D'humanité et de parentitude...
Ah! La nature humaine, aussi riche que pauvre, aussi stupide qu'intelligente, aussi vile que bonne, aussi fascinante que répugnante. Est-ce qu'être humain, ce n'est pas rechercher constamment l'équilibre qui nous sauvera de la perdition?
Parfois je me demande si la pure beauté de notre humanité ne réside pas en ces équilibres qui nous éloignent du chaos. Peut-être est-ce pour cela que le Cirque du Soleil marche si bien, il accroche des soupçons de cette universelle humanité équilibriste qui coule en nos sangs...
Les semaines passent. Novembre se fait beau comme un prince. Je retrouve ce rythme de cervelle que j'ai soigneusement étouffé durant ces années où je ne me suis consacrée qu'à elle. Mes affaires roulent, non pas sur l'or mais sur le bronze, c'est cool. Je travaille fort à bien faire. Et cela va assez bien pour que j'aie envie de toucher du bois afin que cela ne s'estompe point. Mais alors que je reviens parmi le monde des "adultes" encore une fois la complexité humaine m'intrigue, me fascine et m'attriste tout à la fois. C'est ainsi...
M'zelle Soleil grandit et j'étouffe cette bouffée de nostalgie qui peut me noyer en ce passé qui nous forme. L'émotion puissante me tire de l'arrière et je me rappelle à la raison pour aller de l'avant. Vivre le présent est de rigueur. Ce qui est fait n'est plus à faire! Je soupire et accepte cette réalité. Une étape est passée.
À partir de quatre ans, la petite enfance s'achève. La partie la plus pure de notre développement humain. Peut-être la plus dure pour certains parents mais surement la plus douce pour moi. Je le confesse, je suis en adoration devant la petite enfance. C'est plus fort que tout, c'est instinctif, viscéral. J'aime les tout-petits et cette vérité, cette pureté, cette innocence qu'ils dégagent...
M'zelle Soleil grandit, sa personnalité aussi. Son langage aujourd'hui totalement acquis devient l'un de mes dadas. J'étudie sa progression linguistique le sourire au lèvres. Je suis une fière maman qui s'extasie en son cœur à l'entendre dire des choses comme "Maman, je me suis rendue compte de...blablabla lalalala... Maman, ce n'est pas grave, on va faire comme blablabla lalallala..." Ou encore "Mais maman, rendue à 4 ans, je suis une grande fille. Une petite fille "grande" je veux dire!". Elle parle tant et si bien qu'elle entourne son pauvre père qui y perd parfois la tête: "Mais Lily, jamais tu te tais genre dix secondes, tu as vraiment toujours quelque chose à dire, c'est fou! T'es une vraie fille!"
Quant à moi, je l'écoute utiliser une grammaire dont elle n'a aucune conscience avec une facilité déconcertante. Son vocabulaire, de plus en plus dense, m'enchante. Fierté maternelle quand tu nous tiens, tu serres bien! J'en perds presque mon souffle! Elle aligne les phrases en des suites construites. Juan remarque même qu'une fois lancée, elle est capable de disserter plus longuement sur un sujet que lui! Son raisonnement de petite fille s'étoffe aussi. C'est un étrange bonheur que de l'écouter essayer de nous expliquer la vie. Et maintenant lorsque nous ne sommes plus à son goût nous devenons "Les parents" (tadatadadam!), jusqu'à ce qu'elle s'exclame ce genre de phrase: "Pour les parents c'est des fois difficile de comprendre les petites filles!" Et plus les petites filles sont grandes, plus les parents doivent s'accrocher!
Je réalise alors que pour me guérir l'âme de la nostalgie de ces années bambines, je pense souvent à l'enrichissement humain que nous apporteront ses prochaines années d'enfance. Là où nous, "les parents" continueront d'apprendre et de grandir à ses cotés. Okay, je crois que j'ai définitivement été contaminée par Harmonium et ce refrain précis : " (...) on a mis quelqu'un au monde on devrait peut-être l'écouter...tililidamdam..." J'ai définitivement écouté cette chanson avec beaucoup trop d'attention et de conviction! D'ailleurs je suis encore bien affectée puisque je peux me faire des boucles sporadiques de cette intemporelle chanson et en ressentir les mêmes sensations!
Combien de fois en mes jeunes jours, alors que j'étais fraiche et pimpante, les fesses rebondies et les seins hauts perchés, ai-je pu rêver de cet instant précis où je serais devenue mère, devenue vieille, mais où j'aurais en ma vie cet enfant que j'écouterais?
Des centaines, des milliers de fois? Surement assez de fois pour me le tatouer entre deux neurones! Et voilà que ce jour approche perceptiblement. Et c'est correct. Je m'y fais. Je suis même prête à l'apprécier...
J'en parle avec Juan qui s'inquiète de sa personnalité bien trempée lorsque nous devons creuser en nos réserves de fermeté et de discipline parentale (oh! pas drôle!).
Il s'inquiète de sa répartie fulgurante alors que je me marre dans mon coin car je reconnais trop bien cette essence qu'elle dégage. Je me suis reproduite. Bang! Dans la vie, il faut savoir se regarder dans d'autres miroirs que celui de Narcisse. Ma fille est désormais la prunelle de mes yeux et le miroir de mes années à venir. Il ne nous reste donc plus qu'à l'éduquer! Le défi est aussi grand que notre humanité. Tant mieux! J'en suis heureuse. Je réponds à mon homme qui frissonne à l'idée de ses années adolescentes:
- C'est vrai dans une dizaine d'années, elle va nous mettre nos vérités dans la face et cela ne sera pas grave, si on est pas trop cons, on sera capable de gérer et puis cela sera surement intéressant d'entendre sa perspective de la vie. J'ai même hâte de savoir ce qu'elle va nous sortir pour ébranler nos convictions de vieux croutons...
- Mais, Etolane, cela va être dur, j'en suis sur. Elle va nous déchirer la cervelle...
- Oui surement mais en même temps cela doit être aussi trippant en un sens. On a juste à l'écouter pis à être des parents convenables...
- Mais on fera quoi après avoir écouté?
- Ben on considérera ce qu'elle nous dit...
- Ah! Ouais. C'est pas fou.
- Merci.
Et c'est vrai que je n'ai pas peur de discuter avec elle et d'être confrontée aux fougues de sa jeunesse. Je n'ai pas hyper hâte non plus mais je n'ai pas peur. Je crois que cela nous gardera en forme, alerte. Cela approfondira notre existence. J'ai bien plus peur de vieillir, de me flétrir ou de m'aigrir...
Et lorsque j'imagine mon brin de fille devenue femme, je l'imagine douce, belle comme un cœur, fraiche comme une rose, et si possible intelligente autant du cœur que de l'esprit. Je l'imagine à son meilleur. Je suis persuadée que si l'on y arrive à proximité de cet état de vie alors que je sois devenue vieille et flétrie aura bien peu d'importance. Car j'aurai atteint un nouvel équilibre humain...
beaucoup appris
RépondreSupprimerune belle poésie que celle d'accompagner des petits humains XXX
RépondreSupprimerJe vois qu'on partage la même vision pour nos enfants. :)
RépondreSupprimerJe continue à te lire avec plaisir et attention. Tu m'inspires dans les moments défis de cette belle et fulgurante petite enfance.
RépondreSupprimerAnonyme, cela pique ma curiosité, aurais-tu un exemple? ;)
RépondreSupprimerVéro, oui c'est d'une poésie infinie! :D
Jane, heureuse de ne pas être la seule! :D C'est que c'est tout un défi...
Minutepapillon, merci de tes mots qui me touchent. Profites bien de celle que tu vis présentement, passé 4 ans, c'est vraiment une autre étape d'enfance...
Wow, très beau!
RépondreSupprimerJe dois avouer que je suis comme Juan, moi aussi ça m'inquiète un peu l'adolescence et ses impertinences, mais je crois aussi comme toi qu'en écoutant nos enfants, on règle bien des imbroglios.
Anouchka, il faut dire que Lizzie et Liloo auront peu de différence d'âge rendues à cette étape là! ;)
RépondreSupprimerJe ne saurai pas mieux dire....
RépondreSupprimerdu haut de ses 2 ans j'observe ma poupée s'approprier notre langue et je fonds