Terminologie maternelle
Avec la fête des mères qui se profile à l'horizon, je médite sur cet état de femme qui est mien. Être mère génère bien des avis. La mère est à la source de la vie. C'est un état d'importance. Un état auquel plusieurs aspirent avec passion et que d'autres réfutent férocement. De mon coté, en devenant mère, j'ai définitivement adopté un nouveau terme de quotidien...
"Mamamitude", voici un terme que je barbarise à gogo. Ces derniers mois, j'ai pleinement pris conscience de cet état particulier. Je l'ai apprivoisé, maitrisé, assimilé. Avec lui, j'ai évolué vers la femme que je suis devenue.
Au bout de trois ans bien tassé, être maman ne désespère pas plus que la vie en soi. Souvent, le ménage me désespère. Parfois ma fille me renverse l'âme à l'envers. Mais être maman ne me désespère jamais. Être maman me fait du bien à l'âme. C'est loin d'être tous les jours facile mais c'est une aventure qui me plait. C'est de là que nait cette sensation de "mamamitude" qui façonne aujourd'hui mon cœur et mon esprit.
En ce bas monde, la perfection n'existe pas. L'on a cependant tous des idéaux qui nous rapprochent de cette aspiration humaine. Plutôt que de courir après une illusion, je préfère essayer d'atteindre l'équilibre. La vie est un fil.
Je ne ressens pas cette forte pression sociale qui pousserait toute femme à devenir une mère parfaite. J'en entends souvent parler mais je ne la perçois pas personnellement. Je dirais même que je ressens presque le contraire. Une tendance extérieure à être indigne de mon état. Pourtant depuis la naissance de mon enfant, un puissant instinct me détourne de cette voie là. En tombant enceinte, du fond de mes entrailles a jailli l'envie d'être la meilleure maman possible. C'est viscéral. La pression que je ressens à être une bonne mère n'est pas extérieure, elle me vient totalement de l'intérieur.
Je suis imparfaite, c'est une évidence. Nous le sommes tous. Pourtant, plus que jamais, depuis que je suis mère, je réalise à quel point il est important de cultiver le meilleur de soi-même. Pour le bien de l'enfant qui dépend de moi, je dois m'épanouir, nourrir mon esprit et exploiter mon intellect. Les premières années, il est vrai que la "mamamitude" peut aspirer l'être féminin en son entier. C'est un puissant tourbillon qui emporte le quotidien. J'ai bien conscience de ce danger pour m'y être frottée de près. J'ai quelques cicatrices qui picotent encore. Depuis que je suis maman, tout est pareil mais plus rien n'est comme avant. La maternité est un voyage. L'aventure que je vis en ce continent maternel est si riche d'émotions et de compréhensions multiples que je suis prête à faire certains sacrifices. Est-ce que je nage à contre-courant? Je ne sais pas.
J'imagine que si j'habitais un pays où la femme est radicalement oppressée, là où être mère est la seule alternative féminine, je verrais la vie différemment. Mais comme je vis sur un continent féministe (aux accents individualistes). Je n'ai pas grande bataille à traverser pour exister en toute égalité avec mes contemporains. J'apprécie énormément ce fait. J'éprouve une grande reconnaissances pour ces femmes d'antan qui se sont battues pour ma liberté actuelle. Pour les sacrifices qu'elles ont dû faire afin que l'on en arrive à notre époque bénie. Je suis très heureuse de vivre en une société où les femmes sont respectées, où elles possèdent les mêmes droits que les hommes, où les champs de leurs opportunités se font de plus en plus vastes. Cependant tout n'est pas gagné.
Aussi l'équilibre mère-femme se joue tous les jours dans des millions de foyers. Tout comme les pères d'aujourd'hui ne sont plus à mettre dans le même panier que ceux des générations passées, les femmes modernes doivent désormais jongler avec toutes sortes de nouvelles considérations. Mais il m'arrive d'être troublée par la vision que l'on a de la maternité. Parfois j'ai l'impression que le féminisme a un peu mis de coté cette partie intégrante de ce qui fait de nous des femmes. Enfanter n'est pas une mince affaire, l'on a un peu tendance à l'oublier. Et il ne suffit d'enfanter, il faut ensuite élever. Là est tout le défi.
Le défi d'éduquer ces enfants qui forment notre futur est grand. Si je devais définir ma notion personnelle de la "Mamamitude", ce serait ainsi: "Agir de façon à penser au bien-être général de l'enfant. S'impliquer. Vivre sa vie en fonction de l'enfance qui grandit à nos cotés. Se sentir responsable de son développement."
La "mamamitude" découle directement de cet instinct maternel que l'on possède toutes plus ou moins. Souvent plus que moins. Mais qu'est-ce que l'instinct maternel? Est-il véritablement inné? J'ai tendance à penser que oui. N'est-ce point une sorte d'instinct animal que avons hérité de nos ancêtres préhistoriques? L'instinct de protéger (et d'aimer) nos petits.
Je suis persuadée que nous le possédons toutes à différents degrés. Je crois même que certaines d'entre nous en sont dépourvues mais tant que celles-ci n'enfantent pas cela ne me dérangent aucunement. Je pense qu'il est important de respecter le fait que nous ne sommes pas toutes atteintes au même degré. En nos différences résident nos richesses humaines. Aussi tant que l'enfant n'est pas affecté de carences émotionnelles qui le feront souffrir pour le restant de ses jours, l'on peut bien toutes être la mère qu'il nous plait d'être...
L'instinct? je n'y crois pas trop, par contre le fait de s'occuper d'un enfant change le fonctionnement du corps et du cerveau. Les pères qui s'impliquent vraiment développent eux aussi l'instinct maternel.
RépondreSupprimerJe demeure aussi persuadé qu'après la première enfance ( disons la période où le poupon est nourri au sein en très gros)l'élevage des petits devient (et de plus en plus) la responsabilité du village.
Alors là, je pense que tu as tort. Perso mon instinct est pas mal fort et je dois même souvent l'apprivoiser pour qu'il ne me contrôle pas entièrement. D'ailleurs même si j'ait oujours plus ou moins soupçonné sa présence, c'est une fois que je suis tombée enceinte qu'il s'est complètement réveillé. Dès que je l'ai sentie en mon ventre, mon instinct était présent, guidant déjà les choix de mon quotidien. Pourtant je ne m'en étais jamais occupée, ce n'était encore qu'une crevette en gestation dans ma chair...
RépondreSupprimerCela dit, je suis plutôt d'accord pour les pères, peut-être que ceux qui s'impliquent davantage avec leurs petits actionnent la swicth paternelle :lol: Tu as raison pour l'idée du village responsable, mais en notre société actuelle, j'ai l'impression que le village s'est transformée en une sorte de désert... Cela dit, lorsque je m'occupe (et joue avec) des gamines de la rue, je le fais dans cet esprit... Mais notre société n'était-pas devenue trop individualiste pour beaucoup penser à la responsabilité collective? C'est une question qui me titille souvent les idées...