mardi, juin 30, 2009

Dé-cubée

Dé-cubée



La semaine dernière, nous sommes allés au dévoilement des gagnants du concours "hypercube". La soirée se tenait au Club Soda à Montréal. Peu sure de gagner mais avec quand même avec de l'espoir au coeur, je me laisse emporter par l'entrain de Juan pour aller faire un tour de ville. J'accepte de jouer le jeu jusqu'au bout! Mais tout d'abord, il nous faut trouver un hôtel digne de ce nom...

Vu l'incertitude de la soirée, j'ai pensé qu'un bel hôtel était de circonstance. Que cela soit pour consoler sa peine ou exprimer sa joie, dans tous les cas de figure, autant le faire "in style". Alors que je parcourais la toile à la recherche d'aubaines, Marie-Julie me conseilla d'aller faire un tour du coté de Hotwire. J'en avais entendu parler mais je n'avais jamais exploré la chose. Épatée, je découvre que je peux nous trouver une chambre quatre étoiles au prix de deux! Cela semble presque trop beau pour être vrai. Quatre vingt dollars pour un hôtel de luxe? Elle est où l'arnaque?

L'arnaque se situe dans l'inconnu. Si l'on sait que l'on atterrira dans un quatre étoiles, l'on ne sait absolument pas lequel! Pour le savoir, il faut réserver et une fois que l'on a réservé, impossible de faire marche arrière (sans y perdre ses sous)! Enfin dans le pire des cas, l'on finit quand même dans un quatre étoiles au centre ville! Je me lance. Je réserve la chambre. J'apprends alors que l'on sera logés au Hyatt Regency. Coïncidence ou signe de chance, l'hôtel se situe à cinq cent mètres du Club Soda. Si l'on avait voulu choisir, l'on n'aurait pas pu trouver plus proche...

L'on arrive à Montréal sous une chaleur caniculaire. Inutile de dire que le confort de l'hôtel est apprécié. L'on profite de cette escapade sans enfant. L'on réalise vite que c'est la deuxième fois que cela nous arrive depuis qu'elle est née! C'est presque étrange de se retrouver ensemble, seuls, ailleurs, sans elle. Il faut nous réhabituer à cette dynamique de couple qui fut la nôtre. L'on a juste le temps de se préparer avant que nos amis Alex et Kay nous rejoignent.

Nous partons donc pour la fameuse soirée. Quand même stressée je suis. Il faut avouer qu'à force de jouer le jeu de la course au cube, j'ai fini par vraiment la désirer! Je me suis inscrite plus par besoin que par amour de la voiture. Au début je la trouvais même plutôt laide. Et puis, à force d'y penser et de rêver à ces ailes qu'elle pourrait me donner, j'ai fini par avoir un petit "crush"...



L'on arrive au Club Soda en trois pas. Sur scène, un DJ met de l'ambiance. Deux voitures trônent dans la place. Deux bars à bonbons attirent les regards. Alex et Juan s'amusent à observer le moteur, toucher la carrosserie, s'assoir à l'intérieur. Moi je préfère rester à l'écart. Je la toucherai si je la gagne. Sinon cela ne pourra que me faire plus mal! J'avale deux "rhums and Coke" d'affilée. Cela calme mes nerfs aiguisés. J'ai de l'espoir même si j'ai quand même du mal à y croire...



La soirée commence à se réchauffer. Le DJ est bon mais l'animateur est à pleurer (tellement il est mauvais!)! Heureusement que l'on est pas là pour ses beaux yeux! Arrive bientôt le paroxysme du moment tant attendu. Le dévoilement des gagnants. Dans les premiers noms je découvre celui de ma twitter copine. Je suis super contente pour elle. Cela me fait sourire. Les noms continuent de défiler. Lorsque je vois que le p'tit cul de Québec (mon seul concurrent réel) a gagné. Je doute plus que jamais. Arrive le dernier nom de la liste. Ce n'est pas le mien. La balloune se dégonfle. Pfffff.... Le rêve s'est envolé. Ainsi va la vie qui passe. Juan m'embrasse. Mes amis me sourient.

L'on a rien gagné et l'on a rien perdu. Enfin si, l'on a gagné une soirée en ville avec nos amis et l'on a perdu un peu d'espoir! L'on a aussi trouvé l'occasion de changer d'air. C'est pas si souvent que l'on se retrouve le soir sur St-Laurent! Alex me fait remarquer que c'est la région de Montréal qui a tout ramassé! Sur 13 voitures, 10 se retrouvent dans Montréal et ses banlieues. Disons que les régions sont bien lésées! L'on sent bien la tendance marketing qui se dessine! Je pense à certains qui n'ont pas gagnés et qui se sont vraiment donnés à fond pour l'avoir. Je me dis qu' il doit y en avoir des encore plus déçus que moi dans l'assemblée.

Je me souviens de la réaction étonnée d'une amie (qui pensait que le fait que certains en avaient plus besoin que d'autres devait aussi entrer en ligne de compte) lorsque je lui avais expliqué que j'avais peu de chance devant le p'tit jeune de Québec. Il était en plein dans le public cible, il s'était démené comme un petit diable et il correspondait certainement davantage au truc recherché que ma pomme (mûre) des bois. Car il ne faut pas se leurrer si l'on fait miroiter la carotte de la créativité (et de la chance), c'est bien le Dieu marketing qui fait les règles du jeu. Mon amie Kay s'exclame:

- Oh c'est pas juste! Je suis sure que t'en avais plus besoin que lui!
- Oui, bien possible...

Mais Nissan ne fait pas dans le social. Nissan fait dans le marketing. Si la tendance mondiale penchait plus du coté social que du coté marketing, la planète tournerait autrement! Enfin si l'on avait une chance sur dix de gagner, l'on en avait aussi neuf de perdre! J'avale ma déception et laisse quelques vagues d'amertume me lessiver la face! Dépitée mais pas dévastée.

Je sais bien que j'aurai pu mettre plus d'énergie à courir après la carotte (mais je n'en avais pas la force). Plus mulet que mouton je n'ai certainement pas mis toutes les chances de mon coté. Si j'ai misé sur le coté artistico-littéraire du canevas, je n'ai pas trop plongé dans le coté marketing du truc. J'y suis surement allée un peu trop intello... Je savais que selon la logique marketing, la vieille capitale s'en mériterait surement une. Et de ce coté là de la province, nous étions deux. Ma pomme et le p'tit jeune. Peut-être que si Montréal n'avait pas tout raflé, j'aurai eu plus de chance. En tout cas, je remercie chaleureusement tout ceux qui m'ont soutenue dans cette aventure...

Alors que je suis assaillie par un flot de pensées tumultueuses, Alex nous fait remarquer que l'atmosphère de la soirée vient de tomber comme un soufflé raté. C'est vrai que sur deux cent personnes, cent cinquante déceptions, cela plombe l'ambiance! L'on sort pour aller respirer l'air nocturne de la ville. Juste avant de partir les hommes dévalisent le bar à bonbons (encouragés par les serveuses toutes sourires)! L'on repart les poches plein de sucreries. Alex et Kay (qui ont aussi laissé leur bébé chez ses grands-parents) profitent avec nous de ces instants de liberté. L'on est tous contents de se retrouver en couple. Les hommes un peu plus que les mères qui finissent toujours par ressentir une petite mélancolie à la pensée de leur rejeton. Quelques souvenirs urbains remontent à la surface de mes humeurs...



Je regarde les buildings qui grimpent au ciel. J'aspire l'air urbain, plus dense, plus pollué que celui auquel je me suis habituée cette dernière décennie. Je perçois des soupçons de ma montréalité atrophiée. L'on s'assoit sur un coin de trottoir. Les garçons trippent sur les Bixis que l'on voit partout. Kay se sucre le bec. Un itinérant s'approche clopin-clopant. Il me parle de je ne sais quoi. Je lui réponds que je ne sais pas. Un étrange fil de conversation se tisse. Cela me rappelle ce temps révolu où je conversais avec des junkies (perdus en une impasse du centre-ville), aux petites heures de la nuit. L'homme me dit qu'il est originaire de l'île d'Orléans. Cela m'étonne un peu. Sans préjugés ni frayeur je lui donne deux minutes d'attention. Il passe son chemin sans heurts ni fracas (avec un sourire édenté en bonus).

La nuit est douce. L'on retrouve bientôt notre hôtel ultra confortable. L'on discute encore un peu avant de se séparer. Des hordes de finissants en habits de bal font la fête dans le hall d'entrée. Cela aussi rappelle des souvenirs d'antan! Il est presque trois heures du matin. Exténués, l'on tombe dans des draps qui sentent bon le propre et le frais. Le lit qui nous accueille est encore plus douillet que le nôtre. Un vrai délice de Morphée. C'est déjà cela de gagné...


lundi, juin 29, 2009

Lundi pluie

Lundi pluie...

Lac de pluie...

C'est sous une pluie diluvienne que commence la semaine. Une atmosphère pluvieuse qui est arrivée depuis quelques jours déjà. À peine réveillée, j'allume la chaine météo. Le présentateur explique: "Alors il pleuvra en ce début de semaine et les nouvelles ne sont pas bonnes. Il pleuvra aussi en milieu de semaine... en fin de semaine et peut-être bien en début de semaine prochaine...". Bon! On a détourné la mousson qui ne tombe pas en d'autres coin de la planète! Ici, d'après ce que j'en comprends, un creux dépressionnaire est bloqué entre deux courants jets. Le météorologue explique que c'est un cas de blocage oméga. Le ciel s'accorde à mon humeur. En ce début de semaine pluvieux, je me secoue les neurones pour reprendre le travail...

Quoi de mieux qu'une petite expression choisie pour bien commencer ce lundi gris? Voici une expression que j'utilise autant que je peux la vivre (par procuration). Ainsi le nom de mon mari se situe un peu dans cette définition. D'ailleurs la première fois que je l'ai lu (sur la boite aux lettres du voisin de mon amie d'enfance) c'est exactement ce que je me suis dit en riant"Ayoye, c'est quoi ce nom à coucher dehors?!?". Dans ce temps là, je ne me doutais pas que ce nom particulier deviendrait celui de ma fille! Un nom que je ne porte pas même si je suis mariée mais qui fait entièrement partie de ma vie. Une expression qui, une fois expliquée, fait plus de sens que je ne lui en avais jamais trouvée!

EXPRESSION
via Expressio.fr
« Avoir un nom à coucher dehors »

SIGNIFICATION
Avoir un nom très difficile à prononcer et/ou à retenir.

ORIGINE
Aujourd'hui, que vous vous appeliez Andreszjw Kraszwieskichigawa ou Hildegarde von Geschwätzschwarzwaldzahnartz, on vous accepte à l'hôtel sans aucune difficulté. Mais autrefois, au Moyen Âge et bien après, en ces temps reculés où les sirènes des patrouilles de police ne résonnaient pas encore et où les brigands troussaient la gueuse et détroussaient le gueux, les aubergistes étaient d'un naturel extrêmement méfiant. Une fois la nuit tombée, pour se faire admettre dans une auberge, il fallait montrer patte blanche, c'est-à-dire d'abord énoncer son patronyme. Et celui qui n'avait pas un nom très 'chrétien' avait de fortes chances de se voir éconduire et de devoir passer son chemin ou coucher à l'écurie. Ensuite, une fois admis, la tenue vestimentaire et la noblesse du nom avaient leur importance pour l'affectation des plus belles ou plus inconfortables chambres. Quand on sait que les auberges étaient nettement moins répandues que les hôtels ou motels aujourd'hui et qu'il y avait de très faibles probabilités de pouvoir se faire prendre en stop pour tenter de se faire accepter au suivant, celui ayant un nom à coucher dehors avait intérêt à avoir de quoi bien se couvrir pour passer la nuit.

Au fil d'un jour...

Au fil d'un jour...

L'on vient de coucher M'zelle Soleil. Le silence de la nuit nous entoure de sa paix estivale. Juan soupire, il se tourne vers moi.

- Je me demande combien de fois elle va me briser le cœur...
- Ben, combien de fois elle te l'a brisé à date?
- À date jamais. Mais j'ai une vague impression que cela va ne durera pas. Je n'ai jamais eu le cœur brisé...
- Cela sera peut-être moins pire que tu le crois. Peut-être qu'elle t'épargnera...


Pour moi qui n'ai jamais partagé d'affection paternelle en mon enfance, je peux comprendre sa crainte tout en étant intriguée par ce concept. Je sais combien il aime sa fille. C'est un amour fort, dénué de toute sexualité, un amour masculin qui habite entièrement son coeur. Un amour qui me fascine sans pour autant me menacer.

Depuis que j'ai donné naissance à sa fille, je vois ce nouvel amour s'installer en sa vie. Je ressens la même émotion. En mettant au monde cette enfant, je suis tombée en amour. Un amour qui a jailli du plus profond de mes entrailles. Un amour qui me possède toute entière. Mais alors que mes craintes intimes se situent au niveau relationnel, ses craintes à lui me paraissent plus sentimentales. L'amour que l'on peut ressentir pour son enfant est toute une aventure humaine...

jeudi, juin 25, 2009

...

Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nicolas Boileau

Les idées audacieuses sont comme les pièces qu'on déplace sur un échiquier : on risque de les perdre mais elles peuvent aussi être l'amorce d'une stratégie gagnante.
Johann Wolfgang von Goethe

Imitons l'abeille, elle fait de grandes randonnées, sans perdre son objectif.
Louis-Marie Parent

lundi, juin 22, 2009

D'eau et de vie

L'été est arrivé...

Picnik collage

Le village où je vis n'est pas tout à fait un village comme le veut sa définition: "Groupe de maisons à la campagne, plus petit qu'une ville, mais plus grand qu'un hameau, qui possède une mairie, des commerçants, des artisans". Autour de chez nous c'est plutôt la forêt que la campagne. Mon village c'est aussi un hameau qui se prend pour une ville...

Nous avons certainement un hôtel de ville qui est même rattaché à une minuscule bibliothèque (ouverte 6 heures par semaine). Le budget de la municipalité est loin de faire pitié. Pour tout commerçant, il y a un dépanneur... qui dépanne... Coté artisans, il y a un ébéniste. Et il y a aussi ma pomme d'artiste...

Ma pomme d'artiste photographe qui exposera, en juillet, pour la deuxième année à la galerie locale. Une petite exposition de trois semaines pour mes images de lac qui prendront leur place entre deux peintures. L'année dernière, l'exposition estivale avait coïncidé avec notre voyage en Acadie. Du coup, je l'avais raté. D'après ce que j'en ai su, mes photos avaient été parmi les œuvres les plus populaires. L'art abstrait avait fait fureur! Cependant, à part déposer et reprendre mes cadres, j'avais surtout brillé par mon absence. Cette année, je serai plus présente. En attendant il va me falloir choisir et encadrer une dizaine d'images...

Il y a quelques années, l'une de mes nouvelles (un conte fantastique ayant pour thème le lac et village) avait été publiée en un recueil collectif. Un jour, il faudra que je la ressorte de ma mémoire empoussiérée. Mais revenons à ce minuscule village qui me voit vivre depuis bientôt une décennie. Nous ne sommes que quelques centaines à y résider à l'année longue (environ 300) et quelques milliers à l'habiter durant l'été (presque 5000). Mon village est, en fait, un lieu de villégiature à une quarantaine de kilomètres de la ville de Québec. Situé en bordure du plus grand lac de la région, c'est une destination prisée pour les citadins aisés. Car même si c'est un lieu de villégiature, rares sont les touristes qui y atterrissent. Ici, l'on ne retrouve que ceux qui louent ou possèdent une résidence secondaire. Et depuis quelques années les résidences secondaires se transforment en petits châteaux. Désormais pour acheter une maison directement sur le bord du l'eau, il faut sortir quelques millions...

Soixante-quinze pour cent du village est composé de résidences secondaires. À l'origine, c'était essentiellement des chalets d'été, des chalets habitables durant les beaux jours mais complètement oubliés l'hiver. En mon village, ceux-ci font encore légion. Ma propre maison fut à la base un chalet d'été qui a été transformé en une petite maison de pierre de rivière. Une vieille dame m'a, un jour, racontée que dans les années trente, il n'y avait pas de route pour se rendre jusqu'ici mais il y avait déjà quelques chalets. À l'époque, il y avait quelques auberges et un hôtel qui accueillaient les visiteurs en quête de nature. C'était le terminus d'une petite ligne de chemin de fer qui passaient par le village voisin. L'hiver, il fallait venir par ses propres moyens, en motoneiges et raquettes.

Le tour du lac (d'une trentaine de kilomètres) ne possédait que très peu d'habitations si ce n'était quelques cabanes de pêcheurs. Il y avait même un morceau de forêt sans route. La route qui en fit le tour n'exista pas avant les années quatre vingt. Dans le passé, le village était le seul point d'ancrage pour profiter de ce magnifique plan d'eau niché entre des collines verdoyantes. Officiellement le village a presque soixante ans. De nos jours, soixante quinze pour cent du tour du lac est habité durant l'été. Le tour du lac est désormais régi par trois municipalités, la nôtre, celle de "Ville du lac" (500 habitants l'été, 150 à l'année) et celle du village le plus proche. Celui-là est, à mon avis, un vrai village comme le veut la définition...

Situé à cinq kilomètres du lac, il possède quelques milliers d'âmes, une épicerie géante, trois stations essences et autant de dépanneurs, six restaurants, un pub, un comptoir à Sushi, un cordonnier, une boucherie, une pharmacie, une clinique, une douzaine de coiffeurs et esthéticiennes, une école, une poste, une Coop. Depuis dix ans que je vis en ce coin de pays, ce village n'arrête pas de grossir. Je pense qu'il a presque doublé de volume depuis que je le connais. Il semble en constante expansion! Certains disent que dans le futur, si l'étalement urbain se poursuit, il pourrait bien être absorbé par la banlieue lointaine de Québec!

Ce qui me fascine parfois, c'est que plusieurs des habitants de ce village-ci (que l'on pourrait de plus en plus prendre pour un bourg) n'ont jamais mis les pieds en mon village. Certains savent à peine qu'il existe. Il faut dire que mon village est une bulle...

Une bulle d'eau et de vent qui flotte en parallèle de la société active. Il y règne une grande beauté naturelle. Une paix sidérale. Mais ici, tout l'été, le village se nourrit de purs citadins pour s'animer les jours. Ceux-ci sont tous en vacances, cela offre tout de suite une autre ambiance. Plus proche du Club Med que d'un véritable village. En soi ce n'est pas vraiment désagréable. L'atmosphère familiale est géniale pour les enfants qui vadrouillent en toute sécurité. Tout le monde sourit...

Picnik collage

Ce qui n'est pas toujours agréable par exemple, c'est la transition que les locaux (ceux qui vivent ici à l'année comme moi) doivent effectuer avec les beaux jours. C'est accepter que l'invasion a commencé. Accepter de ne plus se sentir autant chez soi que l'on en aurait envie (ou l'habitude). Subir la dictature des règles estivales. Ne plus pouvoir emmener mon chien se baigner. Devoir lui trouver une laisse. Supporter les gardes qui patrouillent la plage aux airs de méditerranée. Supporter les rondes de ceux qui patrouillent en petite voiture blanche et qui passent sur ma rue boisée quatre fois par jour (parfois en beuglant à l'aide d'un micro les activités à venir). Cette petite auto blanche est, généralement, la seule voiture qui passe devant chez moi...

Ces jeunots vêtus d'uniformes bleu qui me font toujours penser à des espèces de stroumphs. Je préfère en rire qu'en pleurer! Ce sont de jeunes gardes qui se retrouvent en position d'autorité afin de faire respecter les règles estivales. Cela fait quelques années qu'ils surveillent le paysage humain. Car l'été, c'est vrai que le village se met à vibrer. Les tondeuses rugissent. Les bateaux bourdonnent. La plage municipale devient le lieu d'attraction pour tous ceux qui ne possèdent pas le privilège d'habiter au bord de l'eau. La plage de sable doux, large d'une quinzaine de mètres et longue de plus de cinq cent mètres se transforme alors en place centrale. Une plage où tout le village papote et barbote. C'est aussi une entrée de voie nautique avec des airs de parking à bateaux mais c'est une autre histoire...

Les gardes bleus sont une petite douzaine, tous dans la vingtaine, certains plus sympas que d'autres. Certains pour qui l'autorité monte à la tête et d'autres qui restent cools. L'été, chaque entrée de la plage municipale est gardée. N'y rentre pas qui veut. Pour profiter d'un carré de sable, il faut montrer patte blanche. En soi, c'est logique puisque l'endroit est déjà assez surexploité comme cela, il faut limiter les dégâts. En pratique, c'est particulier...

Dans un sens, je fais moi aussi partie d'une certaine garde. Une garde verte. De ceux qui se battent pour préserver la nature de l'endroit. De ceux qui pensent qu'un lac, cela se protège plus que cela ne s'exploite. Mais ceci est le sujet d'un autre billet...

Woman Nature

samedi, juin 20, 2009

Conversation Roller-Poussette...

Conversation Roller-Poussette...

Roller times

M'zelle Soleil, bien installée dans sa poussette aérodynamique, a le vent dans les boucles. Bavarde comme une pie, elle papote à gogo. Elle pose toutes sortes de questions, raconte des histoires, explique ses observations. Elle chante beaucoup aussi. Le hit de la semaine? Les deux premiers couplets de cette comptine ancestrale: "À la Clairefontaine"...

Il arrive que l'on croise des vélos équipés de radio. Nous, l'on balade notre petite pie chantante! Il est bien rare qu'elle arrive à se taire plus d'une minute à la fois! Du coup, comme je pousse, je me retrouve à converser en soufflant. Parfois lorsque le rythme cardio est trop élevé, je ne réponds plus que par des sons indistincts. D'autres fois, les conversations s'enchainent et la communication est au beau fixe...

La longue piste que l'on pratique en patins traverse Wendake, un micro village indien caché entre deux quartiers de banlieue. En patins, traverser Wendake prend à peine dix minutes. En son coeur l'on longe une étrange bâtisse toute neuve avec une tour en forme de teepee inachevé ( l'hotel-musée de Wendake). Cependant, si l'on n'y fait pas attention, il est facile d'oublier que l'on est en territoire indien. Il faut avouer que ce n'est plus qu'un mouchoir de poche dans la tentaculaire urbanisation de l'homme blanc. Pourtant, si l'on y regarde de plus près, l'on peut remarquer une subtile différence d'atmosphère. Alors que l'on entre dans Wendake, je dis:

- Ah, nous voilà au village indien!

M'zelle Soleil se retourne et me demande:

- Y sont où les indiens?

- Y sont dans leurs maisons ma puce....
- Mais Maman les indiens y battent les gens!
- ?!?!?!?

Silence estomaqué. Mais où a-t-elle bien pu pêcher une telle idée? C'est certain que c'est une idée qui fait partie d'un certain inconscient collectif, mais bon! Vu que je cultive une profonde affection pour la culture amérindienne, je doute qu'elle ait pu l'attraper en notre foyer. A-t-elle pu la pêcher à la garderie? Inévitablement puisqu'il n'y a que là que son univers m'échappe. Tout en roulant, je rumine intérieurement sur cette question. Elle insiste:

- Hein maman? C'est vrai hein? Les indiens y battent les gens!
- Heu non, je crois pas...

- Y batte qui alors?

- Ben je dirais plutôt que c'est les gens qui battent les indiens!

- ?!?!?


Du haut de ses trois ans et demi, c'est à son tour de me lancer avec un regard étonné. Un regard, plein d'innocence, qui évoque une sensation de surprise que je laisse macérer en son jus d'enfance...

vendredi, juin 19, 2009

Les anglais ont débarqué

...

Cette semaine je choisis une expression que je n'ai, personnellement, jamais employée. Pour l'avoir entendue à quelques reprises, je me suis toujours demandée quel était le rapport avec la choucroute! Ce soir, je me coucherais moins bête! Cependant aucun des exemples donnés en compléments de cette expression ne me dit quelque chose (à part les ragnagnas). Bizarre...

Avez-vous par chez vous une expression de prédilection à ce sujet précis? À noter qu'au Québec l'on parle plutôt de menstruations que de règles pour définir cet état féminin universel. L'on dit même en toute simplicité: "Je suis menstruée". Pour ma part je me contente généralement d'utiliser la version générique de la chose (telle que signifiée en cette définition).

C'est un état particulier que je ne cache point à ma fillette ,puisqu'une fois devenue femme, elle entrera elle-aussi dans le cercle privilégiée de la fécondité. Et même si ce n'est jamais une partie de plaisir, cela fait partie intégrante de notre féminité. C'est la source de notre pouvoir ultime: celui d'enfanter le futur de notre humanité...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Les anglais ont débarqué »

SIGNIFICATION
Avoir ses règles.

ORIGINE
Cette expression ne date pas de juin 1944, mais de bien avant. En 1815, alors que Bonaparte a pris une dernière pâtée à Waterloo, les Anglais débarquent en France et vont l'occuper jusqu'en 1820. A cette époque, ils étaient habillés d'uniformes rouges. Le lien entre ce flot d'Anglais rouges envahissant le pays et la Capitale et le flux rouge du sang menstruel a été facile à faire dès 1820 dans le parler populaire parisien, en (mauvais) souvenir de l'occupant, alors qu'il rentrait chez lui.

COMPLEMENTS
Compte tenu du sujet traité, il est de règles et pas super flux de rappeler quelques autres appellations très poétiques de la chose : Avoir ses ours- Avoir ses ragnagnas - Ecraser des tomates- Être empêchée / gênée- Faire relâche- Jouer à cache-tampon- Recevoir sa famille- Repeindre sa grille au minium

Il est aussi intéressant de montrer l'avis qu'avait Pline l'Ancien d'une femme menstruée en 78 après J.C. : « [...] Dans toute autre époque les règles coulant, si la femme fait nue le tour d'un champ de blé, on voit tomber les chenilles, les vers, les scarabées, et les autres insectes nuisibles. [...] L'attouchement d'une femme en cet état gâte ressource les jeunes vignes, et fait mourir incontinent la rue et le lierre, plantes douées de vertus très puissantes. [...] Cependant il est encore certain que les abeilles désertent leur ruche touchée par une femme en cet état; que les lins noircissent dans la chaudière; que le fil du rasoir s'émousse dans la main du barbier; que les vases de cuivre touchés contractent une odeur fétide et se rouillent [...] »

jeudi, juin 18, 2009

En vadrouille

Jeudi Twitterville

La belle saison me fait de l'oeil et je vadrouille à droite et à gauche. J'avale les kilomètres au volant et en Roller. Les journées défilent. Mon implication au sein de l'association pour la préservation du lac prend toute son importance durant les beaux jours. Bientôt une petite escapade montréalaise, puis l'homme sera en vacances. À la maison. Gros projets de rénovations en cours. Le festival d'été sera bientôt en ville et une idée de Parc Safari s'organise...

M'zelle Soleil pousse comme une jolie fleur assaisonnée d'engrais. Au fur et à mesure qu'elle grandit, je retrouve les bases de mon autonomie (individuelle). C'est tout un processus qui me reconstruit. Notre couple, fusionné à la famille que nous formons aujourd'hui, s'épanouit. C'est le cours de la vie qui s'inscrit en nos gènes...

Peace and Nature

De la poule à l'ânesse: Maintenant que les réseaux sociaux s'intègrent en notre quotidien, la dynamique bloguesque évolue, l'on s'éparpille davantage. Juste avant de m'effacer, un petit aperçu de ce qui se passe en mon" Twiterville"...

- vadrouille... tandis que le ciel s'ombrage... http://tinyurl.com/nx4sns
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RT @onf Dans le ventre du moulin ou le regard de l'équipe d'Ex Machina sur le Moulin à Images de Robert Lepage. http://bit.ly/cuKY9
- D'aussi loin que je puisse être je les soutiens en mon âme et conscience RT @Alyssa_Milano Iran's Women Revolution. - http://bit.ly/920XV
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RT @Alyssa_Milano Amazing photo's. Warning: Graphic. RT @AnnCurry: looking at images #iranelection .... http://tinyurl.com/nthyt7
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revient d'une Roller-Ride de plus de 15 kilomètres (en trio familial). Fin août on se fait un 40km les doigts dans le nez!
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RT @endirectdesiles Les dessous d’une élection fabriquée/fraude organisée pour sauver le pouvoir absolu du Guide suprême http://is.gd/13GNy
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Sur Flickr, un photostream qui témoigne des dernières émeutes iraniennes http://tinyurl.com/m2lubs
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entre deux cumulus... ♫ http://blip.fm/~8ea2o
- RT @mariejugag Votre bagnole date de 1995 ou avant? Faites de l'air! www.faitesdelair.org
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Tadou: l'heure des bilans http://tinyurl.com/lzsthy

mercredi, juin 17, 2009

M'zelle Soleil entre deux nuages...

M'zelle Soleil entre deux nuages de lac ombragé...

M'zelle Soleil entre deux nuages

lundi, juin 15, 2009

Petits bonheurs de week-end...

Petits bonheurs de week-end...

Avec un peu d'avance, l'été nous a fait un sympathique clin d'oeil. Comment résister à son charme tant attendu?

Samedi matin, j'ai trouvé Juan endormi dans le lit rose de princesse aux cotés de sa fille enchantée. C'est quand même un grand bout d'homme pour un tout petit lit (mâle d'un mètre quatre vingt un pour un matelas d'un mètre vingt)! Une image, aussi surréaliste que comique, qui m'a fait sourire toute la journée.

M'zelle Soleil et Raphy (la petite voisine) s'éclatent d'une maison à l'autre. Jeux d'eau et tourbillons de fillettes en folie. Question du jour: combien de fois des filles peuvent avoir l'idée de changer de maillots de bain (ou robes)???

L'homme baille rien qu'à y penser. Il se transforme en marmotte du jour. Une petite visite de Vanou pour réveiller notre après-midi qui s'achève. Une virée à la plage avec les fillettes dans le soir doré. Première baignade intégrale pour Juan et M'zelle Soleil (accompagnés de Raphy). Rentrer à la maison du sable plein les pieds...

Une excellente quiche au saumon et quelques verres de cidre plus tard, nos jasettes féminines dérivent. Lorsque la conversation vire "applications de tampons", l'homme lève les sourcils sans mot dire. La nuit emporte Vanou qui, comme Cendrillon, rejoint son lit avant que ne sonne minuit...

Dimanche, comme toujours, passe à la vitesse de l'éclair. Pendant que M'zelle Soleil va voir ce que fait Raphy, nous nous offrons un petit "bed in"matinal. Humeur Lennon et pensées hippies. Une idée en amène une autre... Y'a rien comme l'amour le matin pour bien commencer une journée! Filer une heure à la plage juste avant que le soleil ne disparaisse derrière d'épais nuages.

Une heure en ville pour magasiner. Une heure sur patins à explorer le corridor des cheminots (coté Wendake). Je la pousse, il me pousse et l'on se transforme en un caravane familiale. M'zelle Soleil apprécie nos "virées patins" plus qu'on aurait jamais pu l'espérer. L'on s'entraine pour un quarante kilomètres d'ici la fin de l'été. Nous rentrons avec le soir qui se couche. La nuit qui tombe ferme la boucle de cette fin de semaine. Coucher notre petite fille exténuée. Soupirer. Bavarder. Se préparer à affronter une nouvelle semaine...

...

Celui qui chante va de la joie à la mélodie, celui qui entend, de la mélodie à la joie.
Rabindranàth Tagore

Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière petite goutte nous fait encore vivre.
Jean Giono

Être capable de trouver sa joie dans la joie de l'autre : voilà le secret du bonheur.
Georges Bernanos

jeudi, juin 11, 2009

pipi caca zizi et bille de fille

Conversation à la dérive...

Alors que les blagues de M'zelle Soleil finissent inévitablement en "pipi-caca-prout" (suivi d'une crise de fou rire), je commence sérieusement à saturer de ce concept enfantin. Tellement que je fais maintenant mine de m'endormir lorsque ces mots jaillissent sous mon nez de maman blasée...

Au début cela déstabilisait la Mini Miss mais depuis peu, elle commence à apprivoiser le truc (et semble partie pour essayer de m'endormir à sa guise)! Ses conversations sont de plus en plus réfléchies, ses constatations sont de plus en plus fines. C'est l'enfance qui s'épanouit en ma bulle de "mamamitude"...

Elle perçoit de mieux en mieux le concept du temps qui passe, des minutes et des heures qui s'écoulent. Elle connait sa droite et sa gauche. Parfois elle n'est pas loin de nous expliquer la vie et d'autres fois elle ne cherche qu'à expliquer ce qu'elle comprend du monde qui l'entoure. Elle est en pleine évolution verbale et il arrive que le bateau dérive...

Ce soir, alors que nous sommes est en route pour une expédition Rollerblade, M'zelle Soleil nous entraine dans une drôle de conversation.

- Papa, les filles elles ont une bille et les garçons y ont un zizi!
- Mmmmm...
- Pis Maman aussi elle a une bille mais on peut pas la voir parce qu'elle a des poils!


Je fais une moue silencieuse tout en regardant le paysage qui défile. M'zelle Soleil poursuit.

- Pis, tous les garçons y ont un zizi, hein papa?
- Oui.

- Les grands garçons comme Noé et Guillaume y en ont hein? Et les petits garçons aussi?

- Oui, tous les garçons...
- Et toi aussi hein papa?

- Oui.

- Toutes les filles ont des billes. Pis les garçons ont tous un zizi, les petits garçons y ont un petit zizi hein papa?
Tout petit comme ça!
- Oui.

- Et les grands garçons un grand zizi?
- Mmmmm....
- Pis toi t'es un grand garçon alors t'as un grand zizi!


La conversation commence à prendre une sacrée tournure! Je laisse l'homme se dépatouiller de sa princesse tout en essayant de ne pas trop laisser paraitre mon amusement intérieur. M'zelle Soleil mime alors une grandeur entre ses mains...

- Toi, t'as un grand zizi comme ça hein papa?
- Heu!?! ....

- Il est grand comment ton zizi papa?
- Heu, ben comme tu disais...

- Mais il est grand comment? Fais avec tes mains, comme moi, je veux voir....


L'homme capitule, d'une main il écarte deux doigts pour pincer un morceau d'air....

- Ben heu, comme ça!
- Wahoou, c'est grand ça!


Je n'en peux plus. Je pouffe de rire. Ce qui a pour mérite de faire dévier la conversation vers des eaux plus tranquilles....

passe la vie

Passe la vie...

Certaines semaines sont plus difficiles à capturer que d'autres. Alors que ma discipline bloguesque se relâche un peu, je réalise que ce petit coin de toile existe depuis sept ans...

Au début de ce blogue, Flickr, Youtube, Myspace, Facebook, Twitter et tout le tralala n'existait pas. Les moyens du bord étaient plus limités. Je n'avais pas encore goûté à l'image numérique... c'était, quand j'y repense, une autre époque...

L'on ne parlait point de réseaux sociaux ou d'identité numérique, à peine si l'on parlait de blogues sans que son interlocuteur ne s'étrangle d'interrogation perplexe. Maintenant, j'ai la subtile impression que notre réalité se transforme. La virtualité pénètre le tissu du réel. Elle s'y conjugue pour développer une nouvelle dimension humaine. La planète se rétrécit et le monde s'accélère. Les nouvelles technologies font désormais partie intégrante de nos vies...

En ce moment, je prends mon temps. Je me connecte, déconnecte et reconnecte à mon rythme. Je me refais une santé. Je soigne mes maux. J'inspire la saison qui se renouvelle. Je prends le temps d'absorber, le temps de réfléchir, le temps de digérer. Le temps de me retrouver. Je macère un peu. Je mets des sauces en pots. Deviendrais-je vieille? Plus calme, plus sage, plus mûre? Une chose est sûre: l'idée de mes trente sept ans à venir (avec le prochain nouvel an) me réjouit moyennement....

Mais voilà bien trop longtemps que je n'ai pas choisi une expression à décortiquer. Cette semaine, je choisis celle qui me faisait frissonner lorsque j'étais petite et que j'avais presque oublié maintenant que je suis grande (vieille?)...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Se jeter dans la gueule du loup »

SIGNIFICATION
S'exposer imprudemment à un danger

ORIGINE
Même si, aujourd'hui, le loup a été largement réhabilité, il a été, depuis très longtemps et jusqu'à il y a peu de décennies, férocement combattu par l'homme qui le considérait comme une bête extrêmement dangereuse. Qu'il représente le démon ou la mort, ou qu'on le trouve sous la forme d'un loup-garou ou chez mère-grand en tant que grand méchant loup (à condition que la bobinette ait chu, bien sûr), l'animal n'a jamais eu bonne réputation. Dans l'imaginaire d'autrefois, sa dangerosité est bien évidemment lié à sa gueule et à ses crocs qu'il n'était pas vraiment souhaitable de voir plantés dans un de ses membres. "Se jeter en la gueule des loups", attestée au XVe siècle, était déjà une image qui voulait dire que celui qui, volontairement, s'approchait suffisamment d'une meute au risque de se faire déchiqueter, était d'une imprudence folle, tout comme celui qui, d'une manière plus générale, s'expose volontairement à un danger (dont il ne mesure pas forcément l'ampleur).

EXEMPLE
« Souvent les voleurs tombaient sous ma coupe à l'instant où je m'y attendais le moins : on eût dit que leur mauvais génie les poussait à venir me trouver. Ceux qui se jetaient ainsi dans la gueule du loup étaient, il faut en convenir, terriblement chanceux, ou diablement stupides. »
Eugène François Vidocq - Mémoires de Vidocq, chef de la police de sureté - 1829

mardi, juin 09, 2009

Acquit de conscience...

Acquit de conscience...

Avec les beaux jours revenus, nous faisons régulièrement des ballades en patins. M'zelle Soleil nous accompagne, bien installée dans sa poussette à trois roues. Je la pousse et parfois Juan me pousse pendant que je la pousse (ainsi l'on atteint rapidement une bonne vitesse de croisière qui fait sourire les passants).

Notre lieu de départ privilégié se situe à une quinzaine de kilomètres de la maison (au coeur de la base militaire). Nous stationnons l'auto en ce parking souvent désert. Nous enfilons nos roues et nous partons sur cette "route verte" qui traverse quartiers et boisés et qui peut même se rendre jusqu'à Québec si l'on est motivé (environ 35 km).

Ce soir là, nous venions à peine d'arriver lorsque je remarque une mustang rouge à une centaine de mètres de nous. Pendant que Juan sort la poussette du coffre, M'zelle Soleil sautille à droite et à gauche. De mon coté, j'observe un curieux manège. Des papiers souillés tombent d'une portière ouverte. J'observe avec attention un homme faire le ménage de sa voiture et tout foutre dehors. Je n'y crois pas. En 2009, nous en sommes encore là! Il y a encore de tels rustres qui se foutent complètement de la propreté de l'environnement! Ce n'est pas comme si je ne le savais pas mais le regarder en direct me rebrousse méchamment le poil! Une bouffée de révolte me pique le nez. Je colère tandis que Juan m'ignore. C'est plus fort que moi. Mes pieds avancent sans que je ne les commande consciemment. Presque malgré moi, je m'approche.

Je me pointe à deux mètres de la voiture. Par la portière ouverte, l'homme au crâne rasé, d'une vingtaine d'années, continue de jeter ses déchets par terre. Il perçoit ma présence et lève la tête. Je l'interpelle:

- Non, mais c'est vraiment dégueulasse ce que tu fais là!
- Ben quoi, c'est du papier c'est biodégradable! me répond-t-il avec arrogance.

Je sens la moutarde me monter au nez. Je contrôle la fureur de mes nerfs pour insister.

- Désolée, mais c'est vraiment un comportement dégueulasse! D'ailleurs c'est illégal, si la police te pogne, t'en aurais au moins pour 500$ d'amende!

Grognements de Neandertal frustré. La testostérone monte. Premier jet de violence verbale. Je m'apprête à tourner les talons avant que la tension ne se fasse trop forte. Je réplique quand même:

- Ouais, ben c'est sûr, quand on est con, on est con!!!

S'en suit un flot d'insultes que j'ignore royalement. La tête haute, le sang bouillonnant, je retiens le reste de mes idées révoltées. Même si au fond de moi, je voudrais presque qu'il me frappe, juste assez pour que je savoure la satisfaction de porter plainte. J'applique les leçons de civisme que j'ai incorporé en ma vie. Je lâche le morceau avant que cela ne dégénère.

La mère bien installée en ma peau prend le contrôle de la situation. Elle fait taire ma révolte intérieure. J'aurais pas l'air maligne de me faire tabasser devant ma fillette! Sans compter que Juan me défendrait au péril de sa vie. Et vu l'animal en face de moi, je ne suis pas sure qu'il s'en sortirait indemne. Il y a là le potentiel d'un bon traumatisme pour mon petit soleil d'enfance (qui ne sait encore rien des vices humains, elle qui n'est que reflets de bonheur) En trois secondes, ce fil de pensée se déroule dans ma tête. Je tourne le dos à l'abruti de service. Sans me presser, je rejoins Juan qui a, entre temps, réalisé que je n'étais plus à coté de lui. Estomaqué, il s'exclame:

- Nan, t'as pas osé! T'es quand pas allé lui dire!
- Ben si! J'ai pas pu m'empêcher, c'était trop dégueu comme comportement, je pouvais pas rien dire! Franchement on est quand même plus civilisé que cela me semble...
- T'es allé le voir? T'as pas peur des fois?
- Ben quoi? C'était ben d'trop exagéré! Je lui ai dit que son comportement était répréhensible...
- Tu m'hallucines! Pis il t'as dit quoi?
- Rien d'intelligent, il m'a insulté un coup mais je m'en fous....

Au loin, le couillon s'amuse à faire ronfler le moteur de sa mustang avant d'effectuer une série de tours qui génèrent un nuage de poussière. Alors que je le regarde d'un air désabusé, il s'arrête à ma hauteur, lève un poing dans les airs et crie "Yahhhhaaaaa!" avant d'accélérer comme un malade et de disparaitre à l'horizon! J'ai du mal à contenir mon dégout. Incapable de retenir le flot de mes paroles, je ne peux que répondre à l'air interrogateur de M'zelle Soleil...

- C'était juste un imbécile. Y'en a comme ça sur Terre. On est obligé de faire avec...

J'essaie de lui expliquer sans trop m'énerver comment il est stupide de jeter ainsi ses détritus par terre! Surtout lorsque l'on sait qu'il y a une poubelle à cinquante mètres! Le respect de la nature commence par de tous petits efforts. La demoiselle, habituellement si bavarde, m'observe sans rien répondre. Elle ne bronche pas. Elle m'écoute avec attention. J'ai conscience que je viens d'introduire un nouveau terme à son vocabulaire mais parfois "imbécile" est la chose la plus gentille que l'on puisse dire sur quelqu'un!

L'on part en ballade, le vent dans les boucles, j'expire ma colère. Pendant ma "ride", je la sens s'estomper. Quinze kilomètres plus tard, je suis en sueur et je suis calmée. Alors que l'on revient à proximité de la voiture, je vois les déchets de l'autre en plein milieu du stationnement. Je dis à Juan:

- Bon ben maintenant va falloir que j'aille ramasser. J'ai pas le choix. Après la gueulante que j'ai provoquée, faut que je ramasse...

Je vais voir de plus prés ce qu'il a jeté. Une douzaine de papiers" essuie tout "plein de crottes de chien! Yerk! Juan écarquille les yeux tandis que je me baisse.

- Ben dis- don' tu ramasses même pas les crottes chez nous! C'est moi qui me tape la job!!!!
- Tu remarqueras que je les tiens par le bout des doigts mon chéri. C'est un acquis de conscience. Cela m'écœure ben raide mais là c'est pour la bonne cause. Chez nous t'es là et t'es bon. Ici c'est mon problème personnel!

M'zelle Soleil joue sur un coin d'herbe pendant que Juan range la poussette dans le coffre. Alors que je reviens de la poubelle, elle me montre fièrement une bouteille vide qu'elle vient de ramasser par terre. Je lui demande d'aller la mettre à la poubelle et là, par miracle, elle me répond:

- Oui maman, z'y vais "sousdesuite"!

Si obéissante que j'en reste bouche bée. Elle qui ne veut jamais ramasser ses jouets (ni m'aider à faire un pet de ménage sans que je ne la menace) va jeter, avec cœur et volonté, cette vieille bouteille à la poubelle!

Mon coeur se remplit d'une satisfaction toute maternelle. L'humain est capable du pire comme du meilleur. Je sais combien nous sommes les premiers "influenceurs" de cette petite fille innocente. J'espère que l'on arrivera, dans les quinze prochaines années, à instiller en elle le meilleur plutôt que de nourrir le pire. Je crois que l'humain a le pouvoir de s'améliorer avec chaque génération qui passe. Le futur réside entre les mains de nos enfants. Je veux garder espoir en l'humanité malgré la ronde des imbéciles qui nous entourent...

Le lendemain matin au petit déjeuner, Juan passe du coq à l'âne et me dit:

- N'empêche hier, je me suis demandé une minute si j'allais devoir me battre avec un gros militaire musclé!
- Ben là, je voulais pas la bataille, je voulais juste le faire chi... Pis justement c'est que qu'il m'a dit que je le faisais bien chi... alors j'ai gagné. Mon point était fait. Cela suffisait...

vendredi, juin 05, 2009

Pensées naturelles...

Réflexion naturelle...

C'est aujourd'hui la journée mondiale de l'environnement. En ce présent que j'habite je ne peux que tourner mon esprit en direction de ce lac qui me nourrit le quotidien.

Alors que les beaux jours s'installent , l'ambiance du lac se transforme perceptiblement. D'un lieu de nature pure, il devient terrain de jeu pour enfants gâtés. Car nous sommes tous extrêmement gâtés par cette nature qui nous entoure...

Comme je vis ce lac à l'année, j'en sais tout son potentiel naturel. Mais lorsqu'arrive l'été, c'est avec une petite pincée au coeur que j'observe le gâchis qui s'y opère. Sa population humaine triple. L'insouciance mêlée à l'inconscience donne un cocktail destructeur qu'il est difficile d'enrayer. Au sein de l'association pour sa préservation, nous travaillons fort à inverser la tendance, mais c'est loin d'être gagné.

Je m'inquiète souvent du sort de ce grand lac (si prisé). Qu'en sera-t-il pour les générations futures? J'espère que les dommages que l'on y cause ne seront pas irréversibles. Car les dommages que l'homme peut causer à un lac sont d'ordre catastrophique. Ainsi c'est avec stupeur que j'ai appris récemment que le lac St-Augustin (officiellement mort en périphérie de Québec) avait été classé "oligotrophe" durant les années quarante. Soixante ans pour tuer un lac en santé, c'est quand même quelque chose qui se note facilement...

Pour mieux accrocher la problématique commune des lacs au sud du Québec, il faut tout d'abord comprendre l'évolution de ces plans d'eau douce. Un lac évolue en trois stades. Il y a le stade oligotrophe, le stade mésotrophe et le stade eutrophe. Dans le cours normal des choses, il faut des millénaires pour qu'un lac traverse ces trois stades. Mais le lac St-Augustin, lui, est passé d'oligotrophe à eutrophe en un demi siècle. À chaque fois que j'y pense, je frissonne...

Les gens diront aisément que ce n'est pas si grave, que c'est un tout petit lac qui n'avait aucune chance entre l'autoroute, les agriculteurs et le déboisement de ses rives. Il était perdu d'avance. Bouffé tout cru par les mâchoires géantes du progrès. Mais quand même, cinquante ans d'exploitation humaine pour tuer un lac, c'est puissant...

Ne sommes nous pas d'ailleurs devenus un peu trop puissant pour notre propre bien? Assez puissants pour causer d'irrémédiables dommages à cette planète qui nous a engendrés? Plus le temps passe, plus les dommages se font sentir et plus je trouve que l'idée de sauver la planète est obsolète.

Personnellement, je ne crois pas que nous arriverons à tuer la Terre. Nous sommes assez puissants pour bien la faire souffrir mais à moins de nous quereller violemment, nous sommes encore trop petits pour l'exploser complètement. Nous périrons bien avant elle. Ce n'est pas elle qui est en réel danger, c'est nous! Car nous sommes certainement capable de détruire assez notre environnement pour ne plus pouvoir y vivre décemment...

La Terre n'a pas besoin qu'on la sauve. La Terre a besoin qu'on la respecte. Mais ce qui serait vraiment important ce serait de sauver le futur de nos enfants en leur léguant un sain environnement...

Un "cinq à sept" en bonne compagnie...

Un "cinq à sept" en bonne compagnie...

J'ai assisté hier au lancement du site Les Relevailles. L'occasion de rencontrer de nouvelles personnes dont quelques connaissances virtuelles. L'occasion d'échanger, de jaser, de rigoler et de passer un bon moment féminin.

Juan qui ne devait que passer s'est aussi fait aspirer par la bonne humeur ambiante. M'zelle Soleil refusant de partir, il a vite capitulé (entrainé par le flot des sourires qui l'accueillait il n'a pu résister longtemps). Par solidarité masculine il a ainsi eu l'occasion de papoter avec le seul homme de la salle pendant que M'zelle Soleil faisait ses ravages de charme social (et que je discutais à gogo après quelques verres de délicieux vin blanc.)

Au fil de mes discussions éparses, j'ai regretté de ne pas avoir connu l'existence de ce groupe alors que j'étais toute jeune maman (en difficulté post partum).

Avec le lancement de ce réseau virtuel, le groupe "Les Relevailles" fait son entrée sur la Toile. Marie Julie Gagnon, (auteur du livre Mama Cool) est le porte parole de cette initiative communautaire.

De passage (en coup de vent) à Québec, Marie Julie, (aussi craquante au réel qu'à l'écrit) a illuminé cet original lancement d'un dynamisme des plus sympathiques.

"Dans la tradition Québécoise, les relevailles duraient quarante jours pendant lesquels la nouvelle mère recevait de l’aide de sa famille et de sa belle-famille pour la préparation des repas, les soins aux autres enfants et au nouveau né. Quarante jours pendant lesquels elle pouvait se concentrer sur apprendre à devenir mère, à allaiter, à communiquer avec son enfant et à découvrir ses compétences parentales. Ces relevailles traditionnelles sont de moins en moins possibles depuis que les femmes québécoises ont intégré le marché du travail. Nos mères travaillent pendant que nous sommes en congé de maternité, nos soeurs (si nous en avons!) sont loin, occupées à leur carrière et leur famille, déjà débordées elles-mêmes. La nouvelle mère se retrouve donc plutôt isolée, vivant une coupure avec son monde professionnel, entrant dans la maternité souvent très fatiguée de son quotidien déjà bien rempli. Devant l’inconnu et la responsabilité qui l’attend, avec tous les questionnements et la réorganisation que cela amène, et sans réseau avec qui se valider, échanger, ventiler, l’épuisement arrive vite, tant au niveau psychologique que physique. (... lire la suite)"

Cette communauté "maternelle" existe à Québec depuis vingt sept ans. Elle offre désormais une plate-forme complète où se retrouver sur la Toile. En discutant avec la présidente de cette association, j'ai pu échanger de manière fort intéressante sur un sujet qui me tient à coeur. Alors que l'on parle (et s'informe) de plus en plus de la dépression post-partum, il reste une zone d'ombre que l'on n'éclaire jamais: "le post-partum physique". Pour avoir vécu une expérience de ce genre, je sais combien l'on peut se retrouver isolée en cette situation. Une situation rare certes, mais peut-être pas si rare que l'on peut se le faire croire à refuser de la voir. Un jour prochain, je compte écrire une réflexion là-dessus, pour l'instant je macère encore moi-même sur le sujet...

Articles connexes au lancement: Mamans Branchées chez Martin Comeau, 5 à 7 sur le blogue du groupe, Lancement des Relevailles chez Marie Julie, le «Facebook» des mamans sur Québec Hebdo.

mercredi, juin 03, 2009

Ostie....

Quelque part dans le vieux Québec Juan au volant prend sa place dans le trafic urbain. D'un coup, il sacre sans même y faire attention:

- Ostie!

À l'arrière M'zelle Soleil, attentive, lui répond:

- Papa on dit pas ostie, c'est pas poli!
- Oui tu as raison ma fille, excuse moi, ce n'est pas bien!
- Oh! C'est pas grave papa, ça va. Ze voulais pas te faire de peine....

Silencieuse en mon siège passager, je ne peux m'empêcher de lever les yeux aux ciel. En un sourire conquis, l'homme fond comme un glaçon sous les tropiques....

...

... surfer la vie, boire des tasses, agripper sa planche d'existence...

Les jours défilent entre soleil et nuages. Des ennuis de santé pour entraver les idées. Des idées qui se brouillonnent sur quelques feuilles qui s'envolent. Des envies et des révoltes... Dehors, les feuilles verdissent ma nature sauvage et les promesses de l'été se font de plus en plus tangibles. Ambitions et motivations se fondent en des pensées qui naviguent et dérivent...

Spring Sunset

santé...

O santé ! Santé ! Bénédiction des riches ! Richesse des pauvres ! Qui peut t'acquérir à un prix trop élevé, puisqu'il n'y a pas de joie dans ce monde sans toi ?
Ben Jonson

La santé est le trésor le plus précieux et le plus facile à perdre ; c'est cependant le plus mal gardé.
Chauvot de Beauchêne

La santé peut paraître à la longue un peu fade ; Il faut, pour la sentir, avoir été malade.
Jean-François Collin d'Harleville