EXPRESSION via expressio.fr
« En bataille »
SIGNIFICATION
En désordre
ORIGINE
Avez-vous déjà quelqu'un portant un bicorne ? Je veux parler de ce couvre-chef ayant deux extrémités ressemblant à des cornes, chapeau que l'on voit régulièrement au sommet des bustes de Napoléon, par exemple (mais les militaires le portaient déjà pendant la révolution française). Car ces choses-là sont encore portées de nos jours ! Et pas par n'importe qui, puisque aussi bien les membres de l'Académie Française que les élèves de Polytechnique en portent. Toujours est-il qu'un tel couvre-chef pouvait se porter de deux manières : les cornes vers l'avant et l'arrière, port qu'on disait "en colonne", ou bien les cornes au-dessus des épaules, port qu'on disait "en bataille". On peut aussi noter qu'une armée pouvait passer de l'ordre "en colonne", "en carré" ou "sur le flanc" à l'ordre "en bataille" lorsqu'elle se déployait pour affronter l'ennemi. Tout cela est bel et bon, me direz-vous, mais quel rapport avec le désordre de notre expression ? Eh bien il semble que ce soit parce que le fait que le chapeau ne soit pas mis dans le bon sens[1] a finit par faire utiliser "en bataille" pour désigner tout chapeau placé de travers ou de manière négligente sur la tête. De là, le "de travers", symbole de désordre, a donné la signification actuelle de notre expression. Alain Rey indique aussi le calembour "en mêlée" (donc "en désordre") pour "emmêlé", puisque l'expression s'applique aujourd'hui principalement au système pileux, cheveux, sourcils ou barbe.
[1] Mais quel est réellement le bon sens quand on sait qu'Alphonse Daudet indiquait que les hommes mariés et les gendarmes portaient le bicorne en bataille alors que les célibataires ou veufs le portaient en colonne ?
EXEMPLE
« Sur le front, les soldats voyaient apparaître un vieil homme au feutre en bataille, qui brandissait un gourdin et poussait brutalement les généraux vers la victoire. C'était Georges Clemenceau. » André Maurois - Terre promise
« Elle s'agite frénétiquement sur moi, s'agrippe à mes épaules en me griffant. Je la regarde faire, elle est belle, esthétique, hystérique, presque animale. Elle transpire, crie encore, toujours. Je caresse ses cheveux en bataille pour la recoiffer un peu ce qui a pour effet de ralentir ses mouvements. Elle me regarde et me sourit. » Hervé Buschard - Bailar
dimanche, juin 29, 2008
jeudi, juin 26, 2008
M'zelle Soleil fait la St-Jean...
M'zelle Soleil fait la St-Jean...
La veille de la St-Jean, nous ne sommes guère vaillants. Juan est content de ne pas rentrer au bureau le lendemain. Pour marquer le coup, nous décidons d’aller nous grignoter un Burger Californien au Normandin. L’enfant est aux anges, elle trépigne d'impatience. L'on oublie que cela fait des années que l'on a pas fait la grasse matinée et l'on se bourre le fessier...
Le restaurant Normandin, franchise typique locale a quelque peu peu amélioré la palette de ses recettes, des menus à prix modiques et un excellent accueil des enfants, comment résister? Celui du village voisin est situé un bord de rivière, le cadre y est joli, c’est un rendez-vous familial qui ne désemplit pas. Avant que nous ne soyons parents, nous n’avions jamais vraiment l’idée d’aller manger là. Des années durant nous sommes passés devant sans jamais s'y arrêter. Je trouvais l’endroit bien trop « pépére » à mon goût! Depuis que nous ne sommes parents, nous mangeons rarement ailleurs ! Nous voguons en une autre dimension! Embarqués sur un navire d'enfance dont nous sommes les maitres à bord. Oh! Il nous arrive d’aller au Pub, la place plus « branchée » du village mais bon, c’est plus cher et l’ambiance est moins propice pour les jeunes enfants même s’ils y sont bien accueillis. Au Normandin, c'est facile, c'est tellement familial que la petite se trouve des "matantes" à tous les coins de table!!! Maintenant que nous sommes parents nous apprécions donc le Normandin, restaurant à peine plus cher qu’un Macdo mais oh combien plus plaisant! La petite y trouve toujours des enfants à observer, l’on y trouve toujours des parents à papoter, les serveuses sont gentilles, il n’est pas rare d'y croiser un voisin ou une connaissance, l’ambiance y est bonne enfant et la vue sur la rivière agréable...
Depuis des jours le temps se fout de nous, pas facile de profiter de l'été entre deux orages! Nous décidons de fêter la St-Jean au Normandin puis de rentrer en nos pénates. Fatigués, nous nous laissons porter sur les vagues de notre fillette en pleine forme. Nous sommes en peu blasés en nos peaux d’adultes. La petite pète le feu. Notre entité parentale est au beau fixe malgré les averses dispersées que nous offre la température du jour. D'ailleurs, il ne faut guère de temps pour que M'zelle Soleil aille rayonner à une table voisine (composée d’une demie douzaine d’enfants en bas age). Je laisse Juan suivre le charme de sa fille tandis que je me plonge dans les pages du Journal. L’homme revient avec mon petit soleil dans les bras et m’explique que c’est un groupe qui va à la St-Jean du village, il me dit :
- Ah! On pourrait y aller, cela serait le fun pour Lily, va y’avoir un feu pis tout le kit…
- Hum, ouais, cela nous sortirait un coup, les feux d’artifices doivent être à genre 10 heures. Yé quel heure là? Anyway on rentrera pas si tard, pis c'est quand même la St-Jean!
- 8 heures….
- Ben oui, allons-y alors…
Pour l’occasion M’zelle Soleil déguste la glace composée exprès pour faire saliver les enfants. Je me dis que le sucre qu'elle ingère devrait lui mettre la pêche pour la soirée. Elle finit de se lécher les babines. Elle nous entraîne sur le bord de la rivière. Juan fait des ricochets tandis qu'elle lance joyeusement ses cailloux dans l’eau. Je les observe les yeux pleins de tendresse. J'ai le coeur qui déborde. La simplicité du bonheur me frappe les neurones. La pluie nous fait regagner la voiture en vitesse, le soir tombe sur une autre journée grisâtre. Nous décidons d’aller chercher parapluie, gilets et appareil photo avant de nous rendre sur le site où se fête la St-Jean...
En quinze minutes nous sommes de retour au village, la petite a enfilé son manteau de pluie, les parapluies sont dans le coffre. Le monde commence à arriver. Cela sent la fête à plein nez. Une fois sur place, il ne pleut plus. La nuit est presque tombée. Comme d'évidence, nous nous rendons compte que nous avons oublié les parapluies dans le coffre! Un orchestre joue des airs d’ici sous un grand chapiteau. Les hot-dogs rougissent dans un coin, la bière coule sans excès, l'atmosphère est cordiale, les ballons des enfants remplissent le paysage.
M’zelle Soleil en demande un et nous découvrons une dame qui les gonfle pour les donner aux petits qui font la file. Lily-Soleil en aimerait bien un bleu (elle adore tout ce qui est bleu) mais il n’en reste que des blancs! Elle s’en contente tout en observant les visages décorés des enfants que l’on croise. Comme je sais combien elle rêve de maquillage et de dessins sur le visage, l’on se fraie un passage dans la foule à la recherche de la table qui maquille les enfants. Lorsque l’on trouve l’endroit en question, il est désert, la dernière averse a fait fuir les jeunes bénévoles qui se sont évaporés dans le soir! M’zelle Soleil avale avec grâce cette déception de taille. Les nuages se font plus menaçants. L’enfant joue avec son ballon qu’elle laisse partir aux vents. Le ballon file vers les nuages. L’enfant fascinée par l’envol n’arrive pas à s’en détacher le regard. Le ballon disparait à l'horizon. Nous allons lui en rechercher un autre, qu’elle accepte cette fois-ci d’accrocher à son bras, les feux sont prévus pour dix heures. Il est neuf heures et l’orchestre joue du Félix Leclerc…
Lily veut aller voir la musique. Nous l’emmenons devant l’orchestre où une petite troupe d’enfants s’amusent joliment. Il n’en faut pas plus pour que ma fille entre dans la danse. Elle observe quelques instants les environs avant de se mettre à sautiller à droite et à gauche. Je la vois bientôt accompagnée par un petit garçon qui imite son rythme. Debout dans la première rangée des parents qui surveillent leurs rejetons en liberté, nous sommes comme de la guimauve sous le feu de notre petit soleil. Toute émue, je regarde ma fille apprivoiser ses pairs. Elle repère une petite fille aussi bouclée qu’elle, elle lui tend la main. La fillette s’approche puis s’effarouche. Ceci ne décourage pas M’zelle Soleil. Elle la suit tandis que l’autre fuit. Je sens une petite boule monter en ma gorge, vais-je assister au rejet de mon enfant, vais-je devoir consoler une peine? Le papa de la petite fille sourit à Juan. Nous observons tous ensemble le petit manège d’enfance qui tourne sous nos yeux. Une autre petite fille entre dans le jeu, à peine plus âgée que la mienne, elle veut prendre la main de Lily qui ne veut pas. Je fronce des sourcils. Il faut que j'arrête de prendre à coeur les péripéties de l'enfance. Je dois apprendre à faire confiance à la capacité de mon enfant à gérer son environnement. Mon rôle parental est de guider, d'aimer et de préparer l'indépendance à venir. D'être présente sans étouffer. Être vigilante sans interférer. J'avale mes angoisses de maman louve. La petite fille parle à la mienne qui ne perd pas l’autre de vue.
M’zelle Soleil réfléchit avant d'accepter la main tendue. C’est alors que l’autre revient à toute allure dans le décor. Elle accroche la main de ma fille qui les entraîne dans une ronde joyeuse. Je suis aussi fondue qu’un morceau de fromage sur le grill! Je me secoue les émotions. Je reprends ma tête en même temps que l’homme me prend dans ses bras. J'apprécie l'instant présent. Dehors une pluie battante fait se réfugier la foule qui s’entasse comme un troupeau de sardines sous le chapiteau. Le « band » prend une pause. Harmonium en fond de scène. L’on croise des visages connus que l’on salue. L'on papote et l'on sourit. Le décompte est pour bientôt. Plusieurs s’inquiètent du temps orageux. M’zelle Soleil qui a bien dansé est vannée. Elle somnole sur l’épaule de son père. Une éclaircie se fait à peine cinq minutes avant que dix heures ne sonne, le décompte embarque…
Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux un… En même temps que la foule scande les chiffres qui nous rapprochent du lancement des feux d’artifices, nous nous faufilons dehors. À peine est-ce que le décompte est achevé que d’énormes gouttes cascadent du ciel pour tremper tout ce qu’elles touchent. Rapide retour sous le chapiteau. Entassés les uns contre les autres, les minutes sont longues. Dehors la pluie bat un rythme d’enfer. Cinq minutes passent. La foule attend calmement. Dix minutes s’écoulent et enfin le ciel cesse de nous tomber sur la tête. Tout le monde retourne dehors. Toujours Harmonium en paysage musical. En clopinant dans les flaques d'eau, je fredonne ces airs que j'aime. M’zelle Soleil succombe à la fatigue sur l’épaule de Juan. Enfin tonne les premiers coups des feux qui éclairent le ciel de milliers d’étincelles. M’zelle Soleil a de la peine à tenir debout, nous marchons à reculons vers la voiture. Les feux d’artifices pètent avec la joie qui se touche du bout des doigts. Le ciel s’embrase de couleurs qui bruissent, nous arrivons à l’auto avec le bouquet final. À peine est-elle déposée dans son siège que l’enfant dort déjà. Il est presque onze heures, la St-Jean bat son plein dans toute la province. Nous prenons le temps d'un baiser avant de rentrer au bercail. Quelques jours plus tard M'zelle Soleil aime raconter "sa St-Jean", cela commence doucement puis cela s'emballe, je sens que je vais en entendre parler durant plusieurs lunes encore...
- Z'ai dansé à la fête de Québec avec des amis. Z'ai dansé beaucoup, beaucoup, avec mes amis à moi, z'ai dansé à la fête de Québec et z'ai sauté, sauté, sauté!!!
La veille de la St-Jean, nous ne sommes guère vaillants. Juan est content de ne pas rentrer au bureau le lendemain. Pour marquer le coup, nous décidons d’aller nous grignoter un Burger Californien au Normandin. L’enfant est aux anges, elle trépigne d'impatience. L'on oublie que cela fait des années que l'on a pas fait la grasse matinée et l'on se bourre le fessier...
Le restaurant Normandin, franchise typique locale a quelque peu peu amélioré la palette de ses recettes, des menus à prix modiques et un excellent accueil des enfants, comment résister? Celui du village voisin est situé un bord de rivière, le cadre y est joli, c’est un rendez-vous familial qui ne désemplit pas. Avant que nous ne soyons parents, nous n’avions jamais vraiment l’idée d’aller manger là. Des années durant nous sommes passés devant sans jamais s'y arrêter. Je trouvais l’endroit bien trop « pépére » à mon goût! Depuis que nous ne sommes parents, nous mangeons rarement ailleurs ! Nous voguons en une autre dimension! Embarqués sur un navire d'enfance dont nous sommes les maitres à bord. Oh! Il nous arrive d’aller au Pub, la place plus « branchée » du village mais bon, c’est plus cher et l’ambiance est moins propice pour les jeunes enfants même s’ils y sont bien accueillis. Au Normandin, c'est facile, c'est tellement familial que la petite se trouve des "matantes" à tous les coins de table!!! Maintenant que nous sommes parents nous apprécions donc le Normandin, restaurant à peine plus cher qu’un Macdo mais oh combien plus plaisant! La petite y trouve toujours des enfants à observer, l’on y trouve toujours des parents à papoter, les serveuses sont gentilles, il n’est pas rare d'y croiser un voisin ou une connaissance, l’ambiance y est bonne enfant et la vue sur la rivière agréable...
Depuis des jours le temps se fout de nous, pas facile de profiter de l'été entre deux orages! Nous décidons de fêter la St-Jean au Normandin puis de rentrer en nos pénates. Fatigués, nous nous laissons porter sur les vagues de notre fillette en pleine forme. Nous sommes en peu blasés en nos peaux d’adultes. La petite pète le feu. Notre entité parentale est au beau fixe malgré les averses dispersées que nous offre la température du jour. D'ailleurs, il ne faut guère de temps pour que M'zelle Soleil aille rayonner à une table voisine (composée d’une demie douzaine d’enfants en bas age). Je laisse Juan suivre le charme de sa fille tandis que je me plonge dans les pages du Journal. L’homme revient avec mon petit soleil dans les bras et m’explique que c’est un groupe qui va à la St-Jean du village, il me dit :
- Ah! On pourrait y aller, cela serait le fun pour Lily, va y’avoir un feu pis tout le kit…
- Hum, ouais, cela nous sortirait un coup, les feux d’artifices doivent être à genre 10 heures. Yé quel heure là? Anyway on rentrera pas si tard, pis c'est quand même la St-Jean!
- 8 heures….
- Ben oui, allons-y alors…
Pour l’occasion M’zelle Soleil déguste la glace composée exprès pour faire saliver les enfants. Je me dis que le sucre qu'elle ingère devrait lui mettre la pêche pour la soirée. Elle finit de se lécher les babines. Elle nous entraîne sur le bord de la rivière. Juan fait des ricochets tandis qu'elle lance joyeusement ses cailloux dans l’eau. Je les observe les yeux pleins de tendresse. J'ai le coeur qui déborde. La simplicité du bonheur me frappe les neurones. La pluie nous fait regagner la voiture en vitesse, le soir tombe sur une autre journée grisâtre. Nous décidons d’aller chercher parapluie, gilets et appareil photo avant de nous rendre sur le site où se fête la St-Jean...
En quinze minutes nous sommes de retour au village, la petite a enfilé son manteau de pluie, les parapluies sont dans le coffre. Le monde commence à arriver. Cela sent la fête à plein nez. Une fois sur place, il ne pleut plus. La nuit est presque tombée. Comme d'évidence, nous nous rendons compte que nous avons oublié les parapluies dans le coffre! Un orchestre joue des airs d’ici sous un grand chapiteau. Les hot-dogs rougissent dans un coin, la bière coule sans excès, l'atmosphère est cordiale, les ballons des enfants remplissent le paysage.
M’zelle Soleil en demande un et nous découvrons une dame qui les gonfle pour les donner aux petits qui font la file. Lily-Soleil en aimerait bien un bleu (elle adore tout ce qui est bleu) mais il n’en reste que des blancs! Elle s’en contente tout en observant les visages décorés des enfants que l’on croise. Comme je sais combien elle rêve de maquillage et de dessins sur le visage, l’on se fraie un passage dans la foule à la recherche de la table qui maquille les enfants. Lorsque l’on trouve l’endroit en question, il est désert, la dernière averse a fait fuir les jeunes bénévoles qui se sont évaporés dans le soir! M’zelle Soleil avale avec grâce cette déception de taille. Les nuages se font plus menaçants. L’enfant joue avec son ballon qu’elle laisse partir aux vents. Le ballon file vers les nuages. L’enfant fascinée par l’envol n’arrive pas à s’en détacher le regard. Le ballon disparait à l'horizon. Nous allons lui en rechercher un autre, qu’elle accepte cette fois-ci d’accrocher à son bras, les feux sont prévus pour dix heures. Il est neuf heures et l’orchestre joue du Félix Leclerc…
Lily veut aller voir la musique. Nous l’emmenons devant l’orchestre où une petite troupe d’enfants s’amusent joliment. Il n’en faut pas plus pour que ma fille entre dans la danse. Elle observe quelques instants les environs avant de se mettre à sautiller à droite et à gauche. Je la vois bientôt accompagnée par un petit garçon qui imite son rythme. Debout dans la première rangée des parents qui surveillent leurs rejetons en liberté, nous sommes comme de la guimauve sous le feu de notre petit soleil. Toute émue, je regarde ma fille apprivoiser ses pairs. Elle repère une petite fille aussi bouclée qu’elle, elle lui tend la main. La fillette s’approche puis s’effarouche. Ceci ne décourage pas M’zelle Soleil. Elle la suit tandis que l’autre fuit. Je sens une petite boule monter en ma gorge, vais-je assister au rejet de mon enfant, vais-je devoir consoler une peine? Le papa de la petite fille sourit à Juan. Nous observons tous ensemble le petit manège d’enfance qui tourne sous nos yeux. Une autre petite fille entre dans le jeu, à peine plus âgée que la mienne, elle veut prendre la main de Lily qui ne veut pas. Je fronce des sourcils. Il faut que j'arrête de prendre à coeur les péripéties de l'enfance. Je dois apprendre à faire confiance à la capacité de mon enfant à gérer son environnement. Mon rôle parental est de guider, d'aimer et de préparer l'indépendance à venir. D'être présente sans étouffer. Être vigilante sans interférer. J'avale mes angoisses de maman louve. La petite fille parle à la mienne qui ne perd pas l’autre de vue.
M’zelle Soleil réfléchit avant d'accepter la main tendue. C’est alors que l’autre revient à toute allure dans le décor. Elle accroche la main de ma fille qui les entraîne dans une ronde joyeuse. Je suis aussi fondue qu’un morceau de fromage sur le grill! Je me secoue les émotions. Je reprends ma tête en même temps que l’homme me prend dans ses bras. J'apprécie l'instant présent. Dehors une pluie battante fait se réfugier la foule qui s’entasse comme un troupeau de sardines sous le chapiteau. Le « band » prend une pause. Harmonium en fond de scène. L’on croise des visages connus que l’on salue. L'on papote et l'on sourit. Le décompte est pour bientôt. Plusieurs s’inquiètent du temps orageux. M’zelle Soleil qui a bien dansé est vannée. Elle somnole sur l’épaule de son père. Une éclaircie se fait à peine cinq minutes avant que dix heures ne sonne, le décompte embarque…
Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux un… En même temps que la foule scande les chiffres qui nous rapprochent du lancement des feux d’artifices, nous nous faufilons dehors. À peine est-ce que le décompte est achevé que d’énormes gouttes cascadent du ciel pour tremper tout ce qu’elles touchent. Rapide retour sous le chapiteau. Entassés les uns contre les autres, les minutes sont longues. Dehors la pluie bat un rythme d’enfer. Cinq minutes passent. La foule attend calmement. Dix minutes s’écoulent et enfin le ciel cesse de nous tomber sur la tête. Tout le monde retourne dehors. Toujours Harmonium en paysage musical. En clopinant dans les flaques d'eau, je fredonne ces airs que j'aime. M’zelle Soleil succombe à la fatigue sur l’épaule de Juan. Enfin tonne les premiers coups des feux qui éclairent le ciel de milliers d’étincelles. M’zelle Soleil a de la peine à tenir debout, nous marchons à reculons vers la voiture. Les feux d’artifices pètent avec la joie qui se touche du bout des doigts. Le ciel s’embrase de couleurs qui bruissent, nous arrivons à l’auto avec le bouquet final. À peine est-elle déposée dans son siège que l’enfant dort déjà. Il est presque onze heures, la St-Jean bat son plein dans toute la province. Nous prenons le temps d'un baiser avant de rentrer au bercail. Quelques jours plus tard M'zelle Soleil aime raconter "sa St-Jean", cela commence doucement puis cela s'emballe, je sens que je vais en entendre parler durant plusieurs lunes encore...
- Z'ai dansé à la fête de Québec avec des amis. Z'ai dansé beaucoup, beaucoup, avec mes amis à moi, z'ai dansé à la fête de Québec et z'ai sauté, sauté, sauté!!!
mercredi, juin 25, 2008
Solstice d'été
Solstice d'été
L'été est officiellement arrivé. Il se révèle ombrageux, ponctué d'orages et de vents. Je cherche le temps qui s'échappe. J'attrape des morceaux de présent. Les heures me glissent entre les doigts...
L'été est officiellement arrivé. Il se révèle ombrageux, ponctué d'orages et de vents. Je cherche le temps qui s'échappe. J'attrape des morceaux de présent. Les heures me glissent entre les doigts...
vendredi, juin 20, 2008
Entre trois gouttes de pluie
Entre trois gouttes de pluie
Avalée par le quotidien, je délaisse le virtuel pour mieux croquer le réel. Une semaine pluvieuse, entre deux orages, quelques éclaircies rappellent à l’été. Pour fuir la monotonie de la pluie et la voracité des moustiques affamés nous fuyons en ville retrouver mon ado de Clo. M’zelle Soleil grandit et ma petite sœur ne comprend pas la « bébé nostalgie » que ma mère et moi-même ressentons. Elle me dit : « Non mais vraiment c’est n’importe quoi, Lily est bien plus intéressante maintenant! J’comprends pas pourquoi vous capotez qu’elle grandisse vite, c’est cool moi j’trouve! » . Et c’est qu’elle a raison mon ado de sœur, au fur et à mesure que l’enfant grandit nous découvrons sa personnalité qui s’épanouit, elle devient autonome et c’est cool…
Une petite fille, aimante et aimée, profite de la vie que nous lui offrons. Au quotidien, l’amour est un flot qui nous emporte les jours. La petite enfance m’enchante, je n’y résiste point, incapable de m’en lasser, je couve ma fille d’attention. Je fonds sur place lorsqu’elle s’exclame en regardant son ado de tante : « Tsé ke j’tème toi! ». Sous sa carapace d'ado, Clo s'adoucit sous les yeux admiratifs de l'enfant. Il paraît qu’entre zéro et trois ans un enfant ne peut jamais recevoir trop d’amour. L’amour est le meilleur terreau de l’enfance. Je discute de ce concept avec mon amie Dee et je lui dis : « Ouais l’amour est le terreau, je plante des graines au quotidien et j'suis rendue de l’humus! ». Elle pouffe de rire malgré elle tandis que je grimace sous mon chignon ébouriffé. Il faut sérieusement que je pense à aller chez le coiffeur! C’est bien beau de me transformer en humus mais il ne faudrait pas non plus que je me décompose complètement! Heureusement que mon entraînement va bon train. La régularité de mes efforts raffermit mon corps qui se recompose, c’est déjà cela de pris. Pendant la sieste de l’enfant chez ma mère, je vais prendre une marche avec mon beau-père sur la promenade Champlain. En chemin nous rencontrons une marmotte et ses petits ainsi qu’un joli garçon qui me fait un adorable sourire. Mon beau-père me demande :
- Tu le connais?
- Ben non…
- Mais, t’as vu le sourire qu’il t’a fait!
- Ben oui, cela doit être le pilates qui me redonne des formes!!! J’sais pas, il était mignon par exemple…
- En tout cas, il t’a fait un sacré beau sourire dis don!
Une caresse flotte sur mon moral. Un sourire comme une caresse mentale. Bon, on ne va pas en faire un plat non plus, je suis loin d’avoir retrouvé la taille de mes vingt ans! Et puis mon mari est loin d’être vilain garçon, de plus il me sourit même quand j’ai l’air de rien! Mais quand même cela fait plaisir de récolter ce genre de sourire sur son chemin. Ma mère et son mari résident non loin du grand chantier qui a remodelé le Boulevard Champlain. Je dois avouer que si j’ai été sceptique au début des travaux, maintenant qu’ils achèvent, je suis charmée. J’aime bien l’originalité de ce bord de fleuve aménagé avec une certaine excentricité. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y arrêter assez longtemps pour m'en imprégner mais cela ne saurait tarder.
Je vais chercher Juan au bureau, nous allons retrouver la petite chez ma mère. L’on passe par le boulevard Champlain revisité pour les grandes festivités du 400ième de la ville. Au coin d’un carrefour, j’aperçois les capes noires de trois pèlerins :
- Oh! Regarde, des pèlerins!
- Hein?
- Ouais, regarde c’est les pèlerins, Clo m’avait justement demandée si je les avais déjà vus! Regarde, ils sont là!
Juan écarquille les yeux. Les tensions qu’il ramène de sa journée de bureau s’estompent devant l'angle surréaliste de l’instant présent.
- Mais, c’est quoi le truc, pourquoi ils sont là, ils font quoi???
- Ben ils représentent les premiers pèlerins, ils animent le boulevard!
L’homme fronce des sourcils sans pouvoir retenir un sourire devant l’anachronisme de la chose. Je ris de le voir décontenancé. On a beau dire, on a beau critiquer, cette histoire de 400ième moi j’aime bien. Quitte à dépenser les sous des contribuables, mieux vaut s’amuser en beauté plutôt que de foutre son argent par les fenêtres de la guerre! Québec se fait toute belle, fière de son histoire, elle se fait la fête, c’est tant mieux! En arrivant à destination, je retrouve mon petit brin de fille. Sa Mère-Grand me dit qu’elle est allée faire pipi toute seule sans que l’on le lui demande. Je la serre dans mes bras tout en la félicitant chaleureusement, elle me dit : « Cé pake z’ai pensé à toi maman » pour m’expliquer le pourquoi de la chose. Je fonds comme un caramel au soleil. Nous nous échappons à notre quotidien parental en allant faire un tour du coté de La Lucha Unida. Je ne résiste pas à l’invitation de me sortir la tête de ma mamamitude. Un documentaire, une conférence, des visages connus et de la musique avec en vedette Tomas Jensen. À cette occasion, j’apprends que des grandes entreprises canadiennes exploitent de manière éhontée l’Amazonie et ses ressources minières et pétrolières, ceci bien évidemment au détriment de l’écologie et des communautés autochtones…
Mes neurones stimulés font des étincelles, il me semble que cela fait des lustres que je ne suis pas sortie! J'aspire cette bouffée nocturne qui fait un bien fou. Malheureusement notre condition parentale nous force à quitter la soirée avant que n’arrive Tomas Jensen. Légèrement déçue je suis, à reculons, mon homme vers la sortie…
Avalée par le quotidien, je délaisse le virtuel pour mieux croquer le réel. Une semaine pluvieuse, entre deux orages, quelques éclaircies rappellent à l’été. Pour fuir la monotonie de la pluie et la voracité des moustiques affamés nous fuyons en ville retrouver mon ado de Clo. M’zelle Soleil grandit et ma petite sœur ne comprend pas la « bébé nostalgie » que ma mère et moi-même ressentons. Elle me dit : « Non mais vraiment c’est n’importe quoi, Lily est bien plus intéressante maintenant! J’comprends pas pourquoi vous capotez qu’elle grandisse vite, c’est cool moi j’trouve! » . Et c’est qu’elle a raison mon ado de sœur, au fur et à mesure que l’enfant grandit nous découvrons sa personnalité qui s’épanouit, elle devient autonome et c’est cool…
Une petite fille, aimante et aimée, profite de la vie que nous lui offrons. Au quotidien, l’amour est un flot qui nous emporte les jours. La petite enfance m’enchante, je n’y résiste point, incapable de m’en lasser, je couve ma fille d’attention. Je fonds sur place lorsqu’elle s’exclame en regardant son ado de tante : « Tsé ke j’tème toi! ». Sous sa carapace d'ado, Clo s'adoucit sous les yeux admiratifs de l'enfant. Il paraît qu’entre zéro et trois ans un enfant ne peut jamais recevoir trop d’amour. L’amour est le meilleur terreau de l’enfance. Je discute de ce concept avec mon amie Dee et je lui dis : « Ouais l’amour est le terreau, je plante des graines au quotidien et j'suis rendue de l’humus! ». Elle pouffe de rire malgré elle tandis que je grimace sous mon chignon ébouriffé. Il faut sérieusement que je pense à aller chez le coiffeur! C’est bien beau de me transformer en humus mais il ne faudrait pas non plus que je me décompose complètement! Heureusement que mon entraînement va bon train. La régularité de mes efforts raffermit mon corps qui se recompose, c’est déjà cela de pris. Pendant la sieste de l’enfant chez ma mère, je vais prendre une marche avec mon beau-père sur la promenade Champlain. En chemin nous rencontrons une marmotte et ses petits ainsi qu’un joli garçon qui me fait un adorable sourire. Mon beau-père me demande :
- Tu le connais?
- Ben non…
- Mais, t’as vu le sourire qu’il t’a fait!
- Ben oui, cela doit être le pilates qui me redonne des formes!!! J’sais pas, il était mignon par exemple…
- En tout cas, il t’a fait un sacré beau sourire dis don!
Une caresse flotte sur mon moral. Un sourire comme une caresse mentale. Bon, on ne va pas en faire un plat non plus, je suis loin d’avoir retrouvé la taille de mes vingt ans! Et puis mon mari est loin d’être vilain garçon, de plus il me sourit même quand j’ai l’air de rien! Mais quand même cela fait plaisir de récolter ce genre de sourire sur son chemin. Ma mère et son mari résident non loin du grand chantier qui a remodelé le Boulevard Champlain. Je dois avouer que si j’ai été sceptique au début des travaux, maintenant qu’ils achèvent, je suis charmée. J’aime bien l’originalité de ce bord de fleuve aménagé avec une certaine excentricité. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y arrêter assez longtemps pour m'en imprégner mais cela ne saurait tarder.
Je vais chercher Juan au bureau, nous allons retrouver la petite chez ma mère. L’on passe par le boulevard Champlain revisité pour les grandes festivités du 400ième de la ville. Au coin d’un carrefour, j’aperçois les capes noires de trois pèlerins :
- Oh! Regarde, des pèlerins!
- Hein?
- Ouais, regarde c’est les pèlerins, Clo m’avait justement demandée si je les avais déjà vus! Regarde, ils sont là!
Juan écarquille les yeux. Les tensions qu’il ramène de sa journée de bureau s’estompent devant l'angle surréaliste de l’instant présent.
- Mais, c’est quoi le truc, pourquoi ils sont là, ils font quoi???
- Ben ils représentent les premiers pèlerins, ils animent le boulevard!
L’homme fronce des sourcils sans pouvoir retenir un sourire devant l’anachronisme de la chose. Je ris de le voir décontenancé. On a beau dire, on a beau critiquer, cette histoire de 400ième moi j’aime bien. Quitte à dépenser les sous des contribuables, mieux vaut s’amuser en beauté plutôt que de foutre son argent par les fenêtres de la guerre! Québec se fait toute belle, fière de son histoire, elle se fait la fête, c’est tant mieux! En arrivant à destination, je retrouve mon petit brin de fille. Sa Mère-Grand me dit qu’elle est allée faire pipi toute seule sans que l’on le lui demande. Je la serre dans mes bras tout en la félicitant chaleureusement, elle me dit : « Cé pake z’ai pensé à toi maman » pour m’expliquer le pourquoi de la chose. Je fonds comme un caramel au soleil. Nous nous échappons à notre quotidien parental en allant faire un tour du coté de La Lucha Unida. Je ne résiste pas à l’invitation de me sortir la tête de ma mamamitude. Un documentaire, une conférence, des visages connus et de la musique avec en vedette Tomas Jensen. À cette occasion, j’apprends que des grandes entreprises canadiennes exploitent de manière éhontée l’Amazonie et ses ressources minières et pétrolières, ceci bien évidemment au détriment de l’écologie et des communautés autochtones…
Mes neurones stimulés font des étincelles, il me semble que cela fait des lustres que je ne suis pas sortie! J'aspire cette bouffée nocturne qui fait un bien fou. Malheureusement notre condition parentale nous force à quitter la soirée avant que n’arrive Tomas Jensen. Légèrement déçue je suis, à reculons, mon homme vers la sortie…
mardi, juin 17, 2008
Histoire de bille dans la cour d'enfance
Histoire de bille dans la cour d'enfance...
L’été dernier, M’zelle Soleil est partie à la découverte de son corps comme tous les bambins de son âge. Juan me dit alors : « Ben ça y est, elle a trouvé son bouton de plaisir! » Mi interloquée, mi amusée, mini choquée, je ne peux que constater cet état de fait. M’zelle Soleil expérimente avec brio les mécanismes de son corps. Comme toutes ses étapes d’éveil, elle passe celle-ci avec une grande facilité.
J'en discute avec une voisine. Elle me partage les pérégrinations de sa fille et nous échangeons sur le phénomène de mast… enfantine. Elle me dit que la sienne l’a fait longtemps, à tel point qu’à la maternelle, elle a dû sérieusement intervenir car elle le faisait même en classe! Même si je sais combien c’est un processus naturel, je ne sais pas trop comment je vais guider ma fille sur ce terrain miné. Je fais quelques recherches sur le sujet, tous les articles que je consulte expliquent clairement qu’il ne faut pas brimer la sexualité émergente de l’enfant. C'est un point avec lequel je suis théoriquement d'accord. Mais la théorie c'est une chose et la pratique c'en est une autre! Tout le monde sait qu'il n'est jamais si facile de mettre en pratique ses théories! Dans ce cas présent, il nous faut arriver à faire comprendre à l’enfant qu’elle a le droit de se faire du bien, que cela ne nous dérange pas outre mesure (l'on est loin d'être pudiques), pourtant ce n’est pas un comportement à caractère public. Tout un programme en notre société rongée par l'hypersexualité rampante. Enfin nous ne sommes pas rendus dans ces extrêmes avec notre brin de fille! M'zelle Soleil n'a pas encore conscience de la complexité du monde des adultes, ainsi notre programme actuel reste relativement simple...
Tout au long de l’hiver, je la prends régulièrement la main dans la culotte. Une fois sur deux j’ignore le fait, l'autre fois je lui demande simplement d’arrêter sans trop donner d’explications. Tant qu’elle ne me pose pas de questions, je m’abstiens d'élaborer sur ce sujet. Je ne suis toujours pas certaine de savoir sur quel pied danser cette ronde d'enfance. Durant ce temps, Juan finit par trouver l’expression appropriée à cette étape bambine : « Se rouler la bille ». C’est une expression que nous adoptons en souriant pour parler de ce concept ambigu. Une expression qui nous plait pour son coté plus rigolo que dramatique. Après tout, une certaine logique se dégage de notre cheminement puisque pour pouvoir communiquer avec l'enfant, il faut déjà savoir nommer la chose selon ses repères.
C’est en discutant avec ses collègues de bureau que Juan a accroché l’expression en question. L’une de ses collègues lui a dit en rigolant : « Ah, ben ça y est, ta fille se roule la bille!!! ». Il a trouvé cela drôle et sympa, j’ai trouvé que l’image n'était ni tendancieuse ni vulgaire, allez hop, l’expression est entrée dans notre maison. Nous en avions d'ailleurs bien besoin car la demoiselle pratiquait ouvertement le plaisir de ce sport d’intérieur! XXXZZZZiiiiinnnn, elle sait rouler à toutes vitesses avec un visage béat qui nous laisse (quand même) sur le carreau! Au printemps après que nous ayons passé une soirée avec des amis, Juan me dit :
- Hier, pendant que je la changeais, elle a commencé à se rouler la bille, les jambes écartées devant Phil et j’sais pas, j’ai senti comme une vibe de malaise, il était pas super confortable et moi non plus! Je lui ai dit que c'était normal mais il a eu l'air un peu sceptique! Il faut vraiment qu’on lui apprenne à ne pas le faire devant les gens, cela va vite devenir gênant…
- Oui, tu as raison, en plus c’est un comportement innocent qui peut se révéler dangereux. Mais c’est dur de lui faire comprendre tout ça. On ne veut pas l’empêcher ni lui dire que c’est sale mais c’est quand même limite comme truc, en plus avec l’été qui s’en vient, faudrait pas qu’elle le fasse devant n'importe qui…
Nous décidons d’embarquer à la vitesse supérieure sur ce sujet délicat. Je commence à lui expliquer subtilement qu’elle peut se rouler la bille dans sa chambre, dans son lit, dans le bain, n’importe où elle est seule et tranquille. Ce n'est pas un sujet évident à faire comprendre à une enfant de deux ans! Quelques jours plus tard, alors qu’elle s’exerce sous mon nez pour la énième fois, je suis fatiguée de me répéter, ma patience perd du terrain, je lui demande fermement d’arrêter de se rouler la bille une bonne fois pour toutes! Elle me répond alors avec une volonté d’acier :
- Cé ma bille!
- Oui c'est vrai.
- Moi z’ai le croit de la toucher pake cé ma bille!!!
- Oui, tu as le droit de la toucher mais quand tu es toute seule, t’es pas obligée de le faire dans ma face non plus!!! C'est tannant à la fin!
Elle sent mon mécontentement et arrête en boudant. Ce qui ne l’empêche pas de recommencer deux jours plus tard. Entre temps ma patience s’est rechargée, je lui explique calmement que je ne veux plus la voir se rouler la bille quand cela lui chante, sans réfléchir. C'est son droit personnel mais elle doit apprendre à choisir les moments où elle décide de le faire. Petit à petit, ce comportement s’atténue et même si je la vois encore se faire du bien par ci par là, tant que cela n’est pas ouvertement, je fais semblant de ne pas voir.
Petit à petit, nous nous raffermissons sur le sujet et nous acceptons de moins en moins qu’elle se tripote "en public" (c'est à dire sous notre nez). Depuis quelques semaines nous utilisons l’expression moins fréquemment, c’est un signe qu’elle assimile ce que nous essayons de lui enseigner. Cependant dernièrement alors qu’elle se roule la bille en toute franchise et que nous lui demandons d’une même voix d’arrêter, elle nous regarde et nous dit :
- Pourpoi c’est berk?
- Heuuuuuuuuu…
Nous restons surpris par cette question pertinente. Jamais nous ne lui avions dit que c’était sale. Il m'est arrivé de répondre que cela n'était pas propre lorsque ses "pourquoi" me faisait tourner la tête. De plus lorsque ses menottes passent de la bille à la bouche dans la même minute, cela a tendance à me faire tiquer. Disons que cela froisse mes critères d'hygiène! Elle n'est pas folle ma petite scorpionne! Elle nous tient sous sa loupe.
Jamais nous n’avons voulu lui inculquer de connotations négatives sur ce processus naturel. Cela dit, à mettre des limites à la chose, elle aura fait ses propres conclusions, nous sommes loin d’être infaillibles. Juan prend la parole, il lui explique:
- C’est pas berk en soi, c’est juste quelque chose d’intime. C’est pas sale si tu le fais toute seule, c’est tes parties intimes, tu sais, comme Raphy quand elle a pris le bain avec toi et qu’elle a pas voulu que maman voit ses parties intimes, c’est un peu pareil, c’est tes parties intimes, et tu peux te rouler la bille quand tu es seule mais pas devant les autres…
Comme je ne trouve rien à ajouter pour l’instant je me tais. L’enfant médite sur les sages paroles de son père et l'instant s'efface dans le temps. La demoiselle passe à autre chose. Les heures s'imbriquent en un quotidien d'enfance en constante évolution et j'en surfe les vagues. Je sais bien que le sujet reviendra assez vite sur le tapis, on ne s’en sortira pas si facilement. Notre aventure parentale ne fait que commencer….
L’été dernier, M’zelle Soleil est partie à la découverte de son corps comme tous les bambins de son âge. Juan me dit alors : « Ben ça y est, elle a trouvé son bouton de plaisir! » Mi interloquée, mi amusée, mini choquée, je ne peux que constater cet état de fait. M’zelle Soleil expérimente avec brio les mécanismes de son corps. Comme toutes ses étapes d’éveil, elle passe celle-ci avec une grande facilité.
J'en discute avec une voisine. Elle me partage les pérégrinations de sa fille et nous échangeons sur le phénomène de mast… enfantine. Elle me dit que la sienne l’a fait longtemps, à tel point qu’à la maternelle, elle a dû sérieusement intervenir car elle le faisait même en classe! Même si je sais combien c’est un processus naturel, je ne sais pas trop comment je vais guider ma fille sur ce terrain miné. Je fais quelques recherches sur le sujet, tous les articles que je consulte expliquent clairement qu’il ne faut pas brimer la sexualité émergente de l’enfant. C'est un point avec lequel je suis théoriquement d'accord. Mais la théorie c'est une chose et la pratique c'en est une autre! Tout le monde sait qu'il n'est jamais si facile de mettre en pratique ses théories! Dans ce cas présent, il nous faut arriver à faire comprendre à l’enfant qu’elle a le droit de se faire du bien, que cela ne nous dérange pas outre mesure (l'on est loin d'être pudiques), pourtant ce n’est pas un comportement à caractère public. Tout un programme en notre société rongée par l'hypersexualité rampante. Enfin nous ne sommes pas rendus dans ces extrêmes avec notre brin de fille! M'zelle Soleil n'a pas encore conscience de la complexité du monde des adultes, ainsi notre programme actuel reste relativement simple...
Tout au long de l’hiver, je la prends régulièrement la main dans la culotte. Une fois sur deux j’ignore le fait, l'autre fois je lui demande simplement d’arrêter sans trop donner d’explications. Tant qu’elle ne me pose pas de questions, je m’abstiens d'élaborer sur ce sujet. Je ne suis toujours pas certaine de savoir sur quel pied danser cette ronde d'enfance. Durant ce temps, Juan finit par trouver l’expression appropriée à cette étape bambine : « Se rouler la bille ». C’est une expression que nous adoptons en souriant pour parler de ce concept ambigu. Une expression qui nous plait pour son coté plus rigolo que dramatique. Après tout, une certaine logique se dégage de notre cheminement puisque pour pouvoir communiquer avec l'enfant, il faut déjà savoir nommer la chose selon ses repères.
C’est en discutant avec ses collègues de bureau que Juan a accroché l’expression en question. L’une de ses collègues lui a dit en rigolant : « Ah, ben ça y est, ta fille se roule la bille!!! ». Il a trouvé cela drôle et sympa, j’ai trouvé que l’image n'était ni tendancieuse ni vulgaire, allez hop, l’expression est entrée dans notre maison. Nous en avions d'ailleurs bien besoin car la demoiselle pratiquait ouvertement le plaisir de ce sport d’intérieur! XXXZZZZiiiiinnnn, elle sait rouler à toutes vitesses avec un visage béat qui nous laisse (quand même) sur le carreau! Au printemps après que nous ayons passé une soirée avec des amis, Juan me dit :
- Hier, pendant que je la changeais, elle a commencé à se rouler la bille, les jambes écartées devant Phil et j’sais pas, j’ai senti comme une vibe de malaise, il était pas super confortable et moi non plus! Je lui ai dit que c'était normal mais il a eu l'air un peu sceptique! Il faut vraiment qu’on lui apprenne à ne pas le faire devant les gens, cela va vite devenir gênant…
- Oui, tu as raison, en plus c’est un comportement innocent qui peut se révéler dangereux. Mais c’est dur de lui faire comprendre tout ça. On ne veut pas l’empêcher ni lui dire que c’est sale mais c’est quand même limite comme truc, en plus avec l’été qui s’en vient, faudrait pas qu’elle le fasse devant n'importe qui…
Nous décidons d’embarquer à la vitesse supérieure sur ce sujet délicat. Je commence à lui expliquer subtilement qu’elle peut se rouler la bille dans sa chambre, dans son lit, dans le bain, n’importe où elle est seule et tranquille. Ce n'est pas un sujet évident à faire comprendre à une enfant de deux ans! Quelques jours plus tard, alors qu’elle s’exerce sous mon nez pour la énième fois, je suis fatiguée de me répéter, ma patience perd du terrain, je lui demande fermement d’arrêter de se rouler la bille une bonne fois pour toutes! Elle me répond alors avec une volonté d’acier :
- Cé ma bille!
- Oui c'est vrai.
- Moi z’ai le croit de la toucher pake cé ma bille!!!
- Oui, tu as le droit de la toucher mais quand tu es toute seule, t’es pas obligée de le faire dans ma face non plus!!! C'est tannant à la fin!
Elle sent mon mécontentement et arrête en boudant. Ce qui ne l’empêche pas de recommencer deux jours plus tard. Entre temps ma patience s’est rechargée, je lui explique calmement que je ne veux plus la voir se rouler la bille quand cela lui chante, sans réfléchir. C'est son droit personnel mais elle doit apprendre à choisir les moments où elle décide de le faire. Petit à petit, ce comportement s’atténue et même si je la vois encore se faire du bien par ci par là, tant que cela n’est pas ouvertement, je fais semblant de ne pas voir.
Petit à petit, nous nous raffermissons sur le sujet et nous acceptons de moins en moins qu’elle se tripote "en public" (c'est à dire sous notre nez). Depuis quelques semaines nous utilisons l’expression moins fréquemment, c’est un signe qu’elle assimile ce que nous essayons de lui enseigner. Cependant dernièrement alors qu’elle se roule la bille en toute franchise et que nous lui demandons d’une même voix d’arrêter, elle nous regarde et nous dit :
- Pourpoi c’est berk?
- Heuuuuuuuuu…
Nous restons surpris par cette question pertinente. Jamais nous ne lui avions dit que c’était sale. Il m'est arrivé de répondre que cela n'était pas propre lorsque ses "pourquoi" me faisait tourner la tête. De plus lorsque ses menottes passent de la bille à la bouche dans la même minute, cela a tendance à me faire tiquer. Disons que cela froisse mes critères d'hygiène! Elle n'est pas folle ma petite scorpionne! Elle nous tient sous sa loupe.
Jamais nous n’avons voulu lui inculquer de connotations négatives sur ce processus naturel. Cela dit, à mettre des limites à la chose, elle aura fait ses propres conclusions, nous sommes loin d’être infaillibles. Juan prend la parole, il lui explique:
- C’est pas berk en soi, c’est juste quelque chose d’intime. C’est pas sale si tu le fais toute seule, c’est tes parties intimes, tu sais, comme Raphy quand elle a pris le bain avec toi et qu’elle a pas voulu que maman voit ses parties intimes, c’est un peu pareil, c’est tes parties intimes, et tu peux te rouler la bille quand tu es seule mais pas devant les autres…
Comme je ne trouve rien à ajouter pour l’instant je me tais. L’enfant médite sur les sages paroles de son père et l'instant s'efface dans le temps. La demoiselle passe à autre chose. Les heures s'imbriquent en un quotidien d'enfance en constante évolution et j'en surfe les vagues. Je sais bien que le sujet reviendra assez vite sur le tapis, on ne s’en sortira pas si facilement. Notre aventure parentale ne fait que commencer….
« Treize à la douzaine »
J'ai raté l'expression de la semaine dernière alors en l'honneur de son vendredi passé, cette expression que je ne connaissais point inspire mon choix du jour. Il faut avouer que c'est une expression qui me semble plutôt en voie de disparition..
EXPRESSION via expressio.fr
« Treize à la douzaine »
SIGNIFICATION
Un grand nombre, beaucoup.
ORIGINE
Maintenant souvent employée avec un sens péjoratif signifiant "beaucoup trop" ou même "à ne pas savoir qu'en faire". Cette expression, attestée en 1750, vient d'une époque révolue où les commerçants, à la fois peu regardants et qui avaient le sourire et le sens du commerce, n'hésitaient pas à rajouter, sans vous la faire payer, une treizième merguez quand vous en demandiez seulement douze. Maintenant, pour la même quantité demandée, ils ont plutôt tendance à vous en mettre quatorze et vous faire payer le prix de seize. Aujourd'hui, si après avoir été pris en flagrant délit, vous risquez douze ans de prison et qu'on vous en colle treize, vous pourrez dire que le magistrat vous en a mis treize à la douzaine.
EXPRESSION via expressio.fr
« Treize à la douzaine »
SIGNIFICATION
Un grand nombre, beaucoup.
ORIGINE
Maintenant souvent employée avec un sens péjoratif signifiant "beaucoup trop" ou même "à ne pas savoir qu'en faire". Cette expression, attestée en 1750, vient d'une époque révolue où les commerçants, à la fois peu regardants et qui avaient le sourire et le sens du commerce, n'hésitaient pas à rajouter, sans vous la faire payer, une treizième merguez quand vous en demandiez seulement douze. Maintenant, pour la même quantité demandée, ils ont plutôt tendance à vous en mettre quatorze et vous faire payer le prix de seize. Aujourd'hui, si après avoir été pris en flagrant délit, vous risquez douze ans de prison et qu'on vous en colle treize, vous pourrez dire que le magistrat vous en a mis treize à la douzaine.
vendredi, juin 13, 2008
Une petite puce de lac et un vilain petit canard…
Une petite puce de lac et un vilain petit canard…
Le soleil brille haut dans un ciel d'azur, le lac lisse comme un miroir, reflète le paysage tranquille. Après une semaine rythmée par des vagues de chaleur accompagnées de violents orages, le temps se stabilise au beau fixe. Une petite brise rafraichit l'atmosphère, le soleil nous enrobe de sa douceur, c'est une magnifique journée à saveur d'été.
Seules sur la plage, nous profitons de la beauté du jour. M’zelle Soleil fait des allers retours dans l’eau fraiche. Elle refuse vite de mettre sa « ceinture de sécurité », préférant la liberté d’avancer sans bouée. Un sourire au coin des lèvres, je la laisse faire. Je surveille ses allées et venues avec vigilance. Seuls ses petits pas qui s’enfoncent dans l’eau rident la surface bleutée.
Je remarque au loin un troupe de canetons qui caquètent bruyamment, j’en fais part à mon brin de fille qui lève aussitôt la tête. Sa curiosité est piquée. Malgré mes recommandations elle ne peut s’empêcher d’aller voir. Je la laisse faire. Je la laisse expérimenter. Les canetons se font la malle. Dépitée, elle revient vers moi au pas de course. Main dans la main nous retournons voir où est rendue la petite troupe. Nous les retrouvons au bout de la plage. Nous nous asseyons sur le quai de bois pour mieux les observer, ils sont juste là, à quelques mètres de nous. En un coup d'aile qui éclabousse la surface lisse une cane se pose sur l’eau. Nous contemplons la scène d’un même regard, je dis :
- Oh! Regarde, c’est la maman canard qui revient. Elle avait laissé ses petits tous seuls! Regarde, elle les appelle…
M’zelle Soleil écarquille grand les yeux, la bouche légèrement entrouverte, elle ne rate rien de l’action qui se déroule sous nos yeux. La maman canard rejoint la petite troupe de canetons qui se dirige vers elle. Nous les observons en papotant lorsque tout à coup la cane se fâche et s’en prend à l’un des petits qu’elle écarte vigoureusement du groupe. Je reste bouche bée comme ma fille.
- Ah! ben voyons, tu as vu? Elle a disputé le petit, elle avait pas l’air contente! Ben voyons!
- Vi, z'ai vu! Pas contente la maman, oh! Non! Pourpoi elle a puté le bébé canard?
- Ben je sais pas, peut-être qu’il écoutait pas bien sa maman…
- Oh! Non, tannante la maman canard!
Tandis que l’on jasouille sur ce sujet, la maman et ses petits nagent d’un coté tandis que le caneton, qui s’est fait rabroué avec force, part en sens inverse. Bientôt la petite troupe disparaît dans l'horizon limpide et le petit rejet tourne en rond sur l’eau. Il fait pitié à crier ainsi sans personne pour s’en préoccuper. M’zelle Soleil s’insurge :
- Mais maman, le petit canard, y pleure, t'entends y pleure fort…
- Oui j'entends…
- La maman est patie, elle a puté le canard et elle est pati, gade, maman il pleure le petit…
- Ben oui, c’est bizarre, voyons! La maman a laissé le petit tout seul, elle l’a disputé et elle l’a abandonné là!
Mon petit perroquet de fille qui m’imite comme un singe me répond :
- Ben voyons! Voyons! Oh! Non! Qué qu’on va fère maman?!?
- Hum, je sais pas, tu sais les petits canards ils ont peur des gens, si on essaie de l’attraper il va se sauver! Et puis peut-être que sa maman va revenir ou alors c’était pas sa maman et il a une autre maman qui va arriver…
Pendant que ma fille s’inquiète du sort de ce petit canard abandonné, j’essaie de la rassurer en lui cachant le pire. Qu'est-ce que j'en sais d'abord! Peut-être que le sort de ce petit être est déjà scellé. Peut-il survivre sans parent, est-il un vilain petit canard comme dans le conte pour enfants? Pourtant il n'a pas l'air d'un cigne! M’zelle Soleil ne connaît pas encore ces contes là et je ne me sens pas le cœur de lui en parler! J’essaie de la rassurer tandis que le petit chose tourne en rond, l’air perdu, en piaillant sans cesse. Il finit par se calmer et se poser le nez sur un morceau de sable tout en se laissant porter par l’eau. M’zelle Soleil me dit :
- Mais maman, il a plus de maison le canard?
Je souris devant l’association d’esprit de mon petit, un enfant sans maman n’a plus de maison, c’est l’évidence même. Comme il est midi et que l’on doit rentrer manger, je m’esquive en quelques paroles bien choisies :
- Ben, on va voir, on va revenir après ta sieste et s’il est encore là on essaiera de l’attraper…
- Okay, on va r'venir pis on va accraper le bébé canard, okay maman?
En mon fort intérieur, je souhaite que le petit canard retrouve le chemin de sa "maison" avant que je ne revienne. Juan voudrait faire une sacrée tête s’il rentrait ce soir pour trouver un caneton dans le salon! Sans parler des chats qui se ne penseraient qu'à le croquer tout cru! Et puis comment est-ce que l’on materne un caneton? Cela mange quoi à souper ses bêtes là? Non franchement, je n'ai pas vraiment le gout de m'embarquer dans cette expérience animale! Bref, j’emmène mon brin de soleil en laissant (lâchement) le pauvre petit canard à son sort incertain…
En rentrant à la maison, je réalise que nous sommes aujourd'hui vendredi treize et mes pensées convergent vers ce petit caneton esseulé qui a eu l’air de passer une sale matinée…
Le soleil brille haut dans un ciel d'azur, le lac lisse comme un miroir, reflète le paysage tranquille. Après une semaine rythmée par des vagues de chaleur accompagnées de violents orages, le temps se stabilise au beau fixe. Une petite brise rafraichit l'atmosphère, le soleil nous enrobe de sa douceur, c'est une magnifique journée à saveur d'été.
Seules sur la plage, nous profitons de la beauté du jour. M’zelle Soleil fait des allers retours dans l’eau fraiche. Elle refuse vite de mettre sa « ceinture de sécurité », préférant la liberté d’avancer sans bouée. Un sourire au coin des lèvres, je la laisse faire. Je surveille ses allées et venues avec vigilance. Seuls ses petits pas qui s’enfoncent dans l’eau rident la surface bleutée.
Je remarque au loin un troupe de canetons qui caquètent bruyamment, j’en fais part à mon brin de fille qui lève aussitôt la tête. Sa curiosité est piquée. Malgré mes recommandations elle ne peut s’empêcher d’aller voir. Je la laisse faire. Je la laisse expérimenter. Les canetons se font la malle. Dépitée, elle revient vers moi au pas de course. Main dans la main nous retournons voir où est rendue la petite troupe. Nous les retrouvons au bout de la plage. Nous nous asseyons sur le quai de bois pour mieux les observer, ils sont juste là, à quelques mètres de nous. En un coup d'aile qui éclabousse la surface lisse une cane se pose sur l’eau. Nous contemplons la scène d’un même regard, je dis :
- Oh! Regarde, c’est la maman canard qui revient. Elle avait laissé ses petits tous seuls! Regarde, elle les appelle…
M’zelle Soleil écarquille grand les yeux, la bouche légèrement entrouverte, elle ne rate rien de l’action qui se déroule sous nos yeux. La maman canard rejoint la petite troupe de canetons qui se dirige vers elle. Nous les observons en papotant lorsque tout à coup la cane se fâche et s’en prend à l’un des petits qu’elle écarte vigoureusement du groupe. Je reste bouche bée comme ma fille.
- Ah! ben voyons, tu as vu? Elle a disputé le petit, elle avait pas l’air contente! Ben voyons!
- Vi, z'ai vu! Pas contente la maman, oh! Non! Pourpoi elle a puté le bébé canard?
- Ben je sais pas, peut-être qu’il écoutait pas bien sa maman…
- Oh! Non, tannante la maman canard!
Tandis que l’on jasouille sur ce sujet, la maman et ses petits nagent d’un coté tandis que le caneton, qui s’est fait rabroué avec force, part en sens inverse. Bientôt la petite troupe disparaît dans l'horizon limpide et le petit rejet tourne en rond sur l’eau. Il fait pitié à crier ainsi sans personne pour s’en préoccuper. M’zelle Soleil s’insurge :
- Mais maman, le petit canard, y pleure, t'entends y pleure fort…
- Oui j'entends…
- La maman est patie, elle a puté le canard et elle est pati, gade, maman il pleure le petit…
- Ben oui, c’est bizarre, voyons! La maman a laissé le petit tout seul, elle l’a disputé et elle l’a abandonné là!
Mon petit perroquet de fille qui m’imite comme un singe me répond :
- Ben voyons! Voyons! Oh! Non! Qué qu’on va fère maman?!?
- Hum, je sais pas, tu sais les petits canards ils ont peur des gens, si on essaie de l’attraper il va se sauver! Et puis peut-être que sa maman va revenir ou alors c’était pas sa maman et il a une autre maman qui va arriver…
Pendant que ma fille s’inquiète du sort de ce petit canard abandonné, j’essaie de la rassurer en lui cachant le pire. Qu'est-ce que j'en sais d'abord! Peut-être que le sort de ce petit être est déjà scellé. Peut-il survivre sans parent, est-il un vilain petit canard comme dans le conte pour enfants? Pourtant il n'a pas l'air d'un cigne! M’zelle Soleil ne connaît pas encore ces contes là et je ne me sens pas le cœur de lui en parler! J’essaie de la rassurer tandis que le petit chose tourne en rond, l’air perdu, en piaillant sans cesse. Il finit par se calmer et se poser le nez sur un morceau de sable tout en se laissant porter par l’eau. M’zelle Soleil me dit :
- Mais maman, il a plus de maison le canard?
Je souris devant l’association d’esprit de mon petit, un enfant sans maman n’a plus de maison, c’est l’évidence même. Comme il est midi et que l’on doit rentrer manger, je m’esquive en quelques paroles bien choisies :
- Ben, on va voir, on va revenir après ta sieste et s’il est encore là on essaiera de l’attraper…
- Okay, on va r'venir pis on va accraper le bébé canard, okay maman?
En mon fort intérieur, je souhaite que le petit canard retrouve le chemin de sa "maison" avant que je ne revienne. Juan voudrait faire une sacrée tête s’il rentrait ce soir pour trouver un caneton dans le salon! Sans parler des chats qui se ne penseraient qu'à le croquer tout cru! Et puis comment est-ce que l’on materne un caneton? Cela mange quoi à souper ses bêtes là? Non franchement, je n'ai pas vraiment le gout de m'embarquer dans cette expérience animale! Bref, j’emmène mon brin de soleil en laissant (lâchement) le pauvre petit canard à son sort incertain…
En rentrant à la maison, je réalise que nous sommes aujourd'hui vendredi treize et mes pensées convergent vers ce petit caneton esseulé qui a eu l’air de passer une sale matinée…
jeudi, juin 12, 2008
Brève de lac
Il flotte dans l’air un parfum de lilas que j’hume avec délice. Une heure de lac, de soleil et de vagues. Solitude choisie. Une heure d’air pur pour recharger mes batteries. Sentir les vents caresser ma peau blanche. Apprécier l'atmosphère sereine. Savourer les souffles d’eau qui effacent ces petits soucis de la vie qui nous ennuient. Se perdre le regard dans l'horizon scintillant.Laisser glisser le temps. Les oreilles pleines des tumultes du grand lac, s’allonger sur le sable chaud, s'abandonner jusqu'à s’assoupir. Flotter entre ciel et terre. Retrouver ses forces concentrées. Repartir pour un tour de quotidien huilé d’efforts adultes et d’enfance souriante…
mardi, juin 10, 2008
Paroles envolées…
Paroles et sensations partagées…
"Bavardises"
M'zelle Soleil s’exclame “c’est plate” lorsque cela l’ennuie. Cela me m'attendrit. Alors que l'on revient d'une ballade dominicale avec des copains, elle nous dit:“Cé craiment cool!”. Cela nous fait tous rire. Mademoiselle charme mes jours en une sérénade enfantine qui m'hypnotise l'esprit. Depuis quelques semaines, elle est fascinée par tout ce qui est "bébé" et par les images de lorsqu'elle était bébé. Elle s’amuse à les classer dans son album avec une grande concentration. Alors qu’elle est occupée à cette tâche, elle vient me voir :
- Tu va fère un aut bébé maman?
- Heu…
- Un tout petit bébé Lily? Tu va en fère un aut tu croi?
- Heu…
Autre jour, même quotidien. Je désire la voir écouter mes consignes, elle répond à mon insistance avec un air coriace :
- Tannante maman!!!
Un regard noir je lui lance sur le champ. Moue piteuse et petite voix :
- Ze t’ème maman, ze t’ème! Toi aussi?
Comment puis-je ne pas fondre instantanément? Bien-sur que je l'aime. Plus que moi-même. Je l'aime tant que parfois je sais que je me noie dans un océan aux abysses maternelles. Je deviens amphibie. Je fais des bulles de Lily. Je me consacre à sa petite enfance avec une vocation digne d'un moine qui entre au cloitre. Fière je suis d'entrer dans son petit monde d'innocence pour y déposer mes repères plutôt que de la balancer dans un univers d'adultes aux cadences pressées. Tannée il m'arrive d'être lorsque je réalise à quel point mon espace personnel est rendu mince. Mon espace personnel tient sur un fil de liberté...
Moments de discipline lorsque j'exige qu'elle aille faire pipi, elle se rebelle, je la "sermonasse". Ce n'est pas comme si elle ne s'était pas échappée la veille lorsque je lui avais donné une autre chance de bien faire. Ferme, je tiens mon point. Je m'approche. Elle me dit:
- Non, c'est moua obéir à moua!
Je tourne la tête et avale un sourire furtif qu'elle ne remarque point tandis que je l'embarque dans mes bras pour la déposer boudeuse sur la toilette. Comme une poupée qui dit "non" elle fait pipi quand on la met en position. Un point pour moi.
Ce matin alors que je « somnambule » un peu, elle sautille autour de moi, elle remue l'air en quelques cabrioles et me dit à quelques reprises : « Moi, z’aimerai bien une sœur!!! ». Elle lâche pas le morceau la bougresse! Je l'attrape et la chatouille dans tous les sens. Elle rit aux éclat. Je la laisse respirer entre deux rigolades. Quelques minutes plus tard, je la câline contre moi, j’hume son odeur de bébé qui persiste malgré le fait qu’elle soit devenue fillette. Tendresse et pureté. Je caresse sa peau veloutée. Elle se love contre moi et je lui chuchote au creux de l’oreille :
- Tsé, maman elle a un peu peur de faire un autre bébé.
- Pourpoi maman?
- Parce maman elle a été très malade quand elle a fait Lily…
Elle me serre le cou de ses petits bras potelés. Carpe Diem. Le temps se fond en un instant de communion silencieuse. Nos âmes et nos cœurs s’entrelient. Sérénité et fusion. Je remarque au passage de cet écrit que dans cette dynamique d'enfance qui nous unit, j'ai pris l'habitude de parler de ma pomme à la troisième personne. Je pratique beaucoup moins le "je" par les temps qui courent. À mesure que mon "je" s'efface, le sien s'épanouit, mon enfant soleil se définit de mieux en mieux à la première personne. Et me voilà devenue une sorte d'entité, je suis "maman". Complètement maman je suis. Je la serre contre mon coeur battant et je tais le film de mes angoisses féminines : Comment arriverai-je à donner autant à un autre enfant sans m'y perdre entièrement?
"Bavardises"
M'zelle Soleil s’exclame “c’est plate” lorsque cela l’ennuie. Cela me m'attendrit. Alors que l'on revient d'une ballade dominicale avec des copains, elle nous dit:“Cé craiment cool!”. Cela nous fait tous rire. Mademoiselle charme mes jours en une sérénade enfantine qui m'hypnotise l'esprit. Depuis quelques semaines, elle est fascinée par tout ce qui est "bébé" et par les images de lorsqu'elle était bébé. Elle s’amuse à les classer dans son album avec une grande concentration. Alors qu’elle est occupée à cette tâche, elle vient me voir :
- Tu va fère un aut bébé maman?
- Heu…
- Un tout petit bébé Lily? Tu va en fère un aut tu croi?
- Heu…
Autre jour, même quotidien. Je désire la voir écouter mes consignes, elle répond à mon insistance avec un air coriace :
- Tannante maman!!!
Un regard noir je lui lance sur le champ. Moue piteuse et petite voix :
- Ze t’ème maman, ze t’ème! Toi aussi?
Comment puis-je ne pas fondre instantanément? Bien-sur que je l'aime. Plus que moi-même. Je l'aime tant que parfois je sais que je me noie dans un océan aux abysses maternelles. Je deviens amphibie. Je fais des bulles de Lily. Je me consacre à sa petite enfance avec une vocation digne d'un moine qui entre au cloitre. Fière je suis d'entrer dans son petit monde d'innocence pour y déposer mes repères plutôt que de la balancer dans un univers d'adultes aux cadences pressées. Tannée il m'arrive d'être lorsque je réalise à quel point mon espace personnel est rendu mince. Mon espace personnel tient sur un fil de liberté...
Moments de discipline lorsque j'exige qu'elle aille faire pipi, elle se rebelle, je la "sermonasse". Ce n'est pas comme si elle ne s'était pas échappée la veille lorsque je lui avais donné une autre chance de bien faire. Ferme, je tiens mon point. Je m'approche. Elle me dit:
- Non, c'est moua obéir à moua!
Je tourne la tête et avale un sourire furtif qu'elle ne remarque point tandis que je l'embarque dans mes bras pour la déposer boudeuse sur la toilette. Comme une poupée qui dit "non" elle fait pipi quand on la met en position. Un point pour moi.
Ce matin alors que je « somnambule » un peu, elle sautille autour de moi, elle remue l'air en quelques cabrioles et me dit à quelques reprises : « Moi, z’aimerai bien une sœur!!! ». Elle lâche pas le morceau la bougresse! Je l'attrape et la chatouille dans tous les sens. Elle rit aux éclat. Je la laisse respirer entre deux rigolades. Quelques minutes plus tard, je la câline contre moi, j’hume son odeur de bébé qui persiste malgré le fait qu’elle soit devenue fillette. Tendresse et pureté. Je caresse sa peau veloutée. Elle se love contre moi et je lui chuchote au creux de l’oreille :
- Tsé, maman elle a un peu peur de faire un autre bébé.
- Pourpoi maman?
- Parce maman elle a été très malade quand elle a fait Lily…
Elle me serre le cou de ses petits bras potelés. Carpe Diem. Le temps se fond en un instant de communion silencieuse. Nos âmes et nos cœurs s’entrelient. Sérénité et fusion. Je remarque au passage de cet écrit que dans cette dynamique d'enfance qui nous unit, j'ai pris l'habitude de parler de ma pomme à la troisième personne. Je pratique beaucoup moins le "je" par les temps qui courent. À mesure que mon "je" s'efface, le sien s'épanouit, mon enfant soleil se définit de mieux en mieux à la première personne. Et me voilà devenue une sorte d'entité, je suis "maman". Complètement maman je suis. Je la serre contre mon coeur battant et je tais le film de mes angoisses féminines : Comment arriverai-je à donner autant à un autre enfant sans m'y perdre entièrement?
dimanche, juin 08, 2008
Carpe diem
Minuit au coin de l'heure. Juste avant que ne s'achève la semaine une expression des plus connues qui reflète bien l'esprit de nos dernières journées. Une fin de semaine qui nous assomme d'une chaleur étonnante pour nos corps plus habitués à combattre le froid que l'atmosphère tropicale de ces deux derniers jours...
EXPRESSION via Expressio.fr
« Carpe diem »
SIGNIFICATION
Profite bien du moment / du jour présent
ORIGINE
La formule latine complète est "Carpe diem quam minimum credula postero" qu'on peut traduire par "Cueille le jour [et sois] la moins curieuse [possible] de l'avenir". C'est le poète latin Horace qui l'a écrite dans un dernier ver d'un poème, où il résume ce qui précède. Il veut y persuader Leuconoé, jeune fille qui souhaite vivre longtemps, que c'est le présent qui est important et que, même s'il est très probable qu'il lui reste encore de nombreuses années à vivre, elle doit pleinement profiter du présent, mais en gardant une saine discipline de vie et en ne remettant pas au lendemain les choses à faire. Horace s'intéressait à l'épicurisme, le vrai, pas celui auquel on pense aujourd'hui lorsqu'on parle d'un épicurien, une personne qui ne songe qu'au(x) plaisir(s) et sait pleinement en profiter. Car si on se rappelle quelques citations d'Épicure, on comprend bien que sa doctrine est, de nos jours, plutôt dévoyée :
« - Lorsque nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne pensons pas aux plaisirs des débauchés ni à ceux qui consistent dans les jouissances physiques.[...]Le plaisir dont nous parlons consiste dans l'absence de souffrance physique et de trouble de l'âme.
- Je m'épanouis dans le plaisir corporel en me nourrissant de pain et d'eau.
- Grâce soit rendue à la bienheureuse Nature qui a fait que ce qui est nécessaire est aisé à obtenir, tandis que les choses difficiles à se procurer ne sont pas nécessaires.
- Avec un peu de pain et d’eau le sage rivalise de félicité avec Jupiter. » Autant dire que la vision du plaisir d'Épicure, plaisir d'ascète plus que d'épicurien moderne, n'était pas tout-à-fait identique à celle qu'on croit en général. Aujourd'hui, le carpe diem est plus vu comme une incitation à jouir du moment présent sans contraintes ni retenue.
COMPLEMENTS
Voici une adaptation moderne par Gilles Simard du poème d'Horace :
Pourquoi cherches-tu l'impossible
en voulant à tout prix
connaître d'avance
ce que la vie nous réserve à toi et à moi ?
Quoi qu'il puisse nous arriver,
la sagesse n'est-elle pas
de nous soumettre chacun à notre sort ?
Que la vie te réserve encore bien des hivers
ou, au contraire,
que tu sois en train d'en vivre le dernier
- celui-là même qui, en ce moment,
éreinte les vagues de la mer
à l'assaut des rochers -
crois-moi,
ne change rien à tes occupations
et, dans un cas comme dans l'autre,
n'escompte jamais vivre plus loin
que le jour où nous sommes.
Déjà, tandis que nous parlons,
le temps impitoyable aura fui.
C'est aujourd'hui qu'il faut vivre,
car demain reste pour toi
ce qu'il y a de moins sûr
EXPRESSION via Expressio.fr
« Carpe diem »
SIGNIFICATION
Profite bien du moment / du jour présent
ORIGINE
La formule latine complète est "Carpe diem quam minimum credula postero" qu'on peut traduire par "Cueille le jour [et sois] la moins curieuse [possible] de l'avenir". C'est le poète latin Horace qui l'a écrite dans un dernier ver d'un poème, où il résume ce qui précède. Il veut y persuader Leuconoé, jeune fille qui souhaite vivre longtemps, que c'est le présent qui est important et que, même s'il est très probable qu'il lui reste encore de nombreuses années à vivre, elle doit pleinement profiter du présent, mais en gardant une saine discipline de vie et en ne remettant pas au lendemain les choses à faire. Horace s'intéressait à l'épicurisme, le vrai, pas celui auquel on pense aujourd'hui lorsqu'on parle d'un épicurien, une personne qui ne songe qu'au(x) plaisir(s) et sait pleinement en profiter. Car si on se rappelle quelques citations d'Épicure, on comprend bien que sa doctrine est, de nos jours, plutôt dévoyée :
« - Lorsque nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne pensons pas aux plaisirs des débauchés ni à ceux qui consistent dans les jouissances physiques.[...]Le plaisir dont nous parlons consiste dans l'absence de souffrance physique et de trouble de l'âme.
- Je m'épanouis dans le plaisir corporel en me nourrissant de pain et d'eau.
- Grâce soit rendue à la bienheureuse Nature qui a fait que ce qui est nécessaire est aisé à obtenir, tandis que les choses difficiles à se procurer ne sont pas nécessaires.
- Avec un peu de pain et d’eau le sage rivalise de félicité avec Jupiter. » Autant dire que la vision du plaisir d'Épicure, plaisir d'ascète plus que d'épicurien moderne, n'était pas tout-à-fait identique à celle qu'on croit en général. Aujourd'hui, le carpe diem est plus vu comme une incitation à jouir du moment présent sans contraintes ni retenue.
COMPLEMENTS
Voici une adaptation moderne par Gilles Simard du poème d'Horace :
Pourquoi cherches-tu l'impossible
en voulant à tout prix
connaître d'avance
ce que la vie nous réserve à toi et à moi ?
Quoi qu'il puisse nous arriver,
la sagesse n'est-elle pas
de nous soumettre chacun à notre sort ?
Que la vie te réserve encore bien des hivers
ou, au contraire,
que tu sois en train d'en vivre le dernier
- celui-là même qui, en ce moment,
éreinte les vagues de la mer
à l'assaut des rochers -
crois-moi,
ne change rien à tes occupations
et, dans un cas comme dans l'autre,
n'escompte jamais vivre plus loin
que le jour où nous sommes.
Déjà, tandis que nous parlons,
le temps impitoyable aura fui.
C'est aujourd'hui qu'il faut vivre,
car demain reste pour toi
ce qu'il y a de moins sûr
vendredi, juin 06, 2008
Premières belles journées.
Premières belles journées bleutées...
L’eau toujours aussi glacée n’empêche pas M’zelle Soleil de s’éclater…
L’eau toujours aussi glacée n’empêche pas M’zelle Soleil de s’éclater…
jeudi, juin 05, 2008
D'ombres et de lumières
D'ombres et de lumières
Bien souvent l’on me dit que j’ai de la chance d’être avec ma fille. À chaque fois je serre des dents, une fois sur deux je réponds : « Je ne sais pas si c’est de la chance, je dirais plus que c’est un choix. ». Et à chaque fois que je réponds cela un silence plus ou moins confortable s’installe, cela clôt généralement la discussion sur le sujet. Cela m’énerve.
Celle qui me fait la remarque est souvent une professionnelle endurcie. Que dirait-elle si je m’exclamais « Oh! Tu as une carrière, tu en as de la chance! ». Elle me regarderait sûrement comme si je débarquais d’une autre planète. Et de plus en plus souvent lorsque fuse cette phrase à mon égard « Oh! Tu as de la chance ! » (Implicitement, tu es à la maison avec ta fille à la journée longue), j’ai l’impression de vivre sur une autre planète.
Pourtant tout comme beaucoup de femmes font des sacrifices maternels pour leur vie professionnelle, je fais des sacrifices personnels pour ma vie maternelle. À chacun ses choix. Dans les deux cas de figures les sacrifices sont réels. Dans les deux cas de figures il faut assumer son choix. Je ne désire pas juger la femme de carrière tout comme je souhaiterais ne pas être jugée en ma condition de maman professionnelle. J’estime que ces deux états de vie proviennent de la même liberté de choix féminine. Nous avons la chance de vivre en une société où les femmes font le choix de leur destin, ce n’est pas partout sur la planète que cela se passe ainsi. Nous sommes très chanceuses de vivre une telle expérience. Il est de notre devoir d'en être conscientes. De cela, oui, je crois que j’ai beaucoup de chance…
Il est vrai que j'ai la chance d'avoir un mari ouvert à mes envies. Un mari qui accepte les choix que je fais, qui m'aime comme je suis. Mais suis-je plus chanceuse que celles qui ont un mari qui acceptent de les laisser travailler? Je me demande pourquoi si peu de mes contemporaines comprennent que je puisse faire le choix conscient de me dédier à la petite enfance de mon enfant. Parfois j'ai la sensation que c'est un choix qui menace les féministes dans l'âme. Un choix qui les dérange. J'ai lu quelque part que le droit d'être mère s'était perdu dans le militantisme des droits de la femme.
D'un autre coté ma fille aura trois ans cet automne et j'estime qu'elle est désormais assez autonome pour s'affirmer hors des jupes de sa mère. Assez autonome pour aller à l'école ou tout du moins entrer un système éducatif où elle devrait apprendre à cohabiter avec ses pairs tout en faisant travailler son intellect. Pourtant comme je ne l'ai pas inscrite à la CPE du village voisin lorsque j'étais enceinte, elle a peu de chance de se trouver une place avant ses quatre ou cinq ans. Même si je l'ai inscrite alors qu'elle avait 18 mois, elle est si loin sur la liste que c'en est pathétique. Comme elle est née en novembre, elle ne pourra normalement entrer en maternelle qu'à l'aube de ses six ans. Il faut que l'enfant ait fêté ses cinq ans en septembre pour qu'il puisse être inscrit à la maternelle. Si malgré tout je souhaite que ma fille puisse faire son entrée en maternelle l'année de ses cinq ans, je devrais demander une dérogation qui me coutera un petit millier de dollars, et qui fera passer ma fille sous une batterie de tests afin de déterminer si elle est apte à commencer l'école deux mois avant ses cinq ans sonnants! De cela je ne suis pas inquiète..
Alors qu'arrivent à l'automne les trois ans de ma fille je me retrouve devant un dilemme: ou je choisis de reprendre le fil de mes ambitions personnelles et je la place en milieu familial ou je continue sur ma lancée et je poursuis ma fonction de maman-éducatrice tant que je ne lui aurai pas trouvé une place à "l'école". Je ne suis pas encore vraiment sure de ce que je veux faire. Je dois aussi tenir compte de son besoin de socialisation. C'est parce-que je tiens compte de ce fait que je me transforme régulièrement en service de garde pour les petites filles du quartier qui viennent autant jouer avec Lily que profiter de mes services d'enfance. Un proverbe africain dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Moi, le village dans lequel j'habite est peuplé de carriéristes ou d'heureux matérialistes. Je suis un drôle de spécimen dans la jungle où j'habite. Il y a des jours où, en ma condition de maman, je me sens un village à moi toute seule. Ces jours là je me dis que je vivrai bien en Afrique!
Il est vrai que j'apprécie énormément les charmes de la petite enfance. Que je me nourris de l'innocence de ma fille, que je me baigne dans la pureté de son âme. Il est vrai que grâce à elle j'élargis l'horizon de mon coeur. Il me plait d'être celle qui guide ses premiers pas, celle qui lui apprend ses premiers mots, ses premières expressions, celle qui lui explique ses premières bases intellectuelles. Le cadre de nature où j'ai choisi de vivre a ses avantages tout comme ses inconvénients. Chaque choix que l'on fait dans une vie porte conséquence. Ma vie professionnelle s'atrophie subtilement mais mon univers émotionnel est en pleine expansion. L'amour que je vis au quotidien avec ma fille est un petit miracle. Il me fait grandir au quotidien. Il me transforme. Ces moments de câlineries, de complicité et d'affection que nous partageons abondamment sont équilibrés par d'innombrables disciplines, ils sont aussi enrobés de certaines contraintes. Mais tout est une question de choix...
Quatre jours après que j'ai donné la vie, j'ai rencontré la mort. La mort est venue me rendre visite durant la nuit. Au début, je n'ai pas compris ce trouble indistinct que je ressentais au plus profond de mes entrailles. Une vague de fièvre m'a sortie d'un léger sommeil. Quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant mon homme m'aimait encore même si j'étais devenue une masse de gélatine informe. Mon joli bébé en parfaite santé respirait sereinement à mes cotés. Quelque chose ne tournait pas rond. Une angoisse persistante s'installait en mes pensées. Les vagues de fièvre se faisaient plus rapprochées. Je réveillai Juan qui était épuisé. Il ne prit guère aux sérieux mes complaintes nocturnes et se rendormit aussi vite en me serrant dans ses bras. L'aube se leva et la petite se réveilla. Au petit matin, je n'étais guère mieux. Je ne savais pas ce qui clochait, mais je savais que je n'allais pas bien. Je me sentais juste faible, très faible, aussi faible que j'étais devenue grosse, ce qui n'est pas peu dire!
La fièvre revint, je pris des cachets. L'infirmière qui suivait nos premiers jours de parents à la maison me conseilla d'aller sur le champ à l'hôpital. Nous nous y rendîmes après avoir déposé le bébé chez ma mère. Ah les urgences! J'arrivai un jour de chaos. Je ne sais pas trop ce qui s'y passait mais c'était un véritable tourbillon. Ainsi commença l'attente. Les infirmières n'en finissaient plus de dire que c'était un jour de fou, oubliée dans un coin, je n'en finissais plus de me sentir glisser. Encore et encore j'expliquai à Juan que quelque chose ne tournait pas rond. La fièvre qui montait m'emportait toujours plus loin. Petit à petit je me suis sentie disparaitre. Les infirmières passaient puis s'évaporaient dans le chaos ambiant. Sans le savoir je me mourrais. J'avais la grande faucheuse accrochée à mes pieds. Je sentais le danger m'effleurer les idées. À mesure que les vagues de fièvre s'intensifiaient, à mesure je comprenais que j'étais dans la merd...
J'expliquai à Juan ce que je ressentais et je voyais monter la panique dans la prunelle de ses yeux. Les vagues de fièvre étaient si puissantes qu'elles me laissaient sans voix. Une ultime vague m'emporta les paroles et je devins muette. C'est à ce moment là que je la vis clairement. Je vis la mort qui me chatouillait les pieds et me tirait patiemment en sa direction. J'entrai en bataille. Durant ce temps de combat, le visage de mon bébé nouveau né se tatouait en mes pensées. Elle était comme un astre de lumière qui éclairait mes ténèbres. Elle était ma raison de vivre. Ce tout petit bébé dont j'étais la maman était l'ancrage qui me tenait dans la tempête. J'allais avoir trente trois ans. J'avais attendu tout ce temps avant de mettre au monde un enfant. Je ne pouvais pas mourir maintenant. Qu'allait-il devenir de ma fille? Indiciblement, je me sentais sombrer...
Une autre vague de fièvre me parcourut et c'est là que cela se passa. Certains disent qu'ils ont vu leur vie défiler sous leurs yeux alors qu'ils faillirent mourir. Moi ce n'est pas ma vie que j'ai vue c'est la sienne. En quelques minutes qui me semblèrent éternelles j'ai vu la vie de ma fille défiler sans moi. J'ai vu le bébé grandir devenir petite fille puis femme. Une enfant sans mère. Une enfant que je ne connaitrais jamais. Une enfant qui aimait le fantôme que j'étais devenu. Une enfant qui ne saurait jamais tout l'amour que j'avais à lui offrir. J'ai refusé cette vision avec toute la force de mon être. Je me suis accroché à la vie avec toute la force de mon esprit. Mon coeur palpitait d'elle. Je priais le ciel de me laisser vivre. Me laisser vivre pour que je sois mère, sa mère. Un docteur finit par trouver le chemin de la salle où je me mourrais.
Rendu là, j'étais devenue muette comme une carpe, incapable d'articuler quoi que cela soit. Je ne pouvais parler qu'avec mes yeux hagards qui imploraient en vain de l'aide. J'étais une feuille fiévreuse qui tremblait de tous ses filaments. J'entendis Juan expliquer la progression de mon état. Je vis alors s'agiter les blouses blanches. En vingt minutes j'étais perfusée. L'heure d'après j'étais sauvée. Une fois sauvée, l'interne de service est venue me voir. Soulagée que je sois consciente elle s'est excusée du chaos de l'urgence qui avait retardé l'examen de mon cas. Elle m'a expliqué que je lui avais fait peur. Elle m'a expliqué que la maladie que j'avais attrapée tuait en cinq jours. J'ai vu dans son regard combien elle était contente de me voir sous traitement. J'allais vivre. Elle m'a dit que tout irait bien, que je n'avais plus rien à craindre. J'allais pouvoir être maman.
Les quatre jours qui suivirent je reçus des doses massives d'antibiotiques qui me ramenèrent au royaume des vivants. La mort m'avait ratée. Mais je l'avais bien vue, bien entendue. Elle ne m'amusait plus. L'attirance morbide que j'avais pu ressentir lorsque j'étais plus jeune avait définitivement disparu. Désormais j'étais certaine de vouloir exister. La mort m'avait frôlée mais puisqu'elle m'avait ratée, j'allais en profiter pour dédier le cours de mes jours à devenir la maman la plus présente possible dans la vie de ma fille. Je crois que le choix que j'ai fait de ne pas quitter mon bébé s'est inscrit en cette étrange dimension où j'ai erré entre la vie et la mort, quelques instants perdus qui se sont gravés en ma mémoire et mon coeur. Ce que j'ai attrapé après la naissance de ma fille est ce que le corps médical considère comme de la malchance. Cette malchance est à la source de ma volonté, de cette volonté féroce qui me fait choisir le quotidien maternel que je vis aujourd'hui...
Bien souvent l’on me dit que j’ai de la chance d’être avec ma fille. À chaque fois je serre des dents, une fois sur deux je réponds : « Je ne sais pas si c’est de la chance, je dirais plus que c’est un choix. ». Et à chaque fois que je réponds cela un silence plus ou moins confortable s’installe, cela clôt généralement la discussion sur le sujet. Cela m’énerve.
Celle qui me fait la remarque est souvent une professionnelle endurcie. Que dirait-elle si je m’exclamais « Oh! Tu as une carrière, tu en as de la chance! ». Elle me regarderait sûrement comme si je débarquais d’une autre planète. Et de plus en plus souvent lorsque fuse cette phrase à mon égard « Oh! Tu as de la chance ! » (Implicitement, tu es à la maison avec ta fille à la journée longue), j’ai l’impression de vivre sur une autre planète.
Pourtant tout comme beaucoup de femmes font des sacrifices maternels pour leur vie professionnelle, je fais des sacrifices personnels pour ma vie maternelle. À chacun ses choix. Dans les deux cas de figures les sacrifices sont réels. Dans les deux cas de figures il faut assumer son choix. Je ne désire pas juger la femme de carrière tout comme je souhaiterais ne pas être jugée en ma condition de maman professionnelle. J’estime que ces deux états de vie proviennent de la même liberté de choix féminine. Nous avons la chance de vivre en une société où les femmes font le choix de leur destin, ce n’est pas partout sur la planète que cela se passe ainsi. Nous sommes très chanceuses de vivre une telle expérience. Il est de notre devoir d'en être conscientes. De cela, oui, je crois que j’ai beaucoup de chance…
Il est vrai que j'ai la chance d'avoir un mari ouvert à mes envies. Un mari qui accepte les choix que je fais, qui m'aime comme je suis. Mais suis-je plus chanceuse que celles qui ont un mari qui acceptent de les laisser travailler? Je me demande pourquoi si peu de mes contemporaines comprennent que je puisse faire le choix conscient de me dédier à la petite enfance de mon enfant. Parfois j'ai la sensation que c'est un choix qui menace les féministes dans l'âme. Un choix qui les dérange. J'ai lu quelque part que le droit d'être mère s'était perdu dans le militantisme des droits de la femme.
D'un autre coté ma fille aura trois ans cet automne et j'estime qu'elle est désormais assez autonome pour s'affirmer hors des jupes de sa mère. Assez autonome pour aller à l'école ou tout du moins entrer un système éducatif où elle devrait apprendre à cohabiter avec ses pairs tout en faisant travailler son intellect. Pourtant comme je ne l'ai pas inscrite à la CPE du village voisin lorsque j'étais enceinte, elle a peu de chance de se trouver une place avant ses quatre ou cinq ans. Même si je l'ai inscrite alors qu'elle avait 18 mois, elle est si loin sur la liste que c'en est pathétique. Comme elle est née en novembre, elle ne pourra normalement entrer en maternelle qu'à l'aube de ses six ans. Il faut que l'enfant ait fêté ses cinq ans en septembre pour qu'il puisse être inscrit à la maternelle. Si malgré tout je souhaite que ma fille puisse faire son entrée en maternelle l'année de ses cinq ans, je devrais demander une dérogation qui me coutera un petit millier de dollars, et qui fera passer ma fille sous une batterie de tests afin de déterminer si elle est apte à commencer l'école deux mois avant ses cinq ans sonnants! De cela je ne suis pas inquiète..
Alors qu'arrivent à l'automne les trois ans de ma fille je me retrouve devant un dilemme: ou je choisis de reprendre le fil de mes ambitions personnelles et je la place en milieu familial ou je continue sur ma lancée et je poursuis ma fonction de maman-éducatrice tant que je ne lui aurai pas trouvé une place à "l'école". Je ne suis pas encore vraiment sure de ce que je veux faire. Je dois aussi tenir compte de son besoin de socialisation. C'est parce-que je tiens compte de ce fait que je me transforme régulièrement en service de garde pour les petites filles du quartier qui viennent autant jouer avec Lily que profiter de mes services d'enfance. Un proverbe africain dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Moi, le village dans lequel j'habite est peuplé de carriéristes ou d'heureux matérialistes. Je suis un drôle de spécimen dans la jungle où j'habite. Il y a des jours où, en ma condition de maman, je me sens un village à moi toute seule. Ces jours là je me dis que je vivrai bien en Afrique!
Il est vrai que j'apprécie énormément les charmes de la petite enfance. Que je me nourris de l'innocence de ma fille, que je me baigne dans la pureté de son âme. Il est vrai que grâce à elle j'élargis l'horizon de mon coeur. Il me plait d'être celle qui guide ses premiers pas, celle qui lui apprend ses premiers mots, ses premières expressions, celle qui lui explique ses premières bases intellectuelles. Le cadre de nature où j'ai choisi de vivre a ses avantages tout comme ses inconvénients. Chaque choix que l'on fait dans une vie porte conséquence. Ma vie professionnelle s'atrophie subtilement mais mon univers émotionnel est en pleine expansion. L'amour que je vis au quotidien avec ma fille est un petit miracle. Il me fait grandir au quotidien. Il me transforme. Ces moments de câlineries, de complicité et d'affection que nous partageons abondamment sont équilibrés par d'innombrables disciplines, ils sont aussi enrobés de certaines contraintes. Mais tout est une question de choix...
Quatre jours après que j'ai donné la vie, j'ai rencontré la mort. La mort est venue me rendre visite durant la nuit. Au début, je n'ai pas compris ce trouble indistinct que je ressentais au plus profond de mes entrailles. Une vague de fièvre m'a sortie d'un léger sommeil. Quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant mon homme m'aimait encore même si j'étais devenue une masse de gélatine informe. Mon joli bébé en parfaite santé respirait sereinement à mes cotés. Quelque chose ne tournait pas rond. Une angoisse persistante s'installait en mes pensées. Les vagues de fièvre se faisaient plus rapprochées. Je réveillai Juan qui était épuisé. Il ne prit guère aux sérieux mes complaintes nocturnes et se rendormit aussi vite en me serrant dans ses bras. L'aube se leva et la petite se réveilla. Au petit matin, je n'étais guère mieux. Je ne savais pas ce qui clochait, mais je savais que je n'allais pas bien. Je me sentais juste faible, très faible, aussi faible que j'étais devenue grosse, ce qui n'est pas peu dire!
La fièvre revint, je pris des cachets. L'infirmière qui suivait nos premiers jours de parents à la maison me conseilla d'aller sur le champ à l'hôpital. Nous nous y rendîmes après avoir déposé le bébé chez ma mère. Ah les urgences! J'arrivai un jour de chaos. Je ne sais pas trop ce qui s'y passait mais c'était un véritable tourbillon. Ainsi commença l'attente. Les infirmières n'en finissaient plus de dire que c'était un jour de fou, oubliée dans un coin, je n'en finissais plus de me sentir glisser. Encore et encore j'expliquai à Juan que quelque chose ne tournait pas rond. La fièvre qui montait m'emportait toujours plus loin. Petit à petit je me suis sentie disparaitre. Les infirmières passaient puis s'évaporaient dans le chaos ambiant. Sans le savoir je me mourrais. J'avais la grande faucheuse accrochée à mes pieds. Je sentais le danger m'effleurer les idées. À mesure que les vagues de fièvre s'intensifiaient, à mesure je comprenais que j'étais dans la merd...
J'expliquai à Juan ce que je ressentais et je voyais monter la panique dans la prunelle de ses yeux. Les vagues de fièvre étaient si puissantes qu'elles me laissaient sans voix. Une ultime vague m'emporta les paroles et je devins muette. C'est à ce moment là que je la vis clairement. Je vis la mort qui me chatouillait les pieds et me tirait patiemment en sa direction. J'entrai en bataille. Durant ce temps de combat, le visage de mon bébé nouveau né se tatouait en mes pensées. Elle était comme un astre de lumière qui éclairait mes ténèbres. Elle était ma raison de vivre. Ce tout petit bébé dont j'étais la maman était l'ancrage qui me tenait dans la tempête. J'allais avoir trente trois ans. J'avais attendu tout ce temps avant de mettre au monde un enfant. Je ne pouvais pas mourir maintenant. Qu'allait-il devenir de ma fille? Indiciblement, je me sentais sombrer...
Une autre vague de fièvre me parcourut et c'est là que cela se passa. Certains disent qu'ils ont vu leur vie défiler sous leurs yeux alors qu'ils faillirent mourir. Moi ce n'est pas ma vie que j'ai vue c'est la sienne. En quelques minutes qui me semblèrent éternelles j'ai vu la vie de ma fille défiler sans moi. J'ai vu le bébé grandir devenir petite fille puis femme. Une enfant sans mère. Une enfant que je ne connaitrais jamais. Une enfant qui aimait le fantôme que j'étais devenu. Une enfant qui ne saurait jamais tout l'amour que j'avais à lui offrir. J'ai refusé cette vision avec toute la force de mon être. Je me suis accroché à la vie avec toute la force de mon esprit. Mon coeur palpitait d'elle. Je priais le ciel de me laisser vivre. Me laisser vivre pour que je sois mère, sa mère. Un docteur finit par trouver le chemin de la salle où je me mourrais.
Rendu là, j'étais devenue muette comme une carpe, incapable d'articuler quoi que cela soit. Je ne pouvais parler qu'avec mes yeux hagards qui imploraient en vain de l'aide. J'étais une feuille fiévreuse qui tremblait de tous ses filaments. J'entendis Juan expliquer la progression de mon état. Je vis alors s'agiter les blouses blanches. En vingt minutes j'étais perfusée. L'heure d'après j'étais sauvée. Une fois sauvée, l'interne de service est venue me voir. Soulagée que je sois consciente elle s'est excusée du chaos de l'urgence qui avait retardé l'examen de mon cas. Elle m'a expliqué que je lui avais fait peur. Elle m'a expliqué que la maladie que j'avais attrapée tuait en cinq jours. J'ai vu dans son regard combien elle était contente de me voir sous traitement. J'allais vivre. Elle m'a dit que tout irait bien, que je n'avais plus rien à craindre. J'allais pouvoir être maman.
Les quatre jours qui suivirent je reçus des doses massives d'antibiotiques qui me ramenèrent au royaume des vivants. La mort m'avait ratée. Mais je l'avais bien vue, bien entendue. Elle ne m'amusait plus. L'attirance morbide que j'avais pu ressentir lorsque j'étais plus jeune avait définitivement disparu. Désormais j'étais certaine de vouloir exister. La mort m'avait frôlée mais puisqu'elle m'avait ratée, j'allais en profiter pour dédier le cours de mes jours à devenir la maman la plus présente possible dans la vie de ma fille. Je crois que le choix que j'ai fait de ne pas quitter mon bébé s'est inscrit en cette étrange dimension où j'ai erré entre la vie et la mort, quelques instants perdus qui se sont gravés en ma mémoire et mon coeur. Ce que j'ai attrapé après la naissance de ma fille est ce que le corps médical considère comme de la malchance. Cette malchance est à la source de ma volonté, de cette volonté féroce qui me fait choisir le quotidien maternel que je vis aujourd'hui...
mardi, juin 03, 2008
Les étapes de la petite enfance qui font grandir les parents...
Les étapes de la petite enfance qui font grandir les parents...
M’zelle Soleil deux ans et demie est propre. Elle porte des petites culottes. Elle clame à tout vent qu'elle est grande. Elle comprend bien le principe de propreté et l’accepte sans problème. Ceci n’empêche pas des accidents à répétitions qui me font me remettre en question autant qu’ils me frisent les nerfs en boucles. Chez nous, la propreté de l’enfant s’est fait avec si peu de souci qu’il fallait bien que cela coince un peu à un moment donné...
Depuis ses dix huit mois où nous avons commencé à sérieusement introduire le concept, nous n’avons jamais eu de confrontation. La transition s’est faite naturellement, elle a débuté très vite avec la fin des grosses commissions dans ses « couches culottes », ce qui nous a fait grand plaisir. Elle se fait docile, une fois bien installée, elle se vide sans trouble. Une vraie petite poupée! Toute contente de se sentir devenir grande, elle s’applique à assimiler le principe. Tout l’hiver, pour la préparer, je lui répète la même rengaine : « Plus de neige, plus de couches ma Liloo». Petit à petit l'on change de routine. Ainsi la neige a fondu, maintenant elle ne porte des couches que pour dormir. Au début, le jour, tout est allé comme sur des roulettes. Nous ne savions qu’en penser tellement cela se révélait facile, puis ont commencé les accidents à la file. Et j’ai commencé la ronde des lessives!
J’ai fini par comprendre la source du problème, si je lui demandais : « Lily as-tu envie de faire pipi? » elle me répondait obligatoirement « non » et invariablement, quinze minutes plus tard, alors qu’elle était concentrée à faire quelque chose, elle me disait d’une petite voix : « Maman j’ai envie pipi! » Le temps que j’enregistre et je la retrouve dans une belle flaque! À situer si elle n’arrivait pas à savoir quand elle avait envie ou si elle n’avait tout simplement pas envie de me répondre « oui » le moment venu la frontière était mince…
Au garde à vous maman gendarme! Après chaque accident, arrive le temps de faire la leçon, et que je t’explique les principes du truc et les bases de la vie, et que je te sermonne un petit coup. Et que je serre la mâchoire tandis que l’enfant rebelle se fait les dents de lait sur le gendarme maternel. Il m'est de plus en plus difficile de garder mon calme sur ce sujet liquide. J'ai les nerfs qui grincent. Et que le même manège recommence le jour suivant et celui d’après et ainsi de suite...
Je commence à soupeser sérieusement le problème. J’en arrive à comprendre que si , en théorie, elle est propre, en pratique, c’est à moi de penser quand elle doit se soulager! C'est à moi de rythmer ses pipis?!? Hum! La logique me percute de plein fouet. Je cogite sur ce sujet délicat. Mais si je l’emmène de force toutes les deux-trois heures finira-t-elle par apprendre? Si je l’emmène de force, j’évite les accidents, mais est-ce que l’on avance vraiment? Par contre si je lui laisse la responsabilité de la chose, je suis bonne pour un autre lavage encore et encore! J’essaie de trouver un équilibre. Un équilibre qui me permettrait de ne pas passer mon temps à laver ses pantalons et qui lui permettrait de grandir consciemment. Pas facile à trouver cet équilibre là! Il n'y a pas de lignes précises où se poser les fesses. Cependant mon brin de fille est bien moins terrible que d'autres enfants dont les mamans témoignent sur la Toile. Cela me rassure.
L'enfant est comme une éponge qui reflète son environnement. La constance parentale est une discipline en soi. C'est un ingrédient essentiel à une bonne recette d'enfance. Mais je ne suis qu’humaine, lorsque je lui demande trois coups de suite d’aller faire pipi, qu’elle me fait front vigoureusement à chaque fois pour se retrouver pas maligne dans sa pisse trois minutes plus tard, cela me met les nerfs à vif! Je crois pourtant que dans un sens je suis autant dans le tort qu'elle. C'est à moi de trouver la solution qui nous sortira de ce petit pétrin. Je réalise que le bol des toilettes tient aussi de lieu de punition. Je me souviens d’une théorie que j’ai lue dans l’un de ces nombreux articles que je dévore, à droite et à gauche, sur la psychologie infantile. De cette même théorie qui fait que la chambre de M'zelle Soleil n'est jamais l'endroit où elle doit avaler ses frustrations bambines. J’en déduis qu’il est fortement possible qu’elle associe le lieu de punition avec le concept de propreté. C’est un mauvais point pour moi.
J’en discute avec son père et nous décidons d’inaugurer le tabouret de punition (comme à la télévision). Depuis, étonnement, elle rechigne moins à aller toute seule faire ses besoins. Évidemment le fait que je me sois fâchée toute rouge un soir où mes patiences étaient à bout doit aussi peser dans la balance d’obéissance. Ce matin, je lui demande tendrement d’aller faire pipi, elle commence par lever le petit bout de son nez, prête à faire son effrontée lorsque je lui lance un regard noir qui lui fait rapidement baisser le menton et filer aux toilettes! Toute fière elle s’exclame alors : « Regarde maman, j’ai fait un gros pipi, t’es contente? ». Je la félicite affectueusement. Je suis aussi très contente de passer moins de temps devant ma machine à laver! Je me rappelle l’une des règles que j’ai assimilé au détour d’une lecture, une règle qui stipulait qu’avant toute autre chose, l’enfant se nourrit du contentement et de l’attention de ses parents…
M’zelle Soleil deux ans et demie est propre. Elle porte des petites culottes. Elle clame à tout vent qu'elle est grande. Elle comprend bien le principe de propreté et l’accepte sans problème. Ceci n’empêche pas des accidents à répétitions qui me font me remettre en question autant qu’ils me frisent les nerfs en boucles. Chez nous, la propreté de l’enfant s’est fait avec si peu de souci qu’il fallait bien que cela coince un peu à un moment donné...
Depuis ses dix huit mois où nous avons commencé à sérieusement introduire le concept, nous n’avons jamais eu de confrontation. La transition s’est faite naturellement, elle a débuté très vite avec la fin des grosses commissions dans ses « couches culottes », ce qui nous a fait grand plaisir. Elle se fait docile, une fois bien installée, elle se vide sans trouble. Une vraie petite poupée! Toute contente de se sentir devenir grande, elle s’applique à assimiler le principe. Tout l’hiver, pour la préparer, je lui répète la même rengaine : « Plus de neige, plus de couches ma Liloo». Petit à petit l'on change de routine. Ainsi la neige a fondu, maintenant elle ne porte des couches que pour dormir. Au début, le jour, tout est allé comme sur des roulettes. Nous ne savions qu’en penser tellement cela se révélait facile, puis ont commencé les accidents à la file. Et j’ai commencé la ronde des lessives!
J’ai fini par comprendre la source du problème, si je lui demandais : « Lily as-tu envie de faire pipi? » elle me répondait obligatoirement « non » et invariablement, quinze minutes plus tard, alors qu’elle était concentrée à faire quelque chose, elle me disait d’une petite voix : « Maman j’ai envie pipi! » Le temps que j’enregistre et je la retrouve dans une belle flaque! À situer si elle n’arrivait pas à savoir quand elle avait envie ou si elle n’avait tout simplement pas envie de me répondre « oui » le moment venu la frontière était mince…
Au garde à vous maman gendarme! Après chaque accident, arrive le temps de faire la leçon, et que je t’explique les principes du truc et les bases de la vie, et que je te sermonne un petit coup. Et que je serre la mâchoire tandis que l’enfant rebelle se fait les dents de lait sur le gendarme maternel. Il m'est de plus en plus difficile de garder mon calme sur ce sujet liquide. J'ai les nerfs qui grincent. Et que le même manège recommence le jour suivant et celui d’après et ainsi de suite...
Je commence à soupeser sérieusement le problème. J’en arrive à comprendre que si , en théorie, elle est propre, en pratique, c’est à moi de penser quand elle doit se soulager! C'est à moi de rythmer ses pipis?!? Hum! La logique me percute de plein fouet. Je cogite sur ce sujet délicat. Mais si je l’emmène de force toutes les deux-trois heures finira-t-elle par apprendre? Si je l’emmène de force, j’évite les accidents, mais est-ce que l’on avance vraiment? Par contre si je lui laisse la responsabilité de la chose, je suis bonne pour un autre lavage encore et encore! J’essaie de trouver un équilibre. Un équilibre qui me permettrait de ne pas passer mon temps à laver ses pantalons et qui lui permettrait de grandir consciemment. Pas facile à trouver cet équilibre là! Il n'y a pas de lignes précises où se poser les fesses. Cependant mon brin de fille est bien moins terrible que d'autres enfants dont les mamans témoignent sur la Toile. Cela me rassure.
L'enfant est comme une éponge qui reflète son environnement. La constance parentale est une discipline en soi. C'est un ingrédient essentiel à une bonne recette d'enfance. Mais je ne suis qu’humaine, lorsque je lui demande trois coups de suite d’aller faire pipi, qu’elle me fait front vigoureusement à chaque fois pour se retrouver pas maligne dans sa pisse trois minutes plus tard, cela me met les nerfs à vif! Je crois pourtant que dans un sens je suis autant dans le tort qu'elle. C'est à moi de trouver la solution qui nous sortira de ce petit pétrin. Je réalise que le bol des toilettes tient aussi de lieu de punition. Je me souviens d’une théorie que j’ai lue dans l’un de ces nombreux articles que je dévore, à droite et à gauche, sur la psychologie infantile. De cette même théorie qui fait que la chambre de M'zelle Soleil n'est jamais l'endroit où elle doit avaler ses frustrations bambines. J’en déduis qu’il est fortement possible qu’elle associe le lieu de punition avec le concept de propreté. C’est un mauvais point pour moi.
J’en discute avec son père et nous décidons d’inaugurer le tabouret de punition (comme à la télévision). Depuis, étonnement, elle rechigne moins à aller toute seule faire ses besoins. Évidemment le fait que je me sois fâchée toute rouge un soir où mes patiences étaient à bout doit aussi peser dans la balance d’obéissance. Ce matin, je lui demande tendrement d’aller faire pipi, elle commence par lever le petit bout de son nez, prête à faire son effrontée lorsque je lui lance un regard noir qui lui fait rapidement baisser le menton et filer aux toilettes! Toute fière elle s’exclame alors : « Regarde maman, j’ai fait un gros pipi, t’es contente? ». Je la félicite affectueusement. Je suis aussi très contente de passer moins de temps devant ma machine à laver! Je me rappelle l’une des règles que j’ai assimilé au détour d’une lecture, une règle qui stipulait qu’avant toute autre chose, l’enfant se nourrit du contentement et de l’attention de ses parents…
Au fil des mots
Entre deux averses, des éclats de soleil...
Une maison d’édition serait intéressée à mes écrits de fiction mais serais-je intéressée à les soumettre à cette maison en particulier? Je ne sais pas. J’ai peut-être d’autres plans, d'autres envies. Le milieu blase mes ambitions. Je comprends (connais) assez bien les dessous du milieu. Assez pour sentir pulser en mon sang quelques émotions sauvages. De celles qui me font m’enfoncer au creux de ma forêt intérieure. En fait ma sauvagerie n’a rien à voir avec les principes de timidité, c’est plutôt un instinct animal qui me donne envie de fuir le monde des hommes…
Mon amie Dee me dit : « Mais c’est encourageant! Tu es sur la bonne voie! » Encouragée je ne suis pas sure de me sentir. Serais-je indifférente à mes talents? Peut-être. Parfois. Une certaine indifférence comme rempart au manque de confiance qui me mine l’espace mental. N'est-il pas temps que je reprenne en main mes inspirations? Toujours plus prompte à suivre les élans de mon cœur plutôt que ceux de ma raison. Mon cœur emporte mon quotidien. Ma raison est en suspension. Encouragée à persévérer. Encouragée à sortir de ma coquille. Je n’y vois là qu’un signe qui me dit qu'il faudrait bien que je me remue davantage les idées…
Une maison d’édition serait intéressée à mes écrits de fiction mais serais-je intéressée à les soumettre à cette maison en particulier? Je ne sais pas. J’ai peut-être d’autres plans, d'autres envies. Le milieu blase mes ambitions. Je comprends (connais) assez bien les dessous du milieu. Assez pour sentir pulser en mon sang quelques émotions sauvages. De celles qui me font m’enfoncer au creux de ma forêt intérieure. En fait ma sauvagerie n’a rien à voir avec les principes de timidité, c’est plutôt un instinct animal qui me donne envie de fuir le monde des hommes…
Mon amie Dee me dit : « Mais c’est encourageant! Tu es sur la bonne voie! » Encouragée je ne suis pas sure de me sentir. Serais-je indifférente à mes talents? Peut-être. Parfois. Une certaine indifférence comme rempart au manque de confiance qui me mine l’espace mental. N'est-il pas temps que je reprenne en main mes inspirations? Toujours plus prompte à suivre les élans de mon cœur plutôt que ceux de ma raison. Mon cœur emporte mon quotidien. Ma raison est en suspension. Encouragée à persévérer. Encouragée à sortir de ma coquille. Je n’y vois là qu’un signe qui me dit qu'il faudrait bien que je me remue davantage les idées…
lundi, juin 02, 2008
du nez aux fesses
Crottes de nez …. Crack de fesses….
Ces dernières semaines M’zelle Soleil fait la fête à ma cervelle en me gavant les oreilles de « Crottes de nez! Crack de fesses! ». Raphy la petite voisine de sept ans s’est fait un plaisir de lui apprendre ces deux magnifiques concepts. Je laisse plus ou moins faire puisque brimer ce principe d'enfance ne ferait qu’accentuer le fait. J’essaie quand même d’y mettre quelques freins même si l’expression libre me tient à coeur. Freiner les élans d'enfance qui dépassent les bornes de l'état parental. Cela fait sourire Juan qui n’a pas à endurer la chose à la journée longue. La Miss a très bien compris comment cela pouvait faire rire et casser la glace sociale. Elle a bien compris comment s’en servir comme marteau.
- Maman, maman, crottes de nez!
- ….
- Crottes de nez, crottes de nez…
- Crottes de pieds!
- Non maman crottes de nez !!!
- Crottes de yeux!
- Maman, cé pas crottes de xeux, cé crottes de nez!
- Ah! Hum...
- Pis Rafaelle elle dit crack de fesses!!!
- …
- Rafaelle dit crack de fesses, crack des fesses…
Moue désabusée de la mère de service qui s'arrache un cheveux blanc. Juan trouve la logique de crack de fesses, il explique…
- Ben c’est normal quand t’y penses, cela fait partie du paysage de Raphy depuis qu’elle est petite, avec la mode des tailles basses, les enfants d’aujourd’hui ont vu des cracks de fesses toute leur vie!!!
Ces dernières semaines M’zelle Soleil fait la fête à ma cervelle en me gavant les oreilles de « Crottes de nez! Crack de fesses! ». Raphy la petite voisine de sept ans s’est fait un plaisir de lui apprendre ces deux magnifiques concepts. Je laisse plus ou moins faire puisque brimer ce principe d'enfance ne ferait qu’accentuer le fait. J’essaie quand même d’y mettre quelques freins même si l’expression libre me tient à coeur. Freiner les élans d'enfance qui dépassent les bornes de l'état parental. Cela fait sourire Juan qui n’a pas à endurer la chose à la journée longue. La Miss a très bien compris comment cela pouvait faire rire et casser la glace sociale. Elle a bien compris comment s’en servir comme marteau.
- Maman, maman, crottes de nez!
- ….
- Crottes de nez, crottes de nez…
- Crottes de pieds!
- Non maman crottes de nez !!!
- Crottes de yeux!
- Maman, cé pas crottes de xeux, cé crottes de nez!
- Ah! Hum...
- Pis Rafaelle elle dit crack de fesses!!!
- …
- Rafaelle dit crack de fesses, crack des fesses…
Moue désabusée de la mère de service qui s'arrache un cheveux blanc. Juan trouve la logique de crack de fesses, il explique…
- Ben c’est normal quand t’y penses, cela fait partie du paysage de Raphy depuis qu’elle est petite, avec la mode des tailles basses, les enfants d’aujourd’hui ont vu des cracks de fesses toute leur vie!!!