Partir sur les fonds marins à la recherche d'airs acadiens
Je voulais aller voir un palmier ou observer le surréalisme de Gaudi à Barcelone. Je voulais me griller la couenne à Key-West ou explorer les arrières cours de Provence. Je voulais me perdre dans la jungle costaricaine ou me reposer sur la plage d’une île tropicale aux eaux turquoise. Mais surtout je voulais partir en vacances avec ma petite famille, mon homme, mon brin de fille, ensemble dans une aventure qui nous mènerait ailleurs.
Nous avons commencé par penser rentrer un coup en France, le mariage d’un ami de Juan, les retrouvailles d’une copine d’enfance, le patrimoine culturel, rencontrer mes amies de blogosphère, aller pleurer sur la tombe à ma grand-mère, la belle famille. Au final, entre les embrouilles à coucher dehors de la belle famille et notre minuscule budget, nous avons pris la sage décision de rester en ce continent. Nous avons décidé de prendre le "temps de nous", à trois, sur la route, version beatniks (nuances parents). Cela fera huit ans que nous nous sommes mariés à Besançon, je n’ai pas remis les pieds en France depuis. Cela fait vingt ans que je n'y habite plus. J'ai désormais vécu une plus grande partie de ma vie ici. Ici plutôt que là-bas. Je suis une hybride épanouie. En me mariant, Juan a quitté son pays pour construire un couple ici. Aujourd'hui nous sommes l’un de ces exemples d’intégration qui ne font pas les manchettes des journaux. Depuis sept ans, entre lac et forêt, nous habitons la même rue. Durant ce temps nous n’avons guère voyagé, nous avons mis la priorité sur l’idée de construire une famille, sur l’idée de bâtir de solides fondations que nous avons plantées en ce coin de brousse. Ici, j’ai enraciné ma bohème. Ici, je suis devenue maman. Ceci n’empêche pas que souvent j’ai des fourmis dans les pieds. En huit ans, nous sommes allés une fois à New-York, quelques fois à Tadoussac, et plusieurs fois à Montréal pour humer les souffles urbains et retrouver des copains.
Cette année, pour la première fois, Juan a trois semaines de vacances payées. Il est devenu papa en même temps qu’il finissait ses études, il a commencé à travailler en même temps que Lily-Soleil expérimentait ses premiers babillements. Maintenant qu’elle n’arrête plus de papoter, il peut enfin prendre « le temps de nous ». Ce sera nos premières vacances ensemble en tant que parents. La première fois qu’il aura l’occasion de passer autant de temps en notre compagnie. Au programme, le Festival d’Été de Québec pour se divertir les idées, pour passer du bon temps avec les amis entre ciel ouvert et musiques en fêtes. Puis vient le temps de se raisonner et de s’organiser un « road trip » sensé. Je voulais aller en Louisiane mais avec notre voiture c’est assez loin pour ne pas être sur d’en revenir! Nous avions pensé à la Virginie, mais en juillet se retrouver au milieu d’une marée dégoulinante d’américains ne nous a pas paru si réjouissant! Avec le prix de l'essence qui n'en finit plus de grimper, il nous fallait sagement réfléchir. Finalement c’est en discutant avec Miss Dee que j’ai trouvé la solution sensée, une idée raisonnable qui a plu à Juan. Aller en vacances dans le Nouveau Brunswick! Ouais, pas aussi excitant que tout le reste mais un projet qui a le mérite de ne pas aggraver nos dettes. Un projet réalisable qui nous fera sortir de notre brousse pour un périple de quelques deux mille kilomètres sur une semaine. Un voyage qui sera aussi l'occasion de stimuler notre enfant (en de bonnes conditions) à la différence des paysages, l'occasion pour Lily de prendre la route avec ses deux parents et de voir pour la première fois l'océan...
Le Nouveau-Brunswick posséde, paraît-il, les plus belles plages canadiennes aussi chaudes que celles de la Virginie! Le Nouveau Brunswick qui cache en son sein l’Acadie. Je voulais découvrir la Louisiane mais l’Acadie est à la source du tout. Juan s’est parfois fait prendre pour un acadien, un jour lointain il revient à la maison et me demande :
- Dis c’est quoi L’Acadie?
- ??? Hein???
- Ben oui y’a un gars aujourd’hui qui m’a dit que j’avais l’accent acadien!!! Pis j'sais même pas c'est quoi l'Acadie!
Je le niaise un peu avant de lui faire un résumé d’histoire et la vie continue son chemin. Les années passent, avec ce voyage à saveur familiale, nous aurons donc l’occasion d’aller faire un petit tour d'Acadie pour y explorer ses saveurs oubliées. Dans le fond, nous passerons peut-être plus de temps en pays acadien qu’en "territoire anglais"! L’idée est intrigante. Je farfouille le site, très riche, de l’office du Tourisme, j'y découvre quelques perles. Au creux de la nuit, grâce à la magie de la Toile, nous organisons un trajet qui nous plait. Je suis toute émue, Juan me fait les yeux doux. Nous organisons un trajet qui pique nos curiosités avec des noms comme Bocabec, St-John, Kouchibouguac ou Bouctouche qui, paraît-il, possède de superbes plages de sable blanc. Pas de palmiers à l'horizon mais un souffle de liberté qui m'aère les pensées troubles. Un souffle à suivre quelque part dans le mois de juillet…
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