais il faut savoir que si l'expression est apparue au XVe siècle (attesté en 1461 chez François Villon), dès le XIIIe, faire herbe paistre, également en rapport avec le sens de « tromper », s'utilisait pour « mener comme un sot, en dupant ». Ceci explique que, dans son Dictionnaire français publié en 1680, César Pierre Richelet, donne à notre locution la signification « envoyer promener comme un sot ». De nos jours, on a donc oublié la sottise de l'importun pour n'en plus considérer que le côté dérangeant justifiant qu'on cherche à l'éloigner sans ménagement.
COMPLÉMENT
« Et quand Edmond avait remis ça en le raccompagnant à la gare de Lyon, l'autre mois, le docteur Barbentane l'avait envoyé paître. » Louis Aragon - Les beaux quartiers - 1936
Petit chat noir enrôlé pour Halloween se changer en Gobolino chat de sorcière. Je croise les doigts pour qu'il revienne à temps pour l'anniversaire de novembre.
RépondreSupprimerC'est une jolie version d'une même pensée que j'ai eu... Malheureusement je crains qu'il ne se soit fait croquer par le renard bien nourri qui rode dans les parages! :(
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